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Citations de Anne Lehoërff (120)


Faire le choix du métal en Europe
L'Europe a fait le choix volontaire et engageant du métal. Dans cette démarche, rien d'inéluctable. C'est une invention optionnelle de l'histoire humaine, motivée et lourde de conséquences, sans doute au point de « faire tourner le monde ». De nombreuses sociétés dans le monde ont d'ailleurs vécu sans métallurgie jusqu'à une date récente. En outre, l'ordre dans lequel les métaux apparaissent n'est pas une évidence universelle qui coïncide nécessairement avec la succession des introductions de métaux en Europe. Cette nouveauté n'a pu se produire de n'importe quelle manière. Elle suppose des dynamiques multiformes : des populations qui font un mouvement vers ce matériau, pour des motivations variées. Le phénomène n'est concevable que si les sociétés concernées sont capables, de manière cognitive et concrète, de le faire et qu'elles mettent en place les moyens et les réseaux nécessaires.
La première métallurgie apparaît en Europe au Néolithique, de manière décalée chronologiquement par rapport aux processus de néolithisation eux-mêmes, c'est-à-dire à la naissance du monde paysan. Dans ces espaces devenus agricoles, l'organisation de la vie se fait de plus en plus dans des lieux spécialisés : ceux qui sont dédiées aux cultures ne sont pas ceux de l'élevage, de la cellule d'habitat, des nécropoles ou même des espaces cultuels. Chacun est ainsi, spatialement, à « sa » place. Ce processus se met en place par étapes, de manière arythmique entre les VIIe et Ve millénaires, puis se renforce dans une sorte de seconde « Révolution », dite aussi « Néolithique accompli ».
p. 123
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La production d'objets et de représentations « inutilement » esthétiques et de figurations est un signe fort dans l'histoire des hommes. En Europe, cette réalité datant d'il y a 40 000 ans environ, est aujourd'hui attestée. La grotte Chauvet qui pose le premier jalon chrono-logique est parfois interprété comme un lieu de culte, ou tout au moins de « cérémonies », n'ayant jamais été un lieu de vie, ni même un lieu sépulcral, contrairement à d'autres grottes plus récentes comme celle de Cussac (Dordogne), par exemple. Les motifs sur les parois n'indiquent aucun lien avec la guerre ou la violence entre les hommes, sauf si les affrontements entre les animaux (les lionnes en particulier) relèvent d'une métaphore. La conservation des lieux de culte, comme tous les espaces aménagés, est largement tributaire des matériaux employés et des conditions de conservation. Les grottes du Paléolithique, par chance, ont été obstruées à un moment de leur histoire, ce qui en a condamné l'accès pendant des millénaires.
p. 100
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À Oradour-sur-Glane, en juin 1944, le comble de l'horreur a été atteint par l'incendie de l'église du village où femmes et enfants ont été réunis pour y être tués de la manière la plus monstrueuse qui soit, car, du point de vue des bourreaux, ils incarnaient l'ennemi, hors de toute autre considération. Théoriquement, il est des lieux où la violence ne peut avoir de place, à condition d'en connaître et d'en respecter les règles. Les interdits structurent et canalisent les sociétés et les comportements humains. Les choix sont parfois difficiles à admettre pour ceux qui sont en dehors de ces sociétés. Il en va ainsi des pratiques d'anthropophagie ou même de certains rituels funéraires très étrangers à ceux de l'observant. La frontière entre ce qui est possible et ce qui ne peut pas l'être relève de la norme sociale, des règles et des lois que chaque société se donne. La guerre n'y échappe pas. Les soldats qui montaient au front en 1915 connaissaient les risques et les règles. Cela ne veut pas dire qu'ils admettaient la justesse de la guerre dans laquelle ils risquaient de mourir, mais leur situation et leurs actions entraient dans le cadre des actions qui devaient être menées.
p. 98
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C'est un lieu commun d'affirmer que la guerre est dangereuse puisque c'est son but premier : mutiler, tuer. C'est un truisme, on ne se pose pas au milieu du champ de bataille sans risquer sa vie…
p. 82
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Toutes les traces du passé sont lacunaires et heureusement, car dans le cas contraire, il n'y aurait aucune place pour le temps présent. Nous serions littéralement encombrés, envahis, étouffés. Empêchés de vivre et de nous projeter vers le futur. Selon leur nature et leur époque, elles sont nombreuses ou très rares. Une forme de seuil minimum est nécessaire.
p. 80
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En 2001, les attentats à New York ont achevé d'ébranler les certitudes auxquelles certains voulaient encore s'accrocher. Après avoir été négligées, abordées de manière détournée, les recherches sur la guerre s'imposèrent sur le devant de la scène intellectuelle occidentale jusqu'à devenir omniprésentes aujourd'hui, quasi envahissantes, étouffantes.
p. 72
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Le 9 novembre 1989, la chute du mur de Berlin laissa imaginer un instant qu'il était possible de croire à la fin au long cours des conflits.
[…]
Toute une génération d'adultes avait voulu la paix. Ils étaient les héritiers d'une histoire intellectuelle sur le sujet qui s'ancrait dans l'Antiquité, et à laquelle on ne pouvait totalement échapper. Les premières failles, si l'on peut dire, touchèrent non pas à la guerre sous son jour politique, mais à la violence et à la souffrance au sein des conflits, aux massacres, à la torture. Le volet anthropologique en quelque sorte, à la fois dans les thématiques et dans les méthodes puisqu'on pouvait poser aussi de nouvelles questions aux traces matérielles, aux ossements grâce aux méthodes en laboratoire. Un courant au sein des War Studies anglo-saxonnes lança le mouvement dès les années 1960, mais de manière assez confidentielle pendant longtemps, dans un monde académique au sein duquel les recherches sur la guerre n'avaient jamais cessé. Ce furent les motivations des hommes qui évoluèrent. Ces études s'inscrivaient dans une réflexion et un mal-être postérieur à la Seconde Guerre mondiale, puis à la décolonisation. L'histoire européenne et européo-centrée s'était longtemps pensée triomphante et donneuse de leçons. Les lendemains de guerre étaient douloureux. Il fallait regarder en face, il fallait comprendre, il ne fallait jamais oublier. Les intellectuels devaient jouer leur rôle. Le changement ne fut pas instantané. Il était nécessaire d'intégrer, de réapprendre à vivre pour ceux qui avaient été traumatisés, de laisser le temps à une nouvelle génération de s'engager.
p. 71
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Le Gaulois ne pratiquait pas l'écriture (qu'il connaissait) et ne vivait pas selon un système étatique tel qu'on l'attribue d'ordinaire aux sociétés auxquelles on associe volontiers le type de gouvernement, le terme de guerre et sa pratique organisée. D'une certaine manière, il incarne une sorte de frontière intellectuelle dans la conception du guerrier “primitif ” depuis la fin du XIXe siècle et jusqu'au renouvellement récent des conceptions archéologiques. C'est un personnage clef dans la connaissance de formes anciennes de la guerre mais surtout d'une construction intellectuelle européenne de valeurs qui s'articulent autour de la guerre.
p. 65
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… ces “sauvages” du bout du monde qui incarnaient des êtres dans leur état le plus primaire étaient-ils violents ? Par leur observation pouvait-on remonter aux origines de nous-mêmes ?
Plusieurs moments scandent les réponses de l'Occident. Les premiers visiteurs au XVIe siècle ont été frappés par le caractère belliqueux des populations qu'ils rencontraient. Les récits des explorateurs, les notes des marchands, les rapports des savants ou des missionnaires soulignent l'importance de la figure du guerrier. Cette violence a été jugée de manière très négative par les Occidentaux, eux-mêmes débarquant pourtant sans invitation et portés par des intentions qui n'étaient pas exclusivement pacifiques. Plus encore, les mœurs des “sauvages” justifiaient le rôle des missionnaires en charge de les christianiser et, plus généralement, la présence des Européens venus pour les civiliser.
p. 44
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Ni Hobbes ni Rousseau ne vivaient auprès de ces sociétés lointaines, et encore moins à l'époque des hommes « premiers ». La guerre est pensée comme un fait avant tout politique et économique, qui intègre à des échelles variées le volet social. L'analyse se situe au niveau de l'État et la guerre est traitée d'emblée comme un conflit organisé, légitimé, structurant. Plus encore, c'est un élément de compréhension de l'État en tant qu'outil politique, qui peut conduire à une nécessité d'État, faire la guerre. Dans l'Europe moderne, le raisonnement vaut pour ce qui ce qui est défini comme « État », actuel ou passé reconnu comme tel.
p. 42
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Chez Hobbes, l'homme est naturellement porté à la guerre, dans la mesure où il est nécessairement en concurrence avec autrui. Le cadre de vie des hommes libres, hors de l'État tel qu'il le conçoit, est donc plus que difficile. « L'homme est un loup pour l'homme », écrit-il. Les sauvages croisés dans le cadre de la colonisation sont en quelque sorte dans un état “naturel” et vivent de « manière quasi animale », avant la civilisation, avant la société, c'est-à-dire avant l'État défini à l'occidentale, seul garant de l'ordre et de la paix. Ils constituent presque des preuves vivantes de sa théorie : sans “gouvernement” et sans “État”, les hommes ne sont pas en société. Ils vivent dans une condition d'état naturel où chacun est un “loup” pour l'autre et le combat une réalité en continu. La seule solution possible pour sortir de cette sauvagerie est l'État (tel qu'il se conçoit entre les XVIIe et XXe siècles en Europe), au sommet de la société, synonyme d'organisation, de société, qui lui permet de vivre en paix. L'État est donc à la fois le garant de la paix et le promoteur d'une guerre éventuelle, mais au nom justement de la préservation d'une société pacifiée. Son action trouve ainsi sa pleine légitimité. Hobbes partageait ses vues sur les “sauvages” avec nombre de ses contemporains, même si les voix de Michel de Montaigne et d'Étienne de La Boétie étaient déjà discordantes. Cette analyse a longtemps perduré et elle a même nourri les premiers travaux des sociologues et ethnologues du XIXe siècle dans une vision “positiviste” de l'évolution humaine.
p. 41
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Les premiers acteurs de la guerre sont ceux qui la font, la décident, la conduisent. Les hommes de guerre. Dès qu'une catégorie spécifique d'individus a tenu une place dédiée à ce type d'activité, la guerre est devenue une réalité militaire.
p. 37
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Le “conflit” relève d'un antagonisme, d'une opposition de positions, d'opinions voire de sentiments entre des personnes et des groupes. Ces différends peuvent rester pacifiques et trouver des issues par le dialogue, la recherche de conciliation et de compromis. Ils peuvent aussi à l'inverse déboucher sur une impasse et, s'ils sont assez marqués, aller jusqu'à l'affrontement. C'est dans ce cadre que la “guerre” se définit en général. Le Petit Larousse fournit une définition communément admise en Occident : « La guerre est le recours à la force armée pour dénouer une situation conflictuelle entre deux ou plusieurs collectivités organisées, clans, factions ou États. »
La guerre implique donc l'emploi de moyens dans le cadre d'une organisation, celle des sociétés (et leurs dirigeants) comme celle des actions elles-mêmes dans l'accomplissement de la guerre. En d'autres termes, la guerre ne saurait se concevoir comme un geste improvisé d'individus, hors des cadres (et normes) de la société à laquelle ils appartiennent. Cette notion d'encadrement est fondamentale car elle introduit la possible légitimité du conflit organisé, et donc de la mort d'autrui portée par un acte politique et social.
p. 35
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QUELLES GUERRES ?
Une incursion en terre historio-graphique ne relève pas d'un vain caprice. La guerre a été un des tout premiers sujets mis en récit par les hommes (certains hommes ou plutôt certains acteurs) et, en même temps, un thème dont des pans entiers ont été occultés pendant des millénaires. Le paradoxe n'est pas mince. Il est de surcroît lourd de conséquences dans l'écriture de l'histoire des sociétés orales européennes disparues. La guerre y a été très longtemps tue. Les explications tiennent à une mosaïque de raisons qui se sont combinées pour aboutir à des silences et à des erreurs.
L'Europe a développé une vision de l'histoire dont elle était le centre (supérieur), face au reste du monde (inférieur). Elle a choisi ses racines dans une filiation avec des sociétés de l'écrit, n'ayant d'ailleurs eu pendant longtemps aucune autre alternative.
p. 33
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Au fond, mon objectif pour l'écriture de ce livre est double, inscrit dans une dynamique résultant à la fois d'une réalité subie (la guerre m'est tombée dessus) et d'un militantisme assumé (réduire l'histoire à celles des sociétés de l'écrit conduit à se tromper) : offrir de nouvelles perspectives sur l'écriture de l'histoire libérée de certains de ses carcans poussiéreux ; donner à comprendre la naissance de la guerre comme un acte technique et social, il y a plusieurs milliers d'années en Europe, dans un modèle à inventer.
p. 28
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« L'histoire, science humaine »
L'historien n'a pas pour mission d'esquiver, surtout quand, au terme d'années d'études, il est confronté à une forme d'évidence. Il a alors le devoir de mobiliser les outils et les méthodes d'une démonstration, en s'appuyant sur ses sources, en proposant des résultats, des hypothèses. Selon la nature du sujet, l'enquête est plus ou moins délicate, tant du point de vue scientifique que du point de vue humain. La recherche distancie l'historien de son sujet d'étude. Lorsque ce dernier est encore “vivant” dans tous les sens du terme, encore présent, c'est bien sûr beaucoup plus compliqué. C'est ce qui se passe au Rwanda de manière aiguë ou dans d'autres contextes où la distanciation entre l'événement passé et la réalité actuelle ne s'est pas opérée. Une forme de télescopage des temporalités brouille les pistes, charge l'historien d'émotions, de sentiments. Le chercheur se met en retrait avant de pouvoir, éventuellement, reprendre le dessus sur l'individu. L'histoire est, pleinement, une science humaine et sociale.
[...]
Quelles formes de haine sont assez puissantes pour nier, dénier l'Autre au point de vouloir l'anéantir, le faire littéralement disparaître et l'annihiler à son propre regard ?
p. 20
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Dans cet énorme corpus documentaire, certains vestiges se rapportent directement à la violence, et même à la guerre appréhendée comme conflit légitimé par la société et organisé par les hommes qui détiennent le pouvoir. Parmi les armes, la naissance de l'épée entre 1700 et 1600 avant notre ère, en différents points d'Europe, marque un moment clef. C'est le premier objet créé pour un usage dépourvu d'ambiguïté : blesser, tuer. L'étudier, c'est aborder des questions techniques, d'usages, de croyances, de sociétés et même de politique. Tel est le point de départ de cet ouvrage : « entrer en guerre par les armes »
p. 10
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Nés avec le siècle des histoires nationales, Vercingétorix et les Gaulois subirent les aléas de l'histoire dominée intellectuellement par les classiques, face à une archéologie des périodes anciennes et des sociétés orales, longtemps restée en marge de l'académisme universitaire. Au terme d'un siècle d'études, à bien y regarder, quelle que fut l'admiration portée à Vercingétorix, une impression se dégage, de manière plus ou moins claire et militante : la conquête romaine fut perçue in fine comme un bien pour la Gaule, une sortie de la “barbarie” (qui n'exclut pas un sentiment de sympathie envers “l'indiscipliné Gaulois”) et un pas vers son entrée dans la “civilisation”. Figée dans l'Histoire de France de Lavisse qui servit de référence durant des décennies dans les écoles, cette vision fut longtemps — et persiste encore parfois — dans les esprits et les manuels d'histoire.
Qu'il soit magnifié ou effacé devant la figure de César, Vercingétorix entra bel et bien dans l'Histoire, tels que le XIXe siècle puis le XXe siècle ont voulu l'écrire. Au delà du mythe, son existence semble bien réelle. Un jeune chef Arverne vit le jour en Auvergne vers -80/-70 avant notre ère, si l'on considère qu'au siège d'Alesia il était dans la force de l'âge d'un guerrier. Il aurait appartenu à une puissante famille et aurait donc connu César avant que celui-ci ne devienne son adversaire dans le patient travail d'alliances que le proconsul romain développa. L'affrontement eut lieu, la défaite fut effective et la date de -52 plausible.
p. 515
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« Préhistoire d'Europe », “De Néandertal à Vercingétorix”, Anne Lehoërff - éditions Belin © 2016
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Toutes ces denrées ont été consommées en trois occasions principales, qui ont influé sur le détail du menu : les repas quotidiens, les repas exceptionnels mais à caractère privé ou semi-privé (enterrement par exemple), les repas exceptionnels à caractère public ou religieux. Selon les lieux et les personnes, les consommations varient également.
[...]
La description d'Athénée (reprenant un récit de Poseidonios) décrivant la table des Celtes — en fait leurs banquets — permet de retrouver quelques convergences avec l'archéologie : une importance accordée à la viande (rôtie, bouillie ou salée et fumée), aux laitages, au beurre plutôt qu'à l'huile, au pain levé plutôt qu'aux bouillies et galettes (une vieille tradition depuis le Néolithique comme l'attestent des découvertes de pain du IVe millénaire à Twann, Suisse), un goût prononcé pour le miel dans les desserts ou l'hydromel et une délectation du vin pour accompagner les grands repas... La variété des aliments et la gourmandise qui accompagne leur dégustation est l'une des légendes — la seule ou presque — sur les Celtes qu'il convient sans doute de confirmer, non sans quelque plaisir.
p. 496
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Les céréales abondamment cultivées constituent une part majeure des végétaux consommés. Orge et amidonnier sont cuisinés sous forme de galettes cuites ou en bouillies. Les céréales, tels que l'épeautre et le froment, panifiables (avec gluten), peuvent servir à la confection de pains. Les légumineuses, préparées seules, dans des soupes ou des ragoûts, associées à des céréales, sont variées, mais très inégalement consommées selon les régions : lentille, pois, féverole, vesce, ers, gesse. Les légumes racines comme la carotte sont présents; le lin, le pavot et la caméline sont cultivés pour leurs graines oléagineuses. Les plantes aromatiques ne sont pas oubliées, avec la moutarde noire, le fenouil, la coriandre. Dans le midi, les olives sont également sur la table. Les fruits ne sont pas oubliés, sauvages pour une part, et très tributaires des milieux : noisettes, pommes, mûres, prunes, figues, raisin, prunelles, etc.
La consommation de protéines animales est complétée par des laitages (dont les fromages), des œufs. Parmi les produits sauvages les plus consommés, avec de fortes variations selon les régions et les milieux, figurent le poisson, les fruits de mer, les gastéropodes. Les traces sur les os démontrent l'existence de pratiques de boucherie assez standardisées et suffisamment complexes pour supposer que la découpe devait être, au moins en partie, effectuée par des bouchers spécialisés, peut-être dans des ateliers pour certains morceaux. Produire en masse, transporter des pièces de viande d'un lieu à un autre suppose des moyens de conservation adaptés. Les ateliers de saunerie pérennes se multiplient à partir du IIIe siècle. Le sel conserve les viandes et la salaison confère une saveur particulière aux préparations. Visiblement, au vu des restes osseux, le jambon cru, salé, faisait déjà partie des menus de fête.
Au cours d'un repas, non seulement on mange, mais on boit! Les préparations de liquides à partir de végétaux fermentés, et donc de boissons alcoolisées, sont aussi anciennes que l'agriculture elle-même. Deux d'entre elles retiennent l'attention : d'abord, les céréales fermentées qui donnent naissance aux breuvages de type bière. La production locale devait concerner une large partie de l'Europe moyenne et septentrionale. La production de vin est en revanche restreinte. Les populations de l'Europe laténienne ont été des consommateurs mais marginalement des producteurs.
[…]
Toutefois, au regard des tonnes de fragments d'amphores mises au jour jusque dans les Îles britanniques ou en Bretagne, des solutions techniques pour le transport du vin ont effectivement été trouvées et les Celtes n'ont pas bu que de l'eau ou du lait !
p. 495
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