Citations de Annelise Heurtier (511)
Il faut que je sois moins exigeante avec moi-même.
Aujourd'hui, tout a changé. Entre les pages d'un mystérieux carnet rouge, je viens de découvrir une vérité que je n'aurais jamais pu imaginer
J'avais envie de hurler au monde entier ce que je voyais là, d'inonder de mails tous les gens que je connaissaient pour leur dire que des petits de 5 ans dormaient dans des tunnels et qu'eux, dans leurs canapés achetés en cinq fois sans frais, étaient des égoïstes, des salauds.
Molly avait grandi dans le rejet et le mépris des Blancs, au mieux dans leur indifférence, mais jamais elle n'avait cru devoir faire face à une telle concentration de brutalité. C'était tout simplement ahurissant.
Étonner l’autre avec un peu de soi. Le bousculer. Le guider vers l’inconnu, là où il n’irait pas tout seul.
— Mathilde ! Comment il faut te le dire ? T’es. Pas. Grosse ! Des tas de filles rêveraient d’avoir ta silhouette ! Tu crois pas que ça suffit, mainte- nant ? Ton régime, ça vire à l’obsession. Tu me fais flipper, là. Et puis ça devient chiant, tu ne parles plus que de ça ! Depuis quand on s’est pas tapé de fou rire, toi et moi ? Franchement, t’es pas marrante en ce moment !
Je cours et j'aime ça, quitte à passer pour une fille étrange qui préfère s'entraîner au stade ou disparaître dans les sous-bois plutôt que d'aller respirer l'air immobile et tiède du centre commercial. Ça m'est égal.
Ils avaient beau faire partie de quelque chose de grand, de juste, quelque chose qui les dépassait, il n'en restait pas moins que, maintenant, c'était à eux seuls de se lancer. A eux de le vivre.
Alors je vais imprimer ces pages, et je vais trouver le courage de te les donner, parce que je sais que tu sauras les recevoir pour ce qu'elles sont dans le fond, un témoignage d'amour et de reconnaissance, quelles que soient les éventuelles tâches sombres de ta vie, quelles que soient les raisons que tu as de vouloir les dompter.Un témoignage de reconnaissance, pour m'avoir permis de réaliser ce voyage. A la rencontre de Bakar, Franck, Simon et Oyanza, à la rencontre de Mukshuk et de ses yeux d'orage. A la rencontre de moi-même. Parce que c'est là-bas que je me suis trouvée, là où naissent les nuages.
Les conseils de Mamie résonnent
aux oreilles d'Hinatea.
Sourire. Raconter une histoire.
Faire vivre ces gestes hérités des anciens.
Hinatea a oublié les yeux qui la jugent,
elle ne pense plus à l'examen.
Hinatea frappe le sol de ses pieds.
Hinatea est heureuse de danser.
Livre plutot interressant avec une histoire d'esprit.
La stupidité était la chose la mieux partagée au monde.
p.83
Au bout du sentier qui menait à la maison, Mila posa le pied à terre. Droite ou gauche ? Ruelles pavées ou falaises giflées par le sirocco ? Elle réfléchit quelques instants sur la direction à privilégier.
La veille, elle avait roulé le long de la côte sud, qui alternait les promontoires dentelés et les criques profondes, jusqu’à atteindre la plage des lapins. On la disait être une des plus belles du monde, et Mila était d’avis que la réputation n’était pas usurpée. Il s’agissait d’une petite plage à laquelle on ne pouvait accéder qu’après un quart d’heure de marche, et en dépassant les cohortes de vacanciers dont les visages luisaient sous le soleil, Mila s’était à nouveau félicitée d’avoir pu obtenir un vélo, même celui-là.
La plage était étonnement fréquentée, bien plus que dans le souvenir qu’elle en avait gardé.
Tous les vacanciers semblaient s’y être rassemblés : des familles, des couples enlacés, des enfants couverts de sable de la tête aux pieds. Mila avait louvoyé entre les parasols publicitaires et les crocodiles gonflables, admirant le paysage tout en se brûlant délicieusement la plante des pieds.
A quelques centaines de mètres se dressait le fameux îlot qui donnait son nom à la plage, immense rocher comme posé au milieu du turquoise de la mer pour la seule distraction des plaisanciers.
[…] Mila se remit en selle. Pas de plage surpeuplée cette fois-ci. Elle opta pour la direction opposée. Aujourd’hui, elle longerait la falaise de la côte nord, qu’elle savait plus farouches, plus tourmentées.
La chaussée goudronnée serpentait au milieu d’un plateau de calcaire recouvert de touffes de végétation rase. L’ambiance était différente de celle qui régnait au sud. On disait cette côte désertique. A l’inverse, Mila trouvait qu’elle était pleine de vie. Elle s’arrêta, posa son vélo à terre et s’accroupit pour mieux observer le sol. Les buissons épineux qui, à travers la pierre, trouvaient à se hisser vers la lumière. Les disparitions furtives des lézards dérangés par son arrivée. Les fuchsias, les orangés des fleurs qui s’épanouissaient sur les aréoles de certains cactus, délicates étoiles comme déposées par erreur au milieu des épines. L’odeur du vent. La texture de la terre qu’elle écrasa entre ses doigts. Le cri des mouettes, qui annonçaient qu’au-delà des falaises commençait le règne de la mer.
Mila se releva, grisée par l’intensité de ses sensations.
Elle plissa les yeux : au loin, elle distinguait les voiles claires des bateaux de plaisance qui gravitaient autour de la côte. D’où venaient-ils ? Certains avaient peut-être déjà fait escale dans les ports d’Asie ou d’Afrique avant d’atteindre Lampedusa.
Personne, à part eux neuf, ne pouvait savoir ce que c'était d'avoir quinze ans et d'être humilié à longueur de journée. De se sentir si... inférieurs. Et d'être seuls.
La vie c'était à nouveau fracassée sur l'île du Salut.
Alors qu'elle parsemait ses flocons d'avoine de quelques raisins secs, la jeune fille remarqua, mi-amère, mi-amusée, qu'ils passaient aussi inaperçus que neuf Noirs au milieu de deux mille cinq cents Blancs.
Elle reprit une poignée de raisins secs et les laissa tomber dans son bol. Pourtant, plus il y en a et meilleur c'est, n'est-ce pas ?
Peut-être que tout cela ne faisait que commencer. Peut-être que le jour viendrait où les Noirs pourraient assister aux mêmes spectacles que les Blancs. Peut-être que les piscines leur seraient ouvertes toute la semaine, et pas seulement la veille du nettoyage. Qu'un chanteur noir aurait le droit de faire swinguer une femme blanche sans être boycotté. Qu'il serait permis de se marier en mélangeant les couleurs.
- Et peut-être même qu'un jour il y aura un président noir à la Maison Blanche ! s'enflamma-t-elle devant son miroir. p.105
- Il va falloir sortir du lycée. Les cours ont lieu dehors sur le terrain de sport. Je vais t'y conduire. Dépêche-toi et tâche de ne pas te faire remarquer.
Ne pas se faire remarquer ? Dans sa tête, Molly s'entendit rire comme une forcenée.
Je n'étais pas une divinité, je lui prêtais simplement mon enveloppe corporelle.
Pourquoi était-ce au moment de quitter certaines personnes que l'on réalisait à quel point on les aimait ?