Andrea H. Japp

Allez au-delà des informations, mettez-les en doute, analysez-les, critiquez-les. Même si vous avez tort, quelque chose peut en sortir. Ne gobez pas tout comme s’il s’agissait d’une révélation divine, servez-vous de votre cerveau. Nous ne sommes pas Dieu, mais nous sommes plus puissants et plus inventifs qu’un CD-ROM.

L’ordre c’est une peur, peur de se perdre, de s’y perdre, de n’être pas à la hauteur. Peur de se dévoiler aussi, rien n’est plus personnel donc révélateur que le désordre. L’ordre est souvent soumis à la logique donc relativement impersonnel. En bref, et au risque d’être désagréable, je me demande si le désordre n’est pas le produit d’une structure intellectuelle forte.

Il n’y a pas d’entourloupette, pas de délit d’initiés, pas de magouille, juste des gens qui placent intelligemment leur argent, pour le faire fructifier en toute légalité. Car ils ont de l’argent et ce n’est pas une tare en soi : c’est de l’argent du travail, de l’argent propre.

C’est vrai qu’il est difficile d’être moral lorsque tout le reste est immoral. Enfin, c’est surtout que cela ne sert pas à grand-chose.

Un gouffre sépare les amis des ennemis, je ne l’enseignerai pas au fin politique que vous êtes. Il est peuplé de toutes sortes de buts, de projets, d’intérêts, parfois bien fluctuants.

Trois grands désirs animent les créatures humaines que vous croiserez céans : la cupidité, le goût des honneurs et du pouvoir, l’envie de nuire à autrui. Ils disposent, pour y parvenir, de peu d’atouts : la coercition – et rares sont ceux qui en ont le courage –, la ruse, la flagornerie ou l’échange de bons procédés. Ou plutôt de procédés qui puent à dégorger. N’en attendez nulle grandeur, nul dévouement, nulle reconnaissance.

Vous savez, on se trompe sur les choix. On croit qu'il s'agit de portes que l'on pousse, un peu au hasard, et qui se referment définitivement derrière nous. C'est faux dans la plupart des cas. Il s'agit le plus souvent de portes à tambour et on peut faire machine arrière. Il faut simplement le vouloir et ne pas se trouver des prétextes bidon pour continuer sur une route décevante.

Le meurtre est très souvent un aveu d'impuissance. Knowledge is power. La connaissance, c'est le pouvoir. La vraie puissance.

Avec ces abrutis, nul besoin d'un dictateur ou d'agences de renseignements. Ils paieront pour fliquer les autres et eux-mêmes. Les petits ne veulent pas comprendre que le dernier luxe qui leur reste est l'anonymat. Les autres, les gros, sont en train de le vendre à la découpe.

Vive l'ultra-technologie, lorsqu'elle est utilisée à bon escient et par des gens corrects. Votre saint Zuckerberg, celui qui ironise sur la notion de vie privée, aurait racheté 30 millions de dollars toutes les baraques qui entouraient la sienne pour… protéger sa vie privée.

On ne choisit pas, ni le sexe, ni l'âge, ni… l'état médical, notamment un éventuel sida ou une hépatite B. Une effroyable perspective à l'époque lorsqu'on l'associait à « son enfant », même si les trithérapies existaient déjà. Cependant, on ne savait pas trop quelle longévité elles permettraient, ni si elles étaient vraiment compatibles chez le très jeune enfant. Quoi qu'il en soit, c'était à prendre ou à laisser.

Une femme, une femelle, protège ses petits, coûte que coûte, même s'il faut se battre contre le mâle qui s'y attaque. C'est ce que font les ourses, les lionnes et plein d'autres. C'est dans nos gènes, dans notre biochimie.

Difficile d'être déçu lorsqu'on n'attend rien de particulier.

Tu sais, une existence se résume à deux opposés : la vie et la mort, et ils doivent être traités avec le même sérieux.

La mort… c'est la dissolution. Pas seulement des cellules, mais de tout ce qui fait un être humain. Ses espoirs, ses peurs, ses projets, ses amours, ses haines.

Savez-vous ce que c'est que vivre avec un enfant autiste? C'est une peine constante, parce que tous les jours vous espérez un mieux, un geste, quelque chose. Parce que vous cherchez les raison, mais qu'elles sont introuvables. A l'époque, la doctrine dominante expliquait que l'autisme était le résultat d'une relation à la mère qui ne s'établissait pas. Vous deveniez du même coup une coupable, une mauvaise mère, une salope.

La poésie, la musique, une belle main d’écriture, les manières de table, tout comme la parure lorsqu’elle n’est pas ostentatoire, mais simplement élégante, ajoutent à la beauté des jours et nous rendent la vie plus aimable.

La connaissance est comme un puissant ruisseau.Si l'on bloque son cours,tot ou tard,il en trouve un autre

Le village de Souarcy était juché en haut d'une motte. Des ruelles bordées de maisons montaient à l'assaut du manoir en serpentant de façon bien mal aisée, au point que les charrettes de foin devaient faire preuve d'une grande habileté pour ne pas écorner le toit des bâtisses au détour d'un nouveau méandre. Nulle imagination particulière n'avait présidé à ce semis d'habitations, pourtant, on eut dit qu'elles s'étaient tassées les unes contre les autres en bord de rues comme pour se rassurer. Souarcy, à l'instar des autres manoirs, n'avait pas droit d'armement.

Qu'aurait Dieu à faire de la patience puisqu'il possède l'éternité?