Citations de Alison Lurie (136)
Et cette absence de pudeur sociale, de même que l’absence chez elle de pudeur des sentiments et de pudeur physique, lui donnaient un formidable atout dans les guerres d’amour.
Les hommes n’ont jamais des surnoms comme ça. Même étudiants, ils ne se retrouvent jamais avec des surnoms du genre Bouboule, Cani ou Collargol, comme on en donnait à nos copines.
Les adolescents ne devraient pas avoir le droit de vivre en famille. Ça devrait être interdit par la loi,
Avoir été affligé de parents insupportables excusait vos travers ; être affligé d’enfants insupportables les soulignait encore plus. La responsabilité des parents n’était pas toujours absolument évidente ; de l’extérieur, ils avaient parfois l’air de gens charmants, gentils et intelligents – mais, comme Mr. Hyde, ils avaient un double visage.
Si on ne progresse pas à chaque foutue minute, on a l’impression d’aller à reculons.
Le romancier contemporain, tel un jardinier moderne, reconstruit le paysage naturel, supprimant la plupart des vieux arbres pour laisser de la place aux jeunes plants qui n’ont pas encore été greffés et dont les racines ne s’enfoncent pas profondément.
Les mots n’ont pas pour les acteurs la même importance que pour quelqu’un de littéraire. Pour eux, la signification réside essentiellement dans l’expression et dans le geste ; le texte n’est que le livret, un alignement de verres vides que l’interprète peut remplir du liquide doré, argenté ou cuivré de sa voix.
Malgré son apparence grotesque ou même dégoûtante, la sexualité apportait des sensations délicieuses. Elle ne s’en est pas étonnée, puisque le même phénomène se produit avec la nourriture : une huître ou une assiettée de spaghetti n’ont rien de particulièrement attirant. La solution au problème était simple : faire l’amour dans le noir ou fermer les yeux.
En allant au cimetière, on retrouve certains des noms sur les pierres tombales. Tous ces noms, et dire que chaque nom, c’était quelqu’un. D’abord ils sont nés, ils ont été bébés, puis gamins, et ils ont appris leurs leçons et joué à des jeux. Après, ils ont grandi, ils ont labouré, trait les vaches, fauché les prés, et ils mangeaient leur dîner et buvaient la bière du pays à l’auberge du Coq et de la Poule ; ils sont tombés amoureux, ils se sont mariés, ils ont eu des enfants, ils ont été malades, ils ont guéri, ils ont vécu, ils sont morts.
Dans la plupart des romans, il est évident que les gens de plus de cinquante ans ont pris une forme aussi définitive que de vieux pommiers, et comme eux, portent pour toujours la trace des années qui les ont tordus et balafrés.
La convention littéraire veut que rien d’important ne puisse leur arriver, si ce n’est par un phénomène de soustraction. Ils peuvent être frappés par la foudre ou élagués par la main de l’homme ; ils peuvent s’affaiblir, se creuser : leurs rares fruits peuvent devenir difformes, tavelés ou aigres.
On est rarement au courant dans le détail de la vie privée des jeunes de son département, alors que les collègues d’âge plus mûr sont l’objet, d’une surabondance de bavardages.
Ce qui est bon pour la poule est bon pour le coq !
Elle aurait beau agiter des objets de couleur vive pour attirer l’attention, jamais elle ne serait de ces femmes que les hommes chargent avec la fougue d’un taureau. Du moins pouvait-elle éviter d’être ridicule. Si elle ne pouvait se transformer en femme séduisante, elle pouvait, au moins avoir l’air d’une dame.