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Citations de Alison Lurie (136)


Il y a, je crois, deux catégories de gens, ceux qui, comme moi, sont rassurés d'avoir un beau mot bien long à mettre entre les phénomènes et eux, et les autres - ceux qui, loin d'être rassurés, sont effrayés quand le docteur leur apprend le mot technique de la sensation bizarre qu'ils ont dans l'estomac. C'est peut-être ce qui distingue les intellectuels des moutons - ou des chèvres.
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La douleur dans les romans du dix-neuvième siècle (...) pouvait vous grandir et vous stimuler. (...)
Ces livres ne racontent pas la vérité, pensa Jane. La douleur est nocive pour le caractère, comme tous les autres malheurs: la pauvreté, le chômage et la perte de vos proches. Ils vous fatiguent et vous affaiblissent; ils vous rendent dépressifs, anxieux et craintifs. Personne ne le dit, personne n'est censé le dire, mais c'est la vérité.
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Non : les femmes laides ont souvent une vie sexuelle. Ce qui leur manque, c'est plutôt une vie amoureuse.
p.21
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Par un après-midi nuageux, encrassé de neige, une semaine avant Thanksgiving, Polly Alter entra dans son salon, les pieds mouillés, les cheveux humides, emmêlés par le vent, portant un lourd paquet plat enveloppé de papier kraft qu'elle posa délicatement sur le divan. Elle se débarrassa de ses bottes et de son manteau trempé, qu'elle jeta dans le placard de l'entrée. Puis elle déballa le paquet, d'où elle tira la gouache de Lorin Jones, l'étang de Truro, maintenant marouflée et encadrée par un professionnel. Elle dégagea le dessus de la cheminée, d'où elle e,leva quelques bougeoirs de cuivre cabossés et les bégonias rampants de Jeanne pour y poser la peinture. Elle recula et se plaça en plein devant, espérant une sorte de miracle.
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Sarah Trimmer qui, à la fin du XVIIIème siècle, faisait autorité dans le domaine de l'éducation, recommandait aux parents de ne pas laisser leurs enfants écouter ou lire des contes de fées qu'elle taxait d'immoralité car ils enseignaient la violence, l'ambition, l'amour des richesses et le désir de se marier au-dessus de sa condition. "Cendrillon," écrit-elle, "peint les pires des passions qui puissent habiter l'âme humaine, celles dont les petits enfants devraient, autant que possible, demeurer totalement ignorants : l'envie, la jalousie, l'aversion à l'égard des marâtres et des demi-soeurs, la vanité, l'amour des beaux vêtements, etc ..." D'autres critiques ont déploré que ces textes manquent d'esprit scientifique et créent la confusion entre vérité et fiction : le temps passé à les lire serait, selon eux, serait plus utilement employé à apprendre bonnes manières et faits concrets, et à acquérir des compétences. ... [...]
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[...] ... [Les contes populaires] présentent aussi une autre caractéristique : ils comptent parmi les textes les plus subversifs de la littérature enfantine. Bien souvent, quoiqu'en général de manière déguisée, ils défendent contre le système en place les membres les plus désavantagés de la société : les enfants, les femmes et les pauvres. La loi et l'ordre n'y sont pas toujours respectés : le fieffé coquin dupe le comte et le pasteur, Jack tue le géant et lui dérobe son trésor. Les riches sont souvent malchanceux, malheureux et incapables ; les rois et les reines ne peuvent avoir d'enfants ou souffrent d'étranges maladies tandis que les pauvres, en pleine santé, ont pour eux la bonne fortune et l'esprit d'entreprise.

Tant que ces récits sont demeurés du domaine de la tradition orale, racontés à des publics restreints, à des gens sans importance, les institutions des mondes littéraire et pédagogique n'y ont guère prêté attention. Mais dès qu'ils se sont mis à faire surface sous forme de textes imprimés, ils ont été condamnés, avec des cris d'horreur dont l'écho résonne encore aujourd'hui.

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* Elle avait vingt-sept ans, et avait toujours, comme au jour de leur mariage, l’air d’un bel animal élevé et soigné avec attention, maintenu en permanence au sommet de sa forme pour être utilisé dans une occasion importante qui ne s’est pas encore produite et ne se produira peut-être jamais.

* - « Il la néglige, hein ? Quel dommage ! Une fille comme elle, on ne la laisse pas mariner toute seule à la maison toute la journée ; elle a besoin d’attentions, de bon air, d’exercice, de distractions.»
- « Besoin de toi, en somme. »

* Emmy, et c’était là une des conséquences de l’éducation reçue à Si-Kit, se sentait coupable de l’acte moral d’adultère, non pas de l’acte physique. Tous ses remords passagers avaient pour cause son mensonge envers Holman, son incapacité à l’aimer, son amour pour un autre. Lorsqu’elle était avec Will, cela n’avait plus d’importance, elle était ivre, transportée. Les moments les plus pénibles venaient avant, lorsqu’elle se préparait, enfermée dans la salle de bains, et pensait : je pourrais m’arrêter ; il faudrait que j’arrête ça. C’était pénible après, également, mais pas autant. Elle ne remettait pas en question les grands principes, mais elle ne voyait pas comment ces principes pouvaient s’appliquer à elle ; elle nageait dans le bonheur.

* L’aventure se révèle toujours (sitôt passés les premiers élans) répugnante, brutale brève. Telle du moins était l’expérience de Miranda. L’amour romantique ne produit qu’images fausses et attentes fallacieuses ; le mariage est plus clément, même si lui aussi vit de petits mensonges apprivoisés. On fait de son mieux avec ce qu’on a. Seule l’amitié est réelle de part en part. Parce que Will, devant elle et devant personne d’autre, laissait tomber tous ses déguisements, elle était la seule à le connaître vraiment. El connaître, c’est pouvoir : la seule forme de pouvoir qui vaille la peine’— les autres formes en sont grossières, matérielles et, de ce fait, éphémères. Tôt ou tard, comme toute matière, elles aboutissent à la déchéance et à la pourriture. Will lui appartiendrait toujours, jamais il n’appartiendrait à Emmy ni aux autres filles auxquelles il se frottait dans des draps sordides, leur donnant ce qu’elles voulaient, jouant à incarner l’amant imaginaire qu’elles s’étaient inventé. Elle ne leur en voulait même pas...
- «Oui, l’amour complique les choses, il ne crée que des complications,» poursuivit-elle… Je préfère être ton amie pour dix ans plutôt que de devenir ta maîtresse pour dix semaines. Et si tu y réfléchis, on n’a pas d’autre choix.
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On m'a toujours appris que, à part dans les pires moments de l'existence, il ne fallait pas jurer ou s'emporter. Parce qu'autrement, il ne reste plus rien pour ces moments là
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il y a une tâche de mascara sous son oeil gauche. Fred est ému par cette tâche, qui a la drôlerie sentimentale d'une larme symbolique dessinée sur la joue d'un mime.
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La douleur est nocive pour le caractère, comme tous les autres malheurs : la pauvreté, le chômage et la perte de vos proches. Ils vous fatiguent et vous affaiblissent; ils vous rendent dépressifs, anxieux et craintifs. Personne ne le dit, personne n'est sensé le dire, mais c'est la vérité.
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[...] ... - "N'ôte pas ton manteau tout de suite, Janet," me dit-elle, hors d'haleine. "Viens dans le jardin ; je dois te montrer quelque chose."

Une telle invitation me surprit, par cette journée froide et venteuse du mois de mars. A part quelques perce-neige et deux ou trois crocus blancs gelés éparpillés à travers la pelouse, il n'y avait rien à voir. Mais ce n'était pas du jardin que Buffy voulait me parler.

- "Tu sais, Abigail Jones, cette New-Yorkaise qui a présenté le thème "Décoration et Meubles Anciens" hier, à la Société ?" me demanda-t-elle entre deux carrés de terre bêchée et de compost détrempé.

- "Mm.

- Eh bien, je lui ai parlé après la conférence, et je l'ai invitée à venir boire le café ce matin, pour lui faire visiter la maison.

- Mm ? Et comment ça s'est passé ?

- Horriblement mal, Janet. Je ne veux pas dire que ..." Buffy voûta les épaules et déglutit comme si elle allait fondre en larmes. "Mrs Jones s'est montrée très charmante. Elle a admiré ma table et mes chaises Hepplewhite ; elle m'a étalement complimentée sur le lit à baldaquin de la chambre bleue, bien que je me sois sentie obligée de lui avouer que l'une des colonnes n'était pas d'origine. Mais ce qu'elle a préféré, c'est la commode de tante Betsy.

- Ah oui ?

- Elle l'a trouvée vraiment superbe. Je lui ai dit que d'après moi, elle avait été fabriquée à Newport, mais Mrs Jones pensait qu'elle venait plus probablement de Salem. Evidemment, ça m'a rendue mal à l'aise.

- Quoi ? Je veux dire : pourquoi ?

- A cause des sorcières, voyons !" Buffy fit entendre son petit rire nerveux. "En fait, une certaine Elizabeth Corey fut accusée de sorcellerie. Ensuite, Mrs Jones a dit qu'elle espérait que je prenais grand soin de la commode. Alors, bien sûr, je lui ai répondu que oui. Elle le voyait bien, d'ailleurs, mais je devais absolument comprendre qu'il s'agissait d'une pièce unique, avec le plumage sculpté sur les pieds et apparemment toutes les ferrures d'origine. Ce meuble méritait vraiment de figurer dans un musée, selon elle. J'ai tenté de l'arrêter, car je sentais que la commode commençait à s'énerver.

- A s'énerver ?" Je ris, car je pensais encore qu'il s'agissait d'une plaisanterie. "Pourquoi se serait-elle énervée ? Elle aurait dû être contente de se faire admirer par un expert.

- Mais tu ne comprends pas, Janet ?" dit Buffy d'un ton larmoyant. "Elle ignorait l'existence des musées avant. (...)" ... [...]
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- Oh, Maxie, tu sais bien que ce n'est pas vrai, protesta Glory, d'une voix de gorge. A part le fait qu'il est con comme un balai et aussi tante qu'un régiment de légionnaires, Gunn n'est pas un mauvais type.
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L'impatience tolérante que son mari affichait ne dissimulait, Katherine le savait fort bien, qu'une tolérance impatiente.
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Quand les touristes rentrent chez eux, ils rapportent toujours des clichés.
p.52
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C'était par une très chaude matinée au beau milieu de l'été : après plus de seize ans de mariage, en voyant son mari à une quinzaine de mètres, Jane Mackenzie ne le reconnut pas.
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 Même inconsciemment, les hommes ont l’art de nous culpabiliser, de nous faire croire que nous sommes idiotes et incompétentes. Parce qu’au fond, c’est ça qu’ils pensent des femmes.
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Polly Alter aimait bien les hommes mais elle avait cessé de leur accorder la moindre confiance et n'avait plus guère affaire à eux. Le mois passé, à l'occasion de son trente-neuvième anniversaire, elle s'était aperçue brusquement que sans jamais avoir cherché ce résultat de façon délibérée, elle ne voyait plus que des femmes. Médecin, dentiste, comptable, thérapeute, "banquière" : dans sa vie, toutes ces professions se mettaient désormais au féminin. Et c'était aussi à des femmes que l'unissaient les liens d'amitié les plus étroits. Elle faisait ses courses dans des magasins tenus par des femmes, où elle était servie par des femmes, et lorsque que sa doctoresse lui prescrivait des médicaments, elle allait les chercher au coin de Broadway et de la 87ᵉ Rue, chez une pharmacienne, malgré le détour que cela lui imposait. Il lui arrivait de ne pas parler à un homme adulte pendant plusieurs jours d'affilée.
Quand son mari était parti, dix-huit mois plus tôt, Polly n'avait pas imaginé que sa vie prendrait cette tournure.
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L'Angleterre, pour Vinnie, a toujours été le pays élu de son imagination et de ses désirs. Elle a passé un quart de siècle à le visiter en esprit, lui donnant une forme et un contenu à partir de ses livres favoris, de Beatrix Potter à Anthony Powell. Quand elle l'a enfin vu, elle a éprouvé la même impression que les enfants de l'ouvrage de John Masefield, "The Box of Delights", qui découvrent qu'ils peuvent entrer dans le tableau qui orne le mur de leur salon. Dès la première heure, l'Angleterre lui a été chère et familière ; à Londres, surtout, elle ressentait presque un sentiment de déjà vu.
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La maladie d’amour, ça peut vous rendre méchant, fou, même. D’après l’idée qu’elle s’en faisait, c’était pareil que si on avait très faim, que si on mourait de faim pratiquement, mais que dans le monde entier y avait une seule chose qu’on pouvait manger. De la gelée à la framboise, par exemple, et encore, seulement si une seule et unique personne était là pour vous la faire manger cuillerée par cuillerée, comme à un bébé sur sa chaise. Alors forcément on avait faim presque tout le temps et on faisait n’importe quoi pour que cette personne-là reste auprès de vous à vous faire manger votre gelée.
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L'ambition sociale et le snobisme sont des thèmes récurrents dans les histoires d'Andersen. Même des objets inanimés les ressentent : l'aiguille à repriser essaie de se faire passer pour une aiguille à coudre, le blé noir se considère supérieur à toutes les autres plantes du champ. Andersen était lui aussi obsédé par l'idée de s'élever dans la société. Toute sa vie, il rechercha la compagnie de personnes riches et nobles. Plus elles étaient riches et nobles, plus il était satisfait. Certains de ses moments les plus heureux le furent en compagnie de familles royales.
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