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Citations de Alex Marzano-Lesnevich (200)


Lorsqu’on vous offre une planche de salut, vous ne cherchez pas à savoir si c’est la bonne. Vous l’attrapez et vous y cramponnez de toutes vos forces, un point c’est tout. (p. 239)
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Pour toutes ces raisons, il s’agit d’un livre sur ce qui s’est produit, oui, mais aussi d’un livre sur ce que nous faisons de ce qui s’est produit. Il parle d’un meurtre, il parle de ma famille, il parle d’autres familles dont les vies ont été bouleversées par le meurtre. Mais plus que ça, bien plus que ça, il s’agit d’un livre sur la façon dont nous comprenons nos vies, le passé, sur la façon dont nous nous comprenons les uns les autres. Pour y parvenir, nous créons tous des histoires. (p. 10)
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Quand j'étais en CM2, un jour, on m'a demandé de faire un autoportrait en cours de dessin. Les autres enfants ont dessiné des boucles dorées au crayon gras pour représenter leurs cheveux, ils ont colorie leurs tee-shirts en rouge. Je me rappelle mon ébahissement devant leurs portraits. Ils semblaient tous savoir si bien à quoi ils ressemblaient. J'avais dessiné la seule chose qui m'était venue : un tourbillon noir qui émanait du centre de la feuille de papier cartonné, pareil aux tourbillons qui obscurcissent l'écran dans Vertigo. Pris dans le tourbillon, j'avais ajouté un revolver, la chaise électrique, et des mains qui cherchaient à s'emparer de moi, l'étoffe de mes cauchemars. C'était le seul portrait de moi que je puisse imaginer : ce que je pensais, et ce que je redoutais. Ce qui me consumait.
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L'homme au centre de ce procès, dont la personnalité sera interminablement discutée et débattue, interminablement reconstituée et disséquée dans un dossier qui finira par faire plus de trente mille pages, cet homme restera une énigme. Il est bien possible que ce que l'on voit en Ricky depende davantage de qui l'on est que de qui il est.
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Le petit garçon porte un pantalon de survêtement de la couleur d'un lac de Louisiane, le rapport de justice indiquera qu'il était bleu, rien de plus, mais dans toutes les descriptions que sa mère en fera par la suite, elle précisera bien qu'il était turquoise, ou bleu canard. Il a des chaussures de marche boueuses que portent tous les petits garçons de cette partie de l'état, idéales pour jouer dans les bois.........
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À Janna : merci de m'avoir rendu la matière de ce livre plus facile à vivre, et plus facile à écrire. Merci pour ton amour, et pour avoir créé avec moi un foyer dans lequel mes souvenirs du passé peuvent subsister sans danger auprès de mes espoirs pour l'avenir.
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Je m'efforce de réguler ma respiration. Je remue mon stylo sans m'arrêter. J'arrête de décrire les photos une par une. Par la fenêtre ouverte, j'entends de la musique qui s'élève d'un autoradio. Une femme rit dans la rue en bas. Lorsque je finis avec une photo, je passe à la suivante. Je m'efforce de ne rien ressentir. Je note, c'est tout.
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Nous sommes dans un cimetière. Mais pour moi, le passé n'est pas dans la terre. Le passé est dans mon corps.
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"J'ai décidé de me considérer comme quelqu'un qui n'a pas subi d'abus sexuels". Ça a été extrêmement brutal pour moi d'entendre ces mots. [...]
Elle ne peut pas prétendre que rien de tout cela ne s'est produit. [...]
J'ai changé le nom de ma sœur dans ce livre, et autant que possible j'ai changé les noms des autres membres de ma famille et de certaines personnes qui ont traversé la vie de Ricky. Mais je ne peux pas me résoudre à écrire un récit qui isole une fois de plus au sein de ma famille ce que j'ai eu à vivre. Je refuse de faire sur la page ce qui a été fait dans la vie.
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La vague gonfle, elle gonfle, elle élève sa crête et déferle. [...]
Lorsqu'elle déferle, je me mets à pleurer. La vague coule hors de moi. Ma respiration se ralentit, et je sens les larmes sur mes joues, chaudes, bien que je ne les aie pas senties couler de mes yeux, bien que je n'ai pas même éprouvé la moindre tristesse. Je suis un sac dans lequel la vague s'est brisée, et maintenant il faut que l'eau s'écoule de moi. J'étais un réceptacle je ne suis plus qu'une route de transit. Qui je suis à l'extérieur de cette sensation, cela devient aussi hors de propos que le temps lui-même.
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La première fois que j'ai couché avec une femme, ma poitrine s'est ouverte en grand. Je ne savais pas jusqu'à ce moment-là à quel point j'étais oppressée. Je suis gay parce que j'aime les femmes, c'est aussi simple que ça. Mais pendant si longtemps, la possibilité que quiconque puisse même penser le contraire m'a poussée à rester cachée.
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J'entends d'abord les oiseaux. Là où j'habite, leurs chants sont noyés par la circulation, les piétons qui hurlent dans leur téléphone portable, les bribes de musique qui s'échappent par les vitres des voitures, les klaxons et le pépiement artificiel des feux, la voix qui indique que c'est le moment de traverser, le babil incessant de mes propres pensées tandis que je vaque à mes occupations du jour. Le vacarme urbain. [...]

Le chant des oiseaux, lui, s'impose, éclatant, de même qu'une ligne mélodique volette au-dessus du brouhaha qui la sous-tend, toute contrepoint et légèreté. [...]

Nous roulons en silence. Le ciel est devenu d'un gris plus dense, le chant des oiseaux se fait plus pressant, scandé de cris perçants, et je me demande si les oiseaux annoncent quelque chose. Les tombes continuent de fondre sur nous, des rangées et des rangées de plaques de métal, des rangées et des rangées de noms invisibles, les corps enterrés en dessous. [...]

Le silence éclate avec une force choquante une fois le bruit du moteur estompé. Ce sont les oiseaux, je m'en rends compte. Ils se sont tus. [...]

Sous mes pieds, l'herbe est trempée, spongieuse.
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Je suis venue ici pour aider à sauver l'homme à l'écran. [...]
Mais je le regarde, je sens les mains de mon grand-père sur moi, et je sais. Malgré la formation que j'ai suivie, malgré le but que je poursuivais en venant travailler ici, malgré mes convictions.
Je veux que Ricky meure.
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Je m'invente une nouvelle vie. Je ferai comme si le passé n'avait jamais eu lieu. À Chicago, je me sens loin de la maison grise, assez loin pour être libre. Les hauts bâtiments gothiques de l'université forment une cour carrée qui ressemble à mes rêves "d'alma mater": du lierre s'entortille sur les flancs des arcades et des tourelles, tandis qu'au centre se trouve une clairière cernée par les racines noueuses des arbres, parfaite pour s'y allonger et lire.
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Seule la rivière soulage sa douleur, ou d'aller dormir dans le cimetière. Les morts sont paisibles comme la rivière. [...]
Il n'a jamais eu beaucoup d'amis, mais en quittant le collège, il a achevé de sectionner le dernier fil qui le reliait à ses semblables.
À partir de là, c'était comme s'ils allaient dans deux directions opposées. Tous les autres dans une direction. Et puis lui.
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Le taux d’homicides de la Nouvelle-Orléans est huit fois supérieur à la moyenne nationale.
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La solitude ne pèse pas si c’est la première fois que vous savourez votre indépendance.
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Au loin s'élève le fameux rocher qui donne son nom à la ville. D'un rouge et d'un orange éclatants, il ressemble à un incendie [...]. La terre rougeoit comme si elle était éclairée de l'intérieur.
Comme si elle était écorchée, stérile.
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Dans la lueur des phares, la maison se nimbait d'une blancheur spectrale, les zones où la peinture s'écaillait et se défraîchissait lui donnant une forme menaçante, comme si la maison n'était que la peau d'une créature tapie à l'intérieur. L'arrière disparaissait dans les ténèbres des bois.
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Une nuit qui pourrait durer une éternité, suspendue tel un insecte prit dans l'ambre, Jérémy pour toujours caché quelque part, dans l'immensité, elle pour toujours sous ce porche, à l'attendre. Il faut simplement qu'elle survive à cette nuit.
Elle prend la bouteille. Il reste sept centimètres d'alcool. Le liquide glisse le long de sa gorge, se roule dans son ventre, bien chaud.
La deuxième gorgée est suave. La troisième.
[...] Elle se contente de s'appuyer contre les marches du perron pendant un long moment, les yeux fermés lorsqu'elle ne peut pas supporter le silence, les yeux ouverts lorsqu'elle ne peut pas supporter l'obscurité. Elle finit la bouteille sans même s'en apercevoir.
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