AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anne Plantagenet (191)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Le titre ne m'aurait jamais attiré. L'autrice, que je ne connais pas, non plus. Heureusement, il existe Babelio pour me faire découvrir des nouveautés car oui j'ai beaucoup aimé ce livre qui raconte l'histoire vraie d'une syndicaliste FO qui a été figurante dans le film de Stéphane Brizé (En guerre avec Vincent Lindon) que j'avais beaucoup apprécié; celle de Letizia Storti, fille d'immigrés italiens, qui aimait la vie, les gens, son travail; celle d'une ouvrière digne qui abhorrait l'injustice et luttait contre le cynisme d'un système économique qui ne finit plus de penser l'humain comme une variable d'ajustement. Anne Plantagenet raconte Letizia pour la sortir de l'anonymat que la presse de caniveau réserve toujours aux petites gens. "Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans" ont-ils titré; ôtant ainsi à Letizia son nom, son identité et son histoire. Alors l'autrice raconte. Et c'est triste. Émouvant. Rageant. J'ai éprouvé une peine immense pour Letizia et j'ai vomi ma bile contre toutes celles et ceux qui, dans l'entreprise UPSA, à Agen, lui ont fait la misère. Les cadres, les putains de cadres, qui ruinent, au nom de leurs putains de job, la vie de salariés, d'ouvriers qui ont sué, trimé pendant des années pour la pérennité d'une entreprise qu'il pensait la leur. J'ai ragé contre ce monde économique et social qui chante la dignité du travail pour attacher les individus à "leur" entreprise au point qu'ils n'arrivent plus à se définir autrement que par leur fonction productive, au point qu'ils se confondent avec leur outils de travail, au point qu'ils se donnent la mort quand on le leur ôte. J'ai insulté ce monde économique qui a la dignité du travail à la bouche mais qui n'a pas de mal à piétiner, cracher, humilier, réprimer ceux-là même qui croient profondément en son mythe. J'ai vomi ce système qui fait du travail une raison d'être, la seule raison d'être, et qui, pourtant, la détruit sans frémir pour toujours plus de fric. Letizia, elle, n'a pas supporté. Elle est tombée. Au point d'envisager un aller sans retour. Et elle a réussi. Elle est partie. Définitivement. Et c'est un crève-coeur. Une immense tristesse. C'est à lire. Absolument.
Commenter  J’apprécie          60
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Anne Plantagenet brosse le portrait de Letizia Storti qu'elle a rencontrée lors d'un tournage du film de Stéphane Brizé, « En guerre », en 2017. A ce moment-là Letizia avait 51 ans et était ouvrière dans l'entreprise pharmaceutique UPSA depuis plus de 30 ans. Elle était représentante syndicale au sein de Force Ouvrière. C'est avec cette expérience qu'elle s'est présentée au casting d'acteurs non professionnels et qu'elle s'est retrouvée aux côtés de Vincent Lindon. Elle ira même à Canne pour la sortie du film. Anne et Letizia gardent contact et s'envoient des messages. Elles ont en commun des racines italiennes.

Et puis en 2022, Anne apprend la disparition de Letizia ou plutôt « la disparition inquiétante d'une femme de 56 ans ». Elle décide d'essayer de comprendre ce qui est arrivé à Letizia. Elle constate sa chute, la façon dont elle a été maltraitée psychologiquement dans son travail par ses cadres et le service des ressources humaines, jusqu'à sa tentative de suicide sur son lieu de travail.

Avec une très belle plume, elle rend hommage à cette femme qui voulait continuer à travailler et qui était bien plus que le portrait fait par les médias. Ce livre tente de dire qui elle était et de ne pas l'oublier.

Un court récit touchant qui questionne sur le monde du travail et la pression exercée sur les employés. Cette histoire rappelle d'autres suicides dans d'autres grandes entreprises. le système managérial a-t-il évolué depuis ?



Je remercie Babelio et les éditions du seuil pour cette lecture
Lien : https://joellebooks.fr/2024/..
Commenter  J’apprécie          00
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Si vous avez apprécié "En guerre" et "Un autre monde" de Stéphane Brizé , le récit d'Anne Plantagenet en est plus qu'un prolongement, mais une autre facette tout aussi politique, le versant émouvant de la vie d'une ouvrière castée pour apparaître dans ces deux films traitant du monde du travail.

Imaginez deux secondes que vous travaillez à la chaîne dans une de ces nombreuses usines gérée par des fonds d'investissements étrangers dédiés à la rentabilité et aux dividendes de ses actionnaires. Cadences de plus en plus infernales au fil des ventes et des reventes de l'usine, engagement syndical pour essayer de ne pas sombrer et vie personnelle proche de la bête de somme avec ses galères financières, amoureuses et/ou conjugales. Quand, dans cet horizon morne, un réalisateur lance un casting pour faire du cinéma, une part de rêve s'immisce dans le quotidien. Quand vous êtes finalement prise pour quelques scènes du film, que vous partagez la vie d'une équipe de cinéma durant quelques journées, que ce film est sélectionné au festival de Cannes, que vous foulez avec quelques copains le tapis rouge ... c'est soudain le rêve dans la réalité. Letizia Storti a vécu cela et a lié une petite amitié avec l'autrice, présente durant le tournage.

Mais en dehors des projecteurs, la vie continue et le rêve est rangé au rayon des souvenirs... C'est tout cela qu'Anne Plantagenet raconte et bien plus... Bien plus , car, il est question ici d'une vie simple que quelques lumières éphémères de projecteur ont traversé, d'une vie d'ouvrière comme il en existe des millions en France, et qui, comme dans les films de Stéphane Brizé, va s'écraser face au mur du libéralisme et de l'indifférence du monde.

Entre culpabilité et désir de comprendre, le récit essaie de combler les trous d'une vie suivie en pointillés entre mails ou sms. C'est aussi simple que profond, aussi humain qu'émouvant. C'est une lecture qui touchera tout un chacun et un magnifique hommage à une anonyme qui ne le sera plus désormais grâce ce texte que l'on peut qualifier de magnifique.
Commenter  J’apprécie          50
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Voilà un très beau moment de lecture et je ne m'y attendais pas vraiment, je dois dire !

En effet, le sujet n'est pas a priori des plus passionnants : une syndicaliste engagée, qui devient figurante dans un film sur le sujet, disparaît un an après une tentative de suicide dans son entreprise.

Mais c'est sans compter sur la jolie plume d'Anne Plantagenet, qui décrit, avec une grande douceur et beaucoup de pudeur, cette femme et les souvenirs qu'elle en a.



L'autrice a rencontré Letizia justement à l'occasion du tournage du film ("En guerre", avec Vincent Lindon). Elle décrit une femme pleine de vie, mais de complexes aussi, traînant ses souffrances enfantines et s'engageant pour les autres, pour les droits des travailleurs. Ce livre ne fait pas un descriptif d'une quelconque lutte syndicale, mais raconte la vraie histoire de Letizia Storti. J'en ai peut-être (sans doute ?) entendu parler, mais voilà, effectivement, ce "fait divers" a été oublié... Ce livre a le mérite de faire revivre cette histoire, et de nous y faire réfléchir sans donner de leçon.

On y voit aussi la vie, tout simplement, la parentalité, l'amour d'une petite fille pour sa mère, l'intégration, et plein de sujets secondaires qui rendent le récit vivant et fort.

Je ne m'attendais pas à être aussi conquise après cette lecture.

Merci à Babelio et au Seuil pour cette masse critique.
Commenter  J’apprécie          90
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

En 2017, Letizia Storti obtient un rôle de figurante dans un film de Stéphane Brizé. Elle a alors 51 ans et travaille comme ouvrière à UPSA (Union de Pharmacologie scientifique appliquée), une entreprise pharmaceutique d’Agen. Stéphane Brizé cherche des figurants ayant une expérience syndicale puisqu’il va raconter, dans En guerre, la violence du monde du travail, les dégâts provoqués par des conditions de travail dégradées et une tension qui aboutit à la division du monde syndical. Pendant le tournage, l’autrice, Anne Plantagenet, contacte Letizia Storti et d’autres ouvriers figurants, pour qu’ils lui parlent de cette aventure extraordinaire qui les mènera jusqu’aux marches de Cannes. Toute l’équipe assite à la projection du film avec l’autrice et l’équipe de tournage, dont Vincent Lindon, acteur principal des trois films que l’on connaît aujourd’hui sous le titre de La Trilogie du travail. La personnalité de Letizia a touché l’autrice. Elle la découvre attachante et pleine de charisme. Les deux femmes sympathisent, et elles resteront en contact pendant quelque temps, de loin en loin, même après cette aventure. Mais ce type de relations est fragile et rarement durable. Si Anne Plantagenet continue indirectement de prendre des nouvelles de Letizia, elles ne se voient ni s’écrivent plus. L'autrice se retrouve désemparée et se sent coupable de n’avoir pas gardé le contact avec cette femme entière et passionnée quand elle apprend sa disparition.

***

Pendant le reportage de l’autrice sur l’expérience du tournage, outre la personnalité attachante et sans concession de Letizia, des origines italiennes communes ont sans doute contribué à rapprocher les deux femmes : les deux parents de Letizia sont des immigrés italiens, comme l’étaient le grand-père de l’autrice. Cet héritage est beaucoup plus prégnant chez Letizia qui souffre encore des moqueries que subissait sa mère illettrée et handicapée par la polio. Le parallèle entre les deux familles fait ressortir la différence entre le destin des deux femmes. Le récit met l’accent sur certains aspects de la vie de Letizia : sa solitude, son engagement syndical, son sérieux au travail, son amour pour son fils, et l’entracte magique que constituent les auditions, le tournage du film et l’aventure cannoise. Elle s’achève d’ailleurs par une déception: malgré sa qualité et l’ovation recueillie en salle, le film ne sera pas primé. Parallèlement, nous vivons la rapide détérioration professionnelle que subit Letizia. Après la vente d’Upsa à des Japonais, les conditions de travail se durcissent malgré les promesses. Un banal accident handicape provisoirement Letizia qui est alors en butte à des pressions insupportables. La situation s’aggravera encore après la revente du laboratoire aux Américains, et Letizia finit par craquer.

***

Anne Plantagenet relate avec talent, empathie et une pointe de culpabilité la vie de cette anonyme, de cette invisible, soumise un instant à une mise en lumière passagère qui, brièvement, lui donnera l’impression d’exister autrement. Ce récit provoque, je crois, les mêmes sentiments que les films de La Trilogie du travail : une révolte devant les pratiques qui ont cours dans ce milieu. Dans le livre, à cette révolte s’ajoute une froide colère nourrie par la compassion que l’on éprouve pour Letizia, et le sentiment d’injustice ressenti s’incarne dans la personnalité de cette femme courageuse. Le récit réussit à transmettre l’enthousiasme de Letizia autant que ses doutes, sa révolte et sa déception. On comprend aussi les regrets de l’autrice et la culpabilité qu’elle éprouve d’avoir laissé leurs relations se distendre, puis disparaître. Jusqu’aux lettres écrites par Letizia qui s’effaceront… Bravo pour le choix de l’illustration de couverture de Gideon Rubin qui suggère, grâce à l’échelle, à la fois le travail et la prison qu’il peut devenir.

Commenter  J’apprécie          546
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Letizia Storti travaille à l’usine. Les trois 8 comme on dit. Un travail pénible et répétitif, mais elle le fait depuis très longtemps ! Trop ? Peut-être. Un jour elle n’en peut plus et tente d’en finir. Pourquoi ? Pas facile de répondre à cette question car la vie de Letizia était devenue très différente d’avant. Pourtant, pour Letizia la vie semblait changer un peu. Elle se fait remarquer lors d’un casting pour un film avec Vincent Lindon. Elle n’est que figurante, mais elle prend petit à petit plus d’importance que prévu. Sa prestance la fait remarquer par l’autrice de ce livre qui décide de faire sa connaissance. De connaître la femme derrière l’actrice non professionnelle qui a pris ses marques aussi facilement. Ce livre c’est l’histoire de la rencontre de l’autrice avec Letizia Storti, de leur échanges, de la découverte de la femme forte derrière l’employée de UPSA qui travaille à la chaîne. Anne décrit avec objectivité les moments partagés avec Letizia. Pas de pathos, mais une description brute de leurs échanges, qu’ils soient sur papier, en face à face ou par messages instantanés. On y apprend les instants de la vie de Letizia, son enfance, son travail à l’usine, son expérience du cinéma, sa montée des marches à Cannes et puis Anne découvre que les moments heureux n’ont pas toujours été présents. Jusqu’à ce que les proches de Letizia apprennent sa disparition à Marseille en Juin 2022. Sans laisser de message, sans prévenir ses proches. Elle a simplement disparu. Pourquoi ? Pour répondre à cette question, il faut lire ce roman prenant sur la vie de Letizia Storti. L’autrice la raconte autour de leurs rencontres, pour ne pas l’oublier, pour ne pas oublier.
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
Commenter  J’apprécie          30
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

C'est toujours un plaisir de se voir proposer une Masse critique privilégiée. C'est encore mieux quand on est sélectionné(e) ! Mais alors quand en plus on a adoré le bouquin, c'est le jackpot !

Donc un très très grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil.

.

J'étais intriguée par le titre et je me suis lancée. Comme l'auteure, je vais apprendre à découvrir Letizia Storti. Je vais découvrir sa vie. Il aurait mieux valu que ce soit un roman plutôt qu'un récit.....

L'auteure a rencontré Letizia dans le cadre d'un tournage où étaient recherchés des ouvriers qui serviraient de figurants. Letizia militante, élue, qui bataille au quotidien pour les ouvriers d'UPSA près d'Agen est sélectionnée. On va découvrir cette femme, empathique, joyeuse, motivée. Et on va découvrir la suite, le rachat d'UPSA, les nouvelles méthodes de RH, l'accident et la chute, lente, difficile, douloureuse.... Horrible et détestable. Tristement réel. Violemment réel. Douloureusement réel.

J'en ai pleuré. Touchée au coeur....

.

L'auteure via Letizia rend un hommage marqué aux ouvriers, souligne leurs conditions de travail, devenues pires années après années dans la recherche perpétuelle du profit. Ce livre est difficile, ce livre est nécessaire.

J'ai mesuré ma chance de ne pas travailler dans ces conditions. Et puis je me suis dit que ça ne devrait pas être une chance mais une réalité pour toute personne qui travaille.

Malheureusement, Letizia a disparu et ce livre chronique cette triste histoire.

Commenter  J’apprécie          456
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans - Anne Plantagenet

Seuil



« Sa disparition semble le point d’orgue d’une existence à lutter contre l’effacement »



Alors Letizia Storti méritait bien un livre et Anne Plantagenet l’a écrit.

Un récit humble, le portrait hommage d’une femme attachante, ombre parmi tant d’autres dans l’entreprise ou pendant 34 ans elle a exécuté le même geste. L’usine Upsa d’Agen, 1250 salariés.

Quand Stéphane Brizé réalisateur du film en guerre avec Vincent Lindon recherche des figurants, Letizia répond présente. Il y a de puissants parallèles entre la vie ouvrière de Letizia et l’histoire sociale que raconte le film. Fille d’immigrés italiens, elle est convaincue qu’on s’élève par l’instruction et par le travail. Convaincue aussi qu’il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds, elle est syndiquée et va au combat.

Letizia est charismatique, elle déborde de gouaille et d’énergie, cela se voit sur les prises de vue du réalisateur. C’est sa vie qu’elle joue, d’ailleurs elle ne joue pas, « elle est ». Elle a compris très tôt que sa place elle doit la prendre, elle ne tombera pas du ciel. C’est là que Letizia et Anne se rencontrent, l’une fait quelques apparitions, l’autre écrit un papier. Elles échangent, restent en contact. Longtemps.

Mais un jour, Anne apprend la disparition de Letizia, évaporé entre une unité de soins et la ville de Marseille. Les échangent avaient pris un coup d’usure, le contact distendu dissimulait d’autres combats pour Letizia.

L’écrivaine refait le chemin à l’envers, la vie de Letizia broyée par une multinationale japonaise déshumanisé qui a racheté l’usine. Letizia ballotée soumise au mécanisme des groupes régis par l’argent. Letizia qui n’avait plus sa place, plus de place. Letizia évaporée.

Un récit aussi touchant que glaçant, merci Anne Plantagenet d’avoir rendu à Letizia la place qu’elle méritait, le temps d’un livre.

Il n’y a pas de petites vies, il y a des vies singulières qui s’imbriquent les unes dans les autres dans « le grand tout » de l’humanité.



Lu dans le cadre d'un envoi Babelio que je remercie ainsi que les éditions du Seuil.

Commenter  J’apprécie          80
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Je remercie à nouveau Nicolas de Babelio pour m’avoir proposé ce livre ainsi que les Editions « Seuil » qui me l’ont envoyé.

Le 2 juin 2022, la presse régionale du sud-est a publié une alerte intitulée « Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans ». Letizia Storti, car c’est d’elle dont il est question, a été vue pour la dernière fois le 31 mai 2022. Ce jour-là, elle avait quitté la maison de santé où elle était hospitalisée et n’était pas revenue.

Ce livre n’est pas un roman, c’est un témoignage et une enquête. Anne Plantagenet , par ce texte, met en lumière une anonyme, une invisible qui a trimé toute sa vie, victime d’un système qui broie l’humain si dans un moment de faiblesse il baisse sa garde. L’auteure met un nom et une histoire humaine sur cet article qui renvoie à nouveau Letizia à l’anonymat, une femme, une vie minuscule, sans bruit, sans éclat, réduite à quelques lignes factuelles. Ce n’est pas son existence qui importe, ni qui elle est, ce qu’elle a construit, ce qu’elle a rêvé, non, c’est sa disparition qui suscite momentanément un léger intérêt. Demain on n’en parlera plus.

Eh bien, Anne Plantagenet va nous raconter, Letizia Storti, cette femme vive, heureuse et combative, tournée vers les autres.

Fille de parents d’origine italienne qui ont trimé toute leur vie week-end compris, Letizia a souffert dans son enfance de voir sa mère, qu’elle adorait, moquée parce qu’elle ne parlait pas français et était handicapée. Elle a été révoltée de voir ses parents exploités toute leur vie et c’est probablement pour cette raison qu’elle s’est engagée dans le syndicalisme.

Letizia n’est jamais partie en vacances, à partir de 14 ans elle travaille avec ses parents sur l’exploitation agricole. Elle quitte l’école à 17 ans et à 18 ans elle entre à l’usine pharmaceutique UPSA d’Agen où elle obtiendra un CDI 7 ans plus tard.

C’est fin 2017 qu’Anne Plantagenet rencontre Letizia pour la première fois, sur le tournage de « En guerre » de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon. Elle avait 51 ans et travaillait toujours à l’usine UPSA d’Agen où elle était élue Force Ouvrière. Elle était figurante et jouait son rôle, celui d’une déléguée syndicale qui lutte contre la fermeture de son usine. Anne l’a ensuite revue en avril 2018 afin de l’interviewer sur son ressenti avant, pendant et après le tournage puis, en mai 2018, elles assistent ensemble à la projection du film au Festival de Cannes. Ensuite elles échangent des SMS et des mails qui deviennent de plus en plus brefs pour finir par se raréfier. C’est pour cela qu’Anne n’a rien su de la lente descente aux enfers de Letizia. Blessée au poignet en 2019, elle retourne au travail mais il s’avère qu’il lui faut un poste adapté à son nouvel handicap. Elle va alors subir les pressions continuelles de sa DRH et sera baladée d’un poste à un autre. On veut qu’elle parte sans pour autant la licencier, or, Letizia sait qu’après cinquante ans il est difficile de retrouver du travail alors elle s’accroche, perd pied puis finit par sombrer dans une profonde dépression, jusqu’à ce jour du 24 mars 2021, où, devant le bureau du directeur, elle enjambe la balustrade et saute du troisième étage.

Après un an de soins à Bordeaux, elle est hospitalisée à Marseille depuis deux semaines quand le 31 août 2022, elle disparait.

Un livre bouleversant qui résonne encore en nous bien longtemps après l’avoir refermé.

Commenter  J’apprécie          100
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

«  Nous, une nuit invisible nous enveloppe » Cette citation extraite du livre de Robert Linhart, « L’établi », ouvre le récit d’Anne Plantagenet. Son propos apparaît clairement dans ces quelques mots: donner corps à ceux qui sont broyés dans l’anonymat du travail, celui qui fait plus de cas des profits que de la réalité humaine de ceux qui les rendent possibles.

Le titre du récit reprend les terme utilisés par la presse régionale du Sud-Est le 02 juin 2022.

Il est éloquent dans sa forme, qui condamne deux fois à l’invisible celle qui a disparu, évoquée sans son nom, son identité, sans la réalité tangible de ce qu’elle était.

Elle s’appelait Letizia Storti, l’autrice nous propose de lui redonner vie. Elle nous présente le portrait d’une femme bien vivante qu’elle a connue sur le tournage du film de Stephane Brizet: « En guerre ». C’est un portrait en demi teintes qui nous fait deviner derrière le sourire, les fragilités accumulées. Celles de l’héritage social et familial pèsent lourd, déterminent les frustrations et les hésitations, nourrissent les déceptions. L’autrice évoque pas à pas, le temps de leur complicité partagée, faussée naturellement par des horizons différents qui expliquent progressivement l’éloignement de celle qui écrit. Le récit évoque avec précision et subtilité comment la vie de Letizia décroche. Le travail est à l’origine de cette spirale inexorable du doute personnel; celui qui conduit à la remise en cause de son existence. Lorsque pendant trente ans, la vie est rythmée par la logique de la chaine, l’effacement de ce cadre, crée d’autant plus le vide qu’il est injuste et arbitraire.

A distance, les SMS et les signes de vie conventionnels disent peu de la réalité. Anne Plantagenet saisit la rupture sans en comprendre la cause. La dernière partie du récit répare cette ignorance. Elle retrouve les étapes de la descente aux enfers de Letizia en décrivant avec précision le détail des décisions de l’entreprise qui la condamnent sans appel.

Un livre en forme de témoignage au nom de tous ceux que le travail écrase.

Je remercie Babelio et les éditions du Seuil de m’avoir permis cette belle découverte.

Commenter  J’apprécie          70
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Anne Plantagenet rend un vibrant hommage, avec son tout nouveau roman, à Letizia Storti. C'est le récit d'une rencontre entre une femme d'une cinquantaine d'années, Letizia, travaillant depuis plus de trente ans, dans une usine fabriquant des médicaments, et une écrivaine Anne. Une histoire vraie et un témoignage poignant sur les conditions de travail, la pression sidérante et inhumaine de DRH incompétent. Ce roman parle de travail, de sa valeur sacrée mais pourtant bafouée par une hiérarchie dans l'entreprise qui va broyer Letizia. Peu à peu, l'étau se resserre autour d'elle. Reconnu avec la RQTH, reconnaissance qualité de travailleuse handicapée, rien n'est pourtant fait pour mettre en confiance et faire travailler dignement Letizia. Anne Plantagenet décrit la descente aux enfers et les arcanes d'un monde du travail, marchant sur la tête. C'est un roman absolument bouleversant. On le quitte la boule au ventre, révolté, sidéré qu'à notre époque de telles choses puissent encore exister. Letizia connaîtra un peu de bonheur en interprétant le rôle de sa vie dans la peau d'une syndicaliste dans le film "En guerre" de Stéphane Brize avec Vincent Lindon. La montée des marches à Cannes, cette parenthèse folle, son quart d'heure de gloire, elle pourtant si humble, si modeste. Anne Plantagenet nous émeut et dessine la vie modeste d'une femme ne demandant qu'à exercer son métier dans la dignité. On ressent une immense colère et une profonde affliction en suivant le parcours de Letizia Storti. Tout ce qu'on lui impose, les humiliations, les brimades, la peur de perdre son emploi, de n'être plus bonne à rien. Elle qui travaillait depuis l'âge de dix huit ans dans cette entreprise, pour laquelle elle aura tout donné, sans aucun remerciement, aucun retour de la hiérarchie. La description faite de tout ce phénomène est parfaitement rendue par le style d'écriture de Anne Plantagenet. La question du suicide et du suivi, ou plutôt de l'absence de suivi des patients en souffrance psychique est un autre sujet poignant et passionnant du roman. Beaucoup d'émotions et de la révolte quant au traitement des ouvriers, aux conditions de travail, à l'absence de structure capable de soutenir le travailleur en souffrance. La loi de la jungle où les plus forts se jouent des plus faibles, des plus fragiles. Reste le courage de cette femme qui voulait simplement travailler à un poste aménagé, et qui s'est retrouvé voué aux gémonies. Merci à Anne Plantagenet d'avoir, avec l'écriture de ce roman, offert une lumière sur le destin de Letizia Storti. Une lecture salvatrice même si âpre et difficile de par son sujet. Si vous aimez les films de Stéphane Brize, Anne Plantagenet signe son pendant en roman.

Je remercie chaleureusement les éditions du Seuil et Babelio pour ce service presse.
Commenter  J’apprécie          240
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Letizia Storti a passé plus de 30 ans dans la même usine, sur une ligne de production. Ouvrière et syndiquée, elle est fière des valeurs qu’elle proclame. C’est en partie grâce à ces deux qualificatifs qu’elle participe au tournage d’un film, En guerre, et qu’elle s’épanouit. Mais la réalité la rattrape et son monde devient de plus en plus froid et sombre…



Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans est le récit poignant d’une femme forte que l’usine a lâchement abandonné. C’est l’histoire tragique d’une ouvrière de l’ombre, que l’on oublie, que l’on efface, que l’on piétine.



Letizia vit sur Agen, seule, avec un fils architecte sur Marseille. Elle apprécie sa maison, son jardin, les sorties ciné et la routine quotidienne.

Elle travaille depuis qu’elle a 14 ans, aidant ses parents sur les terres agricoles. Elle a une vie simple, qui lui convient.



Particulièrement touchée par le thème de l’exclusion, lié à sa mère venue d’Italie à 34 ans, qui n’a jamais parlé français et handicapée par la polio dont on se moquait ouvertement, elle est engagée syndicalement et défend ses collègues chaque jour.

C’est une femme que tout intéresse et qui fuit la méchanceté de ce monde…



Jusqu’à ce que doucement, insidieusement, sournoisement, l’usine pour qui elle a donné ses jours et ses nuit la rejette. Tout ce qui la définissait s’écroule et Letizia sombre. Personne ne l’entend crier, elle n’existe plus, elle disparaît.



Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans est une histoire d’ouvriers, d’hommes et de femmes que la pression abîme, met à terre, dans le plus grand silence. Letizia Storti a lutté toute sa vie contre l’effacement et ces pages lui rendent un hommage des plus lumineux…
Commenter  J’apprécie          220
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Une masse critique me proposant de découvrir une auteure que je ne connaissais pas malgré le nombre impressionnant de livres qu’elle a déjà écrit …

Une masse critique me proposant de découvrir une histoire pas comme les autres, une histoire de disparition, l’histoire d’une ouvrière, fille d’immigrés italiens, militante syndicale qui un jour voit son horizon s’ouvrir pour devenir peut être une actrice, pour enfin devenir quelqu’un …

Ça ne se refuse pas.

Merci à Babelio et aux éditions du Seuil.

Sitôt reçu, sitôt lu, sitôt commenté !

Il faut dire qu’il faisait très beau tantôt en Normandie, que le livre est court, et l’histoire poignante !



Une inconnue, Letizia Storti, et pourtant une reconnaissance posthume …

Allo ciné : « Letizia Storti est une Actrice française. Découvrez sa biographie, sa carrière en détail et toute son actualité », c’est le résumé, quand on va voir plus en détail, pas de photo, pas de commentaire, juste sa filmographie « En guerre » et « un autre monde », films de Stéphane Brizé, dans lesquels elle fait une brève apparition comme figurante …

Autrement des extraits de journaux régionaux ou nationaux, la dépêche du sud-ouest : « Le corps de Létizia Storti a été découvert vendredi 24 juin dans la région de Marseille, a indiqué ce lundi 27 juin sa famille. La salariée d’Upsa, qui avait tenté de mettre fin à ses jours le 24 mars 2021 en se jetant d’un escalier sur le site de l’entreprise agenaise, avait 56 ans… sa disparition avait été signalée aux services de police locaux fin mai dernier. La quinquagénaire n’avait pas réintégré après une permission la maison de santé où elle séjournait. Des écrits ont été retrouvés sur elle, pouvant laisser envisager la thèse d’un suicide. Une enquête est en cours ».



Le récit de la rencontre, entre une auteure devenant confidente d’une femme qui a osé essayer de combattre une entreprise où règne l’imbécilité, l’arrivisme de certains, et le diktat des actionnaires toujours avides du toujours plus de profits, rend compte de ce qui est le témoignage des petites gens, celles et ceux qu’on applaudissaient lors du confinement car il n’avait pas le choix …

il faut « 🎶 travailler encore …

🎶 travailler encore » …

comme le chante Bernard Lavilliers.
Commenter  J’apprécie          80
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

La romancière Anne Plantagenet a retracé pour nous l’épopée cinématographique de Letizia Storti, une syndicaliste FO du groupe UPSA d’Agen qui a participé comme figurante très active dans le film de Stéphane Brisé, En guerre. Tourné en 2017 avec Vincent Lindon, ce film dénonce le système des multinationales promptes à broyer les salariés selon une mécanique inexorable incluant le système politique. Venue sur le tournage en vue d’un article, Anne Plantagenet s’est liée avec cette femme au charisme évident qui s’est imposée dès les premières scènes du film, jouant presque son propre rôle de syndicaliste en guerre contre son patron. Projeté au festival de Cannes en 2018 le film sera encensé entre autres par Le Monde et Télérama. En janvier 2020, Letizia Storti est de nouveau retenue pour un rôle de figurante dans le futur film de Stephen Brisé, mais il semble que le cœur n’y est plus. Les confinements successifs accentuent le mal-être de Letizia qui se jette du troisième étage de l’usine UPSA d’Agen où elle travaille, en laissant une lettre qui évoque la pression subie au travail. Très affectée par cette nouvelle, Anne Plantagenêt va mener une enquête pour comprendre comment la pétillante syndicaliste a pu en arriver à une telle extrémité. En convalescence dans une clinique marseillaise, Letizia traverse une longue période dépressive avant de disparaître brutalement le 31 mai 2022. Trois semaines plus tard son corps sera retrouvé derrière un buisson à cinquante mètres de la maison de santé.

L’empathie d’Anne Plantagenet pour Letizia Storti est sincère et touchant. Les entretiens successifs avec la syndicaliste engagée, le visionnage des essais et des rushes, lui ont permis de dresser un portrait qu’on devine fidèle de l’ouvrière sur une chaîne de production durant plus de trente ans.

Commenter  J’apprécie          200
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Merci aux editions du Seuil et a Babelio pour l'envoie de ce livre.



De Anne Plantagenet ; Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans.



Petit livre de 150 pages qui ne nous laisse pas indifférent.



Letizia Storti employée chez UPSA a Agen est une élue de Force Ouvrière.

Cette femme au fort caractère se bat pour le bien être des ouvriers de son entreprise.



Le film "En guerre "de Stéphane Brizé va être tourné dans des anciens locaux de Fumel.

Letizia après un essai fait parti des acteurs non professionnels aux côtés de Vincent Lindon.

Le film porte sur une révolte dans une usine ou Letizia représente une syndicaliste, rôle qui évidement lui colle a la peau.



Anne Plantagenet amie du cinéaste ayant remarqué cette "actrice" et désirant connaitre son ressenti après ce tournage la contacte. Elle rencontre alors une femme épanouie qu'elle reverra a Canne lors de la projection du film.



UPSA change de propriétaire. Le climat de l'entreprise change.

Letizia victime d'un accident va connaitre la désillusion, la non reconnaissance de ses années de labeur et la descente aux enfers.



Ce petit livre d'une histoire vraie vous touche au plus profond de votre cœur.

A lire absolument !
Commenter  J’apprécie          60
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Est-ce là le monde que nous avons envie de confier à nos enfants ?



Reçu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie Babélio, la maison d'édition mais surtout l'auteure, Anne Plantagenêt, pour avoir rendu un visage à cette "ouvrière parmi d'autres".

Je dis souvent à mes enfants que la seule question importante à se poser est de savoir pour qui nous avons de l'importance. Pour qui notre vie est importante ? Qui aura sa vie diamétralement modifiée si demain je ne suis plus là ?

Et je pense que la réponse indique nos priorités.



Pour notre employeur, notre absence lui coutera, au mieux, le prix d'une gerbe mortuaire. Mais, le lendemain, il aura trouvé à vous remplacer.

C'est ça le monde dans lequel on vit aujourd'hui.

Un monde pour lequel la seule valeur importante est la rentabilité et l'argent.

C'est ainsi dans les entreprises, et je pense que là le constat est international mais c'est de plus en plus dans l'enseignement. Il suffit de regarder qui est derrière le Pacte d'Excellence en Belgique et quels en seront ses implications.



Au delà de ce constat, et pour en revenir au contenu du livre, et bien moi je l'ai lu en pleurant cette histoire tellement l'individualisme de la société et tellement la réalité de cette personne m'ont touchée.



C'est bien écrit. C'est vrai. C'est sincère. C'est terriblement triste. Mais c'est la réalité.



Et derrière cette réalité, il y a tous ces travailleurs qui en sont arrivés à des décisions extrêmes parce que nous vivons dans un monde consumériste, que nous nous créons nos dépendances nous-mêmes, ce qui nous oblige à toujours devoir travailler plus et subir cette pression.

Comme l'écrit l'auteure, c'est une mécanique bien huilée, un système bien rodé qui permet d'enrichir encore les plus nantis.



Madame Plantagenêt souhaitait rendre un visage à cette travailleuse.

Défi relevé, Madame.

Tout le monde a, au moins, une boite de Dafalgan dans sa pharmacie. Ou un produit UPSA.



Cette boite de Dafalgan, elle a un visage, elle a un nom.



Elle s'appelait Letizia STORTI - Ne l'oubliez pas.



Commenter  J’apprécie          30
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Un livre court, d’une écriture simple et dépouillée, qui se lit facilement, qui passionne et qui oblige à se questionner.



L’histoire de Letizia , fille d’immigrés Italiens, qui a été ouvrière de nombreuses années, s’est impliquée dans le militantisme syndical, a su élever plus ou moins seule son fils et lui permettre de monter dans l’échelle sociale (il est aujourd’hui architecte) et qui se fait broyer lentement et sûrement par la désindustrialisation, la course aux profits et le management associé.



Un questionnement parce que cela me renvoie à ma propre histoire. Ma famille n’est pas d’Italie, mais d’Europe centrale. Je ne suis pas la première génération en France comme Letizia, mais la seconde et le courage de mes parents m’ont permis de monter dans l’échelle sociale, comme Enzo, le fils de Letizia. J’ai vu mes parents se faire « manger » par le changement économique.



Un questionnement encore sur comment notre société a changé ces dernières décennies et comment, si nous sommes du bon côté du manche, nous ne nous rendons pas compte de la détresse sociale de nombre de nos compatriotes. Et pourtant, j’ai vécu en province dans de petites villes, et j’ai vu et entendu ce que signifiait la vie dans une usine en suspens ou à sa fermeture. Quand on habite une grande agglomération, nous avons le sentiment que c’est une question de mobilité. Ce n'est pas si simple dans les petites villes et l’auteur nous le rappelle.



Un questionnement encore sur le discours médiatique qui nous cache ces réalités. Discours médiatique sur « traverser la rue et vous trouverez du travail ». Discours médiatique sur la formation et la reconversion : « yakafokon ». Discours médiatique professionnel sur la langue de bois de la gestion des ressources humaines versus les injections des financiers.



Ce livre nous rappelle le sens de l’humain, de la valeur du travail, du respect de l’autre, et que si les valeurs de notre société changent, nous devons savoir continuer à nous regarder dans le miroir le matin : sommes-nous cohérent avec nos propres valeurs ?



L’histoire de Letizia peut être notre sort à tous. Qui n’a pas autour de lui un parent, un ami, une connaissance, qui se croyait assuré sur sa trajectoire familiale et professionnelle et qui a connu soudainement une rupture à un âge où il est dur de rebondir ?



Ce livre m’interroge sur nos propres choix économiques. Y a-t-il un autre mode de management des personnes ? Comment concilier rentabilité et protection sociale ? Quelle attitude pouvons-nous adopter chacun à note niveau pour y concourir ?



Lire ce livre, cela me fait penser au triomphe des généraux romains qui défilaient à Rome, dans l’antiquité, avec à côté d’eux, un esclave qui leur répétait inlassablement : « la roche tarpéienne est proche du capitole ». Ici, nous réalisons que nous pouvons tous être demain des Letizia et nous faire broyer. Cela n’arrive pas qu’aux autres.



Un très bon livre à lire et d’actualité.

Commenter  J’apprécie          20
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Anne PLANTAGENET. Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans.



Je remercie sincèrement Alexandrine pour l’attribution ce livre lors d’une masse critique privilégiée et les éditions du Seuil pour l’envoi du document.

Je félicite Anne pour l’écriture, le style et la présentation de cette femme au destin brisé par le mode du travail, les multinationales, le profit, etc, … Elle réhabilite cette salariée exemplaire.



Quatrième de couverture.

Marseille, juin 2022, une femme disparaît.

Elle s’appelait Letizia Storti.



En novembre 2017, l’autrice rencontre cette femme : suite à un casting, elle est sélectionnée pour participer comme représentante syndicale dans le film de Stéphane BRIZE : «  En guerre ». Bien que figurante, Letizia joue un petit rôle aux côtés de Vincent LINDON, film illustrant le monde impitoyable des travailleurs dans une usine en perte de vitesse et devant faire face à leurs licenciements et à la fermeture du site de production. C’est une ouvrière, fille d’origine italienne, qui dès l’âge de 18 ans est entrée à Agen chez UPSA, unité de production pharmaceutique du Dafalgan, de sirop codéiné, de pommades, etc.… Plus de trente cinq années de travail posté, accomplir des centaines de fois le même geste, travaillant une semaine de 5h à 13h et la semaine suivante, de 13h à 21h. Peu de distractions, une vie laborieuse, doublée par sa participation au sein du syndicat FO. Là, elle défend âprement ses collègues, n’hésitant pas à affronter sa hiérarchie, démontrant la dégradation des conditions de travail. C’est une bonne collègue, elle défend les intérêts des salariés, très active syndicalement, également bonne ouvrière, travailleuse.



Lors de sa participation à ce film, elle crève l’écran et sera contacter pour un nouvel essai ; sa joie de vivre a disparu. Letizia souffre, tant physiquement que moralement . Suite à un accident domestique, elle a du cesser son activité. Mais elle désire reprendre rapidement son travail. Le médecin-conseil demande à la DRH un reclassement en temps que travailleuse handicapée. La DRH ne va pas respecter cette prescription et Letizia passera de service en service, testant de multiples taches complètement inadaptées à son infirmité… C’est une véritable descente aux enfers pour cette employée modèle, courageuse, vaillante, généreuse et pleine d’empathie pour ces collègues. Les consignes de sécurité ne sont pas respectées et les cadences de travail sont cesse augmentées. Il faut satisfaire les actionnaires au détriment des ouvriers. Un de ses collègues s’est suicidé. Burn-out inhérent aux conditions de travail. L’avenir de l’unité de production, d’américaine passe sous la coupe d’un consortium japonnais. Pour les employés, il n’y a aucune amélioration et la voix des syndicats, les relances des uns et des autres demeurent lettre morte. La fatigue, le chagrin, la hantise du licenciement dû à une incapacité mine Letizia. Elle accomplira, sur les lieux de son travail un geste fatidique ...



Anne rend dans ce récit témoignage un vibrant hommage à cette femme. Ce livre m’a bouleversé. Je l'ai lu en une après midi. J’étais très en colère à la fin de ma lecture et en larmes. J’ai laissé retombé la pression avant d’écrire mon ressenti. Je suis toujours en colère. Je suis offusquée par la façon dont les multinationales traitent ou plus exactement maltraitent la cheville ouvrière…. Ce document nous décrit, de façon magistrale un fait divers sociétal douloureux et tragique. Cette femme a disparu dans des conditions dramatiques. Je pense cependant en toute conscience. Comment, au XXIème siècle, notre société peut-elle ignorer le mal-être de ses employés, ne pas tenir compte de leur burn-out, des difficultés à suivre les cadences dues à leur vieillissement inexorable qui nous atteint tous… Ce livre document réhabilite cette femme, humble mais travailleuse. Âmes sensibles, passez votre chemin, ce n’est pas un récit pour toutes et tous. Mais il est le reflet de la dure réalité du monde du travail qui privilégie les dividendes au détriment des personnes laborieuses.... Je vous souhaite une bonne journée et la joie de découvrir une pépite littéraire que nous partagerons…

( 23/03/2024).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
Commenter  J’apprécie          170
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Reçu ce livre dans le cadre de l'opération " masse critique " . merci donc à babelio ainsi qu'aux éditions du Seuil .



Petit livre de 150 pages qui n'est pas un roman mais le récit , hélas véridique de la démolition mentale d'une ouvrière syndicaliste du groupe UPSA . L'émotion du lecteur grandit au fil des pages et des mésaventures de cette femme dans la défense des conditions de travail des autres salariès .



L'écriture est sobre , sans misérabilisme malgré l'effondrement du mental de Laetitia Storti qui finira par en venir au suicide .



Ce livre m'a d'autant plus touché que j'ai moi-même eu des responsabilités syndicales et ai retrouvé dans ce récit toute l'inhumanité dont peuvent être coupables les DRH d'entreprises .



Laetitia croisera sur son chemin le cinéaste Stèphane Brizé qui pour les besoins de son film "En guerre " recherchait des figurants non acteurs professionnels . Elle y fera la rencontre de Vincent LIndon et de l'auteure de ce livre .



Lecture très émouvante dont je recommande la lecture de ce moment de lutte sociale qui anéantira cette femme modeste d'origine italienne .





Commenter  J’apprécie          190
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Une grande tristesse en refermant ce livre. Anne Plantagenet retrace le calvaire de Letizia Storti, employée depuis trente-cinq ans chez UPSA. J'ignorais qui était Letizia Storti, son action syndicale, sa participation en tant que figurante dans le film « En guerre » de Stéphane Brizé. J'ignorais le destin tragique de cette femme blessée affichant un optimisme et une vitalité masquant une souffrance profonde. Ce livre court mais intense nous plonge dans une entreprise aux méthodes de management kafkaïennes, en dépit des alertes des salariés et syndicats. Par ce récit poignant, je découvre cette auteure qui décrit de manière très sobre, avec force détails, comme pour mieux imprégner le lecteur, tout ce qu'a traversé Letizia Storti. Une anonyme, une invisible, et en parcourant le net on trouve en effet peu de choses... dont le souvenir se résume malheureusement à ce titre glaçant, « Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans ».

Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre que je recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anne Plantagenet (551)Voir plus

Quiz Voir plus

Cannibale

Dans quel lieu Gocéné et ses compagnons sont-ils emmenés ?

En Allemagne à Berlin.
Dans un zoo en Australie.
A l'Exposition Coloniale à Paris.
En Suède dans un parc d'attractions.

10 questions
997 lecteurs ont répondu
Thème : Cannibale de Didier DaeninckxCréer un quiz sur cet auteur

{* *}