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Citations de Anthelme Hauchecorne (206)


Face à la barbarie, le Savoir est une arme. Indétectable. Légale. Universelle. À même de servir en toute occasion. Le seul arsenal dont on puisse être fier.
Le Savoir, c'est la parure de l'âme. Le joyau à côté duquel les autres font toc.
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Parmi les nouveaux venus, Camille repère des auras incendiaires, émanant d'individus surexcités. Des supporters de foot, affublés d'écharpes rouge et blanc aux couleurs du LOSC, l'équipe de football de Lille. Des trublions bruyants et éméchés, dont le QI cumulé n'excède pas celui d'une moule crevée. Des guerriers ivres de courage en bouteille, fiers d'être lillois, de cet orgueil bravache qui pousse les crétins au combat pour une parole, pour un regard, à une cote de quinze contre un. Certains agitent des drapeaux du LOSC. Tous entonnent des chants paillards qui intriguent les enfants et obligent leurs mères à leur couvrir les oreilles.
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"Heureux de vous hoir (voir) alerte, très chère. Et combative. Votre fougue nous sera d'un grand secours. Car l'heure est grave...", dit-il en se levant d'un bond.
La créature fait les cent pas, soucieuse, insensible aux injures de Camille.
"C'est affreux! Atroce! Airoux (horrible)! Je devais vous en parler séance tenante..."
Chez Camille, la fureur cède la place à la curiosité. Elle le prie de chuchoter s'il veut éviter de rameuter la Vigie dans son entier. "Qu'y a-t-il de si... airoux?" demande-t-elle. Quoi que "airoux" veuille dire.
Le Craqueuhle, extrêmement nerveux, s'arrache des touffes de cheveux qu'il boulotte. Camille finit par lui tendre une canette à demi pleine de bière éventée, qu'il vide d'un trait. "Je rentre de la cafourette (planque) du Marchand de Sable, lâche-t-il. Je crois avoir percé le mystère de ses plans..."
Le Craqueuhle s'explique. Lors de son "entrevue" avec l'Ophiure, il est parvenu à lui extorquer des aveux. Elle lui a indiqué le lieu où elle avait dérobé son funèbre instrument. Alors il s'y est précipité et...
"Vous aviez l'adresse du Marchand de Sable? Et vous ne m'avez rien dit? s'insurge Camille, mezzo voce.
- Je désirais vérifier cette piste avant, plutôt que de vous barasser (inquiéter) inutilement. C'eût été dommage de gâcher votre temps. Vous et vos pairs en avez si peu, déjà. Ne me remerciez pas, voyons, c'est bon (bien) normal entre associés..."
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Soudain, une plaie éclôt sur son front, une espèce de troisième œil aveugle, ouvert sur la grisaille de sa glande pinéale. La déchirure s'étend, écartelant ses chairs de l'os pariétal jusqu'au scrotum. Dans un terrible bruit d'éviscération, son champ de vision se divise en deux, selon une douloureuse symétrie, le long d'un axe vertical d'insondables ténèbres.
Le fossé entre son œil droit et son œil gauche grandit. Son corps s'écartèle en deux moitiés, à l'instar des battants d'une porte donnant sur l'inconnu. Des choses visqueuses tombent sous lui, des vestiges dont il n'aura plus l'usage.
Dans le miroir brisé des sanitaires, Paul jouit d'une vue imprenable sur sa mécanique interne, motorisation poisseuse et imparfaite. Entre deux coupes longitudinales de lui-même pend tout un câblage de tripes et de boyaux. Ses lèvres continuent de psalmodier le Requiem.
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Les hauts-parleurs du wagon crachent des parasites, de la purée auditive d'où surnage une mélodie lointaine. L'écho d'une harpe que l'on torture, instrument poussé au-delà des limites de sa tessiture. Les accords, évoquant des hurlements, font vibrer le compartiment.
La mélodie gagne en force, à la façon d'une tempête. Elle souffle les âmes des passagers, qui vacillent tels des feux de Saint-Elme pris dans la tourmente. Une bise se lève, lourde d'embruns. Une haleine de mer morte qui porte les notes d'une harpe désaccordée, dont joueraient d'amères sirènes aux doigts rongés par le sel.

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Qu'est-ce que l'En-deçà ?
Rien de moins que le plus grand carambolage qu'ait connu cette ville.
C'est pas tous les jours que deux dimensions alcooliques avec deux grammes à chaque œil se percutent de plein fouet. L'En-deçà a été le théâtre de cette collision frontale peu banale. Un accident pour lequel les Dieux eux-mêmes ont dû sortir leur constat à l'amiable.
Statut quo : l'En-deçà n'est ni complètement sur Terre ni totalement dans le Sidh. [...]
Là-bas, il n'y a ni carte ni topographie : tous les chemins mènent à la morgue.

Merci à Rôde-la-nuit pour ces paroles éclairantes.
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La violence est le rouage de la barbarie. De l'âge des cavernes à celui des croisades, de la Révolution française à la Révolution industrielle, de l'atome à l'hydrogène, l'agression représente trop souvent notre seule réponse à la différence. La souffrance du monde croit sur le terreau de la peur et de la bêtise. Brisez ce cercle. La haine est une prison.
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— Ah ces jeunes ! peste le hobereau contrarié.
Dans sa bouche, ce terme sonne comme une injure. Dans le crâne phrénologiquement parfait du lord, le « jeune » est à l’Homme ce que le protozoaire est à l’évolution. Une larve dont la chrysalide se situe vers la soixantaine et l’imago passé cent ans.
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C'est une erreur de mortel de voir dans la Mort l'ennemi de la Vie. Sans son oeuvre, la vie éternelle deviendrait vite banale, insupportable. La Pestilence, en revanche, n'aime rien tant que corrompre le vivant. A chacune de leurs collaborations, la Mort n'a pu que déplorer son manque de méthode, son impulsivité.
Assurément un mauvais modèle parental.

Sale petite peste !
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Enfin, le père Gracchus Boeubaffe débouchonne un Jéroboam de vin de messe qu'il tète au goulot, histoire de remplacer son hémoglobine perdue par celle du Seigneur Jésus Christ, avec un rhésus titrant ses seize degrés. Une bienfaisante chaleur se diffuse dans ses veines, jusqu'à lui chatouiller les extrémités. S'il est de la Sainteté dans la cuite, seule une fiasque le sépare de la béatification.

C.F.D.T. ou Les origines de la Confédération des Fantômes, Dragons et Trolls.
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Pour les personnes auxquelles ce nom serait étranger, l’internat de Tatie Billot est un très vieil orphelinat siégeant depuis des temps immémoriaux dans un quartier modeste de la bouillonnante ville d’Is. On y retrouve toutes les installations nécessaires à l’accueil des orphelins : dortoirs mal chauffés, cuisines vétustes puant le chou, salles de classe délabrées répondant à tous les standards d’insécurité et personnel de maison recruté parmi les repris de justice. Un cadre idéal pour bien commencer dans la vie… À condition d’aimer commencer par la fin.
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Rien n'était simple. D'ailleurs, là résidait le pro- blème, avec les serments. On les prêtait dans la joie, on les honorait dans la peine.
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p.309.
Rénard déglutit. D’une voix peinée, il s’enquit :
- Tu vas partir ? Sans même nous dire au revoir ? Tu nous abandonnes ?
Ça c’est fort ! s’emporta-t-elle. Rollon l’avait larguée comme une vieille chaussette ! Et de surcroît, elle passerait pour la méchante de service ?! Là, c’est marre !
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p.242.
- Ta seule chance d’y couper, dit-il, ce serait d’te faire engrosser. Avec un polichinelle dans le tiroir, là, ton jules voudrait plus d’toi. Y t’répudierait. Si tu veux, j’peux t’aider...
Le Sergent se frotta contre elle. Il s’y voyait déjà. Il s’attendait à tout. Sauf à ce qu’elle lui balance bien haut :
- Si vous voulez engrosser quelqu’un, Sergent, demandez à votre mère.
- Hein ?
- Elle écarte les cuisses au premier venu. Vous en êtes la preuve.
- Hein ?!
- Plus je vous écoute, plus je croirais qu’elle vous a conçu avec un âne. Dites encore hein, pour voir ?
- Hein ?!!
- Comme je le disais. Vous parlez comme votre baudet de père.
Le sergent attrapa Liutgarde par le col. Elle lui cracha dans l’œil. Un petit tour qu’elle avait élaboré dans les ruelles sordides. Le Capitaine intervint pour les séparer.
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p.240.
Quant à Liutgarde, elle avait été fiancée à un puissant mäge de Pointesèche, Ortaire.
Ce dernier avait pris en charge sa formation de miresse, de mägeresse et d’épouse. Globalement, il avait échoué sur tous les tableaux sauf un.
La troisème et dernière fois que son cœur avait cogné plus fort, c’était avec Rollon. Bien des obstacles s’étaient dressés entre eux. Le froid, la faim, la peur, la lâcheté, et même une Faëe. Rollon et elle avaient tenu bon. Ils s’étaient accrochés. Ils avaient mérité de profiter l’un de l’autre. Et voilà que des soldats les arrêtaient, qu’ils les séparaient, qu’ils les menottaient.
Liutgarde avait un mot pour qualifier ces choses-là.
Ce mot désignait aussi bien sa mère qui l’avait signalés au Mägistère, que les Maîtresses qui l’y avaient menée. Ce mot s’appliquait à la novice qui l’avait dénoncée, comme à son mari, à cet Ortaire qui l’avait séquestrée. Les Gémeaux, dame Hölle, maître Cernault et les soldats qui les escortaient en cet instant.
Tous appartenaient à cette sale engeance.
Ces empêcheurs de vivre, elle les appelait des tue-bonheur.
Liutgarde était une fille aimable, dévouée et compatissante. Pour rien au monde elle n’aurait souhaité malheur à quiconque. Sauf dans le cas des tue-bonheur.
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p.196-7.
Ici, maître Cernault ne repartirait pas bredouille. Ici, ils puiseraient du sang neuf.
Car les habitants de ce village avaient souffert des persécutions.
Des mäges perçois avaient refusé de livrer au Mägistère leurs enfants nés avec le don. Alors des Maîtres et des Maîtresses avaient été dépêchés sur place. Ils s’étaient servis eux-mêmes. Des parents avaient bien tenté de leur résister...
Mais tenté seulement.
Le Mägistère de Printemps fournissait des armes humaines aux suzerains des Marches. En contrepartie, ses émissaires avaient carte blanche. Tous les moyens étaient bons. Certains faisaient montre de douceur, de persuasion et même d’humanité. Ils restaient rares cependant. Le Mägistère se moquait de la méthode. Seuls les résultats l’intéressaient.
Cette politique encourageait les dérives. La douceur exigeait que l’on prenne son temps.
En matière de rapidité en revanche, rien ne surpassait la violence.
Cröscöff en avait fait l’expérience.
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p.22.
Liutgarde faillit perdre l’équilibre. Des images confuses se formèrent dans son esprit. Des promesses de félicité, de sécurité, de prospérité. Ce traquenard, elle le connaissait déjà.
Avant de rencontrer Rollon, elle avait été mariée de force. Son mariage arrangé, on le lui avait présenté exactement de la même façon. Félicité, sécurité, prospérité...
Ce piège-là, on ne l’y prendrait pas deux fois.
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Or, le propre de la stupidité, c'était de la voir chez l'autre plutôt que chez soi.
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Si Rollon était une pièce, se dit-elle, ce serait une drôle, drôle de pièce. Une pièce qui, à chaque fois qu'on la lancerait, ne tomberait ni sur pile ni sur face. Une pièce qui toujours finirait sur la tranche. Oui, conclut-elle. C'était là tout le problème de Rollon.
Ce garçon ne savait pas trancher.
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La mägerie était héréditaire. Les efforts ne comptaient pas. Seul le sang importait. Maître Cernault y voyait une injustice. Il soupçonnait certains mäges de cacher la vérité. Selon lui, les Maîtres connaissaient le secret de la mägerie, mais refusaient de le partager. Il croyait en l'existence d'un complot visant à garder la populace dans l'ignorance.
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