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Critiques de Alexandre Bergamini (18)
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Vague inquiétude

Inconsolable de la mort de son jeune frère survenue il y a 38ans, le narrateur , avec cette impression d'arriver au bout d'un cycle, arrive au Japon pour y trouver une forme de renaissance faite d'ouverture et de rencontres avec des inconnus .



En ville ou dans l'univers sauvage des Alpes japonaises qu'il arpente sans bagages et dans lequel il se fond, lui, « l'hypersensible asocial » parvient à trouver une place dans une société japonaise basée sur la douceur des rapports, le respect, la retenue et où il lui est possible « d'être ouvert aux autres sans être obligé de se protéger d'eux ».



Son récit est celui de l'expérience d'un « outre-monde », un récit régulièrement ponctué de références littéraires à une trentaine de penseurs , de poètes en particulier au Japonais Akutagawa, qui en proie à la folie s'est donné la mort en 1927, auteur dans lequel il voit un double possible de son frère suicidé .

C'est aux derniers mots de cet auteur, qu'on peut traduite par anxiété vague ou VAGUE INQUIETUDE, qu'il emprunte le titre de son ouvrage.



Une oeuvre grave, parfois déroutante, qui transcende le genre du récit de voyage, une échappée belle dans un univers japonais « un territoire intime où l'on peut enfin respirer », bien loin des pesanteurs de monde français.  



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Cargo mélancolie

Alexandre Bergamini se consume dans une perte, dans une une absence : un frère qui n'est plus...

Cette béance incommensurable qui ne peut être comblée d'aucune façon.



Pour l'engloutir, ne serait-ce qu'un peu, il traverse les mers, s'ouvre à d'autres Cultures, multiplie les visages croisés, les possibilités de rencontres, il pérégrine sans relâche.



Cargo Mélancolie raconte le visage de ces fuites en avant...





Il s'éloigne pour oublier l'absence de paroles d'un père, pour quitter le silence qui se fait ténèbres. Il quitte tout parce que toute perte additionnelle devient désormais l'enclume qui l'entraîne vers le fond, parce que le chagrin qui s'est multiplié se dilate au point de le submerger. Tout mépris, toute parole qui ne s'enveloppe pas de douceur, pèsent trop lourd pour être supportés…



"Voyager c'est apprendre à disparaître."

Au cours de ce voyage, au départ de la Pologne vers la Mer Rouge, d'escale en escale, de port en port et de traversée d'étendues calmes ou plus agitées, au fil des côtes longées, ceux croisés, aperçus qui fuient un pays, une terre, deviennent siens, eux dont l'embarcation ou ce qui en tient lieu leur fait risquer la vie dans une traversée guidée par "une étoile qui a cessé de briller" vers un ailleurs supposé d'accueil qui se révèle exclusion, eux qu'on a ramenés souvent entravés vers le point de départ pour retrouver les mêmes privations, la même misère quand la mort ne les a pas fauchés au cours de leur fuite.



Et puis, plus tard, il y a un second périple, une seconde échappée parce que le calme n'est toujours pas, alors, autant repartir. Vers le Nord, le Pôle, la banquise, cette fois. le silence des terres sans âme humaine, le cri des sternes, le regard des animaux sauvages croisés.

El le noeud qui s'ouvre, soudain, une forme d'acceptation, une compassion accordée à soi-même…

"La quête est close. Elle l'est par un sentiment intérieur précis. La fin d'une errance. Je ne cherche plus. Mais rien ne résout son absence.Rien ne la comble."





Un texte qui s'offre entre prose et poésie.

"La poésie est la dernière chose à vivre quand on ne possède plus rien, quand la vie est impossible. Quand on meurt, il reste la poésie des choses que le coeur contient."

Dans les phrases aux rythmes multiples, les mots d'Alexandre Bergamini chaloupent comme les déferlantes qui font tanguer le cargo sur lequel il a embarqué, chahutent l'âme comme le serait une plume posée sur la mer en furie.





Un texte qui fait crépiter les émotions, qui m'est argile que je mêle aux larmes pour combler un vide infini, un texte comme un refuge, mes éloignements sont moins lointains mais je partage ces fuites jamais expliquées, jamais justifiées pour ce qu'elles sont, ces silences, ces éloignements dont on demande seulement aux autres de les accepter pour ce qu'ils disent d'un désir de solitude. Une solitude qui signifie la recherche d'un apaisement si infime et si insuffisant soit-il.



Il existe des livres que l'on fait siens comme une évidence, comme une main sur l'épaule. Celui-ci...

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Nue india : Journal d'un vagabond

Partir en voyage au fil des mots d'Alexandre Bergamini, c'est choisir de vagabonder autrement, d'ouvrir les yeux à d'autres détails, d'autres couleurs, c'est tout autant un voyage intérieur, le sien mais forcément aussi par la suite, par osmose des pensées, un peu celui du lecteur. Cela devient aussi une pérégrination avec ceux qui ne sont plus et qui nous accompagnent toujours.





Un texte d'Alexandre Bergamini ne se raconte pas, il se lit, il se vit, il se partagera aussi. Tout juste peut-on essayer de donner l'envie de s'immerger dans l'écriture poétique et parfois scandée de l'auteur, au rythme des phrases qui deviennent comme un ressac.

Alexandre Bergamini ne part pas en "touriste" : il erre, vagabonde, avance de rencontre en partage, de sensations en désir.

Il ne visite pas, ni ne laisse de trace de son voyage. le suivre, c'est poser un autre regard sur ce qu'il y a autour de soi, un regard qui va au-delà du perceptible, qui s'intériorise en chaque être croisé, qui s'incarne en l'autre : altérité, connivence mais aussi compréhension et une certaine compassion exempte de misérabilisme. Par dessus tout, on partage sa sensibilité exacerbée dans les rapports humains.

L'attitude de ce voyageur-écrivain rejoint finalement très bien un précepte qui résumerait bien ce pays et qu'il garde toujours à l'esprit selon lequel "le réel n'est pas ce qui est vu".

De cette Inde qu'il choisit d'embrasser, de cette pauvreté qu'il choisit de vivre, il ressort plus riche, comme si ces vies côtoyées l'avaient ensemencé d'une nouvelle vision de l'existence.





Le ton du récit est direct, l'écriture se fait prose, l'encre devient sensualité, le tout fait des récits de cet écrivain trop rare et trop confidentiel, un moment précieux de lecture, comme un temps offert à la réflexion et à la méditation.
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Nue india : Journal d'un vagabond

J’ai découvert ce livre grâce à un trésor, une librairie lisboète dédiée aux voyages : Palavra de Viajante tenue par Ana, une Portugaise qui propose des livres en portugais, anglais et français. Ce livre, j’aurais aimé l’écrire. Il n’est pas parfait : des coquilles parsèment la lecture et le premier chapitre ne nous épargne aucun détail (bruits, saleté, misère), comme s’il fallait contenter le lecteur. C’est un très court récit, cher (16 euros) au point que seuls les inconditionnels d’Amélie Nothomb accepteraient de dépenser autant.



Mais pourquoi j’ai dévoré ce livre en deux heures ?



Le vécu d’Alexandre Bergamini est fascinant. Ni touriste (il a résidé dans un hôtel miteux, près d’une plage sale du Kerala) ni travailleur, il semble avoir séjourné là-bas pour oublier qui il était. Il a parfaitement observé tout ce qui se présentait à lui. Il a su décrire les attitudes indiennes, percé quelques-uns de leurs secrets. Les Indiens sont magnifiés, sauf ceux qui augmentent les prix à sa vue. Rétrospectivement, moi qui abhorrais ce système, je commence à le comprendre. Est-ce si malhonnête de changer les prix en fonction du client ?



Sans le savoir lors de l’achat, je viens de lire un livre LGBT. L’auteur y décrit parfaitement les regards concupiscents, la sensualité de jeunes hommes prêts à franchir le pas avec un Occidental. Bien avancé dans la quarantaine, il a pu déceler le désir qui s’exprime autrement que par internet ou dans un bar gay.





Le style de l’auteur se révèle agréable, poétique, parvenant à accrocher le lecteur alors qu’il n’y a pas de dialogue. Il écrit comme un impressionniste donnerait des coups de pinceau, les scènes sont précises, sans être trop détaillées.



Amoureux de l’Inde, gays ou personnes à la recherche d’une lecture différente, je vous en recommande la lecture. Les premiers ne manqueront pas de se dire « Oui, j’ai vécu ceci et c’est très bien décrit » et les seconds réfléchiront sur l’amour. Les derniers n’apprécieront peut-être pas ce journal, mais en seront marqués. Alexandre Bergamini, si vous lisez ces lignes, j’aimerais que vous me contactiez, votre livre m’a encouragé à réfléchir, c’est si rare aujourd’hui. Je serais honoré que vous lisiez le mien, un livre qui ne manquera pas de vous agacer, mais si complémentaire. À chacun son Inde !
Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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Vague inquiétude

Je retrouvais avec un immense plaisir l'écriture et le regard que pose Alexandre Bergamini sur chaque chose. Je savais que ce serait une belle rencontre renouvelée - la lecture de "Quelques roses sauvages" reste très présente dans mon esprit, mais j'étais loin d'imaginer l'émotion qui serait mienne tout au long de ces pages.





Un voyage au Japon, d'abord dans la cité de Tokyo puis dans les "Alpes Japonaises" : à mesure que le narrateur s'enfonce dans le pays, se détache davantage du nécessaire, vit dans sa solitude, à mesure que le paysage se dépouille de ses artifices, que les rencontres se font plus vraies, plus sincères, l'écrit devient plus intime, de plus en plus bouleversant, de plus en plus ciselé dans ses mots.



Tout au long de ce temps passé dans un pays qu'il ressent comme sien, l'accompagnent poètes et écrivains qu'il a déjà souvent côtoyés et dont il nous fait le cadeau de nous initier à leurs vies et leurs oeuvres et, ainsi, de nous les faire approcher. "Vague inquiétude" est de ces livres qui entrainent et font ouvrir d'autres portes, vers d'autres horizons de lectures ou de découvertes et rendent curieux.



Ce voyage dans la solitude, acceptée, désirée, source de bienfait et de renouveau dans les perceptions, Alexandre Bergamini l'entreprend dans la compagnie spirituelle de son frère qui s'est suicidé des années auparavant. Et en parlant de la vie tourmentée de ces artistes Japonais qu'il nous cite, en vivant la simplicité naturelle des visages croisés, en acceptant les dons et les attentions désintéressés, finalement il revient avec sérénité en pensées vers ce frère tant aimé.





Monsieur Bergamini, comme vous, je sais qu'il existe des absences dont on ne guérit pas mais en lisant vos pages, j'ai partagé un peu de cette tranquillité que ce pays et ces habitants rencontrés ont su vous offrir.

L'atmosphère qui enveloppe à la lecture de votre récit, tout en sensibilité et tout en pudeur, me reste comme un apaisement que je prolongerai en revenant vers vos mots, souvent.







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Le livre de Vivian (1962-1980) : Preuves et..

Comment redécouvrir le passé à travers les photos? Comment la mémoire travaille en se basant sur le souvenir des photos? Comment faire remonter des souvenirs enfouis en explorant le détail même flou d'une photo?
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Vague inquiétude

Récit d'un voyage au Japon à la découverte d'une culture, d'un mode de vie que l'on dit fermé sur lui-même mais qui charme l'auteur au point de ne plus vouloir rentrer. Une rencontre avec un pays au coeur de beaucoup de fantasmes. Je ne suis pas fan de récits de voyage d'habitude mais là je suis partie avec l'auteur. On est loin des clichés éculés sur ce pays, l'écriture est belle entrecoupée d'extraits de poèmes d'auteurs japonais, un vrai bonheur de lecture.
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Vague inquiétude

Alexandre Bergamini nous entraîne sur les routes et sentiers japonais, pour se perdre, et se retrouver. Hanté par la perte de son frère, disparu trente-huit ans auparavant, il part accompagné de son ami D. à la découverte de l'archipel, dans l'état d'esprit mélancolique d'Akutagawa, ce génial écrivain de santé précaire qui sombra dans la folie et se suicida à 35 ans. Sans véritablement retrouver sa trace matérielle à Tokyo, il va croiser furtivement des gens éminemment attachants, et se sent rapidement comme chez lui dans ce pays déroutant, contrairement à D., qui d'après Alexandre n'accroche pas du tout. Alexandre va donc le laisser en plan à Tokyo pour s'approcher au plus près de l'âme japonaise, s'engageant dans la campagne pour y rencontrer des gens plus authentiques encore, faisant l'expérience de l'hébergement chez l'habitant, du thé bienfaisant, de la méditation, s'enfonçant dans la forêt où il vaut mieux pour le voyageur ne pas s'aventurer sans une petite clochette qui lui permettra d'alerter s'il croisait un ours, ou s'il était victime d'un malaise, ou encore égaré dans la nuit. Et partout, les gens sont simples, accueillants, joyeux, sur cette terre qui pourtant est tellement agitée à l'intérieur, toujours à la merci des colères de la nature. C'est peut-être ça le secret de ces gens-là, profiter du moment présent, tellement les choses sont éphémères.



Un beau livre, où l'on chemine avec des images en tête, d'une nature qui est aussi généreuse (plaisirs des onsen), d'animaux parfois aussi insolites que redoutables (frelon de dix centimètres qui tue chaque année plusieurs dizaines de personnes, ce serpent habu dont la morsure vous empoisonne progressivement durant des années), d'êtres humains qui rient en travaillant la terre ou en cuisinant des plats savoureux, qui ne se plaignent jamais malgré les séquelles éternelles de la guerre. Le texte nous nourrit aussi, avec à propos, de mots japonais et de références littéraires, la plupart des grandes figures nippones des lettres étant convoquées, de Soseki à Mishima en passant par Inoue. Il y a du Sylvain Tesson, en plus apaisé, chez cet Alexandre Bergamini !



J'adresse un grand merci à babelio et aux remarquables éditions Philippe Picquier pour l'envoi de cet intéressant ouvrage dans le cadre de masse critique.

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Vague inquiétude

"Comment apprend-on la présence au monde ? Comment reconnaît-on la saveur du temps qui travaille en nous ?" (50)



Dans le "soleil couchant", les ombres fines des méditations d'Alexandre Bergamini révélées sur le papier ont enlacé les miennes dans une danse de fumerolles. Son "coeur croasse" et tente de résister aux vents tempétueux, cherchant peut-être à ressembler à ces arbres taillés comme des nuages dans le parc Ueno. Il n'y aurait alors plus qu'à se laisser emporter, modeler, effilocher... Trouver un espace qui soit de taille pour notre errance est une quête cruciale pour qui a des blessures à panser. Celle d'Alexandre Bergamini trouve son épanouissement à Tokyo.



"Douceur des rapports, distance et respect, aucune familiarité. Être avec et s'extirper de la réalité en un instant, sans difficulté. Perméable sans être ni se sentir envahi par les autres. Ouvert aux autres sans être obligé de se protéger d'eux." (19)



Par l'évocation de Nicolas Bouvier, je retrouve Mariusz Wilk qui en son journal et au bord de l'Oniégo explore lui aussi les voies du dépouillement. "Nous sommes ce que nous regardons", la phrase fait miroir entre les reflets renvoyés par le lac du Grand Nord carélien et les torii japonais, "ces portes rouges isolées (...) symboles du passage du matériel vers l'immatériel". Celui qui réalise la nudité de sa conscience en cette vie, ne ressentira-t-il qu'une "vague inquiétude" au moment de la transition vers sa résorption ?



"Je me sens dès maintenant tellement à ma place que je devrais disparaître dans le paysage, me dissoudre dans les particules d'air et ne plus rentrer. Selon le principe ancestral de Shitao, le moine bouddhiste surnommé en Chine Moine Citrouille-Amère : me fondre et me confondre avec le paysage, avec les éléments et les grains de lumière, et disparaître définitivement." (34)



Dans la "lune montante", j'ai flotté. le cheminement intérieur de l'auteur m'est passé au travers. Ses rêveries se font plus sentimentales, plus artificielles. Ses attentes - de paix, de pureté, de belles personnes, , de bols à l'imperfection calculée - semblent prendre le pas sur sa perception. L'euphorie, régénérante mais noyant la lucidité, crée une réalité parallèle. Ce qui rend la rencontre avec l'ours d'autant plus brutale. La violence féroce surgit au beau milieu du paradis. Rappel à l'ordre. Gare à qui renonce à la clochette de la vigilance ! Nous sommes si vulnérables et si enclins à nous perdre en notre propre esprit, à l'image d'Akutagawa Ryunosuke. Je m'attendais à ce que la fissure ursine laisse passer le rai d'une nouvelle lumière, à la fin du livre, mais la "lente disparition" ne témoigne pas d'une réelle rupture, d'une vision qui transcenderai la compréhension de la réalité déjà présente au début.



[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Vague inquiétude

Ce livre invite au voyage, à la quiétude, l'auteur nous insuffle au calme, à la sérénités, à la contemplation, je rejoins l'idée qu'il se fait du Japon traditionnel, celui que j'aime aussi et que je recherche.

Un voyage aussi à travers la poésie, la littérature, entre Tokyo, les Alpes japonaise, Kamakura, l'auteur essaie de faire le deuil de son frère décédé il y a 38 ans, il en parle avec pudeur et sensibilité.

C'est un magnifique livre, une invitation à l'errance, à être présent au monde, tous nos sens sont aiguisés, j'ai beaucoup aimé cette lecture, merci à Babelio et aux Éditions Picquier pour ce beau cadeau.
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Vague inquiétude

Grosse découverte et gros coup de coeur pour le dernier roman d'Alexandre Bergamini.



Ce livre a eu une réelle résonnance en moi, certaines pensées de l'auteur m'ont profondément touchée, je me suis totalement retrouvée dans ses réflexions sur nos vies, sur le fait "d'être là", "d'être pleinement présent ". Il nous entraîne dans ses pensées, nous livre quelques leçons philosophiques ça et là visibles dans des poèmes, dans des dialogues. Il ressent un certain dégoût du monde et ne se sent libre, ne se sent pleinement lui qu'au Japon.



Là-bas le temps défile différemment, chaque geste, chaque respiration est pleinement ressenti, pleinement réfléchi. Durant son récit, l'auteur nous offre en quelques pages une bulle hors du temps, où l'on peut se ballader dans une ville japonaise aux cotés d'Henri Michaux ou d'Akutagawa, où l'on peut découvrir des forêts et montagnes accompagnés de Virginia Woolf, Nicolas Bouvier et Soseki.



Cette oeuvre est un savant mélange hybride où s'entremêlent poésie, récit de voyages et introspection. L'auteur évoque à travers quelques flashbacks et pensées, la disparition de son frère, avec beaucoup de pudeur et de sensibilité.



L'année 2020 commence bien avec cette belle découverte !
Lien : https://www.labullederealita..
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Quelques roses sauvages



Tout est dit dans la présentation de l'éditeur, ensuite c'est la façon dont le texte résonne dans l'esprit du lecteur qui fera de la lecture, une expérience personnelle. C'est vrai pour chaque livre, encore plus pour celui-ci.

Ce n'est pas un roman mais le récit d'un homme qui met ses pas d'abord dans celui-d'un autre à cause d'une photographie et de points communs qu'il pense avoir avec lui...Et qui met ses pas dans ceux de tous ces hommes et femmes qui ont connu Oranienburg-Sachsenhausen et le camp de Westerbork, en Hollande.

Récit très bien documenté , faisant référence aux écrits de Raoul Hilberg, d'Etty Hillesum, citant nombre de philosophes , écrivains, décrivant comme si on le visionnait le film de propagande tourné à Westerbork sur la formation des convois.



Tout est dans la langue, poétique, précise, directe.



Tout est décrit, décortiqué, et vous donne à analyser ce que l'on fait aujourd'hui de ce que l'on sait.





Cet écrivain m'a beaucoup touchée, au point de sortir Sachso des étagères, mais je ne le lirai peut-être pas en entier, à la suite, au point de relire les lettres d'Etty Hillesum, au point de regarder à nouveau le film tourné par Rudolf Breslauer.

Parce que savoir, c'est d'abord connaître et réfléchir seul ...







J'ai hâte de retrouver cette écriture.

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Cargo mélancolie

"Cargo mélancolie" c'est le journal d'un voyage, d'une errance sur un cargo polonais qui emmène le narrateur de la Pologne jusqu'au Spitzberg en passant par la Mer Rouge. Un voyage qui entremêlent les temporalités et les tonalités jusqu'à faire perdre au lecteur toute amarre hormis celle qui en lancinant motif revient hanter les mots et les sensations du narrateur : la mort d'un frère, l'apprentissage de l'éternité de l'absence.

Cet itinéraire devient alors quête de soi-même et recherche de sens, un sens qui peu à peu s'esquisse sans qu'il demeure pour autant saisissable ou acceptable. Alexandre Bergamini inscrit les morts dans des paysages-palimpsestes, dans des rencontres de sable et d'argile rouge et dans l'évocation tremblée de souvenirs brassés, remués par une écriture où le trivial épouse le sublime dans des noces somptueuses.

Et nous voyageons à ses côtés, entre fébrilité et émerveillement , entre joie, souffrance et refus. Le cargo, comme la barque de Charon, nous fait traverser les déserts intérieurs habités de fantômes et d'ombres découpées au scalpel du soleil. Où vont les morts si ce n'est dans la conscience des vivants ? Une conscience qui accepte sans se résigner, qui intègre sans se fissurer, qui englobe sans dissoudre. Un voyage aux confins de ce qu'est la vie enfin réchauffée de ce qui reste des épousailles de la joie et de la mélancolie.
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Quelques roses sauvages

En tombant sur une photo qui montre deux hommes libérés du camp de Sachsenhausen, l'auteur commence à imaginer qui ils étaient, comment ils s'étaient connus et la vie qu'ils ont pu avoir après. Pour mettre un peu de réalité derrière tout ça, il décide de les rechercher et essaie de les rencontrer. A partir de ces éléments, Alexandre Bergamini réfléchit sur les camps, le travail de mémoire, le tourisme de masse autour de ces lieux sans égard parfois pour ce qui s'y est passé. Une réflexion intéressante.
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Quelques roses sauvages



Au point de départ du livre, il y a les figures de A.B, ancien déporté dans un camp de concentration lors de la seconde guerre mondiale, et de son ami ou compagnon – on ne saura pas – T.Mast, tous deux apparus sur une photographie en noir et blanc prise dans une rue de Berlin au cours de l’été 45. Le narrateur de Quelques roses sauvages part sur les traces de ces deux survivants.

Trois parties structurent la narration : les séjours à Berlin en 2011 et 2012, puis quelques jours à Amsterdam. Consultation des archives, interrogations de descendants des protagonistes, visite des camps de concentration, à la recherche des personnages de la photographie. Sachsenhausen, à trente kilomètres de Berlin, et Westenbork, dans le nord des Pays-Bas sont l’un et l’autre sont des « camps modèles », le premier destiné à la détention d’opposants politiques, intellectuels, homosexuels, juifs, le second, lieu de transit des prisonniers à destination de Auschwitz, qui vit passer notamment Anne Franck et Etty Hillesum. Chaque chapitre est une étape, l’occasion de collecter des indices et des preuves, mais aussi de s’interroger et de revenir à soi.

Ce récit discontinu, fragmentaire est une réflexion sur l’histoire des camps, mise en lien avec notre société contemporaine et ses fonctionnements. Alexandre Bergamini s’interroge ainsi sur ces lieux de mort reconstruits, devenus pédagogiques, fictifs, sur la traduction des témoignages en langue allemande (parce que payée par les impôts allemands, lui dit-on…) sans qu’il ne soit plus possible d’accéder au témoignage source, questionnements qui rappellent ceux de Georges Didi-Huberman sur l’image et l’archive, sur la mémoire, notamment lors de sa visite à Birkenau (Ecorce). L’auteur piste les restes du système nazi dans nos démocraties : destruction de documents, falsifications d’archives, volonté de faire table rase du passé, de ne penser qu’à l’avenir, de dénigrer la culture, de détruire la langue, mise à l’écart de certaines minorités, internement des indésirables. Le tout justifié par des nécessités administratives, matérielles, ou de sécurité. « C’est avec son matricule de déporté que l’on retrouve le témoignage de A.B., pas avec son nom. Effrayante continuité de l’administration ». Mots qui résonnent particulièrement dans l’actualité de nos pays occidentaux.

Parallèlement à cette matière politique, Alexandre Bergamini explore quelques-unes de ses obsessions : Désir de vérité, nécessaire vigilance et esprit critique, mort, traumatismes familiaux. Il y un désir d’éclaircissement de soi, une volonté de mise au jour. Une recherche au plus profond. Alexandre Bergamini fait de constants va-et-vient entre l’individuel et le collectif. Il confronte l’intime à l’histoire, partage avec le lecteur ses questionnements, ouvrant la voie à de multiples réflexions.

« Quoi que je fasse, ne voulant trahir aucune réalité, je les trahis toutes. Lorsque je tente d’introduire des éléments de fiction, la réalité me rattrape, nette, implacable et m’oblige à revenir au réel, à ce qui manque, à l’indicible, ce pourquoi j’écris ». Débarrassé des artifices de la fiction, le livre d’Alexandre Bergamini est bien un travail littéraire, porté par un récit, une langue dépouillée et précise. Un livre sensible et intelligent.

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Quelques roses sauvages

C'est un ouvrage très intéressant, bien documenté.

Tout au long de son voyage à Berlin, puis à Sachsenhausen, en Allemagne, puis à Westerbork en Hollande, l'auteur s'interroge avec profondeur sur la disparition, la survivance, et le devoir de mémoire. Le récit entre en résonnance avec la propre histoire de l'auteur, qui a perdu deux êtres chers, ce qui lui donne une dimension supplémentaire.

A ma connaissance, la question du nazisme et des camps de concentration en Hollande, est peu traitée dans la littérature.

Un livre à lire.

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Cargo mélancolie

Cargo mélancolie est un journal de bord poétique en deux voyages :

Hanté par la mort de son frère, le narrateur embarque sur un vieux cargo russe pour une traversée de la Mer Baltique aux Tropiques en passant par le Canal de Suez et la Mer Rouge :

« un billet-aller

pas de retour

retrouver l’ailleurs

un paysage que je porte… »

Un voyage chaotique d’un homme à la dérive où ses tourments intérieurs liés aux variations brutales de lumière et de température dans un paysage en perpétuelle mouvance imprègnent ses écrits d’une poésie sauvage d’une grande beauté.

Dans les flots parfois déchaînés, seule l’errance des oiseaux de toute espèce, des pélicans du Yemen aux fous de Bassan de l’Océan Indien, est familière.

Les êtres rencontrés lors des brèves escales dans des terres souvent en guerre souffrent de la pauvreté mais emprunts d’une grande humanité alors que le narrateur se sent « misérable ».



Le deuxième voyage au Cap Nord est celui de l’éblouissement dans les couleurs et l’acceptation de la perte « Aucun lien n’est rompu ».

La force de ce court roman tient dans la poésie rageuse des mots et dans le vocabulaire emprunté au langage du corps pour une traversée maritime intérieure.
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Sang damné

Un roman brillant sur le sida et la manière dont les malades sont perçus par la société. Alexandre Bergamini nous conte sa propre histoire, sans pathos, et loin de clichés. L'auteur mêle les genres avec du récit mais aussi de la poésie et des extraits de documents (juridiques ou médicaux). L'auteur ne se pose jamais en victime et évite tout nombrilisme. On ne peut que s'ébaudir devant son talent d'écriture absolument éblouissant. Un roman à découvrir absolument !
Lien : http://madimado.com/2011/09/..
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