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Critiques de Anne Berest (994)
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La carte postale

En 2003, Lélia, la mère de l’auteur, reçoit avec perplexité une étrange carte postale. Anonyme, elle ne comporte que les prénoms de quatre membres de la famille, morts à Auschwitz en 1942. Près de vingt ans plus tard, Anne Berest se met en tête de découvrir qui a bien pu envoyer ce message énigmatique. Son enquête va lui faire exhumer un siècle d’histoire familiale, depuis la fuite de Russie des Rabinovitch, en passant par la Lettonie et par la Palestine, jusqu’à leur installation à Paris et l’horreur qui les y attendait pendant la seconde guerre mondiale. La grand-mère de l’auteur, Myriam, fut la seule à échapper au funeste destin de la famille entière. Elle a laissé à sa fille et à ses deux petites-filles le terrible poids d’un silence étourdissant…





Bien avant Anne, Lélia avait commencé à recoller les morceaux de ce passé barricadé dans le mutisme maternel, rassemblant et recoupant au cours de longues et minutieuses investigations les traces qui, dans leurs boîtes d’archive, attendaient de trouver leur place dans la mémoire des vivants. L’histoire des Rabinovitch met en pleine lumière le vieux serpent de mer de l’antisémitisme, les exils répétés et les renaissants espoirs d’intégration, la confiance demeurée malgré les alarmes, et finalement la prise au piège d’un impensable savamment orchestré. Avec justesse et intelligence, la narration restitue contexte et processus, décortiquant comment, insensiblement, a pu s’imposer une idéologie massivement meurtrière, au point de susciter le zèle d’un Etat français devançant les exigences nazies.





Piqué par l’énigme de la carte postale, le lecteur se retrouve happé par l’enquête menée par l’auteur, et c’est à pieds joints qu’il plonge dans ce récit sensible et vivant courant sur cinq générations. Dépourvue du moindre pathos, la narration bouleverse d’autant plus qu’elle se déroule avec la plus grande sobriété. Son réalisme saisissant vous emmène coeur et dents serrés au bout de l’insoutenable, et c’est le moins que l’on puisse faire que de savoir et de se souvenir. Ecrire et lire cette histoire, c’est sortir les victimes du néant où on l’on a voulu les plonger, puis les laisser bien après la défaite allemande. Car il aura fallu des années, puis encore un demi-siècle, pour que l’administration française finisse par reconnaître d’abord le simple décès, puis la mort en déportation des victimes des camps…





Tout en creusant le sillon de la mémoire, l’enquête d’Anne Berest nous confronte également à la réalité contemporaine. Comment ne pas se sentir troublé lorsque l’on découvre avec elle ce que sont devenus la maison et les biens personnels de ses arrière-grands-parents, la gêne et l’hostilité patentes des descendants des anciens voisins ? Au fur et à mesure que s’emboîtent les bribes du passé, ce sont toutes leurs répercussions sur le présent qui nous sautent peu à peu à la figure et nous interrogent. Pour l’auteur, elles sont le déclencheur d’une réflexion intime sur son identité, sur l’influence de ce passé sur sa personnalité profonde et sur sa manière de vivre sa judaïcité.





Initialement choisi sur un quiproquo entre les écrivains Anne et Claire, que j’ignorais sœurs, ce livre sur lequel je me suis précipitée, sans même me préoccuper à l’avance de son contenu, m’a subjuguée. Grave, parfois éprouvant, tendu comme un thriller, il est écrit avec une sincérité, une sensibilité et une clairvoyance qui vous vont aussi droit au coeur qu’il marque votre esprit. Un très grand coup de coeur.


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La carte postale

La « Carte postale » dont il est question dans le titre est celle reçue le 6 janvier 2003 par la mère de l’autrice. Totalement anonyme et représentant l’Opéra Garnier, celle-ci mentionne uniquement l’adresse de la destinataire, ainsi que quatre prénoms écrits les uns en dessous des autres: Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques. Ceux de ses grands-parents maternels, de sa tante et de son oncle, tous morts en déportation pendant la Seconde Guerre mondiale.



En cherchant à découvrir la provenance de cette carte, Anne Berest reconstruit progressivement une histoire familiale passée sous silence, reconstituant d’une part l’histoire de ses aïeux, tout en s’interrogeant sur sa propre identité juive. Une quête de vérité qui invite tout d’abord à faire la connaissance des membres de la famille Rabinovitch, depuis leur fuite de la Russie jusqu’à leur installation à Paris, en passant par la Lettonie et la Palestine. Puis vient l’horreur de la Shoah, de l’organisation nauséabonde de la déportation par la France aux retours surréalistes des camps, en passant inévitablement par l’horreur sur place…



Si le mystère de l’origine de la carte, permettant à l’autrice d’insuffler un aspect polar à sa quête, ne m’a pas vraiment tenu en haleine, cette enquête bouleversante permet surtout de faire revivre quatre personnages effacés par les nazis, de leur donner une voix et d’inscrire à jamais leurs noms sur la couverture d’un livre…à défaut d’avoir eu droit à une sépulture…
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La carte postale

Tout démarre avec cette fameuse carte postale reçue le lundi 6 janvier 2003, par Lélia, la mère de l’autrice. Sur cette carte sont inscrits quatre prénoms : Ephraïm et Emma, les grands-parents maternels de Lélia, ainsi que Noémie et Jacques, sa tante et son oncle. Tous les quatre avaient été déportés à Auschwitz en 1942 et n’en sont jamais revenus.

Comment expliquer que, soixante-et-un ans plus tard, cette carte postale parvienne à Lélia et Pierre Bouveris, une carte postée du bureau du Louvre et représentant l’Opéra Garnier ?

Le mystère étant resté entier, ce n’est que dix ans plus tard qu’Anne Berest, sur le point d’accoucher, décide de tenter de tout savoir sur ses ancêtres.

La carte postale, extraordinaire quête mêlant intimement l’histoire d’une famille aux drames bouleversants causés par le nazisme, m’a emporté et passionné jusqu’à la dernière ligne. Pendant les Correspondances de Manosque 2021, j’avais écouté Anne Berest parler de son livre, cela m’avait touché, intrigué, intéressé, mais je ne pensais pas que la lecture du livre m’emmène au plus profond de l’âme humaine, soulignant une fois de plus des problèmes toujours actuels, hélas.

C’est tout d’abord Lélia, sa mère, qui raconte, dans le Livre I, intitulé Terres promises. Elle détaille l’histoire de ses grands-parents : Ephraïm et Emma Rabinovitch. Lui, à 25 ans, ne se sent pas juif mais socialiste, en 1919, dans cette Russie où les brimades, la violence, la mort menacent. Il faut envisager de partir mais Emma, enceinte, met d’abord au monde Mirstchka (Myriam) à Moscou, le 7 août 1919. Pour échapper aux fouilles de la police, ils partent vivre à Riga, en Lettonie où la vie est prospère car Ephraïm réussit dans le commerce du caviar. Puis, Noémie naît dans cette même ville où recommencent les menaces qui poussent à partir pour Lodz, en Pologne. L’antisémitisme gagne là aussi. Train pour Budapest, bateau sur la Mer Noire et Haïfa, en Palestine où Myriam et Noémie, après le russe, le yiddish, l’allemand et le polonais, apprennent l’hébreu et l’arabe…

Un petit frère, Itzhaak, voit le jour là-bas, à Migdal, mais Ephraïm veut développer une invention qui accélère la levée de la pâte à pain, dont il est l’auteur. Quel est le pays idéal pour réussir avec un tel procédé ? La France, bien sûr ! Le petit Itzhaak s’appellera Jacques et c’est ainsi, je passe certains détails, que toute la famille se retrouve à Boulogne-Billancourt, en septembre 1929.

Les parents réussissent. Les enfants entament de brillantes études au Lycée Fénelon mais la jalousie, la haine ressortent peu à peu. Tout au long de ma lecture, je croise des noms prestigieux comme Jean Renoir, Francis Picabia et Vicente, son fils, Gabriële Buffet, puis René Char à la tête d’un réseau de résistance.

Bien avant que la France soit envahie, les Juifs sont stigmatisés. Lorsque Pétain fait adopter le statut des Juifs en 1940, c’est une cascade d’interdictions qui entraînent notre pays et l’Europe entière dans l’horreur d’un génocide programmé, organisé et facilité par une opinion publique saturée de slogans antisémites qui peuvent surgir à nouveau aujourd’hui.

Anne Berest conte tout cela de manière très vivante. Alternent confidences et événements tragiques comme la rafle du Vél’ d’Hiv’, les camps et les convois. Il faut raconter encore et toujours ramener à la mémoire des anciens comme des plus jeunes cette extermination massive d’êtres humains, avec des souffrances inimaginables, dans des pays que l’on disait civilisés.

Le Livre II de La carte postale se consacre aux souvenirs d’un enfant juif sans synagogue avec toujours le même objectif : qui a écrit et expédié cette fameuse carte ? Comment se sentir juive alors qu’on est élevée dans le socialisme laïc et républicain ? Eh bien, la bêtise et l’intolérance sont toujours prêtes à ressurgir et à causer les mêmes ravages si la mémoire s’efface.

Un Livre III traite des prénoms, ces fameux prénoms qu’il faut changer pour éviter les réflexions des imbéciles. C’est dans ce Livre III que l’autrice publie deux lettres. La première, elle l’écrit à sa sœur, Claire Berest, qui lui adresse une réponse belle, forte, émouvante ! Un grand moment de lecture !

Enfin, le Livre IV parle de Myriam qui a vécu avec Vicente Picabia et Yves Bouveris, entre Apt et Avignon, dans le Luberon, près du village de Céreste. C’est ainsi que, délicatement, par subtiles touches successives, l’énigme de l’origine de La carte postale sera enfin résolu mais je n’en dis pas plus pour laisser à chacune et à chacun le plaisir de la découverte tout en gardant en mémoire les années tragiques qui ont marqué à jamais ce XXe siècle alors qu’aujourd’hui, la folie humaine frappe encore, oblige un peuple à fuir les bombes et la guerre, causant de nouveaux déracinements et, c’est le plus intolérable, abrégeant des vies dans des souffrances inadmissibles.


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La carte postale

« Je me reconnais enfin : je suis fille et petite fille de survivants » conclut Anne Berest en achevant l’histoire de sa famille au XX siècle.



Lélia Picabia, mère de la romancière, fut conçue durant l’occupation par ses parents, opérateurs radios opérant pour un réseau de résistance … on devine son sort si ceux ci avaient été capturés par l’occupant. Son père Vicente se suicida après la guerre, Myriam, sa mère, se remaria et, durant des décennies, garda le silence sur son enfance et son mariage.



Myriam Rabinovitch, la grand mère, née à Moscou en 1919, grandit dans une fratrie de trois enfants, fuit la Russie avec ses parents vers la Lettonie. Puis ils s’installent en Palestine, cultivent des oranges, et arrivent enfin en France. Ils apprennent rapidement le français, Myriam et sa soeur Noémie collectionnent les premiers prix pendant que leur père innove, dépose des brevets et crée une société. Cette intégration exemplaire ne suffit pas pour obtenir leur naturalisation et quand la guerre éclate la famille est contrainte de se réfugier dans l’Eure. Myriam se marie le 14 novembre 1941, devient ainsi française, et s’installe à Paris avec Vicente Picabia.



Le 13 juillet 1942, la gendarmerie se présente au refuge des Rabinovitch, interpelle les enfants Noémie et Jacques qui sont emprisonnés à Evreux, internés au camp de Pithiviers, déportés le 2 aout vers Auschwitz… Jacques est gazé, Noémie succombe du typhus.



Le 8 octobre, Ephraim et Emma, les parents sont à leur tour arrêtés, dirigés vers Drancy et achevés dès leur arrivée le 6 novembre à Auschwitz



Myriam, sans aucune nouvelle de ses parents, part en Provence, rejoint le réseau animé par le Capitaine Alexandre alias René Char qui plastique la maison de Jean Giono, retrouve Vicente incarcéré à Dijon, puis le couple remonte à Paris où il est recruté par les services britanniques.



A la libération, elle guette devant l’hotel Lutetia le retour des déportés et prisonniers. En vain … polyglotte elle s’engage comme traductrice dans l’armée pour oublier ce passé sinistre.



Remariée Myriam Bouveris refait sa vie, tait sa judéité, élève ses enfants puis accueille ses petits enfants l’été en Provence …



En 2003, une carte postale est adressée à M Bouveris ; quatre prénoms Ephraim, Emma, Noémie et Jacques en constituent le texte énigmatique qui va inciter Lélia Picabia à s’intéresser à l’histoire des Rabinovitch.



En 2020, la fille d’Anne Berest est traitée de juive par un écolier … avec sa mère Lélia, elle reprend le fil du drame, rencontre les derniers survivants ayant connu leurs ancêtres et publie cet extraordinaire témoignage qui est à la fois un livre d’histoire et un manuel d’éducation civique traitant les sujets graves que sont les migrations, le racisme et l’antisémitisme. Et un bel hommage rendu à celles et ceux qui ont abrité, aidé, nourri les proscrits, au péril de leur vie.



Cette carte postale mérite d’être lue, notamment par les lycéens, qui seront sensibles au destin de Noémie et Jacques, adolescents apatrides, entonnant la Marseillaise le 13 juillet 1942 dans le fourgon cellulaire qui les mène au calvaire.
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La carte postale

Une carte postale glissée au milieu des traditionnelles cartes de vœux arrive dans la boîte aux lettres de Lélia, mère d’Anne Berest, le lundi 6 janvier 2003. Représentant l’opéra Garnier dans les années 90, la carte anonyme comporte seulement l’adresse de la destinataire et quatre prénoms inscrits d’une écriture maladroite les uns en dessous des autres : Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques. Ce sont les prénoms des grands-parents de Lélia, de sa tante et de son oncle. Tous étaient morts à Auschwitz en 1942 et ressurgissaient ainsi soixante et un an plus tard.

Après s’être interrogés sur l’origine de la carte, les parents d’Anne la rangent dans un tiroir.

Si ces gens étaient ses aïeux, l’auteure, 24 ans à cette date-là, ne connaissait rien d’eux. Occupée par une vie à vivre et d’autres histoires à écrire, elle efface de sa mémoire le souvenir de cette carte postale, tout en se promettant d’interroger plus tard sa mère sur l’histoire de leur famille.

Une quinzaine d’années plus tard, mère à son tour, une phrase de sa fille Clara « Parce qu’on n’aime pas trop les Juifs à l’école » va perturber Anne Berest et sera l’élément déclencheur de l’enquête minutieuse qu’elle va livrer pour retrouver l’auteur de cette carte postale.

C’est avec sa mère qui connaît parfaitement l’histoire de la famille, qui a fait des recherches pendant vingt-cinq ans, qui a donc déjà accumulé une immense documentation et avec l’aide des brouillons de lettres de sa grand-mère ainsi que le début de roman de la sœur de sa grand-mère, Noémie, que l’auteure va, d’une part retracer le destin de cette famille juive mi-russe, mi-polonaise, les Rabinovitch sur quasiment un siècle, depuis 1919 jusqu’à nos jours et d’autre part, en parallèle, écrire le récit de l’enquête.

C’est donc en 1919, pour échapper à la police bolchevique que les Rabinovitch, Ephraïm et Emma quittent en pleine nuit Moscou pour atteindre clandestinement la frontière avec leur nourrisson dans une carriole branlante et s’installer en Lettonie. Le nourrisson n’est autre que la grand-mère d’Anne : Myriam qui, en 1923, aura une petite sœur Noémie.

Ils ne pourront rester à Riga, devenant par leur réussite persona non grata. Ils partent alors pour la Palestine où sont déjà établis les parents d’Ephraïm. Ce dernier est engagé à Haïfa dans une entreprise d’électricité mais comprend qu’il ne pourra jamais réaliser ses projets. Naîtra en 1925 Itzhaak surnommé Jacques.

Ils y resteront cependant cinq ans avant d’embarquer pour la France, « ce pays qui a toujours été bon avec eux » et d’emménager à Paris, convaincus que la France est leur salut. Les années passent et les filles font un parcours scolaire remarquable. Mais la guerre est là et des cinq membres de la famille, seule Myriam l’aînée survivra, échappant à la déportation. Elle s’était mariée au début de la guerre avec Vicente, fils du peintre Francis Picabia et Gabriële Buffet.

À noter qu’Anne Berest et sa sœur cadette Claire, ont écrit un livre biographique, Gabriële, sur leur arrière-grand-mère paternelle.

Anne Berest, avec des chapitres courts et un style simple presque journalistique parfois, réussit de façon très émouvante à nous replonger dans ce passé antisémite que l’on voudrait voir définitivement révolu. Que d’errances pour cette famille qui, pourtant n’a qu’un seul souci, s’intégrer là où elle arrive. Ephraïm demandera d’ailleurs sa naturalisation qui, après de longs mois finira par lui être refusée. Une phrase résume bien cette quête de simple bonheur « Mais Ephraïm, l’ingénieur, le progressiste, le cosmopolite, a oublié que celui qui vient d’ailleurs restera pour toujours celui qui vient d’ailleurs. La terrible erreur que commet Ephraïm, c’est de croire qu’il peut installer son bonheur quelque part ». Ce déplacement, cet exil et cette sensation de chercher sa place quelque part tout en se demandant si on va finir par la trouver revêt quasiment un caractère universel tant elle peut s’adresser à chacun de nous.

Mais ce qui à mon sens fait l’originalité de ce livre, somme toute pas vraiment un chef-d’œuvre de littérature, est de l’avoir écrit sous forme de thriller tragique. Jusqu’à la dernière ligne, il est impossible de savoir qui a rédigé cette carte postale et on ne peut que louer son expéditeur pour l’avoir envoyée puisqu’il a permis à l’auteure de retracer avec maints détails le destin romanesque de ses ancêtres, ses recherches ayant été aussi l’occasion d’une quête initiatique sur la signification du mot « Juif » dans une vie laïque : Qu’est-ce qu’être juif ?

Ce récit familial sidérant, marqué par la Shoah et qui a obtenu le prix Renaudot des lycéens 2021, pose en outre la question de savoir si certains traumatismes graves subis ne seraient pas véhiculés ensuite dans les gènes des descendants et transmis chez les générations suivantes ?
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La carte postale

"La carte postale " , un roman qui "prend aux tripes ", un roman que l'on peine à quitter tant il nous transporte , nous émeut , nous interpelle ,tant ses personnages sont " vrais " , sincères , inoubliables .

J'ai lu bon nombre de livres se rapportant à cette sombre période de notre " Histoire " et je n'attendais pas forcément d'éclairage particulier sur ce terrible sujet , mais j'avoue avoir été emporté , bluffé , par la volonté de l'autrice de reconstruire un passé douloureux , caché , tabou .Et comme on le dit souvent familièrement , il n'est pas toujours trés judicieux de " sortir la poussière " qui dort sous le tapis .Par contre , il suffit de trois fois rien pour déclencher un séisme , voire un tsunami qui emporte tout sur son passage et révèle combien la vie de certains et certaines est précaire , combien est ténu le fil qui vous maintient en vie ou vous plonge dans d'insondables abbysses , selon que vous soyiez là ou là .Au "bon" ou " mauvais " endroit .Une mystérieuse carte postale sur laquelle figurent quatre noms va lancer cet ouvrage dont on ne saura pas vraiment s'il s'agit d'un livre sur l'histoire d'une famille , une saga , un thriller ou un livre d'Histoire .Peu importe du reste car ce qui va nous poursuivre , nous hanter est indescriptible , au delà de la raison . Chaque page ou presque "dégouline " d'émotions .C'est fort , trés fort , écrit avec une incroyable finesse , sans pathos mais avec une telle sincérité que tout lecteur se sentira , à un moment ou un autre , concerné au plus haut point .

Anne Berest nous emmène sur une voie dangereuse , une voie qui rescucite des disparus pour construire des vivants .D'hier à aujourd'hui , la libération de la parole pour libérer les esprits , donner à voir , à comprendre ..ou pas.

La construction du récit est trés intéressante et suit une chronologie parfois interrompue par des voix venues d'ailleurs , d'ici ou de là , du monde des ténèbres ou de celui d'un aujourd'hui que l'on souhaiterait bien entendu lumineux .

Livre d'espoir ? Livre d'UNE famille ? Pas si sûr mais cela , je vous laisse le découvrir . Tourner la première page , c'est plonger dans un univers qui , soyez en certains et certaines , va vous bouleverser et vous émouvoir sans pour autant , je m'adresse aux " âmes sensibles " , vous faire renoncer .

Un trés beau roman salué , entre autres , par le "Renaudot des lycéens" . Croyez moi , les " gamins ", ils ont cette fraicheur et cette acuité qui font qu'ils se trompent rarement et qu'on peut leur faire confiance .Pour ma part, c'est une évidence .

A bientôt ....
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La carte postale

Encore un nouveau coup de cœur pour cette année, un merveilleux récit qui m’a apporté de nouvelles connaissances au sujet de la seconde guerre mondiale, sujet inépuisable et malheureusement passionnant qui a fait l’objet d’une littérature abondante. Quelle ne fut pas mon bonheur en apprenant que son auteure avait remporté le grand prix des lectrices Elle, Anne Berest le mérite vraiment.



On y aborde donc en premier lieu la question juive et cette malédiction qui pèse sur les familles depuis des siècles, on observera le devenir de la famille rabinovitch sur quatre générations, et l’on sera obligé de constater que l’antisémitisme a été, existe toujours et sera et qu’Anne, Arrière-petite-fille d’Ephraïm Rabinovitch est porteuse de toute ce passé.



Les grand parents préviennent, les enfants n’y croient pas, et c’est suite à une série de mauvais choix par méconnaissance que l’on assistera à la longue descente aux enfer de cette famille. Et l’on souffre pour eux, on sait les choses, on est conscient de l’avenir des personnages, on aurait envie d’intervenir pour prévenir, on n’ignore rien en tant que lecteur, de leurs échecs futurs, et ça fait mal !



La période de l’occupation est passionnante et instructive, Anne Berest fournissant dans les détails, le traitement subi par les juifs en France, les interdits, les obligations de recensement, la propagande qui aida à répandre l’antisémitisme dans la population, et plus tard, la résistance et les réseaux organisés par ces héros qui n’hésitèrent pas à risquer leur vie pour rendre sa liberté à la France.



Et puis il y a un certain suspense, déjà annoncé par le titre du roman : qui a envoyé cette carte postale mentionnant simplement le prénom des aïeux morts en déportation ? Lélia, fille de Gabrielle Rabinovitch livrera à sa fille les éléments dont elle dispose, documents qu’elle a rassemblés et qui sont à l’origine de ce roman, lettres, photos, témoignages, et lui laissera ensuite la liberté de rechercher l’auteur de cette carte postale anonyme.



Un récit très abouti, une réussite, à lire absolument !
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La carte postale



Pour moi une carte postale est synonyme de vacance,de bonheur en famille. Après avoir lu et aimé la carte postale d’Anne Berest je ne suis plus tout à fait sûr de mon affirmation . La carte postale est un témoignage sur un passé pas si ancien, douloureux et cruel. Une famille venue chercher un petit coin de paradis en France. les Rabinovitch. Sauf que ce pays des lumières a creusé leurs tombes en les offrant pieds et poings liés aux bourreaux nazis. La carte postale n’est pas un énième récit sur la Shoah, cette histoire va plus loin, comment vivre quand on est enfants et petit enfants de déportés? Et surtout qu’est-ce que c’est que d’être juif. Anne Berest les a connu ces silences ces non dits comme Lélia sa mère. Ephraïm, Emma, Jacques et Noémie quatre prénoms sur une carte postale quatre racines effacées de l’arbre généalogique. Ce récit est très proche de l’histoire de Daniel Mendelsohn et de son très beau livre « les disparus «  .

La carte postale est aussi l’histoire de Myriam la grand mère d’Anne seule rescapée de la famille Rabinovitch. Chance ou malchance comment peut-on vivre avec cette idée que la destinée est seule responsable de notre vie, un lourd fardeau qui pèsera sur les épaules de Myriam. Et puis il y a cette transmission invisible qui relie les familles entres elles, des prénoms, des endroits, des situations, des connections entre les générations. La carte postale est une quête et une enquête un beau récit qui m’a touché.
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La carte postale

Un jour de janvier 2003, une carte postale représentant l’Opéra Garnier arrive dans la boîte aux lettres, au milieu des cartes de vœux. Elle est anonyme, quatre prénoms sont inscrits : Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques, d’une écriture très maladroite. Elle semble avoir mis 10 ans avant d’être postée. Personne ne veut approfondir, jusqu’au jour où Anne est sur le point d’accoucher de sa fille, et elle veut savoir, au grand dam de Lélia…Mais il est temps d’ouvrir la porte aux souvenirs…



Dans la première partie du livre, on fait la connaissance des membres de la famille Rabinovitch, Nachman et son épouse, les enfants Ephraïm, Boris, Emmanuel puis les trois enfants d’Ephraïm et son épouse : Myriam, Noémie et Jacques, leur vie en Russie puis les différents exodes : Riga, puis la Palestine où Nachman va résider entretenant son orangeraie, très lucide, car il a toujours dû fuir pogroms et persécutions. Il conseille à tous de partir aux USA, mais personne ne l’écoute. Boris choisit la Pologne d’où est originaire son épouse et, les deux autres Paris. Que pourrait-il bien leur arriver, ils se sont intégrés. L’auteure nous raconte comment elle a réussi à tout reconstituer.



L’auteure nous fait vivre la rafle du Vél’ d’Hiv, son organisation méthodique, toute la maltraitance, le zèle de la police e, avec des termes bien choisis, sans concession, mais sans pathos non plus. Il en est de même avec les arrivées aux camps, les cheveux rasés qui vont servir à confectionner des pantoufles, les cendres recyclées en engrais ou les dents en or coulées en lingots… quant au traitement des êtres humains on le connaît donc je n’y reviendrai pas.



« Il faut que vous compreniez une chose : un jour ils voudront tous nous faire disparaître. » Nachman quand il parle de quitter la Russie.



Myriam rencontre à Paris, à la Sorbonne Vicente :



« Il a vingt et un ans, son père est le peintre Francis Picabia, sa mère Gabriële Buffet est une figure de l’intelligentsia parisienne. Ce ne sont pas des parents ce sont des génies. »



Dans la deuxième partie, on se situe dans la période actuelle, la fille d’Anne a entendu dans la cour de récréation un copain marocain qui n’aime pas les Juifs. Plus jamais cela disait-on à une époque… et comment réagir, surtout quand on n’est pas pratiquant. Toujours est-il que la grand-mère Lélia n’entend pas rester les bras croisés. En tout cas cela va relancer les recherches sur la personne qui a envoyé la fameuse carte.



Les difficultés à retrouver les archives, les traces de la famille est sidérante, car la France ne veut pas reconnaître la déportation, il faut tout enfouir sous une chape de plomb, c’est bien connu, les Français étaient tous des Résistants, pas des collabos…



Anne Berest évoque aussi Daniel Mendelsohn dont « Les disparus » qui me narguent dans ma bibliothèque mais que je n’ai encore eu le courage d’attaquer) Primo Levi, Hélène Némirovski… ainsi que l’interdiction de faire concourir « Nuit et Brouillard » à Cannes au nom de la réconciliation franco-allemande…



Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce livre, notamment le parcours de la famille à travers l’Europe pour tenter de fuir les persécutions, du caviar de Riga, à l’orangeraie de Palestine, sous fond de musique Emma joue et enseigne le piano, et l’impossibilité à imaginer l’inimaginable, quand on s’est intégré, en ayant demandé une naturalisation qui n’arrivera jamais…



Tout est bien équilibré, dans ce récit, la période avant la guerre, comme la période actuelle et Myriam m’a beaucoup plus, sa fin de vie est aussi bouleversante que tout son parcours.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver son auteure dont j’ai bien aimé « Sagan 1954 » il y a quelques années. Maintenant il ne me reste plus qu’à sortir « Gabriële » qui m’attend sagement dans ma PAL …



Je voulais faire une pause dans les récits sur la seconde guerre mondiale, la Shoah, mais je n’ai pas résisté à « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon… on ne se refait pas…



#Lacartepostale #NetGalleyFrance
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Gabriële

C'est l'histoire de la vie de Gabriële Buffet, théoricienne de l'art visionnaire, femme de Francis Picabia, maîtresse de Marcel Duchamp, amie intime d'Apollinaire. Et aussi arrière-grand-mère des soeurs écrivaines du livre. Donc d'autant plus intéressante.

Début 1900, Gabriële donne une image insolite de la femme pour l'époque. Elle ne veut pas se marier, veut être indépendante et ferait tout pour l'être, même en y payant le prix fort, “coupant” avec sa famille et partant à Berlin, en territoire inconnu. Mais l'expérience sera de courte durée, vu que son chemin croise très vite celui de Francis Picabia, “Être avec lui, c'est un projet en soi. Une création de chaque jour. Ce vampire annihile de facto toute autre puissance artistique.”

Picabia est un drôle de coco, psychologiquement instable, féru de voitures, femmes, jeux, opium et cocaine, et pas que. Riche de famille, des toiles impressionnistes qui se vendent comme du bon pain, il est l'enfant prodige. L'arrivée de Gabriële va tout chambouler. Elle devient sa matrice ( “ une profonde influence libératrice “), et son obstination par coquetterie à ne pas porter de lunettes, malgré sa vue qui baisse, va accélérer la révolution artistique en cours dans sa vie.....A travers la vie de Gabriële, on assiste ainsi à la naissance de la peinture abstraite et du courant surréaliste par le biais de Picabia et de Marcel Duchamps avec lequel le couple aura bientôt une relation fusionnelle....



Une biographie romancée où les soeurs Berest utilisant la force de la fiction, laisse libre cours à leur imagination, plaçant rapports et sensations dans un cadre romanesque qui sublime la vie et la personnalité de Gabriële; une femme qui n'a même pas cure des infidélités de son mari, « Pas de jalousie. Pas de rancune. Et l'art comme unique urgence ». Un soupçon de femme fatale, un soupçon de muse, un soupçon d'artiste, un soupçon de mère, épouse et amie idéale, cette femme intéressante reste quand même floue, aussi floue que sa place dans l'histoire de l'art du XX iéme siècle. Même de ses photos sur internet difficile de discerner un personnage qui aurait de l'aura, et pourtant elle a séduit des grands noms de l'Art et de la musique du XX iéme siècle.

Le style d'écriture indirecte et trop romanesque des Berest m'a au début laissée un peu distante de l'histoire, mais par la suite et vers la fin leur sincérité pour sortir de l'ombre cette femme hors du commun m'a touchée. En le lisant impossible de ne pas penser à l'autobiographie sublime de Peggy Guggenheim, «Ma vie et mes folies », qui raconte la même époque et un peu la même histoire, dans un style directe de première main. Un livre beaucoup plus passionnant, Peggy ayant ratissé un peu plus large, et ayant laissé une empreinte indélébile dans l'histoire de l'Art contemporain du XXiéme siècle.



Une lecture que je dois à Nuageuse, merci.
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La carte postale

La carte postale a eu son heure de gloire, signifiant au destinataire que vous pensiez à lui pendant votre séjour à distance mais aussi lui soulignant la chance que vous avez de profiter d’un autre paysage. L’avènement de la communication dématérialisée et permanente l’a reléguée au rang de tradition désuète. Bords de mer et soleil couchant ne s’entassent plus dans nos boîtes aux lettres…

Celle dont il est question dans le livre d’Anne Berest est particulière : arrivée en 2003 dans la boîte aux lettres maternelle, elle est anonyme et énigmatique, quatre prénoms, quatre membres de la famille Rabinovitch, les aïeux d’Anne, qui ont pour point commun une fin de vie inhumaine dans les camps de la mort.



Anne est fascinée par cette énigme, que sa mère a beaucoup de difficultés à évoquer. Trop de souvenirs douloureux risquent de faire surface…



Tout la première partie est consacrée aux confidences entre mère et fille, ce qui revient à évoquer ce que Lélia sait de la vie tragique de ses grands parents et de sa mère. Avec des zones d’ombre, qui pourraient contenir la solution.

A l’occasion de ses recherches, Anne Berest pose ensuite la question : qu’est ce qu’être juif de nos jours en France ? Et dans une pirouette, se demande si ce n’est pas justement le fait se poser la question…

Le passé douloureux resurgit peu à peu, et ces révélations sont un mal nécessaire, la seule façon de libérer les vieux fantômes.



Tout ce qui fait référence à cet épisode innommable de la guerre n’apporte rien de nouveau, le sujet a été traité bien des fois dans la littérature. Il fait encore très mal, car l’auteur nous a présenté sa famille et rapporte donc des faits qui ne sont plus généraux mais centrés sur des personnages que l’on a pris en affection.

Les sinistres conditions de la déportation, exigée par l’ennemi vainqueur mais organisée par la France, l’horreur des retours à la libération, tout cela reste une plaie ouverte.



L’intérêt du lecteur est créé par le souhait de voir aboutir cette quête des origines et la question sur l’identité qui s’y rattache, et l’obstination de l’auteur devient celle du lecteur. Il faudra attendre les dernières lignes pour savoir qui se cache derrière l’envoi mystérieux.



L’histoire est captivante et l’art de conter n’y est pas pour rien. C’est un émouvant témoignage de ce qu’a vécu la famille de l’auteur, et un plaidoyer pour la nécessite de dire les choses, pour ne pas oublier et pour pouvoir s’en libérer.



Challenge pavés Babelio 2021
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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La carte postale

En janvier 2003, la mère d'Anne Berest, Lélia, reçoit une carte postale de l'opéra de Paris avec quatre prénoms, ceux de ses grands-parents, de son oncle et de sa tante. Ces gens sont tous morts en déportation à Auschwitz et l'expéditeur de la carte est inconnu. Anne Berest va se livrer à une enquête minutieuse pour essayer de le retrouver et elle va ainsi reconstituer toute l'histoire de sa famille dans ce dramatique XXe siècle, tout en se posant la question de l'identité juive. ● Nous connaissons tous ces événements historiques et pourtant y voir évoluer des personnages de roman ou comme ici des personnes réelles renouvelle à chaque fois leur caractère tragique. ● La minutie de la reconstitution ne nuit absolument pas au rythme du récit et au profond intérêt qu'il suscite. C'est passionnant. ● Les résonances entre le passé de cette famille et la vie actuelle sont bien mises en évidence par le double mouvement du récit : à la fois reconstitution du passé et récit au présent de cette reconstitution. Ainsi la petite phrase contre les juifs que la fille d'Anne Berest entend à l'école se trouve amplifiée par celles qu'on pouvait entendre dans les années trente, même si Anne souhaiterait en minimiser la portée. ● En outre, on voit à la fois le passé se reconstituer, les conséquences du passé sur le présent se manifester et les commentaires que les personnes de notre présent font sur le passé. ● C'est un livre très riche et je ne comprends pas que le conflit d'intérêt entre Camille Laurens et François Noudelman au Goncourt ait eu pour victime collatérale ce beau livre d'Anne Berest qui n'y est pour rien, en étant retiré de la sélection du prix Fémina.
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La carte postale

Dès les premières pages du roman, Anne Berest nous embarque avec brio dans une spirale qui nous happe littéralement et nous fait parcourir l'histoire de sa famille sur presque un siècle.

Son écriture est comme un jeu de miroirs permanent qui renvoie l'histoire des siens à l'histoire universelle du peuple juif avec tous ses thèmes dont le principal, bien sûr reste la Shoah dont une partie de sa famille en sera la victime.

Partant d'une étrange carte postale reçue un matin chez sa mère, elle part aidée de celle-ci sur les traces de sa famille et reconstitue l'histoire de ses arrières-grands-parents.

Ce qui m'a beaucoup intéressée dans ce roman, c'est les questions et les non-dits, les secrets qui tournent autour de l'identité "culturelle" de la judéité.



Oui, Anne Berest est juive mais ne le vit pas ainsi.

"Je suis juive mais je ne connais rien de cette culture".

"Je suis le rêve accompli de mon arrière-grand-père Ephraïm, j'ai le visage de la France"



D'autres dans sa famille, comme son aïeul ont été confrontés, dans d'autres formes à cette judéité complexe qui les pousse à renier, à dissimuler, à oublier ce qu'ils sont. Et, ainsi, devenir des Juifs dits assimilés. Ce passage très fort, ou son arrière- grand- père vivant en France et voulant être naturalisé français va jusqu'à interdire aux siens d'évoquer le fait qu'ils sont juifs.



Tous ces questionnements, ces comportements sont évidemment dictés à la base par la peur, les persécutions des juifs à travers l'histoire qui leur inspirent une survie permanente.

"La liberté est incertaine. Elle s'acquiert dans la douleur"

Au fil du roman, Anne Berest nous livre, se livre courageusement pour combattre ses démons et remonter l'histoire de sa famille. Avec sa mère qui a déjà tissé les liens des différents membres de sa famille dont l'histoire de sa propre mère qui est la seule ayant survécu à l'holocauste.

Ce roman est riche, foisonnant de cette histoire familiale qui a traversé le temps. Ce thème de la survivance est magnifiquement évoqué dans cette citation

"Mais aujourd'hui, je peux relier tous les points entre eux, pour voir apparaître la constellation des fragments éparpillés sur la page, une silhouette dans laquelle je me reconnais enfin: je suis fille et petite fille de survivants"



Anne Berest a écrit un grand livre qui aide à mettre du baume sur les cœurs.
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Gabriële

La première fois que j'ai vu Claire Berest , c'était dans l'émission "La Grande Librairie" , elle présentait son livre Bellevue. Je l'ai trouvée brillante et j'ai noté le titre.

La deuxième fois que j'ai vu Claire Berest, c'était à Rennes , interviewée aux Rencontres Littéraires, elle y présentait son "petit dernier , Gabriële" , un livre écrit à quatre mains avec sa soeur. Elle était très passionnée, convaincante, ultra documentée, passionnante…



Gabriële avant d'être un roman, c'est une histoire de famille, un secret ou plutôt un non-dit, un trou béant…

C'est l'histoire de leur arrière grand-mère qu'elles n'ont pas connue , celle d'une jeune fille très intelligente et indépendante qui décide de faire des études musicales, tout d'abord à Paris puis à Berlin . Elle étudiait la composition, seule femme admise dans une classe de jeunes hommes.

On est 1908, elle a 27 ans , (il lui reste une année d'étude à faire ) , quand elle rencontre le peintre Francis Picabia et elle envoie tout promener.

Elle l'épouse , ils auront quatre enfants , ne s'en occuperont pas beaucoup mais révolutionneront le milieu de l'art mondial. Lui avec ses oeuvres , elle par son esprit, sa capacité à voir le talent des autres , à discuter , à les "accoucher" . Ils fréquenteront toute la fine fleur artistique du xx ième siècle ( Duchamp, Apollinaire entre autres ) , voyageront énormément pour l'époque.

Et les enfants dans tout ça ? C'est là que le bas blesse…

Le quatrième se suicidera à 27 ans laissant une petite fille de quatre ans, la mère de Anne et Claire Berest, laquelle ne reverra jamais sa famille paternelle : Gabriële a mieux à faire.

Elle est morte en 1985 , à 104 ans , ses arrières petites filles ignoraient son existence.



Monstrueuse et généreuse, bienveillante et égoïste, moderne et visionnaire, indépendante et terriblement soumise , Gabriële a été une femme très intelligente , "un cerveau érotique" ...



Ce livre raconte leur "enquête" autour d'un personnage hors du commun pour l'époque. Il réussit le fragile équilibre entre documentation historique et parties romancées et imaginées. Chaque chapitre est clos par un petit paragraphe ou une phrase , sorte de réflexion d'une ou des auteures sur leur recherches , leurs découvertes et leur ressenti. Cela ajoute une touche humaine et très personnelle et nous rappelle qu'elles n'ont pas écrit un livre SUR et POUR Gabriële mais pour elles-mêmes , pour essayer de comprendre comment elles avaient pu être amputées d'un pan de leur histoire familiale et surtout pour leur maman; ( maman qui vivra très douloureusement cette aventure …)

Une quête sur ses origines bouleversante et pudique, sensible et sans aucune mièvrerie…

Tout l'intérêt de ce livre provient de cette implication, ce parti pris.



Entre ma rencontre avec Claire Berest ( que j'ai alpaguée dix minutes …) et la lecture de ce livre, j'ai laissé passer quelques mois, je voulais laisser l'histoire "décanter ", un peu oublier la vie de Gabriële pour mieux la redécouvrir . Ça a été un voyage fascinant et passionnant qui dépasse le cadre de l'histoire de l'art et peut séduire les non initiés, car c'est aussi un livre qui grouille de vies , ( célébrités croisées, vies à 100 à l'heure, vies sacrifiées…).

Qu'est ce qu'une vie réussie ?

Quelle "trace " laisse-t' on sur la terre ?

Peut-on tout sacrifier à l'Art ? ….



Brillant , très agréable à lire et instructif...
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La carte postale

Ephraïm

Emma

Noémie

Jacques...

Et ils ont été des millions à perdre la vie durant la Seconde guerre mondiale, tout cela parce qu'ils étaient juifs ! Et le pire, c'est qu'il n'y a pas eu qu'eux !

Ces quatre noms, Leïla, la mère de la narratrice, les lis sur une carte postale qu'elle reçoit en janvier 2003, sans aucune explication ni mention du destinataire. Elle les reçoit en pleine figure, comme une gifle qui lui rappellerait non seulement ses origines (encore et bien que cela ne soit absolument pas...disons plus une honte) mais aussi son silence envers sa fille concernant ces derniers et les circonstances tragiques dans lesquelles ils ont disparu ! Tout cela parce qu'elle avait voulu, non pas oublier mais ne plus penser à ce passé trop douloureux et pourtant...ce silence imposé par sa mère Myriam qui avait, elle, honte...honte d'avoir survécu alors que ses parents, sa sœur et son frère, eux, n'avaient pas eu cette chance. Pourquoi, elle, Myriam, n'était-elle pas morte comme eux, avec eux ?

Bien que Leïla n'ait jamais trop bousculé sa mère sur le sujet, Anna, la narratrice de ce roman, elle veut comprendre et pour comprendre, elle veut surtout retrouver la personne qui a envoyé cette carte postale à sa mère et pourquoi maintenant ! Pour cela, elle va devoir un peu brusqué sa mère pour qu'elle lui confie son passé et cela ne va pas être évident car, comme je l'écrivais plus haut, celle-ci, aurait préféré ne plus y penser mais il faut parfois savoir réveiller les morts pour ne pas qu'on les oublie !



La narratrice va donc se plonger dans cette enquête, seule, afin de lever le voile sur ce qui s'est passé...il n'y a pas si longtemps que cela et qui laisse encore des traces aujourd'hui !



Je n'en dirai pas plus sur le sujet, d'une part, lorsque je vois l'affluence de critiques sur ce dernier, et d'autre part, parce que j'ai moi-même reçu une sacrée gifle en le lisant et que je me retrouve à mon tour, démuni de mots et pourtant, n'oublions pas !

Un roman extrêmement puissant, très bien écrit, admirablement romancé et que je ne peux que vous recommander !
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La carte postale

La carte postale est cette lecture tant convoitée avant d'y entrer.

Tant d'éloges, de si belles critiques, un livre encensé massivement par les lecteurs et les critiques littéraires de manière totalement unanime, récompensé par deux prix littéraires, pas des moindres...

Alors pourquoi suis-je resté totalement à côté de ce livre, de ce roman ? D'ailleurs, est-ce un roman ? Une fiction romanesque ? Difficile de le dire de mon point de vue.

Ce qui est indiscutable est le poids historique du récit. La tragédie qui porte ce texte et qui est convoquée à chaque page de la narration au travers du destin d'une famille juive.

Ce qui est indiscutable est l'élan de générosité et d'humanité qui a poussé l'autrice, Anne Berest, dans la rédaction de ce livre. Un hommage intime... Son envie de transmettre. Mais transmettre quoi au juste ? Je suis incapable de l'exprimer au moment où je rédige ce billet.

Je me suis posé cette question lancinante tout au long de ma lecture. Pourquoi ce livre ? Pourquoi un livre de plus sur ce thème de la Shoah, non pas que tout a été dit, écrit, mais s'il faut en écrire un autre, un de plus, autant y apporter quelque chose de nouveau, dans la narration, dans le style, dans la manière de convoquer les personnages, de les faire venir, cheminer, avec leurs beautés, leurs doutes, leurs failles, leurs rugosités, leurs interstices...

Longtemps j'ai lu les premières pages de ce livre comme l'eau qui glisse sur les plumes d'un cygne. Aucun signe ici ne venait me happer, me prendre à la gorge, me saisir d'émotion... Bien sûr, des scènes sont là, mais tant visitées, tant revisitées que la démarche romanesque qui s'en saisit avec sans doute une bonne intention au départ s'en dépouille totalement à l'arrivée. J'ai eu l'impression d'aller à la rencontre d'une fabrication artificielle manquant totalement de souffle...

La première partie du roman est une sorte de faisceau qui balaie et rassemble tout ce qui a trait sur le plan historique à la menace latente puis réelle, les camps de transit, la déportation, jusqu'à l'extermination des Juifs en camps de concentration. La narratrice nous raconte l'histoire de sa famille à partir d'un élément déclencheur original : une carte postale reçue et envoyée de manière anonyme longtemps après la guerre et comportant quatre noms d'une même famille, tous morts à Auschwitz en1942.

La seconde partie me paraissait plus prometteuse, mais voilà, j'avais déjà accompli la moitié du voyage et j'étais déjà rincé d'un tel découragement que je n'ai pas su trouver les forces vitales pour accomplir la suite du trajet.

L'histoire est bien racontée, mais où est l'âme de cette narration ? Où en est l'écriture ? Où est l'écrivain capable de transcender ce récit ?

Pléthores de faits, d'idées déjà connues, de personnages convenus dans leurs descriptions même s'ils sont happés dans une tragédie sans nom, enlèvent toute sobriété et puissance à un récit qui en méritait amplement et qui aurait gagné ainsi en émotion.

N'est pas Primo Levi qui veut...

Peut-être qu'après avoir lu Si c'était un homme, de Primo Levi, on ne peut plus rien lire d'autre sur le sujet ? On est comme asséché, atterré et qu'il faut du temps pour s'en remettre...

Il y a une sorte d'hésitation entre le côté romanesque et le récit historique qui m'a déstabilisé. Parfois j'ai eu l'impression que c'était Wikipedia convoqué dans les mailles d'une histoire familiale juive au temps de l'occupation allemande. Tout est passé en revue dans un style didactique, tout ce qu'il faut savoir, même des célébrités sont convoquées dans le récit, dont on ne sait pas ce qu'elles viennent faire ici, quelle valeur elles apportent au récit, ici Gide ou Picabia, là Cocteau ou Malraux, plus loin Irène Némirovsky, sauf à ce dire que dans ce grand étalage, l'autrice a trouvé bien de les y faire figurer. Mais pour quoi faire. Pour faire érudit sur la carte postale ?

Il n'en demeure pas moins une lecture agréable, mais pour en arriver à quoi à l'arrivée ?

Si ce roman a trouvé son public, c'est l'essentiel. Mais ce fut pour moi un rendez-vous manqué. Cette carte postale ne m'était pas destinée.

Un rendez-vous manqué est aussi fait de belles choses, comme l'attente désespérée d'un livre.

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La carte postale

Qu'est ce qui fonde l' identité juive quand on ne pratique pas la religion, qu'on ne connaît pas la portée symbolique des rites et des fêtes, qu'on a un prénom et un nom sans le moindre soupçon de judéité, qu'on ignore même pendant de longues années l'histoire tragique de sa propre famille et que les "survivants" autour de soi se taisent, esquivent, font même disparaître les faibles traces d'existences chères, perdues dans la nuit et le brouillard ?



Plus que l'enquête presque policière et longuement différée sur l'origine de la carte postale , plus que la reconstitution d'une histoire familiale déchirante et pleine de terribles béances. c'est cette question qui m'a fascinée et bouleversée parce qu'elle met en branle l'inconscient collectif dans la conscience individuelle, le déterminisme tragique des non-dits et des drames dans la trajectoire personnelle, le poids des noms, le poids des mots, le poids des morts dans la vie des vivants.



Anne Berest relève avec une acuité, une précision et une honnêteté totales les différentes occurrences et incidences qu'a eues le mot "juif " sur sa vie d'enfant assimilée, laïque, apparemment sans lien avec la condition juive.



Son deuxième prénom, Myriam, celui de sa grand mère survivante, joue sur sa vie comme un destin. Elle est celle qui échappe, celle qui survit, celle qui DOIT se souvenir quand bien même elle voudrait esquiver. Comme cette grand mère qui dans le chaos même de la vieillesse saura se souvenir.



L' enquête d'Anne (son en-quête) ne se déclenche pas à la suite du récit que lui fait sa mère de la tragique histoire familiale, mais des années plus tard, à la suite d'un propos antisémite relevé par sa petite fille de six ans.



Comme si la condition juive etait une sorte de fatum qui soudain vous convoque, vous somme de porter individuellement une part, votre part, du destin collectif.



Comme si elle était liée etroitement à la transmission, une sorte de passage de relais indispensable, douloureux, mais nécessaire.



À la fois une chaîne et une délivrance.



Voilà un livre écrit avec sobriété et neutralité. Sans effet de style, et tant mieux.



Ce n'est ni un roman, puisque tout y est vrai jusqu'à la fameuse carte postale, ni un suspense même si l'enquête est passionnante, ni une chronique même si elle nous fait croiser des noms célèbres (René Char, poète et grand résistant, Picabia, dadaiste, peintre et l'arrière grand père de l'auteure, Gabriële Buffet, épouse et muse de ce dernier, déjà évoquée dans un livre des sœurs Berest). Ce n'est pas non plus une histoire personnelle s'inscrivant dans la sombre histoire collective de ces années de collaboration, de délation, de complicité honteuses d'une partie de la France et des Français à l'un des plus grands crimes contre l'humanité qui ait existé.



La Carte Postale est une question profonde, lancinante, qui cherche et trouve sa réponse dans un patient et sobre travail d'investigation. Et qui par conséquent peut aussi bouleverser, toucher, même si ce n'est pas son but premier.



Un livre puissant et nécessaire.
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La carte postale

Epoustouflant, c'est le mot qui me vient à l'esprit pour décrire ce livre. Je l'ai déjà conseillé à mon mari et à mes filles. Et je profite de la tribune de Babelio pour vivement vous conseiller la lecture de ce texte entre roman, récit, (auto)biographie, questionnement....

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Le livre se lit avec plaisir grâce à une écriture fluide, légère pour une thématique plutôt délicate.

L'auteure, dans ce livre, dévoile un pan de la vie de sa famille, juive, russe, installée en France, disparue à Auschwitz. Mais ce livre est aussi le récit de la recherche de la mère de l'auteure sur sa famille, sur son histoire. Puis de la quête qu'elles mèneront, mère et fille, pour comprendre l'origine de la "carte postale".

Au travers de ces recherches se pose également la question de savoir ce qu'est être Juif quand on est laïc. L'auteure partage avec nous ses questionnements, passionnants, sur ce sujet.

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Un livre qui se dévore : en dépit du nombre de pages de ce pavé, je n'ai pas pu le lâcher. Pourtant ce livre a eu pour effet de me faire faire des recherches sur des personnages qui ne m'étaient pas connu comme la Dr Hautval (Juste parmi les Nations) ou l'abbé Alesch (qui trahira comme monnaie sonnante et trébuchante un réseau de Résistants).

Suivre les recherches menées par la mère et la fille sont passionnants, difficiles à lâcher. Comme elles, on a envie de savoir qui a envoyé cette carte postale, et pourquoi. Comme elles, on découvre l'infinie tristesse de ces vies détruites à Auschwitz.

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Franchement si vous ne l'avez pas déjà fait, je vous conseille vivement la lecture de cette "Carte postale". Un prix Renaudot des lycéens 2021 amplement mérité ! Je partage leur avis sur ce livre époustouflant, utile, émouvant...
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La carte postale

Je crois que depuis que j'ai vu ce titre "La carte postale" d'Anne Berest, j'ai envie de lire ce livre, c'est chose faite et je ne suis pas déçue !



La famille de l'autrice, partie de Russie, arrive à Paris en 1929 après être passée par la Lettonie et la Palestine.



Avec une écriture simple et efficace, Anne Berest nous raconte le parcours de ses ascendants juifs traversant l'Histoire.

Anne Berest réussit à nous captiver en nous présentant ces quelques décennies sous forme d'enquête. C'est original, et vrai car il s'agit de l'histoire de sa propre famille.



Cette enquête, menée avec sa mère et à partir des recherches que cette dernière a déjà effectuées, débute avec la réception d'une carte postale anonyme où seuls 4 prénoms sont écrits. Ces prénoms sont ceux de ses grands-parents, de sa tante et de son oncle, tous 4 déportés et morts à Auschwitz en 1942.

Seule, la grand-mère de l'autrice, Myriam, a survécu mais a toujours gardé le silence sur les atrocités vécues par sa famille.



C'est après que la fille de l'autrice ait entendu en 2020 la phrase « Parce qu'on n'aime pas trop les Juifs à l'école » qu'Anne Berest, se rappelant de cette carte postale reçue en 2003, se lance dans cette recherche familiale. Elle en fait un récit très vivant et émouvant où la question de l'identité est posée, avec ses influences sur plusieurs générations.



On rencontre des figures connues dans la Résistance, des écrivains, des artistes, faisant de ce roman un livre d'Histoire très intéressant.

De plus, Anne Berest a su nous tenir en haleine jusqu'au bout en ce qui concerne la résolution du mystère de l'envoi de cette carte postale.

C'est bien fait, tout y est, c'est bouleversant, c'est authentique, c'est nécessaire.



Ce récit, marqué par la Shoah, mérite bien le prix Renaudot des lycéens 2021.

Il était en lice pour le prix Goncourt au même titre que Les enfants de Cadillac, les 2 ayant été retirés suite à la polémique que l'on connaît. Ce qui est fort dommage, j'ai lu les 2 et aimé les 2. Bien que très différents, ils interrogent sur l'identité et ses répercussions sur les générations futures.



La carte postale : Une enquête et une quête narrées dans un récit poignant, à lire !



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La carte postale

En janvier 2003, arrive une mystérieuse carte postale au domicile des parents d'Anne. Anne Berest car il semblerait que le récit soit une biographie de sa grand-mère, les parents, les frère et soeur de celle-ci.

En 2020, elle mène une enquête avec sa mère Lelia.

Celle-ci avait déjà recueilli de nombreux renseignements sur la famille de sa mère Myriam et de ses parents.

Ephraïm, son père, ingénieur s'installe avec son épouse Emma à Riga.

Ils ont trois enfants : Myriam qui survivra à la guerre par un heureux hasard de rencontres et de circonstances, Noémie et Jacques. Tous les quatre seront déportés et mourront à Auschwitz.

Après Riga, la famille s'installe en Pologne chez les parents d'Emma puis en Palestine chez les parents d'Ephraïm et enfin à Paris. Partout, ils seront pauvres ou rejetés et ce n'est pas par manque d'énergie. La seule solution est soufflée à Ephraïm par sa cousine son amoureuse de jeunesse, émigrer aux Etats-Unis mais à ce moment , au début de la guerre, le pays les refuse.

Le personnage qui m'a le mieux plu dans cette histoire est le père d'Ephraïm , Nachman, qui sur la fin de sa vie vient rendre visite à ses fils émigrés à Paris avant de retourner en Palestine près de son épouse. Ses paroles sont le bon sens même, respectueuses, d'une grande sagesse.

Tout au long du récit, nous vivons l'exode, l'espoir d'une vie meilleure, les vérités des Juifs qui se transmettent le statut de juif de mère en fille même si le père est un Français.

Petit bémol, il aura fallu 200 bonnes pages pour qu'Anne se lance avec sa mère Lénia dans l'enquête au sujet de l'origine de la carte postale. J'aurais voulu que cela arrive plus tôt même si cette partie du roman est passionnante et nous mènera plus loin vers Myriam, la grand-mère d'Anne qu'elle a bien connue.

Un roman très bien écrit avec des faits déjà bien connus pour moi dans la première partie. Tout cela compensé par les spécificités des personnages et leur vie bafouée.

Ce n'est pas du tout étonnant que le roman ait reçu le prix Renaudot des lycéens car le contenu peut répondre à de nombreuse questions que les jeunes se posent sur les Juifs. J'en suis témoin. Mon petit-fils qui a maintenant 18 ans me l'a quelques fois demandé. Mais qu'avaient-ils fait les Juifs pour être persécutés à ce point ?
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