AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Annie Bruel (120)


Annie Bruel
Annie Bruel, ancien professeur à Nice et à Draguignan, a longtemps vécu en pleine nature dans un hameau du haut Var. Après La Colline des contrebandiers, Le Mas des oliviers, Les Géants de pierre, Marie-Marseille et Jean du Casteloun, Les Amants de Malpasset est son sixième roman paru aux Presses de la Cité dans la collection Terres de France .
Commenter  J’apprécie          130
Tout en traversant l’air doux de Provence, il avait eu le temps de voir au-delà de l’horizon l’aube à peine naissante alors que, sur le Malay, c’était encore la nuit. De si haut, un seul regard lui avait suffi pour contempler à la fois la montagne, les collines et la mer sous la lumière finissante des étoiles. Cela avait été sa plus belle traversée de ciel. Il avait été immédiatement fasciné par ce fantastique petit bout de terre.
Commenter  J’apprécie          110
Nice n'était, à cette époque, qu'un petit bourg discret, enfoui entre son rocher, la mer et son fleuve, le Paillon caillouteux, qui ne devenait torrent impétueux qu'à la fonte des neiges. Dédale de ruelles étroites et sales dans lesquelles piaillait tout un peuple miséreux de pêcheurs, le Nice de ce temps-là n'était pas encore célèbre. Il n'était apprécié que de quelques aristocrates anglais fuyant les brumes londoniennes et dont les villas formaient une petite enclave très "britannique" dans le quartier de la Croix-de-Marbre. Le peuple niçois se tenait à l'écart de cette colonisation saisonnière.
Commenter  J’apprécie          92
André, qu'on appelait Dédé , était un beau gaillard à l'intelligence destructrice, Gédéon, qu'on appelait Gégé, un gros poupon parfaitement niais. Cet après-midi là, après s'être observés puis affrontés corps à corps sur la terre sèche et pierreuse, ils se découvrirent tels qu'ils étaient, l'un tyran, l'autre soumis, et une singulière amitié, aussitôt, les rassembla. A l'école où ils s'assirent sur le même banc, Dédé passait son temps à tourmenter ses condisciples tandis que Gégé subissait béatement représailles et punitions.
Commenter  J’apprécie          70
Il existe en Provence toute une multitude de village agrippés aux reins d'une roche et dont les maisons hautes et frêles se pressent le long de torrentueuses ruelles. Il en est d'autres nichés dans l'étroit contrefort d'un mamelon boisé, d'autres encore paisiblement enroulés autour d'un vieux château ou d'un clocher.
Mon village, lui, s'étale si langoureusement sur une cassure faite à la montagne qu'il semble, tel un chat, se prélasser au bord d'un vaste palier.
Commenter  J’apprécie          70
Gasparine aimait à se souvenir. Assise à l'ombre du tilleul, elle babillait en souriant aux anges comme pour les remercier de ces moments d'abandon qui raccourcissaient de leur douce saveur ses longues journées de solitude.
J'aimais l'entendre à l'infini. Aucun livre ne serait assez long pour y consigner tout ce qu'elle m' appris. Trésor d'instants oubliés mais prestement réapparus dès qu'elle narrait de sa voix douce et chantante les multiples mésaventures qui, mises bout à bout, avaient fait l'histoire de sa vie.
Commenter  J’apprécie          50
Le jour qui suivit celui de ma communion, mon père décida que je n’irais plus à l’école. J’en fus désolée car j’aimais l’école. Pour le peu que j’y étais allée, j’avais beaucoup appris. En y allant le matin, dans les bois, j’apprenais mes leçons. Je regardais mon livre d’un œil et de l’autre le chemin. Quand j’arrivais, je savais tout par cœur et la bonne sœur m’en faisait souvent le compliment.

Chapitre 4
Commenter  J’apprécie          40
De mes calculs, je déduisis que j'avais une demi-heure devant moi. Je filai aussitôt dans la grange, à l'insu de tous - du moins me l'imaginais-je - avec un nouveau livre intitulé "Les Voyages de Gulliver".
Raisonnablement, je décidai d'en lire cinq pages, pas plus, juste pour avoir quelque chose de bon à sucer pendant que je soulèverais le fumier.
Enfoui dans la paille craquante, en dessous du fenestron qui donnait un peu de clarté, j'ouvris mon livre et, dès les premières lignes, je filai hors du temps pour me perdre dans l'espace.
Mais l'histoire traîtresse accumulait mille détours. Mon ami Gulliver, trop pointilleux dans son récit, tardait à mettre en train. Les pages tournaient toutes seules... Quand soudain le naufrage fut là, accablant, je ne trouvai plus un instant de repos. Quand mon malheureux ami échoua sur l'île de Lilliput, j'en fus tellement surpris que je décidai d'aller un peu plus en avant pour ne pas rester ignorant devant tant de mystère, un mot encore... une phrase... une page...
Commenter  J’apprécie          40
Et voilà comment est né notre petit Camille. Sous le mûrier, entre deux bombes. Un rayon de soleil qui passait entre les feuilles a caressé sa tête juste quand elle sortait.
Qu’il était beau ce petit ! Mon petit-fils, vous ne pouvez pas vous le figurer. Un ange, tout brun et doré comme le pain. Un amour de petit garçon ! Le Vincente qui ne valait rien nous avait donné le plus bel enfant du monde. (...)
Chaque jour Blanche et moi nous nous régalions à le prendre et à le caresser. Mais sa mère tout de même, rien, pas un regard, pas un baiser, pas un sourire. C’était comme si ce n’était pas le sien. Pire : comme s’il n’existait pas !

Chapitre 18
Commenter  J’apprécie          30
Quand on vient du village par le grand chemin – celui des charretons –, la première maison que l’on rencontre est une toute petite maison avec des volets bleus et un escalier de pierre qui monte le long du mur jusqu’à la dernière porte tout en haut : celle de la grange.
C’est là que vivent les deux bonnes cousines dont je vous ai déjà parlé : Clémentine et Honorine. Elles sont veuves toutes les deux depuis la guerre d’avant et vivent de rien, de leur petite pension, de quatre poules et du jardin.

Chapitre 20
Commenter  J’apprécie          20
Quand Anaïs eut sept ans, le jour même, Justine est morte. Comme ça, sans rien dire, sans déranger. Elle est morte dans son lit, en dormant. La mort des braves gens, la mort la plus belle, celle qui console ceux qui restent, si c’est possible toutefois.
La peine que j’en ai eu, vous ne pouvez pas vous la figurer. Justine c’était toute ma famille. Mon père, ma mère, elle avait tout remplacé. Il n’y avait qu’elle qui écoutait mes peines. Avec elle seule je pouvais parfois parler de Marius. Elle était bonne et dévouée comme personne au monde. Toujours à dire les paroles qui aident et à taire les mauvaises. Elle se moquait, riait mais l’instant d’après, elle donnait sa chemise si vous la lui demandiez. Souvent, le dimanche, elle venait, appuyée sur sa canne à cause de sa mauvaise hanche, me rendre visite au hameau. Nous parlions des heures entières, elle caressait mes enfants, leur faisait des grimaces, leur donnait un bonbon… Le soir, elle repartait avec un panier plein de broussin, d’amandes et de bon pain car elle était pauvre et ne pouvait plus travailler. Elle aurait bien voulu mais plus personne ne voulait d’elle.

Chapitre 14
Commenter  J’apprécie          20
Peter n’avait plus d’espoir.
Son bel amour à peine éclos avait perdu ses pétales sans même qu’un souffle les emportât. Ninon s’éloignait de lui en silence, à petits pas, si discrètement que les autres ne semblaient pas s’en apercevoir.
Une chance, une seule, d’aimer vraiment lui avait été donnée et retirée immédiatement. Désormais les années s’engouffreraient dans les replis de sa vie pour le ramener vers ses anciennes habitudes, rivières d’amertume rendues encore plus âcres avec le temps.

Chapitre 28
Commenter  J’apprécie          20
— Qui couche avec un chien se réveille avec des puces !

Chapitre 26
Commenter  J’apprécie          20
Bien qu’il n’en parlât jamais, Abel était un élève brillant dont les devoirs, toujours très bien notés, ravissaient la tante Denise. Le soir, elle les lisait à mi-voix en s’appliquant à bien comprendre chaque mot. La bougie blanche s’enfonçait profondément dans ses cascades laiteuses quand elle se décidait enfin à poser le cahier.

Chapitre 18
Commenter  J’apprécie          20
Crois-moi, il ne faut pas tenter de raisonner ni d’expliquer, il faut sacrifier sans anesthésie. Douloureux peut-être, mais rapide et garanti sans séquelle ni rechute.

Chapitre 17
Commenter  J’apprécie          20
Elle n’était pas réellement méchante comme celui qui frappe pour faire mal, pas même méprisante par désir d’humilier, elle était seulement barbare, d’une colossale indifférence. Elle se moquait du passé de Ninon parce que, incapable de l’imaginer comme d’y compatir, il lui était plus naturel de l’ignorer.

Chapitre 8
Commenter  J’apprécie          20
Joséphine, fine mouche, n’ouvrit guère la bouche. Les mains jointes devant la poitrine, elle hochait sagement la tête quand son mari parlait.

Chapitre 5
Commenter  J’apprécie          20
En vérité, je n’étais faite que de vide et d’absence, mais aussi de violents sursauts de chagrin, d’évocations inracontables, noyée dans un bain apparemment immobile mais dont les attaques inattendues creusaient douloureusement ma poitrine. J’étais une enfant abandonnée dans un château jadis enchanté et dans lequel j’errais à présent pleine de souvenirs, à leur recherche éperdue. Je parcourais seule le jardin beau comme le paradis pour le fuir soudain lorsque, au détour d’un sentier, les ombres de mon frère et de ma sœur apparaissaient. Alors je traversais en courant le hall de marbre et de pierre, j’escaladais comme une flamme le grand escalier et je m’enfermais dans ma chambre, où, peu après, l’une des servantes venait me chercher.
Commenter  J’apprécie          20
Paulin ne ressemblait à personne. Il comprenait tout avant même qu’on le dise. Il était clair comme une source et fragile comme la goutte d’eau au bout de la feuille… Il m’écoutait comme il écoutait les oiseaux et rien qu’à la façon que j’avais de dire les mots, il devinait le dedans de mon cœur. Voyez-vous, Paulin n’est resté que quatre mois au hameau des Collines mais je suis sûre que même les pierres s’en souviennent… Il y a des gens comme ça, comme Paulin, comme Marius, avec le cœur franc et l’âme transparente… Vous avez raison, c’est une grande chance que de les rencontrer.

Chapitre 35
Commenter  J’apprécie          10
— L’année prochaine, cela fera cinquante ans que je vis au hameau. Pensez-vous que je puisse me faire d’un ailleurs ? Allez, mes petits, n’ayez pas de regrets de me laisser seule, j’en ai l’habitude et pas de tourment.

Chapitre 30
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Annie Bruel (125)Voir plus


{* *}