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Critiques de Alexandre Page (172)
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Partir, c'est mourir un peu

4,8 / 5 pour cet ouvrage qui est juste magnifique !Ouaou. Voilà. C’est un ouvrage qui m’a rassasié ! Bravo pour les recherches, la fidélité historique, le rythme -pas évident sur plus de 700 pages-, les photos sélectionnées et introduites dans les chapitres. Finaliste des Plumes Francophones, ce livre vous transportera en Russie auprès de la famille impériale, les Romanov (tout le monde connaît je présume). Ce n’est pas un cours d’histoire, même si la personne qu’on suit donne des leçons (vous comprendrez pourquoi en lisant), c’est raconté, on est dedans…de 1910 à la « fin », en passant la révolution de février 1917… On est dans l’intimité si je puis dire de l’empereur et de l’impératrice et cela change des habituels petits paragraphes dans les bouquins. Que dire des enfants, Alexeï, hémophile et ses sœurs, si je ne me trompe pas dans l’ordre : Olga, tatiana, Maria et Anastasia, ou Nastia pour les intimes et les toutous ♥. Pour certains des enfants. Enfin je dis enfants mais c’est que ça grandit…

Je retiens qu’à l’époque aussi, les fake news, les idées reçues, ont détruit des vies.

L’écriture est fluide, il y a peu de dialogues donc ceux qui n’apprécient pas forcément les longs récits pourraient se retrouver perdus, mais je les invite à se laisser tenter 😉 On apprend énormément de choses, on se balade on ne reste pas en Russie et les photos…. C’est une très belle découverte.



Passages préférés ?

Vouiiiii



P116 :

« Les grandes-duchesses leur préférèrent les balançoires suspendues aux arbres. Des marins choisis par les plus robustes les poussaient de plus en plus haut, jusqu’à ce qu’ils jugeassent déraisonnable d’aller au-delà, mais les jeunes filles ne se laissaient pas facilement convaincre. »

Parce que j’adore cet extrait.



P208 :

« Extrait du discours du général de Torcy :

La France et la Russie sont désormais unies et alliées. »

Je ne dirais rien d’autre que 1912…^^

P232 :

« Vous qui lisez la presse allemande, sans doute savez-vous ce qu’elle dit de moi ? Que de graves soucis personnels me détournent de la politique. […]Pourquoi voulez-vous que je vous en tienne rigueur à vous ou à mes filles ? Nous ne sommes que des hommes. »

Bon ok et des femmes aussi mais on a compris le message. Et j’adore ! Effectivement, nous ne sommes pas des robots. Nous avons des sentiments… et quand un membre de la famille ne va pas bien, ça nous impacte.



Les + ;

*La plume et la facilité avec laquelle on entre dans l’histoire : on s’y croirait en fait !

* Les photos… 😊 une merveille :D j’adore !

*Les recherches qui ont été faites, les connaissances, on en apprend beaucoup sans que ça fasse cours d’histoire. C’est très bien raconté !

*Les émotions.

*Le fait que l’on suive, jour après jour ce qui se déroule…jusqu’à un certain moment où on est « éloignés ».



Les - ;

*Pour celles et ceux qui ne sont pas habitués aux noms russes, prenez garde à la confusion XD Je me suis parfois perdue dans les noms, les lieux !

*Ça rejoint mon point précédent : une petite carte ! Pensez à prendre une carte à côté de vous.



En résumé, vous adorez l’Histoire ? Ou vous avez envie tout simplement de vous plonger corps et âmes dans celle de la Russie ? Pour en connaître les us et coutumes au début du XXe siècle ? Cet ouvrage est fait pour vous 😊 C’est une bombe ! N’ayez pas peur de vous y plonger, on est transporté dès la première page !
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Partir, c'est mourir un peu

Je tiens tout d'abord à remercier Alexandre Page pour sa confiance. N'étant pas une habituée de ce genre de lecture, ce fut pour moi avant tout un défi personnel.





Quel beau voyage je viens d'effectuer à travers tous ces magnifiques paysages de Russie, de la Crimée à la Sibérie, en passant par Saint-Pétersbourg. Mais également un voyage dans le temps, au cœur de la Russie du début du XXe siècle, sous Nicolas II.



Le narrateur et personnage principal au centre de tout le roman se nomme Igor Kleinenberg, et fut le professeur d'allemand des enfants impériaux, tout du moins ceux en âge d'apprendre.



On découvre ici, l'image d'un Tsar et Tsarine, bien loin de celle des livres d'histoire. Ils nous apparaissent sous un nouveau jour, celui avant tout d'une Famille, loin de la politique mondiale.



L'empereur séparait autant qu'il le pouvait sa vie de famille, qu'il affectionnait par dessus tout, de son rôle de dirigeant politique d'une grande puissance mondiale.



Les enfants impériaux se révèlent être des enfants simples,dignes de leurs rangs, mais respectueux des autres.

L'impératrice tenait à élever ses enfants dans le respect de la vie : Olga, Tatiana, Maria et Anastasia étaient des petites filles à la vie paisible, mais bien entouré.

Tout comme leur frère, le jeune Alexeï, enfant hémophile, héritier du trône surprotégé à cause de sa maladie.

Cette famille aimait la vie et la Russie, mais l'Histoire leur a programmé un tout autre avenir, et c'est toute cette histoire que l'on découvre différemment, cette fois vécue de l’intérieur.



Félicitations à l'auteur pour son immense travail, car il y a énormément de recherches derrière cet ouvrage.



Une lecture émouvante, pleine de découvertes en ce qui me concerne et c'est avant tout ce que je recherche dans un livre: de l'étonnement.



Un livre à déguster sans modération.







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Marcellin Desboutin  : A la pointe du portr..

Un très beau livre sur un peintre peu connu de nos jours mais reconnu en son temps, (1823-1902). Marcellin Desboutin fut peintre, influencé par Rembrandt, mais aussi par l'art florentin qu'il étudia lors de son séjour à Florence, où il vécut avec son épouse à la villa l'Ombrellino. Il y reçoit des artistes, peintres mais aussi hommes de lettres et musiciens.

Desboutin est peintre et graveur également. Il etudie diverses techniques de gravure et cherche à y introduire la couleur.

Le livre regorge de reproductions de peintures et de gravures, de très nombreux portraits où l'expression semble être le souci premier du peintre.

Moi qui ne suis pas fan de gravure, je dois reconnaître que celles de Desboutin ne laissent pas indifférent, par la force qui en émane, l'étude des postures et des regards est exceptionnelle.



Le texte est très riche et permet de comprendre les différentes périodes du peintre, ses influences et son évolution qu'il n'a de cesse de perfectionner tout au long de sa vie.

Un beau livre offert par Babelio et les éditions Faton que je remercie.
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Les Grues blanches

Extrêmement intéressant. Outre l'histoire -étant de formation scientifique et naturaliste - j'ai pu constater l'exactitude de lieux et de leurs caractéristiques en suivant avec une carte géologique de la Crimée http://www.etomesto.ru/map/base/101/geologiya-krym-1926.jpg La présence de trous karstiques est logique ; il en est de même pour des détails sur la végétation, comme les aubépines, le houx...

La richesse de votre vocabulaire me fascine. Un exemple parmi des centaines : je connaissais, avec la biochimie, l'acide stérarique (utilisé comme excipient) mais pas son origine, la stéarine des bougies.

Un travail fouillé, qui a demandé la lecture préalable de nombreux ouvrages avec une connaissance fine non seulement historique mais aussi sur de nombreux autres détails.
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Une vie d'artistes

J'ai commandé à Alexandre ce roman et ne le regrette pas. Il y décrit le Paris de la Belle époque à travers Philéas et le combat artistique de son épouse Clémence. Car se frotter à la concurrence des hommes n'est pas de mise dans cette société corsetée du 19 -ème siècle. L'auteur nous décrit avec détails l'ambiance de l'époque et c'est jubilatoire. L'intrigue amoureuse me touche moins que l'atmosphère qui s'y dégage. Je recommande cette plongée dans l'univers littéraire d'un auteur qui nous rappelle les grands auteurs du siècle dernier.
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La petite dame sans et autres récits

au départ j'ai bien aimé cette lecture, même si lire sur un écran me demande un GROS effort.

j'ai été très étonnée au fond du style, qu'on attendrait presque d'un journal du XIXème siècle.

mais au fil des nouvelles je me suis découragée; j'en ai quand même lu une grande partie, mais, malgré la très bonne qualité de l'écriture, j'ai trouvé le ton trop monotone, en ce sens que c'est toujours les bons et les méchants, c'est très moralisateur et j'ai eu trop envie de changer de lectures.

il n'est pas dit que je ne reprendrai pas cette lecture, plus tard...

merci en tout cas à l'auteur de m'avoir proposé de le lire.
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La petite dame sans et autres récits

Alexandre Page m'a contacté pour que je lise son livre "Roussalki" et j'ai eu peur.

Peur de la "Russie du XIXe s. à la poursuite des redoutables sirènes de la mythologie slave", peur de la littérature dite "classique" et donc ne voulait pas le décevoir et caler en lisant son livre.

Alors, grâce à la critique d'Adeline, je lui ai proposé de commencer par lire "La petite dame sans et autres récits".

Et j'ai été surpris, en bien. 

J'ai beaucoup aimé ces petites histoires aux fins abruptes, surprenantes au début.

La plume est légère et concise. Pas de chichi, droit au but.

Les descriptifs nous plongent dans l'époque des récits, les images nous parviennent comme si on y était, la lecture est facile.

J'ai pris le temps de lire ces récits, car je n'étais pas dans une période de lecture.

Mais à chaque fois, la lecture fut très agréable.

Merci Alexandre.
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Roussalki

Roussalki est un roman qui fait voyager, loin, dans une autre époque, dans la campagne russe du XIXe siècle. Cela a été un voyage dans un monde enchanteur et magique à la découverte d’univers nouveaux pour moi, la Russie et la mythologie slave. Tous les ingrédients du conte sont presents : un prince, une comtesse, un manoir ancien décrépi, une sorcière, des légendes anciennes, un lac mystérieux et un amour malheureux. Ce roman exulte la beauté et la féerie. L’auteur réussit tellement bien à transmettre la magie des lieux que les scènes que j'ai lues et imaginées dans mon esprit brillaient de mille étincelles. Je ne sais pas comment le dire autrement mais l'écriture d'Alexandre Page est féerique, elle fait voyager, rêver.

Je remercie l'auteur de m'avoir proposé et envoyer ce livre qui a été un merveilleux moment de lecture ❤.





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Une vie d'artistes

Tout d'abord, je tiens sincèrement à remercier Alexandre Page de m'avoir sollicité pour la lecture de son dernier roman "Une vie d'artistes", qu'il m'a envoyé numériquement en service presse.



"Une vie d'artistes" décrit parfaitement l'intrigue du roman tournant autour du quotidien des artistes peintres qu'ils soient hommes ou femmes.

Le roman débute en effet par l'entrée en scène de Philéas, artiste peintre à succès dans le domaine de la peinture historique qui est en train de sombrer : il enchaîne les échecs et les dépenses, ce qui lui coûtera ses entrées dans les clubs réservés aux artistes en son genre ainsi que le rejet de la gente féminine qui ne veut plus de lui. On constate d'abord une société axée intéressée uniquement par l'argent, mais c'est sans compter l'arrivée de Clémence sur le chemin de Philéas. Sa vie va complètement être chamboulée et ce à tout jamais. Il deviendra un autre homme sera comme "envoûté" par elle et ses convictions féministes. Clémence est une jeune artiste peintre passionnée par la peinture des batailles, mais la société lui fait comprendre qu'elle n'aura pas la même renommée qu'un homme du fait qu'elle est une femme. Or, elle veut être reconnue pour son talent ET pour son nom. Ce sera sa bataille, celle de Philéas et celle d'autres hommes proches d'elle qui la soutiennent sans le clamer haut et fort. Hypocrisie, misogynie et sexisme sont au rendez-vous.



Face à ce sexisme avéré, Clémence et Philéas vont donner une leçon à la société française dans son ensemble par le biais d'une supercherie afin de les duper au mieux, et ce plan va fonctionner. La tournure du plan sera difficile pour eux au point que le moral sera touché. La supercherie aura un retentissement dans le monde entier incluant un soutien mondial sans failles. Avoir osé humilier la France et ses préjugés sociétaux sera applaudi par une majorité de Français et d'individus du monde entier.



"Une vie d'artistes" d'Alexandre Page m'a fait ressentir des sentiments et un attachement indéniable pour Clémence notamment. Je souriais à plusieurs reprises et était très fière d'elle d'oser mener ce combat que les hommes menaient contre elle en faisant tout pour la faire échouer. Commencer par une histoire triste pour terminer par une belle histoire, quel beau cadeau fait par Alexandre Page !



D'autre part, j'ai également apprécié le petit clin d'œil de l'auteur sur l'écriture de ce roman dans l'intrigue où un parfait inconnu veut écrire un roman sur l'histoire de Clémence et de Philéas.



Enfin, formellement parlant, il s'agit d'un roman constitué de deux parties. Les fins et débuts de chapitres se suivaient de façon fluide, c'est-à-dire que la fin du chapitre était reprise consciencieusement dans le début du suivant afin de ne pas perdre le lecteur en cours de route. Les chapitres étaient de taille raisonnable. Aussi, j'ai adoré l'écriture en chiffres romains des numéros de chapitres et les ornements qui entouraient les parties, le titre et les numéros de chapitres.



Un grand bravo à Alexandre Page pour ce magnifique roman que j'ai sincèrement apprécié tant pour son histoire que pour le combat des femmes artistes peintres d'être sur un même pied d'égalité que les hommes artistes peintres.
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Une vie d'artistes

Voici un roman qui a été un véritable coup de coeur ! L'auteur nous entraîne dans le milieu ô combien insupportable de la bourgeoisie culturelle parisienne du XIXe. Un monde médiocre, constitué de critiques non seulement hautains mais aussi étriqués. En effet, Clémence, une artiste qui peint des tableaux militaires, va faire les frais de ces mentalités rétrogrades en étant jugée sur son sexe et non sur son art.



J'ai appréciée la relation tissée entre les deux protagonistes. Leur histoire d'amour ravira les âmes fleur bleue, bien que le roman ne soit pas centré sur leur idylle.



Je ne peux dire si la manière de dépeindre le milieu de l'art est réaliste, en tout cas je l'ai trouvé immersive. J'y ai trouvé une résonnance avec Illusions perdues de Balzac. On retrouve dans Une Vie d'artistes des thématiques communes : la dichotomie entre la province et la capitale ; la corruption de l'artiste lors de son entrée dans la vie parisienne ; la vanité, l'hypocrisie et la médiocrité de cette classe sociale ; les désillusions de ce milieu.



Le style d'Alexandre Page est fluide, les mots semblent couler de source et les chapitres s'enchaînent dans un tourbillon littéraire ; l'écriture est élégante sans jamais tomber dans la lourdeur. Si je n'avais pas su que l'auteur était contemporain, j'aurais aisément pu croire qu'il eût été écrit à la Belle Époque !



Les bourgeois parisiens ne sont plus les mêmes que ceux d'hier, pourtant on retrouve chez eux quelques traits communs qui attestent de cet héritage ; parisianisme toujours aussi insupportable, mépris des auteurs autoédités (ce qui rejoint le point numéro 1, pour le côté petit cercle fermé), snobisme (mépris pour les genres littéraires issus de la SFFF), et on peut ajouter un énorme "ecetera".



Ce milieu culturel parisien du XIXeme dépeint par l'auteur est, à mon sens, un miroir de notre époque. Du moins, on peut y trouver des échos.



Je continuerai à découvrir les œuvres de cet auteur que je vous recommande chaudement !
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Roussalki

Un livre sur la mythologie slave se déroulant en plein cœur de la Sibérie du XIXème ne pouvait que me plaire !

Dans Roussalki, on suit Vassili, folkloriste qui part pour Tcherepitsa un village dont le lac est habité par des sirènes... êtres fantastiques qui entrainent les hommes et femmes s'approchant d'un peu trop près du bord.



Folkloriste quel métier romanesque ! J'ai tout de suite accroché sur notre héros. Mais les autres personnages que Vassili va rencontrer sont tout aussi intéressants, singuliers et mystérieux : un villageois, une comtesse dépressive, une sorcière, le tenancier d'un cabaret...



Tout ce petit monde évolue dans une atmosphère et un paysage sombres, brumeux. De plus Alexandre parvient avec brio à nous immerger dans cette ambiance de la Russie folklorique et mystique du XIXème, celle de Nicolas Gogol et d'Alexandre Pouchkine.



Enfin Alexandre a une plume fantastique, subtile, mature, élégante. J'ai lu ce livre dans un train mais je me suis imaginée siroter un thé à la fenêtre d'une belle datcha russe .



Pour résumer si vous aimez les romans emplis d'intrigues, de mystères et légendes baignant dans une ambiance sombre, vous prendrez, tout comme moi, beaucoup de plaisir à lire Roussalki.
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Mangazeïa

Bonjour,



Je viens vous présenter une œuvre originale en retour de lecture : "Mangazeïa légende du Nord" de Alexandre Page en autoédition.



L'histoire de Mangazeïa, surnommée "la bouillante d'or" par ceux qui jadis la rendirent étincelante à travers le monde. Un conte narré en vers qui, de quatrains en quatrains, forge à travers ses chants la légende du lieu et de celle du Saint Vassili. Il nous est raconté de façon poétique la chute de cette mythique Atlantide du Nord avant que celle-ci ne soit effacée de la mémoire collective pour des siècles à venir.



Superbe roman que j'ai dévoré. Quelle écriture magnifique, majestueuse dans le phrasé comme dans la sonorité des vers qui la composent. Une idée originale que de nous raconter la légende en poème. J'ai trouvé que cette forme accentuait davantage le mythe de Mangazeïa et que son existence apparaissait encore plus éphémère ; le temps de ma lecture, elle a permis de revivre, de montrer toutes ses richesses, aussi bien matérielle qu'humaine.



Car un mythe n'est rien sans ceux qui l'entretiennent. Le pope Vassili et la petite Zoyechka sont portés par une mission pieuse de vouloir insuffler l'espoir aux habitants de Mangazeïa, paralysés par la peur du méchant seigneur qui règne en terreur : L'Ecorcheur. Leurs efforts seront vains pour terrasser jusqu'à la mort les soldats qui ne seront pas empêcher de détruire par le feu la ville entière. Seule une petite chapelle, construite avec les restes de planches de bois qui n'auront pas brûlés, subsistera à travers le temps.



J'ai été émerveillée par ma lecture, une prouesse littéraire riche d'une culture nordique époustouflante. Alexandre est un véritable conteur qui sait éveiller les émotions de ses lecteurs. Je suis à la fois subjuguée et conquise, tant par les mots que par la couverture magnifique et les dessins qui accompagnent les chants. Il y a des lectures qui vous laissent sans voix tellement elles atteignent une perfection inégalée, celle-ci en fait définitivement partie. Merci Alexandre !



Bonne lecture, amis Lecteurs !
Lien : https://lecture-chronique.bl..
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La petite dame sans et autres récits

Il existe donc encore des écrivains français, de vrais écrivains de métier, laborieux et méticuleux, ayant le goût du style et de la joliesse des formules. Il en existe quelques-uns encore, je m’en réjouis et pourtant j’éprouve une légère amertume à l’idée qu’une fois encore je trouve ce talent, ce professionnalisme, en autoedition. C’est assez affligeant en ce que c’est le travail, logiquement, d’un éditeur, et non du lecteur, de dénicher ces raretés. Néanmoins, il me semble - mais je puis me tromper - que c’est, cette fois, un choix de l’auteur. Choix que j’approuve : il aurait été fort regrettable qu’un moins compétent que lui se livre à un « travail éditorial » sur cette œuvre, la retouche ou la dénature de quelque façon commerciale et bête.

Il s’agit d’un recueil de courtes nouvelles toutes tirées de faits réels, comme une poétisation de la vie, de ses petites péripéties et de ses grands drames, dans un style précieux, élégant et délicieux. La structure, très construite, rend un effet de fluidité - les nouvelles sont extrêmement courtes- quand un lecteur attentif se figure l’effort qu’il faut pour rendre compte, en si peu de mots, à la fois d’une atmosphère, de faits et péripéties, et d’une succincte analyse de ces faits.

Ce recueil me fait l’effet d’une sorte d’éloge du raffinement et de l’esthétique en écriture, de l’art « pour l’art » en somme. C’est à la fois un exercice de style et un hommage à la littérature du dix-neuvième siècle. D’ailleurs Maupassant n’est pas loin, en fond et en forme. On sent une certaine nostalgie pour et l’art et la vie du dix-neuvième, décor et style formant un riche tableau. Ce style, limpide et enlevé à la fois, accessible et travaillé, est savoureux. Aucune formule proverbe dans tout le recueil, aucun déjà vu, aucune facilité d’écriture automatique : un vrai travail pour une vraie personnalité, en somme.

Tout y est élégance. Même les voleurs et les assassins semblent dotés d’une aura de distinction, d’une certaine hauteur, rendues par une écriture impeccable. Si Alexandre Page s’est inspiré de faits divers, il ne les narre pas froidement ni objectivement mais y porte une dimension supplémentaire par des décors aussi précis qu’évocateurs d’une ambiance et d’une époque ainsi que par une profondeur en ce que le narrateur prend plaisir à les commenter par endroits, en petits aphorismes fort à propos.

J’ignore comment l’auteur a sélectionné les faits divers mais il se trouve qu’il narre à plusieurs reprises des meurtres, et notamment des meurtres entre époux : la vie de couple est-elle si pesante, la présence d’autrui si importune que le passage à l’acte s’impose, tel un instinct de survie, dans un moment d’égarement et à une époque où les meurtriers n’étaient pas toujours démasqués, faute de moyens scientifiques ? Eh bien, oui, sans doute. Voilà là l’homme, avec ses lâchetés, ses petites hypocrisies et ses grandes avidités. Voilà décrite la perversion naturelle, les obsessions bêtes et incontrôlables, la cruauté, tout l’irrationnel de l’être humain. Tout cela se mêle et devient l’ordinaire, le normal, la réalité quasi scientifique de la condition humaine.

J’ai relevé quelques fautes d’orthographe, que l’on a déjà dû signaler à l’auteur. Détail sans importance tant elles sont peu nombreuses. Je sais d’expérience qu’il est extrêmement difficile de n’en laisser passer aucune. J’ignore si Alexandre Page se corrige seul ou s’il dispose d’un correcteur, néanmoins cette œuvre est plus propre que beaucoup de livre édités. Et si je souligne ce point, c’est, paradoxalement, pour vanter le non-amateurisme de l’auteur, car enfin personne ne peut remette en cause le professionnalisme d’un auteur qui peut encore être dignement nommé écrivain, offrant un récit de qualité, ciselé et stylisé. Une œuvre, en somme, comme devraient en élire les éditeurs.

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Roussalki

Un super moment de lecture.

Un roman qui nous emmène dans la campagne Russe au XIXe siècle, d'inspiration gothique qui ne laissera pas le lecteur indemne.

L'auteur a réussi à rendre ce récit envoûtant avec des descriptions riches, détaillées et documentées, et avec tant de détails, que je m'y serais cru.

Les personnages sont travaillés, sympathiques, touchants.

L'écriture est fluide, belle et facile à lire.

Le suspense est au rendez-vous, les chapitres sont courts.

L'histoire est fascinante, bouleversante.

Je recommande sans hésitation
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Roussalki

Tout d'abord, je tiens à remercier Alexandre Page de m'avoir fait confiance en me proposant de découvrir son roman " roussalki (les sirènes) ". Dans ce roman nous parlons de mythes et légendes slave dans la Russie du XIXe siècle. Nous suivons un étrange voyageur du nom de Vassili Vassilievitch Saltikov, folkloriste venant de Saint-Petersbourg qui décide de venir à la rencontre des habitants de Tcherepitsa afin de collecter les récits et les traditions populaires. Selon une légende, un lac maudit serait peuplé de sirènes. On raconte que ce sont de jeunes filles devenues folles de ne pas avoir trouvé l'amour qui se sont suicidées dans le lac et qui sont réapparues en sirènes appellées Roussalki. C'est dans ce misérable village que Saltikov va prétendre vouloir percer le mystère. Il va faire la connaissance de nombreux personnages tout au long de son périple, notamment la Contesse Zoubrovski, secrète, malade et recluse dans son manoir ainsi que Marva une sorcière qui vit au bord d'un lac entouré de marécages. Dès les premières pages du roman je me suis laissé emportée par l'histoire. C'est le premier roman que je lis sur le thème des mythologiques Russes et j'ai beaucoup aimé même si je ne connais pas grand chose à ce sujet. L'auteur m'a fait voyager tout au long de son roman, j'ai trouvé le texte fluide avec des chapitres ni trop longs ni trop courts et sans temps mort. J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur qui a su nous raconter cette histoire dans un langage parfaitement adapté à l'époque avec certaines notes poétiques. L'auteur à pris le temps de nous décrire chaque paysages et chaque personnages que l'on rencontre tout au long de ce récit ce qui m'a vraiment fait plonger dans l'univers de la Russie d'antan. J'ai beaucoup aimé les personnages que j'ai trouvé bien décrits, mystérieux et intriguants. Ce roman est une excellente lecture je ne peux que vous le recommander.

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La petite dame sans et autres récits

C’est en compagnie d’Alexandre Page cette fois, que je me lance dans un nouveau recueil.

C’est avec un immense plaisir que je retrouve sa si belle plume, élégante et soignée.



"La petite dame Sans et autres récits " est un recueil de 31 nouvelles avec pour toile de fond le XIXe siècle.



Histoires inspirées de faits réels, l’auteur nous guide à travers les villes et les campagnes, à la découverte des péripéties de quelques personnages de ce siècle passé.



Les crimes de tous genres sont ici évoqués.

Du mari alcoolique n’acceptant pas le départ de sa femme, au cocu bien en veine, en passant par le drame de la noyade de biens malheureux individus.



L’épilogue de ces courtes histoires est parfois surprenant mais toujours de bon aloi.



Alexandre manie la plume avec aisance et chacun ici trouvera son bonheur.

Chaque lecteur choisira son rythme. Une histoire de temps à autre ou comme moi le roman entier.



Une lecture pour tous les amoureux des mots et des belles histoires.
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La petite dame sans et autres récits

Dans ce recueil de 32 nouvelles, Alexandre Page reprend des faits divers qui ont marqué le 19ème siècle en France. Avant de me lancer dans la lecture j'étais déjà séduite et intriguée par l'idée. Les transformant en courtes histoires romancées, il réussit à dépeindre la vie des petites gens de l'époque. Le tout est foisonnant, entre crimes, traîtrises, passions destructrices, violences... Nous découvrons des êtres prêts à tout pour parvenir à leurs fins, des êtres souvent animés par la misère ou le vice. Si certaines nouvelles ont un dénouement heureux, la majorité se finissent mal révélant ainsi la dureté de la vie de l'époque.



Certains textes m'ont touchée, d'autres m'ont révoltée ou amusée, il y en a vraiment pour tous les goûts. "La petite dame Sans" est, je pense, celui que j'ai préféré. J'ai trouvé un côté envoûtant à "L'apothéose" malgré le tragique de l'histoire et j'ai aimé le cadre de "Place Monge, un soir d'hiver". Globalement, presque toutes les nouvelles ont laissé leur empreinte.



Et ceci grâce au talent de conteur de l'auteur. Car le gros point fort de ce recueil c'est bien l'écriture. Alexandre Page réussit en très peu de pages à poser un cadre, une ambiance et des personnages au moyen d'une écriture à la fois travaillée et accessible. On est immédiatement transporté et plongé dans le récit tant les descriptions sont évocatrices. En cela, je trouve une différence notable avec son roman "Partir, c'est mourir un peu" que j'avais eu la chance de lire. Dans ce précédent ouvrage j'avais parfois ressenti un surplus de détails qui, bien que fort intéressants, alourdissaient un peu le récit alors que dans "La petite dame Sans et autres récits" l'écriture m'est apparue plus efficace sans dépouiller l'histoire pour autant.



En résumé, ce recueil de nouvelles est une vraie réussite. Alexandre Page réussit à nous transmettre son intérêt pour l'Histoire en la rendant attrayante. Merci à lui pour ce service presse.
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Partir, c'est mourir un peu

J’ai pris mon temps pour cette chronique. Et pour cause, lorsque l’on entre dans un roman historique il est nécessaire de vérifier ce qu’on en lit avant d’en parler. Question de crédibilité. J’ai donc pris le temps de lire, vérifier et je prends également le temps d’écrire en me détachant de toute exagération d’une réaction à chaud.



Je me suis donc retrouvé avec « Partir, c’est mourir un peu », sous la plume d’Alexandre Page, pour goûter à ce plaisir historique et me laisser entrer en immersion au plus près de la famille impériale du temps d’Alexandra et de Nicolas II. Et c’est avec Alexandre Page que j’ai pris une claque qui m’a ramené plus de 100 ans en arrière, à suivre en temps réel l’inexorable chute des Romanov. Un voyage qui laissera une empreinte dans mon esprit, une empreinte ensanglanté, mais dont le nom est réhabilitation.



« Lorsque les mensonges auront été dissipés, que les impostures auront été démasqués , que le chagrin aura passé, l'humanité se souviendra ».



L’histoire est racontée par les vainqueurs, c’est elle que nous apprenons dans nos manuels scolaires avant que vienne souffler à nos oreilles le vent de l’esprit critique. Et parfois, souvent, elle est tronquée, minimisée ou enrichie pour glorifier ceux qui l’écrivent plus que ceux qui l’ont vécue. En lisant « Partir, c’est mourir un peu », il faut donc faire fi de ce que nous avons appris, du peu que nous avons retenu concernant Nicolas II, puis écouter ce que d’autres ont à nous dire. D’autres comme Igor Kleinenberg, précepteur d’allemand auprès des grandes duchesses Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et proche du tsarévitch Alexeï.



C’est donc avec ce personnage que nous entrons dans les dessous de l’histoire, que nous pénétrons dans l’intimité du couple impérial. C’est avec lui que nous découvrons ce fameux battement d’ailes de papillon qui, d’un bout à l’autre de l’empire, apporte le vent de la sournoise discorde, l’orage grondant et finalement la tempête dévastatrice jusqu’à la cruelle et sanglante vérité.



Grâce à Igor, professeur à peine fictif, mais d’une extraordinaire réalité narratrice, Alexandre parvient à jouer sur tous les tableaux: histoire, géographie, politique, et fort de ses propres connaissances et de son époustouflant travail de recherche, il distille avec majesté des informations d’une richesse incroyable. Il vient nous instruire pas à pas sans même que l’on s’en rende compte, dénouant les manœuvres des uns et des autres sur l’échiquier mondial afin de nous en faire comprendre toute les subtilités dont nous n’effleurons qu’occasionnellement les enjeux. L’instruction par la curiosité, par les anecdotes.



Que vous aimiez l’histoire ou non, vous ne pouvez rester insensible à la qualité de son écriture et aux connaissances insufflées avec soins et répétitions sans pour autant vous perdre en redondance. Son écriture et puissante sans jamais tomber dans l’ostentatoire, ses détails sont savoureux et cumulant les qualités il nous offre un long roman qui se lit avec facilité et surprise à chaque page. Nous apprenons énormément sur cette époque, sur ces illustres qui ont fait et défait la Russie. Nous relevons également avec toute la déconvenue de nos certitudes comment l’image que l’on a du couple impérial a été biaisée. Ce roman est un vrai pavé dans la mare des mensonges et des élucubrations.



Attention : coup de cœur 2021



Je ne peux que vous recommander chaudement « Partir, c’est mourir un peu ». Au fil des pages vous aimerez la famille soudée, l’homme attentif aux siens, sa patrie, son peuple et qui pourtant va subir les assauts continus, sournois d’une aristocratie méprisante et manipulatrice. Vous subirez avec lui la violence incontrôlable de la révolution bolchevique. Vous apprendrez comment la bonté, la générosité, la fidélité de cet homme seront les armes de sa propre destruction, de son abdication jusqu’à son éradication famille comprise.



« Il n'y a que deux genres de souverains, dit-on, qui s'exposent aux révolutions et aux coups d'Etat : les trop gentils et les trop cruels ».



Assurément Nicolas II faisait parti des premiers ce qui rend la tragédie historique que nous relate Alexandre Page encore plus incommodante. Et notre conscience de hurler : réhabilitation !
Lien : https://jcmojard.fr/2021/03/..
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Partir, c'est mourir un peu

« Partir, c'est mourir un peu » est un roman historique relatant la vie d'un professeur d'allemand au sein de la famille impériale au début du 20eme siècle. Ce qui séduit d'emblée dans ce récit écrit à la première personne c'est justement ce choix de la première personne. Au fur et à mesure de la lecture on s'imprègne du personnage d'Igor Kleinenberg. Les descriptions de la vie au plus près de l'impératrice de Russie, du Tsar et de leurs enfants sont touchantes.

Le style de l'auteur rappelle les écrivains classiques comme Stendhal ou Léon Tolstoï mais aussi (cela n'engage que moi) d'autres écrivains plus modernes comme Carlos Ruiz Zafón.

Le livre est agrémenté de photos, ponctué de détails historiques et écrit avec beaucoup de délicatesse. J'avoue avoir de grandes lacunes en histoire, cependant je n'ai pas eu à recourir à une encyclopédie pour comprendre le livre. La tranche d'histoire que l'auteur développe est si bien expliquée que le livre se lit très simplement.

J'avoue je suis plus adepte des romans de moins de 300 pages alors les plus de 700 pages du roman m'ont réclamée un petit effort. Mais cela en valait le coup car de bout en bout j'ai été sous le charme de ce roman réussi.

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Partir, c'est mourir un peu

Je remercie avant toute chose l’auteur, Alexandre Page pour sa patience à mon égard et sa confiance.





C’est un ouvrage bien particulier que nous allons traiter aujourd’hui, bien loin de ceux vus jusqu’ici. L’auteur du jour nous invite pour un voyage vers une Russie en proie à de grands bouleversements, sous le regard d’Igor Kleinenberg. Un thème intéressant et original, qui peut néanmoins effrayer les lecteurs novices ou, tout du moins, n’ont pas d’accointances particulières avec les romans historiques.





Alors, défi relevé ?





« ‘J’ai dit cela, et regardez où je vous ai tous menés. Bous êtes Russe, Igor Vladimirovitch, dites moi aussi franchement que je vous parle, ai-je été un bon souverain ?’ […] ‘Majesté, vous avez la pensée généreuse et le caractère d’un grand homme. Vous avez conduit votre règne en vous considérant comme comptable du bien de ce monde envers Dieu. Je crois qu’un bon souverain ne peut pas être généreux. Il défend les intérêts des uns contre ceux des autres. Mais vous êtes un grand homme, et c’est plus essentiel. »





L’histoire que nous découvrons nous est conté par Igor Kleinenberg. D’origine estonienne, il débarque au palais impérial en 1910 afin d’enseigner l’allemand aux grandes-duchesses, les filles du Tsar Nicolas II et de son épouse Alexandra Fedorovna Romanova. Au fil des leçons, nous voyons les liens se tisser entre les quatre jeunes femmes (Olga, Tatiana, Maria et Anastasia) et leur professeur.





La première impression qui frappe lorsqu’on se lance dans « Partir, c’est mourir un peu », est celle d’une discussion entre amis. C’est comme si Igor était face à nous, bien installé dans son fauteuil, et qu’il nous racontait sa vie, empli de nostalgie. Au plus proche de la famille impériale, il assiste aux complots, aux mensonges, aux questionnements et aux déchirements. Mais bien au-delà des souverains d’un immense empire, Igor se souvient des moments de joie, des voyages à bord du Standard. Entre les matchs de tennis et les baignades, il nous décrit le quotidien d’une famille normale, trop souvent rappelé à son devoir pour être heureuse. Peu importe ce que nous savons ou non de cette histoire, Igor semble nous dire : « Voici la véritable histoire, comme moi, je l’ai vécu ». Comme un dernier hommage à ses amis, à ceux qui, malgré leurs différences de statut, lui ont toujours fait une place.





« Il n’y a que deux genres de souverains, dit-on, qui s’exposent aux révolutions et aux coups d’Etats : les trop gentils et les trop cruels. Il se trouve toujours des mauvais pour renverser les premiers, et des oppressés pour renverser les seconds. L’indulgence et le pardon, voilà les deux vertus qui causèrent d’abord la perte de Nicolas II. »







Portrait de Nicolas II (1912).

L’auteur nous dresse ici de véritables portraits de toutes les personnes déambulant autour de notre héros. En plus d’Igor, il évoque notamment le précepteur des enfants impériaux Pierre Gilliard d’origine suisse. Les deux enseignants feront un bon bout de chemin ensemble, et tisseront tous les deux de fortes relations avec la famille royale. Cette dernière est composée tout d’abord du tsar Nicolas II. Ayant reçu une éducation traditionnelle, le dernier tsar de Russie aura bien du mal à s’en défaire, malgré sa sagesse et son désir profond d’être juste. C’est un homme que l’on prend vite en affection, tant sa volonté de préserver son peuple est forte.













« Au début de son règne, le tsar avait dit : « Je veux vivre et mourir pour la Russie. Peu m’importe la façon dont je trouverai la mort ». Il avait attaché son honneur à celui de son pays, et ils souffrirent en commun les mêmes épreuves, les mêmes douleurs et une fin aussi brutale, puisque bientôt, notre Russie, elle non plus ne serait plus. »







Vient ensuite l’impératrice Alexandra, venue au monde en tant que « La Princesse Alix » en Allemagne. Cette femme forte verra sa réputation salie en période de guerre, où la germanophobie s’étend comme une épidémie à travers le monde. De plus, elle entretient une amitié forte avec le moine sibérien Raspoutine, ce qui l’a rendra encore plus impopulaire. En effet, le strannik (un pèlerin mystique) Raspoutine était le confident de la reine, et à longtemps était considéré comme celle-ci comme le seul capable d’aider son fils atteint d’hémophilie. Mais il est perçu par ses contemporains comme un charlatan, et aura donc un impact fort sur la descente aux enfers de la dernière famille impériale de Russie.





Les deux filles aînées des souverains sont Olga et Tatiana. Elles brillent toutes les deux tout au long de l’intrigue par leurs courages et leurs déterminations. Bonnes élèves, l’on s’attache vite à ses deux femmes généreuses. Peu importe les épreuves, que ce soit la guerre ou la captivité, elles se montrent les dignes héritières de leurs parents en pensant avant tout au bien des autres. Bien que très timide, la jeune Tatiana force le respect par son zèle et sa force de caractère. Olga, quant à elle, marquera sans aucun doute par sa bonté hors-normes, digne des plus grandes souveraines à travers le monde et les époques.





« Je n’oublierai jamais ce geste d’Olga qui, à Tobolsk, voyant un de ses geôliers se blesser en descendant d’une échelle, s’était portée à son secours pour examiner la blessure comme s’il s’agissait d’un soldat de son cher hôpital. »





Elles sont accompagnées de Maria et Anastasia, les cadettes. La plus inoubliable des deux étant bien sûr cette chère Nastia – surnom affectueux qu’elle permet à Igor d’utiliser. Contrairement à ses sœurs, elle n’a rien – et ça ne l’a dérange pas, au contraire – d’une princesse impériale. Elle est espiègle et insolente, et transmet sans mal autour d’elle sa bonne humeur et son sourire à toutes épreuves. Si Maria paraît plus discrète dans l’ensemble du livre, elle reste nécessaire dans les moments de drame, où sa joie et son amour du jeu rendent le sourire à quiconque la croise sur son chemin.





Enfin, il y a le petit tsarévitch Alexis. Atteint d’hémophilie, le jeune héritier cause bien du souci à sa mère, et rend la présence de Raspoutine encore plus indispensable pour celle-ci.





Les relations qui lient chaque membre de la famille royale sont décrites avec brio. Ils deviennent nos amis, tout comme ils sont ceux d’Igor. Et quand la fin approche, inexorable, quand l’histoire se déroulent sous nos yeux sans que nous ne puisons rien y faire, nous sentons nous aussi, lecteur, notre cœur se briser.







« Nous avions tous eu l’opportunité d’abandonner la famille impériale, mais aucun de nous ne l’avait fait, non à cause de l’assurance d’une issue favorable, mais parce que nous avions la certitude qu’il n’existait nul autre endroit où notre présence aurait eu autant de sens. Quoi de plus doux que de vivre, même le pire, aux côtés d’être aimés auxquels on peut apporter aide et soutien dans les épreuves et qui vous les rendent avec une gratitude infinie ? »





Bien que le sujet soit dense, et peut paraître complexe pour des novices, ce n’est pas du tout le cas. La plume d’Alexandre Page est accessible, et les plus de 700 pages s’écoulent sans problème. Le style est beau, tout en restant accessible et fluide. C’est une prouesse importante, qui souligne que n’importe qui peut lire cet ouvrage. Que l’on soit amateur ou non d’histoire, que l’on aime ou non lire de gros ouvrages, « Partir, c’est mourir un peu » est une expérience à tenter.







Les grandes-duchesses Maria, Olga et Tatiana en 1916.

Les descriptions des lieux aussi sont très agréables. Les détails des bâtiments, des lieux et des événements permettent de donner vie à une véritable fresque de la Russie de l’époque. Les références artistiques et littéraires aussi sont très appréciables tout au long de l’ouvrage (mention spéciale pour « Pécheur d’Islande », un roman de Pierre Loti que j’apprécie beaucoup et que j’ai été ravi de retrouver ici).





« Nous ne sommes que des hommes. Il nous faut affronter les épreuves, mais il est illusoire d’espérer les surmonter sans fléchir »





Ce qui est particulièrement est pertinent dans cette œuvre, c’est de voir comment un événement à un instant T, peut influencer à la fois la vie d’un homme – en particulier Igor – et celle d’un pays. La petite histoire se mélange à la grande, rendant les deux interdépendantes.





L’atmosphère qui se dégage de l’histoire fonctionne à merveille. À mesure que le temps s’écoule, et alors que le lecteur est bercé dans le cocon familial, l’on sent la Russie qui gronde en arrière-plan. Les tragédies, petit à petit, viennent troubler le quotidien de ce grand pays. Attentats, complots et maladies entraînent dans leur sillage le destin de l’empire.







« Leur folie meurtrière – leur seul code de loi – dégoûtait jusqu’à certains révolutionnaires de la première heure. Nous constations chaque jour un peu plus à quel point nous avions eu la chance de servir et de rester fidèle à un « tyran » qui avait dit « personne ne mérite la mort ». Nous savions encore un peu plus pourquoi nous étions là, aux confins de l’Oural, dans le danger et la misère. Nous suivions, au milieu de l’anarchie sanglante et des ténèbres obscurantistes, la seule petite lumière qu’offrait encore la Russie, et les derniers hommes et les dernières femmes d’honneur qui n’avaient pas quitté le pays. »



Les dénouements de l’histoire ne sont pas une surprise pour quiconque connaissait déjà l’histoire de cette famille – comme ce fut mon cas. Mais vivre ces derniers moments aux côtés d’Igor apporte un vrai plus. L’émotion peut paraître un peu contenu, mais nul doute que derrière les mots du professeur d’allemand, derrière les souvenirs de celui qui accompagna la famille du tsar jusqu’au bout, se cache un chagrin indescriptible.



C’est donc un grand oui pour ce roman incroyable que nous offre Alexandre Page. A la fois instructif et accessible, il permet à quiconque est un peu curieux d’apprendre à connaître ce moment bouleversant de l’histoire de la Russie. De plus, il fait naître l’envie de se renseigner encore plus, d’aller plus loin pour approfondir ses connaissances. C’est un ouvrage d’une grande qualité, d’une richesse incroyable et même important, qui rappelle avec beaucoup d’émotion que derrière chaque institution, chaque événement, il y a des hommes et des femmes de courage qui tentent d’écrire la meilleure version de l’Histoire.



« Lorsque les mensonges auront été dissipés, que les impostures auront été démasquées, que le chagrin aura passé, l’humanité se souviendra. »
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