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Citations de Amos Oz (489)


Amos Oz
Un homme doit agir pour les autres et non s'en détourner le regard; s'il voit un incendie, il a le devoir d'essayer de l'éteindre; s'il n'a pas un seau il peut utiliser un verre; s'il n'a pas de verre il trouvera une cuillère, l'important est de continuer à essayer.
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Mon cher ami, je ne crois pas en l’amour universel. L’amour est limité par nature. On peut aimer cinq personnes, peut-être dix, très rarement quinze. Mais ne venez pas me dire que vous aimez le tiers-monde tout entier, ou l’Amérique latine, ou le beau sexe. Ce n’est pas de l’amour, c’est de la rhétorique. Des paroles en l’air. Des slogans. Nous ne sommes pas nés pour aimer plus qu’un petit nombre d’êtres humains. L’amour est une affaire intime, étrange et pleine de contradictions. On peut aimer quelqu’un parce qu’on s’aime soi-même, par égoïsme, convoitise, par désir ou par besoin de dominer l’objet de cet amour, le soumettre ou, à l’inverse, se livrer à lui.
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Le judaïsme, le christianisme - et n'oublions pas l'islam - dégoulinent de bons sentiments, de charité et de compassion, tant qu'on ne parle pas de menottes, de barreaux, de pouvoir, de chambres de torture ou d'échafauds. Ces religions, en particulier celles nées au cours des siècles derniers et qui continuent à séduire les croyants, étaient censées nous apporter le salut, mais elles se sont empressées de verser notre sang. Personnellement, je ne crois pas en la rédemption du monde. En aucune façon. Non parce que je considère qu'il est parfait. En aucun cas. Il est retors, sinistre et rempli de souffrances, mais qui veut le sauver versera des torrents de sang. [...] Le jour où les religions et les révolutions disparaîtront - toutes sans exception - il y aura moins de guerres sur la planète, croyez-moi. L'homme est par nature constitué comme un bois tordu, a dit Emmanuel Kant. Inutile de le redresser au risque de se noyer dans le sang.
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Des livres, ... on en avait à profusion, les murs en étaient tapissés, dans le couloir, la cuisine, l'entrée, sur les rebords des fenêtres, que sais-je encore ? Il y en avait des milliers, dans tous les coins de la maison. On aurait dit que les gens allaient et venaient, naissaient et mouraient, mais que les livres étaient éternels. Enfant, j'espérais devenir un livre quand je serais grand. Pas un écrivain, un livre : les hommes se font tuer comme des fourmis, les écrivains aussi. Mais un livre, même si on le détruisait méthodiquement, il en subsisterait toujours quelque part un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d'un rayonnage dans quelque bibliothèque perdue, à Reykjavík, Valladolid ou Vancouver.
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Voilà comment Raskolnikov pourrait atténuer un tantinet la turpitude et l'isolement dans lequel chacun tient son prisonnier intérieur, sa vie durant. Les livres auraient donc le pouvoir de vous consoler un peu de vos terribles secrets ; pas seulement vous mon vieux, mais nous aussi qui sommes dans le même bateau ; personne n'est une île, mais plutôt une presqu'île, une péninsule, cernée presque de toutes parts par des eaux noires et rattachées aux autres presqu'îles par un seul côté.
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Et pourquoi nous aimeraient-ils ? coupa Samuel. Qu’est-ce qui vous fait penser que les Arabes n’ont pas le droit de lutter de toutes leurs forces contre des étrangers qui ont débarqué ici comme s’ils venaient d’une autre planète pour leur confisquer leur pays, leurs terres, leurs champs, leurs villes, les tombes de leurs aïeux et l’héritage de leurs enfants ? Nous voulons nous persuader que nous sommes venus ici pour « construire ce pays et être construits par lui «,« renouveler nos jours comme autrefois », « reprendre possession de l’héritage de nos ancêtres », etc. Mais dites-moi, vous, s’il existe un seul peuple au monde qui accepterait à bras ouverts l’invasion brutale de centaines de milliers d’étrangers, puis d’autres millions encore débarquant de lointains pays sous le curieux prétexte que les livres sacrés qu’ils ont transportés avec eux leur promettaient e pays tout entier pour eux seuls ?
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Au cours des semaines et des mois qui suivirent sa mort, je n'ai pas songé une seconde à sa souffrance. Je me suis bouché les oreilles pour ne pas entendre le cri de détresse silencieux qui lui avait succédé et résonnait dans tout l'appartement. Je n'éprouvais pas la moindre compassion. Ni regrets. Pas même de tristesse parce qu'elle était morte : je ne ressentais qu'humiliation et colère. Quand mes yeux tombaient sur son tablier à carreaux qui était resté accroché derrière la porte de la cuisine plusieurs semaines après sa mort, j'étais furieux comme s'il retournait le couteau dans la plaie. Les objets de toilette de ma mère, son poudrier, sa brosse à cheveux, posés sur son étagère, la verte, dans la salle de bains, me faisaient mal, comme s'ils étaient restés là pour me narguer. La partie de la bibliothèque qui lui était réservée, ses chaussures vides, son odeur qui me prenait à la gorge quand j'ouvrais la porte du côté de maman dans la penderie m'emplissaient d'une rage impuissante. A croire que son pull, qui avait échoué on ne sait comment parmi les miens, me lançait un sourire narquois.....
J'étais en colère pour mon père aussi, parce que sa femme lui avait fait honte, elle l'avait laissé tomber comme une vieille chaussette, comme dans les comédies au cinéma, comme si elle s'était enfuie avec un autre homme. Enfant, on me grondait et on me punissait si j'avais le malheur de ne pas donner signe de vie ne serait-ce que deux ou trois heures : il y avait un règlement très strict à la maison : en partant, il fallait dire où l'on allait et à quelle heure on revenait. Ou laisser un mot à l'endroit habituel, sous le vase.
Chacun d'entre nous.
C'était de la dernière grossièreté de s'en aller au milieu d'une phrase. Elle qui était tellement à cheval sur le tact, l'amabilité, les bonnes manières, qui évitait de vexer, de faire souffrir, qui ménageait tout le monde avec tant de délicatesse ! Comment avait-elle pu ?
Je la détestais.
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Un jour - j'avais sept ou huit ans alors que nous étions assis sur l'avant dernière banquette du bus, en route pour le dispensaire ou la boutique de chaussures pour enfants, maman m'avait affirmé qu'avec le temps les livres pourraient changer au moins autant que les humains, avec cette différence que les hommes te plaquent tôt ou tard, dès qu'ils ne trouvent plus en toi de profit, de plaisir, d'intérêt ou de sentiment, tandis que les livres ne te laissent jamais tomber. Toi, tu les dédaigneras parfois, tu en délaisseras certains pendant de longues années, ou pour toujours. Mais même si tu les trahis, ils ne te feront jamais faux bond, eux : ils t'attendront en silence, humblement, sur l'étagère. Des dizaines d'années s'il le faut. Sans une plainte. Et puis une nuit, quand tu en éprouveras soudain le besoin, peut-être à trois heures du matin, et même s'il s'agit d'un livre que tu aurais négligé, voire pratiquement rayé de ta mémoire pendant des années, il ne te décevra pas mais descendra de son perchoir pour te tenir compagnie quand tu en auras besoin. Sans réserve, sans chercher de mauvais prétextes, sans se poser la question de savoir si cela en vaut la peine ou si tu le mérites, il répondra immédiatement à ton appel. Il ne t'abandonnera jamais.
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Depuis cette fin décembre 1938, je ne suis plus jamais repartie, sauf peut-être en imagination, et je ne repartirai plus. Israël n'a rien d'extraordinaire, ce n'est pas ça ,c'est parce que aujourd'hui je trouve que les voyages sont une stupidité : le seul voyage dont on ne revient pas toujours les mains vides est intérieur. Là, il n'y a ni frontières ni douane, et on peut même atteindre les planètes les plus lointaines. On peut aussi flâner dans des endroits qui n'existent plus, rendre visite à des gens qui ne sont plus. On pourrait d'ailleurs se rendre dans des lieux qui n'existent pas et ne pourraient jamais exister, mais où l'on est bien. Ou au moins, pas mal.
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En chaque adulte, sommeille l’enfant qu’il était jadis, méditai-je. Chez certains, il est toujours vivant, chez d’autres, définitivement mort.
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En somme, les Juifs forment ici [en Israël - 1948], un immense camp de réfugiés. Pareil pour les Arabes. Ils revivent jour après jour le drame de leur défaite, et les Juifs vivent nuit après nuit dans la peur qu'ils se vengent. Les deux peuples sont rongés par la haine et le fiel, ils sont sortis de la guerre avec une soif de vengeance et de justice. Des torrents de vengeance et de justice.

p. 215
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Mon cher ami, je ne crois pas en l'amour universel. L'amour est limité par nature. On peut aimer cinq personnes, peut-être dix, très rarement quinze. Mais ne venez pas me dire que vous aimez le tiers-monde tout entier, ou l'Amérique latine, ou le beau sexe. Ce n'est pas de l'amour, c'est de la rhétorique. Des paroles en l'air. Des slogans. Nous ne sommes pas nés pour aimer plus qu'un petit nombre d'êtres humains. L'amour est une affaire intime, étrange et pleine de contradictions. On peut aimer quelqu'un parce qu'on s'aime soi-même, par égoïsme, convoitise, par désir ou par besoin de dominer l'objet de cet amour, le soumettre ou, à l'inverse, se livrer à lui. Au fond, l'amour est pareil à la haine, encore plus qu'on ne le croit. Ainsi, par exemple, qu'on aime ou qu'on déteste quelqu'un, on cherche toujours à savoir où il se trouve, avec qui, s'il va bien ou non, ce qu'il fait, à quoi il pense ou s'il a peur de quelque chose.
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Amos Oz
What moves you most in a work of literature?
The short answer is that when a work of literature suddenly makes the very familiar unfamiliar to me, or just the opposite,when a work of literature makes the unfamiliar almost intimately familiar, I am moved( moved to tears, ....)
( Qu'est-ce-qui vous émeut le plus dans une oeuvre littéraire ?
En bref, c'est quand une oeuvre littéraire soudain me rend étrange ce qui m'est trés familier, ou juste le contraire, quand une oeuvre littéraire me rend intimement familier, ce qui m'est étrange, ,je suis ému.Emu aux larmes,..,)
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Amos Oz
" La littérature mondiale que j'aime est «religieuse» au sens large du terme. Elle pose plus de question qu'elle ne donne de réponse. "( Le Monde des Livres 16/9/2016 )
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Toute la puissance du monde ne suffirait pas à transformer la haine en amour. On peut changer un adversaire en esclave, mais pas en ami. Tout le pouvoir du monde serait impuissant à faire d’un fanatique un modéré. Tels sont les problèmes existentiels de l’État d’Israël : convertir un ennemi en amant, un fanatique en tolérant, un vengeur en allié.
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Les jérémiades, c'était bon pour les filles, pensait-on en ce temps-là [1959]. Une mauviette inspirait le mépris, voire la répulsion, un peu comme une femme à barbe. Schmuel souffrait de sa faiblesse, qu'il s'efforçait de surmonter. En vain. Au fond de lui-même, il était conscient du ridicule de cette hypersensibilité. Il en était venu à se résigner à sa virilité défaillante et, par conséquent, à une existence aussi vide que stérile.
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"La vie est comme une ombre qui passe.La mort aussi. Seule, la douleur demeure. Elle n'en finit pas. Jamais."
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Un bourgeon, une feuille morte, la mort et la vie
Le fruit du hasard, non, un principe établi,
(p. 55 de l'édition folio n° 4847)
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Je devinais son chagrin: mon père entretenait un rapport charnel avec les livres. Il aimait les manipuler, les palper, les caresser, les sentir. C'était une véritable obsession, il ne pouvait s'empêcher de les toucher, même si c'étaient ceux des autres. Il faut dire que, jadis, les livres étaient beaucoup plus sensuels qu'aujourd'hui: il y avait largement de quoi sentir, caresser, et toucher. certains avaient une couverture en cuir odorante, un peu rugueuse, gravée en lettres d'or, qui vous donnait la chair de poule, comme si l'on avait effleuré quelque chose d'intime et d'inaccessible qui se hérissait et frissonnait au contact des doigts. (...) Chaque livre avait son odeur propre, mystérieuse et excitante. (p. 43)
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Amos Oz
Jérusalem recroquevillée sur elle-même comme pour se protéger d'un mauvais coup, avec ses arches de pierre sinistres, ses mendiants aveugles, ses vieilles dévotes ratatinées rôtissant au soleil, assises pendant des heures sur des tabourets à l'entrée de sous-sols obscurs. Les fidèles entortillés dans leur châle de prière, galopant telles des ombres courbées en deux de ruelle en ruelle pour rejoindre les synagogues mal éclairées. Les cafés bas de plafond noyés dans la fumée de tabac, bourrés d'étudiants aux gros pulls à col roulé, rédempteurs du monde tous autant qu'ils étaient, se coupant sans arrêt la parole. Les terrains vagues jonchés d'ordures entre les immeubles. Les hautes murailles autour des couvents et des églises. Les barricades, les barbelés, les champs de mines qui cernaient la cité sur trois côtés, l'isolant de la Jérusalem jordanienne. Les tirs, la nuit. Ce désespoir indicible, accablant, infini.
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