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Citations de Anatole Le Braz (118)


"L'enfer, le trou des damnés," murmura Gaïd Alain.
Au centre de la baie, vers le large, se dresse l'îlot abrupt de Tovinok, que couronne un phare, seul point occupé de cette côte sinistre.
Les deux gardiens qui y vivent emmurés dans leur tour de pierre assistent fréquemment, s'il faut en croire la légende, à des scènes fantastiques dont ils aimeraient autant n'être pas les témoins.
Ils partagent, en effet, cet écueil avec le muet "batelier des âmes".
Les nuits de tourmente, quand souffle le "Kornog", ils le voient dans sa barque en forme de cercueil, empiler les uns sur les autres les cadavres errants des noyés que poussent vers lui les vagues et qu'il recueille à mesure tout ruisselants ...
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Anatole Le Braz
Nocturne

Le ciel s'éteint, tout va dormir
Je songe à des choses passées;
C'est à la fois peine et plaisir
La veilleuse du souvenir
S'allume au fond de mes pensées.(...)

( " Poèmes votifs")
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Blanche ou noire ? Faste ou néfaste ?
De la part de Dieu ou de la part du diable ? ...
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Le reflet du secteur vert, en passant sur elle, l’enveloppa d’une buée glauque. Elle me parut Athès en personne ; la Messaline des ondes, tout à coup surgie des gouffres du Raz pour son éternelle besogne d’incantation, de luxure et de mort !
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Anatole Le Braz
Le vent

Le vent qui vente est à la porte
Qui pleure comme une âme morte.
Il dit: "Ouvrez, au nom de Dieu !
Je vois chez vous lueur de feu,
je voudrais me chauffer un peu !"

Alors, j'ai dit à la servante":
Annick, ouvrez au vent qui vente !"
Et le vent qui vente est entré,
Et, devant l'âtre vénéré,
Doucement, il a soupiré.

Avec des bonds de chien folâtre,
La flamme a sursauté dans l'âtre:
" Salut !" a dit le foyer clair
- Car le foyer parle, en hiver-
"Salut au pauvre vent de mer !"

Le vent assis sur l'escabelle
a répondu de sa voix belle:
" Langue de feu chère aux humains,
Lèche les pieds, lèche les mains
Du voyageur des grands chemins !"

A la claire flamme vivante
S'est réchauffé le vent qui vente,
S'est réchauffé le vent errant
Qui toujours va courant, courant,
Si maigre qu'il est transparent.
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Le pardon finissait. L’ombre hâtive des nuits d’octobre était descendue sur la petite bourgade bretonne, dénouant les danses, dispersant les couples, le long des routes crépusculaires, à travers le silence des campagnes endormies. Emmanuel Prigent, dont le cœur n’avait pas encore parlé et qui n’avait pas de "douce" à ramener chez elle, demeura un instant sur la place à regarder l’"homme aux chansons" rassembler ses feuilles volantes, puis, après une courte discussion avec lui-même, il s’achemina vers l’auberge.
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A l'île de Sein, comme la propriété est infiniment morcelée, les conflits d'intérêts sont fréquents et engendrent parfois des rancunes inexpiables. Les femmes surtout sont acharnées à la vengeance. Trop faibles pour s'attaquer ouvertement à un ennemi, lorsque celui-ci est un homme, elles s'arrangent pour le vouer à la mer, c'est à dire à la mort.
Voici comment elles procèdent.
Il y a dans l'île un certain nombre de veuves réputées pour avoir reçu en naissant le don de vouer.
On ne les nomme pas tout haut, mais on les connait.
Elles ont, dit-on, commerce avec les mauvais Esprits des Eaux qui les admettent, la nuit, aux "Sabbats de la Mer". Elles se servent, pour se rendre à ces Sabbats, d'une embarcation de forme toute spéciale.
Vous avez vu nos îliennes ramasser du goémon dans le galet. Elles l'empilent dans des mannes d'osier, à fond rentrant comme un cul de bouteille, et, pour fixer la charge, y plantent une courte baguette appelée " bâ bédina" (bâton à goémonner).
Eh bien ! C'est dans une manne d'osier de ce genre que les Vieilles de Sabbat (Groac'hed ar Sabbad) vont faire leurs tournées de nuit...
(extrait de "Le bateau-sorcier" du chapitre "Appeler la mort sur quelqu'un")
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Les chemins bretons sont des fantaisistes,
Qui vont de travers, au lieu d'aller droit ;
Ils seront toujours aimés des artistes.

Pour avoir l'ombrage et l'abri d'un toit,
Les chemins bretons font, avec les branches,
Entre deux talus, un tunnel étroit.

Lorsqu'en les jardins s'ouvrent les pervenches,
Ils sont aussi beaux, les chemins bretons,
Avec leurs fleurs d'or, avec leurs fleurs blanches.

Les chemins bretons ont des hannetons,
Bourdonnant le soir comme des abeilles,
Et des chants d'oiseaux dits sur tous les tons.

Comme, en se signant, l'assurent les vieilles,
Les chemins bretons peuplés de lutins,
Lorsque vient la nuit, sont pleins de merveilles.

Les chemins bretons ne sont pas certains
De bien savoir où le bon Dieu les mène ;
Qu'importe ! Ils vont vers de gais lointains :

N'est-ce pas ainsi qu'est la vie humaine ?

("Les chemins bretons", extrait du "Livre champêtre" de Jos Parker - Caillière Éditeur)
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La femme partie, les hommes s'installèrent
à une petite table placée près du mort, sur laquelle brûlait une chandelle et où un rameau de buis trempait dans une assiette d'eau bénite.
Je ne vous ai pas encore dit leurs noms. C'étaient Fanch Vraz, de Kerautret, Luch ar Bitouz, du Minn-Camm, et les deux frères Troadek, de Kerelguin. Tous, gens résolus et sans souci, que la présence d'un cadavre n'était pas pour impressionner.
Fanch Vraz sortit de la poche de sa veste un jeu de cartes qui ne le quittait jamais.
_ coupe ! dit-il à Guillaume Troadek.
Et voilà le jeu en train.
Une heure durant, on joua, on but, on jura et sacra.
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Marie Cornic, de Bréhat, avait épousé un capitaine au long-cours qu'elle aimait de toute son âme. Malheureusement, par métier, il était obligé de vivre la plupart du temps loin d'elle. Marie Cornic passait ses nuits et ses jours à se repaître du souvenir de l'absent. Dès qu'il était parti, elle s'enfermait dans sa maison, n'acceptant d'autre compagnie que celle de sa mère qui demeurait avec elle et qui la morigénait même quelquefois sur cette affection trop exclusive qu'elle avait pour son mari.

Elle disait sans cesse :

_ Il n'est pas bon de trop aimer, Marie. Nos « anciens » du moins le prétendaient. Trop de rien ne vaut rien.

A quoi Marie ripostait aussi par un proverbe :

N'hen eus mann a vad bars ar bed,
Met caroud ha bezan caret.

« Il n'est rien de bon dans le monde - que d'aimer et d'être aimée. »
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Dans la grand’hune



La mer m’a versé son breuvage
Son lait, salé d’un sel amer ;
Et j’ai grandi comme un sauvage
Sur le sein libre de la mer.

La mer, de ses rudes caresses,
A pétri mon cœur et ma chair ;
Ce sont de farouches tendresses
Que les tendresses de la mer.

La mer m’a chanté l’aventure,
L’espace, la vie au grand air.
Je suis un oiseau de mâture,
Un goéland, fils de la mer !

Et si, dans ma chanson bretonne,
Un souffle passe, large et fier,
C’est qu’en moi gémit, hurle et tonne
L’âme innombrable de la mer.
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On appelle "noces noires", en certains cantons de la montagne bretonne, les secondes noces d'une veuve ou d'un veuf, sans doute parce ce qu'il en est qui conservent le deuil pour se remarier ...
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Ces lièvres, ce sont les âmes des anciens seigneurs qui font leur pénitence sous cette forme. Parce qu'ils faisaient trembler tout le monde de leur vivant, ils ont été condamnés à devenir les plus peureux des animaux après leur mort. Ils ne sont délivrés que lorsqu'ils ont essuyé de la part des chasseurs, qui tirent sur eux sans savoir qui ils sont, autant de coups de fusil qu'ils en ont tiré ou fait tiré eux-mêmes sur les pauvres gens qui étaient autrefois sous leur dépendance.

Le plomb les traverse de part en part sans les tuer et sans qu'il se répande une goutte de sang : mais ils ne souffrent pas moins le même mal que s'ils mouraient à chaque fois.

Le lièvre de Coatnizan
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Les prestiges de Viviane accompagnent chacun de vos pas dans cette contrée éminemment idyllique que, plus près de nous, a chanté Brizeux ...
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L'arbre consacré des cimetières bretons est l'if. Il n'y en a généralement qu'un par cimetière. On dit qu'il pousse une racine dans la bouche de chaque mort.
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Et c'était vrai. La vie allait et venait en lui tantôt plus tantôt moins, selon que la mer montait ou descendait. Il nous disait de ne pas s'en étonner, que cela était habituel chez les marins, quand ils étaient, comme lui, sur le point de quitter ce monde.
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Un moyen de connaître approximativement dans quel délai on doit mourir consiste à poser sur l'eau de certaines sources sacrées une croix faite de deux ramilles de saule. Si la croix flotte, la mort ne tardera guère ; si, au contraire, la croix s'enfonce, le terme est encore assez éloigné : il le sera d'autant plus qu'elle aura coulé plus vite.
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Vous les connaissez, ces villages de l'Armor trégorrois : ils se ressemblent tous.
Une seule rue, avec, d'un côté, une rangée de maisons basses orientées vers le large, et, de l'autre côté, la grève, jonchée d'énormes troupeaux de roches ou pavée d'une mosaïque de galets : tel est le type à peu près uniforme de tous les petits ports de cette région ; et Tréguignec est fait sur le modèle de ses voisins ...
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Marin qui siffle attire la tempête, gens qui chantent attirent le malheur ...
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Au laboureur les champs, au chasseur les bois, au pêcheur la mer et ses flots, et ses récifs et ses orages !
Le ciel au-dessus de sa tête, l'abîme sous ses pieds, il est libre, il n'a de maître que soi ...
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