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EAN : 9782841411603
111 pages
Editions L'Ancre de Marine (09/06/2002)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Première édition : 1901.

Dans la Bretagne du siècle dernier, l'île d'Ouessant — radeau de granit sur l'Océan — est une terre de légendes et de sortilèges.

On y évoque les sirènes, douze vierges belles comme des anges mais perverses comme des démons, dont les chants étaient autant d'appels d'amour, propres à séduire le cœur des jeunes hommes.

On raconte aussi qu'un îlien en pêcha une dans ses filets. Cet homme était le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Une prose poétique en granit…

Une envie d'air iodé, d'odeur de goémon, d'iles bretonnes aux paysages sauvages et austères, de légendes celtes et de sortilèges ? Ce livre est pour vous. Paru en 1901, aux éditions Calmann-Levy et contenant trois nouvelles : « le sang de la sirène », « Fille de fraudeur » et « Les noces noires de Guernaham », l'écriture est surannée, poétique, enracinée, ancrée.

« Des troupeaux de nuées grises, aux pis lourds, se lèvent avec l'aube, des lointains de la mer. Et ce sont des journées tristes, humides, les jours sans lumière et sans vie des commencements d'hiver en Bretagne ».

La famille Morvac'h, sur l'île d'Ouessant, est une famille heureuse. Des champs au soleil, une barque solide sur la mer, des piles de linge dans les armoires et, entre les piles de linge, des piles d'écus accumulés par la sagesse des vieux parents. le couple dans la force de l'âge, c'est un homme, Jean, homardier, robuste et travailleur, et une femme économe et gaie, d'une beauté à couper le souffle, d'ailleurs tous les ouessantins adorent Marie-Ange, cette jeune femme lumineuse à la coiffe carrée, aussi gracieuse que son nom. le narrateur nouvellement arrivé sur l'île qui nous raconte cette histoire incroyable succombe lui aussi aussitôt à son charme si singulier.

« Elle sourit ; ses dents de nacre humide perlèrent comme des gouttes de rosée entre ses lèvres closes ».

Hélas une malédiction pèse sur cette famille issue de la douzième sirène qui a, en son temps, trahi le peuple de la mer. Ces douze vierges sont, dit-on, belles comme des anges mais perverses comme des démons ; leurs chants sont autant d'appels d'amour, propres à séduire le coeur des jeunes hommes. D'après la légende, un îlien en pêcha une dans ses filets. Cet homme était le plus fier et le plus beau des gars d'Ouessant.
Elle le fit roi de la mer, les vagues lui apportaient les poissons et les épaves, les vents et les courants lui obéissaient, mais la malédiction des sirènes fut implacable et se poursuit encore sur tous ses descendants.

L'écriture d'Anatole le Braz est magnifique ! C'est la voix surannée des contes et des légendes celtes, c'est le chant traditionnel s'élevant de la Bretagne profonde. C'est la voix poétique du fond des mers, celle des îles suspendues entre ciel et terre, celle des forêts ensorcelées ou des calvaires hantés...au-delà des paysages décrits, sublimes, j'ai particulièrement savouré les descriptions des personnages que fait l'auteur les rendant très attachants, profondément humains.

« Nous vîmes entrer un garçonnet joufflu, d'un rouge pourpre, à qui l'ample ciré d'homme dont il était enveloppé donnait l'aspect d'un Esquimau ou d'un Groenlandais, d'un nain difforme des régions polaires. Il se coula, se blottit contre le géant affalé. Dans son visage dru, aux teintes de chair saumurée, ses yeux bleus, étonnamment bleus, luisaient ainsi que deux flaques d'eau marine ».

Le récit d'Anatole le Braz est également un éloge fier et amoureux de sa région, qui lui permet par la même occasion de faire connaitre les us et coutumes bretonnes du début du 20ème siècle.

« Je vais quelque fois, l'après-midi, chez des conteuses qu'on m'a signalées. Des vieilles, pour la plupart, de manières accueillantes et fines. Elles m'offrent du lait fermenté, des galettes, me font asseoir en face de l'âtre, devant un feu de bouse desséchée qui brasille dans flamme et, tout en cardant de la laine, me débitent d'une voix douce, au bruit grinçant des peignes de fer, de lamentables récits, des histoires d'intersignes, de morts étranges, de naufrages, lugubres à faire frissonner ».

La malédiction s'abattra-t-elle sur Jean et Marie-Ange ? Je vous laisse le découvrir…surtout n'hésitez pas car c'est un beau livre. Les récits d'Anatole le Braz me font un peu penser à ces ciels bretons…Des ciels pommelés, étranges et saisissants, capitonnés de petits nuages blancs, très doux, et propices tout autant au silence et à la sérénité qu'à l'émerveillement…


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En ce début de juillet, la pluie a décidé de battre tristement les carreaux.
C'est l'occasion de sauter sur le pont de la Louise, le steamer qui, trois fois par semaine, entre le feux blanc de St Mathieu et le rouge des Pierres Noires, fait le service d'Ouessant.
Et d'ouvrir "Le sang de la sirène" d'Anatole le Braz.
C'est l'occasion de saisir l'infinie tristesse qui se dégage de ce beau livre.
Il est paru en 1901, aux éditions Calmann-Levy.
Il contient trois nouvelles : "le sang de la sirène", "fille de fraudeurs" et les noces noires de Guernaham".
L'écriture splendide d'Anatole le Braz vient d'un autre temps.
Elle en retrouve les subtils parfums perdus.
Marie-Ange est une jeune ouessantine à la coiffe carrée.
Elle a épousé Jean Morvac'h, breveté pilote au service, et homardier de son état.
Mais une malédiction pèse sur cette ancienne famille issue de la douzième sirène, et qui a trahi le peuple de la mer ...
Pour en savoir plus, il vous faudra trouver quelqu'un d'autre.
Moi, je ne peux pas.
En Bretagne, il faut vivre en bons termes avec tout le monde.
Car à l'heure des phares électriques, le vieux naturalisme celtique n'est pas tout à fait encore éteint.
Ici, dans le livre, il parle par la voix d'un jeune "pastoure" qui "paissait" la vache d'un des guetteurs du sémaphore.
Il raconte de vieilles superstitions naïves en les peignant d'un cruel et dur réalisme.
C'est un véritable plaisir que de lire un style aussi beau, des descriptions aussi travaillées et évocatrices.
La littérature d'Anatole le Braz est une porte, un passage, dissimulée derrière ses mots, vers un passé à la fois imaginaire et réel.
C'est le fantasme réécrit d'un "pays", d'un peuple.
C'est le monde ordinaire qui croise la légende.
C'est la vieille croyance celte qui s'invite au coin de l'âtre.
Nous voici revenus en Bretagne septentrionale, dans l'Armor trégorrois avec "fille de fraudeurs".
Nous voici revenus aux beaux temps de la fraude maritime.
L'amour pour la fille du roi des fraudeurs s'insinue dans le coeur d'un lieutenant des douanes.
Une terrible scène annonce la tragédie.
On ne se fait pas douanier pour mener une placide existence de commis aux écritures ou de bourgeois renté ...
Il y a du Eugène Sue, du Mérimée, du Dumas même, là-dedans.
Le troisième et dernier texte, "les noces noires de Guernaham", est une histoire presque banale, un amour comme seul l'attachement à la terre peut en engendrer.
Mais elle est contée par un maître conteur des longues soirées paisibles au coin du feu.
Emmanuel Prigent est, sous taillis et sous lande, le chef de labour d'un domaine de plus de 50 journaux de terre, sous la direction de Renée-Anne, la jeune veuve qui avait épousé la brute de Constant Dagorn ...
Gageons que la pluie ne s'arrêtera qu'une fois ce beau livre refermé ...
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Besoin impérieux de vacances ?
Plongez-vous sans résistance dans ce petit roman aux relents salés d'océan, aux paysages sauvages à couper le souffle, aux îliens si attachants et terriblement ancrés sur leur morceau de terre d'Ouessant-du-bout-du-monde.

Anatole le Braz, avec son langage d'un autre temps, m'a séduite instantanément. Il m'a invitée à fermer les yeux (Euh... pas tout à fait : j'étais au volant de ma voiture à longer le Lac Léman à l'écoute de ce roman lu et relié à moi par la voix enchanteresse d'une Gaëlle dont je ne sais rien de plus).
Les mots chantant du début du 20ème siècle, les tournures de phrases, l'amour d'Anatole le Braz pour la poésie et son appartenance à cette Bretagne que j'aime tant m'ont transportée et enchantée tout au long du voyage.
C'est que j'aime les contes et leurs êtres fantastiques. Parlez-moi des Morganes, des Sirènes et du Roi de la mer... Parlez-moi de rumeurs, de sorts et de secrets... Parlez-moi du fond des mers, de forêts sacrées ou de calvaires hantés... Et je plonge, je gravis, je sonde sans réticence et sans peur ces mondes merveilleux pour retrouver, l'espace d'une lecture, mon petit coin d'enfance ravi de s'émerveiller devant des possibles sans limites.

La Bretagne me verra à nouveau boire à sa source et sillonner ses terres l'été prochain. Eusa m'appellera certainement pour une nouvelle rencontre.
J'ouvrirai grand mes oreilles pour entendre le chant des sirènes dans le Fromveur. Je suis si impatiente !

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Ecrit à la 1ère personne par Anatole le Braz, c'est à la fois le récit, émouvant, de la fascination et de la séduction - bien involontaire - qu'exerce sur lui une jeune et très belle femme et un précieux document ethnographique sur l'une des traditions fortes et ancestrales de Ouessant. Le Braz suit - en tout bien tout honneur : elle est mariée - cette jeune femme qui se révèle être un personnage au coeur de cette tradition. Le Braz devient un Thésée cherchant une Ariane.. ou quand le pêcheur de contes, de légendes et de chansons tombe amoureux de son objet d'étude..
L'ethnographie se trouve peu à peu teintée de mystère, de poésie, de croyance, de récit où le surnaturel tisse la réalité et aide probablement les vivants à trouver un sens à la mort, surtout quand elle est inexpliquée.
Mais combien d'ethnographe écrivent comme A le Braz ? Il n'y a, à ma connaissance, qu'un Pierre (Per) Jakez-Hélias (dans l'Herbe d'Or par exemple) qui l'égale, et encore ! L'écriture de le Braz me paraît encore plus juste que celle d'Hélias, dans sa poésie retenue pour évoquer les ambiances, les paysages de la terre, de la mer et du ciel.
L'un des plus beaux textes sur Ouessant qui m'ait été donné de lire - et j'en ai lu pourtant quelques-uns (de Henri Quéffélec notamment) - à tel point que j'ai été surpris - et un peu triste - quand en tournant une page j'ai vu que le chemin de la lecture s'arrêtait là, au bord de la falaise.
"Le Braz" en breton signifie "le grand". Anatole le Braz porte très bien son nom !
J'aurais bien pris encore une dose d'embruns à Ouessant !
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Les années passent et le souvenir des écrits d'Anatole le Braz aussi ! Même si je n'ai pas été totalement insensible à cette histoire folklorique qui se passe sur l'île d'Ouessant, c'est un peu dépassé et a laisser au fond d'une veille armoire bretonne.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Les mains appuyées au bastingage, je regardais, dans le crépuscule embrumé d’un pâle matin d’octobre, se lever, de-ci de-là, sur les eaux, des formes d’îles aux contours imprécis, qu’on eût pu prendre aussi bien pour un fantastique troupeau de monstres. La vitesse de notre marche leur communiquait une sorte de vie mystérieuse, dans la clarté trouble du demi-jour où flottaient encore des restes de nuit. On les voyait surgir confusément et, presque aussitôt, s’atténuer, disparaître comme emportées par la fuite mouvante des houles.
(Incipit)
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Qui peindra jamais avec des mots la magie d’un lever de soleil sur l’océan ? Des irisations merveilleuses couraient à la cime des vagues. Nous nous faisions l’effet de voguer sur des eaux féeriques, à travers un amoncellement invraisemblable de pierreries en fusion. On eût dit un satin transparent, déroulé à l’infini, une de ces étoffes dont parlent les contes, qui sont tissées avec des rayons et constellées de gemmes par myriades.
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Soudain, il dit :
— Molène !
Il me montrait du geste une haute croupe dénudée, une espèce de morne roussâtre vers lequel le vapeur inclinait maintenant sa marche.
— N’est-ce pas, continua le facteur, qu’elle mérite bien son nom d’« Ile Chauve » ? C’est, un proverbe du pays qu’il n’a jamais poussé dans Molène que deux arbres, l’un en pierre, et c’est le clocher, l’autre en fer, et c’est le mât du sémaphore.
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Même temps qu’hier : un ciel tout neuf, la limpidité des matinées de Bretagne en octobre, une lumière idéale, élyséenne, une lumière finement bleutée. La ruelle, devant ma fenêtre, s’ouvre sur une filtrée de mer assoupie où des barques se balancent doucement.
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- Une vieille folle ! opina le syndic.
Figurez-vous qu'elle prétend savoir une couple de jours à l'avance tous les malheurs qui doivent se produire en mer, dans un rayon de six lieues à l'entour de l'île.
On l'a surnommée, à cause de cela, Strw an Ankou, la mouette de la mort.
Les gens vous affirmeront qu'elle converse avec les goélands dans leur langue.
Ce qui est sûr, c'est que le chaume de sa maison est tout englué de la fiente de ces oiseaux.
Quand ils sont blessés, elle les soigne, et quelquefois les guérit, grâce à des onguents dont elle a le secret ...
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