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Citations de André Velter (375)


À l'intérieur on songe



« L’improbable poésie, son bégaiement, ses grèves »
fragment 5

Lui non plus

À la surface il sème
C’est son ombre qui nage

Les miroirs le tuent vite
Il ne prend pas de gants

Un suspens infini ou pendu par les ailes
Pour tisonner les tentations de la dernière chance


Avec lui pas de cap
Une hantise à contre-jour

Sa magie coupe les lames
Le rire souterrain il vous le rentre dans le gosier

Par le soufre par l’ail et par le vétiver
C’est le fils de pilaf et de la soésie

Une tradition de crocheteurs célestes
Avec une dextérité de clefs de voûte aux doigts

Avec lui c’est la neige ou le diamant qui brûle
Pas de mégot pas de mesure



//Serge Sautreau poète français (16/10/1943 - 18/03/2010)
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À l'intérieur on songe



« L’improbable poésie, son bégaiement, ses grèves »
fragment 4

Croyez-vous qu’elle perde la tête non elle allonge le bras
Et traverse le mur
Un jour elle a épouvanté nosfératu
Mais elle est très collet monté avec elle pas question
    d’oiseaux nus
Ni d’épopées de draps froissés à travers les halètements
    d’octobre
Elle trame avec soin son hérésie de vieille migraine
De vieille mélopée qui ploie sa plainte sous la pluie
Le central ni personne n’ont besoin de ses murmures de
    laine tondue
Sa cote est vide à la corbeille
La doésie n’a pas d’avenir prévisible ni de carnet à souches
Son présent perpétuel la protège à coups de cravache
    et ça pleut
Ca pleut à l’infini dans ses greniers de belette grise



//Serge Sautreau poète français (16/10/1943 - 18/03/2010)
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À l'intérieur on songe



« L’improbable poésie, son bégaiement, ses grèves »
fragment 3

Il y a aussi la doésie
La petite souffreteuse de machine à moudre
Ella a un châle de soupirs prophétiques mais à peine les
    entend-on
Qu’elle s’est mordu le doigt
L’extérieur s’en désintéresse il a grand tort
C’est une indic de première
Un aérolite à tête chercheuse dans le for intérieur du catimini
Pour la lâcher macache
En filature elle est indécrottable

Sa fenêtre domine
Une cour perchée très étroite et pleine de jaune d’œuf
Elle le sait son nid d’aigle qu’il a du plomb dans la diérèse
Mais elle s’en moque ou fait comme si
Ses travaux à domicile lui font approcher le big bang



//Serge Sautreau poète français (16/10/1943 - 18/03/2010)
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À l'intérieur on songe



« L’improbable poésie, son bégaiement, ses grèves »
fragment 2

À l’intérieur on songe
Quelle avant-garde vraiment vraiment

Les âpretés élémentaires elle en fait amnésie
D’autres rébus l’attendent à équation sur césure
C’est fou ce détergent qui vous nettoie le mental en
    regardant ailleurs

À l’intérieur on songe
À de la koésie

L’extérieur s’en désintéresse



//Serge Sautreau poète français (16/10/1943 - 18/03/2010)
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À l'intérieur on songe



« L’improbable poésie, son bégaiement, ses grèves »
fragment 1

La koésie est un dîner de gala chez les sans-papiers
En partant elle emporte tout
Même les montres

Elle a ses entrées dans les salles de contrôle
Tous les écrans pour capter l’indicible
Les cordages piègent le vent c’est de la buée de pauvres
On en fera un ressac sur un catamaran
L’absence de toute idée aura le dernier mot : formel
D’autres disent formol mais ce sont des alouettes d’angle

La koésie ne fréquente pas pour rien
Les polices de caractères
Question liberté elle a le bracelet agile
Elle tend les mains les arabes trinquent
Elle voile sa page les noirs dégustent
Elle joue aux dés c’est la débâcle
Elle vise au cœur ça marche droit
À l’intérieur on songe il y a de l’embauche dans l’air

Jamais cette jeune fille au pair n’a été hors la loi
On ne décèle pas le moindre écart dans sa tenue et quand
    elle semble
Coïncider avec la catastrophe c’est une crise de rien
Un revers de langage pas de quoi faire une émeute et de
    nos jours
Elle chasse le sens comme au charter ou pour un safari :

Qu’il n’en reste rien pas un cri pas une bribe
For-mel je vous dis et tout dans l’impassible
Dehors il n’y a rien dedans c’est de la chaux parlons bretelles
    sur web



//Serge Sautreau poète français (16/10/1943 - 18/03/2010)
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quel royaume ?



[…]

tant d’altitudes inouïes aux ciels de la terre
tant de déesses et de dieux oubliés
tant de promesses sous des fougères sombres
tant de résurrections à l’arraché

mais quel royaume
quel royaume ?

tant de surplombs
tant de refus et d’insouciances
tant de caresses fauves sans fausseté
tant et tant d’appels solaires

mais quel royaume
quel royaume
quel royaume
quel royaume
quel royaume

pour mon amour ?
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(y aller)



arrivée sans lieu
voyage sans but

qui s’en irait
rejoindre un coup de vent
une poignée de poussière
un envol de feuilles sèches
l’écho d’un poème
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(à jamais)



Proche de qui s’égare loin de qui s’en saisit,
chante Hadewijch d’Anvers la béguine flamande,

et c’est l’amour
à jamais en déroute
par les chemins creux
du corps, des dunes et des taillis.
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PRINCIPES DE LA RAISON SUBLIME



Que le corps
sur la terre comme au ciel
dans les langes ou les limbes
jeté
à tous les horizons.

Que l’errance
de ce moment de nous
qui n’est que muscle et âme
nouée
à la pierre qui roule.

Que cela
qui naît venant d’ailleurs
qui meurt reprenant souffle
légué
à la danse du vent.

Que le sable
sans pays ni frontière
qui s’alloue toujours moins
gagné
à l’envers des conquêtes.

Que l’amour
le soleil à l’épaule
écrit avec une aile
joué
à la gloire de Faust.

Que le chant
des bêtes et des anges
pour être hors du temps
sauvé
à la grâce du feu.
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Solitude comme ivresse
Où l'on se reconnaît
Marchant à côté de soi

Exilé à midi
Sous l'astre toujours clair
Qui se fait plus lourd
Qu'un miroir de plomb
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Tout poème commence
Par un "je ne sais pas
D'où vient cette rumeur,
Ce cri, cette hécatombe"

Même s'il n'en reste rien
Ou à peine une ombre
Et ce souffle sans corps
Sur la peau, sur la page

Le poème passe
Avant que de passer
D'un seul coup d'un seul

Par l'invisible bouche
Entre ce qui le perd
Et ce qu'il a perdu
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André Velter
SUR UN THÈME DE WALT WHITMAN



J'avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà, déjà largué plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois

comme un amnésique aux yeux éblouis qui filerait droit en dansant

sur la ligne d'infini où la peau et les os s'accordent un vrai baiser de sable.

Ce n'est pas rien d'être ce mouvement violent aux lèvres du néant,

pas rien de changer le requiem de l'âme en murmure d'or et de poussière,

en facéties d'atomes, en feulement d'herbes, de flammes ou de pierres, pas rien d'échapper au corps du grand repos.

(Tout est ici maintenant et dans la suite des âges intensité de cri naissant,

ferveur et étreinte, ciel et fusion, tension d'amant, partage secret de l'impossible...

Tout est cette mort qui s'efface

quand vient un amour face à face.)

Je suis dans l'éternelle errance avec ce qui restera toujours de lumière,

de source de feu toujours et de fille cavalière.

Je suis dans l'éternel présent, dans l'offrande du sol, des nerfs, des caresses,

dans l'éloge des visages égarés, transparents, dans le rire à pleines dents d'une vertu cannibale bien plus que cardinale,

dans la beauté du réel absolu qui fut soif des songes et dans le midi du monde.

Je me trouve quand je me perds,

quand je vis sur le départ, l'arête vive du premier pas, l'envol de l'éphémère.

Je ne balance pas, je bascule,

je plonge dans le lait de l'aube, sous les braises du soir, avec la même impatience de jour ou de nuit.

(Tout m'est éclat et éclair, archipel et steppe immense, bris de clôtures, bris d'épaves, bris de brisures...

J'assemble ce qui me disperse, je sème ce qui ne donnera pas de fruit,

je veux jouir d'une eau aride, d'une terre sans freins ni frontières

jouer de la vitesse de mes visions

en connaissant l'extase douce

d'un cavalier qui ralentit l'allure

à mesure que monte le soleil face à face.)

Je suis dans le souffle du vent d'Est mêlé aux migrations des chants,

je suis dans le souffle du
Levant

et parle ma langue, et rêve mes rêves, mes désirs féroces, mes abattements,

et parle ce que ma bouche a éprouvé, les accents et les tempes, les sexes et la buée,

la saveur des voyelles comme des filles

de voyous bien balancés,

le goût des feuilles sèches

et les reins déclinés,

et parle ce qui s'inscrit avec les dents sur la chair pourrie de l'époque.

Je suis plus que celui qui nie.

Je n'ai pas signé le pacte que tous ont signé.

Je regarde mes mains sans prier

et voudrais qu'elles soient énormes.

(Toute la morale que l'on nous vend,

avec ses longs cils de bébé-phoque, avec son roi d'évêque analysé, avec sa camisole de farce télévisée,

toute la morale que l'on nous vend est un neuroleptique,

tisane du piètre, tison mourant, théine éventée et atone

qui changent le sang en cendre, la passion en passoire et le jus des couilles en gomme pasteurisée.)

Je n'attends plus, ne reviens plus, je suis dans le décalage de l'éternel retour dans la spirale qui creuse le regard et le cœur qui creuse les tombeaux de l'espèce,
tombeaux de vieille agonie où je ne veux plus penser où je ne veux plus passer ni mourir ni entendre de mélopée indiciaire et molle, de profession de foi, d'engagement pour
l'avenir, de contrat de confiance, de charte inaliénable...

Car la loi est le leurre suprême,

le social châtiment à perpétuité au voisinage de la norme,

mitoyenneté entre persécutés, entre persécuteurs, mitoyenneté entre prisonniers et gardiens de prison.

Les hommes se reproduisent plus vite que leurs ombres

mais beaucoup moins que leur volonté d'impuissance, mais beaucoup moins que les chiens et les rats.

Les hommes adoptent un profil bas,

et le
Livre des livres n'existe pas.

Il n'est plus temps que de se jeter à jamais

à l'assaut de soi

et partout sur les routes.

J'avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà,

déjà vivant plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois

comme un archer aux yeux très clairs qui suivrait sa flèche en dansant

dans la lumière, dans la lumière.


J'avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà, déjà largué plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois

comme un amnésique aux yeux éblouis qui filerait droit en dansant

sur la ligne d'infini où la peau et les os s'accordent un vrai baiser de sable.

Ce n'est pas rien d'être ce mouvement violent aux lèvres du néant,

pas rien de changer le requiem de l'âme en murmure d'or et de poussière,

en facéties d'atomes, en feulement d'herbes, de flammes ou de pierres, pas rien d'échapper au corps du grand repos.

(Tout est ici maintenant et dans la suite des âges intensité de cri naissant,

ferveur et étreinte, ciel et fusion, tension d'amant, partage secret de l'impossible...

Tout est cette mort qui s'efface

quand vient un amour face à face.)

Je suis dans l'éternelle errance avec ce qui restera toujours de lumière,

de source de feu toujours et de fille cavalière.

Je suis dans l'éternel présent, dans l'offrande du sol, des nerfs, des caresses,

dans l'éloge des visages égarés, transparents, dans le rire à pleines dents d'une vertu cannibale bien plus que cardinale,

dans la beauté du réel absolu qui fut soif des songes et dans le midi du monde.

Je me trouve quand je me perds,

quand je vis sur le départ, l'arête vive du premier pas, l'envol de l'éphémère.

Je ne balance pas, je bascule,

je plonge dans le lait de l'aube, sous les braises du soir, avec la même impatience de jour ou de nuit.

(Tout m'est éclat et éclair, archipel et steppe immense, bris de clôtures, bris d'épaves, bris de brisures...

J'assemble ce qui me disperse, je sème ce qui ne donnera pas de fruit,

je veux jouir d'une eau aride, d'une terre sans freins ni frontières

jouer de la vitesse de mes visions

en connaissant l'extase douce

d'un cavalier qui ralentit l'allure

à mesure que monte le soleil face à face.)

Je suis dans le souffle du vent d'Est mêlé aux migrations des chants,

je suis dans le souffle du
Levant

et parle ma langue, et rêve mes rêves, mes désirs féroces, mes abattements,

et parle ce que ma bouche a éprouvé, les accents et les tempes, les sexes et la buée,

la saveur des voyelles comme des filles

de voyous bien balancés,

le goût des feuilles sèches

et les reins déclinés,

et parle ce qui s'inscrit avec les dents sur la chair pourrie de l'époque.

Je suis plus que celui qui nie.

Je n'ai pas signé le pacte que tous ont signé.

Je regarde mes mains sans prier

et voudrais qu'elles soient énormes.

(Toute la morale que l'on nous vend,

avec ses longs cils de bébé-phoque, avec son roi d'évêque analysé, avec sa camisole de farce télévisée,

toute la morale que l'on nous vend est un neuroleptique,

tisane du piètre, tison mourant, théine éventée et atone

qui changent le sang en cendre, la passion en passoire et le jus des couilles en gomme pasteurisée.)

Je n'attends plus, ne reviens plus, je suis dans le décalage de l'éternel retour dans la spirale qui creuse le regard et le cœur qui creuse les tombeaux de l'espèce,
tombeaux de vieille agonie où je ne veux plus penser où je ne veux plus passer ni mourir ni entendre de mélopée indiciaire et molle, de profession de foi, d'engagement pour
l'avenir, de contrat de confiance, de charte inaliénable...

Car la loi est le leurre suprême,

le social châtiment à perpétuité au voisinage de la norme,

mitoyenneté entre persécutés, entre persécuteurs, mitoyenneté entre prisonniers et gardiens de prison.

Les hommes se reproduisent plus vite que leurs ombres

mais beaucoup moins que leur volonté d'impuissance, mais beaucoup moins que les chiens et les rats.

Les hommes adoptent un profil bas,

et le
Livre des livres n'existe pas.

Il n'est plus temps que de se jeter à jamais

à l'assaut de soi

et partout sur les routes.

J'avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà,

déjà vivant plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois

comme un archer aux yeux très clairs qui suivrait sa flèche en dansant

dans la lumière, dans la lumière.
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André Velter
SUR UN THÈME DE WALT WHITMAN



J'avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà, déjà largué plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois

comme un amnésique aux yeux éblouis qui filerait droit en dansant

sur la ligne d'infini où la peau et les os s'accordent un vrai baiser de sable.

Ce n'est pas rien d'être ce mouvement violent aux lèvres du néant,

pas rien de changer le requiem de l'âme en murmure d'or et de poussière,

en facéties d'atomes, en feulement d'herbes, de flammes ou de pierres, pas rien d'échapper au corps du grand repos.

(Tout est ici maintenant et dans la suite des âges intensité de cri naissant,

ferveur et étreinte, ciel et fusion, tension d'amant, partage secret de l'impossible...

Tout est cette mort qui s'efface

quand vient un amour face à face.)

Je suis dans l'éternelle errance avec ce qui restera toujours de lumière,

de source de feu toujours et de fille cavalière.

Je suis dans l'éternel présent, dans l'offrande du sol, des nerfs, des caresses,

dans l'éloge des visages égarés, transparents, dans le rire à pleines dents d'une vertu cannibale bien plus que cardinale,

dans la beauté du réel absolu qui fut soif des songes et dans le midi du monde.

Je me trouve quand je me perds,

quand je vis sur le départ, l'arête vive du premier pas, l'envol de l'éphémère.

Je ne balance pas, je bascule,

je plonge dans le lait de l'aube, sous les braises du soir, avec la même impatience de jour ou de nuit.

(Tout m'est éclat et éclair, archipel et steppe immense, bris de clôtures, bris d'épaves, bris de brisures...

J'assemble ce qui me disperse, je sème ce qui ne donnera pas de fruit,

je veux jouir d'une eau aride, d'une terre sans freins ni frontières

jouer de la vitesse de mes visions

en connaissant l'extase douce

d'un cavalier qui ralentit l'allure

à mesure que monte le soleil face à face.)

Je suis dans le souffle du vent d'Est mêlé aux migrations des chants,

je suis dans le souffle du
Levant

et parle ma langue, et rêve mes rêves, mes désirs féroces, mes abattements,

et parle ce que ma bouche a éprouvé, les accents et les tempes, les sexes et la buée,

la saveur des voyelles comme des filles

de voyous bien balancés,

le goût des feuilles sèches

et les reins déclinés,

et parle ce qui s'inscrit avec les dents sur la chair pourrie de l'époque.

Je suis plus que celui qui nie.

Je n'ai pas signé le pacte que tous ont signé.

Je regarde mes mains sans prier

et voudrais qu'elles soient énormes.

(Toute la morale que l'on nous vend,

avec ses longs cils de bébé-phoque, avec son roi d'évêque analysé, avec sa camisole de farce télévisée,

toute la morale que l'on nous vend est un neuroleptique,

tisane du piètre, tison mourant, théine éventée et atone

qui changent le sang en cendre, la passion en passoire et le jus des couilles en gomme pasteurisée.)

Je n'attends plus, ne reviens plus, je suis dans le décalage de l'éternel retour dans la spirale qui creuse le regard et le cœur qui creuse les tombeaux de l'espèce,
tombeaux de vieille agonie où je ne veux plus penser où je ne veux plus passer ni mourir ni entendre de mélopée indiciaire et molle, de profession de foi, d'engagement pour
l'avenir, de contrat de confiance, de charte inaliénable...

Car la loi est le leurre suprême,

le social châtiment à perpétuité au voisinage de la norme,

mitoyenneté entre persécutés, entre persécuteurs, mitoyenneté entre prisonniers et gardiens de prison.

Les hommes se reproduisent plus vite que leurs ombres

mais beaucoup moins que leur volonté d'impuissance, mais beaucoup moins que les chiens et les rats.

Les hommes adoptent un profil bas,

et le
Livre des livres n'existe pas.

Il n'est plus temps que de se jeter à jamais

à l'assaut de soi

et partout sur les routes.

J'avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà,

déjà vivant plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois

comme un archer aux yeux très clairs qui suivrait sa flèche en dansant

dans la lumière, dans la lumière.


J'avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà, déjà largué plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois

comme un amnésique aux yeux éblouis qui filerait droit en dansant

sur la ligne d'infini où la peau et les os s'accordent un vrai baiser de sable.

Ce n'est pas rien d'être ce mouvement violent aux lèvres du néant,

pas rien de changer le requiem de l'âme en murmure d'or et de poussière,

en facéties d'atomes, en feulement d'herbes, de flammes ou de pierres, pas rien d'échapper au corps du grand repos.

(Tout est ici maintenant et dans la suite des âges intensité de cri naissant,

ferveur et étreinte, ciel et fusion, tension d'amant, partage secret de l'impossible...

Tout est cette mort qui s'efface

quand vient un amour face à face.)

Je suis dans l'éternelle errance avec ce qui restera toujours de lumière,

de source de feu toujours et de fille cavalière.

Je suis dans l'éternel présent, dans l'offrande du sol, des nerfs, des caresses,

dans l'éloge des visages égarés, transparents, dans le rire à pleines dents d'une vertu cannibale bien plus que cardinale,

dans la beauté du réel absolu qui fut soif des songes et dans le midi du monde.

Je me trouve quand je me perds,

quand je vis sur le départ, l'arête vive du premier pas, l'envol de l'éphémère.

Je ne balance pas, je bascule,

je plonge dans le lait de l'aube, sous les braises du soir, avec la même impatience de jour ou de nuit.

(Tout m'est éclat et éclair, archipel et steppe immense, bris de clôtures, bris d'épaves, bris de brisures...

J'assemble ce qui me disperse, je sème ce qui ne donnera pas de fruit,

je veux jouir d'une eau aride, d'une terre sans freins ni frontières

jouer de la vitesse de mes visions

en connaissant l'extase douce

d'un cavalier qui ralentit l'allure

à mesure que monte le soleil face à face.)

Je suis dans le souffle du vent d'Est mêlé aux migrations des chants,

je suis dans le souffle du
Levant

et parle ma langue, et rêve mes rêves, mes désirs féroces, mes abattements,

et parle ce que ma bouche a éprouvé, les accents et les tempes, les sexes et la buée,

la saveur des voyelles comme des filles

de voyous bien balancés,

le goût des feuilles sèches

et les reins déclinés,

et parle ce qui s'inscrit avec les dents sur la chair pourrie de l'époque.

Je suis plus que celui qui nie.

Je n'ai pas signé le pacte que tous ont signé.

Je regarde mes mains sans prier

et voudrais qu'elles soient énormes.

(Toute la morale que l'on nous vend,

avec ses longs cils de bébé-phoque, avec son roi d'évêque analysé, avec sa camisole de farce télévisée,

toute la morale que l'on nous vend est un neuroleptique,

tisane du piètre, tison mourant, théine éventée et atone

qui changent le sang en cendre, la passion en passoire et le jus des couilles en gomme pasteurisée.)

Je n'attends plus, ne reviens plus, je suis dans le décalage de l'éternel retour dans la spirale qui creuse le regard et le cœur qui creuse les tombeaux de l'espèce,
tombeaux de vieille agonie où je ne veux plus penser où je ne veux plus passer ni mourir ni entendre de mélopée indiciaire et molle, de profession de foi, d'engagement pour
l'avenir, de contrat de confiance, de charte inaliénable...

Car la loi est le leurre suprême,

le social châtiment à perpétuité au voisinage de la norme,

mitoyenneté entre persécutés, entre persécuteurs, mitoyenneté entre prisonniers et gardiens de prison.

Les hommes se reproduisent plus vite que leurs ombres

mais beaucoup moins que leur volonté d'impuissance, mais beaucoup moins que les chiens et les rats.

Les hommes adoptent un profil bas,

et le
Livre des livres n'existe pas.

Il n'est plus temps que de se jeter à jamais

à l'assaut de soi

et partout sur les routes.

J'avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà,

déjà vivant plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois

comme un archer aux yeux très clairs qui suivrait sa flèche en dansant

dans la lumière, dans la lumière.
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André Velter
SHEKAWATI BLUES



Mandawa des rives du désert, cité des sables,
On espère des cavaliers qui ne viendront pas.
Le destin a glissé l'amorce d'un trépas
Sur ce monde immobile, incertain et friable.

Les fresques des maisons des marchands qui ont fui
Sont les reflets du songe de ce que fut la vie
Du temps où s'échangeaient aux chemins d'Arabie
Les épices et l'encens, le thé, l'argent, les fruits.

Les frontières ont fermé l'immensité du verbe,

L'infini des passeurs, le vertige des devins,

Le sombre chant de ceux qui savent que tout est vain

Hors l'errance des choses ou l'inconnu superbe.

Les havelis s'effritent et commence la fable :

La brume sur le désert,
Mandawa dans les sables...

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André Velter
LE BEL ABSOLU



La vie commence à
Zanzibar droit devant où nous n'allons pas la vie commence de ce côté où l'âme nous viendrait à la bouche.

J'ai vu souvent ce désir sur la mer souvent cette aile rouge dans les sables souvent cette buée d'impatience dessus la peau du monde dessus la plaie du monde

et me souviens

que je me souvenais de travers

du refrain du
Chant des canons

comme si une parodie de quat'sous

se devait de m'offrir une virée de prince.

Dans ma mémoire jamais les soldats ne marchèrent * du
Cap à
Couch
Bebar » mais martelé à mon rythme : « du
Gange à
Zanzibar ».

Pas de doute

je trafiquais un air connu

les sons portaient le sens

très au-devant de moi

très au-dedans des temps.

Les mots se faisaient la valise.

Il n'était pas question de taire les e muets.

«
Le canon ton-ne «
Les pas réson-nent «
Du
Gange à
Zanzibar «
La pluie peut bien tomber «
Nous pouvons bien crever «
Le cœur nous dam-ne «
Nous sommes infâ-mes «
Du
Gange à
Zanzibar...

La musique ne changeait pas seule la dérive des paroles où le soleil cramait le bronze où les voix effaçaient les pas où l'amour ne se damnait plus comme si les tueries
s'étaient tues.

«
Le soleil ton-ne «
Les voix réson-nent «
Du
Gange à
Zanzibar «
Le vent peut bien tomber «
Nous pouvons bien crier «
Coûte que coû-te «
Nous sommes en rou-te «
Du
Gange à
Zanzibar...

Les bruits de bottes

s'égarent dans la poussière

ne restent guère que les ombres sonores

de cadences guerrières

passées à l'impossible

avec armes et bagages.

«
L'âme déton-ne

«
Les corps s'éton-nent

«
Du
Gange à
Zanzibar

«
Le feu peut bien brûler

«
Nous pouvons bien flamber

«
Notre infortu-ne

«
Décroche la lu-ne

«
Du
Gange à
Zanzibar...

Ce n'est plus qu'un murmure une rumeur d'oubli sur la face nord de l'horizon sur la face nord de la fournaise quand la colère s'est clouée au fond de la
Mer rouge.
Ce n'est plus qu'une attente une fausse agonie qu'un rien pourrait laver s'il suffisait d'en rire.

Là-bas est le secret de l'autre là-bas est le sel de la vie là-bas est l'accès au trépas

là-bas le bel absolu danse aux bras d'une inconnue

voire de l'inconnu en personne ou peut-être d'une infirmière.

On ne sait plus ce qui nous perd. À toute heure du jour et de la nuit la désertion est une aube le silence une source la lumière une fée

laissée en appelant au démon de midi.
On ne sait plus ce qui nous fuit ce qui nous suit ce qui nous saigne.

Tu as les pieds sur terre

et fais le saut de l'ange

dans tout ce vide que creusent en toi

des désirs de saint-corsaire

de rat des sables ou d'insoumis

sans nom sans cause sans descendance.

Au diable le retard de
Dieu

sur le meurtre des choses

la corrosion de l'infini

la discordance des corps et des temps!

L'île s'est engloutie au soleil

avec ses caps d'éternité

ses plages trop blanches

ses clous de girofle contre les rages de dents.

Il n'y a plus de comptoirs

où compter l'or

tirer les dernières cartouches

caler ses exaspérations sous les ventilateurs.

Il y a un songe troué à la place de la tête

une effraction de soi

qui vous jette au-dehors

seul comme un tueur de chiens

qui répandrait des aumônes.

L'île revient à l'abordage

chaque fois que s'ajourne un départ

elle est là plus loin qu'ici

dans un futur-présent délivré de maintenant

elle est là

intense et chimérique

en offrande acharnée à forcer

le seuil d'une plénitude pleine et entière.

Mais ça manque de dépeupleurs

de noceurs infertiles

d'amants aussi beaux que des dieux éphémères

d'hommes en exil d'espèce!

Tu es à l'écart de toi-même

dans cet espace dès toujours blessé

où être et ne pas être

forment unique réponse.

Le réel vacille

de turbulences de bon secours

en malédiction sans réplique.

Le réel endure son mouvement

d'éclair métronome

et tu te tiens sur la corde raide de tes nerfs

tu mets l'au-delà en faillite

tu t'absentes à la moindre effusion.

On veut rejoindre ce qui nous perd

on veut passer en catastrophe

par la demeure inaltérable

par le cristal de long effort

par le souffle d'ardente joie

on veut et l'écho et la voix

avec en prime cet inconfort

qui laisse en cendres les dépouilles.

Là-bas le bel absolu danse il est impératif et clair...

La vie commence de ce côté où l'âme nous viendrait à la bouche la vie commence à
Zanzibar droit devant où nous n'allons pas.
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André Velter
PERSONNE



Où que tu sois
D'énergie fauve
Cest de partir
Bien avant l'heure

Avec au cœur
Cet abandon
D'un chevalier
D'Abyssinie

Cristal bohème
On te visite
En gai saccage

Tu vas selon

Ce qui prend l'âme

Mais le désert
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André Velter
L'AUTRE



Tu es celui Et tu es moi Qui s'est guéri Par la lumière

Tu es cela D'or et de fée Vivant réel Sous le soleil

Tu es ici Autre départ Le jeu cruel

Absent dès l'aube Tu es sans toi — Mais le soleil
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André Velter
NUAGE



Voleur de nuit
L'éclair te ment
Feu de
Saint-Elme
Avant la foudre

Visage aimé
Les yeux fermés
Tu suis des mains
L'ombre du ciel

Perdu à perte
Sans revenue
Au gibet sombre

La cendre monte
Et ton étoile À l'Orient
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André Velter
LES MAINS D'ARTHUR RIMBAUD

Dans l'île de
Chypre au sommet du mont
Troodos une plaque commémorative clouée sur le palais d'été du gouverneur britannique :

ARTHUR
RIMBAUD

POÈTE
ET
GÉNIE
FRANÇAIS
AU
MÉPRIS
DE
SA
RENOMMÉE
CONTRIBUA
DE
SES
PROPRES
MAINS À
LA
CONSTRUCTION
DE
CETTE
MAISON
MDCCCLXXXI

J'ai souvent rêvé

sur cet hommage révoltant :

bâtir une maison

serait pour un poète -

génie français n'oublions pas -

une tâche subalterne et contraire

au bon ordre de la renommée?

Un poète c'est vrai n'a pas de mains ou si peu

qu'il y a de l'indécence à les sortir de l'encre.

Et précisément c'est
Arthur

qui célébrant la main à plume

autant que la main à charrue

s'en est allé très loin

inverser des signes

plus d'une fois inversés

et perturber les lois

de la saine ségrégation

qui veut que se tiennent d'un côté

les mains à manches —

mains à feu et à sable

mains à froid et à chaud —

et de l'autre

les mains sans mains —

mains qui pensent

et dépensent sans compter

ce qu'elles n'ont jamais

seulement effleuré.

Alors
Rimbaud

on le retrouve

au mépris de sa renommée

qui choisit

carrière pour carrière

celle des pierres à
Larnaca

contre celle des lettres à
Paris.

Il en a surpris plus d'un

mais sans se surprendre lui-même.

Les rimes la parole la voyance

« -
Je ne m'occupe plus de ça »,

avait-il dit à
Delahaye un jour de septembre

après avoir justement prêté

la main à la moisson.

Assez vu.
Assez eu.
Assez connu.

Maintenant il longe la mer
Rouge

jusqu'au roc sans herbe et sans eau

jusqu'à l'anti-Eden

l'Aden

avec ses comptoirs ses combines

ses emplois à six francs

et ses mirages qui sentent

l'opéra et le sang

à
Zanzibar

ou sur la côte d'Abyssinie.

Mais toujours il écrit

pour conjurer les postes restantes

il recopie ses commandes

recopie sa litanie

avec en marge les prix de vente

et ça fait un fichu poème :

Traité de
Métallurgie

Hydraulique urbaine et agricole

Commandant de navires à vapeur

Architecture navale

Poudres et
Salpêtres

Minéralogie

Maçonnerie

Livre de poche du
Charpentier,

sans oublier

le
Traité des
Puits artésiens

l'
Instruction sur l'établissement des
Scieries

l'Album des
Scieries agricoles et forestières

et à la librairie
Roret

Le parfait
Serrurier

l'Exploitation des
Mines

le
Guide de l'Armurier

ainsi que les manuels

du
Charron

du
Tanneur

du
Verrier

du
Briquetier

du
Faïencier, du
Potier

du
Fondeur en tous métaux

et du
Fabricant de bougies...

La liste est longue

patientez c'est presque fini

il ne faut plus

que
Le
Peintre en bâtiments

Le
Petit
Menuisier

et un
Manuel de
Télégraphie.

Mais non ce n'est pas fini de lettre en lettre du
Harar ou d'Aden
Rimbaud
Arthur alias
Abdoh
Rimb ne cesse de réclamer

le
Manuel complet du fabricant d'instruments de précision

Les
Constructions métalliques

Les
Constructions à la mer

Topographie et
Géodésie

Trigonométrie

Hydrographie

Météorologie

Chimie industrielle

et même le
Guide du
Voyageur

et même
Y
Annuaire du
Bureau des
Longitudes 1882

et même
Le
Ciel.

Et les livres ne dispensent nullement des outils

des longues-vues des baromètres

des théodolites des cordeaux des compas

du papier à dessin,

on dirait qu'il n'a plus en tête

que de forcer une serrure

dans les sillages repérés de l'or

ou des troupeaux d'éléphants.

Assez vu.
Assez eu.
Assez connu.

Peut-être n'y a-t-il pas de secret

de mystère de métamorphose

peut-être que la vision a été si noire

et l'illumination si blessée

que la fournaise et les trafics

passent pour les soubresauts d'un ange

qui veut s'étrangler de ses mains.

Etre un autre ici ou là et se vouloir un autre encore jusqu'au bout de l'allée des miroirs où le regard sait qu'il se perd...

Dis-moi l'ingénieur sans chantier

le caravanier qu'on rançonne

le marchand sans esclave

l'artisan du désert

l'explorateur sans espoir

le poète sans voix

quelles mains te cherches-tu

dans les sables le soleil ou le vent?

Ah je vois,

le « frangui »
Abdallah

près de la palissade

murmure sans sourire

un peu avant la pose :

« —
Arthur vous salue bien

avec son bras d'honneur! »
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LE MONDE EST UN AUTRE MONDE
PAR ANDRÉ VELTER


Ajanta dans la paix des temples troglodytes,
Aussi loin désormais qu'il y a deux mille ans
Du jeu fanatisé, de la buée de sang
Qui hantent le martyr d'une foule maudite.

Le journal ce matin dit
Bombay en émeute,
Des hommes tirés à vue, des quartiers embrasés.
Des hordes appointées et des flics si blasés
Qu'ils gèrent le carnage en rackettant la meute.

Comment entendre ici ce monde massacré?
Pas un cri, pas un pleur, pas une once de peur
Ne troublent le secret, la grâce, les couleurs

Des fresques fabuleuses ni de l'aura sacré

Qui passe sur la pierre quand un gardien suspend

La lumière du soleil à du papier d'argent *.
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