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Citations de Ango Sakaguchi (30)


Ango Sakaguchi
Nul n'est jamais que le premier passant venu pour les autres. La communion parfaite et totale dans le couple, tu parles d'une superbe ineptie !

(Je voudrais étreindre la mer)
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La femme ignorait le plaisir des sens et dans cette ignorance, j'avais découvert ma patrie. Ce vide jamais comblé ne fût-ce que d'une ombre, purifiait toujours mon coeur. Je pouvais en toute quiétude succomber à la tentation de mon propre désir ; parce que rien, absolument rien ne lui répondait. Au coeur de cette virginale solitude, les jambes, les bras, les hanches de la femme m'apparaissaient parés d'une beauté plus grande encore.
J'avais compris que même le désir sensuel pouvait être solitude ; nul ne m'était désormais besoin de rechercher le bonheur. Il me suffisait simplement de rechercher le malheur.
Je m'étais depuis toujours défié du bonheur, désespérant de le voir si petit, sans pouvoir cependant lutter contre ma nostalgie. J'avais le sentiment d'être enfin parvenu à rompre les amarres qui m'y rattachaient.
C'était ça : je devais dès le départ rechercher le malheur et la souffrance, et ne plus rêver de bonheur ; le pouvoir d'apaiser réellement les coeurs ne lui appartenait pas. Il ne fallait pas, à aucun moment, aspirer au bonheur ; puisque l'âme humaine était vouée à une solitude éternelle. Cet acte de foi s'affirmait avec toujours plus de force dans mon esprit.

Extrait du récit "Je voudrais étreindre la mer"
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Il avait perdu la force et le désir de se débarrasser de cette femme. Il n'existait pas en lui une once d'amour, ni le moindre attachement pour elle ; ni non plus, malgré cela, l'énergie de l'abandonner : l'espoir du lendemain avait quitté sa vie. Quand bien même il se déferait de la femme, où, en quel lieu trouverait-il, demain, un quelconque espoir ? Sur quoi s'appuierait-il pour vivre ? Aurait-il seulement un toit pour s'abriter, un trou pour dormir ? L'armée américaine allait débarquer et toutes les formes d'anéantissement possibles et imaginables seraient consommées sur cette terre ; l'immense amour de destruction de cette guerre trancherait tout. Il n'était plus nécessaire de penser.

Extrait de "L'idiote"
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Ango Sakaguchi
La littérature va à l'encontre de la société, elle est la révolution.
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- Ce pavillon occidental n'est guère adapté à la montagne, mais c'est du béton armé...
- Exactement. Il a été conçu dans le style de Wright. Je dirais qu'il a été construit il y a une quinzaine d'années. La maison principale date de cent cinquante ans environ.
- Alors la serrure de la porte d'entrée doit être extrêmement compliquée...
- Il n'y a aucune maison au fond de ces montagnes où l'on ferme la porte à clef. La peur du voleur n'existe pas. Bien sûr, il y a des gens qui font intrusion chez les autres la nuit. On les appelle des amoureux clandestins...
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"Bien. Comme chacun de vous le sait, dans cette seule maison, en trois jours, quatre personnes ont été assassinées, ce qui est un fait sans précédent au Japon. En la circonstance, vous tous qui résidez dans cette villa, en dépit de la vie pure et droite que vous menez habituellement, vous ne pouvez éviter d'être soupçonnés, c'est la logique dans un État de droit, je crois. Aussi je vous le demande à tous franchement : je voudrais examiner vos chambres ainsi que tous vos effets personnels. À ce propos, eu égard aux sommités de la culture que vous êtes tous, je vais vous révéler les points principaux de notre enquête : en somme, en raison de l'atroce hémorragie de Monsieur Utsumi il est impossible, selon nous, que l'assassin n'est pas eu de taches de sang sur ses vêtements ; donc soit il les a gardés, soit il les a lavés, mais il a bien fallu qu'il en fasse quelque chose. C'est la raison pour laquelle nous allons examiner vos chambres et vos affaires, mais nous ne vous y contraindrons pas. Nous en appelons à votre sens de la justice et requérons votre coopération ; ainsi nous espérons que vous donnerez pour l'enquêtes de puissantes preuves de votre innocence."
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- Quoi qu'il en soit, même si c'est un petit crime à la papa, de la campagne, il y a des pièges, des faux témoignages, et on ne peut pas se fier aux apparences. L'intelligence du désespoir, c'est quelque chose d'étonnant.
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Pour nous autres littérateurs, l'home était une chose incernable, le labyrinthe de la psychologie humaine devait déboucher sur un chaos éternel et infini, c'était la raison d'être de la littérature, mais pour lui, le coeur des hommes était toujours parfaitement explicable.
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Vouououou. Le vrombissement des appareils américains qui traversaient le ciel était à peine perceptible, quasiment anodin ; comme si l'on était abattu par la hache énorme d'un monstre qui regardait ailleurs. Le mugissement étrangement lointain des détonations provoquait une angoisse d'autant plus insoutenable que la forme de l'agresseur était fantomatique. Et là avait commencé à grossir ce sifflement raide et cinglant comme une averse ; terreur des secondes dans l'attente de l'explosion ; la parole, le souffle, la pensée, tout s'arrêtait. Voilà, le moment de crever était arrivé ; seul demeurait un désespoir glacial au seuil de la démence.
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Ca y était ; la dernière heure de ce quartier allait sonner. Il fourra l'idiote dans le placard et se rendit au puits, une serviette à la main et sa brosse à dents dans la bouche. Quelques jours plus tôt, il s'était procuré de la pâte dentifrice " Lion", savourant par avance une sensation de fraîcheur oubliée. Dès qu'il avait eu le pressentiment que ce jour serait celui du destin, il avait brusquement ressenti le besoin de se laver les dents et le visage...
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Dans cette maison vivaient des humains, des porcs, des chiens, des poules, des canards, et les constructions qui les abritaient comme leur nourriture respective ne présentaient, vraiment, guère de différence. Il y avait une bicoque toute de guingois qui ressemblait à une remise : en bas, le propriétaire et sa femme ; en haut, sous les toits, des locataires, une fille avec sa mère ; la fille attendait un enfant et ne savait au juste de qui.
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Mais, en quoi les fous étaient-ils différents du commun des mortels ? Si différence il y avait, il fallait la chercher dans cette profonde et immense pudeur qui les caractérisait.
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La lumière éteinte, une minute, puis deux s'étaient écoulées sans que la main de l'homme ne soit venue effleurer son corps et elle en avait naturellement conclu qu'il la détestait ; et la honte l'avait chassée de son lit. Etait-ce vraiment pour elle une si grave blessure ? Pouvait-il le croire ? Il ne savait que penser. Et pour finir, elle s'était enfermée dans le placard. Fallait-il interpréter ce geste comme un signe d'humiliation, de mortification ? Il n'avait pas même le secours des mots pour en juger et, quoi qu'il en fût, il ne restait qu'une solution : se mettre au même niveau que l'idiote. Au nom de quoi le bon sens humain serait-il à tout prix nécessaire ? En quoi serait-ce outrager la nature humaine que de faire sienne la naïveté de l'idiote ? Un coeur ingénu, candide comme celui de l'idiote, voilà ce qui lui manquait par-dessus tout. Il avait oublié le sien quelque part, ne faisant finalement que se salir dans la boue des idées mesquines de la race humaine, s'épuisant à poursuivre l'ombre d'une illusion.

Extrait du récit "L'idiote"
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Nul n'est jamais que le premier passant venu pour les autres. La communion parfaite et totale dans le couple, tu parles d'une superbe ineptie !
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Ils se grisaient de phrases chimériques non seulement dépourvues de toute élévation spirituelle mais aussi de tout sentiment de vécu et fabriquaient des films, intimement persuadés de peindre ainsi la guerre.
D'aucuns alléguaient qu'on ne pouvait rien écrire à cause de la censure militaire mais, en fait, ils n'avaient pas autre chose à dire, pas la plus petite phrase de vérité ; la vérité, le vécu d'une phrase sont des réalités indépendantes de toutes les censures du monde. Quels que fussent les temps, ces individus n'avaient somme toute rien dans le ventre ; c'était des êtres creux. Ils suivaient la mode, passant sans la moindre difficulté du noir au blanc, prenaient modèle dans les romans populaires, convaincus d'exprimer ainsi leur époque. "L'ère de la réalité" se réduisait à cette superbe et monstrueuse ineptie et l'on pouvait se demander quel rapport avait finalement cette guerre, cette débâcle qui faisait chavirer deux mille ans d'histoire du Japon, avec la vérité de l'homme. Certes, il fallait bien voir que la volonté superficielle des gouvernements et l'obéissance aveugle des foules étaient les seuls maîtres qui décidaient du destin d'un pays. Essayez donc de parler au directeur ou au chef de service de personnalité, de créativité ! Ils détournent la tête, vous faisant comprendre sans un mot que vous n'êtes qu'un pauvre con ; merci, soldats ! Ah ! quelle émotion devant le drapeau blanc et rouge ! On se sent malgré soi les yeux brûlants. O.K. ! Le métier de journaliste, c'est ça, uniquement ça ; l'époque elle-même, à vrai dire, c'est ça et rien d'autre.

Extrait du récit "L'idiote"
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Ah! Le Japon allait perdre! Ses frères tomberaient, l'un après l'autre, comme des poupées d'argile. Des milliers de jambes, de têtes et de bras seraient propulsés dans le ciel au milieu d'un fatras de débris de béton et de brique, et il ne resterait plus qu'un cimetière vide et plat, sans un arbre ni une maison.
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Ah ! l'être humain était doté d'une raison. À quelque moment que ce soit, il conserve toujours en lui un dernier soupçon de maîtrise de soi, de résistance. Quand il est dénué de cette ombre de raison, de maîtrise se soi, de résistance, quelle chose misérable !
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Des mots pleins d'une étrange gravité coulaient de ses lèvres mais, de toute façon, il ne pouvait s'attendre à être compris, et du reste, qu'était-ce donc que les mots ? Quelle espèce de valeur possédaient-ils ? Et l'amour humain lui-même, rien ne saurait jamais prouver qu'il était la seule et unique vérité ; où pouvait-il d'ailleurs exister une quelconque vérité capable d'assumer une passion à l'état pur ; tout n'était que l'ombre du mensonge.
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« Ce n'est pas possible ! Un praticien qui accepte de se livrer à des arrangements aussi complaisants! » Izawa en resta médusé. Mais le plus étonné, ce fut le tailleur qui lui répliqua: « Mais comment?N'est-ce pas partout comme ça? »
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Mais non, je ne te déteste pas; l'amour humain, tu sais, a bien d'autres expressions que celle de la chair; la dernière terre d'asile d'un être humain, c'est celle où il est né et toi, tu es comme un éternel habitant de cette patrie.
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