Amélie C. Astier

On vit l'instant présent à fond sans se poser de question et ca me donne l'impression que ce Noël est magique.

« Quand deux inconnus se rencontrent et partagent un moment hors du temps. »

Je souris, je n’ai pas peur, au contraire. Je vois la possibilité d’amorcer une relation. De faire de cette âme brisée mon allié dans cette nouvelle vie.

Il croit me menacer, il se trompe, Dante vient de plonger dans mes secrets.

Il croit négocier, mais il va succomber.

Bienvenue dans mon enfer, Dante.

Ce soir, je profite de ta présence, de ta respiration, des battements de ton cœur, du mien qui bat de plus en plus fort quand tu es près de moi.
Ce soir, je profite de toi et des moments qu'on partage.
Qu'importe tes bagages, les miens. Ce soir, il n'y a que les boums boums qui résonnent. Comme l'étrange peur qui creuse son nid au fond de moi, en me murmurant que tout ça va bientôt finir. Que les bons moments ne durent pas.

Chaque fois, c’est comme si je m’ouvrais le thorax pour lui exposer l’organe dans ma poitrine et me mettre à nu. Il n’y a plus de barrières, plus de doutes, plus de questions ou d’hésitations, juste lui et moi. Avec l’envie d’aimer, de s’aimer, d’être aimé, de l’aimer à en crever, et tant pis si j’y laisse mon cœur, de toute façon, il lui appartient. Depuis le premier jour, jusqu’au dernier.

— Le cinéma tient toujours ? je signe.
Il sourit en acquiesçant.
— Je te préviens, je ne couche pas le premier soir, je tape sur mon clavier.
Knox se penche pour lire avant de me lancer un regard étonné.
— Qu’est que tu fais le premier soir ?
— Je flirte.
— Boire du champagne sur ton corps, ça entre dans le flirt ?

Mais depuis quand on laisse sa chance aux personnes différentes ? Jamais, c’est une belle utopie qu’on veut faire croire, mais dans la réalité, les facs ne sont pas toutes adaptées aux handicapés moteurs quant aux sourds et malentendants, ils peuvent se gratter pour avoir des cours adaptés. On fait dans la masse, et la masse, elle marche et court, elle entend et parle.

— C’est trop dangereux, il répond tout bas.
Je lui tends un regard sombre en attendant ses prochaines paroles. S’il dit que c’est à cause de mon sexe, je crois que je le castre sur-le-champ

— Seigneur, oui. Je n’ai pas regretté de t’avoir embrassée, Harper. J’avais envie de le faire. C’était plus fort que moi.
Ma main caresse sa joue, Harper frissonne à son tour, surprise. Comme si elle s’attendait à nier.
— Mais je n’aurais pas dû.
La journaliste soupire en roulant des yeux, je me laisse surprendre à sourire.
— Parce que tu es un chevalier servant respectable ? écrit-elle.
— Non, parce que si je m’écoutais, j’aurais envie de te faire des choses qui ne sont pas respectables.
— Et si j’avais envie qu’on me fasse des choses absolument pas respectables ?

Il y a beaucoup d’hommes sexy ou beaux sur cette planète et jusqu’à ma rencontre avec l’agent Selva, il n’y avait que Lenny Kravitz pour me faire dire « ce mec pue le sexe ». Mais le flic en jean et blouson de cuir est en train de me faire revoir mon jugement.

— Tant que vous ne me demandez pas de chanter l’hymne américain après trois bières, nous devrions nous entendre.
— Entendu.
Elle continue de taper pour poursuivre la conversation. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu’elle va me vanner.
— Et tant que vous ne le chantez pas non plus après trois bières, notre brève collaboration se passera à merveille, conclut la plume de Harper.

Je me tourne vers Link, les muscles en action en train de monter ce foutu mur. L’increvable indompté qui fait battre mon cœur plus fort alors que je l’observe déployer sa force. Non, je n’ai pas choisi le mec le plus simple à comprendre et pourtant, si on est différents sur bien des aspects, on se ressemble aussi.

Il me tend un regard qui fait palpiter mon cœur et frissonner mon corps, un qui dit qu’il n’est pas prêt à rendre les armes et je trouve ça terriblement sexy. Au point que l’envie de l’embrasser me démange.

Même si on avance tous les deux. Même si on fait des efforts pour intégrer l’autre à son monde. Même si je sais que pour lui c’est un pas énorme de m’avoir présenté à sa sœur, il reste ce mur au bout de la route, infranchissable parce qu’aucun de nous ne remettra son statut d’hétéro en cause tant qu’on joue.

Mais après ? Après rien ne m’arrêtera, mais Wade, j’en doute. Il restera la barrière familiale. Celle qu’il évite et dont il ne me parle pas. Je ne serai pas patient, il le sait, tout ou rien et lorsque ce moment arrivera, je ne serai pas l’objet de sa honte qu’il cache, je ne le supporterai pas.

— C’est vrai, je suis en présence d’une globe-trotteuse, plaisante-t-il. Ce n’est pas tous les jours qu’on s’en grille une aux côtés d’une rock star. Je me sens flatté.
Je souris en appréciant sa délicate tentative de drague.
— Ce n’est pas tous les jours que j’ai la chance de fumer aux côtés d’un mec normal.

— Vous produire de l’autre côté du mur vous permettrait, par la suite, de dénoncer ce que vous y verrez. Ce projet pourrait vous ouvrir des portes auxquelles vous n’avez pas accès pour l’instant. Vos textes sont nourris par vos combats et votre expérience. Aller chanter à l’Est, c’est avoir l’opportunité d’être la voix de celles et ceux qui ne peuvent se faire entendre. Alors même s’il y a des contraintes et des conditions, en tant que manager, je pense que c’est une bonne idée d’accepter.

Je sais qui est Vic, ce qu’elle m’apporte. Elle m’a sauvé et m’a ressuscité. Elle est comme l’ange de mon cœur qui chasse les démons et ramène la paix.

je crois que les âmes brisées se reconnaissent autant que celles qui sont destinées.

- J'ai toujours su qu'on ferait de toi quelqu'un de bien, déclare ma grand-mère, même quand tu allumais tes pétards dans mes rosiers.
On se met à rire tous les trois. Je revois mon frère surgir des rosiers, poursuivi par ma grand-mère, qui le menaçait de son manche de râteau.

Comment je vais ? Même moi, je l'ignore. Je suis là, en vie, je pense que ça implique un "bien", mais ensuite, je ne sais pas.