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Critiques de Anne Boquel (100)
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Le Berger

En racontant l’histoire de Lucie, Anne Boquel m’a entraîné dans la spirale infernale de l’emprise psychologique d’une secte religieuse et de son gourou, Le Berger.

C’est poignant, angoissant et au final, passionnant. J’ai eu, par moments, l’impression d’être dans un polar. Voilà encore un livre que je n’aurais sûrement pas lu si Babelio et les éditions du Seuil ne me l’avaient gentiment proposé. Je les remercie d’autant plus que l’immersion que j’ai vécue au cours de ma lecture, au fil de l’excellente plume d’Anne Boquel, m’a tenu en haleine jusqu’au bout.

Lucie, à vingt-neuf ans, est conservatrice d’un musée d’art religieux à Bessancourt, entre la forêt de Montmorency et l’A 115. Très consciencieuse, elle qui est titulaire d’une thèse sur l’héritage de l’art byzantin dans l’art roman, n’est pas heureuse. Elle vient de rompre avec Louis. Elle est lasse et ce ne sont pas ses relations avec ses parents qui la réconfortent, elle, qui est timide, vulnérable, sans attraits.

Voilà que Mariette, employée au musée, l’entraîne un dimanche à la Fraternité où l’accueil est chaleureux. Prières, chants, incantations, cordialité, simplicité, échanges plaisent à Lucie, subjuguée par Le Berger, Thierry, qui harangue les fidèles et s’entoure de beaucoup de mystère.

Dans cette secte affiliée à l’église évangélique de France, si l’on est accueilli, il faut donner aussi puis se conformer aux préceptes, se priver de nourriture, pratiquer le yoga, méditer… et se rapprocher ainsi des meilleurs membres. Bref, l’emprise psychologique est lancée et Lucie, prise dans les filets d’une captation bien organisée, plonge de plus en plus.

Avec beaucoup de talent, Anne Boquel montre, par petites touches, l’engrenage infernal qui rend Lucie heureuse mais captive, prête à tout pour s’attirer les faveurs du Berger.

Non seulement sa vie personnelle est bouleversée pas sa pratique assidue mais elle commet l’irréparable en cédant aux demandes pressantes de Thierry qui exige un prêt d’objets du culte appartenant au musée. Comme ils sont encore dans la réserve, Lucie cède après avoir beaucoup hésité, se méfiant, à tort, de Yves, le restaurateur de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles). Elle, si consciencieuse, si pointilleuse dans l’exercice de son métier, ne parvient pas à réagir.

Son musée a peu de succès malgré ses efforts. Sa vie sentimentale est au point mort, comme sa vie familiale et Lucie est complètement piégée. Pourtant, elle constate beaucoup de choses bizarres comme cette jeune Christelle qui débarque, enceinte, puis met au monde un enfant dont on ignore qui est le père, ou encore ces couples qui se forment à la nuit tombée lors du séjour à Maranatha, dans les montagnes, près de Grenoble. Là, il faut travailler, restaurer les bâtiments, prier, se priver de nourriture en attendant l’apparition du Berger qui a su se faire désirer au maximum.

À chaque page tournée, je me demandais quand Lucie allait enfin se révolter, réagir, alors qu’elle subit une emprise totale de la part de Thierry. Jeune femme intelligente, cultivée, diplômée, elle est entièrement soumise à la volonté du Berger qui en profite au maximum, comme il le fait avec d’autres, d’ailleurs.

Le Berger est un roman remarquablement écrit, conduit avec maîtrise. J’ai regretté qu’il s’arrête subitement, laissant en suspens le sort du plus sinistre personnage mais l’essentiel était démontré.

C’est assurément un roman à lire !


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Le Berger

A bientôt trente ans, Lucie, conservatrice d’un petit musée de l’Oise, s’étiole dans une existence morne et solitaire. Invitée par une amie dans un groupe de prières, elle découvre une communauté qui prend bientôt une place essentielle dans sa vie, surtout lorsque Thierry, le leader, la fait entrer dans son cercle d’initiés. L’emprise de la secte se resserre peu à peu sur Lucie…





Pas à pas, le récit est une glissade lente et subreptice vers un danger que Lucie ne voit pas. Aussi stupéfait et impuissant que les quelques proches de la jeune femme, le lecteur assiste à son parcours, comme aimanté par l’influence insidieuse qui entreprend de l’envelopper et d’annihiler chez elle toute volonté de s’échapper. Les mécanismes de manipulation utilisés ressemblent au déploiement d’une toile d’araignée, où viennent librement s’engluer des victimes, d’abord attirées par l’espoir de combler les manques plus ou moins conscients qui pavent leur existence, puis de plus en plus incapables de résister à la paralysie grandissante qu’on leur inocule savamment. L’insertion dans la secte est une entreprise de démolition : manipulations et chantage affectifs, isolement par éloignement des proches, éviction de tout centre d’intérêt en dehors d’une doctrine basée sur l’obéissance pure, mise en place de routines contraignantes et hypnotiques, anéantissement physique par le jeûne et autres sévices, annihilation de la volonté et de la personnalité par une emprise humiliante et asservissante… Le résultat sur les plus fragiles est proprement terrifiant.





Le roman ne juge ni n’explique. Il se contente de montrer la progressive descente aux enfers de ces personnes tombées dans les mains de gourous machiavéliques et sans scrupules, entièrement occupés à sucer leurs victimes jusqu’à la moelle. L’on referme ce livre avec le sentiment de n’avoir jamais aussi bien compris le pouvoir et les pratiques des sectes, ici à visée purement vénale, mais complètement extrapolables à toutes sortes d’endoctrinements, notamment terroristes… Et l’on ne peut ensuite que s’interroger sur le vide et les manques, affectifs et spirituels, qui semblent marquer tant d’existences, dans notre ère scientifique et matérialiste…





D’une facture sobre et agréable, ce roman factuel et précis sur les méthodes de vampirisation employées par les sectes s’avère intéressant et instructif. Un livre à mettre entre toutes les mains, pour sensibiliser et prévenir.





Merci à Babelio et aux Editions du Seuil de m’avoir offert cette lecture.


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Le Berger

Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil...



Lucie, jeune femme de 29 ans timide et peu sûre d'elle, mène une existence plutôt morne et solitaire. Un petit copain qu'elle voit de loin en loin, des parents avec qui elle partage peu, excepté le repas dominical, et très peu d'amis. Heureusement que son boulot en tant que conservatrice au musée de Bessancourt la passionne. Depuis maintenant un an, elle travaille avec Mariette, une assistante efficace et énergique, devenue son amie. Mais, ces derniers temps, celle-ci l'ennuie beaucoup en lui demandant sans cesse d'assister aux cérémonies organisées par un groupe de prière évangélique qu'elle avait découvert récemment, grâce à sa professeure de yoga. D'abord réticente, Lucie finit par accepter son invitation, Mariette vantant sans cesse la Fraternité. C'est là qu'elle fait la connaissance du Berger. Si elle éprouve dans les jours suivants une sorte d'étonnement plein de réminiscences, sa curiosité grandit et elle décide, au bout de quinze jours, d'accompagner à nouveau Mariette...



Lucie est une jeune femme, ni heureuse ni malheureuse, qui se laisse porter par la vie. Si son quotidien est morne et sans surprise, elle voit en la Fraternité et, notamment en la personne du Berger, une nouvelle et très vite meilleure façon d'entrevoir sa vie. Lucie, de par sa vulnérabilité, sa timidité, voire sa docilité, est-elle une proie idéale ? Par le biais de cette jeune femme, Anne Boquel, pour son premier roman en solo, traite, avec émotions et empathie, de l'emprise sectaire, des dégâts qu'elle peut engendrer, aussi bien socialement, psychologiquement que physiquement mais aussi de l'étau qui enserre petit à petit Lucie. Sans parti pris, l'auteure ne juge ni le comportement du Berger, ni les raisons des petits frères et petites sœurs d'intégrer la Fraternité, elle décrit, avec finesse, la lente et progressive manipulation opérée par le gourou. Un roman délicat, sensible, passionnant et servi par une écriture tout en finesse...
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Le Berger

Et pour débuter, un grand merci aux Éditions du Seuil et à l'équipe de Babelio qui , dans le cadre d'une masse critique privilégiée m'ont permis de découvrir le premier roman d' Anne Boquel , " Le berger " .

La première chose qui m'a plu dans ce livre , c'est sa couverture que je trouve très en harmonie avec le sujet traité , la douce image , lumineuse au milieu de l'obscurité , d'une jeune fille en quête..En quête de quoi ? Peut - être de la même chose que Lucie , l'héroïne, pas vraiment à plaindre , pas vraiment heureuse non plus dans sa vie quotidienne , en quête sans doute d'un quelque chose d'un peu indéfini...Le mal- être, l'insatisfaction , le vague sentiment d'inutilité , les échecs sentimentaux ... jusqu'à ce qu'une main amicale lui ouvre les portes de la maison de la Fraternité. Immédiatement , la séduction opère et chaque jour qui passe conforte Lucie dans son désir de tourner le dos à son ancienne vie et de " sauter à pieds joints " dans un monde nouveau ...Le bonheur est là , à portée de main . Va , cours , vole , Lucie ...

Pour un premier roman , l'auteure s'est lancée " en littérature " avec un sujet bien délicat tant ses codes semblent échapper à toute logique . Peu d'actions , des mots , des gestes , des regards , des mensonges , un travail de longue haleine érodant lentement mais inexorablement l'éventuelle résistance des " petits frères et petites soeurs " . Le rythme lent du récit colle parfaitement au long travail de sape décrit et les champs lexicaux qui " suivent au mieux " l'entreprise sont des révélateurs puissants et efficaces du malaise qui grandit , grandit dans un cadre hermétique et oppressant qui se referme peu à peu sur les protagonistes , nous entraînant dans l'angoisse avec eux .

Nous l'avons dit , il s'agit d'un premier roman et d'un sujet très délicat et mystérieux pour lequel les zones d'ombre sont nombreuses pour les " non - initiés " . Ce roman ne nous " éclaire " donc pas vraiment sur les " pouvoirs sectaires et leur explication " mais on apprécie de rester aux côtés de Lucie , pour l'accompagner et l'aider dans un roman " vivant " , " sensible " et prenant , écrit avec sobriété mais justesse et efficacité et , sans doute , coeur et émotion.

Puis- je dire que j'ai passé un bon moment ? Oui , assurément, cette lecture n'a aucunement été un pensum, loin de là, mais , dans le contexte sanitaire actuel , on ne peut pas dire qu'il nous remonte trop " le moral " ....allez , les dernières lignes laissent " filtrer " un rai lumineux . Pas si mal , non , après la grisaille de ce dernier jour de janvier !!!
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Le Berger

Lucie vit seule. Elle occupe le poste de conservateur d’un petit musée d’art religieux, très peu fréquenté. Par désoeuvrement elle accepte de se joindre à sa collègue qui fréquente une communauté spirituelle, elle qui n’a jamais manifesté un quelconque intérêt pour la religion quelle qu’elle soit. D’abord distante, mais jamais critique, elle se laisse peu à peu séduire par le charme charismatique du Berger, le gourou de l’assemblée. Le mécanisme est en marche et peu à peu la secte envahit son existence, jusqu’à commettre l’irréparable.



Parcours classique de l’emprise, par un manipulateur qui sait repérer ses proies, et Lucie correspond sans aucun doute au profil type. Solitude, ennui, peu de relations, qu’elles soient familiales ou amicales.



Tout est plausible et évoque ces récits de presse qui relatent ce type d’arnaque, concernant parfois des familles entières, embrigadées peu à peu jusque’à se dépouiller de l’ensemble de ses biens.



Le style est cependant très factuel, et hormis la question de l’issue d’une telle histoire, la lecture ne suscite que peu d émotion. Le roman aurait gagné en intérêt si l’écriture avait exprimé plus de passion, de parti-pris même.



Merci à Babelio et aux éditions Seuil.


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Le Berger

Ouvrage reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique Privilégiée, je tenais tous d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions du Seuil pour l'envoi de cet ouvrage qui m'a véritablement coupé le souffle tant in est là dans la justesse et la réalité des faits.



Lucie est une jeune femme brillante qui occupe un poste important dans un musée d'art religieux. Sous la responsabilité d'Yves, son supérieur hiérarchique, c'est quand même elle qui prend les grandes décisions et qui s'occupe, avec sa collègue et amie Mariette, des questions de dons d'objets sacrés ou d'éventuelles acquisitions pour l'organisation d'expositions ou autres. Je connais pas mal ce milieu-là car j'ai anciennement travaillé, non pas dans un endroit similaire mais presque puisque ledit musée d'art religieux faisait partie intégrante du service dans lequel j'étais affecté. Lorsque Lucie se voit un jour invitée par son amie à l'une des célébrations de la Fraternité qu'elle a rejointe, Lucie se dit qu'elle n'a rien à perdre que d'accepter sa proposition, se promettant de ne pas se laisser embrigader d'une quelconque façon. Et pourtant, personne n'est à l'abri, personnes parfois même très intelligentes et très lucides mais qui, dans un accès de faiblesse, parce qu'elles sentent qu'il manquent quelque chose dans leur vie pour qu'elles soient pleinement heureuses, ont le malheur de tomber sur la mauvaise personne au mauvais moment. Pour Lucie, cette personne s'appelle Thierry mais est plus connu sous le nom de "Berger" puisque c'est lui qui récupère les brebis égarées et les aide à se remettre sur le droit chemin en les guidant vers Dieu mais pas à n'importe quelles conditions...



Un premier roman extrêmement fort et puissant sur l'endoctrinement, la manipulation mais aussi sur la détresse et le manque de confiance en soi. Malgré ce que je viens de dire, ce roman est extrêmement positif, rassurez-voue et surtout admirablement bien écrit et prenant à tel point que je l'ai dévoré en seulement deux jours (et encore, c'est parce que entre temps, je travaillais...). Un roman qui nous amène à prendre conscience qu'il faut être vigilant et que je ne peux que vous encourager à lire et à faire découvrir !
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Le Berger

Lucie est conservatrice dans un petit musée, auquel une famille a fait don d’un précieux calice, mais tous les membres ne sont pas d’accord avec ce don, d’où une bataille juridique. Lucie travaille avec Louis et Mariette, qui devient son amie et l’entraîne vers un mystérieux groupe de prières.



Ayant peu confiance en elle-même, en ses capacités professionnelles et personnelles, Lucie va suivre Mariette dans sa « quête spirituelle » quitte à se mettre en danger aussi bien pour elle-même que dans son travail.



L’auteure analyse dans ce livre, tout le processus de l’emprise dans une secte « la Fraternité » tenue de main ferme par Thierry que les membres appellent le Berger.



Le désir d’être aimée, d’être reconnue est tellement fort chez Lucie que l’emprise va marcher dans les grandes largeurs, ainsi l’état de liesse dans laquelle elle se retrouve car il l’a appelée par son prénom : « Il connaissait son prénom » euphorie qui va durer toute la semaine qui va suivre.



Thierry le Berger l’a immédiatement identifiée comme victime potentielle, et lui montre à quel point elle est importante pour la « communauté ». La phase suivante de l’intégration est une cérémonie qu’il appelle la « Consécration », elle est adoubée comme les Chevaliers des temps jadis.



Ensuite, intervient l’argent, bien sûr. Il faut donner de son temps, de ses deniers pour aider les autres, sous couvert de maraudes au départ, en plus de la cotisation annuelle à la Fraternité, qui est évidemment fonction des revenus, comme le FISC.



Ensuite, les prières qui n’en finissent pas, sous l’égide du Berger, on psalmodie pendant des heures, pour trouver Dieu, entrer en transe…



Puis, c’est le jeu pervers attraction répulsion, la carotte dans une main le bâton dans l’autre : tantôt le Berger la met en avant, tantôt il l’ignore pour la rendre de plus en plus dépendante de lui. Elle croit en être amoureuse évidemment et si elle n’atteint pas la révélation divine, c’est forcément de sa faute, elle n’est pas assez pieuse, ne donne pas assez sous-entendu de sa personne… alors qu’à cela ne tienne, il faut jeûner, on lui donne une liste d’interdits alimentaires stupéfiante l’ascèse mène à Dieu à moins que ce ne soit au Berger…



Comme le dit Arthur, l’un des membres de la Fraternité : il avait besoin que le Berger lui dise « quoi penser » : lavage de cerveau, plus de libre arbitre, plus de réflexion personnelle, le gourou est là pour penser à sa place…



Manque de nourriture, de sommeil, d’eau souvent, et tout le cortège des conséquences, fatigue, isolement car on ne doit pas garder de liens avec la famille, la vie d’avant… travail forcé dans la communauté…



Je n’en dirai pas davantage, les extraits que je propose parlent d’eux-mêmes… et l’auteure ne nous fait grâce d’aucun détail sur le genre de « bénédiction spéciale » que le Berger auto-proclamé peut pratiquer sur ces jeunes femmes perdues.



Je voudrais aborder l’écriture : le livre est très bien écrit, Anne Boquel, agrégée de Lettres, m’a fait plaisir avec sa manière de manier, le passé simple, l’imparfait du subjonctif… Certes, c’est un bel exercice grammatical, mais c’est d’une froideur quasi chirurgicale qui entretient le malaise du lecteur, frôlant souvent le dégoût. C’est le but recherché, bien sûr, mais j’aurais aimé plus de chaleur et d’empathie : je n’ai pas réussi à m’attacher à Lucie.



J’ai choisi ce livre dans le cadre d’une opération masse critique spéciale organisée par Babelio car les sectes et leurs méthodes de conditionnement, d’emprise m’intéressent depuis longtemps et je venais de terminer « Bénie soit Sixtine » alors pourquoi ne pas rester dans le même thème ?



Cette lecture a été très difficile, j’ai lâché le livre plusieurs fois, sous l’effet de la colère, du dégoût mais j’en suis quand même arrivée à bout, pour voir si Lucie arriverait à s’en sortir. Je l’ai refermé avec le plaisir du devoir accompli en fait, mais c’est bien le seul plaisir que j’ai ressentir tant ce fût une épreuve. Je vais m’empresser de l’oublier, ou d’essayer car cela va sûrement laisser des traces…. Et pour couronner le tout, la fin laisse perplexe car ce n’en est pas une, il reste un goût d’inachevé…



Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil qui m’ont permis de découvrir ce roman ainsi que son auteure.
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L'enfant de la rage

La ZAD est là, tout près de la zone pavillonnaire où Laurence et Loïc vivent un quotidien ordinaire, rêvant d’un avenir meilleur pour leurs enfants. Mais leur aîné Yohann s’est peu à peu intéressé à ce qui se passait dans cette communauté qui revendique des idées qui le séduisent, bien loin des idéaux désuets de son père, qui voit là une simple provocation. Jusqu’ au drame, qui fait basculer l’histoire familiale dans le malheur. Au chevet du fils, les consciences s’éveillent, les parcours s’éloignent.



On se souvient du roman de François d’Epenoux, Le Roi nu-pieds, qui au coeur d’un décor identique, retraçait les aléas d’une relation entre un père et son fils. Anne Boquel élargit le propos aux deux parents, et met bien en évidence le point de rupture qui marque l’évolution d’un couple qui déjà s’était éloigné, résistant par le ciment de l’ éducation de leurs enfants. Avec le drame, la fin est annoncée.



Laurence et Loïc nous confient l’un après l’autre leur vision politique de notre société, à l’aune de leurs expériences respectives. Sans privilégier l’un ou l’autre.



Plus de questions que de réponses dans ce roman émouvant, aux multiples pistes de réflexions, la parentalité, l’avenir de la planète, l’éducation…L’écriture, sans fioritures ni effets de manche, exprime avec simplicité et sincérité les ressentis de chacun, et les dialogues sont très bien retranscrits.





Un très bon moment de lecture



288 pages Robert Laffont 11 janvier 2024
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Le Berger

Lucie est une jeune femme à la vie lisse. Conservatrice dans un musée d’art religieux, elle vit seule avec un certain confort matériel, n’arrive pas à conserver des relations amoureuses et va déjeuner le dimanche chez ses parents. Lucie est fatiguée de cette vie, de ce dégoût dont elle ne parvient plus à se débarrasser. Ce mal être lui colle à la peau. Mariette, sa collègue et amie, vit avec sa mère grabataire dont elle s'occupe dans un appartement miteux. Depuis quelque temps elle se change les idées en participant à des prières d’un groupe évangélique : la fraternité. Elle aimerait que Lucie l’accompagne. Cette dernière va résister à cette demande dans un premier temps. Elle ne se voit pas participer à ce genre de manifestation, pas son genre. Mais à force de se sentir mal dans sa peau et de voir Mariette épanouie, elle va accepter de s’y rendre, une sortie comme une autre. Elle est étonnée de voir les gens communier, prier, dans un élan solidaire. Le tout orchestré par un seul homme, le berger. Pas vraiment beau mais sans aucun doute charismatique, entouré de fidèles, alternant attention et indifférence, tous veulent son attention. Lucie va se laisser prendre dans les filets de cet homme. Travaillant énormément pour cette communauté, priant, puis donnant de l’argent, elle va se laisser convaincre de voler des objets religieux du musée pour le bien de la Fraternité. C’était à l’origine un emprunt le temps d’une cérémonie. Lucie s’enfonce et n’a plus qu’une idée en tête : obtenir l’attention et les faveurs du berger.



Lucie va descendre bien bas dans son enfer. Soumise, prisonnière, pratiquement ascète, elle est sous emprise inexorablement.



L’auteure raconte l’histoire de Lucie à la troisième personne et pourtant nous plongeons directement dans le mal être de Lucie et l’angoisse au fur et à mesure du récit. Sans aucun doute Anne Boquel maîtrise son sujet. Ce récit est déstabilisant, angoissant mais surtout bluffant.







Je remercie Masse critique de Babelio et les Éditions Seuil pour cette belle découverte littéraire.
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Le Berger

Je remercie chaleureusement les Éditions Du Seuil ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance !



« Le Berger » paraît aux éditions Du Seuil et c’est le premier roman écrit par Anne Boquel. Professeure de lettres, elle a déjà coécrit plusieurs essais remarqués sur la littérature et les écrivains avec Etienne Kern. Elle vit et enseigne les lettres à Lyon. Son roman « Le Berger » s’intéresse au phénomène sectaire et plus précisément à une jeune femme, Lucie, qui va tomber sous l’emprise d’un groupe sectaire, « La Fraternité », dont le gourou ou « Le Berger » s’appelle Thierry. Lucie est mal dans sa peau et son petit ami Louis cherche, depuis trois mois, à la plaquer. Elle a un caractère conciliant mais elle sent bien que sa vie ne répond pas à toutes ses attentes. Dans cette rame de métro, la ramenant de son travail de conservatrice d’un petit musée de l’Oise, elle se sent lasse. Lucie a des parents universitaires, Cécile et Alain qui sont à la retraite. Elle a connu un enthousiasme passager pour les études d’histoire, qui l’on pourtant mener jusqu’à la soutenance d’une thèse sur l’héritage de l’art byzantin dans l’art roman. Des études réussies, des parents présents mais pourtant l’équilibre intérieur de Lucie vacille depuis plusieurs mois. Elle se trouve timide, maladroite, vulnérable et surtout sans attrait. Lucie ressent un manque, un vide dans sa vie, une forme, disons le, de mal-être. Au travail, une connaissance, Mariette, lui parle de la Fraternité et fini par l’inviter, là-bas, pour une séance de prière. Les parents de Lucie lui ont parlé de la foi mais ils sont athées convaincus. Pour Lucie, la spiritualité est quelque chose qui est fait avant tout pour les autres. Elle se rend donc à cette séance de prière sans savoir quoi en attendre. Mais voilà que là-bas, surgit le berger, Thierry, un homme énigmatique aux yeux d’un bleu profond dans lesquels on se perd, et qui surtout a un don pour sentir le mal être et le manque chez l’autre. Quand il voit Lucie, il s’engouffre dans la brèche. Elle reçoit un sms le lendemain de la cérémonie lui annonçant que Louis la quitte. La Fraternité de la louange fait partie de ces nombreuses Eglises évangéliques qui pullulent. Ils s’appellent frères et sœurs. Les sourires et le fait qu’on la regarde enfin comme quelqu’un d’intéressant, remplissent sa vie si solitaire. Peu à peu et insidieusement, dimanche après dimanche, elle refuse l’invitation de ses parents au traditionnel repas dominical qui les réunissait. Elle préfère suivre les prêches enflammés de Thierry, le berger. Lucie et Arthur, un paumé « sauvé » par Thierry, visitent les plus pauvres dans un « soucis de charité ». Elle donne en dehors du travail, une majeure partie de son temps libre à la Fraternité. Ses dons financiers à cette dernière sont de plus en plus nombreux. Elle attend le jour de son entrée dans la Fraternité, ce rituel décidé par Thierry, avec impatience. Elle se sent revivre et, peu à peu, le berger est au cœur de toutes ses pensées mêmes les plus intimes. Thierry mène un travail de sape, de manipulation mentale. On suit ainsi le processus visant à couper l’individu de sa famille, de ses ami(e)s d’avant la Fraternité. « Obéir à Thierry ; c’était là qu’était le salut » dit-elle en pensée. Elle se le répète comme un mantra. Ses parents s’inquiètent pour elle mais bientôt elle se met à mentir sur sa situation. Thierry va alors lui donner « une mission » que vous découvrirez dans le livre car je ne veux pas vous en dévoiler davantage au risque de vous gâchez le plaisir de la découverte. Thierry passe du rejet de Lucie à des moments où il est presque affectueux. Tout cela est savamment organisé par le berger pour susciter le manque de lui. Son emprise sur Lucie croît de mois en mois. Même son mode alimentaire a changé en suivant scrupuleusement les préceptes de la Fraternité. Jusqu’où ira t’elle pour satisfaire le berger Thierry ? Quel est le vrai visage de cet homme manipulateur et pervers ? Instrumentalisation, manipulation, suppression du libre-arbitre et un seul crédo : celui d’obéir à Thierry. C’est un roman poignant, très bien écrit décrivant la lente déchéance d’une femme prise dans un étau au sein d’un mouvement sectaire. Qui sont ces gens qui gravitent autour de Thierry ? L’envie d’être sa préférée ronge Lucie. Anne Boquel décrit très finement les mécanismes psychiques en jeu lors d’une emprise d’ordre sectaire. Une forme d’addiction qui comble le grand vide de ses adeptes. Thierry est « ce grand tout » face au vide se creusant au cœur de ses disciples. J’ai beaucoup aimé ce roman qui se lit avec plaisir et qui nous plonge dans une histoire où l’on retient son souffle jusqu’à l’épilogue final. Un roman passionnant, « Le Berger », signé Anne Boquel et qui est paru aux éditions du Seuil en ce début du mois de Février. C’est à découvrir assurément.
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Le Berger

Vous connaissez l'expression" Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même ". Elle convient parfaitement pour ce premier roman , merci à Babelio de me l'avoir proposé. L'histoire racontée plonge peu à peu le lecteur dans un état de sidération, mais l'indigne également. Surtout lorsqu'on se dit que ce type de manipulation( et ses conséquences affreuses) existe réellement.



Lucie est une trentenaire, conservatrice d'un modeste musée, présentant des objets religieux. Elle n'est pourtant pas du tout portée vers les lieux cultuels. Sa vie est morose, assez solitaire, entre des petits amis qui la quittent et ses parents dont elle ne se sent pas très proche. Elle se laisse convaincre par sa collègue, Mariette, d'assister à des séances de prière d'une communauté religieuse , la Fraternité.



Vous voyez venir les choses...Une secte, en fait. Et le bon Samaritain, charismatique, c'est le Berger qui rassemble les brebis égarées, Thierry. Il fascine très vite Lucie, et l'auteure montre bien toutes les étapes par lesquelles passera la jeune femme, jusqu'à l'emprise totale.



J'ai beaucoup aimé cet aspect de lenteur au départ, comme une sorte d'engourdissement que subit l'esprit de Lucie. Et ensuite, ce n'est pas l'envol éthéré vers un Paradis mais bien une descente en Enfer!



L'analyse du processus de destruction vu de l'intérieur , voilà une manière intéressante et peu utilisée de nous faire comprendre comment on peut en venir à une si extrême dépendance. Même si elle n'explique pas tout, même si on reste perplexe devant autant de naïveté et de soumission.



Un livre dérangeant mais qui a le mérite de disséquer , à travers un destin individuel, les ravages des dérives sectaires.

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Le crâne de mon ami

De 1794 à 1967 au quatre coins du monde, les auteurs nous plongent dans la vie des écrivains et surtout nous parle de l'amitié. L'amitié fusionnelle entre William Wordsworth et Samuel Taylor Coleridge, l'amitié impossible entre Tolstoï et Tourgueniev, le coup de foudre amical malgré leurs différences entre George Sand et Gustave Flaubert, l'amitié singulière et étonnante entre Virginia Woolf et Katherine Mansfield, l'amitié maître/disciple entre Yukio Mishima et Kawabata... et bien d'autres...

On a des anecdotes, des moments de vie, on découvre leurs oeuvres. Chacun avec ses déboires, ses travers, ses défauts ou bien ses qualités, ses passions ou ses envies. L'histoire de chaque écrivain a un contexte intéressant. Et surtout on parle d'amitié née parfois d'un conflit, de la découverte d'affinités ou de points communs. Si j'avais un défaut à lui faire, ce serait qu'il m'a manqué des photographies pour agrémenter le texte et le rendre plus vivant. Un ouvrage vraiment intéressant. (...)



Ma page Facebook Au chapitre d'Elodie
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L'enfant de la rage

On ne connaît jamais ses enfants…c’est ce que constate Laurence après un appel dans la nuit. Son fils Yohann est dans le coma après un incident avec des CRS dans une ZAD voisine. Sa vie ne tient qu’à un fil. Alors que Loïc, son mari, en colère, en veut à la terre entière, Laurence va essayer de comprendre. Avec minutie elle va enquêter, remonter la trace de son fils, de ses engagements, au risque de négliger sa famille…

Sans manichéisme, Anne Boquel interroge l’activisme et l’état de notre monde. Elle questionne aussi avec beaucoup d’acuité les répercussions d’un drame sur une famille. La colère, l’engouement, la tristesse…toutes les émotions sont parfaitement décrites et nous plongent avec finesse dans la psyché des personnages. Il est difficile de ne pas s’identifier.

Un texte qui sonne juste sur un sujet très actuel. Merci à Babelio et aux editions Robert Laffont pour ce livre offert lors d’une #massecritiquebabelio.
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Le Berger

Gare au gourou !

Elle s'appelle Lucie, prénom dérivé du latin 'lux', lumière. Elle traverse pourtant une zone d'ombre. A vingt-neuf ans, elle ne sait pas ce qu'elle fait de sa vie, malgré ses diplômes et un poste 'à responsabilités' (mais un peu sclérosant ?) dans un musée. Un grand vide affectif, sans doute.

Il s'appelle Thierry, mais c'est 'le Berger' pour la communauté. Berger, ça fait moins peur que gourou. C'est bucolique, en communion avec la nature, et donc... au plus près de Dieu. Ça suggère qu'il est suivi par un troupeau de moutons, quand même, mais en religion, on préfère parler de 'brebis égarée', car chacun est unique. On oublie aussi que, selon la Bible, Dieu a 'ordonné' (sic) à Moïse d'immoler un agneau par famille une fois par an (Pâques/Pessah). Il avait de ces caprices, celui-là !

« Pendant qu'un Abraham ivre de sacrifices

Offre à son Dieu vengeur les sanglots de son fils,

Kill the Kids... » ♪♫ (HF Thiéfaine)

C'est Mariette, la douce collègue quinquagénaire de Lucie, qui va les mettre en contact. Et Lucie est vite touchée par la grâce.



A propos des sectes, je m'interroge toujours : jusqu'à quel niveau (car il y a une hiérarchie) les membres sont sincères et croient en leurs fariboles ? Allumés ou imposteurs ? S'agit-il uniquement d'un sombre business ?



On a des réponses, ici... tardivement, mais peut-être parce que j'ai lu ce livre très lentement. J'ai eu du mal à supporter les discours religieux, les cérémonies, les transes... Envie de hurler, d'aller récupérer les pauvres victimes, et d'en coller une bonne au berger (oups, pas de violence) manipulateur, qui souffle le chaud et le froid.

Certains membres se satisfont durablement de ce genre de domination, cela dit, vécue comme une protection, un paternage. Il est vrai que c'est idyllique, au début, pour la nouvelle recrue : félicité, plénitude, impression d'être enfin utile, aimée, reconnue.

Mais l'auteur montre bien la spirale infernale, usant au début d'un vocabulaire évoquant le sentiment amoureux (fascination, obsession), jusqu'à l'emprise, la soumission, la perte de discernement (aggravée par le jeûne imposé et la fatigue), l'aliénation totale...



Les sectes peuvent avancer masquées via des associations humanitaires, des stages de relaxation, yoga, sophro, etc.

Les portes d'entrée ne manquent pas et les rabatteurs savent repérer les proies faciles, pas forcément sans bagages culturels, pas forcément jeunes, juste des personnes en perte de repères, en rupture familiale ou sentimentale.

Cela vaut aussi pour les recruteurs de Daech, qui commencent par montrer patte blanche avec des discours pleins de bon sens sur la société qui part en vrille, et le retour essentiel aux 'vraies' valeurs. Ça se dégrade ensuite...



• Merci à Babelio et au Seuil.



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♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=SC25Hdb91-k ♪♫
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Le Berger

Lucie 29 ans, conservatrice dans un petit musée, n’arrive pas à se défaire de sa mélancolie. Rien ne va mal, mais rien ne va bien non plus : le mal-être. Entraînée par une collègue de travail elle se retrouve dans un centre spirituel évangélique « La Fraternité » dont le guide est Thierry dit le Berger. La chaleur de l’accueil, un sentiment d’apaisement, des ateliers de bien-être, Lucie est vite subjuguée par la simplicité et la douceur du Berger. C’est ici que se retrouvent les croyants déçus par les églises traditionnelles, mais aussi des êtres fragiles, vulnérables, à la dérive pour qui la Fraternité devient un réconfort, un refuge.



Dans ce roman, Anne Boquel nous décrit avec précision le lent endoctrinement d’une jeune fille intelligente, mais en mal d’affection et de reconnaissance. Nous suivons toutes les étapes de ce processus, le glissement peu à peu vers un emprisonnement psychologique.



Tout d’abord l’écoute, la sollicitude des membres, l’aura du Berger, maître spirituel. Ensuite le respect des règles se débarrasser du superflu, donner de son temps, de son énergie, contribuer financièrement. Puis l’isolement, ne pas parler à son entourage est une des règles absolues. Enfin l’abandon total, réduire son temps de sommeil, faire des exercices physiques, participer aux travaux collectifs, manger peu et prier.



L’intérêt de ce récit est que le lecteur se retrouve à l’intérieur même de la secte et que nous assistons à la destruction totale de Lucie, son incapacité à avoir une réflexion suivie, l’amour pour le guide qui se transforme en servitude presque de l’esclavage ; la difficulté de se reconstruire quand on est anéanti, brisé dépossédé de tout jugement, le corps et l’âme ruinés.



Une fine analyse psychologique pour comprendre comment une personne cultivée peut perdre pied et se laisser entraîner dans un mouvement sectaire



Merci aux éditions du Seuil et à Babelio pour leur confiance.

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Le Berger

Sans être malheureuse, Lucie s’ennuie : une vie banale, sans relief, un métier qui ne la passionne plus vraiment, un désert affectif et amoureux,

Elle n’a certes pas de véritables raisons de se plaindre, mais elle aspire à autre chose. Elle espère enfin sortir de sa routine.



Lorsqu’elle se retrouve entraînée par une amie dans un groupe de prière, elle reprend plaisir à l’existence.

Elle aime ces moments de communion et de partage. Elle se sent importante au sein d’une communauté où personne n’est avare de compliments et de sourires.



Tout est en place pour que peu à peu, le piège se referme.

Insidieusement, les responsables la font pénétrer dans le cercle très restreint des initiés.

« Le berger » la regarde et Lucie vacille. Tout, elle est prête à tout pour continuer à lui plaire, pour qu’il la voit comme une femme et non comme une ombre.



Anne Boquel s’empare d’un sujet délicat, celui de l’embrigadement par des êtres peu scrupuleux dont le seul but est de s’enrichir grâce à la faiblesse de certains.



On se sent peu à peu pris dans une spirale infernale.

J’ai eu peur pour Lucie. Sa solitude devient plus prégnante, la culpabilité s’installe lorsqu’elle obéit aux demandes toujours plus pressantes du gourou.

Peu à peu, le mal-être s’installe avec des nuits sans sommeil, la perte d’appétit et du goût de vivre.



« Le berger » est un livre passionnant que j’ai lu presque comme un polar tant l’intérêt va crescendo. On en est cependant bien loin tant les faits décrits sont terribles, toujours d’actualité et surtout susceptibles d’arriver à n’importe qui.

Une lecture perturbante mais nécessaire pour laquelle je remercie Babelio et les Editions Seuil.

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Le Berger

Eglise, secte, où est la frontière ? La loi ne le dit pas. La loi ne peut pas le dire dans un pays qui garantit la liberté de conscience. Prédicateur, escroc, le même flou existe, forcément. le premier ne deviendra le second que lorsque des adeptes auront eu à se plaindre de pratiques illégales parmi les critères dont la commission d'enquête sur les sectes se sert pour ester en justice dont : déstabilisation mentale, caractère exorbitant des exigences financières, rupture induite avec l'environnement d'origine, atteintes à l'intégrité physique, embrigadement des enfants et quelques autres encore qui portent atteinte à la chose publique. Les pratiques de manipulation mentale qui permettent à une personne d'en abuser d'autres sont à la fois très subtiles et ciblent la plupart du temps des êtres en situation de faiblesse. C'est le sommet de l'abjection.



Cette nébulosité juridique est exploitée par Thierry, le prêcheur charismatique du premier roman d'Anne Boquel. Il a mis sur pied un groupe de prière, la Fraternité, vers lequel certains membres naïfs ou complices rabattent de nouveaux adeptes. L'église prospère. Il est le gardien des brebis égarées, se fait appeler le Berger. C'est charmeur mais surtout habile et racoleur.



Lucie, la trentaine, célibataire, mène une vie sans passion. Un travail qui ne la motive pas vraiment, une famille aimante mais sans relief, elle est en quête de la part manquante d'elle-même dirait Christian Bobin. Celle qui la ferait accéder à la plénitude. C'est la quête d'une raison de vivre. Dans sa solitude existentielle Lucie est typiquement une candidate potentielle pour la Fraternité. La conviction enjouée d'une collègue de travail, adepte elle-même, lui mettra le pied à l'étrier. A partir de là, le mécanisme de séduction entre en action. La proie est appâtée, le prédateur attend son heure. Avec le calme et la détermination du serpent devant un rongeur.



L'intérêt de cet ouvrage à l'écriture très accessible est d'analyser, disséquer les pratiques qui conduiront crescendo Lucie à la dépendance puis à la subordination complète de celui que l'on peut déjà appeler un gourou malfaisant. le scenario est écrit d'avance, jusqu'à son terme de l'asservissement matériel, physique et sexuel.



Sortir de cette spirale de la dépendance est très difficile pour la victime. Elle culpabilise toujours quelque part sur son sort. Il lui faut d'abord admettre sa propre tromperie. Revenir vers ceux qui ont gardé les yeux ouverts, la famille, les amis, les vrais. Anne Boquel envisage très bien cette phase délicate, jusqu'à l'engagement du processus de guérison psychologique, long et chaotique.



Bel ouvrage qui nous prend par la main pour nous entraîner dans cet univers interlope de la croyance. Les prédicateurs de tout bord ont de beaux jours devant eux quand la fortune inestimable de la liberté de conscience leur livre sur un plateau le bataillon de ceux qui sont en rupture avec les références communément admises : éthiques, scientifiques, civiques, éducatives. Pareil ouvrage a le mérite de mettre l'accent sur le caractère sournois et expert de ces as de la manipulation mentale. Sous un jour avenant ils savent prendre la direction de la vie de leur victime, à leur seul et unique jouissance. C'est bien construit et bien écrit.
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Les plus jolies fautes de français de nos gra..

.Règle 3 : Accorder l’adjectif. 4 : accorder le déterminant. 5 : accorder le verbe. 6 : redouter l’accord du participe. 7 : respecter l’emploi des modes et des temps….. 10 : éviter les pléonasmes et autres redondances. 11 : ne pas torturer la syntaxe. 12 : de l’importance de se relire, mais aussi règle 16 : oser la faute….



OUI ! Ils sont comme nous, enfin du moins comme moi, ils en font tous, même les plus grands et les plus érudits. Ils en font des énormes, des impardonnables, des magnifiques, des futiles, des flamboyantes, des toutes petites ou d’étourderie. Anne Bocquel et Etienne Kern ont ressemblés les plus jolies fautes de français de nos grands écrivains et ils sont tous là : Voltaire, Lamartine, Balzac, Hugo, Stendhal, Chateaubriand, Zola, Rimbaud, Proust, Gide, Claudel, Camus, Mauriac, Céline et les autres, ils en ont tous fait. Alors ce soir, chers lecteurs, un peu d’indulgence lorsque vous surveillerez les devoirs de vos petits frères.



« Sous le pont Mirabeau coule la Seine



Et nos amours



Faut-il qu’il m’en souvienne



Et la joie venait toujours après la peine »



Une jolie faute d’accord se cache dans cette strophe sauras-tu la retrouver ?



A glisser sous le sapin pour déculpabiliser l’enfant que nous sommes encore, car il faut aussi, règle 15 : savoir rire de la faute et surtout, règle 17 : écrire avec son cœur….
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le Berger

Se plonger dans le mécanisme d'assimilation à une secte, en plus de ne plus être très à la mode, n'est pas chose facile.

Anne Bocquet, qui ne semble répondre ni aux sirènes de la mode ni à celles de la facilité, a choisi de mettre en scène Lucie, jeune fille intelligente et sans qu'un drame dramatique ait jusqu'ici jalonné le cours de sa vie, qui s'enlise peu à peu dans cette communauté religieuse. On ne pourra donc pas se rassurer en se disant que la bêtise ou le chagrin sont forcément la cause de l'endoctrinement de Lucie.

Il apparaît alors que n'avoir pour toute dépendance qu'une tisane avant d'aller se coucher, ou en d'autres termes avoir le sentiment d'être banal, peut être une souffrance.

Il apparaît également que chacun est responsable de son intégration à une secte.



J'ai trouvé que le sujet était très bien abordé. Ce qui m'a moins plu, ce sont les prêchi-prêcha qui m'ont paru très longs et rédhibitoires. Sur un roman comme celui-ci, il était pourtant couru d'avance que j'y aurais droit. Cela dit, ça aura au moins eu la vertu de me démontrer que je n'étais toujours pas (plus ?) influençable. Alléluia !
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Le Berger

Regardez, mes sœurs et mes frères, le récit de Lucie qui a osé raconter ce qu’elle a vécu à nos côtés. Des fabulations ! Cette pécheresse a osé tourner le dos au Seigneur : elle a parlé de ses tourments, de ses doutes, de sa douleur aussi bien physique que psychologique, de sa descente aux Enfers. Cette vipère a ouvertement critiqué la Fraternité ! Mensonges ! Agnès, Olivier, Christelle, Mariette. Avancez-vous… Venez… Venez à moi… Oui… C’est moi. Thierry. Je suis le Berger. Je suis là pour vous guider sur Sa voie… Ne vous détournez pas. Concentrez-vous sur moi. Surtout, n’écoutez surtout pas l’avis d’Emilie. Elle ne nous comprend pas. Elle ignore tout de Nous… Et pourtant, la voilà qui s’apprête à répandre son venin en donnant son avis sur notre ancienne petite-sœur…



Dans ce premier roman écrit en solo, Anne Boquel va narrer l’histoire de Lucie, une jeune femme qui va progressivement se faire endoctriner par une secte. Pourtant athée et très méfiante, la belle employée d’un musée d’art religieux va tout de même céder petit à petit à cette terrifiante Fraternité. Il faut avouer que celle-ci répondra à un besoin affectif. En effet, là-bas, elle va trouver des personnes répondant à sa solitude. Des individus aussi perdus qu’elle. Or, ces étrangers vont faire attention à elle et vont lui faire oublier son impression de mal-être, d’échec et d’inutilité permanente. Avec eux, elle va se sentir revivre : elle va trouver une raison de se lever le matin, puis va avoir la sensation d’embrasser une bonne cause. Bien que le scénario soit cousu de fil blanc, on suit avec émoi, regret et fascination cette héroïne se faire séduire, persuader, puis sombrer au fil des chapitres. Ce changement psychologique est effrayant, mais implacable… L’emprise de Thierry, ce gourou manipulateur, est incroyable ! Quel puissant orateur… Aurait-elle pu y résister ? Comment peut-on se laisser avoir de la sorte ? Est-il réellement probable qu’une personne athée cède à la foi de la sorte ? Les proches de la demoiselle n’auraient-ils pas pu la soutenir davantage ? Comment aurait-on réagi à sa place ? Voilà une lecture qui pousse à la réflexion.



Rares sont les ouvrages abordant les sectes de l’intérieur. D’autant plus que c’est un sujet délicat… L’auteure s’est pourtant bien débrouillée grâce à une plume fluide, sobre et lancinante. Bien que j’aie ressenti plusieurs longueurs au fil du récit, le rythme lent colle bien à l’ambiance de l’ouvrage. S’il y avait eu plus d’action, je n’aurais pas trouvé cette mésaventure crédible… Chaque geste ou mot a son importance. Bout à bout, ces petits éléments saboteront progressivement la pauvre Lucie… L’endoctrinement se fait doucement, de façon progressive et réaliste. Cela dit, en raison de sa personnalité finalement très banale (sans doute pour montrer que n’importe qui peut céder à un gourou), j’avoue ne pas m’être attachée au personnage principal. Je trouvais la jeune conservatrice très passive, renfermée et trop paisible. Toutefois, cela ne m’a pas empêchée de ressentir de la peine pour elle, notamment dans le dernier tiers où elle va réaliser dans quel filet elle est désormais captive.



« Le Berger » est une fiction qui met en lumière le danger des communautés sectaires, les méthodes d’endoctrinement ainsi que le danger que peuvent encourir les proies « vulnérables ». Une lecture qui fut à la fois intéressante et oppressante. Cela dit, j’aurais souhaité être un peu plus surprise… Ne serait-ce que par la fin ? Il n’empêche que c’est un bon premier roman bien écrit. Merci à Babelio et aux éditions Seuil pour cette découverte. Si le sujet des sectes vous intéresse, je vous recommande « Par le feu » de Will Hill qui traite avec brio la thématique, tout en donnant une belle place à « l’après » et aux victimes qui tentent de revenir à une vie normale…
Lien : https://lespagesquitournent...
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