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Citations de Antoine Sénanque (258)


La règle monastique ne tarda pas à succomber à la corruption et la médecine devint une source de péché.
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Antonin marchait seul, le dos tourné à Compostelle, vers une église qui n’était pas celle de saint Jacques. Seul pèlerin sur la route de l’apôtre que personne ne célébrait jamais et qui n’ôtait aucun péché. Seul marcheur au pèlerinage de Judas.
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Dieu n’est rien de ce que tu peux en dire. Mieux vaut dire alors que Dieu n’est rien. Ou dire ce qu’Il n’est pas, plutôt que ce qu’Il est à l’horizon de notre faible intelligence. Dès que tu parles de Dieu, dès que tu le qualifies, tu le fais exister comme une créature. Et c’est cela, dont il faut se séparer. Du Dieu créature.
Je ne comprenais pas comment je pouvais voir Dieu autrement. Il fallait bien que je voie quelque chose pour accueillir mes prières. Il fallait bien que Dieu, malgré sa toute-puissance, soit un être vivant pour qu’il me parle et que mon amour puisse s’échanger avec le sien. Mais Eckhart ne concevait pas les choses de cette façon. Pour lui, la création nous séparait de Dieu et la distance de majesté était infranchissable dans le monde matériel. L’union ne pouvait se faire que sous une forme purement spirituelle, en rejoignant la pensée de Dieu et la place que nous y occupions éternellement.
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Un paysan nous avait offert un poulet contre une bénédiction et, à ma surprise, le maître l’avait accepté. Tu connais la rigueur de notre ordre sur l’interdiction absolue de la consommation de viande. Durant mon noviciat, ma bouche n’en avait jamais effleuré le goût. L’abstinence devait être totale, mais aux novices qui montraient des capacités intellectuelles et de l’ardeur à la lecture, du poulet était consenti pour l’unique repas du soir. Beaucoup de moines se découvraient ainsi une passion pour les livres. Une page pour une cuisse…
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— Tu voulais savoir la différence entre Platon et Aristote ? Demande au lion. Pour le sculpter, Platon l’aurait cherché dans sa tête, Aristote dans la pierre. L’un croyait que la mémoire contenait le modèle de toutes choses, l’autre que rien ne pouvait exister sans la matière. Platon aurait demandé à l’artiste de copier le lion qui posait dans son esprit, Aristote lui aurait dit de l’extraire du marbre où il attendait sa main habile pour le libérer. L’un va chercher la beauté hors du monde, l’autre la trouve ici-bas. Tu as compris ? (…)
Étienne à mes côtés m’observait avec l’extraordinaire inexpressivité dont il était capable. Je m’étais empressé de partager avec lui la réponse du maître. Il avait plissé ses grands yeux, comme si une idée lui apparaissait mais elle avait dû lui échapper avant qu’il ne parvienne à la saisir. Il donnait l’impression de la chercher à l’extérieur de lui-même, au loin, en rétrécissant le regard pour mieux la distinguer à l’horizon. N’y repérant rien, il me proposa d’aller traîner vers les cantines où sa mère travaillait, ce qui nous valait un supplément de soupe quand l’humeur de cette femme rugueuse était légère.
— Ils sculptaient des lions, Platon et Aristote ? demanda Étienne sur le chemin des cuisines.
— Il faut croire, assurai-je.
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Il se lavait peu, changeait ses vêtements avec réticence à la fin de la semaine et se nourrissait du menu réservé aux humains solitaires : surgelés, boîtes, sachets. Une nourriture toujours enveloppée et gravée d’une date, comme les croix des tombes.
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Il ne faut pas que je mange gras, il ne faut pas que je boive d'alcool, il ne faut pas que je fume, il faut que je porte un casque quand je vais à vélo dans Paris. Il faut surveiller ce que je respire, ce que je touche, ce que je pense. Il faut que je fasse très attention, globalement. Je me demande quel mal j'ai pu faire à la vie pour devoir consacrer autant d'efforts à m'en protéger.
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Le regard ne brillait pas, la démarche manquait d’impulsion, la jeunesse avait laissé un mot d’absence à sa place encore tiède, mais vide. (p. 64)
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C’est cela que certains enfants font, au cœur des adultes, lever les poussières, les espérances non recueillies, les émotions laissées, pour reconstruire des sentiments à la peau neuve qui ne leur appartiennent pas. (p. 127)
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Ils avaient chacun la même allergie aux femmes nature, les fermières des villes, lavées au savon, le cheveu filasse, habillées en marron avec du tissu épais. Sans maquillage, le teint écologique sans volonté de nuire à la planète mais terriblement toxique pour le désir des hommes et avec quelque chose de piquant en elles. Au sens propre. Un pull râpeux, une jambe moins lisse. Un côté ronce.
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Les pères meurent souvent avant l'heure de leur mort. Ils offrent à leurs enfants une répétition générale quelques années avant leur dernière. Probablement pour ne pas leur briser le cœur.
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Les Judas ont toujours l'âme embrasseuse.
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Les femmes ne devraient pas craindre qu'on cesse de les aimer, mais qu'on perde toute affection pour soi-même.
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Les malades haïssent votre « Je ne sais pas ».
Ils sont prêts à tout pour le faire disparaître, à vous quitter, à vous laisser dans la misère, à pardonner vos mensonges. Il faut l’abandonner, le piquer comme un chien malade, même si vous vous y êtes attaché.
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Les gens ont le respect de la science. Sans elle, point de salut. C’est fascinant de voir comme ils l’aiment. C’est à croire qu’elle ne les a jamais déçus. Ils défendent encore Galilée contre l’Inquisition.
« Et pourtant elle tourne », ça les a frappés. Ils n’arrêtent pas d’y revenir.
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...c’était un métier difficile, qui fatiguait beaucoup, qui ne faisait pas obtenir autant qu’on en attendait, de gratitude et d’argent. Ce n’était pas assez clair. Il n’a pas su trouver les mots. La médecine et la merde ne s’épousaient pas dans sa bouche.
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Combes, la linguiste, avait été la première à passer sa tête triangulaire dans la salle de classe, curiosité inhabituelle de sa part et confirmation que le flair des êtres humains surpasse celui des chiens, quand il s'agit de renifler les défaillances. (p.18-19)
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Dieu ne vient que s'il trouve un lieu sans désir.
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Il était écrit qu’aucun juif ni aucun Turc ne connaîtrait la fin du monde en Europe, tant on les massacrait pour les priver d’apocalypse.
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" On se gèle les couilles, frère Antonin."
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