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Critiques de Andrus Kivirähk (370)
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L'homme qui savait la langue des serpents

Incroyable livre sur le passage du temps, la mémoire, l'appréhension du futur et l'évolution avec ou contre le monde.

J'ai adoré ce livre, qui sous couvert d'humour et de sujet fantastique, dépeint des situations graves qui font réfléchir. Il permet de remettre en question notre évolution jusqu'à maintenant et notre part dans celle-ci, mais également notre évolution future, ce qui nous mène à nous interroger sur notre capacité à nous y adapter.

Ce que j'ai aimé dans ce livre, et qui est dur à lire pourtant, est qu'il n'y a pas de "bon camp" à choisir. Dans l'un, c'est le passé, l'entêtement, la désolation, la mort. Dans l'autre, la stupidité, les erreurs répétées, l'influence et l'oubli. Le personnage nage parmi ces deux mondes, sans parvenir à rejoindre l'une des deux rives bien longtemps, et manque plusieurs fois de s'y noyer.

Je recommande chaudement ce livre, très bien écrit/traduit et qui mène à une sincère réflexion sur nos modes de vie
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Le papillon

Un petit livre lu rapidement mais qui n'en ai pas moins intéressant. Un auteur que je ne connaissais absolument pas.

Nous voici plongé en Estonie, petit pays peu connu avec une histoire singulière et bien difficile qui se ressent dans le texte par sa pudeur et sa délicatesse.

On rencontre August qui devient comédien par pur hasard suite à une rencontre avec un directeur de théâtre.

Dans cette histoire où se mêle des comédiens et des personnages fantastiques dont ce chien particulièrement désagréable on suit l'aventure de cette troupe et du "papillon" au fil des ans.

Même si la lecture est plaisante et s'intensifie au fil des pages il y a un aspect qui m'a dérangé, je n'aime pas lorsque le narrateur nous interroge et nous parle directement à nous lecteur comme un aparté dans l'histoire.



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L'homme qui savait la langue des serpents

"L'homme qui savait la langue des serpents", c'est l'histoire du dernier homme sur Terre à connaître la langue des serpents, cette langue qui te permet de parler avec les animaux, de dresser les loups piur les traite et les chevaucher, et de te nourrir sans peine...

Cet homme, c'est Leemet, et il va, au cours de sa vie, devoir se battre contre la modernité et contre la bêtise humaine, aidé d'un cercle d'amis se réduisant à peau de chagrin au fil des années...

Il y aura du feu, du sang, des boyaux, des cris et des larmes ! Ce ne sera pas de tout repos !

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Grâce à la liberté offerte par cet univers fantastique, Kiviräkh se permet toutes les fantaisies et ouvre en grand les portes de notre imagination : des ours amants de femmes, des sacs de vents pour s'envoler avec des ailes en os humains, des terriers de serpents où les gens de la forêt hibernent l'hiver, des élevages de poux géants,... tout est possible !!

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Mais que veut nous dire Andrus Kivirähk avec son histoire de serpents ?

Vous vous en doutez, sous couvert de ce conte fantastico-médiéval, l'auteur s'attaque à beaucoup de sujets. Certains seront à la portée des lecteurs européens que nous sommes (le combat contre la modernité, la tristesse de voir les traditions disparaître, tout en critiquant l'obscurantisme du paganisme comme de la chrétienté,...), d'autres toucheront plus efficacement le cœur des estoniens (et c'est bien pour cela qu'il a eu tant de succès à sa sortie dans son pays en 2007), notamment des thématiques géopolitiques mais aussi religieuses...

La note du traducteur en début d'ouvrage ainsi que la postface aideront d'ailleurs le lecteur à bien cerner tous les enjeux du roman.

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Dans "Les secrets", le merveilleux prenait le pas sur l'obscurité. Ici, même si l'on trouve quelques touches d'humour bien placées, il ne s'agit pas d'un conte magique pour enfants, mais bien d'une sombre et tragique histoire, à la croisée des univers de Game of Thrones, Blackwater ou encore Bérengère Cournut.

Le monde n'y est pas manichéen ! Le Bien et le Mal ne sont pas si facilement distinguables : la Tradition, même si elle permettait de vivre en harmonie avec la Nature, n'est pas tout à fait parfaite avec ses convictions ridicules, mais la Modernité, elle, ne semble vraiment pas apporter d'amélioration à la condition humaine... Alors, qui a raison et qui a tort ? Ceux qui fuient la forêt pour manger du pain sans goût mais espérer s'élèver aux yeux des chevaliers, ou bien Leemet qui préfère partir à la recherche de la Salamandre endormie pour transmettre un héritage millénaire ?

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A vous de choisir votre camp, en lisant ce texte que j'ai trouvé complet, très juste, et qui m'a énormément plu ! Vous connaissez mon goût pour les contes, et celui-ci était tout juste noir comme il faut ! 🤩

Je remercie d'ailleurs @courtoisgregoire de l'avoir poussé entre mes mains, et puis je salue aussi @manonlit_et_vadrouilleaussi et @point.a.laligne, meilleures coéquipières pour une balade en forêt !! (Avec Ints, bien sûr ! 🐍)
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Les groseilles de novembre

Quelques fruits qui restent accrochés aux brindilles des groseilliers, quelques points rouges dans le noir de l'hiver qui s'avance, dans le froid et la boue. En Estonie, les groseilles de novembre, elles sont confites, gelées, et le peu de suc qu'on en tire ressemble à des gouttes de sang.

Du sang, il en faut pour survivre au Moyen-Âge. C'est le prix que demande le Malin pour donner vie aux kratts. Des créatures faites de bric et de broc, une planche par-ci, un balai par-là, un seau par-dessus. Les kratts qui deviennent, une fois animés, les fidèles serviteurs des villageois, qui accomplissent les travaux domestiques et surtout, surtout, vont chaparder les réserves du Manoir sans lesquelles personne ne pourrait survivre.

Cette histoire est leur histoire. Ou plutôt, l'histoire que les kratts raconteraient s'ils en avaient le temps. L'histoire d'un village soumis au joug d'un noble étranger, et qui se rebelle en sourdine . L'histoire des villageois qui aiment, se mentent, se bagarrent, meurent en grande pompe ou comme des chiens, des villageois qui pratiquent la magie du peuple et tiennent tête aux puissants, aux monstres, au temps qui passe.

Un Clochemerle tragique, une ode à la vie aussi : comme toujours, Andrus Kivirahk réussit le pari de nous emmener très loin à sa suite, de nous faire contempler notre existence du haut de l'Histoire , de nous ensauvager.

Bref, la seule chose qu'on puisse regretter c'est que cet écrivain soit tellement rare, et que ses livres tardent à être traduits en français.
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Le papillon

Une histoire de mensonges. De ces jolis mensonges qui font la vie factice d'un théâtre estonien, dans les années 1910. De ces mensonges qui embellissent la vie des spectateurs, et qui coûtent tellement à ceux qui font profession de comédien.

August est ouvrier, un type comme tant d'autres. Mais Pinna, le directeur du théâtre Estonia, a repéré un je-ne-sais-quoi en lui, et l'embauche au premier regard. Devenu acteur, August va côtoyer les figures attachantes, tendres ou farfelues, qui composent la troupe du théâtre. Une famille d'adoption qui lui rend sa véritable personnalité, un petit monde avec ses joies et ses peines, une commune libre au sein d'un monde précipité dans la guerre et la révolution. Un clan qui trouve, un beau jour, son talisman en la personne d'Erika: le papillon qui donne son âme au théâtre.

Mais hors les murs, le chien gris de la Mort veille et gronde ...

Une fable fantastique, fantastiquement rédigée par un écrivain que je découvre avec ravissement, un moment hors du temps.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Il y a des signes qui ne trompent pas. Quand pendant la journée on pense régulièrement au livre en cours, qu’on a hâte de le retrouver, qu’on s’y replonge dès que possible et qu’on a du mal à le lâcher… Alors on sait qu’on tient un coup de cœur ! Et pourtant, j’en aurais mis du temps avant de me lancer dans la lecture de ce roman, dont je n’avais entendu que du bien, mais qui attendait dans ma PAL depuis plusieurs années.



Quel incroyable, fascinant et étrange roman ! Dans cette fable, le merveilleux est habituel. Les hommes vivent dans la forêt, ils parlent la langue des serpents, se nourrissent du lait des louves qu’ils montent pour partir au combat. Mais ce monde est en train de disparaître. Leemet est le dernier de sa lignée, le dernier garçon né dans la forêt, le dernier à parler la langue des serpents. Après l’arrivée des moines et des chevaliers allemands, il voit son peuple abandonner la forêt et les traditions de leurs ancêtres, pour devenir paysans, prier dans les églises et oublier la langue des serpents.



L’auteur nous dit que les hommes cherchent désespérément des explications à ce qu’ils ne comprennent pas. Pour le Sage de la forêt, ce sont les esprits, qui punissent ou qui récompensent. Pour les villageois, le diable trompe et Dieu protège. Peu de différences finalement… L’homme n’est que le jouet d’esprits supérieurs et ne peut que se plier à leurs volontés et tenter de s’attirer leurs bonnes grâces, par les sacrifices ou la prière. Outre cette critique de l’obscurantisme religieux, aussi ignorant que violent, le texte nous met en garde aussi bien contre la fascination devant les promesses de la modernité ou le repli sur un passé idéalisé.



Conte, fable, pamphlet, … ce récit protéiforme est aussi l’histoire profondément émouvante d’un jeune garçon que nous voyons devenir homme et qui voit son monde s’effondrer. Il nous raconte son histoire, avec une voix tantôt innocente, tantôt sarcastique, tantôt révoltée, … Avec lui on rit, on pleure, on tremble de peur ou de rage. Ils sont rares les romans à provoquer une telle réaction ! Je n’oublierai pas de sitôt Leemet, Ints la vipère royale, Nounours l’ours brun libidineux, les anthropopithèques et leur élevage de poux…
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L'homme qui savait la langue des serpents

"L'homme qui savait la langue des serpents" Est un roman envoûtant, une fable décalée extrêmement drôle mais sur fond de solitude et de fin des temps, de fin d'UN temps... C'est l'histoire du dernier homme sachant parler la langue des serpents (et celles des autres animaux) , la fin des hommes dans la forêt, la fin d'une vie en communion avec la nature... C'est l'histoire de L'Homme qui s'échappe vers les villes et qui en oublie peu à peu ce qu'il doit à la Nature, qui ne pense qu'au progrès et qui perd toutes notions d'amitié.

J'aurai tellement de chose à dire sur ce roman ! Il regorge de plein de significations cachées qui sont passionnantes à décortiquer.Il faut parfois un peu s'accrocher quand on n'a pas l'habitude du burlesque mais une fois qu'on a compris qu'il faut gratter la surface pour comprendre le sens de ce roman, c'est captivant.

J'ai du attendre quelques jours avant d'écrire mon avis; le temps de digérer ce pavé qui ne ressemble à aucun autre !!
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L'homme qui savait la langue des serpents

Livre génial, si la forme ne met pas sur le cul, l'histoire est complétement déjantée. L'histoire de Leemet, le dernier estonien à vivre dans la forêt et à parler aux animaux au XIVème siècle est la fable intemporelle de la disparition d'un mode de vie au profit d'un autre, ici le passage d'un mode de vie primitif et païen en forêt vers le féodalisme des villages chrétiens. Difficile de ne pas se sentir concerné même en ce début de XXIème. La fable de Leemet est à la croisée des mondes, balançant entre le réalisme grégaire de la civilisation chrétienne et le fantastique d'êtres presque humains en symbiose avec le monde des forêt aux histoires épaisses multispécifiques et légendaires. Leemet rejette autant les croyances de ses ancêtres que celle des chrétiens prémodernes, il se retrouve juste seul avec sa façon d'interagir avec un monde en voie de disparition. Etranger à tous car refusant de disparaître dans les foules humaines autocentrées. Il finira seul avec le dragon endormi qui protégeait jadis son peuple maintenant disparu. Bref, je recommande chaudement c'est drôle, malin, triste et renversant.
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Les secrets

Qui connaissait l'écrivain estonien Andrus Kivirähk avant la parution en 2013 de L'homme qui savait la langue des serpents ? Coup de foudre immédiat pour ses heureux lecteurs français avec ce roman baroque et fantaisiste, totalement inclassable et incroyablement jubilatoire. Les deux traductions suivantes, parmi une œuvre très abondante, ont confirmé le talent de l'auteur balte même si le ressenti a été moins enthousiaste (difficile de maintenir un niveau aussi élevé). Et voici que débarque Les secrets, paru initialement en 1999, et catalogué à la section jeunesse, avec illustrations à la clé. Qu'importe, les adorateurs de Kivirähk se doivent de lire ce petit conte, charmant et bourré de trouvailles époustouflantes, qui suggère que tout un chacun ne peut vivre sans laisser une place à ses rêves, dussent-ils contaminer, peu ou prou, la réalité. Le romancier s'en donne à cœur-joie avec la famille Jalakas dont chaque membre, enfants et adultes, conserve un jardin secret qui pimente ses jours et le transporte dans un monde magique et ô combien loufoque. Imaginez par exemple un endroit accessible par ascenseur où la lune et le soleil n'en finissent pas de s'asticoter ou encore un placard à balai qui contient un aquarium géant où l'on peut nager au milieu des poissons. Littérature pour enfants, oui, bien sûr, mais pas interdit aux plus de 10 ans, pour ceux qui ont gardé intactes leurs capacités d'émerveillement. Grâce soit rendue aux Éditions Le Tripode qui sont sommées (gentiment) de continuer à nous donner très régulièrement des nouvelles de l'enchanteur de Tallinn.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Ça faisait longtemps que je voulais lire ce livre : j’en avais entendu tellement de bien. Et je comprends pourquoi ! C’est une vraie pépite ce roman ! C’est drôle et intelligent. C’est beau et entraînant. Les personnages sont tous attachants, l’histoire est déjantée, le style impeccable. Bref, c’est déjà devenu un classique de la littérature estonienne et c’est un de ces livres que je recommanderai à tout le monde. Même et surtout aux personnes qui ne sont pas habituées ou qui n’aiment pas les littératures de l’imaginaire. Je sens que L’homme qui parlait la langue des serpents pourrait les réconcilier.
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L'homme qui savait la langue des serpents

A travers la voix de Emmanuel Dekoninck (audiolib), je découvre le monde de Andrus Kivirahk, auteur estonien qui a remporté le grand prix de l'Imaginaire 2014, grâce à ce titre. D'ailleurs, ce titre "L'homme qui savait la langue des serpents", ne manque pas de nous arrêter, et est un bon prélude à ce que sera le roman. L'écriture de Andrus Kivirahk est pleine d'imagination débordante et fantastique, pleine d'humour et de poésie. A travers cette jolie fable, l'auteur nous embarque sur une réflexion sur la modernité.

Leemet, le narrateur a appris la langue des serpents, et vit dans les traditions familiales au cœur de la forêt, quelque part en Estonie, dans une époque médiévale. Mais la modernité arrive à grand pas, à travers la venue de chevaliers étrangers qui amènent d'autres croyances, coutumes, ...

Ça a été pour moi une bonne entrée en matière pour aborder la littérature estonienne. Un grand merci à Masse Critique et à Audiolib pour ce magnifique cadeau !
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L'homme qui savait la langue des serpents

L’auteur estonien Andrus Kivirähk situe ce roman pas comme les autres au Moyen Age, à une époque qui correspond à la colonisation et à l’évangélisation des dernières contrées païennes d’Europe. Si les Estoniens ont longtemps résisté à l’envahisseur germanique, la majorité de la population a désormais quitté la forêt pour des villages qui vivent d’agriculture et embrassent pleinement la religion chrétienne. Le jeune Leemet et sa famille sont parmi les derniers à ne pas céder aux sirènes de la modernité et font office de derniers témoins d’une civilisation et d’une culture vouées à disparaître…



Livré sous forme de conte satirique, ce roman ne se cantonne néanmoins pas à un seul genre. Ce véritable ovni littéraire mêle en effet tout à tour histoire, mythologie, fantastique, quête initiatique, saga familiale et histoire d’amour. Ce récit d’une intelligence rare offre non seulement une réflexion intéressante sur la notion d’identité, mais aborde également des thèmes d’actualité, tels que l’évolution des civilisations, la place de la religion et les dangers de l’extrémisme. Issu du folklore estonien, ce livre d’une grande richesse est également pourvu d’une dimension pamphlétaire qui prend tout son sens lors de la lecture d’une postface qui apporte un éclairage particulier sur cette critique déguisée de la société estonienne. Si l’auteur dénonce clairement la bêtise humaine et le fanatisme, il évite cependant de choisir entre les défenseurs de l’ancien temps et ceux qui embrassent aveuglément la modernité, profitant d’ailleurs de l’occasion pour démontrer que la bêtise ne se limite que très rarement à un seul camp. La morale de l’histoire étant probablement qu’il faut savoir évoluer avec son temps, sans pour autant renier ses origines…



Ce monde imaginaire, saupoudré de fantastique et de folklore, livre également des personnages aussi surprenants qu’attachants. Du serpent royal Innts au grand-père cul de jatte, en passant par des ours particulièrement dragueurs, Andrus Kivirähk propose une galerie de personnages hauts en couleur. Si ceux-ci ne manqueront pas de marquer les esprits, c’est surtout la solitude de Leemet qui restera en mémoire. Perdant progressivement tous ses compagnons de route et ses repaires au fil des chapitres, le dernier représentant de l’ancien temps se retrouve le cul entre deux chaises, incapable de choisir entre l’ancien et le nouveau monde. Devenu gardien du savoir de son peuple, dépourvu d’héritier à qui transmettre des traditions qui menacent de tomber dans l’oubli, le dernier homme à encore savoir parler la langue des serpents observe, totalement impuissant, la fin de son monde.



Si la quête de plus en plus solitaire de Leemet est parsemée de drames, le récit d’Andrus Kivirähk baigne néanmoins dans l’humour et l’ironie. En décrivant de manière exagérée et souvent délicieusement imagée le caractère totalement absurde de certains comportements, il dénonce la plupart des dérives avec énormément d’humour. Les sujets ont donc beau être complexes et le fond du récit d’une tristesse profonde, le rire est cependant bel et bien au rendez-vous…



Un roman pas comme les autres, pourvu de plusieurs niveaux de lecture, qui aborde avec intelligence la transition entre deux civilisations.



Lisez-le sur votre liseuse ou en version papier, quitte à être le dernier…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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L'homme qui savait la langue des serpents

Leemet est un jeune garçon estonien. Même s’il est né au village (là où se sont établis les paysans christianisés par les hommes de fer et les moines), à la mort de son père, sa mère l’a ramené avec sa sœur dans la forêt. Dans la forêt vivent les vrais estoniens, ceux qui connaissent encore la langue des serpents. Tous les animaux et tous les humains connaissaient cette langue, mais désormais, seule une poignée d’humain la connaît encore. Leemet est d’ailleurs l’un des derniers à la parler parfaitement. Quant aux animaux, ils la comprennent seulement, ce qui suffit d’ailleurs à les faire obéir. On peut ainsi traire et chevaucher les loups et demander aux cerfs et chevreuils de se sacrifier pour pouvoir manger.



Mais dans le village, ces pratiques sont bien sûre décriées, oubliées, remplacées par le culte de Jésus, du pain et du vin.



Leemet est donc le dernier, malédiction qui le suivra toute sa vie, puisqu’il sera le dernier sur de nombreux points. Sa meilleure amie est une vipère royale, Ints, surtout depuis que son ami d’enfance est allé vivre au village.



Ce roman, un bon pavé qui se dévore tout seul, est vraiment très bien mené. Tout du long on rit, que se soit des traits d’humour ou des situations cocasses. Pourtant, ce roman n’est pas franchement drôles, on voit là une civilisation qui s’éteint, la lutte des anciens contre les modernes. Et même si cette lente annihilation des anciennes valeurs, parfois étranges qu’on s’est habitué à fréquenter depuis le début du roman (les ours qui flirtent avec les jolies filles, des être encore plus anciens qui élèvent des poux, la légende de la Salamandre, le terrier des serpents avec la pierre sucrée…), est inéluctable, on est toujours entraîné vers l’avant.



Les explications au début du roman, sur la situation (l’Estonie est un pays christianisé très tardivement) et celles de la fin (sur le pamphlet contre la société, puisqu’évidemment la lutte des traditions contre la modernité est toujours d’actualité) sont vraiment très intéressantes.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Ambitieux de s’engager à faire une analyse de ce roman d’Andrus Kivirähk car derrière un conte fantastique se cache une critique de la société estonienne et de la société en général.

Tout d’abord, attardons nous sur le plaisir de lecture. Sous une plume aisée et simple, je me suis embarquée dans le monde de Leemet, ce jeune garçon né dans un village et reparti vivre dans la forêt avec sa mère à la mort de son père. Son oncle, Vootele, lui apprend alors la langue des serpents, un sifflement qui permet de communiquer avec les animaux. Ce langage difficile est en voie de disparition mais il permet de se nourrir en soumettant les proies, de se défendre en s’alliant aux animaux et de parler avec les serpents. Sifflé en grand nombre, il permettait de faire sortir La Salamandre, animal mythique capable d’anéantir l’oppresseur.

Leemet sera sûrement le dernier homme à le pratiquer mais peut-être aussi le dernier homme de la forêt. Devant une vie de plus en plus difficile, les hommes partent un par un vers le village. Là, ils se baptisent, apprennent à cultiver, mangent du pain et servent les hommes de fer, chevaliers allemands et les moines.

Les deux populations, hommes des bois et villageois, se détestent et sont pourtant réduits aux mêmes esclavages. Les villageois sont soumis à la religion chrétienne, les hommes de la forêt craignent les dieux païens. Leemet refuse toute soumission et se retrouve inévitablement de plus en plus seul.

Ce récit allie plaisir de lecture et réflexion. Le plaisir vient de ces aventures étonnantes et épiques mais aussi et surtout des personnages. Leemet a comme meilleurs amis une vipère royale, un couple d’anthropopithèques éleveurs de pous, Meeme un tronçon d’homme alcoolique, un grand-père cul de jatte aux ailes d’oiseau, un beau-frère ours adorable mais coureur de jupons.

L’auteur mêle habilement le contexte historique et le langage moderne pour mieux montrer que ce conte met en image des valeurs de société intemporelles.

Les jeunes gens remettent en cause les valeurs conservatrices pour s’enthousiasmer pour les choses à la mode ( chants, idoles, manière de vivre). A dessein, ce qui les attire est bien évidemment ce que nous trouvons à notre époque moyenâgeux.

" Toute tradition a été un jour une innovation."

Pourtant, l’auteur ne critique pas davantage la religion chrétienne puisque Üglas, le sage du Bois sacré est tout aussi ridicule et cruel.

" Les gens sont toujours en train d’inventer un quelconque croquemitaine pour se dégager sur lui de leurs responsabilités."

" les génies, ça n’existe pas. Ce n’est pas d’eux qu’il faut avoir peur, mais des gens qui croient en eux.", belle dénonciation du fanatisme.

Voilà comment montrer agréablement l’évolution d’une société, des êtres qui s’adaptent physiquement à l’environnement, qui s’enthousiasment pour des nouveautés bien vite dépassées, qui tentent d’entraîner les autres sur un meilleur chemin sans comprendre qu’ils passent d’une soumission à une autre.La postface explique comment comprendre ce récit en cohérence avec l’histoire de l’Estonie, pays nationaliste très attachéà sa langue, soumis au joug russe et envahi par les allemands.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Amis des bêtes, bienvenue dans ce drôle de monde et cette époque où les humains étaient proches de la nature, où un ours pouvait séduire une femme mariée, où les hérissons étaient de gros crétins, où certains savaient la langue des serpents car ils étaient leurs frères. Hélas, à part Leemet, tout le monde a oublié... Il est le dernier à la parler. Et il nous raconte.



On navigue dans un univers fantasque où on rencontre des femmes qui se flagellent nues en haut des arbres, un vieil ivrogne quasi végétal, un sage des vents, un cul-de-jatte qui fabrique de la vaisselle un peu spéciale, un très vieux poisson barbu, et le Christ est l'idole des jeunes... Il suffit de se laisser porter et permettre à l'enfant qui est en nous de refaire surface, pour croire aux anthropopithèques qui élèvent des gros poux délirants, à la salamandre volante, à Ints la jeune vipère et meilleur ami, à l'Ondin esprit du lac, aux ours tombeurs de ces dames, aux louves laitières... c'est jubilatoire ! Il y a d'un côté ceux de la forêt un peu doux dingues mais parfois plus dingues que doux, qui vivent en harmonie avec la flore mais dominent la faune, dont certains croient aux génies, et de l'autre ceux du village, qui ont tout renié de leur mode de vie passé, qui sont sous l'emprise de la religion, et donneurs de leçons. Les villageois qui passent leur temps à cultiver les champs et aller à la messe, les forestiers qui mangent de l'élan encore et encore et beaucoup trop, entre deux flâneries dans les bois.



Ce roman c'est, transposé au temps des chevaliers, le monde ancien contre le monde moderne. Et vraiment, c'est l'ancien qui est le plus attrayant, féerique, enchanteur, fabuleux, ensorcelant, flippant... Ah !... Ça se voit que j'ai aimé ? Adoré ? Surkiffé ? Oui ! Ce roman est une bulle d'oxygène sylvestre, de croyances ancestrales, de fantasmagorie et aussi de drôlerie. Car oui, c'est joyeux, drôle, et parfois hilarant.



L'auteur se moque allègrement, à travers ses personnages, des croyances et superstitions païennes et de celles liées à la religion et de la récupération qu'ils font, toujours en leur faveur, des événements, tendant à prouver que rien de ce qui arrive n'est dû aux mérites des individus car ils sont forcément l'instrument de Dieu, ou du diable s'il n'y a que de l'indignité et pas de gloire à s'approprier. Il égratigne au passage les sociétés, les pouvoirs en place qui veulent tout contrôler, ne voir qu'une tête, et surtout pas de libres penseurs, la religion toute puissante qui asservit les gens par la peur et l'ignorance, pourvoyeuse de la pensée unique. le contrôle de la nature, et vade retro la liberté ! Des peuples sous le joug de têtes pensantes prosélytes qui haïssent l'apostasie, l'athéisme, le paganisme. Et ça, c'est intemporel. Il faut avouer que la religion en prend pour son grade, à moins que ce ne soit plutôt les ecclésiastiques, mais avec énormément d'humour. Cela dit, le mage aussi prend cher avec ses lutins, ses génies, sa bêtise, sa méchanceté et ses désirs de domination. Et les peuples qui se comportent en bons petits moutons mais jugent durement ceux qui ne marchent pas comme eux dans le rang. Ça m'a mis une chanson en tête : 🎼 Non les braves gens n'aiment pas que 🎶 l'on suive une autre route qu'eux 🎵.



C'est foisonnant, il s'y passe tant de choses, des joies, des douleurs, le monde qui change, l'amitié, l'amour, la mort, les affres de l'obscurantisme, de l'ignorance et du fanatisme. C'est l'histoire de toute une vie, celle de Leemet le narrateur, et il nous la raconte d'une façon enthousiasmante, enjouée et très drôle, mais aussi douloureuse parfois et quelquefois résignée. J'ai tellement aimé que je ne vais pas m'arrêter là quant à ma découverte des romans de Andrus Kivirähk !
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L'homme qui savait la langue des serpents

Voici une oeuvre de l'imagination tout à fait étonnante et singulière qui peut être comparée dans sa fougue, ses excès et sa violence aux écrits rabelaisiens. Kivirahk invente un personnage qui est le dernier des humains à parler la langue des serpents. Cette langue permet de communiquer avec les reptiles qui ont une conscience comme les humains. Elle permet également de commander à tous les animaux. Ce pouvoir était l'apanage du peuple des forêts estoniennes avant l'arrivée des chevaliers Teutons. Dans un récit mêlant scènes cocasses et parties dialoguées où s'affrontent des conceptions du monde, l'auteur se rie du Christianisme, des traditions, des conceptions nationalistes et du refus de la modernité. Mais il ricane également des travers de la modernité.

Leemet traverse cette épopée essayant de s'adapter aux changements sans abandonner son indépendance d'esprit qu'il fait qu'il refuse les croyances magiques. Il connaît l'amitié fidèle, l'amour et la rage violente de détruire l'ennemi, il termine seul, dernier gardien du temple.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Sans trop me mouiller je dirais que c'est LE meilleur livre estonien que j'ai lu jusqu'à maintenant. Bon vous direz que je n'ai pas du en lire beaucoup d'autre et vous n'auriez pas tort...

C'est quand même un (très) grand roman rempli de mythologie, d'ours, de conte, de serpent, de magie, de forêt et d'une forme de morale justement dosée. La culture occidentale avale et étouffe les cultures locales.

Allez je le dis, un chef d'œuvre (estonien) !
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L'homme qui savait la langue des serpents

Le lecteur est introduit dans une Estonie médiévale fantaisiste peuplée de chasseurs-cueilleurs sylvestres qui, jadis, savaient la langue des serpents - l'idiome qui permet de communiquer avec les animaux et se faire obéir d'eux - pouvaient cueillir les vents, guerroyer à dos de loups et vivaient dans l'ombre bienveillante de la Salamandre, monstre volant protecteur du pays. Mais rien n'est éternel et, lorsque s'ouvre le récit, cette terre mythique est désormais occupée par des envahisseurs étrangers, les chevaliers teutoniques. Les habitants quittent en masse les bois pour s'installer dans des villages et cultiver la terre. Seuls quelques irréductibles persistent à vivre en forêt, à l'image en abyme d'un couple d'anthropopithèques éleveurs de poux géants, vestiges d'une époque encore antérieure. Le narrateur, le jeune Leemet, grandit dans cette atmosphère de déclin sans trop savoir où trouver sa place. Entre les villageois imbus de leurs nouvelles techniques et d'un Dieu unique importés par les conquérants qui ont renié leurs héritages les plus essentiels pour embrasser la modernité et les derniers habitants de la forêt qui vivotent dans la solitude et noient leur désespoir dans l'alcool ou un chamanisme fanatique, les échanges se font de plus en plus ardus jusqu'à sombrer dans la violence. Cette épopée de la fin d'un monde, rédigée sur un ton ironique et truculent, masque une grande mélancolie et un pamphlet sans concession contre les chantres du progrès comme ceux du conservatisme. Cette dimension morale fait de ce roman une lecture prenante et philosophique à conseiller aux lecteurs aguerris amateurs d'évasion intelligente.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Vous cherchez un récit plein d'optimisme où l'action ruisselle de chaque page. Passé votre chemin !

Ici, Andrus Kivirähk nous dépeint une histoire où le fantastique s'écaille, le fatalisme suinte et l'ironie s'écoule de page en page.

Le ton est donné dès les premières lignes du roman. Nous apprenons que le narrateur est depuis quelque temps déjà seul à parcourir la forêt. Il nous raconte donc sa vie et comment il est devenu malgré lui le dernier homme qui savait la langue des serpents.

Un récit ironique qui se moque des irréductibles défenseurs de la tradition comme de ceux qui cherchent à évoluer à tout prix sans réfléchir aux potentiels inconvénients.



Un récit mordant, parfois sanglant, souvent étrange. La postface m'a permis de mieux comprendre certaines références, certains passages qu'un non-connaisseur de l'Estonie et de son histoire ne peut appréhender aisément.

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L'homme qui savait la langue des serpents

Ce livre nous plonge dans une ambiance particulière, à mi-chemin entre un monde médiéval et un univers fantastique. Nous découvrons deux modes de vie : celui de la forêt où Leemet a toujours baigné, et celui du village d’en bas, qui attire de plus en plus les habitants de la forêt.

Dès le début du livre, le lecteur sait ce qui va se passer. Le narrateur nous raconte le déclin de son monde. Les traditions ancestrales se perdent : les hommes préfèrent manger du pain plutôt que de la viande ; les louves ne sont plus domestiquées pour qu’on boive leur lait ; les hommes ont oublié la langue des serpents, celle qui permettait de contrôler la plupart des animaux ; la légendaire Salamandre a disparu.

Leemet, au début, est fasciné par la nouveauté qu’inspire le village : tout semble si attirant, que ce soit la nourriture, les outils, les vêtements etc. Mais, son choix restera celui de la forêt, notamment parce qu’il est influencé par sa famille et qu’il est attaché à son amie Ints. Il constate le délitement de son monde : certains vouent une haine féroce à ceux qui sont partis ; d’autres se raccrochent désespérément à leur mode de vie ou aux anciens dieux au point de frôler la folie. Ceux qui sont partis aussi ont tout rejeté pour adopter une nouvelle culture : le lien qui les unissait au monde animal et à la nature a totalement disparu ; les légendes sont perdues à jamais, reléguées au mieux au rang de contes pour effrayer les gens.

Ce livre est empreint de nostalgie mais aussi de réalisme. A aucun moment, il ne fait l’apologie de l’ancien mode de vie au détriment de l’autre. L’ancien monde comme le nouveau est emplit de violence et d’intolérance : son grand-père et lui-même ont massacré des gens innocents ; les villageois ont détruit la tanière des serpents.

Leemet constate que le christianisme a remplacé les anciens dieux mais que le schéma reste le même.

C’est une histoire originale, loin des intrigues conventionnelles. On peut le lire sur plusieurs angles : un conte fantastique, une ode à la nature. Je le comprends surtout ainsi : trouver l’équilibre et l’harmonie entre les anciennes coutumes et les changements que la vie apporte. Accepter les nouveautés sans oublier d’où l’on vient.

Le style d’écriture est fluide, agréable et enchanteur. Comment ne pas regarder d’un autre œil les serpents après ce livre ?

En tout cas, je vous recommande vivement cette histoire !
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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