Déconstruire pour reconstruire ?
1er juillet 2022, 10h Amphi 34B
Inventer de nouveaux concepts pour élaborer des théories scientifiques ou philosophiques, imaginer d'autres systèmes politiques, bousculer des normes ou des traditions artistiques, ou même décider de s'en affranchir
Dans toute discipline, de la plus concrète à la plus abstraite, il est parfois nécessaire d'aller au-delà des principes que l'on croyait acquis, des doctrines établies et des anciennes hypothèses voire de les abolir afin de construire un nouvel édifice, au sens propre comme au sens figuré. de la rénovation des bâtiments à l'écriture d'un roman en passant par l'histoire de la médecine, des étudiants et des jeunes chercheurs aux spécialités variées tenteront d'expliquer comment ils sont amenés, au quotidien, à déconstruire leur objet ou leur méthode, afin de donner un nouveau souffle à leur recherche ou à leur activité créatrice.
Barnabé Crespin-Pommier - Étudiant en recherche-création littéraire
Jimmy Degroote - Doctorant en philosophie des sciences
Rachna Bhoonah - Doctorante en coconception et thermique des bâtiments
Tiphaine Lours - Masterante en histoire de la médecine
Gautier Depambour - Doctorant en histoire des sciences
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Le rapport au temps était différent. Les gens du Moyen Age ne possédaient pas, à quelques exceptions près, de calendrier. Ils ignoraient leur âge exact. Les trajets étaient plus longs, les jours étaient plus longs ... Le temps s'étirait davantage. On mourait jeune, avec l'impression , peut être, d'y arriver moins vite qu'aujourd'hui ... N'était ce pas là la plus grosse différence avec notre époque ? La densité du temps.
" De certaines amours, on ne se remet pas ..."
Chaque famille recèle ses secrets, ses démons. Se taire, minimiser les drames, ne pas dévoiler, ni susciter de questions. Rien n'a changé depuis la nuit des temps. Mais il suffit parfois d'un grain de sable pour enrayer le bel ordre établi, faire s'effriter sa trompeuse carapace, un vent qui viendrait balayer les habitudes, rendre audibles les chuchotements obscurs.
« De sa mère, elle se rappelait les injustices, le manque de tendresse et de réconfort dans ses moments de peine. » (p. 44)
La bière c'est le temps. Boire un demi, c'est le temps suspendu. Porter le verre aux lèvres et goûter la bière c'est un instant qui, en même temps, est une éternité. Puis doucement, lentement, l'avaler après l'avoir fait tourner sur le palais c'est un temps qui s'envole, qui disparaît, réduit à néant par le plaisir-saveur. La bière qui descend dans le gosier c'est un temps fusée, interstellaire, plus vif que la vitesse de la lumière, c'est une comète qui laisse une longue trace dorée dans le firmament.
La bière enfin qui dégouline dans le ventre, c'est la paix retrouvée, le temps immobile, un temps qui s'arrête à jamais.
Puis arrive une nouvelle gorgée qui est un recommencement, un cycle identique au précédent, un temps perpétuel, un temps sans fin.
Et ainsi s'écoulent les heures, les minutes, les journées.
Ronny Couteure, Le temps de la bière, 1997
Renaude erra encore, prit le chemin de la mer et s'enfonça dans le nuit de décembre, où le monde atteint le fond des ténèbres et s'apprête à remonter vers la lumière.
Nous ne sommes que des nains juchés sur les épaules de géants ; nous voyons ainsi plus loin et mieux qu'eux ; mais nous ne serions rien s'ils ne nous portaient de toute leur hauteur.
(Bernard de Chartres, XIIè siècle)
Et si je devais en une seule image, en un seul son, résumer ce Nord qui m'est cher, je choisirai, sur une petite route où le poussier grince, mais que borde la chicorée sauvage, une bicyclette qui passe avec un doux bruissement d'hirondelle.
Françoise Mallet-Joris, "Les Flandres", Nord, juin 1991
Dès qu'elle fixait le regard de sa mère, elle se sentait coupable d'être là, de vivre.
Et soudain la douleur s'engouffre.
La tension martèle ses tempes.
La migraine monte.
J'aime mon père. Il m'agace, mais je l'aime.