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Critiques de Alexandre Thabor (25)
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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..



Je tiens tout d'abord à remercier les éditions du Temps Présent et Babelio pour l'envoi du présent ouvrage dans le cadre d'une opération masse critique privilégiée .



L'ouvrage constitue une vaste fresque dans le temps, virtuellement toute la première moitié du XXe siècle, et l'espace, de l'Ukraine russe, en passant par la Palestine et l'Espagne, racontée par un vieux monsieur, Sioma Thabor, né en 1905, à son fils Alexandre, l'auteur, né en 1928, à l'occasion de leurs retrouvailles en mars 1958 à Paris.



Il s'agit d'une histoire de "bruit et de fureur" pour reprendre le titre de l'oeuvre célèbre de William Faulkner de 1929, de luttes et combats pour les bonnes causes comme la dignité humaine, la justice et l'égalité des hommes.

Luttes et combats qui s'alternent avec une belle histoire de (grand) amour et la manifestation de nobles convictions idéalistes et de fréquents renvois à Littérature avec (un L majuscule), des philosophes et écrivains, tels Spinoza, Balzac, Stendhal, Shakespeare...



La devise de l'héros est d'ailleurs une maxime d'Héraclite : "Sans l'espérance, vous ne trouverez pas l'inespéré".



La première partie du récit (78 pages) est située à Odessa, la ville portuaire actuellement ukrainienne sur la mer Noire, que je connais relativement bien pour des raisons personnelles mon épouse étant Odessite, ce qui m'a conduit à la lecture d'une mini-bibliothèque sur cette ville particulière, créée par la tsarine Catherine II de Russie et qui a connu comme premier gouverneur de 1803 à 1814 le cinquième duc de Richelieu, dont une imposante statue orne le Boulevard Prymorski, à un endroit stratégique de la ville et du port.



Odessa a été une importante ville juive, et par leur nombre, en 1900 ils étaient pratiquement 125.000 soit 30 % de la population et par leur influence, grâce à toute une série d'écrivains tels Chalom Aleikhem (1859-1916), Isaac Babel (1894-1941), Ilya Ilf (1897-1937)...et des personnalités politiques comme Vladimir Jabotinsky (1880-1940).



Aujourd'hui, les Juifs ne représentent plus que 3 % des 1 million d'Odessites.

Pourtant la blague y a toujours cours. Un touriste demande un jour à une babushka (grand-mère) odessite : "Combien d'habitants compte Odessa ?"

La vieille dame répond : "Un million". " Et combien de Juifs ?" Et la babushka légèrement irritée, lui répond : "Mais je viens de vous le dire, 1 million !"



L'histoire commence avec la mort par balle de l'ami de l'héros dans la Moldavanka, le quartier juif d'Odessa, en 1913. Ce coup de feu par un soldat tsariste lors d'une manifestation pacifique contre les bas salaires fait du galopin Sioma, 8 ans, un révolutionnaire.



À cette époque, Odessa constituait le carrefour d'un nombre incroyable d'armées : outre les Blancs et les Rouges et leurs alliés respectifs, il y a les cosaques, les troupes de l'indépendantiste ukrainien, Symon Petlioura (1879-1926), et les Cent-Noirs, un mouvement nationaliste, monarchiste, d'extrême droite et antisémite.



Cette dernière caractéristique était virtuellement commune à tous ces soldats réguliers et irréguliers. En dépit des instructions formelles de Lénine et Trotsky, pratiquement tous ont commis des excès contre les Juifs, allant de simple vol et incendie aux viols systématiques des femmes et gamines juives et du meurtre à grande échelle des hommes et garçons juifs.



Pour compliquer davantage l'existence des Juifs d'Odessa, comme Abraham et Rachel Thabor et leurs fils Sioma, la communauté juive était divisée entre traditionalistes et sionistes et même cette dernière catégorie comptait différentes fractions : entre autres les socialistes (le mouvement marxiste Poalé Zion) et ceux de la droite du révisionniste Jabotinsky.



C'est dans ce climat de pogroms et d'angoisses, où en plus régnaient la pauvreté et la pénurie que naissait cet amour passionnel entre l'idéaliste Sioma Thabor, 15 ans, et la romantique Tsipora Eppelbaum, 13 ans. Une liaison fort contestée par sa famille à cause de leur âge et l'aisance d'Isaïe Eppelbaum, négociant et banquier.



Mais rassurez-vous, l'amour a vaincu, obligeant le jeune couple toutefois à s'émigrer, en février 1924, en Palestine dans un kibboutz à Nahalal à une trentaine de kilomètres à l'est d'Haïfa.

Seulement, Sioma est comme activiste politique, en 1936, expulsé de Palestine par les Britanniques et il a continué la lutte dans les rangs des brigades internationales contre Franco pendant la guerre civile espagnole.



Au moment des retrouvailles entre père et fils 22 ans plus tard à Paris, le point le plus délicat est la mort de Tsipora de typhus à Auschwitz, en janvier 1945, moins d'une semaine avant l'arrivée des Russes. C'est la raison qui pousse le père à raconter les motivations de son action, qui a entraîné une séparation forcée de sa bien-aimee Tsipora.



Je recommande vivement cet ouvrage qui combine l'horreur d'une certaine réalité de société avec la beauté de l'engagement et du courage de quelques individus dans un récit à la fois instructif et envoûtant.

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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Je remercie Masse critique et Temps Présent pour la découverte de ce roman.



Alexandre Thabor réussit le pari en combinant un langage accessible et instructif avec le romanesque avec finesse et beaucoup d'intelligence.



On suit l'évolution et l'éveil politique mais aussi humain d'un homme décidé à défendre ses convictions pendant l'une des périodes les plus sombres de l'Histoire.

La Russie du début du siècle est gangrénée par la famine, les dissensions politiques et l'horreur des pogroms.

A Odessa l'enfance et foudroyée par le besoin d'apprendre à se battre pour sauver sa vie.

De la prise du pouvoir par les Bolcheviks au rêve de la création d'Eretz Israël en tant que terre promise partagée par deux peuples, le dénominateur commun de la vie de Sioma, a été d'être resté fidèle à son idéal de vie, la liberté.



Dans une narration enfiévrée et très bien documentée, l'auteur retrace la vie de son père, féroce guerrier à Odessa et en Espagne dont l'idée obsessionnelle était de sauver la démocratie. Cet engagement est devenu le moteur de sa vie et justifiait n'importe quel sacrifice.

Sa lutte contre le fascisme était une façon de prouver que personne ne peut abattre un homme libre.

Sa haine de toute forme d'oppression et ses efforts pour maintenir la dignité humaine ont été une constate dans l'engagement de sa vie et il a toujours partagé cet idéal avec des pairs de différentes origines ou religions.



Une incursion politico-historico-religieuse d'une grande qualité documentaire sur le parcours extraordinaire d'un juif révolutionnaire.





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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

En recevant ce livre de la part des éditions "Temps présent"et de l'équipe de Babelio , ce dans le cadre d'une masse critique privilégiée, j'étais bien loin de me douter combien j'allais être bouleversé. Les mots me manquent pour les remercier de m'avoir permis d'accéder à un tel récit.

Tout d'abord , si je puis me permettre , n'oubliez pas, avant et après, oui , après aussi , une autre fois , de lire la préface d'Edgar Morin . Elle sait , en quelques lignes , mettre en exergue la profondeur de ce que l'on va découvrir, ou de ce que l'on a découvert . Pour moi , une seconde lecture s'est avérée encore plus prégnante que la première . J'ai compris pourquoi ce monsieur qui n'écrit plus de préfaces , avait fait exception et repris sa plume...

En me lançant dans ma lecture , presque dés le début, c'est une magnifique chanson de Maxime le Forestier qui a résonné en moi " " Être né quelque part ", vous savez ,

" On choisit pas ses parents , on choisit pas sa famille ,

On choisit pas non plus les trottoirs de Manille ,

Être né quelque part ,

Pour celui qui est né , c'est toujours un hasard ..."

Sioma est né à Odessa , en 1904 et , dés l'âge de six ans il découvre le monde dans lequel il vit , lui , le petit juif : "un monde de pogroms , d'incendies , de pillages , de viols , de dévastation , de massacres perpétrés par les Cent noirs , ceux qui deviendront ses pires ennemis lorsque , alors qu'il n'a que 8 ans , ils tueront son meilleur ami sous ses yeux . Son choix s'impose alors , faire partie des insoumis " et débuter un combat qui le conduira , toujours en quête de justice et de liberté d'Odessa en Espagne, puis à Moscou , à Jérusalem, et à Paris , partout où les barbaries du XXème siècle étendent leurs sinistres tentacules . Homme de paix , de justice , d'amitié et d'amour puisque , tabassé et laissé pour mort par les Cent Noirs , son regard croisera celui de celle qui , issue d'une famille juive " opposante " , celle qui l'accompagnera fidèlement avant de périr dans les fours crématoires d'Auschwitz .....Son fils , Alec , recueille son témoignage. Il est édifiant , bouleversant , presque inimaginable , une épopée....Un roman historique , un regard sur une époque au cours de laquelle les hommes ont montré leur sauvagerie sans limites , leur soif de pouvoir , leur cruauté . Oui , certains épisodes sont durs , sans concession , mais quelle force et quels portraits extraordinaires de personnages , hommes et femmes , prêts à se sacrifier au nom de la liberté et du respect , au nom , aussi , de la laïcité et du droit de chacun à vivre libre et en harmonie avec autrui. .Un témoignage qui se lit comme un roman , dont on tourne les pages avec avidité.

Les lettres de la fin du volume sont....comment dire ? Je ne trouve pas mes mots . Ce sont des échanges entre Sioma et Tsipora, le couple au superbe et profond regard déterminé de la page 10 . " S'aimer , ce n'est pas se regarder l'un , l'autre , c'est regarder ensemble dans la même direction " disait Saint Exupéry.

Je ne suis pas historien mais je m'intéresse, comme tout citoyen " lambda " à l'actualité mondiale , j'ai trouvé à ce livre un intérêt didactique incroyable .Il est , de surcroît, fort bien rédigé.

Je ne peux que vous conseiller cette lecture . Pour moi , sans l'équipe de Babelio et les " éditions Temps présent " que je salue à nouveau , je serais passé à côté d'un ouvrage remarquable et éclairant.

Attention , chères et chers amies et amis , ce n'est que mon ressenti . Vous n'êtes pas obligé(e)s de me croire.....









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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Inexorablement, il dégringole le grand escalier , sans fin , d'Odessa avec dans ses draps un tout petit bébé .

Et le landau s'éloigne , de plus en plus , de la mère effondrée , assassinée par l'armée .

Il roule , roule dans ce monde où tout s'écroule .



Un souvenir enfoui au plus profond de moi , qui resurgit à la pensée du film que nous avions visionné au lycée : " le Cuirassé Potemkine " , voilà quelques années .

La réalité et la fiction s'entremêlent tellement , qu'il me semble apercevoir parmi les corps qui jonchent les marches , Gricha ,abattu d'une balle en plein coeur .

" Autour de moi , hommes , femmes et enfants s'écroulaient . Soudain le vide . J'ai lâché la main de ma mère pour me jeter sur Gricha . le sang lui coulait de la poitrine . Il était tombé devant moi comme un arbre foudroyé . Il était là , paralysé à terre , sans aucun signe de vie . " P. 37

Sioma est âgé de seulement huit ans quand il perd son ami et complice .



" Ce jour-là , sans le savoir , malgré moi , j'étais devenu un révolutionnaire " . P. 38



La guerre , où qu'elle sévisse , fabrique des zombies qui , réunis en meutes , tuent , égorgent et pillent sans le moindre cillement d'yeux .

Le testament littéraire qu'Alexandre reçoit de son père à ses trente ans ,en 1958 , semble la meilleure des preuves et la plus authentique de la cruauté immuable de la société .



Heureusement , des lions surgissent , rugissent , se lèvent et combattent les intrus , les extrémistes dans tous les pays .

Sioma , l'un d'eux , a su s'entourer d'êtres valeureux et téméraires qui ont apporté au monde la vérité . Ils l'ont payée de leur sang .

Telle la journaliste Jeanne Lev .

" Elle avait écrit une série d'articles sur ces hommes et ces femmes , les morts et les survivants des massacres , en particulier celui des collectivités de Calanda (... ) . Elle était fascinée par leur détermination , leur énergie , leur respect de la vie ( ...) . Elle s'était complétement identifiée à leur combat pour la libération des femmes et la révolution " P. 179



Si Sioma était un homme fougueux , courageux , drôle , et intelligent , il était aussi impulsif dans son envie de partage , ce qui le rendait imprudent .

Il a compris , avec l'âge , combien sont horribles , absurdes et vaines les guerres , en se remémorant la mort de tant de personnes et surtout ses amis , lui qui prônait l'amour de la vie dans toute sa sensualité et sa vérité .



Il a rencontré , très jeune , sa flamme jumelle , Tsipora .

Ils étaient fusionnels et pourtant leur amour-passion a connu une pénible séparation quand il a été expulsé d'Israël par les Anglais , qu'il a rejoint les brigades internationales en Espagne .



L'absence fortifie la vénération . L'amour ne se nourrit-il pas d'attirance charnelle mais aussi d'admiration ?

Nos deux héros sont des êtres hors du commun et chaque phrase du roman de ce fils bien-aimé , Alexandre , mériterait une citation .



Si Edgar Morin allèche notre curiosité d'entrer dans L Histoire par sa préface , il en va de même pour l'intervieuw d'Alexandre Thabor par Nathalie Bouly .

( radiofmplus.org/arret-aux-pages-thabor-2 )



Je ne peux que remercier vivement l'équipe de Babélio et les éditions " Temps Présent " pour ce merveilleux et émouvant cadeau dont on se doit de prendre le temps de lire toutes les subtilités et la portée .



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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Alexandre vient d'avoir trente ans lorsqu'il retrouve à Paris Sioma, son père, qu'il n'a pas revu depuis vingt-deux ans. Sioma souhaite raconter à son fils les souvenirs d'une vie d'engagement ; faire revivre tous ses compagnons de luttes, réentendre leurs voix, revisiter leurs combats. À travers des carnets, des journaux intimes, des correspondances, il souhaite lui expliquer le rêve d'un état indépendant commun entre Juifs et Arabes qu'il partageait avec sa femme Tsipora, son seul amour, gazée à Auschwitz.



« Un état qui assurerait la plus complète égalité sociale et politique à tous ses habitants, sans distinction de religion, de race ou de sexe, garantirait la liberté de culte, de conscience, de langue, d'éducation et de culture et assurerait la protection des Lieux saints de toutes les religions. »



D'Odessa à la Palestine, en passant par la guerre d'Espagne ce livre est un témoignage captivant sur une vie de combats pour la démocratie, la justice, la liberté, contre le fascisme, pour maintenir la dignité humaine, le refus d'être des asservis.



Tout commence à huit ans lorsqu'il assiste à la mort de son meilleur ami lors d'une manifestation. Ce jour-là il se retrouve dans le camp des insoumis, il est devient un révolutionnaire. Alors commence un récit de l'indicible où l'horreur n'a pas de limites. Les années de famine, de guerre civile, les pogroms, le typhus, les pillages, les massacres, les viols.



L'occasion de dresser toute une galerie de personnages, Jeanne, Lucia et d'autres, des femmes libres jusque dans la mort ; des hommes, des compagnons qui ont su transformer leur vie en un destin. le témoignage d'un acteur de l'histoire de la de la fondation de l'état d'Israël, de toutes les souffrances, de toutes les humiliations.



Cet ouvrage puissant, difficile à appréhender, rempli d'émotions se termine par des lettres échangées entre Sioma et son épouse Tsipora et son fils Alec. Des mots d'un amour absolu.



« Elle avait treize ans et moi un peu plus de quinze lorsque nos vies se sont croisées. Près de trois ans, elle a grandi en moi sans que je la touche. Lentement, je me suis emparé d'elle. À Odessa comme à Haïfa, cette enfant devenue femme, a été ma seule musique dans un monde de fureur et de sang ! »

Merci aux éditions du Temps Présent et à Babelio pour leur confiance.
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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Alexandre Thabor, dans « Les aventures extraordinaires d'un Juif révolutionnaire », retrace la vie de son père Sioma et de sa mère Tsipora, en nous offrant une leçon d'histoire « intime » révolutionnaire édifiante.



Nés au début du 20e siècle à Odessa, Sioma et Tsipora sont tous les deux Juifs et vont vivre les violents pogroms de l'époque, menés notamment par les Cent-Noirs, des monarchistes antisémites. Nourri d'un judaïsme laïc, de culture européenne et de l'esprit révolutionnaire russe, Sioma décide de son destin à 8 ans, lorsqu'il voit son meilleur ami mourir à ses pieds lors d'une manifestation anti-fasciste. Dès lors, il n'aura de cesse de rêver à un monde plus juste, libre et égalitaire, et de se battre au nom de valeurs qu'il retrouve dans le communisme. Sa jeunesse est également marquée par sa rencontre et son amour passionné pour la jeune Tsipora, issu d'un milieu Juif bourgeois et sioniste. Pour elle aussi, Sioma devra se battre.



D'Odessa à la Palestine, de l'Espagne à Moscou, de Jérusalem à Paris, la vie de Sioma est une aventure épique, violente et romantique, durant les guerres et révolutions du 20e siècle. C'est une vie pleine d'idéaux mais aussi de désillusions qui le mèneront d'un pays à un autre, avec l'espoir à chaque fois de vaincre le fascisme. Les Cent-Noirs d'Odessa, les troupes de Franco, les fascistes de Mussolini, les nazis d'Hitler... les ennemis de la liberté sont nombreux sur le chemin de Sioma qui, au nom de ses idéaux, laissera derrière lui sa femme Tsipora et son fils Alec.

Cette vie de combattant menée tambour battant est très riche, et peut-être un peu trop à mon goût certaines fois. le récit, vivant grâce aux extraits du journal de Tsipora dans la première partie, perd en fluidité lorsque l'on en arrive aux faits d'armes de Sioma durant la guerre d'Espagne, qui sont longs, trop longs.

Les personnages cités sont très nombreux et on se perd un peu parmi les querelles intestines entre les socialistes, les anarchistes et les communistes. Certains portraits de compagnons d'armes auraient pu être évités.



Malgré tout, cet ouvrage est une source historique indéniable.

Un des aspects qui m'a le plus intéressée dans ce récit très riche est la partie consacrée à la Palestine, lorsque Sioma et Tsipora s'y installent. le lecteur découvre en effet le courant oublié du Yishouv, la communauté juive de Palestine avant la création d'Israël. A cette époque du Mandat britannique, Sioma et Tsipora dénotent parmi les Juifs sionistes qui désirent un « Etat juif ». Tous deux sont partisans d'un Etat binational, prôné par le philosophe Martin Buber, où Juifs et Arabes coopèrent politiquement. le vrai ennemi, ce ne sont pas les Arabes, mais les Britanniques qui occupent un territoire par la force. Une fois encore, Sioma connaîtra des désillusions, ne pouvant accepter que dans une démocratie en partie socialiste, les Juifs sionistes et les Anglais mènent une « purification » brutale à l'encontre des Arabes, celle-la même qu'il a subie et fuie en quittant Odessa.



Enfin, l'histoire d'amour de Sioma et Tsipora est totalement atypique. C'est un couple qui sacrifie (vit ?) sa propre relation au nom de ses idéaux. Leur correspondance en fin d'ouvrage est extrêmement touchante.



Je n'ai peut-être pas su apprécier tous les passages du livre à leur juste valeur mais je suis certaine d'une chose, Alexandre Thabor a réussi à rendre un vibrant hommage à ses parents.

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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Je peux dire tout de suite que le livre est magnifique.

Divisé en 4 grandes parties, il nous fait voyager à Odessa, Palestine, Espagne, Moscou, Jérusalem, à travers le récit que fait un père à son fils. Tout se déroule de 1904-1946, une période mouvementée où plusieurs événements historiques et douloureux ont eu lieu. Certains passages sont difficiles à lire, ils montrent la folie humaine. Mais n'oublions pas ceux qui ont luttés et qui ont tout sacrifié au nom de la liberté. Alexandre Thabor touche beaucoup avec ces portraits extraordinaires.

Je ressors émue par ce Grand livre enrichissant qui a pour moi une grande qualité historique, mais aussi humaine.

Un livre que je ne manquerai pas de relire un jour, dans d'autres circonstances.

Merci à Babelio et aux éditions Temps Présent pour ce précieux cadeau.



PS : ce roman a été lu durant mon hospitalisation en urgence, et dans l'attente d'une intervention chirurgicale imprévue.

Malgré ces difficultés, j'ai apprécié 'Les aventures extraordinaires d'un Juif révolutionnaire'.









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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Alexandre Thabor rencontre son père à Paris en 1958. Il ne l’a plus vu depuis vingt-deux ans. A cette occasion, le père s’explique sur son passé. Il revoit son fils à plusieurs reprises et chaque fois lui parle de son passé. Il l’invite à en faire mémoire par écrit et lui remet ses notes, grâce à quoi, j’ai été un heureux lecteur de cette histoire extraordinaire.



Le livre est divisée en quatre parties : Odessa ; Palestine ; Espagne ensuite pour terminer camp d’internement en France et en Algérie sous le régime de Vichy, Moscou, la Palestine et Paris.



A Odessa, Sioma 15 ans rencontre Tsipora 13 ans. Le père de celle-ci, veuf avec un garçon violent et déterminé, qu’il ne maitrise pas et plusieurs filles, ne veut pas la céder sa cadette à son amoureux. Cela engendre un conflit. Le jour où Sioma devait être présenté au père de le jeune-fille, celle-ci avait été enfermée par son frère dans sa chambre. Sioma la délivre de force et l’emmène. Lui juif révolté rallie Tsipora à ses convictions et projets. Ensemble, ils affronteront l’antisémitisme et la violence perpétré par les cents-noirs, soldats du Tsar. Pour échapper aux pogromes, ils prennent le chemin de la Palestine. Là, Sioma ne sait pas accepter l’idée des cultivateurs arabes violenté par les cultivateurs de l’association agricole juive parce qu’ils occupent pour se nourrir un lopin de terre qu’ils avaient précédemment cédés. Comme les points de vue de Sioma sont inconciliables avec ses collègues sans concession vis-à-vis des arabes, lui et son épouse décide de partir sur Haïfa.



En fait, Sioma épouse les théories du philosophe Martin Buber qui prône l’idée d’une nation binationale juive et arabe.



Depuis Haïfa, Sioma est expulsé de Palestine, accusé d’avoir encouragé les manifestations anti britannique. Il part alors en Espagne rejoindre les brigades internationales pour aider les républicains en lutte contre les troupes de Franco, laissant sa femme et son fils en Palestine.



J’ai trouvé la partie relative à l’Espagne confuse.



Après avoir quitté l’Espagne, transité à Moscou et en Palestine, il retrouve son fils à Paris. Il reconnait qu’ayant mis en pratique ses convictions, il s’est rendu responsable des difficultés vécues par son épouse et son fils.



Tsipora ayant contracté le typhus a été expulsé vers un camp de la mort ou elle a péri dans un four crématoire une semaine avant l’arrivé des russes



Ce récit montre toute la violence à l’époque envers les juifs. Il m’a instruit sur la révolution d’octobre avec les bolcheviques, la guerre d’Espagne, les prémices de la création d’Israël, la seconde guerre mondiale et la lutte contre le nazisme.



J’ai choisi ce récit après avoir lu : « Monsieur optimiste » d’Alain Berenboom. Cet écrivain fils de père juif polonais et d’une mère juive lituanienne me portait vers la réflexion : « J’aimerais en savoir plus sur cette Russie de la première moitié du XX -ème siècle. C’est ce qui m’amené sur le récit écrit par Alexandre Thabor.



Avoir des convictions comme Sioma est une bonne chose, mais faut-il verser dans l’utopie et la démesure ?

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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

La dernière fois qu'il a vu son père, Alec avait huit ans. Lorsqu'il le retrouve vingt-deux ans après, en 1958, ce dernier lui raconte la vie de combats qu'il a menée. Il se confie, également, au sujet de son grand amour, Tsipora, de qui il a vécu séparé, en raison de ses engagements.





L'envie de défendre la liberté et la justice de Sioma est née lorsqu'il avait huit ans après que son meilleur ami, un enfant de son âge, ait été assassiné sous ses yeux, au cours d'une manifestation de grévistes, à Odessa. Sioma et Tsipora se rencontrent, en 1917, pendant la Révolution d'octobre, alors que le jeune homme s'oppose aux Cent-Noirs, un mouvement nationaliste et monarchiste d'extrême-droite. Les deux amoureux doivent affronter la famille de l'adolescente. Les années suivantes sont une succession d'horreurs. Alors que les pogroms s'enchaînent et que les unités antisémites sèment la terreur et massacrent la population, le couple rêve d'une vie de paix et de fraternité. Ils émigrent en Palestine.





Ils croient à une entente judéo-arabe et souhaitent créer une terre binationale. Les conflits de 1924 présageaient déjà du climat actuel. Cette partie m'a fait découvrir des faits historiques que je ne soupçonnais pas et qui éclairent différemment notre monde actuel. Elle m'a semblé difficile à suivre, car les évènements qui se sont déroulés sont complexes. C'est une guerre dans laquelle il n'y a pas de camps méchants ou de camps gentils. Les souffrances, les injustices et les haines sont partout. Ce livre montre que l'Histoire ne nous dit pas tout et que des témoignages comme celui-ci permettent un autre éclairage.





Les deux peuples ont, cependant, un ennemi commun : les Britanniques. Ce sont eux qui condamnent Sioma, à l'exil, en 1936. Il s'engage alors aux côtés des Brigades internationales pour lutter contre le franquisme. Il relate les batailles, les victoires et les défaites. Il dénonce les exécutions sommaires de ceux qui luttent contre le fascisme, par leurs propres chefs, ainsi que les guerres intestines qui parasitent les combats. Il parle à son fils de ces hommes et ces femmes qu'il a rencontrés et leur rend hommage. Il décrit les exactions et les meurtres déguisés en accident. le roman continue avec son enfermement dans un camp, puis dans celui de Djelfa, en Algérie, le retour en Russie et la création d'Israël. Nous apprenons également le terrible destin de Tsipora, la maman d'Alec, celle que Sioma a toujours aimée et qui l'a toujours aimé.





Dans l'ouvrage, est insérée la correspondance entre Sioma et Tsipora, ainsi que celle entre le père et le fils. Toutes ces lettres expriment un amour immense. Elles sont, également, d'une valeur historique inestimable, car chacun se confie sur les évènements et leur inquiétude pour la paix qu'ils espèrent tant. Elles disent, aussi, leur volonté de vivre leur judéité librement. Elles révèlent l'effondrement des idéaux de Sioma, au fil des horreurs vécues.





Âgé de 92 ans, l'auteur Alexandre Thabor, livre l'époustouflant combat pour la liberté et la justice mené par ses parents. C'est une lecture qui nécessite une attention soutenue, en raison de la complexité des faits et de la multitude de noms qui ont partagé le destin de Sioma, cependant, c'est un document exceptionnel. Il est d'une grande richesse historique et philosophique. de plus, il provoque une réflexion intérieure sur le brasier qui a enflammé notre monde, au fil des guerres, et qui n'est pas éteint. En publiant le récit de son père, l'auteur offre un énorme cadeau de mémoire.





Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Temps Présent pour cette masse critique privilégiée.




Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Un père se raconte à son fils, voilà une scène qui pourrait paraître, somme toute, plutôt classique.



Mais là, où cette histoire se révèle plus forte est que, le père en question, a connu la révolution russe, les débuts des combats israélo-palestiniens, la guerre civile espagnole et bien d'autres choses encore.



Ce qui est aussi admirable c'est la motivation même pour ces combats : celle de combattre pour un monde plus juste, une égalité des droits entre tous.



Ce parcours n'est pas seulement celui d'un homme qui se raconte à son fils, c'est l'histoire de toutes ces personnes qui ont à un moment quelconque de l'histoire refusé de condamner l'autre car différent, qui ont su voir la réalité des autres.



C'est aussi une très belle histoire d'amour, forte et lumineuse qui a commencé par un simple échange de regard.



Alexandre Thabor montre aussi très bien quel a été le coût des engagements de ses parents. Il est vrai qu'il est difficile d'œuvrer activement pour un monde meilleur et de concilier cela avec une vie de famille tranquille et sereine.



Ce livre est un bel hommage filial mais aussi une plongée dans ce vingtième siècle si troublé.



Mon bémol résiderait dans la multitude de faits, de personnes et d'événements décrits qui m'ont perdu à plusieurs moments du récit.



Mais, au final, une belle découverte et une belle élégie à des gens justes qui ont rêvé, malgré ce que cela promettait d'impossibilité, à la paix et la fraternité.
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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Un grand merci à Babelio pour m'avoir fait découvrir ce magnifique livre à l'occasion d'une opération Masse Critique. Que dire si ce n'est qu'Alexandre Thabor, Sioma et Tispora, sont la raison même qui nous pousse à lire et ne jamais arrêter de le faire. Ce récit est tellement riche qu'il semble parfois contenir à lui seul deux ou trois livres, mais c'est aussi ça qui le rend fascinant du début à la fin.



Car l'histoire de Sioma s'inscrit en parallèle d'un monde russo-européen sur le point de basculer dans l'autodestruction la plus absolue. Elle nous rappelle ce que voulait dire « être juif » en Europe de l'Est - et ce dès les années 1920 - avec l'horreur des pogroms et les violences gratuites des Cents-Noirs, et en toile de fond cet antisémitisme viscéral qui mènera tout droit à la barbarie nazie.



Elle est également contemporaine de l'essor du communisme en Europe, avec ce parfum de révolution à Odessa qui ne cesse de déboucher sur des révoltes ouvrières souvent lourdement réprimées. On retiendra d'ailleurs l'exposé épique de ce professeur d'université sur la conquête du pouvoir par Lénine, rythmé point par point par le déroulé de la pièce Richard III de Shakespeare.



Elle nous fait aussi découvrir l'histoire de la Palestine avant la naissance d'Israël. le Combat de Sioma et Tsipora pour le droit des arabes, avec en tête cette prophétie terrible annonçant « une guerre de cent ans » en cas d'impossibilité d'entente. Mais aussi, le comportement pour le moins abject des Britanniques vis-à-vis des populations juives et arabes, bien loin de l'image glorieuse du vainqueur de la seconde guerre mondiale que l'on n'a cessé de diffuser depuis.



Enfin, elle nous fait vivre le tourbillon de la guerre civile espagnole, avec d'un côté l'héroïque convergence des luttes pour la liberté, et de l'autre une cruelle désillusion vis-à-vis des guerres intestines entre factions et de cette implacable répression menée par une Union Soviétique au gant de fer. Si ces évènements ont d'ailleurs constitué le point de basculement pour George Orwell, avec derrière deux chefs d'oeuvre pour avertir l'Homme des dérives totalitaires des projets utopiques (La Ferme des animaux et 1984), ils n'ont pas pour autant éteint la flamme de la liberté chez Sioma et Tsipora.



Et c'est bien cette passion pour la liberté des peuples et des individus qui ressort comme le maître-mot de ce livre. Malgré tous les obstacles et malgré toutes les atrocités, on retient l'image d'un homme et d'une femme unis pour l'avenir de l'humanité, pour la lutte contre les injustices et pour la défense des plus vulnérables, nous rappelant au passage ce que peut bien vouloir dire « être de gauche ».



Une histoire qui remet les pendules à l'heure pour un monde occidental devenu société de nantis. Et un livre à mettre entre toutes les mains.

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Teveth

L’affaire de cyber contrôle et de surveillance des personnes.



Jérusalem février 2001. Tamar, une avocate brillante et déterminée, avocate en titre de la ligue des

d Droits de l’homme, s’apprête à plaider pour accuser les chefs militaires coupables des massacres

de Palestiniens et de destruction de leurs habitations. La foule des ultra orthodoxes s’entasse

devant le tribunal avec slogans, insultes et menaces de mort. La tension monte.

Au fil des pages, entrent en scène tout ce à quoi je risquais de ne rien comprendre : le grand

nombres d’organisations : militaires, ultra religieuses, le monde des informaticiens et de leurs

logiciels sophistiqués super intelligents et opérationnels.

Or, dès les premières pages, grâce à la qualité de l’écriture, la densité des personnages très

attachants, j’ai été conquise. et les personnages suivants sont également parfaitement rendus.



J’ai lu en trois soirs et à chaque fois c’était la même difficulté de m’en séparer.

J’ai pris des notes tout au long de ma lecture car tout m’était inconnu.

Restait ce qui était très dur : la haine féroce de certains généraux israéliens à l’encontre des

Arabes. Car qui dit Arabe dit forcément terroriste et doit être anéanti.



Je remercie pour cette belle découverte l’édition Erick Bonnier et Babelio Masse critique.

Je demande excuses à l’auteur Alexandre Thabor car, si j’ai pleinement apprécié son livre à sa

juste valeur, un livre nécessaire même si romancé, je n’ai pas la capacité de savoir bien le

présenter.





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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Excellente Pioche à la Masse Critique!



J'ai dévoré ce livre. Une fois commencé je ne l'ai plus lâché. Merci à Babélio et  l'éditeur du TempsPrésent!



Lecture passionnante : un demi-siècle de révolutions, 1904-1946 , d'Odessa à la Guerre Civile espagnole, aux camps du Vernet de Djelfa, en Palestine. Sioma, le père d'Alexandre Thabor, raconte sa vie à son fils après une longue séparation. Ce livre qui se lit comme un roman d'aventures, est le témoignage d'un combattant révolutionnaire. C'est aussi une merveilleuse histoire d'amour de deux enfants juifs d'Odessa 15 ans et 13 ans qui se sont aimés jusqu'à ce Tsipora ne soit réduite en cendres quelques jours avant la libération d'Auschwitz.



Révolutionnaire depuis sa plus tendre enfance :



"C'est à six ans que mon père m'a ouvert les yeux sur le monde dans lequel nous vivions, nous les Juifs : un monde de pogroms, d'incendie, de pillage, de viols, de dévastations, de massacres perpétués par les Cent-Noirs"



....



C'est juste après l'assassinat de Stolypine, l'organisateur des Cent-Noirs un jour de Septembre 1911, que mon père a jugé bon de commencer mon éducation politique. [...]Il m'a raconté le dimanche sanglant de 1905 à Saint Pétersbourg, les grandes grèves d'Odessa, la mutinerie des marins du Cuirassé Potemkine...



Révolutionnaire et juif,  révolutionnaire parce que juif?



Son père tenait une école où l'on enseignait le Russe avec Gogol et Pouchkine, l'Hébreu avec la Torah, ...et les prophètes Amos, le premier révolutionnaire ouvrier, Isaïe, très présent tout au cours du récit. Malgré les violences perpétrées dans tous les camps, les références aux textes juifs sont présentes.



Sioma, adolescent à Odessa, vit dans une ambiance de violence extrême. Le récit d'un pogrom est insoutenable. Après la Révolution de 1917, Odessa est le théâtre d'affrontements entre l'armée Rouge, les armées blanches et les nationalistes ukrainiens. La communauté juive est, elle-même, partagées, certains juifs soutiennent l'Ukrainien Petlioura, pourtant antisémite. Sioma choisit les komsomols où il acquiert une éducation politique et militaire.



Ce n'est qu'après le pogrom de Jitomir (1919)  que son ami Gedeon l'entraine à une réunion du Poalé-Zion sioniste. Il entend parler Kalvarisky , un proche de Martin Buber partisans d'une entente entre les Arabes et les Juifs en Palestine. L'idée de quitter Odessa pour Eretz Israel ne le tente d'abord pas du tout. Pendant de longues années, se succèdent affrontements et massacres.  Ce n'est qu'en 1924, avec Gedeon et Tsipora qu'ils iront s'installer à Nahalal dans la ferme de leurs amis Olga et Youri.



Jamais, Sioma et Tsipora n'ont adhéré au slogan "Une terre sans peuple, un peuple sans terre" . Déjà, à Odessa, ils connaissaient la situation : deux peuples condamnés à vivre ensemble sinon , selon Martin Buber, il s'en suivrait une Guerre de Cent Ans.



"partisans de la création d'un Etat commun binational, nous étions certains que cet espoir serait comblé un jour ou l'autre. De ce point de vue, nous nous sentions pleinement révolutionnaires"



L'installation à Nahalal au printemps 1924 se fait dans l'enthousiasme jusqu'à ce qu'une famille palestinienne ne vienne cultiver les terres qu'on leur avait volées et qu'un membre du moshav ne tue le père. 



"Sioma ressent sa vie en Eretz Israel entachée par ce crime. Il éprouve désormais l'obligation d'empêcher pareilles injustices"



Après avoir protesté, indésirables, ils sont chassés du moshav et déménagent à Haïfa où ils militent pour l'entente avec les Arabes avec qui avait fondé avec Martin Buber, Brit Shalom qui lui fait connaître le maire de Haïfa et les grandes familles arabes. Sioma rencontre aussi Yitzhak Sadeh qui l'a accueilli au Bataillon du travail tandis que Tsipora travaille avec Sarite la sœur d'un communiste arabe Nadjati Sidki dans une école bilingue accueillant enfants juifs et arabes. Ils soutiennent les revendications et les grèves des travailleurs arabes



"Ils deviennent des traîtres, des vendus à la cause arabe"



Tandis que les émeutes, les violences intercommunautaires et antibritanniques s'intensifient. En 1936, à la suite d'une décision de la Histadrout de bannir les travailleurs arabes, la grève se transforme en lutte armée.  Sioma est arrêté par les Anglais et emprisonné à Saint Jean d'Acre. Il est expulsé de Palestine et rejoint les Républicains espagnol dans leur lutte contre le fascisme. 



Il ne part pas seul, 25 militants antifascistes juifs et 2 arabes forment



"mon unité, mes Palestiniens" 



dans les brigades internationales. Il retrouve d'anciennes connaissances d'autrefois quand il était dans les komsomols et furent



"accueillis par André Marty, le héros de la mutinerie de la marine de guerre française dans la rade d'Odessa"



Le récit de la Guerre d'Espagne est détaillé sur 75 pages, de bravoures, de tueries, d'occasions ratées, de défaites sanglantes et aussi de coups tordus. Bataille de Madrid, de Saragosse, de Teruel pour finir par la Retraite, la Retirada. Impression de gâchis. Les ordres de Moscou sont contradictoires. Chaque clan livre bataille de son côté, quand ce n'est pas les uns contre les autres. Exécutions sommaires de déserteurs. Déserteurs ou opposants politiques? Les communistes semblent plus occupés à décimer les anarchistes et les trotskistes qu'à gagner la guerre civile. Exécutions aussi de militants communistes chevronnés, hauts gradés qui ont déplu à Moscou. Jeanne, une journaliste qui a publié un article sur la commune des femmes libres de Calanda (anarchistes), Lucia Cordoba, une chirurgienne dont le seul tort est d'avoir soigné un officier franquiste, périssent dans d'étranges accidents, enlèvement, guet-apens. Et pourtant, malgré tout cela, Sioma continue persuadé de la justesse de leur lutte anti-fasciste.



1939, Sioma est interné dans des conditions très dures au camp du Vernet d'où il s'évade pour retrouver  Tsipora à Paris. Il est repris sous les yeux de son fils et de sa femme renvoyé au Vernet puis en Algérie à Djelfa jusqu'en 1942. Après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord les anciens des Brigades furent libérés et un émissaire soviétique vient chercher Sioma pour l'envoyer en Palestine.



Détour par Moscou, où chaque clan autour de Staline avance ses pions. Béria pense l'utiliser dans un comité juif, le CAJ, cherchant à lever des fonds d'aide à l'Armée Rouge. En contrepartie, l'URSS soutiendrait la création de l'Etat d'Israel. Protégé par sa mission soviétique, il peut retourner en Israël d'où il était banni. Occasion de retrouver Haïfa, sa mère et ses camarades de combat.



1946, la guerre est finie mais la libération des camps a changé la donne. Ben Gourion, la Haganah préparent les forces du futur Etat d'Israël. Où se trouve Sioma le jour de l'Indépendance?  Ce n'est plus le sujet. A Paris il apprend la mort de Tsipora.



Témoignage sur la Révolution Russe à Odessa, sur la vie du Yichouv de 1924 à 1936, récit de la Guerre d'Espagne. C'est aussi un récit très poétique entrecoupé des versets d'Isaïe ou de Jérémie, de poèmes écrits par ces poètes yiddisch qui vont disparaître en 1952 lors de la purge de Staline.



Un récit parfois touffu où je me suis un peu perdue, mais passionnant.



En bonus : la préface d'Edgar Morin. Une postface très intéressante : Ils rêvaient de binationalisme signée Dominique Vidal
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Une époustouflante aventure humaine truffée d'histoire et de forts sentiments. A lire et relire encore... un immense merci à l'auteur de nous faire partager ces chapitres de la vie de son père, de l'amour, de la famille, d'un destin extraordinaire. C'est un livre que l'on ne referme pas pour toujours, on a envie d'y revenir et de comprendre encore et encore cette fabuleuse aventure qui est une leçon de vie. Chapeau Mr Thabor!
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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une opération "Masse critique" privilégiée et je remercie les administrateurs de Babelio, pour leur confiance et leur proposition. Je remercie aussi l'éditeur qui envoie le livre.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture. C'est un récit tellement bouleversant, émouvant. On passe par beaucoup d'émotions, on ne peut pas rester insensible. Le fait que ce soit un père qui raconte à son fils c'est encore plus marquant. C'est aussi un récit historique, j'ai appris des choses sur la révolution Russe et la guerre civile Espagnole. J'ai même été sur Internet faire des recherches pour mieux comprendre.

C'est bien écrit, bien raconté. Une jolie découverte.
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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Les aventures extraordinaires d'un juif révolutionnaire d'Alexandre Thabor.

Merci, à l'équipe de Babelio masse critique privilège et aux éditions TempsPrésent, de m'avoir fait découvrir ce livre. Ce livre écrit par Alexandre Thabor, préfacé par Edgard Morin et celui des aventures extraordinaires d'un juif révolutionnaire de 1904 à 1946, souvenirs d'amour, de révolutions de Moscou à Madrid, Paris et Jérusalem. Déjà ce titre m'attirait et devrait cher lecteur vous inviter à lire ce livre. Si je vous dis : c'est le récit de toute une vie racontée par un père à son fils cela donne une autre dimension au récit. La première version de ce livre, dit l'auteur faisait plus de 857 pages. Le volume que j'ai entre les mains 320 pages. A la page dix, une photo en noir et blanc est imprimée, celle d'un couple révolutionnaire Simoa et Tsipora. Au regard de celle-ci ou l'on peut lire déjà toute la détermination de ces deux personnes, la préface signée par Edgar Morin à, pour titre : une épopée pour la liberté et la justice. Edgar Morin dans sa première phrase écrit : «  Lorsqu' Alexandre Thabor m'a proposé de lire son livre, j'ai dans un premier temps été ému et bouleversé par son récit ; au cours de ma lecture, j'ai compris que ce livre est un avertissement à travers le temps que nous lance aujourd'hui la lutte héroïque de ce couple amoureux

Simoa et Tsipora, qui tout au long de leur vie ont défendu leur judéité contre toutes les barbaries qui se sont déchaînés et qui reviennent en force en notre XXIe siècle. » A la fin de ce livre l'émotion ressenti par Edgar Morin était mienne.

Simoa est né en 1904 à Odessa . A six ans petit juif il découvre son monde, fait d’extrêmes violences, de pillages, de viols de massacres perpétrés par les Cent noirs . Ceux-ci lorsqu'il a huit ans tuent son meilleur ami, sous ses yeux. A partir de ce crime, Simoa ne cessera que de lutter contre eux. Faisant partie des insoumis, toute sa vie sera celle du combat pour la justice, pour la liberté. Nous le découvrons à Odessa jeune adolescent lors de la révolution de 1917, puis durant la guerre civile entre les Blancs et les Rouges ou sévit une haine antisémite et raciste. Nous le retrouvons peu après a terre roué de coups supplicié, qui attirera envers lui l'amour de Tsipora âgée à peine de 14 ans. ( Odessa premier épisode 1904-1924 )

Nous les suivrons tous les deux en Palestine de 1924 à 1936 ou ils œuvrent pour une entente judéo-arabe espérant une libération et un état commun. Mais, là aussi les exactions mutuelles sont leur quotidien. « Nous allons vers le chaos, nous sommes en train de nous entre-tuer Juifs et Arabes pendant que les Anglais, satisfaits de cette situation empêchent toute alliance. » écrit Tsipora dans son journal le 9 janvier 1936. C'est d'ailleurs le grand intérêt de ce livre d'Alexandre Thabor d'être au cœur des échanges des lettres entre Simoa et Tsipora, mais aussi en prise directe avec leur actualité par ce journal écrit quasiment au jour le jour. Après la Palestine se sera l'Espagne de 1936 à 1939 avec des chapitres sur la guerre d'Espagne , ses combats acharnés, ses commandements militaires ubuesques entraînant des milliers de morts, ses exactions et ses meurtres.Puis se sera, la fuite de l'Espagne et le premier camp en France, Le Vernet comparable à ceux des nazis pour Simoa . Simoa rejoindra ensuite Djelfa où sont internés à 2000 m d'altitude des rescapés espagnols et 300 Juifs internés par le régime de Vichy. «  Au total avec mes camarades des brigades internationales nous étions 2500, 650 auront survécu » . Un matin au camp Simoa voit arriver Roussakov un camarade Russe et se sera le retour à Moscou en 1942. Dans cette même année Tsipora entrée dans la résistance aux côtés du Colonel Gilles, sera arrêtée, puis déportée et gazée à Auschwitz, moins d'une semaine avant l'arrivée des Russes. Puis nous suivrons Simoa à Jérusalem, puis à Paris.

Tout au long de ce livre vous verrez ce couple amoureux qui tout au long de leur vie extraordinaire ont été animés d'un esprit de liberté pour aspirer à un monde fraternel. Vous lirez aussi des passages des prophéties d’Isaïe comme un message d'anticipation de la sortie d’Égypte, comme l'écrit Edgar Morin. « Ma dernière rencontre avec mon père s'est terminée la nuit assez tard » écrit Alexandre Thabor. Il avait les larmes aux yeux , les miennes perlaient sur mes joues . Il s est arrêté et n'a plus bougé. Je le regardais. Tsipora... Auschwitz , rien n'a été aussi profondément douloureux que cette blessure. Rien ne pourra l'effacer de notre vie, de notre histoire. »

Oui, ce livre enseigne aux générations qui l'ignorent, les barbaries inouïes d'un Xxe siècle qui a subi deux guerres mondiales en 20 années d'intervalle. Oui c'est un livre essentiel, remarquable qui ne vous laissera pas indifférent, je vous l'assure.

Chers amis, en refermant ce livre, après avoir lu les correspondances échangés entre Simoa et Tsipora, puis entre Simoa et son fils Alec, j'étais comme Alexandre Thabor dévasté par la perte de ces deux deux êtres chers. Simoa et Tsipora par delà l'espace temps vous vivrez désormais dans ma mémoire ! Bien à vous.
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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

« La distinction entre le passé, le présent est le futur n'est qu'une illusion, même si elle est tenace. »



C'est par cette citation d'Albert Einstein que commence le récit émouvant d'un couple d'amoureux de la liberté et de la justice, qui ont donné toute leur vie pour défendre leur judéité contre la barbarie du XXème siècle, celle qui revient en force en nos temps troublés.



Extraordinaire en effet ce récit d'un père recueilli par son fils, né en 1928, élagué, réduit à l'essentiel : la rencontre de ses parents Sioma et Tsipora à Odessa au temps de la Révolution russe puis de la guerre civile, des pogroms perpétrés par les Cosaques et les Cent-Noirs, leur Alyah en Palestine dans les années 20, leur lutte contre la puissance occupante britannique, le bannissement infligé Sioma pour ses idées de partage du pays avec les Arabes, la constitution d'une brigade palestinienne pour combattre les troupes franquistes en Espagne, le retour par Moscou …



Un témoignage haletant et cruel de la lutte pour une terre indépendante, moderne, commune à deux peuples : Juifs et Arabes alors que commence entre eux une Guerre de Cent ans en 1927. Comme le philosophe Martin Buber en effet, Sioma et Tsipora sont adeptes d'une entente entre Juifs et Arabes et pas d'un Etat avec canons, drapeaux et médailles, gouverné par un nationalisme effréné. Ce pourquoi ils seront pourchassés d'Eretz Israël par leurs compagnons d'armes.



Les pages les plus éclairantes racontent les combats en Espagne et les causes de la défaite des Républicains. de quoi comprendre aujourd'hui pourquoi les révolutions ont si peu de chance d'aboutir face à un gouvernement unifié et fort. La détresse des combattants devant l'inanité du commandement républicain et sa désunion, où chaque secteur idéologique forme un Etat dans l'Etat avec chacun ses milices, ses tribunaux, ses tchékistes, ses prisons mais aussi ses biens privés, ses entrepôts de vivres et de munitions, les conflits sanglants entre anarchistes et communistes, phalangistes contre carlistes, etc. …



Pour le Komintern, la guerre d'Espagne est devenue un jeu de billard à quatre bandes entre Staline, les franco-britanniques, Hitler et Mussolini. Partout règne une vie de clans où les conflits sont résolus par la violence, l'élimination des concurrents engendrant une lutte permanente pour la survie de chacun puis pour le pouvoir. Sioma, après s'être battu comme un lion, s'en extrait, écoeuré, pour se retrouver dans les camps de Vichy au sud de la France, puis dans les montagnes algériennes. Insoumis, toujours.



Une époque de paradoxes aussi où Ben Gourion appelle à combattre les Britanniques en Palestine en les soutenant dans la guerre contre Hitler.



Un récit plein de fureur (1904 – 1946) ponctué aussi de moments de grâce et d'amour, qui répond à bien des questions jusqu'ici restées pour moi sans solutions … et qui montre que la violence est partout, toujours, insidieuse ou ouverte … le propre de l'Homme ?



Un grand livre, préfacé par Edgar Morin, pour tous ceux qui cherchent à comprendre les conflits de notre monde de dingues …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Quelle lecture ! A la réception du livre j'étais sceptique, sur son contenu et sur la véracité de l'histoire....quelle claque si je puis me permettre.



L'auteur livre avec beaucoup de pudeur et de sincérité l'histoire de sa famille (debson père plus précisément) au travers d'une écriture appuyée et accessible. On se fond dans l'histoire en ayant l'impression de combattre au côté de son père, une figure révolutionnaire qui n'aura eu de cesse que de véhiculer des valeurs fondamentales. La photo en première page du récit marque d'ailleurs la confiance qu'Alexandre Thabor porte à son lecteur et lui prouve qu'il est prêt à se livrer, à raconter ce que plusieurs politiciens ont souhaité cacher au peuple.



La quête de la liberté est le fil conducteur de ce récit, une quête intemporelle, immuable, universelle. L'histoire de l'homme, ses crimes, ses combats y sont décrits avec beaucoup de fluidité et une simplicité qui rend le côté historique presque léger.



En définitive, Les aventures extraordinaires d'un Juif Révolutionnaire est le titre parfait pour ce récit biographique-historique-politique-culturel.



Merci à Babelio et à TempsPresent :).
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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

L'auteur, Alexandre -Alec- Thabor, âgé de 93 ans, publie avec ce livre les témoignages de son père et de sa mère au cours de la première moitié du XX° siècle. L'acte de la publication est un acte d'amour d'un homme à un âge avancé envers ses parents, qui n'ont pas seulement été témoins des grands évènements de leur époque mais aussi les acteurs. La lecture nous met, les lecteurs, dans une position privilégiée: celle de témoin de premier rang. Grâce à ce texte, très personnel parfois, nous suivons Sioma et Tsipora, les parents juifs d'Alec de la Russie des révolutions communistes, vers la Palestine de l'entre-deux-guerres, à la Guerre civile en Espagne, la Seconde guerre mondiale et la création de l'etat israélien. Pendant toute leur vie ils ont lutté pour la diginité humaine, la liberté et la démocratie. De façon systématique ils se sont engagés dans la lutte pour la liberté du peuple. Et à chaque conflit ils ont été confrontés à des échecs causés par le sectarisme, voire le tribalisme qui régnait dans les milieux révolutionnaires. Que ce soit en Russie, en Espagne et en Israël. Ce qui est très remarquable en tenant compte de la situation actuelle au Moyen Orient et en Israël plus en particulier, c'était leur point de vue binational sur la création d'un nouvel Etat juif lors de l'entre-deux-guerres. Sioma et Tsipora étaient adeptes de la création d'un Etat où les juifs et les arabes pourraient vivre ensemble. Le livre se termine sur une période très émotionnelle où Sioma apprend la mort de sa femme, qu'il n'avait pas vue pendant plusieurs année à cause de son exil de la Palestine brittanique de l'entre-deux-guerres. Tsipora était assassinée au camp d'Auschwitz, quelques jours avant la libération de celui-ci. Pour Sioma c'était une nouvelle insupportable. Il meurt à la fin des années 50, complètement épuisé après une vie très intense.
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Les aventures extraordinaires d'un Juif révol..

Paris, mars 1958, Alexandre a 30 ans, il retrouve son père Sioma qu’il n’a pas vu depuis 22 ans, depuis ce fameux jour de 1936 où les anglais ont chassé Sioma de Palestine et qu’il est allé rejoindre les résistants espagnols afin de combattre le régime Franquiste. Il a bien aperçu ce père au début des années 40, il était alors venu à Paris avec sa mère, Tsipora dans l’espoir de le retrouver, Sioma venait de s’échapper du camps du Vernet en Ariège et il leur avait donné rendez-vous à la gare d’Austerlitz, un souvenir furtif d’un père fugitif menotté qui avait tout de suite été capturé à la descente du train.



Les retrouvailles sont émouvantes même si la vie les a séparés, même si Sioma a choisi de privilégier son idéal, sa soif de justice et de liberté pour les peuples il est heureux de revoir enfin Alexandre, il éprouve alors le besoin de tout lui raconter, de combler ces 22 années vécues loin de lui et des siens, d’évoquer Tsipora, l’amour de sa vie, celle qu’il n’oubliera jamais et avec qui il ne fait qu’un, même si depuis il a refait sa vie. Sioma aborde son récit depuis le commencement, sa naissance dans un quartier Ukrainien d’Odessa en 1904.



Le livre est divisé en quatre parties et j’ai tout de suite une préférence pour la première, la vie à Odessa, les pogroms, les Cent-Noirs, la révolution d’octobre 1917, le renversement du régime tsariste, le régime de Lenine et la guerre civile qui s’installe dans le pays, faisant énormément de victimes et laissant l’économie du pays exsangue. J’ai découvert des passages de l’histoire que je ne connaissais pas mais c’est surtout la rencontre de Sioma avec Tsipora que je veux retenir, la naissance de cet amour fusionnel, deux personnes qui se complètent parfaitement et qui regardent dans la même direction, même si au départ elles semblent opposées. Tsipora est née dans une famille fortunée, elle lit, elle écrit, elle étudie l’hébreu et le talmud, alors que cette étude est normalement réservée aux garçons, elle a appris la langue de Molière, elle admire Balzac. Sioma est pauvre, il s’intéresse au mouvement communiste, il veut de l’action, il veut changer le pays, se battre pour reconstruire avec des valeurs de liberté et de fraternité. Il veut que Tsipora qui vit dans un cocon doré puisse voir ce qu’il se passe de l’autre côté et se rende compte des inégalités dans le peuple. La misère, les enfants qui meurent dans les rues, la faim, la peur d’être tué parce qu’on est juif et les méthodes violentes des cents-noirs, ce groupe de nationalistes d’extrême droite.



On passe à la seconde partie que j’aime beaucoup aussi, le départ pour la Palestine en 1924, l’arrivée au Moshav où le passage va être de courte durée, parce que Sioma et Tsipora qui sont désormais mariés ont le même idéal et la même vision de la terre promise. Ils prônent la naissance d’un état bi-national ou Juifs et arabes pourront vivre en paix. Ils vont bien vite quitter le Moshav de Nahalal dans la vallée de Jezréel, où ils ont été accueillis chez Olga et Youri, des camarades du Poalé Tsion d’Odessa qui possèdent une maison, du bétail et des terres. Ils ont fondé cette coopérative agricole il y a trois ans avec d’autres familles. Ils se destinaient à être médecins ou avocats mais n’avaient jamais envisagé d’être fermiers. Pour eux, c’est le retour sur la terre de leur ancêtres qui importe et le dur labeur quotidien du travail de la terre n’est rien en comparaison de leur joie de se retrouver sur cette terre promise.



Tsipora et Sioma pourront eux aussi faire partie des familles de la coopérative, un propriétaire arabe est prêt à vendre un terrain a côté, le moshav (village) va l’acheter et octroyer quelques hectares au jeune couple. Après tout ils ont été formés pour cette tâche, on leur a enseigné l’élevage du bétail et l’agriculture…. mais tout bascule quelques jours après leur arrivée, un couple d’arabes avec deux enfants est revenu cultiver ses terres dont il avait été expulsé, un terrain non utilisé, laissé à l’abandon. Sioma ne voit là aucun problème à ce que le couple puisse profiter de ce terrain qui finalement leur appartient mais certains autres membres du moshav ne sont pas dans les mêmes intentions, l’homme va être tué par un habitant du moshav. A Odessa c’était la guerre, une sorte de légitime défense, on tuait pour se protéger mais ici, au moshav, Sioma ne comprend pas pourquoi tuer un homme qui vient ramasser des légumes pour nourrir sa famille et qui n’a, à aucun moment, été menaçant vis à vis de qui que ce soit.



C’est à ce moment là que Sioma comprend que sa nouvelle vie en Palestine ne sera pas de tout repos, qu’il va y avoir des combats à mener pour arriver à son idéal, que juifs et arabes ne sont pas prêts de s’entendre et que c’est le tout début d’une guerre qui risque de durer. Ils vont quitter Nahalal, même si Tsipora s’y sentait bien, cet endroit n’est pas compatible avec l’éthique du couple. C’est désormais à Haïfa qu’ils vont construire leur vie et c’est là que va naître Alexandre, le 18 février 1928. Le couple prend ses marques, Sioma trouve très vite un emploi dans un groupe de juifs et d’arabes qui construisent des routes. Tsipora apprend aux petits à lire et écrire, les enfants sont juifs ou arabes, cette mixité est une vraie richesse. Ils fréquentent des paysans, des chefs de clans, des intellectuels, écrivains, juifs ou arabes, ils rêvent d’une communauté vivant en harmonie entre juifs et arabes et adhèrent aux idées de Haïm Kalvarisky membre du mouvement Brit Shalom qui prône le rapprochement judéo-arabe.



En 1936, la Palestine plonge petit à petit dans le chaos, Juifs et arabes s’entre-tuent pendant que les mandataires britanniques laissent pourrir la situation. En parallèle, Hitler est aux commandes en Allemagne tandis que Franco accède au pouvoir en Espagne. L’Europe bascule lentement dans le chaos, dans la dictature, la chasse aux juifs commence en Europe, la guerre civile s’installe en Espagne. La situation en Palestine est catastrophique, les anglais commettent de graves exactions contre les arabes. Les fanatiques d’Al Quassam, (mouvement du nom de son chef Izz al din Al-Quassam qui prône la création d’un état Arabe sans les juifs) tuent des juifs. Le pays est sous la grève générale, les routes sont dangereuses. Sioma soutient les ouvriers arabes contre la Histradout (syndicat des travailleurs) dans la défense de leurs droits à l’égalité au niveau du travail. Les sombres heures d’Odessa lui reviennent en mémoire, mais là la bataille est bien plus complexe, , il faut se battre contre les Anglais, les partisans d’Al Quassam et la histadrout. Il est impossible pour Sioma de ne pas prendre part à ce combat, lui l’humaniste, le défenseur des libertés, il ne peut pas regarder ses amis arabes se faire torturer et exécuter par les Anglais. Sioma est arrêté, on lui demande de trahir son mouvement sinon il sera expulsé, bien sûr il choisit de quitter la Palestine et de rejoindre l’Espagne où il y a un combat à mener contre le régime dictatorial de Franco. Sioma entraîne dans son combat pour la liberté, des amis qui étaient détenus avec lui à la prison de Akko (ST Jean D’Acre). Sioma quitte la Palestine, dans son journal de bord Tsipora écrit « la famille est disloquée, sans retour envisageable, alors que nous nous aimons, que nous ne pensons pas pouvoir vivre les uns sans les autres ».



La troisième partie du roman aborde les trois ans de combat contre le régime de Franco en Espagne. On se retrouve plongé en plein coeur de la bataille de Madrid avec beaucoup d’évènements et de personnages différents, dont Jeanne Lev, la journaliste que Sioma avait emmenée à Tsfat en Palestine. C’est la partie que j’ai la moins aimée, je l’ai trouvée longue et compliquée et j’ai eu beaucoup de mal à accrocher. Je me suis de nouveau retrouvée dans la quatrième et dernier partie et particulièrement le moment ou Sioma retourne en Russie et ensuite en Palestine. Il y a ce moment fort et triste où la mort de Tsipora est évoquée, les camps, Auschwitz où malgré son combat elle n’a pas survécu, elle est restée fidèle à elle même avec son humanisme et son objectif de toujours aider les autres. J’ai retrouvé là, l’essence même du livre. Il y a ensuite les lettres échangées entre Sioma et Tsipora et entre Sioma et son fils Alexandre en 1942 durant l’occupation qui sont très émouvantes.



Merci à Babelio et aux éditions temps présent pour l’envoi de ce livre que je n’aurais peut-être pas lu en d’autres circonstances, j’ai pris plaisir à le lire et à découvrir des moments de l’histoire que je ne connaissais pas, notamment concernant la Russie. Même si j’ai un peu relâché mon enthousiasme concernant la partie Espagnole, je conseille la lecture de ce livre, témoignage poignant et bouleversant.
Lien : https://jaimelivresblog.word..
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