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Citations de Antonio Moresco (101)


-Pourquoi tu as incendié la côte ? j'ai essayé de lui dire, parce que j'avais toujours en tête l'image de son visage tel que je l'avais vu la première fois dans le noir, illuminé par l'éclat du feu.
-Parce que je voulais brûler avec toi !
-Et pourquoi précisément avec moi ?
-Parce que j'ai compris que tu étais aussi désespéré que moi.
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Il était une fois un vieil homme qui s’était éperdument pris d’amour pour une fille merveilleuse.
Ce n’était pas seulement un vieil homme, c’était aussi un clochard, un de ceux qui dorment dans la rue sur des cartons, un homme perdu, un déchet humain.
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"Elle éprouva alors une énorme douleur, car elle s'était rappelée tout-à-coup qu'il y avait, enfouie en quelque point inaccessible de sa vie, cette rencontre impossible qu'elle avait recherchée, puis qu'elle avait trahie, ce trésor perdu. Et ce n'était pas seulement lui qu'elle avait trahi, mais elle-même, y compris la partie la plus secrète et la plus haute d'elle-même".
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-Je suis là maintenant ..., lui murmura-t-elle, la bouche près de sa tête et de ses yeux .
Le vieil homme se rendormit , plus doucement , plus longtemps .
-Je veux mourir ! voilà ce que j' avais dit aux dieux , chuchota-t-il encore , au bout d 'un moment , tout à coup , si doucement qu 'on ne comprenait pas s 'il était complètement réveillé ou s'il dormait toujours . et eux , c 'est toi qu'ils m 'ont envoyé .
Elle l 'écoutait , son oreille près de sa bouche , pour réussir à l 'entendre .
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Car il est tout aussi facile de passer de la vie à la mort que de la mort à la vie, même si les vivants ne le savent pas. Même s'ils ne savent pas que le monde des vivants est empli de morts: ils ne peuvent pas le savoir parce qu'ils sont morts. (p.109)
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Mais, s'il ne faut pas croire les mots, si les mots ne sont rien, ne valent rien, alors pourquoi les gens parlent et parlent ...?
Mais alors, ne vaut -il pas mieux ne plus prononcer, ne plus les écrire ? (p. 58)
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On est resté assis devant la cheminée je ne sais combien de temps, l'un à côté de l'autre, parce que le feu peut se regarder des heures durant sans jamais se lasser. Il n'est jamais immobile. Les petites branches crépitent, se cassent, on voit l'espace d'un instant leur petit squelette incandescent tandis que la flamme s'élève, commence à mordre les zones internes des morceaux de bois plus gros, avec ce bruit qui semble un soupir, elle change sans cesse de couleur, devient bleue, verte même, elle se ressoude en un tortillon plus grand aux autres petites flammes qui se lèvent, çà et là, de la pile, partant de dessous, sifflant, et lançant d'un coup ces nuées d'étincelles projetées loin comme par une explosion.

(P 113)
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Comment savoir si au-dessus du ciel il y a un autre ciel ?
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On ajoutait d'autres bûches au fur et à mesure que les premières se consumaient et que les flammes avaient besoin d'un nouvel aliment. L'enfant d'une façon, moi d'une autre, parce que chacun a une manière différente de dialoguer avec le feu...
-Pourquoi tu retapes cette petite maison ?...
Il est resté silencieux à regarder le feu.
-C'est pour qui cette maison que tu remets en état ? Je lui ai demandé encore une fois, avec un frisson.
-Pour toi, il m'a répondu.
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Parfois, quand je les vois [les hirondelles] passer comme des flèches au-dessus de l'étranglement de la ruelle où il y a les deux abreuvoirs en pierre pleins d'eau, arrivant d'en haut, en piqué, déchaînées, effleurant en rase-motte le sol, à une vitesse inconcevable, et puis raser les abreuvoirs pour en prélever, dans ce court instant, un peu d'eau avec leur bec...alors je fais de grands gestes vers elles...
-Mais vous êtes folles !
-Oui, oui, on est folles !
-Il n'y a pas un psychiatre pour les hirondelles ?
-Si, mais il est fou lui aussi !
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Comment peut-on décrire ce qui peut advenir certaines rares, très rares fois, entre deux visages et deux corps qui se rencontrent dans l’océan de la matière des autres corps, ce qui advient quand deux particules dotées de charge opposée s’attirent et puis se détruisent en se transformant en radiation ?
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Pourquoi je n'ai pas été fidèle aux mots que je lui ai dits, aux promesses que je lui ai faites ? Pourquoi je n'ai pas été fidèle à mon rêve ?
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L’homme s’est arrêté devant une table grossière encombrée de cordes effilochées et de seaux. Il a soulevé une épaisse couverture déchirée et sale qui recouvrait quelque chose. Une seconde après, à mon grand étonnement, j’ai vu devant moi l’écran d’un ordinateur. De ces écrans plasma, ultraplats.
L’homme a cherché le clavier, perdu sous l’enchevêtrement de cordes. Il s’est assis sur un petit tabouret pour la traite, à un seul pied. Il a allumé l’ordinateur.
Je le regardais en retenant mon souffle, debout derrière lui, derrière l’œuf de sa jeune tête chauve qui oscillait un peu parce que ses mains souillées de fumier avaient déjà commencé à taper sur le clavier.
— Où vous avez dit que vous la voyez, cette petite lumière ? il m’a demandé soudainement, sans se retourner, sans cesser de taper.
J’étais abasourdi, parce que, encore une seconde avant, cet homme s’était exprimé uniquement par des sons inarticulés, il semblait incapable de parler, et voilà que maintenant, face à son ordinateur, il s’exprimait avec aisance, avec seulement un étrange accent qui ne paraissait pas être du coin, comme s’il venait d’Albanie, des Balkans.
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Les miracles, ça n'existe pas, l'amour, ça n'existe pas.
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Le soleil vient tout juste de s’effacer derrière la ligne de crête. La lumière s’éteint. En ce moment, je suis assis à quelques mètres de ma petite maison, face à un abrupt végétal. Je regarde le monde sur le point d’être englouti par l’obscurité. Mon corps est immobile sur une chaise en fer dont les pieds s’enfoncent de plus en plus dans le sol, et pourtant, de temps en temps, j’ai le souffle coupé, comme si je chutais, assis sur une balançoire aux cordes fixées en quelque endroit infiniment lointain de l’univers.
Le ciel est traversé par les dernières hirondelles qui volent, çà et là, comme des flèches. Elles passent en rase-mottes au-dessus de moi, s’abattant tête la première sur de vastes sphères d’insectes suspendus entre ciel et terre. Je sens le vent de leurs ailes sur mes tempes. Je vois distinctement devant moi le corps noir, plus caréné et plus grand, de quelque insecte englouti par une hirondelle qui le suivait le bec grand ouvert en lançant des cris. Le silence est tel que j’arrive même à entendre le craquement de son corps qui continue à souffrir, broyé et démembré, dans le corps de l’autre animal qui remonte grisé dans le ciel.
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Ils se gargarisent de mots comme amitié, amour mais en réalité ils sont très loin de savoir ce que c'est que l'amitié et l'amour. Dans leur vie, il n'y a rien d'autre, il n'y a que ça, que leur solitude et leur tentative de la camoufler, y compris à eux-mêmes, derrière les croisements des corps et leurs flots de bavardages vides et de tromperies cruelles.
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C'est quoi ce monde ?... il y a des enfants morts qui sortent en silence des écoles du soir, tout seuls... Ils n'ont personne qui les attend, debout devant le portail, ils ne lèvent même pas leur regard dans le noir, de tout façon ils savent pertinemment que personne ne les attend...
Quelle peine ils font les enfants morts quand ils sortent comme ça des écoles plongées dans le noir, la nuit, tout seuls ! Mais au fond..., les enfants vivants ne font-ils pas autant de peine ?
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Certaines nuits... il y a des centaines, des milliers de lucioles...Quelles force vous avez pour pouvoir vous allumer et vous transfigurer comme ça, pour produire une telle lumière qui se voit même de très loin... Je sais c'est un appel sexuel... D'où est venue cette petite invention désespérée et cette petite lumière ?... Pour continuer à vous reproduire ? Mais pourquoi ? Pour que d'autres être comme vous puissent continuer à se reproduire et à voler pendant quelques semaines, quelques instants, dans cette énorme nuit qui nous entoure ?
Mais elles n'en savent rien. Et, si elles le savent, elle ne me répondent pas.
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« Comment savoir si au-dessus du ciel il y a un autre ciel ? je suis en train de me demander, assis devant le précipice. Du moins celui qu’on voit d’ici, de cette gorge, au-dessus de cet agglomérat de maisons et de ruines abandonnées. Comment savoir si la lumière n’est pas elle aussi à l’intérieur d’une autre lumière ? Et quelle lumière ça peut bien être, si c’est une lumière qu’on ne peut pas voir ? Si on ne peut même pas voir la lumière, qu’est-ce qu’on peut voir d’autre ? Comment savoir si la matière dont se compose l’univers, tout du moins le peu qu’on réussit à percevoir dans l’océan de la matière et de l’énergie noire, n’est pas à l’intérieur d’une autre matière infiniment plus grande, et si la matière et l’énergie noire ne sont pas à leur tour à l’intérieur d’une obscurité infiniment plus grande ? Comment savoir si la courbure de l’espace et du temps, si courbure il y a, si espace il y a, si temps il y a, ne sont pas eux aussi à l’intérieur d’une courbure plus grande, un espace plus grand, un temps plus grand, qui vient avant, qui n’est pas encore venu ? Comment savoir pourquoi ça s’est arrangé comme ça, dans ce monde ? Est-ce que c’est comme ça partout, s’il y a un partout, dans ce déchaînement de petites lumières qui percent le noir dans cette nuit froide et dans l’obscurité la plus profonde ? Est-ce qu’il y a des gens qui nous voient, d’une de ces planètes qui gravitent autour de ces masses de gaz incendié qui de loin nous paraissent des étoiles blanches, comme le pense cet homme que je suis allé trouver dans son étable, au milieu de ces bêtes qui ont voyagé, ébahies, dans l’hyperespace ? Qu’est-ce que ça doit être la vie pour eux ? Pourquoi donc aller se balader dans l’univers dans cet œuf de lumière sans coquille ? Est-ce que leur vie est aussi malheureuse que la nôtre ? N’y a-t-il, pour eux aussi, que la douleur et le mal qui distraient, au moins pour quelques instants, du malheur ? Est-ce qu’ils ont eux aussi ce rêve bref et cruel qu’on appelle amour ? Est-ce que celui-ci aussi est à l’intérieur de quelque chose qui se trouve ailleurs ? Est-ce qu’il existe quelqu’un d’autre au milieu de tous ces globes de gaz qui brûlent dans l’obscurité la plus profonde et de ces conglomérats qui se refroidissent et se calcifient, avec leurs surfaces minérales couvertes de blessures et d’impacts, au milieu de toutes ces masses mortes expérimentales qui peuplent ce vertige qu’on a appelé espace ?
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-je suis née pour faire quelque chose de grand, je sens en moi la grandeur ... dit-elle encore au bout d'un moment ,subitement , d'un trait ,dans le noir.Ensemble nous allons faire quelque chose de grand.C'est pour ça que je suis née,c'est pour ça que je t'ai cherché et que je t'ai trouvé.
Et alors, seulement alors,pour la première fois, le vieil homme sentit qu'il était tombé éperdument amoureux d'elle.
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