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Citations de Ango Sakaguchi (30)


« Ce n'est pas possible ! Un praticien qui accepte de se livrer à des arrangements aussi complaisants! » Izawa en resta médusé. Mais le plus étonné, ce fut le tailleur qui lui répliqua: « Mais comment?N'est-ce pas partout comme ça? »
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« Si on doit mourir, ce sera comme ça, tous les deux ensemble. Tu ne dois pas avoir peur. Et tu ne dois pas me quitter. Oublie le feu, oublie les bombes. Tu vois, notre vie, notre route à nous, ce sera toujours comme ce chemin-là. Tu dois seulement regarder droit devant toi et me suivre en t'appuyant sur mon épaule. D'accord? »
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Si on doit mourir, ce sera comme ça, tous les deux ensemble. Tu ne dois pas avoir peur. Et tu ne dois pas me quitter. Oublie le feu, oublie les bombes. Tu vois, notre vie, notre route à nous, ce sera toujours comme ce chemin-là. Tu dois seulement regarder droit devant toi et me suivre en t'appuyant sur mon épaule. D'accord?
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De toute façon, quelles pensées pouvaient abriter sa tête quand elle était éveillée? Ce n'était jamais qu'un vide immense; un esprit plongé dans le coma et un corps animé de vie, il n'y avait rien d'autre.
Même quand la femme était éveillée, son âme restait noyée dans le sommeil; même quand elle dormait, sa chair demeurait éveillée. Un corps et le désir inconscient qu'il abritait, voilà tout ce qui existait.
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Mais non, je ne te déteste pas; l'amour humain, tu sais, a bien d'autres expressions que celle de la chair; la dernière terre d'asile d'un être humain, c'est celle où il est né et toi, tu es comme un éternel habitant de cette patrie.
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Ango Sakaguchi
Nul n'est jamais que le premier passant venu pour les autres. La communion parfaite et totale dans le couple, tu parles d'une superbe ineptie !

(Je voudrais étreindre la mer)
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Ca y était ; la dernière heure de ce quartier allait sonner. Il fourra l'idiote dans le placard et se rendit au puits, une serviette à la main et sa brosse à dents dans la bouche. Quelques jours plus tôt, il s'était procuré de la pâte dentifrice " Lion", savourant par avance une sensation de fraîcheur oubliée. Dès qu'il avait eu le pressentiment que ce jour serait celui du destin, il avait brusquement ressenti le besoin de se laver les dents et le visage...
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Vouououou. Le vrombissement des appareils américains qui traversaient le ciel était à peine perceptible, quasiment anodin ; comme si l'on était abattu par la hache énorme d'un monstre qui regardait ailleurs. Le mugissement étrangement lointain des détonations provoquait une angoisse d'autant plus insoutenable que la forme de l'agresseur était fantomatique. Et là avait commencé à grossir ce sifflement raide et cinglant comme une averse ; terreur des secondes dans l'attente de l'explosion ; la parole, le souffle, la pensée, tout s'arrêtait. Voilà, le moment de crever était arrivé ; seul demeurait un désespoir glacial au seuil de la démence.
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Dans cette maison vivaient des humains, des porcs, des chiens, des poules, des canards, et les constructions qui les abritaient comme leur nourriture respective ne présentaient, vraiment, guère de différence. Il y avait une bicoque toute de guingois qui ressemblait à une remise : en bas, le propriétaire et sa femme ; en haut, sous les toits, des locataires, une fille avec sa mère ; la fille attendait un enfant et ne savait au juste de qui.
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Il avait perdu la force et le désir de se débarrasser de cette femme. Il n'existait pas en lui une once d'amour, ni le moindre attachement pour elle ; ni non plus, malgré cela, l'énergie de l'abandonner : l'espoir du lendemain avait quitté sa vie. Quand bien même il se déferait de la femme, où, en quel lieu trouverait-il, demain, un quelconque espoir ? Sur quoi s'appuierait-il pour vivre ? Aurait-il seulement un toit pour s'abriter, un trou pour dormir ? L'armée américaine allait débarquer et toutes les formes d'anéantissement possibles et imaginables seraient consommées sur cette terre ; l'immense amour de destruction de cette guerre trancherait tout. Il n'était plus nécessaire de penser.

Extrait de "L'idiote"
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Deux êtres humains ─ mais en fin de compte, qu'était la femme, sinon seulement une masse de chair ? Elle dormait à poings fermés. Les autres marchaient à présent dans la fumée des décombres. Tous avaient perdu leur foyer, et tous marchaient. L'idée de dormir ne les effleurait sans doute même pas. Les seuls à pouvoir dormir en ce moment, c'étaient les morts, et puis cette femme. Les morts ne se réveilleraient jamais plus, mais la femme ouvrirait bientôt les yeux ; et elle aurait beau être éveillée, cela n'ajouterait strictement rien à sa masse de chair engourdie de sommeil. La femme produisait un léger ronflement, presque imperceptible, qu'il entendait pour la première fois. Cela ressemblait au grognement d'un cochon. Une truie, voilà exactement ce qu'elle était.

Extrait du récit "L'idiote"
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La lumière éteinte, une minute, puis deux s'étaient écoulées sans que la main de l'homme ne soit venue effleurer son corps et elle en avait naturellement conclu qu'il la détestait ; et la honte l'avait chassée de son lit. Etait-ce vraiment pour elle une si grave blessure ? Pouvait-il le croire ? Il ne savait que penser. Et pour finir, elle s'était enfermée dans le placard. Fallait-il interpréter ce geste comme un signe d'humiliation, de mortification ? Il n'avait pas même le secours des mots pour en juger et, quoi qu'il en fût, il ne restait qu'une solution : se mettre au même niveau que l'idiote. Au nom de quoi le bon sens humain serait-il à tout prix nécessaire ? En quoi serait-ce outrager la nature humaine que de faire sienne la naïveté de l'idiote ? Un coeur ingénu, candide comme celui de l'idiote, voilà ce qui lui manquait par-dessus tout. Il avait oublié le sien quelque part, ne faisant finalement que se salir dans la boue des idées mesquines de la race humaine, s'épuisant à poursuivre l'ombre d'une illusion.

Extrait du récit "L'idiote"
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Ils se grisaient de phrases chimériques non seulement dépourvues de toute élévation spirituelle mais aussi de tout sentiment de vécu et fabriquaient des films, intimement persuadés de peindre ainsi la guerre.
D'aucuns alléguaient qu'on ne pouvait rien écrire à cause de la censure militaire mais, en fait, ils n'avaient pas autre chose à dire, pas la plus petite phrase de vérité ; la vérité, le vécu d'une phrase sont des réalités indépendantes de toutes les censures du monde. Quels que fussent les temps, ces individus n'avaient somme toute rien dans le ventre ; c'était des êtres creux. Ils suivaient la mode, passant sans la moindre difficulté du noir au blanc, prenaient modèle dans les romans populaires, convaincus d'exprimer ainsi leur époque. "L'ère de la réalité" se réduisait à cette superbe et monstrueuse ineptie et l'on pouvait se demander quel rapport avait finalement cette guerre, cette débâcle qui faisait chavirer deux mille ans d'histoire du Japon, avec la vérité de l'homme. Certes, il fallait bien voir que la volonté superficielle des gouvernements et l'obéissance aveugle des foules étaient les seuls maîtres qui décidaient du destin d'un pays. Essayez donc de parler au directeur ou au chef de service de personnalité, de créativité ! Ils détournent la tête, vous faisant comprendre sans un mot que vous n'êtes qu'un pauvre con ; merci, soldats ! Ah ! quelle émotion devant le drapeau blanc et rouge ! On se sent malgré soi les yeux brûlants. O.K. ! Le métier de journaliste, c'est ça, uniquement ça ; l'époque elle-même, à vrai dire, c'est ça et rien d'autre.

Extrait du récit "L'idiote"
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Je restais ébloui par la grandeur de la fantaisie de l'eau qui, creusant une vaste et profonde vallée de jade sombre s'était enflée et élevée pour, l'espace d'une seconde, cacher la femme dans la gerbe de ses embruns. J'avais vu un corps encore plus impitoyable, plus insensible, plus souple que celui de la femme. Quel jeu immense et grandiose que celui-ci !
J'avais envie que mon désir fût lui aussi roulé par les longues houles sombres de cette mer. Chavirant sous les vagues, je voulais plonger en elles. Je rêvais d'étreindre la mer, et que mon désir fût ainsi comblé.

Extrait du récit "Je voudrais étreindre la mer"
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La femme ignorait le plaisir des sens et dans cette ignorance, j'avais découvert ma patrie. Ce vide jamais comblé ne fût-ce que d'une ombre, purifiait toujours mon coeur. Je pouvais en toute quiétude succomber à la tentation de mon propre désir ; parce que rien, absolument rien ne lui répondait. Au coeur de cette virginale solitude, les jambes, les bras, les hanches de la femme m'apparaissaient parés d'une beauté plus grande encore.
J'avais compris que même le désir sensuel pouvait être solitude ; nul ne m'était désormais besoin de rechercher le bonheur. Il me suffisait simplement de rechercher le malheur.
Je m'étais depuis toujours défié du bonheur, désespérant de le voir si petit, sans pouvoir cependant lutter contre ma nostalgie. J'avais le sentiment d'être enfin parvenu à rompre les amarres qui m'y rattachaient.
C'était ça : je devais dès le départ rechercher le malheur et la souffrance, et ne plus rêver de bonheur ; le pouvoir d'apaiser réellement les coeurs ne lui appartenait pas. Il ne fallait pas, à aucun moment, aspirer au bonheur ; puisque l'âme humaine était vouée à une solitude éternelle. Cet acte de foi s'affirmait avec toujours plus de force dans mon esprit.

Extrait du récit "Je voudrais étreindre la mer"
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Ah! Le Japon allait perdre! Ses frères tomberaient, l'un après l'autre, comme des poupées d'argile. Des milliers de jambes, de têtes et de bras seraient propulsés dans le ciel au milieu d'un fatras de débris de béton et de brique, et il ne resterait plus qu'un cimetière vide et plat, sans un arbre ni une maison.
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"Bien. Comme chacun de vous le sait, dans cette seule maison, en trois jours, quatre personnes ont été assassinées, ce qui est un fait sans précédent au Japon. En la circonstance, vous tous qui résidez dans cette villa, en dépit de la vie pure et droite que vous menez habituellement, vous ne pouvez éviter d'être soupçonnés, c'est la logique dans un État de droit, je crois. Aussi je vous le demande à tous franchement : je voudrais examiner vos chambres ainsi que tous vos effets personnels. À ce propos, eu égard aux sommités de la culture que vous êtes tous, je vais vous révéler les points principaux de notre enquête : en somme, en raison de l'atroce hémorragie de Monsieur Utsumi il est impossible, selon nous, que l'assassin n'est pas eu de taches de sang sur ses vêtements ; donc soit il les a gardés, soit il les a lavés, mais il a bien fallu qu'il en fasse quelque chose. C'est la raison pour laquelle nous allons examiner vos chambres et vos affaires, mais nous ne vous y contraindrons pas. Nous en appelons à votre sens de la justice et requérons votre coopération ; ainsi nous espérons que vous donnerez pour l'enquêtes de puissantes preuves de votre innocence."
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C'est alors que je me rendis compte. Il y avait toutes sortes de livres sur les étagères dans cette chambre. C'étaient principalement des ouvrages historiques , mais près de la moitié des romans qu'i s'y trouvaient étaient également des traductions de romans policiers. Il y avait aussi du Ruikô. Et du Van Dine. Parmi les autres romans, les traductions comme Le Comte de Monte-Christo, Les Misérables ou Autant en emporte le vent étaient le plus nombreuses.
"Vous aimez les romans policiers , on dirait...", lui demandai-je et Tamon acquiesça:
"Depuis ma jeunesse je suis un grand admirateur de Ruikô, mais c'est lors de mes voyages à l'étranger que j'ai vraiment pris le goût des romans policiers. Okakura Tenshin était un grand lecteur de romans policiers mais, comme les gens de sa famille, préoccupé par sa maladie, ne venaient pas boire avec lui le soir, il leur racontait chaque soir la moitié d'un récit de Conan Doyle. Au moment le plus intéressant, il se taisait , et lorsqu'on lui demandait ce qu'il se passait ensuite, il les faisait languir en leur disant : "Non, non, ça suffit pour aujourd'hui. Si vous voulez connaitre la suite, apportez une autre bouteille". Si l'on veut réussir à boire le soir, Doyle fournit des récits tr!ès commodes. Les romans policiers récents sont fades, bizarres, compliqués, intéressants à lire, c'est sûr, mais inadaptés stratégiquement pour qui veut bien boire en comptante le soir.
- Moi aussi h'aime beaucoup les romans policiers, mais vous, quels sont ceux que vous aimez ?
- J'aime coude qu'écrivent les Anglaises, comme Agatha Christie. Van Dine ou Queen sont inutilement pédants, ils vous font indécemment languir et se donnent des grands airs, si bien que j'ai du mal à trouver plaisir à les lire dans la durée. Quand j'allais chez Maruzen autrefois, c'était uniquement pour ces romans policiers."
Le vieillard nous montra une pile d'ouvrages occidentaux qu'il avait pris dans un coin de sa bibliothèque. Ce n'étaient que des romans policiers. Des Crofts mais aussi Les Reydmaine aux cheveux roux, Zigomar ou encore des Freeman, de tout en fait.
"Dans ce cas, vous devez avoir une petite idée sur les événements qui viennent d'avoir lieu, n'est-ce pas ?"
Le vieillard garda un moment le silence, puis :
"L'assassin de Mochizuki et l'assassin de Tamao seraient-ils une seule et même personne ? Si c'est le cas..."
Il se tut à nouveau.
"Mais vous, Monsieur Yashiro, qu'en pensez-vous ? Tous les êtres humains, quel qu'ils soient, sont capables d'un meurtre. Chaque être humain a la possibilité de commettre n'importe quel crime. N'importe qui le peut."
Les yeux de Tamon étincelaient. Il nous fixa sans même chercher à le dissimuler. Puis sa bouche trembla à nouveau, comme s'il voulait nous dire quelque chose, mais il se ravisa et cessa de parler.
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"Il n'y aurait pas quelque chose de plus conséquent sous le lit ? Hé, Je-lis-trop, toi qui est un nabot, fourre-toi là-dessous !" dit Le Pif en jouant les durs. L'inspecteur surnommé "Je-lis-trop" s'appelait en réalité Nagabatake Chifuyu et possédait une culture inattendue, dont on ignorait l'origine et la cause. Il avait des notions d'allemand, et quelques connaissances en médecine, mais, pou ce qui est des enquêtes, on ne peut pas dire qu'il était vraiment capable. Il envisageait les crimes les plus simples sous un angle beaucoup trop compliqué et mystérieux, il en tirait des conclusions extraordinairement complexes et, tout seul, y croyait dur comme fer, si bien qu'il en avait retiré le surnom de "Je-lis-trop". Comme l'affaire en cours avait tout l'air d'un crime sophistiqué, commis par une bande d'intellectuels de Tôkyô, l'inspecteur Soupçons s'était dit qu'elle pourrait exceptionnellement convenir à Je-lis-trop et il l'avait associé au Pif. Le Pif était bien un expert en matière de reniflant touts azimuts, mais, fondamentalement, il tirait des conclusions hâtives, ce qui convenait tout à fait pour un crime de la campagne, mais, pour un crime planifié par des intellectuels, risquait de manquer de finesse.
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"On dit que l'homme ne vit pas uniquement de pain mais...
- Hé ! mais ça, c'est pas dans les Analectes ! Tu débarques ici l'air de rien, sans criante, et tu crois nous vendre une explication à la noix qui concilie Japon et Occident ? Espèce de singe dément ! Qu'il soit maigre ou flétri, un artiste est une chose en soi sincère. Ce n'est pas du ready-made, alors barre-toi, singe dément ! Tu n'es même pas bon comme amuse-gueule pour l'apéritif !"
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