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Critiques de Antonin Artaud (114)
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Antonin Artaud : oeuvres sur papier

Intéressantes sur bien des points, les oeuvres sur papiers, exposées dans un premier temps (le 17 juin_17 septembre 1995), à Marseille, regroupent l'ensemble des ouvrages que Antonin Artaud n' as cessé de produire tout au long de sa vie : des dessins aux crayons enchevêtrés de textes ou de mots sûrs de simples cahiers, du sort envoyé à Hitler aux portraits nombreux, mais néanmoins remarquables, sont autant de tranches de vie qui nous parviennent au travers de cette ouvrage, et nous plonge en nous faisant voyager, dans la vie d'antonin Artaud. Enrichie d'une biographie complète, elle-même illustrait de photographies rares ( regroupant chacune des périodes de son histoire : on peut y voir notamment, la dégradation physique qu'Antonin Artaud subit au fil des ans...malnutrition, électrochocs…).

Tous ces dessins sont donc autant de témoignages touchants sur la vie tumultueuse de l'artiste et qui s'inscrivent dans un souci, une fois de plus, de la recherche de la vérité.





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Antonin Artaud illustré par Louis Joos

Un livre de littérature ET d'illustration présentant un choix de textes d'Artaud illustrés par le dessinateur belge Louis Joos.



Et voilà un fort beau livre plutôt culotté quand on y pense.



D'abord vouloir illustrer Artaud et accepter d'entrer dans ce monde là, c'est se frotter à la lisière coupante du monde sensible. Artaud était un corps, une voix et une écriture. Aussi un peintre à l'oeuvre singulière. À son sujet parler de la maladie mentale frise toujours un peu l'indécence, tant le poète s'est battu pour reconstruire un autre cosmos de cette sienne souffrance.



Et donc vouloir illustrer un univers qu'Artaud avait lui-même exploré par le dessin de son vivant présente un risque sérieux. Pour un dessinateur médiocre ce serait un peu comme pousser la chansonnette pour refaire la bande-son d'une copie muette d'Apocalypse Now… terrain miné.



Mais Louis Joos est un plasticien extrêmement habile pour suggérer. Sans expressionnisme grossier il ne craint pas de s'adresser au sensible et au sensuel. Voilà pourquoi le Jazz et la poésie lui vont si bien, de livres en livres.

Et une fois encore le résultat est superbe… pour tirer son épingle du jeu Louis Joos refait le pari de la liberté. Traits de plume arrachés, lettrines découpées, taches, fulgurances, couleurs, ombres et lumières… tout est de lui. Et dans cet écrin graphique ultra personnel nous pouvons nous replonger dans ce corpus bien terrible : une sélection de textes d'Antonin Artaud.



Édité avec élégance et amour à la "Renaissance du Livre" (Bruxelles)















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Balthus

Ce livre fait un tour d'horizon de la vision artistique d'Antonin Artaud, par des lettres ou des articles. Certains d'entre eux sont très intéressant comme celui où il explique en quoi les Cenci est du théâtre de la cruauté ou celui qui s'intitule "Anarchie sociale de l'art". Par contre, je ne vois pas pourquoi coller Balthus à tout ça, moins de la moitié du livre parle de lui.
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Cahiers - Coffret, tomes 1 et 2 : Ivry, Févri..

La dernière danse du poète maudit, au sortir de l'asile de Rhodez. Un trésor que ces cahiers mis en page et retranscrits. C'est plus qu'un coffret de deux livres, c'est une pièce de collection.

"Je vais vous dire un secret. Il faut que toute la quantité d'opium disponible à Paris soit disponible pour qu'Antonin Artaud puisse écrire son oeuvre"

"Conversation d'Artaud à Jacques Prevel"
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Cahiers - Coffret, tomes 1 et 2 : Ivry, Févri..

Après un mélange de barbarismes, d'angoisses et de scatologie, on tombe sur cette ultime phrase, "cet envouté eternel etc etc.", comme une signature qui clôt l'oeuvre d'Antonin Artaud, sans y mettre un terme.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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De colère et de haine

Parmi toutes les formes de littérature, la poésie a toujours été le mode d’expression des damnés. C’était vrai au XIXème siècle, même si le lectorat et les cercles permettait aux plus talentueux de garder la tête hors de l’eau et de survivre de leur art, et encore plus vrai dans les années 1950. Ne parlons même pas d’aujourd’hui où la masse vulgaire, cramponnée à une télécommande de téléviseur ou à une manette de jeux vidéo ne sait même plus écrire correctement son prénom et ignore totalement l’usage d’un point-virgule.

Jacques Prevel a navigué entre deux eaux et, son recueil de poème la plus connu des trois dont il fut l’auteur, "De Colère et de haine", n’est pas son travail ayant marqué le plus les esprits. En effet, plus qu’écrivain, Jacques Prevel a surtout été connu pour avoir été l’ami proche d’Antonin Artaud. Et c’est d’ailleurs le journal qu’il a tenu de cette période de sa vie, qui est devenu un livre, "En compagnie d’Antonin Artaud", qui marquera les mémoires et le feront entrer dans la postérité. Mais, il faut bien l’admettre, cet ouvrage a surtout valeur de pièce biographique d’Antonin Artaud que de réel travail littéraire.

On peut dire aujourd’hui qu’en matière littéraire, l’élève est resté piégé dans l’ombre de son maître.

L’histoire, en elle-même, est assez sombre dans ses dessous. Lorsqu’Antonin Artaud est sorti de l’asile d’aliéné de Rodez, grâce au concours d’une communauté d’écrivains et d’artistes, Prevel demande à Marthe Robert de le présenter. En effet, Prevel avait entretenu une correspondance avec Artaud alors que ce dernier était encore sous contrainte médicale et lui avait envoyé quelques-uns de ses poèmes, et il espérait que l’une des lettres élogieuse du grand poète maudit puisse servir de préface à l’un de ses recueils. Cela ne se fit jamais. Mais en revanche, les deux hommes devinrent amis et, d’une certaine manière, complices. Artaud se servait de Prevel pour que ce dernier lui procure du Laudanum, une teinture alcoolique d’opium dont il était fortement dépendant. A défaut, il parvenait à le fournir en élixir parégorique qui parvenait à pallier, mais à plus forte dose, le poison de prédilection du poète.

Marthe Robert et Adamov, ayant remarqué le manège, tentèrent d’interdire Prevel d’entrer en contact avec Artaud. Mais malgré ça, les deux hommes sont toujours restés en contact, leur relation tournant toujours autour de la poésie et des opiacés, et pas forcément dans cet ordre. Naviguant entre chez sa femme et chez sa maîtresse, toujours flanqué d’Artaud, Jacques Prevel passait des heures à retranscrire des improvisations poétique de son maître, pouvant survenir n’importe quand et n’importe où, obligeant même parfois Prevel à mettre sur papier après coup, de mémoire, certains des plus beaux mots du poète.

Mort à 36 ans, d’épuisement moral et de la tuberculose, peu de temps après le décès d’Artaud, Prevel a quitté ce monde cinq ans jour pour jour après sa rencontre avec celui qui aura été son mentor et pour qui il aura joué le rôle de scribe dans les dernières années de sa vie.



Ghislain GILBERTI

"Le Cabaret du Néant"
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Dessins et portraits

Dès le livre reçu, je me suis précipité sur la découverte des dessins et particulièrement des portraits. Un régal déjà (un titre au hasard: dessin à regarder de traviole...).



Mais les textes sont loin d'être de simple "faire valoir" des tableaux. Du coup j'ai pris le temps de les savourer en détail, en liaison avec certain des portraits commentés.Bon, pour être honnête, certains passages de Derrida sont restés énigmatiques pour moi..., ce qui ne pas empêcher d'apprécier d'autres passages où il aligne des mots au sens proche avec gourmandise.



Parmi ces commentaires, pas mal de textes sur l'admiration de Antonin Artaud pour Van Gogh: " le seul qui d'autre part, absolument le seul, ait absolument dépassé la peinture, l'acte inerte de représenter la nature pour dans cette représentation exclusive de la nature, faire jaillir une force tournante, un élément arraché en plein cœur".



Il est question de portraits aussi:  " on le voit bien, en dernière analyse, c'est de l'expression qu'un tableau tire sa valeur" ou encore, "visage humain: champ d'une bataille effrénée o forces de vie et de mort s'entrechoquent".



Quant aux dessins écrits ("des phrases qui s'encartent dans les formes afin de les précipiter"), .... un délice. Mariage lettres et crayons : je ne saurais résister ...
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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

un pur chef d'oeuvre.
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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

La légende dit qu’Héliogabale est né dans « un berceau de sperme. » C’était en 204 après J.C. à Antioche, en Syrie. Et toute son existence sera un long sacrifice de sexe et de sang. Héliogabale était un roi fou et excessif, baignant dans le stupre, la débauche et la démesure. Il a conquis Rome avec violence et est monté sur un trône de sang. Anarchiste couronné selon Artaud, le tyran, empereur de Rome, n’a de cesse de tendre vers l’unité, à sa façon. « Et Héliogabale, en tant que roi, se trouve à la meilleure place possible pour réduire la multiplicité humaine, et la ramener par le sang, la cruauté, la guerre, jusqu’au sentiment de l’unité. » (p. 45) Que voulait-il réunir ? Tous les contraires, tout simplement. L’unité à laquelle il tente de parvenir passe par la réunion du principe féminin et du principe masculin. Il se veut représentant des deux. « Héliogabale, le roi pédéraste et qui se veut femme, est un prêtre du masculin. Il réalise en lui l’identité des contraires, mais il ne la réalise pas sans mal, et sa pédérastie religieuse n’a pas d’autre origine qu’une lutte obstinée et abstraite entre le Masculin et le Féminin. » (p. 67)

Dans un monde où la cruauté est ritualisée, institutionnalisée et légitime, Héliogabale se veut en rupture. Il est « un anarchiste-né, et qui supporte mal la couronne, et tous ses actes de roi sont des actes d’anarchiste-né, ennemi public de l’ordre, qui est un ennemi de l’ordre public. » (p. 96) Mais encore une fois, cette rébellion est organisée. Le tyran tend toujours à l’unité du monde et c’est en le retournant qu’il compte l’organiser. De l’anarchie naît une nouvelle unité, conforme aux goûts de l’empereur. « Rien de gratuit dans la magnificence d’Héliogabale, ni dans cette merveilleuse ardeur au désordre qui n’est que l’application d’une idée métaphysique et supérieure de l’ordre, c’est-à-dire de l’unité. » (p. 108) Ce que propose Héliogabale, ce n’est rien d’autre qu’une cosmogonie à son image : violente et unie dans la violence.

Héliogabale est l’empereur qui incarne le plus profondément la décadence de Rome. « Il poursuit systématiquement, […], la perversion et la destruction de toute valeur et de tout ordre. » (p. 121) Héliogabale va dans le sens de la décadence, il accompagne, accentue et précède ce mouvement descendant, cette chute de la société. Brutale fut sa vie, brutale fut sa mort, dans une continuité, une unité de cruauté. Il est mort comme il a vécu, incarnant sa propre vision du monde. « Ainsi finit Héliogabale, sans inscription et sans tombeau mais avec d’atroces funérailles. Il est mort avec lâcheté, mais en état de rébellion ouverte, et une telle vie, qu’une pareille mort couronne, se passe, il me semble, de conclusion. » (p. 127)

Héliogabale ou El Gabal, « Celui de la Montagne », porte un nom composite et trompeur pour les lecteurs d’aujourd’hui. « Héliogabale rassemble en lui-même la puissance de tous ces noms, où l’on peut voir qu’une seule chose, celle qui nous vient d’abord à l’esprit, le soleil, n’intervient pas. » (p. 89) Sa religion était celle de l’astre solaire, mais jamais Héliogabale ne s’est nommé d’après le soleil. Ce sont les Grecs qui, transcriptions après traductions de sa légende, ont modifié le nom du tyran. Une autre preuve, s’il en fallait, que l’histoire d’Héliogabale échappe aux historiens.

L’histoire d’Héliogabale est le prétexte à une certaine histoire de Rome, celle d’un empire sur la voie de la décadence, loin des empereurs fabuleux des temps classiques. Cette partielle histoire antique est aussi le prétexte à une réflexion théologique et métaphysique. Antonin Artaud oppose la religion d’Héliogabale, pourtant monothéiste, au christianisme. Ce qu’il appelle religion d’Ichtus est mauvaise : elle sépare l’homme du mythe, du magique, du religieux et du sacré. Les religions qui ont précédé le christianisme offraient davantage à leurs adeptes. « Les religions antiques ont voulu jeter dès l’origine un regard sur le Grand Tout. Elles n’ont pas séparé le ciel de l’homme, l’homme de la création entière, depuis la genèse des éléments. » (p. 55) Artaud est formel : les humains ont besoin de savoir. En creux de l’histoire d’Héliogabale, il faut lire une critique du christianisme et de l’obscurantisme dans lequel il a plongé ses fidèles.

Éblouissante et torturée, la vie d’Héliogabale était de celles qui méritent un hommage. C’est avec un talent éblouissant qu’Artaud s’est prêté à l’exercice. Ce n’est pas un texte facile. Les propos philosophiques et métaphysiques sont complexes. Mais ils répondent sans cesse à la vie du tyran qui a son tour se fait source de réflexions. Une lecture étourdissante.

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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

Très intéressant mais un peu difficile d'accès de prime abord. La première partie de cet essai croulant littéralement sous les symboles, cela peut s'avérer ardu pour quiconque ne s'est pas un peu intéressé au symbolisme.





Le reste de l'ouvrage est un mélange entre histoire, religion et politique, à travers la vie de celui qu'on nomme Héliogabale. Antonin Artaud nous dévoile sa vision de l'existence de ce personnage et donne des justifications intéressantes à son comportement.





Cet essai mérite que l'on s'y attarde, mais peut-être pas qu'on y accorde trop d'importance. Il est difficile pour moi d'accorder une quelconque émotion à ce livre ; seulement une sorte de reconnaissance pour le travail intellectuel et de recherche fourni par l'auteur.
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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

Livre curieux. Qui aurait attendu le poète sur Héliogabale, empereur aussi bref que sanguinaire du IIIème siècle après Jésus-Christ, connu pour avoir été dominé par sa mère, notamment ? Eh bien, cela donne quelque chose d'étrange, la puissance du verbe du poète, qui se plonge dans l'horreur d'un règne qui semble parfois un trop petit terrain de jeu pour une pareille plume. Pour l'essentiel, Artaud considère Héliogabale comme un représentant des cultes orientaux, qui aurait eu à coeur de représenter à la fois la masculinité et la féminité. J'y vois également un écho des thèses que certains ont pu émettre quant à Néron, un personnage qui se serait vu attribuer une cruauté posthume pour avoir voulu abaisser, voire ridiculiser les puissants de son temps, qui ne le lui auraient pas pardonné. Ce livre vaut le coup ne serait-ce que pour sa plume ; il est également intéressant, bien que dans une moindre mesure du point de vue historique.
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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

Extrêmement bien documenté et rédigé avec un certain parti pris, cet ouvrage nous conte l'avènement au poste de patron du monde d'un "sale gosse", syrien, adorateur d'un dieu unique, espiègle et pas méchant pour un sou, "folle à lier" qui a perdu le pouvoir non pas parce qu'il déplaisait à ceux qui n'étaient rien, le peuple, à qui il offrait du pain et des jeux mais parce qu'il s'est mis à dos ceux qui comptaient en voulant détruire de facto la croyance en plusieurs dieux et en nommant à de hautes charges ses onobèles préférés, autrement dit ceux dont le membre surdimensionné avait fait l'objet d'une traque dans tout l'empire. L'inventeur de la pénisocratie en somme. On se demande si finalement ce système ne serait pas plus mauvais qu'un autre. C'est peut-être pour cela que la damnatio memoriae à laquelle il fut condamné perdure aujourd'hui d'une certaine façon puisque son existence est tue dans les parcours scolaires voire universitaires.
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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

Dans la première partie, Antonin Artaud se concentre sur l'histoire familiale d'Héliogabale, et le "berceau de sperme" dans lequel il a été conçu. Dans la seconde, il se lance dans des théories théologico-philosophiques bien fumées sur l'opposition éternelle du principe féminin et du principe masculin en religion, par lequel il explique l'ambiguité sexuelle d'Heliogabale. Dans la dernière partie, enfin, la plus longue, il raconte la vie d'Heliogabale, et interprête certains des actes les plus subversifs de son règne à la lueur d'une idée personnelle de "l'anarchie", lui vouant apparemment une grande admiration.



Selon un paradigme moderne, Heliogabale était probablement une femme transexuelle, mais pas selon le paradigme standard dans les années 30, époque de l'écriture, ni dans les opinions très différentes d'Artaud.



Je ne suis pas toujours d'accord avec cet auteur - en fait, rarement - mais paradoxalement j'adore observer ses idées, la façon fulgurante dont il les lance, son langage. La recherche qu'il a faite est aussi très intéressante, et me donne envie de lire les biographies qu'il fustige parce que seulement portées sur l'anecdote. Avec ne telle personnalité, même des anecdotes sur Heliogabale seraient intéressantes.

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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

Je suis arrivé ici via Michel Onfray et sa morale esthétique.

Héliogabale un sacré personnage solunaire, fhomme, qui broie et unifie.

Je ne suis pas encore assez mûr pour saisir tous les fruits de cet arbre étonnant.

Persuadé que dans 10 ans je lui mettrai quatre étoiles.

Persuadé que dans 20 ans je lui mettrai cinq étoiles.

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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

Emblématique figure de la Rome décadente, Héliogabale d'Émèse (l'actuelle ville de Homs en Syrie) est sans conteste pour Antonin Artaud, un personnage digne d'intérêt. L'espèce de fièvre avec laquelle l'auteur remonte les siècles pour composer ce documenté et poétique essai, est sans doute le signe de l'engouement obsessionel d'Artaud pour l'Empereur. Pourquoi cette fascination pour Héliogabale ? Qui était donc celui qu'Artaud dénomme sous le titre d'"anarchiste couronné" ? A quoi renvoie ce mystérieux surnom ? Qu'est-ce qui au delà de la réputation sulfureuse de l'Empereur a déclenché la passion d'Artaud ? Qu'est-ce encore qui chez Héliogabale a inspiré et nourri les questionnements de l'initiateur du "Théâtre de la cruauté"? Selon J.M.G. Le Clezio, l'Héliogabale d'Artaud est le livre "le plus construit et le plus documenté des écrits d'Artaud et aussi le plus imaginaire". Quoiqu'il en soit, ce texte n'en demeure pas moins un texte hybride et sybillin où se mêlent lyrisme, mysticisme et métaphysique...



Prêtre paien adorateur du Soleil et roi anarchiste, Héliogabale fascine Artaud par son règne tyrannique tissé de débauches et perversions sexuelles. Né dans le stupre, élevé au rang d'empereur par les femmes de sa famille et disparu dans le plus parfait anonymat, le controversé Héliogabale est partagé entre la culture gréco-romaine et la barbarie. Sa pédérastie religieuse n'a pas d'autre origine qu'une lutte obstinée et abstraite entre le Masculin et le Féminin." (p.67). Son anarchiste tyrannie ne souffre aucune entorse. Il "se conforme à la loi divine, à laquelle il a été initié, et il faut reconnaître qu'à part quelques excès ça et là, quelques plaisanteries sans importance, Héliogabale n'a jamais abandonné le point de vue mystique d'un dieu incarné, mais qui se conforme au rite millénaire de dieu." (p.107). Voilà grossièrement décrites les principales idées de ce texte. La pensée d'Artaud manque de limpidité et tend parfois aux digressions mais son travail documenté (cf. les appendices et les mutilples notes en fin d'ouvrage) mérite le détour. Le regret que j'ai, est de ne pas avoir su en apprécier toute la teneur. J'ai de loin préféré Van Gogh le suicidé de la société à Héliogabale ou l'anarchiste couronné.
Lien : http://embuscades.blogspot.f..
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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

Difficile de faire un essai sur un personnage tel qu'Héliogabale. Celui qu'on a voulu faire passer pour un être pervers et sanguinaire l'était-il réellement ? Extravagant, certes, il était connu pour ça. Mais cruel ? Les Historiens en viennent à se dire qu'on a voulu le faire passer pour, comme le dit Artaud, un fantoche, afin de privilégier son cousin, Alexandre Sévère. Encore une fois, tout n'est qu'une question de politique et, surtout, de religion. Car Artaud le met bien en relief ici. Héliogabale voulait faire un culte unique, un culte solaire... autre décision qui passera pour une excentricité.



Si le texte est plutôt complexe, ne nous voilons pas la face, il reste néanmoins très intéressant. Sous la plume d'Artaud, le personnage prend une dimension nouvelle. Cet essai permet également de mieux connaître cette période durant laquelle la décadence et la luxure régnèrent.



Un grand merci à Lili Galipette qui a eu la gentillesse de m'offrir ce livre.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

J'ai été fascinée par ce texte d'Artaud, auteur complexe s'il en est. Ce récit complètement mystique et symbolique d'un empereur romain dont le court règne fut marqué par son refus des règles, souvent connu pour son homosexualité et ses orgies. Artaud nous le présente plutôt comme un homme incarnant la dualité du féminin et du masculin, qui osa provoquer les romains en introduisant une femme (sa mère) au Sénat, un grand prêtre du Soleil (masculin) descendant manipulé d'une lignée de femmes de pouvoir, sortes de déesse-mère. Héliogabale, c'est le renversement de l'ordre par l'unité des principes... Un livre complexe, hermétique au premier abord, mais aussi magnifié par l'écriture si forte, si violente d'Artaud.
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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

Difficile de passer à coté de ce joyau de la littérature, tant l'implication d'Artaud est flagrante : l'immersion dans la Rome antique du IIIe siècle est un d'un réalisme saisissant, fourmillant de détails historiques véridiques. Texte Violent et dérangeant, où Antonin Artaud démontre une fois de plus ce dont il est capable, ou plutôt devrais-je dire son talent, en matière notamment d'histoire et de philologie.
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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

Je retrouve un nouvelle fois un texte d'Antonin Artaud et de sa plume enflammée. Je dois admettre que ce n'est pas son texte que je préfère. C'est un essai, aujourd'hui mal sourcé, sur un empereur-prêtre presque oublié : Héliogabale. Ce n'est pas un récit très marquant, mais qui est sauvé par son auteur lui-même.
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