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Critiques de Andrus Kivirähk (370)
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L'homme qui savait la langue des serpents

La littérature estonienne n’est pas assez présente sur nos rayonnages pour que l’on se prive de la lecture de cette petite pépite. Une fable, un conte de l’ancien temps, qui narre l’histoire et les aventures de Pätel, le dernier homme à parler la langue des serpents.

Pourquoi ce don devrait-il disparaître ? Car l’ancien monde féerique, magique, en équilibre avec la nature et ses habitants, subit les coups de massue de la « modernité », représentée ici par la religion catholique et son corollaire, la société de consommation.

Pätel et les siens, derniers village d’irréductibles Estoniens, vont tenter le baroud d’honneur pour survivre selon leurs croyances, tandis que comme une lèpre, les idées et religions modernes avancent inexorablement.

Andrus Kivirähk raconte avec poésie, humour et tendresse cette lutte finale, perdue d’avance, entre l’ancien et le moderne.

Les images sont chatoyantes et les personnages (humains ou animaux) sont attendrissants ou détestables et l’on se prend à rêver de cette forêt qui n’existe pas (plus).

L’auteur nous fait entrevoir à travers ce titre toute la richesse de la littérature estonienne, ses bases féeriques qui, au même titre que la littérature polonaise ou irlandaise, à des comptes à régler avec l’église catholique…

La nouveauté est souvent synonyme de progrès, mais pas toujours…

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L'homme qui savait la langue des serpents

J'ai beaucoup aimé cette fable.

Nous voilà plongé en plein merveilleux, en un temps où les Estoniens vivaient en communion avec la nature: les hommes des bois communiquaient avec les animaux, les filles épousaient des ours etc. jusqu'à l'arrivée des chevaliers Teutoniques. Désormais, c'est Jésus l'idole des jeunes, qui veulent tous entrer au couvent ou devenir castrats.

Kivirähk nous raconte la fin d'un monde, du point de vue du "dernier des Mohicans" ou des "vrais" Estoniens. Ce livre donne beaucoup à réfléchir car il est transposable à beaucoup de situations: les hommes oublient leur passé, leur culture car celle qui vient de l'étranger est extrêmement séduisante. Outre le merveilleux que j'ai vraiment beaucoup aimé car je ne connais pas grand-chose aux mythes estoniens, j'ai bien aimé assister à ce changement de civilisation et aux vaines résistances qu'il engendre. C'est un thème universel auquel sont particulièrement confrontés les pays baltes: la présence russe y est encore extrêmement présente alors que ces pays se tournent volontairement vers l'Union Européenne sans oublier le soft power américain.

L'ensemble est très agréable à lire, aucun moment d'ennui : je le recommande.



Challenge ABC 2020/2021
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L'homme qui savait la langue des serpents

Un roman qui me tentait énormément !

Il y a très longtemps, les Estoniens vivaient en fusion, avec la Nature. Mais tout a changé le jour où le christianisme est arrivé. Comme bien souvent, la religion impose son propre point de vue, au détriment des civilisations déjà présentes sur les lieux. Ici, les Estoniens ont été mal vu lorsqu'ils rapportaient pouvoir parler aux serpents, commandaient les animaux, et avoir leurs propres divinités. Les chevaliers et les moines ont introduits d'autres coutumes, d'autres mœurs, bouleversant de fond en comble toute la société présente... Beaucoup d'Estoniens, attirés par le mode de vie différent, se sont tournés vers eux, ont construits et habités un village, loin de la forêt, et se sont mis à cultiver, oubliant toute la richesse présentes, et se cantonnant à un point de vue étriqué et borné.



Ainsi, Leemet et sa sœur sont nés au village, mais suite à une série d'événements, leur mère a décidé de repartir dans la forêt avec ses deux enfants. Suite à cela, Leemet a grandi dans le respect des traditions ancestrales, et a appris la langue des serpents. Une langue extrêmement difficile à apprendre car tellement différente du langage des êtres humains ! Les sifflements, les contorsions de la langue, tout cela s'apprend au prix de grande souffrance. Mais au final, Leemet a maîtrisé complètement cette langue, permettant ainsi de parler aux serpents et de se faire obéir de tout les animaux. Car tout les animaux, du moins ceux qui reconnaissent cette langue, sont tenus d'y obéir.

Leemet vit heureux dans sa forêt, avec ses amis, déambulant et vagabondant. Il rend visite au dernier couple d'anthropopithèques éleveurs de poux, se rend parfois à la frontière de la forêt pour observer le village, cherche également une légendaire salamandre dont la légende dit qu'elle dort profondément... Mais au fil des saisons, la forêt se dépeuple inexorablement : les habitants partent peu à peu, attirés par le village, et un autre mode de vie, loin des « barbares » . La sœur de Leemet, faute d'hommes à épouser dans la forêt, va choisir de partager sa vie avec un ours. Un prétendu sage travaille la résistance des derniers habitants de la forêt, les poussant à choisir la « modernité » et à renier toutes les coutumes ancestrales. Leemet va se retrouver seul, rescapé de l'exode, et sera bientôt le dernier gardien des lieux, le seul à se souvenir des traditions et de la langue des serpents...

L'homme qui savait la langue des serpents est un livre qui me tentait depuis sa sortie en France, en 2013. Puis je l'ai oublié, puis je m'en suis rappelé grâce aux critiques élogieuses qui fleurissaient sur la Toile... Pour que je puisse le lire, j'ai finalement dû attendre qu'on me l'offre à Noël, édition 208 ! Et c'était totalement un hasard, une idée que je n'avais pas donnée : J'AIME lorsqu'on lit dans mon esprit comme ça !

Aussitôt offert, aussitôt lu (ou presque). Je m'y suis plongée avec beaucoup de curiosité et de plaisir : L'homme qui savait la langue des serpents est un livre particulier, délicat, empreint de poésie... Une claque ! Andrus Kivirähk a écrit un livre déroutant, parfois drôle (surtout au début) et qui devient de plus en plus sombre au fur et à mesure que la forêt se vide de ses habitants. C'est un livre très riche, où s'entremêlent plusieurs sujets : vous avez bien sûr le rapport de l'être humain à la nature, cette lutte contre l'apparition du « progrès » et de la technologie. Il y a le rapport qu'entretient l'homme avec sa maison, ses coutumes, le fait de partir sur un tout autre chemin, quitte pour cela à tourner le dos à sa communauté d'origine. Cela conduit à de nombreuses batailles, les différents points de vue se heurtent avec fracas, et il y a ensuite cette petite touche de fantastique qui se glisse subtilement de pages en pages...

L'homme qui savait la langue des serpents est parfois joyeux, mais très souvent mélancolique et tragique. C'est une oeuvre très déroutante, que je qualifierai d'OLNI (Objet Littéraire Non Identifié), et avec lequel j'ai passé un moment très fort.

Un livre à lire absolument, je recommande ! Poétique et envoûtant, L'homme qui savait la langue des serpents est un livre particulier et touchant...



(Voir mon avis sur mon blog.)
Lien : https://chezlechatducheshire..
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L'homme qui savait la langue des serpents

Une fable.

Une fable drôle et profondément triste, sur la lutte perdue d'avance, des traditions face à la modernité, sans concession ni pour les uns, ni pour les autres.

Un pamphlet on ne peut plus réussi qui vise à la fois notre société, stupidement moderne, et son attachement à un passé réinventé.

Un livre que je conseille à tous !
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Les groseilles de novembre

Ma belle-sœur estonienne, qui m’avait déjà offert l’an dernier l’excellent roman du même auteur, "L’homme qui savait la langue des serpents", m’a offert cette année "Les groseilles de novembre". D’après elle, c’est le roman de Kivirähk qui a eu le plus de succès en Estonie. On nous rappelle, dans une note de l’éditeur, que l’Estonie n’a été conquise et évangélisée qu’au XIIIe siècle, dans le cadre d’une croisade menée par des chevaliers allemands, les paysans estoniens devenant les serfs des « barons ».



Cette histoire se déroule plus ou moins à cette période reculée, du 1e au 30 novembre, durant 30 chapitres donc qui sont autant de petites histoires mêlant le grotesque au tragique, dans un village estonien à l’atmosphère très particulière, drôle et complètement déjantée, où les habitants côtoient le diable en personne, le Vieux-Païen qu’ils arrivent à berner par de subtiles ruses (on comprendra à ce propos ce que viennent faire ces fameuses « groseilles de novembre »), fabriquent leurs kratts (créatures volantes faites avec de vieux objets et qui peuvent rapporter de l’argent ou de la nourriture), peuvent se changer en loups-garous ou en «tourbillonneurs». Chacun sait que les maladies peuvent s’éloigner par une consommation intensive de vodka, qu’en décrivant un cercle autour d’une vache de mer on l’empêche de retourner à l’eau et on peut ainsi la voler ou qu’en tirant sur la porte d’une église avec une hostie le jour de la St André, on acquiert une force surhumaine. Les villageois sont pour la plupart assez rustres, au langage très cru, parfois complètement stupides comme le valet Jaan qui tombe malade pour avoir mangé du savon (« Qu’est-ce qui t’a pris de le manger alors ? Est-ce que tu broutes les fleurs en été ? Comme une vache ? […] C’est du poison ! Toi tu boufferais même de la merde si tu pouvais l’avoir gratuitement ! « ) et rarement très sympathiques les uns avec les autres. Tous trouvent leur subsistance en volant leur nourriture au « manoir » où vit le « baron », le seigneur du lieu apparemment dont le garde-manger semble inépuisable et dans lequel tout le village puise sans vergogne.



J’ai vraiment apprécié ces personnages haut en couleurs, l’humour souvent grinçant ou très noir, même si j’ai préféré, je crois, "L’homme qui savait la langue des serpents". Je pense qu’il m’a aussi manqué certaines clés pour goûter complètement ce récit.
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Les groseilles de novembre

Il ne devait pas faire bon vivre dans le village décrit par Andrus Kiviräk: ses habitants sont tous aussi stupides que cupides. Leur activité favorite est de se voler mutuellement et en permanence, pas par besoin mais pour le plaisir d'accumuler des richesses dont ils n'ont que faire. Pour commettre leurs exactions ils utilisent des créatures encore moins futées qu'eux: les fameux kratts . Non contents d'être en permanence menacés par tous les êtres maléfiques qui peuplent la foret, ils utilisent la magie pour se nuire mutuellement à coup de mauvais sort. Inutile de vous dire que l'atmosphère n'est pas au romantisme et que l'amour peine à fleurir sur ce tas de fumier et les tendres sentiments se cachent bien.

Dès les premiers phrases Andrus Kiviräk m'a fait retomber en enfance, j'ai retrouvé avec bonheur le plaisir de contes de mes toutes jeunes années. J'ai trouvé cette lecture fort réjouissante mais j'ai été très frustrée quand je suis arrivée à la dernière ligne. La fin est si brutale que j'ai cru qu'il manquait des pages à mon livre !

J'aurai voulu que l'histoire dure encore et encore ....
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L'homme qui savait la langue des serpents

Les légendes estoniennes revisitées chantent, avec l’imagination débordante d’humour d’Andrus Kivirähk, l’arrivée de la modernité dans une Estonie médiévale. Les hommes quittent la forêt emplie d’animaux fabuleux pour les champs abandonnant leur relation avec la nature pour travailler dans un monde organisé.



La magie du verbe d’Estonie et la critique acerbe de notre monde moderne font un mariage détonnant pour le plus grand plaisir de tous.


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L'homme qui savait la langue des serpents

J'avais reçu ce gros livre il y a quelques années pour Noël, mais son épaisseur me rebutait un peu 😉 ! Je me suis enfin mis à le lire en profitant de quelques jours de vacances... et j'en suis venu à bout !

Andurs Kivirähk crée toute une mythologie médiévale pour sa patrie estonienne (à peine plus grande que la mienne). Il se base certes sur un événement historique, la colonisation, puis la christianisation du pays par les Chevaliers Porte-Glaive, mais pour le reste il laisse libre cours à sa fantaisie, égratignant parfois au passage des coutumes de ses compatriotes. Son inventivité est foisonnante, et j'ai parfois eu du mal à le suivre

Autrefois, les Estoniens vivaient dans les forêts et parlaient la langue des serpents, ce qui leur permettait de se faire comprendre de tous les animaux sauvages. Ils pouvaient ainsi domestiquer des louves pour leur lait, tuer facilement des chevreuils pour les manger ou même avoir des relations sexuelles avec des ours.

Le narrateur, Leemet, est l'un des derniers Estoniens à vivre selon les coutumes originelles avec sa famille. Peu à peu, il voit ses amis quitter la forêt, mais lui il veut résister et combattre.

Sa lutte prend tour à tour diverses formes : résistance passive en essayant de garder les traditions ancestrales, batailles violentes contre les chevaliers avec l'aide de son grand-père,  collaboration avec l'ennemi tout en rusant pour apprendre la langue des serpents à un enfant. Il doit aussi se battre contre les intégristes de sa tradition qui tiennent sa famille responsable de tous leurs malheurs.

Chaque fois que la situation semble s'améliorer, Leemet a un autre malheur et finalement il se retrouve tout seul. Nous savions dès le début que son combat était perdu, mais il a trouvé la paix avec la Salamandre , cette créature qui aurait pu sauver son peuple.

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L'homme qui savait la langue des serpents

Une lecture extrêmement surprenante



Si vous avez envie d'une lecture un peu hors du commun, voici un livre qui devrait vous plaire.



Ce roman est un mélange assez unique de réalisme magique, de conte folklorique, de récit initiatique, de fable et de pamphlet.

L'écriture aussi est assez inclassable, tantôt poétique, ironique ou très crue et réaliste.



Leemet, le personnage principal, oscille à la lisière entre deux mondes. Le monde ancien, celui de la forêt, des ours et des serpents. Et le monde nouveau, celui du village, des hommes de fer venus d'ailleurs et de la modernité.



Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est sa manière de traiter un sujet traditionnellement plutôt manichéen (cette lutte entre traditions d'un côté et progrès de l'autre) de manière complexe et nuancée.

Chacune des deux cultures a justement sa propre culture. Tandis qu'au village on laboure les champs pour cuire du pain, les habitants de la forêt élèvent des louves dont ils traient le lait. Chacun a ses propres dieux et systèmes de croyance, ses apprentissages, ses légendes. Il n'y a donc pas de lutte entre la nature d'un côté et la culture de l'autre.



Pas non plus de mythe du bon sauvage. Les habitants de la forêt ne sont ni sauvages, ni meilleurs que ceux du village. Et s'ils cohabitent avec le règne animal, ils pratiquent aussi l'élevage, mangent de la viande d'élan et savent manipuler les animaux grâce à la langue des serpents.



A travers le personnage de Leemet, l'auteur porte un regard critique sur les croyances religieuses (quelles qu'elles soient), la soumission volontaire introduite par le système féodal et l'Eglise et la course au progrès.

Sous ses yeux incrédules, on assiste à l'effondrement d'une civilisation au profit d'une autre, avec tous les deuils que cela implique.



C'est un récit parfois violent, et j'avoue que j'ai eu du mal à avancer dans la deuxième partie du récit car je ne m'attendais pas à un récit si cru.



Enfin, je ne peux m'empêcher de souligner le (gros) bémol qui m'a empêché de profiter pleinement de cet ouvrage : la pauvreté des personnages féminins. Leurs réactions sont assez caricaturales, voire parfois incompréhensibles . Leur psychologie est peu ou pas travaillée. Leur rôle est secondaire : elles font à manger, tombent enceintes d'un futur chevalier, ou assistent le héros dans sa quête.



En définitive, c'est une lecture addictive, drôle et foisonnante. Je regrette cependant que les personnages féminins n'aient pas plus de profondeur !
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L'homme qui savait la langue des serpents

Cette histoire m’a emportée dans un univers merveilleux et mythologique, où les croyances deviennent vérité, où les hommes parlent aux animaux, et où la Salamandre dort en un lieu secret, attendant d’être réveillée. C’est un univers beau et sombre, une histoire mélancolique qui parle de tradition et de modernité, de solitude et d’un homme qui n’a pas pu appartenir à son époque. Un homme plein d’un savoir ancestral qui n’intéresse plus personne, témoin vivant d’une culture morte.





C’est donc un roman sur la solitude et le changement, un roman empreint de mélancolie et d’humour noir qui critique aussi bien ceux qui courent aveuglément après le progrès que ceux qui se raccrochent désespérément aux traditions.





L’écriture est fluide, passionnante et riche, le rythme est maîtrisé et ne laisse jamais l’intérêt du lecteur s’essouffler. L’auteur mélange avec brio les scènes épiques, cocasses, surnaturelles et nous donne un aperçu alléchant de cette « mythologie » que nous connaissons fort mal. Mais une légère redondance, mêlée à une certaine exagération, m’ont un peu refroidie sur la fin. Peu importe : c'est un coup de coeur !
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L'homme qui savait la langue des serpents

Vous voulez partir en Estonie dans un mythe fondateur entre tradition et modernité ? Embarqué au côté de Leemet, le dernier homme du pays à parler la langue des serpents, le dernier à vivre selon la tradition, avant l’arrivée des Hommes de fer, les chevaliers allemands.

C’est une grande saga à la façon des sagas nordiques, qui cristallise l’acceptation ou le refus d’une vie moderne (au village, à cultiver le blé et manger du pain), contre la vie dans la nature où l’Homme, la forêt et les animaux vivent en symbiose. La jeunesse est la génération de transition. Quelque que soit le choix qui a été fait, le destin pèse sur les épaules des personnages.

Et une fois qu’on s’est fait une idée du roman en le lisant, il est intéressant de lire la postface du traducteur, Jean Pierre Minaudier, intitulée ‘’Le pamphlet sous la table’’ qui explique le contexte de rédaction rattaché à l’histoire du pays. C’est une réflexion que je trouve intéressante, mais que je ne vais pas analyser, ne connaissant pas l’histoire de l’Estonie.

Une lecture agréable, un peu déconcertante au début, il faut juste accepter de se laisser porter par ce monde de légende, en laissant de côté notre esprit rationnel.

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L'homme qui savait la langue des serpents

Dans un souci d'uniformisation, le folklore et les traditions des forêts d'Estonie disparaissent progressivement, et la langue des serpents qui permet aux hommes d'être compris par les animaux tombe dans l'oubli.



Ce livre n'était tout simplement pas fait pour moi. On m'annonçait de l'humour... Avec cette tristesse latente ? Je ne sais pas où il fallait rire. C'est tellement irrationnel, invraisemblable, inepte par moments, cela frisait le ridicule.

Par exemple, entre autres situations grotesques et farfelues, cette femme qui s'envoie en l'air avec un ours, ours qui tue son mari, même ours qui se coupe les testicules à coups de dents après son coup de sang.

Tout est du même acabit : on parle de chasse aux élans que l'on tue à tour de bras, d'hémoglobine, de situations tellement extravagantes que j'ai refermé le livre avant la fin et sans regret, même si j'ai senti que ce roman était un pamphlet contre la bêtise et l'obscurantisme. L'arrivée du christianisme dans les pays baltes frise la caricature, j'ai trouvé que l'auteur se perdait un petit peu dans tous les messages qu'il espérait faire passer.



Bien sur, c'est inspiré par les anciennes légendes estoniennes elles-mêmes influencées par la mythologie nordique, elle aussi très cruelle, mais elle ne se veut pas pour autant humoristique et décalée.

Un roman vraiment pas fait pour moi...

Un point positif : la plume est agréable, elle se veut poétique.

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Le papillon

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce roman, même s’il m’a moins marqué que les précédents livres de l’auteur. Ce récit nous fait ainsi découvrir le théâtre en Estonie ainsi que des évènements qui ont bouleversé le pays au début du XXème siècle. On y retrouve ainsi la capacité de l’auteur à construire un conte, une fable qui vient mélanger réalisme et fantastique, le tout de façon plutôt efficace et intéressante. Il y a surtout un jeu avec le lecteur, en effet le narrateur, August qui nous raconte sa vie, nous annonce que son histoire est vraie mais qu’il ment. On est ainsi obligé de remettre en cause son récit tout en l’acceptant et se laissant porter par ce dernier. On y retrouve aussi l’imagination de l’auteur, même si moins marquante et efficace que ses précédents livres. Le récit vient aussi nous offrir quelques réflexions intéressantes que ce soit sur le théâtre son importance dans la notion de divertissement, surtout en période de guerre. Concernant les personnages je suis un peu plus circonspect, ils ne sont pas mauvais, mais il y en a trop ce qui fait que de nombreux personnages paraissent creux et une distance se crée avec le lecteur. Cela n’empêche pas pour autant certains scènes touchantes. Au final le reproche que je ferai à ce roman est finalement qu’on sent qu’il s’agit d’un de ses premiers romans, là où en France on a déjà lu ses plus récents. Certes on sent l’évolution de l’auteur, on voit les prémices et le potentiel qu’il avait à l’époque. Sauf qu’on y voit aussi ses défauts, le fait que le roman se cherche, en fasse parfois trop ou pas assez, et cela donne l’impression d’un récit moins captivant, moins maîtrisé. Attention il reste sympathique, mais je ne peux m’empêcher de le comparer à ses autres écrits. La plume de l’auteur est en tout cas efficace, fluide, entraînante et je lirai sans soucis d’autres de ses livres.





Retrouvez la chronique complète sur le blog.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Je ne suis jamais un lecteur de livre fantastique. Pourtant rien que la couverture m'a attiré. C'est un conte sublime et d'une réel profondeur que nous offre Andrus Kivirähk. C'est simplement l'histoire d'un pays l'Estonie prise entre deux modes de vies, deux religions. C'est le combat entre la tradition et la modernité. Le bois et le village.

Un conte pour adulte, car un vent de violence souffle constamment sûr le personnage principal: Leemet.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Un énorme coup de coeur, une très belle découverte,

Un ovni de la littérature.

Si on m'avait dit que j'arriverai à me passionner pour la découverte d'une saga estonienne .... je ne l'aurais pas cru.

L'Estonie, un tout petit pays, anciennement orthographié Esthonie, pays d'Europe du Nord, occupé par la Suède, la Prusse, la Russie, ..... indépendant depuis 1991, membre de l'union européenne et qui a même intégré la zone euro.

La langue utilisée se rattache à une branche complètement distincte de celles parlées dans les autres républiques baltes  : l’estonien est une langue fennique, comme celles parlées en Finlande ou en Carélie (Russie).

Nous partons pour une promenade dans une vraie forêt estonienne,

Avec les louves qui nous apportent le meilleur lait, (le langage des serpents les rend douces comme des mésanges),

Avec les ours doués de raison, Roméo de toutes les femmes de la forêt.

Écoutons le bavardage des vieux avec de gros serpents,

Rencontrons des anthropopithèques (anthropopithèque, un être hypothétique intermédiaire entre le singe et l'homme).

Et puis, il y a toi,

Leemet c'est ton nom et tu sais la langue des serpents.

Tu l'as apprise cette langue qui permet de ne jamais mourrir de faim, de se défendre de tous les dangers, de converser tranquillement avec presque tous les animaux sauf les hérissons et les insectes, que voulez vous ils sont vraiment trop bêtes !

Un conte, une fable, peut être mais aussi une vision de notre monde d'aujourd'hui,

Nous qui ne connaissons pas la langue des serpents, nous avons nous aussi comme Leemet à choisir le monde dans lequel nous souhaitons vivre.

Loin de l'angélisme avec des choix un peu trop facile, rien n'est vraiment blanc ou noir, bien ou mal,

Le traducteur nous donne à la fin du texte quelques clés pour comprendre l'Estonie d'aujourd'hui et nous éclaire sur la portée que ce livre a eu sur les estoniens.

Leemet a choisi de rester à côté de sa belle et de la regarder dormir,

Les estoniens ont choisi d'intégrer notre monde,

et nous qu'allons nous faire ?
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L'homme qui savait la langue des serpents

Dans les forêts d'Estonie vivent encore quelques personnes mais il est loin le temps où les Estoniens étaient un peuple sylvestre qui vivaient en totale communion avec la nature. Depuis, les hommes de fers (les chevaliers Allemands) sont venus par la mer, apportant avec eux leur nouveau mode de vie et leur religion. Petit à petit, les familles ont déserté les bois pour s'installer dans les villages, cultiver la terre et adorer Jésus-Christ.

Mais pour Leemet, notre héros, pas question d'aller habiter au village et d'abandonner sa vie dans la forêt. Au diable, le confort et la modernité, leurs habits, leurs maisons, les heaumes étincelants des chevaliers ou encore leur Jésus : il n'en a que faire. Sans parler de la nourriture, ce pain que mangent les villageois est une horreur, il préfère les montagnes d'élans et les œufs de chouettes que lui prépare sa mère. Ce qu'il aime c'est se promener dans la forêt avec ses amis, hiberner avec toute une famille de serpents, discuter avec deux anthropopithèques éleveurs de poux ou bien encore rendre visite à sa sœur et son beau-frère d'ours. Mais ce qu'il préfère le plus c'est siffler ! Oui siffler... car son oncle Vootele lui a appris la langue des serpents qui lui permet de se faire obéir d'une grande partie des animaux et il la maîtrise à la perfection. Leemet a grandi dans le respect des traditions ancestrales, rêvant de la Salamandre géante, qui autrefois protégeait son peuple des envahisseurs ou encore bercé par les histoires de guerres dont son grand-père fut l'un des héros terrassant de nombreux ennemis avec ses crochets à venin qu'il avait dans la bouche.



Andrus Kivirähk a choisi de nous conter la vie du jeune Leemet (et à travers celle-ci, le destin de tout un peuple), qui sans s'en douter deviendrait un jour le dernier homme à savoir la langue des serpents, résistant coûte que coûte aux sirènes de la modernité, non sans sacrifices afin de devenir un des derniers garants de l'ancien monde.



Que dire de ce livre ? Magnifique, onirique, envoûtant, surprenant !!! Les superlatifs manquent. Sous ses airs de conte, L'homme qui savait la langue des serpents recèle de nombreux thèmes : la notion d'identité et de transmission du patrimoine, la place de la religion dans la société et les dangers de l'extrémisme (que ce soit dans l'ancien ou le nouveau monde, les personnages d'Ülgas et de Johannes illustrent l'absurdité et la folie des hommes). Ce livre se place incontestablement dans mon Top 10. N'hésitez pas une seule seconde, il y a un avant et un après L'homme qui savait la langue des serpents !
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L'homme qui savait la langue des serpents

« L’Homme qui savait la langue des serpents » du romancier estonien Andrus Kivirähk est une fable mais qui se double d’un pamphlet. Les Hommes, qui auparavant vivaient dans la forêt, parlaient la langue des serpents, ce qui leur permettait de se faire comprendre des animaux et de les soumettre à leur volonté. Lorsque naît Leemet, ce monde ancien vacille : séduits par le monde moderne (qui correspond en fait à un monde médiéval, rural et chrétien, importé par les envahisseurs allemands), les Estoniens sont de plus en plus nombreux à quitter la forêt pour adopter un mode de vie rural et paysan.



Ce roman raconte, à travers la vie de Leemet, ce choc, perdu d’avance (première phrase : « Il n’y a plus personne dans la forêt »), entre ces deux mondes. Aussi, si j’ai souri régulièrement devant la fantaisie du récit (qu’on pense simplement aux ours séducteurs, au pou géant ou au gigantesque poisson barbu pour ne parler que de l’improbable bestiaire), j’ai été touché par sa mélancolie. Leemet est un homme seul, rescapé d’un monde finissant et bientôt oublié et qui de surcroit n’est pas épargné par les malheurs.



Pour le lecteur français, il faudra sans doute attendre la postface pour prendre la mesure de la charge pamphlétaire. Il y a des éléments évidents, surtout en France, dans un pays où l’anticléricalisme reste fort. C’est peu de le dire : les religions ou croyances (chrétienne ou païenne) sortent en miette de ce roman. Andrus Kivirähk les ridiculise, en dévoile la sottise crasse et condamne la violence des fanatiques. « L’Homme qui savait la langue des serpents » n’est donc pas un roman nostalgique sur une époque idéalisée car les croyances païennes sont brocardées comme les autres. Chaque monde (l’ancien et le nouveau) a ses attraits et ses répulsifs. La lecture de la postface permet de comprendre l’ampleur de la charge pamphlétaire : on est toujours le moderne d’un autre. Les nationalistes estoniens (qui renvoient à une Estonie mythique, essentiellement rurale) sont ici dépeint comme les modernes, ceux qui oublient la langue des serpents et la vie en forêt pour rejoindre le monde paysan et les travaux agricoles.



Bien vu. Et plus universel qu’il n’y paraît : Chaque pays travaille son Histoire, se construit un passé idéalisé. A fortiori dans un monde globalisé qui tend à l’uniformisation. Nous n’avons pas à être nostalgiques d’une époque rêvée. Comme nous n’avons pas à tout accepter de la modernité… sous le simple prétexte qu’elle est moderne.

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L'homme qui savait la langue des serpents

"L’Estonie, l'une des dernières régions païennes d'Europe, a été conquise au début du XIIIe siècle, dans le cadre d'une croisade, par des chevaliers-prêtres allemands, ancêtres des chevaliers teutoniques, arrivés par la mer. Durant tout le moyen-âge, l'élite est demeurée germanophone et très largement ecclésiastique (chevaliers-prêtre célibataires, moines et nonnes).



Dans les mythes nationalistes du XIXe et du XXe siècle, les Estoniens de la préhistoire, c'est-à-dire d'avant l'invasion allemande, vivaient unis, libres et heureux, en accord avec la nature à laquelle ils rendaient un culte. Ils étaient censés être "un peuple de la forêt" par opposition aux occidentaux, peuples d'agriculteurs, et aux cavaliers nomades des steppes orientales." (Note du traducteur)



Ce livre raconte l'histoire de Leemet, un jeune homme tiraillé entre deux mondes. Il est né dans un village et aurait pu devenir un agriculteur comme la plupart des jeunes de son époque. Mais à la mort de son père, sa mère va décider de ramener toute la famille dans la forêt pour qu'ils puissent vivre conformément aux traditions. Son oncle va lui apprendre 'la langue des serpents" qui permet de communiquer avec la plupart des animaux. La forêt leur fournit un abri sûr et de quoi vivre. Ils n'ont pas besoin de chasser car la langue des serpents obliges les animaux à leur obéir. Ainsi il suffit d’appeler un chevreuil pour que celui-ci se laisse égorger et fournisse le repas de midi.

Le peuple de la forêt voit d'un très mauvais œil le village d'à côté qui obéit à un nouveau Dieu. Ils utilisent beaucoup d'outil de métal et s'épuisent à travailler la terre alors que la forêt pourrait leur fournir leur subsistance. Mais ces nouveautés et le confort matériel qui en découle attirent de plus en plus de gens de la forêt vers le village, au point de menacer l'ancien mode de vie.



Leemet sera le dernier homme à parler la langue des serpents. Il va lutter de toutes ses forces contre la modernité sans arriver à l'arrêter.



Ce livre n'est pas sans rappeler "Les brigands de la forêt de Skule" de Kerstin Ekman. Il partage avec lui de très belles descriptions de la nature et un anticléricalisme assumé. Il montre aussi cette lutte entre un passé qui est inéluctablement voué à disparaître et la décadence d'un monde moderne aliénant.

Mais si ces deux livres ont des points communs, "L'homme qui savait la langue des serpents" lui demeure supérieur (selon moi) par son style. L'auteur manie l'ironie avec une grande maîtrise et n'hésite pas à nous donner des scènes surréalistes et jouissives qui peuvent basculer parfois dans le gore. Cela donne un mélange étonnant de roman historique et de fantastique que je n'avais encore jamais vu.



Merci aux éditions Attila, qui comme à leur habitude, savent dénicher des petites perles qui auraient sans doute été ignorées par d'autres.

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Les groseilles de novembre

Les groseilles de novembre (2000) est un roman d' Andrus Kivirähk. à chaque jour du mois de novembre, un chapitre qui narre la vie quotidienne d'un village médiéval estonien, empreint de merveilleux. Un quotidien souvent dramatique mais évoqué avec humour et inspiré de légendes et croyances estoniennes. Un roman original, loin de la fantasy occidentale.
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L'homme qui savait la langue des serpents

« C’était mieux avant », « À mon époque, ça n’était pas comme ça ». Tout le monde a déjà entendu quelqu’un s’émouvoir sur une époque disparue, regretter la « décadence » des nouvelles générations, alors qu’au contraire d’autres cherchent à être dans le coup, en recherche permanente de modernité. « L’homme qui savait la langue des serpents » est justement une fable sur le changement, qui dénonce avec le même humour ceux qui s’accrochent absurdement au passé et ceux qui adoptent aveuglément les idées nouvelles venues d’ailleurs.



Le récit se déroule dans une Estonie médiévale, où on vivait dans la forêt et où on parlait encore la langue des serpents. Un don linguistique ancestral fort pratique : connaître et siffler les mots des serpents, permet d’assujettir les loups, les ours ou les élans, qui font des reptiles ses amis.



Sauf que des chevaliers venus d’ailleurs viennent bousculer cet équilibre parfait : ils apportent l’agriculture et la vie dans les plaines où des villages s’y développent peu à peu. La forêt se déserte, les humains préférant la vie bien confortable de villageois où la modernité fanfaronne avec des faucilles, du pain ou des rouets, où la religion chrétienne prend le pas sur les croyances estoniennes traditionnelles.



Mais Leemet - le narrateur - n’est pas de cette eau là ! Certes, il est né au village mais suite à un incident malheureux mettant en scène un ours, un adultère et une décapitation, sa mère est retournée dans la forêt avec ses deux enfants. Leemet a donc grandi dans le respect des traditions ancestrales et surtout, il a appris la langue des serpents. Il est convaincu que ceux qui sont attirés par les sirènes de la modernité ont perdu toute raison. Seul rescapé de l’exode, il vivra seul, dernier homme du peuple de la forêt, dernier gardien des traditions. Pour combien de temps ?



Andrus Kivirähk se joue des codes – entre le conte, le roman d’aventures et l’histoire fantastique – pour nous faire réfléchir au monde d’aujourd’hui. En mêlant l’histoire et les légendes estoniennes, il nous offre un roman intelligent et faussement léger.



Le ton, léger et badin, est donné dès les premières lignes, avec cet incipit particulièrement réussi.



L’humour, c’est d’ailleurs le trait privilégié des auteurs de contes philosophiques. Dans la lignée de Voltaire, avec les mêmes procédés ironiques (la farce, les péripéties farfelues des romans d’aventures), Andrus Kivirähk cherche à nous faire réfléchir.



Sur 450 pages, il met en balance un passé fantasmé et cette obsession de la modernité Qu’est-ce que le progrès ? Est-il bon pour certains et non pour d’autres (comme le semble être le pain des villageois) ? Les réponses ne sont pas forcément celles auxquelles vous vous attendez. Ou peut-être que vous changerez d’avis plusieurs fois pendant la lecture. Parce que « L’homme qui savait la langue des serpents » est plus intelligent et pas aussi manichéen que le côté épique et burlesque du récit laissait présager au départ.



Un véritable OVNI littéraire qui plonge le lecteur dans une Estonie médiévale revisitée, entre le conte philosophique, le récit picaresque, les sagas scandinaves et le roman d’aventure fantastique. C’est avant tout une satyre qui vise à la fois notre société, stupidement moderne, et son attachement à un passé réinventé. Ce texte a tout pour devenir un classique du genre.
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