Citations de Anna Gavalda (2660)
J'en vois des gens souffrir un peu, rien qu'un peu, rien qu'à peine mais juste ce qu'il faut pour tout rater, tu sais... Oui, à mon âge, je vois ça beaucoup... Des gens qui sont encore ensemble parce qu'ils se sont arc-boutés là-dessus, sur cette petite chose ingrate, leur petite vie sans éclat. Tous ces arrangements, toutes ces contradictions.
Maintenant, j'aimerais bien m'arrêter de courir un peu parce que je trouve que la vie est belle avec vous.
-Comment voulez-vous que je dorme avec ce que nous remuons? J'ai l'impression de touiller un gros chaudron...
-Moi, je dénoue ma pelote, toi tu touilles ton chaudron. C'est amusant les images que nous employons...
-Vous le matheux et moi la mémère.
- La mémère? N'importe quoi. Ma princesse, une mémère... Ah, là, là! ce que tu a pu dire comme bêtises ce soir.
-Vous êtes pénible, hein?
-Très.
- Pourquoi?
- Je ne sais pas. Peut-être parce que je dis ce que je pense. Ce n'est pas si courant... Je n'ai plus peur de n'être pas aimé.
- Et par moi?
- Oh toi, tu m'aimes, je ne m'en fais pas!
Ce qui empêche les gens de vivre ensemble, c'est leur connerie, pas leurs différences...
La voix humaine est le plus beau de tous les instruments, le plus émouvant... Et même le plus grand virtuose du monde ne pourra jamais te donner le quart de la moitié de l'émotion procurée par une belle voix... C'est notre part de divin... C'est quelque chose que l'on comprend en vieillissant, il me semble... Enfin, moi en tout cas, j'ai mis du temps à l'admettre
Cette semaine, c'est moi qui suis de fermeture. Je valide les dernières commandes, j'éteins les bécanes et je vérifie que les tiroirs et tous les présentoirs sont bien verrouillés.
C'est un café près de l'Arc de triomphe. je suis presque toujours assise à la même place.
Inscription ce jour, je me laisse le temps de m'intégrer à ce site qui nous élève.
je vous parlais de l’odeur de l’école qui me donnait envie de vomir ; eh bien, là, c’est le contraire, quand j’entre dans ce réduit encombré, j’ouvre grand mes narines pour respirer l’odeur du bonheur. L’odeur du cambouis, de la graisse, du radiateur électrique, du fer à souder, de la colle à bois, du tabac et du reste. Je me suis promis qu’un jour j’arriverais à la distiller et que j’inventerais un parfum que j’appellerais « Eau de Cagibi ».
Pour le respirer quand la vie me fera des misères.
Tous les matins, nous recevions des tonnes de prospectus dans la boîte aux lettres. De belles photos sur papier glacé qui vantaient les mérites de tel ou tel collège.
C’était pathétique et totalement mensonger. Je les feuilletais en secouant la tête, je me demandais surtout comment ils avaient fait pour prendre en photo des élèves en train de sourire. Soit ils les avaient payés, soit on était en train de leur annoncer que leur prof de français venait de tomber dans un ravin.
"À l'armée, tu rencontres un beau ramassis d'abrutis. Je vis avec des mecs dont j'aurais jamais eu idée avant. Je dors avec eux, je fais ma toilette avec eux, je bouffe avec eux, je fais le gugus avec eux quelquefois même, je joue aux cartes avec eux et pourtant, tout en eux me débecte. C'est pas la question d'être snob ou quoi, c'est simplement que ces mecs-là n'ont rien. Je ne parle pas de la sensibilité, non, ça c'est comme une insulte, je parle de peser quelque chose."
Pourquoi les gens qui crient plus fort que les autres nous impressionnent-ils ? Pourquoi les gens agressifs nous font-ils perdre nos moyens? Qu'est-ce qui ne va pas chez nous ? Où s'arrête la bonne éducation et où commence la veulerie?
J'ai honte quand je pense à ce déjeuner. J'ai honte et je ne suis pas la seule. Lola et Vincent ne sont pas fiers non plus j'imagine.
Simon n'était pas là quand la conversation a dégénéré. Il était au fond du jardin et construisait une cabane à son fils
Mais tu vois, si être intello ça veut dire aimer s’instruire, être curieux, attentif, admirer, s’émouvoir, essayer de comprendre comment tout ça tient debout et tenter de se coucher un peu moins con que la veille, alors oui, je le revendique totalement: non seulement je suis intello, mais en plus je suis fière de l’être…
- On est différents, c’est vrai, mais jusqu’où ? Peut-être que je me trompe, mais il me semble qu’on forme une belle équipe de bras cassés tous les trois, non ?
- Tu l’as dit…
- Et puis, qu’est-ce que ça veut dire, différents? Moi qui ne sais pas me faire cuire un œuf, j’ai passé la journée en cuisine, et toi qui n’écoutes que de la techno, tu t’endors avec Vivaldi… C’est de la foutaise, ton histoire de torchons et de serviettes… Ce qui empêche les gens de vivre ensemble, c’est leur connerie, pas leurs différences…
Camille l’ouvrit précautionneusement et crut d’abord que c’était une serpillière. Cadeau douteux du bellâtre d’à côté. Mais, non, c’était une écharpe, très longue, très lâche et plutôt mal tricotée: un trou, un fil, deux mailles, un trou, un fil, etc. Un nouveau point peut être ? Les couleurs étaient euh…spéciales…
Il y avait un petit mot.
Une écriture d’institutrice du début du siècle, bleu pâle, tremblante et tout en boucles, s’excusait :
Mademoiselle,
Franck n’a pas su me dire de quelle couleur étaient vos yeux alors j’ai mis un peu de tout. Je vous souhaite un Joyeux Noël.
Paulette Lestafier.
Tu sais, faut en prendre soin des gens qui sont corrects avec toi… Tu le verras en vieillissant que tu n’en croiseras pas tant que ça…
Elle aperçut le zigoto de son immeuble. Ce grand garçon étrange avec ses lunettes rafistolées au sparadrap, ses pantalons feu de plancher et ses manières martiennes.
La vie, même quand tu la nies, même quand tu la négliges, même quand tu refuses de l'admettre, est plus forte que toi. Plus forte que tout. Des gens sont revenus des camps et ont refait des enfants. Des hommes et des femmes qu'on a torturés, qui ont vu mourir leurs proches et brûler leur maison ont recommencé à courir après l'autobus, à commenter la météo et à marier leurs filles. C'est incroyable mais c'est comme ça. La Vie est plus forte que tout. Et puis, qui sommes-nous pour nous accorder tant d'importance ?
Est-ce que je n'avais pas loupé un aiguillage ? Et où est-ce que ça avait merdé ? Les trois autres m'ont encouragée, m'ont secouée un peu et j'ai fait semblant d'acquiescer à leur gentillesse.
D'ailleurs nous nous sommes tous secoués et nous avons tous fait semblant d'acquiescer. Parce que la vie, c'est difficile quand même...
Nous étions bien d'accord sur ce point tous les quatre, avec nos grands rêves et nos loyers à payer à la fin du mois...
Du coup, nous avons ouvert une autre bouteille pour nous donner du courage !
Vincent nous a fait rire en nous racontant ces derniers déboires amoureux :
- Attendez, mettez-vous à ma place ! Une fille que je piste pendant deux mois, que j'attends pendant six heures devant sa fac, que j'emmène trois fois au restau, que je raccompagne vingt fois jusqu'à son foyer à Tatahouine-les-Bains et que j'invite à un concert de Nathalie Dessay à six cent cinquante balles la place ! Merde !
- Et il ne s'est toujours rien passé entre vous ?
- Rien. Nada. Que pouic. Alors merde quand même ! Six cent cinquante multiplié par deux ça fait mille trois cents francs ! Vous imaginez tous les disques que j'aurais pu m'offrir avec mille trois cents balles ?