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Critiques de Anne Weber (26)
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Vaterland

De passage à Poznan où elle voyage sur les traces de son arrière-grand-père, un pasteur allemand parti s'installer en Pologne à la fin du 19ème siècle dans le cadre de la germanisation des Marches orientales de l'Empire, la narratrice échange quelques mots de polonais avec un couple. Le mari lui répond par les quelques mots d'allemand qu'il a retenus : "Hände hoch ! Nicht schiessen ! Verfluchte polnische Schwein !

Annette Weber nous raconte dans son livre la difficulté de trouver son identité quand on doit porter à la fois le passé de son pays et celui de sa famille. Petite-fille de nazi, ce n'est pas le destin de son grand-père qui l'intéresse. Elle enquête sur le père de celui-ci afin d'établir s'il y a une filiation idéologique entre ses deux aïeux.

Le cheminement intellectuel de Florens Christian Rang, l'arrière-grand-père, est pour le moins déroutant. Que faire pour une arrière-petite-fille de propos qui dénoncent de façon on ne peut plus explicite ce qu'on appellerait aujourd'hui l'acharnement thérapeutique des "malades mentaux" ? Surtout quand on sait à quels crimes ils ont mené. Comment considérer un homme qui se réjouit d'en découdre en

1914 au point de se porter volontaire à un âge déjà avancé ?

Comment concilier cette ardeur guerrière avec l'intellectuel qui fréquente Walter Benjamin dans les années 20 ?

Le livre d'Annette Weber est un long cheminement semé de découvertes et d'interrogations. Très touffu, un peu brouillon, truffé de citations et de flash-backs qui désorientent le lecteur, il atteint son rythme de croisière dans la seconde partie au fur et à mesure que se dessine avec nuance la figure du patriarche.
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Annette, une épopée

Ce livre me frappe pour trois particularités: l'histoire vraie de la résistante française Annette Beaumanoir, le style d'écriture et le point de vue narratif de l'auteure franco-allemande Anne Weber (née en 1964). Pour commencer par le premier : s'il est vrai que l'auteur a accidentellement croisé Beaumanoir alors âgée de 96 ans et a commencé à écrire l'histoire de sa vie, alors c'est un fait extraordinaire. Car la vie d'Annette ressemble à un film : jeune fille, elle a fait partie de la résistance française contre les nazis, a sauvé plusieurs juifs contre les directives de ses supérieurs communistes, a joué un rôle dans la résistance clandestine dans le sud de la France, et puis aussi une remarquable rôle dans la lutte algérienne pour l'indépendance contre la France, et les premières années après cette indépendance. L'auteur Weber décrit tout cela de manière très obsédante, mais aussi avec une certaine distance.



Et cela nous amène à la particularité la plus particulière de ce livre : il n'est pas écrit en phrases en prose, mais en vers libres. Ça parait un peu étrange au début, et il manque parfois la musicalité que vous attendez de la forme du couplet, mais cela fonctionne, en particulier dans les scènes d'action, qui obtiennent une sorte de effet saccadé. Et bien sûr, cela correspond à la nature épique de l'histoire.



Plus spéciale encore est la relation entre l'auteur et l'héroïne, du point de vue narratif. Anne Weber est la narratrice omnisciente, avec une admiration manifeste pour Annette, mais aussi une distance critique. Dans une sorte de ‘voice off’, ses vers parfois expriment une critique prudente de la position d'Annette : comment elle n'a pas vu comment la résistance était manipulée par de grands hommes (De Gaulle, par exemple), comment elle n'a pas vu comment derrière la lutte Algérienne pour l'indépendance se trouvaient aussi des motivations financières (même par des antisémites), et comment elle est restée aveugle à la lutte de pouvoir entre les grands hommes après l'indépendance (Ben Bella, Boumedienne, Bouteflika, etc.). Et pourtant Weber indique aussi comment Annette avait un penchant naturel pour l'action et le danger, qui l'a même poussée à abandonner son mari et ses trois enfants. Mais Weber est doux pour Annette et précise que son engagement parfois risqué était fondamentalement idéaliste : sauver des gens, qu'ils soient juifs, algériens ou malades (Annette était médecin de formation), restant presque consciemment aveugle à la situation globale, et presque toujours en payant le prix. Ce faisant, elle a fait d'Annette une héroïne féministe contre son gré.



La lecture de ce livre était pour moi une expérience ambivalente : fascinée par le sujet, bien sûr, mais aussi aux prises avec le style d'écriture (en partie parce que je l'ai lu dans l'original allemand), et parfois aussi frustrée par le ton un peu trop moralisateur. Soit dit en passant : Annette Beaumanoir est décédée en mars de cette année, à l'âge de 98 ans.
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Annette, une épopée

"Car résister résulte, comme la plupart des choses qu'on fait, non pas d'une décision qu'on prend une fois pour toutes mais d'un glissement pour ainsi dire imperceptible, progressif, vers quelque chose dont on n'a pas encore idée."



Annette, une épopée est un chant, au sens antique du terme. On chante le héros, ici l'héroïne, en vers libre. Pour souligner sa force, sa bravoure et conter ses aventures. Une forme déstabilisante sur les quinze premières pages mais dont le rythme nous embarque. Et très vite, les retours nombreux à la ligne nous bercent plus qu'ils nous gênent.



Des aventures, Annette en a vécu de nombreuses. Sans vraiment l'avoir décidé. Toute jeune fille à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, elle va s'engager politiquement comme on fait de la prose, sans le savoir. Au fil des actes de résistance, elle en prend conscience. Elle agit dans une sorte de flou qui la protège (elle ne connaît que de loin ses interlocuteurs au Parti, change régulièrement de point de chute...) et pourtant avec une acuité essentielle. Un homme derrière un journal peut cacher un camarade. Ou un collabo. Annette suit les règles du jeu, elle les enfreint aussi, quand l'amour frappe à sa porte. Et quand elle décide de sauver deux enfants juifs. Sans le décider vraiment encore une fois. La raison n'a plus sa place, il faut agir au rythme accélèré des battements de son cœur. La guerre lui prendra beaucoup, elle ne saura pas bien comment reprendre une vie normale après ça. Et le glissement en résistance va s'accentuer. Elle prend à bras le corps le parti de l'indépendance de l'Algérie, s'expose, s'exile... Une vie de combat. Camus n'est pas loin.



Les héros sont bien plus grands quand ils ne savent pas qu'ils sont héroïques. Quand ils sont étonnés des lauriers que l'on pose sur leur tête. Anne Weber dans ce texte dit avec beaucoup de justesse l'histoire d'Annette. Avec pudeur aussi. Pas de violence soulignée, quand c'est trop, elle écrit un simple "Pause". L'indicible restera derrière ce mot. Notre imaginaire est bien capable de faire le reste du chemin.

Annette n'imaginait pas de piédestal, Anne Weber lui en fait un à sa mesure. Un chant, une épopée pour l'héroïne inconnue.



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Annette, une épopée

L'épopée c'est la vie d'Annette, ou plutôt, disons son nom en entier - il n'apparaît qu'une fois dans le livre à la toute première ligne - : la vie d'Anne Beaumanoir. Née en Bretagne, issue d'une famille humble et engagée, à peine sortie de l'enfance elle devient militante communiste et elle rejoint la Résistance. Elle sauvera des enfants juifs.

Après guerre elle deviendra médecin et rejoindra le FLN dans sa lutte pour l'indépendance de l'Algérie.

Sa vie militante se poursuivra jusqu'à sa vieillesse au dépends de sa vie familiale.

Une vie exemplaire, admirable, sans concession, sans faux pas.

Le livre est écrit avec simplicité, le récit est clair, rapide, informé à la meilleure source : Anne elle-même. Pour ceux qui connaissent cette période, il n'apporte aucun élément nouveau, sinon le portrait d'une femme d'exception.
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Annette, une épopée

J’ai lu ce livre après avoir aimé la critique; mais le style m’a déconcerté malgré tout; j’ai eu l’impression que cela « dépaysait » l’histoire d’Annette.



Comme de la science fiction sans un repères spatio-temporel. Cela décale l’histoire et l’Histoire. Sans doute pour la mettre en valeur.



À relire peut-être un peu plus tard.

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Annette, une épopée

Oui, une épopée, narrée avec une vraie intelligence d'écriture. Nous sommes avec cette femme singulière, portée par son idéalisme, et ce qui est formidable, par toutes les interrogations qui l'accompagnent. Remarquable !
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Annette, une épopée

La vie d’Annette Beaumanoir racontée par Anne Weber. Annette une jeune bretonne a 17 ans quand débute la seconde guerre mondiale. Sans hésitation, elle s’engage dans la résistance clandestine active au sein du parti communiste. Elle doit alors quitter sa Bretagne, changer sans arrêt d’identité, ne rien révéler d’elle à ses camarades de combat. Elle aimera cependant Roland. Elle parcourra la France, jeune fille à l’air innocent qui porte des courriers, transporte des paquets. Elle n’hésitera pas à prendre en charge deux jeunes juifs menacés. La victoire arrive, retour à la vie civile. Elle termine ses études de neurologue, se marie avec Jo médecin comme elle. Deux enfants vont naître. Lorsque les algériens prennent les armes pour se libérer en 1954, elle s’engage auprès d’eux contre les oppresseurs qui sont maintenant les français.

Une vie de roman, une vie d’engagement avec les sacrifices inévitables, une vie de femme étonnante pour les femmes de ces années.

Outre la vie d’Annette passionnante, éclairante, l’écriture d’Anne Weber est très agréable. C’est comme un regard complice d’une femme plus jeune, c’est fluide.
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Annette, une épopée

Le titre l'annonce, ce récit est une épopée. Peut-être pas au sens où ce terme est généralement admis. Anne Weber renouvelle le genre par son style et sa narration. Vie exceptionnelle d'Annette, bien sûr, mais qui interroge sur la nécessité de l'engagement.
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Annette, une épopée

Au début, le style littéraire sec aux phrases courtes peut surprendre. Il s’agit en fait d’une épopée alors que l’Histoire est grave. Le rythme saccadé et poétique peut être comparé à la vitesse à laquelle Annette veut à tout prix sauver des Juifs, rentrer en résistance, découvrir le monde et avant tout faire avancer une cause et des principes qui sont l’égalité et la justice.
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Annette, une épopée

Je commence ce livre après avoir lu une bonne critique...Page 11, 3 ème ligne :"Cette grand-mère deux, Annette ne la rencontre pas...."

"Grand-mère deux ?" Peu élégant ! C'est volontaire ? Je continue la lecture.. Lecture terminée...Les tribulations de cette femme exceptionnelle sont passionnantes..On reste un peu sur sa "fin" ! Moins enthousiaste en ce qui concerne l'écriture.."Elle commence à lorgner du coté du PC. C'est un parti -avant d'être un ordinateur comme aujourd'hui" ? Mais aussi des passages émouvants ..Lorsque le terme "PAUSE" évite de décrire l'indicible...
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Annette, une épopée

Anne Beaumanoir, dite Annette, est une jeune femme au parcours atypique, sinueux et riche en rebondissements de toute nature : elle entre dans la Résistance à dix-neuf ans, sauve deux adolescents juifs au mépris de la discipline de groupe. Elle participe à des actions à Rennes, Paris et Lyon. Pour finir, elle prend part à la libération de Marseille, avant de s’engager pour l’indépendance de l’Algérie, pays qu’elle rejoint lors de l’indépendance en 1962. Elle participe au premier gouvernement de Ben Bella avant de fuir lors du coup d’Etat de Boumédiène en 1965.

Ce destin, Anne Weber a pris le parti de le restituer au lecteur de son roman sous la forme d’une radiographie en direct du comportement d’Annette, de la dissection de ses motivations. Ainsi, de la définition de l’acte de résister : « Car résister résulte, comme la plupart des choses qu’on fait, non pas d’une décision qu’on prend une fois pour toutes mais d’un glissement pour ainsi dire imperceptible, progressif, vers quelque chose dont on n’a pas encore idée. »

Toutes les étapes de sa vie sont remises par l’auteure en perspective, reliées aux circonstances, à la notion de devoir, d’impératif. Fréquemment, Anne Weber apostrophe son héroïne, la morigène, l’apostrophe, tout en lui témoignant au final une sympathie complice et chaleureuse. A propos de son propre enfant, Annette doit choisir : « Il sera perdu ou sacrifié puisqu’il y a un temps pour tout, un temps pour avoir des enfants, un temps pour résister ; les deux ne peuvent se concilier. »

Enfin, la dernière partie de son parcours, son séjour en Algérie, engendre de grosses déceptions : Après les espoirs démesurés, les découvertes cruelles : on torture aussi dans l’Algérie indépendante, l’indépendance ne profite pas aux femmes ;l’auteure interroge encore Annette sur les justifications de son engagement et semble lui donner quitus : « Mais ce n’est pas pour ces gens-là, ces gens précis ,nous diras-tu, mais pour faire avancer une cause et des principes qui sont l’égalité et la justice, c’est pour une fin, et cette fin-là, il n’y a rien à y redire, Annette ! »

Ce roman apparaît alors comme un remède contre le cynisme, un hommage à l’ironie bienveillante mais toujours interrogative déployée par Anne Weber.

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Saint François d'Assise

Cette biographie de GK Chesterton sur Saint-François d'Assise ne ressemble en aucune façon à une biographie classique. Loin du travail rigoureux d'un historien, cet ouvrage tient plus de l'essai littéraire que du documentaire. D'ailleurs, toute impartialité est mise de côté et c'est à un véritable panégyrique que se livre l'auteur. Ce dernier digresse beaucoup, ne livre jamais ses sources et son propos y est clairement orienté. De nombreuses caractéristiques qui rebuterai le moins sérieux des historiens. L'époque de sa rédaction (1923) joue évidemment mais n'excuse pas tout non plus.





Pourtant, on se prend au jeu. On se laisse facilement porté par l'enthousiasme et la passion de Chesterton. Son style (et la traduction) vont dans ce sens malgré quelques redondances. Il fait revivre François d'Assise et lui rend un bel hommage à travers ce court livre.





A lire avec un esprit critique et/ou avec quelques connaissances de base sur le sujet
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Saint François d'Assise

Comme à son habitude, GK Chesterton livre une ouvrage aéré, joyeux et profond. Cela ne pouvait pas mieux convenir à Saint François d'Assise ! Sans être une biographie scrupuleuse, l'ouvrage survole gaiement et heureusement la vie du Poverello, soutenu par la plume du "père du Père Brown" : les renvois aux réalités contemporaines sont fins, on traverse les grandes étapes de l'existence terrestre de Saint François avec délectation et émotion. Et, l'air de rien, on est plongé dans l'Ombrie du XIIIème siècle.

Du grand, beau et si juste Chesterton, au service du bouleversant saint d'Assise.
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Vallée des merveilles

Relecture.

La première lecture m'avait semble-t-il davantage enchantée que la seconde.

Là je me suis ennuyée. Très hermétique pour moi comme si l'auteure écrivait pour elle-même. J'étais trop souvent amenée en dehors du livre par des pensées, ...

Je n'ai rien retrouvé de ce qui m'avait plu à la première lecture.

Comme je peux changer !
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Vallée des merveilles

Un beau texte, tout en ruptures, finement orchestré.
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Kirio

Personnage solaire, mettant partout en lumière ce que le monde a de gris, Kirio se raconte. Le lecteur saura-t-il lui dire qui il est ? Anne Weber, intelligente et drôle.


Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Vaterland

Vaterland est un livre admirable de justesse et d'interrogations. On peut le lire de différentes manières : comme une réflexion épistémologique sur l'histoire, comme une recherche de la faille intergénérationnelle, comme une espèce de règlement de comptes avec un grand-père nazi, voire un père trop silencieux, comme la recherche de l'idée qui mène au désastre de l'holocauste...

Partie à la recherche de son arrière grand-père qu'elle nomme Sanderling, l'auteure rencontre une Allemagne vindicative mais aussi un être complexe - ce fameux arrière grand-père ami de Walter Benjamin - qui finira par donner une grande leçon d'humanisme..

Ce livre je le conseille à tous les étudiant(e)s en histoire : il livre une véritable pensée de l'épistémologie de l'histoire.
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Vaterland

« Entre les générations passées et la nôtre existe un rendez-vous mystérieux : le passé réclame une rédemption, il exige que nous répondions à cette attente »..Walter Benjamin.

Vaterland, entre ces mots des pas, des visages, des écrits, des trains, des silences et des noms.

C'est écrit, ...était ce déjà écrit ? Écrit quelque part, écrit dans une image, une phrase, comme il serait écrit dans les gènes ? Anne Weber va à la rencontre d'un passé. Un pont plus loin. Un pont avant.

Un pont plus loin , au « village » d'avant la seconde, avant la nuit et le brouillard .

Elle s'interroge, interroge les lieux, interroge ses liens. Être allemande. Quelle identité peut on porter, peut on accepter, quelque responsabilité doit on assumer , de quelle culpabilité se voit on chercher ? Quel patrimoine, quel héritage ? Entre culture, identité, nationalité, communauté, individualité, et liberté quelles sont les lignes et courbes qui dessinent le visage d'un peuple ?

Un peuple, une nation, une patrie, une langue, une culture, un nom, une famille. Comment se définir, comme définir l'autre ? Être allemand, être européen, comment trouver sa place ?

Récit au message d'espoir que celui d'Anne Weber qui refuse le fatalisme de l'histoire.

Non cela n'était pas écrit, non on ne naît monstre, on ne naît pas saint. Il n'y a pas de peuple

maudit, il n'y a pas de peuple de vainqueurs . Ni par naissance, ni pas essence.

Il n' y a que l'homme et sa conscience , l' homme et son libre arbitre, l'homme et son choix. C'est dans la difficulté de cette liberté que réside notre éthique. Si l'hérédité est parfois génétique, l'éthique, elle, concerne l'individu. Le lieu de sa conscience. Voilà peut être la seule terre envisageable, vivable pour les humains. Sa conscience , son enfer, son paradis, son jardin aussi.

Un récit qui n'est pas direct, qui est à l'image du cheminant qu'à du opérer l'auteure pour rejoindre la rive. A contre courant, remonter les flots troubles et violents de l'histoire, un pont plus loin, un pont avant. Avant qu'un chaînon de l'histoire ne vienne briser l'alliance du monde.

Un récit nécessaire dans une Europe qui semble ne plus vouloir retenir les leçons de son histoire. Alors qu'elle le peut.

Un peuple qui oublie son histoire est un peuple condamné à la revivre éternellement écrivait celui que l'on nommait K Marx, ou Churchill, ou Gandhi , peu importe son nom, cela fut dit, voilà ce qui importe, un pont avant. En conscience, cela fut dit pour nous rappeler que cela n'est jamais écrit.

Une identité....un droit, un devoir ? Cela devrait être un choix. Une conscience avant tout. Une éthique. L'idée d'un pays naît dans un esprit. Une loi, cela s'écrit, cela s'efface un homme se définit par ce qu'il vit, c'est ce qu'il vit qui le fait être. Un homme ça ne s'efface pas, quelque soit l'histoire, c'est une vie, alors elle écrit. L'espace d'une vie, cela dépasse l'imagination de n'importe quel pays.



Astrid Shriqui Garain



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Vaterland

Je dois dire d'abord que beaucoup de choses m'ont échappé dans ce livre, je n'ai pas tout compris sur la philosophie de l'histoire et de la germanitude. Cela n'empêche pas cependant que je l'ai trouvé vraiment intéressant (et prenant, ), soulevant des questionnements très forts, irrésolus même si on n'est pas allemand. D'autant plus que la réponse d'Anne Weber, ou en tout cas sa tentative de réponse, est toujours dans la nuance, dans le doute, dans la remise en question. Elle y mêle une subjectivité qui l'implique totalement en tant qu’elle-même, mais qu'elle arrive toujours à chasser d'un coup de raison.



Anna Weber est née enfant naturelle, et pour cela, ses aïeux ne se sont jamais intéressés à elle. Ceci a longtemps expliqué, croyait-t-elle, qu'elle-même ne s'intéresse pas à eux, particulièrement à cet arrière-grand-père pasteur et philosophe, Florens Christian Rang, ami de Buber et Walter Benjamin.



Tardivement, alors que son père dans son grand âge verbalise enfin son questionnement sur l'histoire du troisième Reich et la culpabilité qu'il en porte sur les épaules, Anne Weber se met à porter son intérêt sur cet aïeul, voire sa sympathie. Elle découvre alors que ce qui l'empêchait de se porter vers lui était peut-être, aussi, une appréhension à fouiller dans les « grands monts » constitués des cadavres des victimes du nazisme, qui sont encore tout chaud, et, par ce biais, à découvrir que son grand-père (fils de Florens Christian.) était un nazi, un vrai.



Le rapport avec ce grand père nazi, émerge peu à peu au fil des découvertes, alors même qu’elle fait tout ce qu'elle peut pour le « sauver », lui trouver des excuses, lui prêter une tiédeur, qu'il n'avait pas, cacher/ne pas cacher le résultat de ses recherches à son père vieillissant (son père à elle, le fils du nazi). Elle se demande de quel droit elle le « dénonce ». Évidemment ressort le questionnement infini de la responsabilité des fils, cette espèce de damnation du peuple allemand sur mille générations.



Quand elle revient à l'arrière-grand-père, elle se méfie de la distorsion qu'apporte son œil contemporain dans l'interprétation de l'histoire, d'une part du fait de l'évolution des mœurs et des mentalités, mais aussi du fait de connaître les événements historiques qui ont suivi. L'interprétation des faits et gestes de la génération d'avant est forcément pervertie par le savoir du génocide : préparé ? annoncé ? Les pères eux aussi ont sans doute une responsabilité là-dedans.



L'un de ses objectifs est de rechercher d'où est venu le nazisme, ce que le génocide implique pour les Allemands des générations suivantes, sur la façon dont on les regarde. Anne Weber est traductrice, elle écrit ses livres en allemand et les traduit en français. Elle connaît le poids des mots, elle sait ce qu'on peut leur faire dire si on les manipule. Elle les utilise avec une grande prudence, et, tout en mettant une belle empathie dans son récit, elle n'en oublie jamais la rigueur.
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Vaterland

L’auteur tire de l’oubli son arrière-grand-père, philosophe, qu’elle surnomme « Sanderling », du nom d’un bécasseau auquel il lui fait penser, ainsi que ses amis Walter Benjamin et Martin Buber. Elle les suit dans la Prusse d'avant la Première Guerre mondiale et jusque dans un village près de Poznan où il fut pasteur quelques années durant. Mais, sur le chemin qui la mène vers cet homme pétri de contradictions, ne cesse de se dresser un gigantesque obstacle : la suite de l'histoire allemande et familiale après la mort de Sanderling en 1924.Être allemand, être né allemand, qu'est-ce que cela signifiait il y a un siècle, et qu'est-ce que cela signifie aujourd'hui?

Vaterland n'est ni un roman ni un livre d'histoire , plutôt une quête personnelle , un récit qui avance au gré des rencontres de la narratrice. La fin, qui se déroule en Pologne, est très belle , poétique et pleine d'espérance.
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