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Citations de Arno Geiger (91)


On dit souvent que les malades déments sont comme des petits enfants -rares sont les textes sur le sujet qui vous épargnent cette métaphore ; c’est fâcheux. Car il est impossible qu’un adulte retombe en enfance, quand c’est la nature même de l’enfant de se développer sans cesse. Les enfants acquièrent des facultés, les personnes atteintes de démence en perdent. Le commerce des enfants vous enseigne à mieux voir les progrès, celui des malades déments les pertes. La vérité, c’est que l’âge ne vous restitue rien, c’est une glissade, et l’un des plus gros soucis que la vieillesse puisse vous causer, c’est qu’elle dure bien trop longtemps.
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La maladie ne rongeait pas seulement le cerveau de mon père, mais l’image que je m’étais faite de lui étant enfant. Toute mon enfance j’avais été fier d’être son fils. Maintenant je le tenais de plus en plus pour un esprit faible.
Jacques Derrida devait avoir raison de le dire : On ne cesse d’implorer pardon quand on écrit.
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Parfois on apprend davantage en un instant qu'en une année entière d'école.
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La vérité, c'est que l'âge ne vous restitue rien, c'est une glissade, et l'un des plus gros soucis que la veillesse puisse vous causer, c'est qu'elle dure bien trop longtemps.
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Parce que nous croyons, étant enfants, que nos parents sont forts et qu'ils affronteront les épreuves de la vie avec fermeté, nous leur pardonnons beaucoup moins facilement qu'à d'autres ces faiblesses qui apparaissent peu à peu.
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Arno Geiger
Et il est faux de prétendre que les adultes sont moins curieux qu'eux [les enfants ] et s'imaginent tout savoir. Ces adultes-là existent, bien entendu (...)
Je suis d'avis qu'on apprend certes à mieux connaître le monde chaque jour, mais que notre étonnement ne faiblit pas pour autant. C'est tout le contraire. Et nos doutes grandissent eux aussi. Moins je suis sûr de moi, plus je me sens mûr. ( "Portrait à l'hippopotame", Gallimard, 2017, p. 58)
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Voici à peu près comment je me représente la démence en cette phase moyenne où mon père se trouve en ce moment : c’est comme si l’on vous arrachait au sommeil, on ne sait pas où l’on est, les choses tournent autour de vous, les pays, les êtres, les années. On s’efforce de s’orienter mais l’on n’y parvient pas. Les choses continuent de tourner, morts, vivants, souvenirs, hallucinations semblables à des songes, lambeaux de phrases qui ne vous disent rien–et cet état ne cesse plus du reste de la journée.
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Aujourd’hui, alors que je m’apprêtais à rentrer à la caserne, un soldat est venu à moi. Il avait fait le voyage de Mondsee pour me remettre toutes les lettres que j’ai envoyées à Nanni. Il s’est montré très pessimiste. Quand je lui ai raconté que papa m’avait conseillé de toujours emporter dans mon paquetage mes effets civils, et de me défaire au plus vite de mon uniforme si ça devait virer à l’aigre, il a pris fait et cause pour papa. Mais s’ils savaient où ils peuvent se les carrer, leurs conseils… 
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Enfin nous fûmes dehors. Un vent d’est glacé me soufflait du grésil au visage. Le Brésilien me remercia une fois encore et me dit de ne pas m’inquiéter pour lui : il disposait d’une autre cachette et ses réserves de fruits et légumes secs lui permettraient de tenir six mois. (…)

Il me souffla : « Nous nous reverrons un jour ou l’autre, menino. » / « J’aimerais bien, mais cela me paraît très improbable », lui ai-je répondu. / Il chasse un chat de sa gorge. Le bruit mourut doucement dans la pluie mêlée de neige. J’ai tendu l’oreille, et le Brésilien lui-même a guetté les bruits du dehors. Le silence a repris ses droits et le Brésilien m’a dit : « Notre cœur ne s’apaise qu’à l’instant où nous sommes devenus ce que nous devons être. "
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Je t'en prie, quand je serai mort, dis-le moi.
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Un jour, je devais avoir quinze ou seize ans, mon entraîneur de l'époque, le Sensei, m'a expliqué que le but du karaté n'était pas la maîtrise de soi, mais la perte de l'esprit. Un abandon vécu sur le mode d'une libération. L'esprit doit enfin se mouvoir librement, c'est-à-dire de telle sorte que nous ne l'employions plus. Au fond, on retourne là à l'un des grands clichés à propos de l'enfance: au naturel parfait.
(p. 60)
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Pour un empire, je n’aurais plus mis les pieds dans une boucherie. La vue des quartiers de viande suspendus aux crocs en S me soulevait le cœur, l’odeur du sang me provoquait des malaises, j’avais peur de succomber encore à une crise nerveuse. 
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L'indolence de la bête et le silence qui régnait dans la maison commençaient-ils à agir sur moi ? je ne repensais plus à Judith que de loin en loin, en tout cas. Et toujours avec une résignation croissante; de ce point de vue aussi, les longues journées de travail avaient du bon. (p. 51)
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A la pensée que les enfants - , le bien le plus précieux du F., assurait - on , allaient être maintenant contraints de boire le vin que les parents dans leur déraison avaient tiré , je sentais monter en moi une froide colère .Je n’éprouvais en revanche aucune ombre de pitié pour les hommes âgés , ils avaient été dès le début , les plus fervents soutiens du régime , accueillants par de retentissants hourras chaque communiqué de victoire , ils avaient mené triomphalement la parade du pire , pour constater à présent , saisis de stupeur , que le sort des guerres ne se mesure pas dans les premiers mois , mais à la fin .
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c'est dans la vie quotidienne que son absence se faisait le plus cruellement ressentir. Que faire de tous ces rites qui étaient les nôtres quand nous étions en couple ? (p. 39)
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A cette époque de ma vie, j'ai vingt-deux ans. Le fait d'être adulte me plaît extraordinairement. Mais à la vérité je ne sais pas du tout ce que je veux, je me sens porté tantôt dans une direction, tantôt dans une autre. J'aspire à tout. je ne désire rien. (p. 12)
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Judith elle aussi m'avait demandé pourquoi je pratiquais le karaté. J'avais d'abord hésité. Puis je lui avais répondu que j'avais cédé au tout début à un fantasme de contrôle absolu de moi-même. Je voulais être adulte le plus vite possible et partais du principe que le karaté me serait de quelque secours. Et il y avait la sagesse, aussi, bien sûr...Je voulais acquérir de la sagesse. Certains gravissent des montagnes, moi je fais du karaté. (p. 57)
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Mon oncle se rappela que le temps lui était compté. Plus les heures sont chères, plus l’époque est de fer. Il me dit qu’il comptait faire à présent une ronde. A rester dans l’air confiné du poste de police, il allait définitivement se ruiner les poumons. / Nous nous sommes levés au même instant et nous sommes sortis. Quand l’oncle a libéré le chien de sa cage, je lui ai dit : « Tout cela est tellement … « / « Déprimant ? » m’a-t-il demandé ? / « Voilà » / « Je ressens la même chose, mon garçon. Une horreur !
Nous vivons une foutue époque.
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J’avais de nouveau la sensation de ne plus avoir barre sur moi-même. Je suis sorti de la ferme à toutes jambes, comme un possédé, et, m’appuyant des deux mains à la vasque de pierre, je me suis penché sur la fontaine gelée. Les visions d’effroi qui m’étaient familières m’ont une fois encore traversé et je me suis mis à trembler de tous mes membres. Familières n’était peut-être pas le mot juste, car tout ce que j’avais vécu pendant la guerre m’était demeuré étranger. Et cependant c’était comme si mon corps avait gardé l’empreinte de tout, comme s’il existait des événements dont nous ne nous remettons jamais vraiment, même si le quotidien semble peu à peu reprendre ses droits. 
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Son projet de vie : des lignes droites, pas de lignes courbes. (p.82)
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