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Critiques de Andrus Kivirähk (370)
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Le papillon

Il me restait un livre à lire d’Andrus Kivirähk (celui-ci). Et de plus, j’avais besoin de douceur, de poésie, d’imaginaire, de féerie… Rien de mieux qu’un conte estonien peuplé d’animaux pour sortir de la violence de certaines lectures.



Je me suis laissé embarquer, même si j’ai été moins enthousiasmé par ce récit que par son talentueux livre : « L’homme qui savait la langue des serpents ». C’est son premier livre, moins abouti, mais qui m’a quand même fait du bien à mon cerveau ? Il en avait besoin.



Un conte qui parle de théâtre, d’animaux, de la mort, de l’amour, de la guerre et d’espoir…





Extrait :



Le public était plongé dans le plus grand silence. C’était le conte de fées le plus

féerique que nous ayons jamais montré sur la scène — et en même temps le plus

véridique. C’était notre vie. Et avec cela, une époque prit fin.



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Les groseilles de novembre

Après "l homme qui savait la langue de serpents", un petit bijou d inventivité, d originalité, je me suis précipité (si si, juste avant la fermeture des librairies...pas essentielles..??!!!!) Sur les "groseilles de novembre", du même auteur..

Tjrs très addictif, relatant la vie d un village et de ses habitants perpétuellement en interaction avec les diables, les démons, la magie récurrente, le texte est fait de courts chapitres, un par jour de ce mois de novembre. C est agréable, c'est tjrs emprunt de paganisme mais aussi d'humour, mais, et ce sera le reproche que je fait à ce livre, sans véritable but, excepté nous faire vivre des saynètes loufoques, comme une série de nouvelles, tout en conservant cependant le fil des personnages.

"Les groseilles de Novembre" est pour moi un condensé d'histoires, un recueil de contes, sans véritable intrigue où histoire globale, qui reste très plaisant à lire, mais moins accrocheur que son ouvrage précédent..(ce n est qu un avis bien entendu)
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L'homme qui savait la langue des serpents

Ce roman envoutant et dont on sort comme étourdi, imprégné, se déroule en Estonie et retrace l'histoire d'une population en voie d'extinction.



Ces habitants qu'on désignait comme le "peuple de la forêt" s'éloignent progressivement de leurs racines, attirés comme des insectes par les merveilles de civilisations des colons. Cette fable s'inspire du passé de ce territoire, colonisé par les Allemands au 13ème siècle et dont on dit qu'il fut le dernier à être "christianisé". Le récit met en scène le déclin de cette harmonie païenne, brisée par ce qui reste encore considéré comme une invasion.



Le narrateur est le dernier de son clan à connaitre la langue des serpents. A mesure qu'il grandit, il voit la forêt se vider de ses habitants... . Lui seul sait parler ce langage originel et commun à tous les êtres vivants ; ses congénères, eux, ont tout oublié de ce pouvoir ancestral et préfèrent s'abrutir de travail plutôt que de continuer à vivre en harmonie avec la nature.



Une plongée dans un monde truffé de légendes et coutumes, qui se heurtent au bon sens comme à la modernisation de la société. Le clan, longtemps protégé par une fabuleuse salamandre qui ne daigne plus s'éveiller, se décime peu à peu. Le personnage principal devra choisir son clan, devenir un homme de son temps ou rester fidèle aux siens et à ses principes. Le dernier homme de la famille et de son clan aura une vie étonnante et finira par trouver un allié improbable, en la personne d'un vieillard hargneux et ailé.



Ce livre met en scène le principe même de civilisation, sorte de mythe de la caverne revisité, dans lequel sont ridiculisés la religion comme les superstitions et rites païens, le modernisme à outrance et les impostures morales, l'innocence prise en otage par différentes croyances absurdes... . D'autant que la vérité se trouve peut-être à ras de terre, dans l'esprit d'un défoncé aux amanites tue-mouche devenu ivrogne... .



Une fable qui tisse le merveilleux, le grotesque et le tragique, dans laquelle se heurtent mondes anciens et nouveaux, rites païens et chrétiens.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Top lecture de l'année ;-) et je l'ai pas vu venir!

Je ne me lasse pas de regarder la couverture, sans compter que ce pavé se pose juste bien dans la main: je me laisse complètement glisser dans cette histoire, cette épopée, ce pamphlet. Les aventures initiatiques, le déclin d'un ancien temps, le devoir de mémoire, le regard perplexe sur la modernité, l'amour, l'amitié, la famille, l'exode, les croyances, l'auteur ne manque pas une ligne pour tout ce qu'il y avait à en dire... Tous les camps de cet ancien et nouveau monde sont savamment représentés. C'est même drôle à lire. Et c'est vraiment un univers rempli de merveilleux. Un bijoux d'imaginaire.

La force de ce pavé, pour moi, c'est véritablement sa légèreté. Hop, il passe de mains en mains à la maison!
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L'homme qui savait la langue des serpents

Eh bien voila une histoire des plus originale ! Un roman qui mélange la mythologie, l'histoire, le roman fantastique...Une satire religieuse. Des drames et de l'humour..Un roman qui va vous transporter en Estonie et vous faire oublier votre quotidien.



Leemet est le dernier. Dernier garçon à naître dans la forêt, dernier à apprendre la langue des serpents, dernier homme, dernier gardien.



Son peuple disparaît petit à petit car les hommes fuient la forêt pour vivre dans le village dirigé par les moines et les chevaliers Allemands.



Petite pause historique afin de situer le roman:

Au début du xiiie siècle les rives sud de la mer Baltique constituent une des dernières contrées païennes d’Europe. Les croisades baltes(1200-1227), menées sur le territoire par un ordre de soldats templiers allemand, les chevaliers Porte-Glaive, réalisent la conquête du pays dont les habitants sont convertis à la foi chrétienne. Un État dominé conjointement par des princes-évêques et l’ordre des moines soldats se constitue sur le territoire correspondant à l’Estonie et à la Lettonie modernes.

Son monde s'étiole, les hommes qui partent aux village oublient tout et surtout croient de drôles de croyances.



Ce livre raconte donc la vie de cet homme, de son plus jeune âge à sa vieillesse. Avec lui, on ne peut que citer Innts, sa plus fidèle amie, un serpent royal, Le grand-père cul de jatte, muni de crocs venimeux. Nounours, un ours brun marié à sa sœur. un sage des vents ...Ce livre est un conte de fées satirique. Et je peux vous garantir que Leemet va en voir des choses !

Ce fut un automne sinistre, peut-être le plus désespéré de tous ceux que j'ai vécus, car même si plus tard j'ai connu des temps encore plus tristes et qu'il m'est arrivé des choses bien plus terribles, à l'époque mon coeur ne s'était pas encore endurci comme il s'est endurci par la suite, ce qui me rendit les souffrances plus supportables. Pour parler serpent, je n'avais pas encore mué comme je le fis à plusieurs reprises, plus tard, au cours de mon existence, me glissant dans des enveloppes de plus en plus rudes, de plus en plus imperméables aux sensations. A présent, peut-être bien que rien ne me traverse plus. Je porte une pelisse de pierre.



J'avais éveillé un peu votre intérêt pour ce roman car il vraiment la peine d'être lu !! Allez faite un petit tour en Estonie, vous m'en direz des nouvelles !
Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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L'homme qui savait la langue des serpents

C'est un livre dont il faut lire la préface et la postface.

L'histoire se passe en Estonie au XIIIème siècle. Le pays païen est conquis par les chevaliers teutoniques qui amènent la religion chrétienne et l'organisation hiérarchique en château/paroisse/village.

De nos jours, on idéalise l'ancienne vie en communauté vivant au contact de la forêt...



Le roman laisse la parole à Leemet, le dernier à parler la langue des serpents. La langue qui permet de parler aux animaux de la forêt. Il raconte son histoire faite de rencontres avec ceux de la forêt et ceux des villages ... les modernes, les croyants.



Avis



En lisant d'autres avis, j'avais noté le côté pamphlétaire du roman. C'est une critique déguisée de la société estonienne contemporaine qui idéalise ces temps anciens. Il y a il est vrai de fréquents moments jubilatoires. Andrus Kivirähk se moque des croyances avec un style très affété.



Mais ce qui m'a le plus marqué c'est la solitude inexorable de Leemet.

Il est le dernier à parler la langue des serpents. Il est dernier de sa famille qui est une des dernières de la forêt. À de multiples reprises, il se dit "le dernier". C'est un roman de la perte.

Amis, famille, connaissance tout se perd et parfois brutalement. Il s’en dégage une profonde tristesse.



Les modernistes dans le roman sont les villageois qui ayant quitté la forêt vivent misérablement de l'agriculture. Ils acceptent cette nouvelle vie sous le joug de la religion chrétienne. Ils idolâtrent réellement les chevaliers, les moines, le pape ... toute leur nouvelle vie. J'aurais aimé qu'ils soient plus subtils. Ils passent aux yeux de Leemet pour des abrutis finis.



Les habitants de la forêt sont dépeints avec beaucoup plus de nuance. Il y a de vraies pourritures, des personnes qui régressent ... des passéistes dangereux. C'est la grande force du livre. Il n'idéalise aucunement la vie en communauté d'alors.



Le rythme est assez inégal. De longs chapitres parlent de la vie solitaire de Leemet et de sa solitude grandissante. Ils sont suivis, surtout en fin de livre, de chapitres de confrontations rapides et très condensés.



L'écriture est subtile. Le style est incisif. La traduction est bonne. Mais malgré une bonne introduction et des notes éclairantes, beaucoup de choses m'ont échappé. Je ne connais en effet rien de l'histoire estonienne et de sa culture.



Conclusion



Un roman bien écrit mais au rythme inégal. La solitude omniprésente et irrémédiable est heureusement ponctuée de critiques acerbes et jubilatoires.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Gros coup de coeur pour ce roman estonien qui m'a envoûté de la première à la dernière page.

L'auteur place l'action au Moyen - âge, où l'homme commence petit à petit à s'éloigner de la vie de la forêt pour s'intéresser à la vie de la campagne.



On y trouve des situations drôles, de l'humour, des personnages intéressants, une écriture imagée.

Même si des événements tristes se produisent de temps en temps, la tristesse ne s'installe pas longtemps.

Une très belle découverte que je me dépêche à mettre sur la liste des livres que je prendrais bien sur une île déserte.
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L'homme qui savait la langue des serpents

"Vivre en faisant le moins de dégâts possible autour de soi, c'est accepter l'inévitable tristesse de tout cela [détresse de certains de ne pas se reconnaitre dans un nouveau monde tout en ne pouvant pas revenir à l'ancien monde qui a de toute façon disparu, tels certains indiens d'Amérique par exemple] , sans se vautrer dans le conformisme et la bêtise qui triompheront toujours, sans pour autant verser dans la haine ni se réfugier dans l'idéalisation d'un passé fantasmé, qui est une autre forme de bêtise"; ainsi se clôture la postface de Jean-Pierre Minaudier qui a également traduit le roman de Andrus Kivirähk. Et finalement, il a tellement bien résumé ce que j'ai retiré de cette lecture, que ce n'est pas la peine de vouloir inventer autre chose.



Je pense que ce récit, à la croisée du conte, du roman initiatique, du fantastique et de la fable, offre plusieurs niveaux de lecture.

Au premier degré, l'on découvre la vie de Leemet, dernier homme à maîtriser la langue des serpents qui permettait aux humains de communiquer avec les animaux. Ses aventures, sa quête de la Salamandre, sa famille, ses amis, ses combats... Déjà sous cet angle, ce roman est très agréable à lire, à la manière d'un roman d'aventure. Etonnant par l'univers qu'il dépeint, situé dans une époque moyen-âgeuse, soutenu par un vocabulaire relativement anachronique, parsemé d'humour, le récit nous entraine à la frontière entre une forêt ancestrale et un village qui s'ouvre sur la modernité de l'époque.



En second degré, c'est bien entendu toute l'allégorie liée à l'évolution de la société, à l'opposition de la modernité et des traditions, à ceux qui veulent à tout prix continuer "comme avant" et ceux qui sont déjà dans le monde d'après. Sans manichéisme puisque l'auteur ne commet pas l'erreur d'encenser l'un ou l'autre; chacun ayant ses avantages et ses inconvénients, le pire étant, dans chaque cas, toute forme d'extrémisme et de fermeture d'esprit. Bien entendu, chacun fera le parallélisme qu'il souhaite avec l'époque surréaliste dans laquelle nous vivons depuis plusieurs mois.



La postface nous éclaire sur un troisième niveau de lecture, celui du pamphlet, accessible d'emblée aux personnes connaissant l'histoire de l'Estonie (ce qui n'est pas du tout mon cas) et qu'on peut appréhender à postériori en prenant connaissance justement de cette postface.



J'ai l'impression qu'en y réfléchissant, ou en relisant le roman dans quelques temps, le lecteur pourra sans doute dénicher d'autres points de vue donnant encore un peu plus de sens à cette lecture tout à fait atypique. Je ne peux que vous conseiller de vous laisser tenter par la découverte.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Au XIIIe siècle en Estonie, Leemet et sa famille vivent suivant les coutumes ancestrales au cœur de la forêt. La magie y est présente, hommes et animaux connaissent la langue des serpents. Mais la plupart des habitants adoptent le mode vie occidental après l'invasion allemande, notamment l'agriculture et le christianisme. Andrus Kivirähk signe un roman fantastique pamphlétaire sur la solitude, la tradition et la modernité. L'univers est violent et le propos désabusé. Une œuvre originale à découvrir.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Liste de choses à dire et à demander aux serpents et autres animaux :

- Bonjour ! Comment allez-vous aujourd'hui ?

- Quel effet ça fait de ne pas avoir de pattes ? Est-ce agréable de ramper ?

- Avez-vous besoin d'aide pour traverser la route ou le jardin ?

- Comment ça marche la reproduction chez vous ?

- Est-ce que vous détestez les humains lorsqu'ils mangent de la viande ou les aimez-vous encore plus forts ?

- Êtes-vous perdu ? Avez-vous besoin d'aide ?

- Vous devez avoir un tel sentiment de liberté lorsque vous volez. Avez-vous peur parfois ?

- Comment vous appelez-vous ? le nom que votre maître utilise est-il le nom que vous vous donnez ?

- Avez-vous une histoire à me raconter ? Ou une bonne blague ?

- Je suis désolée de manger des membres de votre espèce. En tout cas, sachez que vous êtes très bons.

- Appréciez-vous la musique ?

- Vous aussi, vous trouvez que la mer est belle ?

- Est-ce que ça fait mal de muer ?

- Est-ce que ça vous dérange si je vous fais un câlin ? Vous avez l'air très doux.

- Est-ce que vous avez parfois de la pitié pour les gazelles que vous chassez ?

- Êtes-vous un mâle ou une femelle ? Je n'ose vérifier par moi-même.

- Est-ce que vous percevez les couleurs ? Si oui, lesquelles ?

- Combien d'heures par jour philosophez-vous ?

- Quel effet ça fait de savoir que vous venez de vous adonner au cannibalisme ? Il n'y a rien de tabou chez vous ?

- Pourquoi, alors que vos congénères s'entraident pour porter les aliments, venez-vous de voler le morceau d'autrui ?

- Que pensez-vous du fait que j'extermine votre peuple depuis quelques jours ?

- Est-ce que vous regardez souvent le ciel ?

- Si vous pouviez arrêter de m'embêter, je vous en serais fort reconnaissante. Merci.

- Aimez-vous les humains ? Aimez-vous vos congénères ?

- Est-ce que vous savez nagez ?

- Est-ce que vous vous ennuyez parfois ? Comment percevez-vous le temps qui passe ?

- Je pensais que vous étiez un végétal ou un minéral. Quelles sensations avez-vous exactement ?

- Sauriez-vous m'indiquer le chemin à suivre ? Je crois que je suis perdue.

- Que pensez-vous de Dieu ?

- Est-ce que vous pouvez communiquer avec d'autres espèces que la vôtre ?



PS : Cette liste est susceptible d'être modifiée avec le temps. D'ailleurs, si vous avez des suggestions de questions, je prends. Si vous avez des réponses à mes questions ( des fois que vous soyez un lézard ou que sais-je encore), je prends aussi. Merci.
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L'homme qui savait la langue des serpents

En Résumé : J’ai passé un excellent moment avec ce livre qui, en plus de nous proposer une intrigue à la fois initiatique, épique et sauvage, nous offre aussi énormément de réflexions très intéressantes sur l’évolution de l’homme et son acceptation, le langage, la nature ou encore sur la bêtise humaine. Ce monde imaginaire peuplé de fantastique se révèle à la fois intrigant et passionnant et les personnages qu’on découvre au fil des pages sont soignés, efficaces, attachants et complètement barrés. Lemmet, héros à la fois attendrissant et dur, ne manque pas d’interpeller, offrant une vision du monde intéressante. La plume de l’auteur colle de façon efficace à l’histoire, se révélant enfantine, sauvage et réfléchie et nous plonge avec facilité dans cette histoire. J’aurai juste comme léger reproche, un léger sentiment de longueur vers le milieu du livre, vite effacé par la suite. Un roman à découvrir selon moi. À noter aussi la postface qui permet de mieux appréhender l’histoire surtout vis-à-vis de certains points qui sont propres à l’Estonie.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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L'homme qui savait la langue des serpents

Sssshhhshhhiiiifffff Ssssffff Shhhiiiiffffiiiiissshhh

ffffssshhh ffiifffffssshhhshhh sshhhh.

Je répète pour les mal-lunés : Sssshhhshhhiiiifffff Ssssffff Shhhiiiiffffiiiiissshhh

ffffssshhh ffiifffffssshhhshhh sshhhh.



J'espère que vous avez compris.

Sinon, on est foutu.

...

On est foutu.

Faisons alors le moins de mal possible.

Car tout s'effondrera tôt ou tard. Les mondes s'effondrent, les civilisations, les cultures, les langues, les pays, tout s'effondre. Ce n'est pas grave. C'est comme ça.

Alors, on danse disait un Belge à peu près la même année que Kiviräkh dans ce livre. Alors, pour ce que ça vaut, faisons le moins de dégâts possibles autour de soi.



J'aimerais dire que ce livre est un joli livre, amusant, bien pensé, bien construit, mais il est terrible à sa façon. Ou il est terrible par ce côté douce naïveté dans la violence dont il est rempli.



Sssshhhhuuut. Et les serpents s'endorment. Et les loups s'endorment. Et les villageois s'endorment. Et le monde s'endort. Doucement.





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L'homme qui savait la langue des serpents

J'ai adoré ! Je vous jure que j'ai adoré !

Quel plaisir pour moi d'avoir profité de cette lecture audio et d'avoir découvert ainsi un bijou de la littérature de l'imaginaire !

Tout y est : d'abord la voix qui raconte l'histoire. Elle m'a vraiment convenue. En aucun moment la concentration ne m'a laissé tomber, contrairement à d'autres fois.

Et puis l'histoire est passionnante, même si elle se déroule au Moyen-Age. D'ailleurs c'est cela qui donne du charme au récit. On y trouve des personnages intéressants et attachants, des événements crédibles et moins crédibles, parfois l'ironie nous fait rire et d'autres fois les événements sont tristes, mais la tristesse ne s'installe pas longtemps.

Un roman intéressant et inoubliable.
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L'homme qui savait la langue des serpents

A cette époque reculée cohabitaient dans la forêt estonienne animaux, végétaux, humains, êtres hybrides. Tous comprenaient la langue des serpents, un seul pouvait encore dialoguer avec les reptiles, l'oncle Vootele qui l'enseigna à son neveu Leemet.

Ils menaient une vie sauvage en harmonie avec la nature jusqu'à ce que des chevaliers teutons vinrent s'installer dans la région qu'ils colonisèrent. Beaucoup d'habitants quittèrent alors la forêt pour une vie moderne. Leemet va-t-il à son tour rejoindre ceux qui mangent du pain, ne savent plus chasser mais font de l'agriculture et se soumettent aux hommes de fer et à leur Dieu ?

Dans un roman foisonnant, Andrus Kivirähk raconte un monde qui disparaît. Aucune nostalgie dans le ton mais beaucoup d'énergie pour dénoncer les travers de l'un et de l'autre monde, les violences, les abus de pouvoir, les religions absurdes et surtout l'ignorance et la bêtise.

Drôle et vivifiant.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Je ne vais pas ajouter une énième critique, il y en a suffisamment dont certaines sont excellentes. Je veux juste saluer le talent du traducteur qui m'a rendu verte de jalousie. Mais pourquoi ne suis pas capable d'écrire comme lui ? Il n'utilise que des mots simples, familiers et même grossiers au passage , ne cherche pas les grands effets et cependant arrive à créer la magie qui nous transporte comme des enfants éblouis au coeur de ce conte malicieux.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Attention coup de cœur !

Leemet est le dernier descendant des hommes de l’ancien temps, ceux qui vivaient dans la forêt et parlaient encore la langue des serpents. Des hommes capables de contrôler les animaux d’un sifflement, des hommes qui vivaient en communion avec la nature, protégés par la salamandre qui rôtissait les envahisseurs belliqueux qui s’approchaient un peu trop de la forêt. Mais voilà, les temps ont changé, la modernisation a fait son apparition, attirant à elles les plus faibles d’esprit. Les prêcheurs allemands ont converti à leur foi des estoniens curieux et malléables. Peu à peu la forêt s’est vidée de ses habitants, devenant un lieu de désolation, au profit des villages, plus attrayants, plus modernes. Les traditions se sont perdues et laissent derrière elles des croyances devenues obsolètes. La salamandre a depuis longtemps disparue, endormie dans un endroit secret, sourde aux appels des siens.

Leemet est le dernier héritier d’une culture menaçant de tomber dans l’oubli, où la magie est vaincue par la technologie. Il témoigne de son expérience de païen dans un monde en pleine mutation, devenu hostile aux croyances et aux cultes de l’ancien temps.

Andrus Kivirahk nous offre une fable des temps anciens, enchanteresse et passionnante, tout droit sortie du folklore estonien et empreinte de magie et de croyances oubliées. C’est également le récit d’une solitude et d’un désenchantement, ceux de Leemet, devenu gardien du savoir de son peuple, qui observe le monde changer et lui échapper, impuissant.

Un texte intelligent et bien pensé, qui offre une réflexion sur la notion d’identité, de patrimoine mais aussi sur la place de la religion dans les sociétés et sur les dangers de l’extrémisme, que ce soit dans le monde moderne ou dans l’ancien avec le personnage du « sage » Ülgas. C’est avec beaucoup d’humour et d’ironie que l’auteur décrit l’absurdité de certains comportements et leur caractère excessif, ainsi que le fossé qui peut séparer deux cultures différentes, pointant du doigt l’intolérance sous toutes ses formes. J’ai été entièrement séduite et émerveillée par ce texte qui semble facile sous ses apparences de conte et qui pourtant révèle une certaine complexité due à plusieurs niveaux de lecture. Un texte envoûtant, à découvrir absolument pour tous les trésors cachés qu’il recèle !

A souligner, le magnifique travail d’édition apporté par Attila qui fait du livre d’Andrus Kivirahk un bel ouvrage, particulièrement agréable à lire !
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L'homme qui savait la langue des serpents

"L'Estonie, l'une des dernières régions païennes d'Europe, a été conquise au début du XIIIe siècle, dans le cadre d'une croisade, par des chevaliers-prêtres allemands, ancêtres des chevaliers teutoniques, arrivés par la mer. Durant tout le moyen-âge, l'élite est demeurée germanophone et très largement ecclésiastique (chevaliers-prêtre célibataires, moines et nonnes).

Dans les mythes nationalistes du XIXe et du XXe siècle, les Estoniens de la préhistoire, c'est-à-dire d'avant l'invasion allemande, vivaient unis, libres et heureux, en accord avec la nature à laquelle ils rendaient un culte. Ils étaient censés être "un peuple de la forêt" par opposition aux occidentaux, peuples d'agriculteurs, et aux cavaliers nomades des steppes orientales." (Note du traducteur)



Après ce préambule du traducteur, attachez vos ceintures, éteignez vos portables et direction le monde de la forêt !!!! Mais comment résumer un tel ouvrage ? Andrus Kivirähk nous a concocté, aux petits élans, une fresque époustouflante, ébouriffante.



Au moyen-âge, en Estonie, les Chevaliers allemands ont christianisé le pays. Depuis, les estoniens, enfin de plus en plus, vivent dans des villages, les chevaliers dans des forts, les moines dans des couvents fortifiés (et les cochons seront bien gardés). Les villageois admirent et vénèrent ceux qui leur ont « apporté » le modernisme et la foi chrétienne. Visualisez un village normal, les hommes chassent, les femmes tissent (ça vous dit quelque chose). Ils ont tous oublié la langue des serpents ! Maintenant imaginez l’incrédulité de Leemet, homme de la forêt, qui n’a qu’à siffler pour que les animaux lui obéissent et courbent l’échine pour se laisser tuer. « Ce qui est humiliant c’est d’avoir tout oublié, comme ces jeunes chevreuils et sangliers qui éclatent comme des vessies en entendant les ordres, ou ces villageois qui se mettent à dix pour attraper un seul animal. C’est la sottise qui est humiliante pas la sagesse. »



Pour parler la langue des serpents, il faut muscler sa langue. Ce dur apprentissage Leemet l’a fait avec son oncle et il sera le dernier homme à la pratiquer. Leemet, à l’instar de ses amis les serpents connaîtra aussi plusieurs mues très douloureuses pour l’amener à la sagesse…. Les passages de notre vie qui nous construisent et que nous connaissons aussi.



Leemet connait sa forêt sur le bout des orteils et nous le suivons avec passion lors de sa rencontre avec les deux derniers, anthropopithèques, Pirre et Rääk. Ces deux-là élèvent des poux et font même de la sélection jusqu’à obtenir un pou gigantesque. Les femmes de la forêt tombent sous le charme des ours qui leur offrent des airelles et autres babioles. Les humains et les animaux savent parler la langue des serpents et vivent en totale harmonie. Les humains élèvent quelques louves pour les traire et en boire le lait. Une vie qui pour Leemet n’est que plaisir, alors que les villageois doivent travailler pour se nourrir et se vêtir. La bataille, paysans versus cueilleurs-chasseurs sera perdue pour ces derniers la « modernité » remporte la victoire par abandons successifs.



Mais, il y a quand même le village et toutes ces jeunes filles qui batifolent. Leemet va les lorgner de temps à autre, surtout une. Il est tenté et le sait. Fuira-t-il, succombera-t-il ? Vous le saurez en lisant ce très bon livre qui m’a fait veiller jusqu’à 5 heures du matin, sans pour autant voir le temps passer.



Ce conte est plus qu’un conte, il est considéré comme un pamphlet dans son pays l’Estonie. Oui, ce livre parle du progrès et des abandons successifs de nos croyances anciennes. Oui, nous sommes tous le moderne de quelqu’un. Pour les anthropopithèques, Leemet est déjà trop moderne. J’ai un peu pensé à un certain village d’irréductibles gaulois !! Pourtant, ces petits villages estoniens ressemblent fort à nos villages, ceux que notre nostalgie rend plus beaux.



Tout n’est pas noir ou blanc, bon ou mauvais dans cette fresque.



Il y a ces contrastes entre le village qui parait clair, aéré et la forêt dense et sombre ; entre les villageois assujettis aux chevaliers allemands alors que le peuple de la forêt semble plus libre.



Par ailleurs, on peut relier Ülgas qui faisant des sacrifices pour calmer les génies de la forêt, du lac….. Jusqu’à un sacrifice humain, à Johannes qui voue une adoration sans borne à Jésus-Christ et aux chevaliers allemands, allant jusqu’à adorer le ventre rond de sa fille engrossée par un de ces chevaliers. « Mais cet enfant que je porte en mon sein, dès sa naissance il sera comme eux, car il a l’un de ces Jésus pour père ! Dans ces veines coule le sang de son père, le sang de Jésus ! Quel succès, quel honneur pour moi ! Il sera chevalier et je suis sûre que dès l’enfance il saura parler allemand comme son papa. Heureusement, il apprendra aussi l’estonien car je suis sa mère –sinon je ne pourrais pas lui parler. Ce serait bien triste ».

« « Il n’y a rien à faire » dit Johannes. « L’homme s’escrime, Dieu décide, Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir, mais la décision finale appartient toujours au Tout-Puissant »

On aurait dit Ülgas et ses génies sur qui il trouvait toujours moyen de rejeter ses erreurs ! Rien de nouveau sous le soleil. Les gens sont toujours en train d’inventer un quelconque croquemitaine pour se décharger sur lui de leurs responsabilités ».



L’adoration du Christ par les villageois, l’adoration des génies par une partie des gens de la forêt. On peut faire un parallèle entre les jeunes convertis, certains jusqu’auboutistes et les fanatiques musulmans : « Super, alors je serai mort en martyr et j’irai tout droit au Royaume des Cieux, et je m’assiérai à la droite du Fils. C’est un grand honneur d’être un martyr, on écrit des livres sur vous et on met votre image dans les églises. Imagine, petit père, que ton fils devienne un martyr ! »



Maintenant Leemet est seul dans la forêt. Peut-être se rappelle t-il les paroles d’un moine : « Même si tu connais la langue des serpents et si ce n’est pas la langue du diable, à quoi elle peut bien te servir au jour d’aujourd’hui ? Avec qui vas-tu la parler ? La jeunesse, c’est à Jésus qu’elle s’intéresse, tout le monde n’a que son nom à la bouche, c’est un succès phénoménal » Andrus Kivirähk parle de la solitude de celui qui a choisi de rester, d‘ailleurs la première phrase de ce livre est : « Il n’y a plus personne dans la forêt ». Il reste et ne comprend pas ceux qui sont partis au village, mais il est trop tard pour Leemet, depuis qu’il a appris et aimé la langue des serpents, il sait ou devine qu’il sera le dernier.



Andrus Kivirähk manie l’ironie, met dans la bouche des interlocuteurs un vocabulaire très moderne, décrit le christianisme comme un phénomène de mode, l’émasculation pour avoir la voix des castras et entrer dans les chorales comme le nec plus ultra : « Bien sûr que c’est le Christ. C’est l’idole des jeunes et mon idole à moi aussi ». Certaines scènes frôlent le fantastique, d’autres sont cruellement réelles.



Dans sa postface, Jean-Pierre Minaudier, le traducteur, apporte un éclairage plus précis sur ce livre et sur l’Estonie, pays balte que je ne connais pas du tout, de l’ogre russe, de l’envie de modernité viscérale des estoniens, pour oublier le communisme ?



Une fresque superbe qui, une fois lue, trotte dans la tête, alors on « refait le livre » comme d’autres « refont le match » et d’autres ouvertures arrivent. Je pourrais en parler jusqu’au bout de la nuit ! J’ai l’impression que cette chronique part dans tous les sens.



Vraiment un coup de poing dans le cœur. J’avais écouté avec plaisir l’entretien avec Frédéric Martin des Editions Attila qui parlait si passionnément de ce livre et je l’avais noté. Merci à Libfly de s’en être souvenu et de m’avoir permis cette superbe lecture dans le cadre de l’opération « Quelques nouveautés de la rentrée de janvier 2013 ».



Un seul conseil : lisez ce livre et ne confondez pas langue des serpents et langue de vipère !!!




Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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L'homme qui savait la langue des serpents

Andrus Kivirähk nous livre une fable surprenante, drôle et tragique.



L'histoire se déroule en Estonie. Depuis la nuit des temps, les hommes vivent dans la forêt, et apprennent la langue des serpents. Tous les mammifères connaissent la langue des serpents (sauf le hérisson qui est trop bête), ce qui est bien pratique pour les appeler et remplir son assiette. Les ours son tellement mignons, surtout quand ils se parent de couronnes de fleurs, qu'il est difficile pour une femme de ne pas leur ouvrir sa couche. Tout semble respirer l'harmonie. Mais les sirènes du monde moderne attirent de plus en plus de monde vers les villages, ou les traditions se perdent au détriment d'une culture chrétienne qui place le serpent en créature du diable.



Au delà de la fable, ce roman est aussi une satyre sur la perte des racines et les croyances religieuses.



On rit beaucoup, même si le côté sombre de l'histoire est omniprésent. Une belle découverte.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Il en est des livres comme des personnes, avec certains vous ressentez dès les premiers instants le coup de cœur, l'alchimie qui s'opère, sans explications.



Ce livre est déjà un beau récit fantastique : celui d'un passé fantasmé, d'un peuple qui parlait la langue des serpents, qui vivait dans la forêt en y trouvant sa nourriture, ses vêtements.



C'est là que vit le jeune Leemet, entouré de sa mère, sa sœur et son oncle. Orphelin d'un père mort décapité par un ours qui copulait avec sa mère. Il grandit entouré de ses proches, découvre l'amitié, apprend à se débrouiller.



Pourtant, rien n'est jamais idyllique. Des hommes de fer sont arrivés et de plus en plus d'habitants de la forêt décident d'aller vivre dans des villages, cultiver des céréales.



Le peuple de la forêt semble se perdre et diminuer, oubliant ce qui faisait sa force, se réfugiant dans des superstitions.



Ce récit est incroyablement réussi. Il est à la fois merveilleusement divertissant et très sombre. Car c'est la fin d'un monde qui est dépeint. Un monde qui était déjà perdu depuis longtemps mais dont Leemet est, au final, le dernier digne représentant.



Car souvent, la facilité est choisie. Générations après générations, hommes et animaux semblent perdre ce qui faisait leur grandeur.



Mais quel autre choix ? Aurait-il fallu rester et vivre accrochés aux branches des arbres ?



Il se dégage de ces pages, une solitude, un sentiment de tristesse et d'abandon inéluctable.



L'on y parle de progrès, de modernité de religion et de fanatisme. D'amour et de haine. D'amitié et de solitude. Tout ce qui fait qu'au final ce roman si singulier, si plein de fantastique, résonne comme une peinture du monde réel.



Un énorme coup de cœur que je vous recommande encore et encore !







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Les groseilles de novembre

Les groseilles de novembres de Andrüs Kivirähk est un roman où l’action se déroule dans un village estonien. On replonge dans le Moyen-âge avec des serfs, des nobles….Et Parmi ceux-ci, des kratts, qui sont un peu comme des farfadets, mais s’avèrent être des monstres plus ou moins serviles qui ont une engeance démoniaque. Le vieux païen n’est autre que le diable.

J’ai apprécié l’ensemble du livre mais ce livre est « un gris très anthracite » dixit la chalengeuse @Lcath . Je trouve que la fin de l’intrigue est déroutante où l’auteur a fait des tonnes pour les dernières pages.

Même si je m’attendais pas forcément à un happy-end ; je n’aurais jamais pensé que le dénouement serait aussi sanglant et sordide…



Il me reste à trouver un livre où je trouverais un peu moins de noirceur dans l’écriture.

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