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Critiques de Arno Geiger (48)
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Le grand royaume des ombres

*** Chronique rentrée 2019 # 4 ***



Un sujet sensible soutenu par un vocabulaire à la hauteur. Encore un livre de la rentrée que j'ai pu découvrir grâce à Lecteurs.com et les explorateurs de la rentrée 2019 . Une chance! Quand je me plonge dans un livre, je souligne, annote les marges, sème ci et là des symboles cabalistiques repérant mes étonnements, le renforcement de mes convictions, les interrogations suscitées par le roman ou le besoin de recours au dictionnaire. « le grand Royaume des ombres » terminé, je m'interroge : Quel est le message de Arno Geiger ? Ecrit à l'origine en langue allemande (Autriche), ce livre a été traduit en français par Olivier le Lay. Cette transposition utilise un niveau de vocabulaire élevé, riche en nuances, subtil et utilisé à bon escient. Ce n'est, en effet, pas tous les jours que je découvre dans mes lectures des termes tels calembredaines , clabauder, quémander, riboulant, arpions, calame, affidavit et d'autres encore. de quoi réjouir le lecteur que je suis, amoureux d'un vocabulaire large et nuancé. Heureux aussi d'avoir dû, parfois, retourner au dictionnaire pour affiner et élargir ma palette lexicale.

Le titre, un silence feutré qui me parle. Même si je me situe en dehors des personnages du roman, je le sens, j'y ai ma place. Pourquoi ce titre ? Qui, que sont ces ombres ? En quoi fondent-elles un grand royaume ? Un titre n'est jamais innocent, au pire il n'est que commercial mais ici, l'humeur même des prises de paroles des personnages plonge le lecteur dans une réalité, une vision du monde, de l'humain et de l'inhumain qui annule toute idée d'un simple étiquetage marketing de l'édition.

La jaquette, elle aussi désarçonne. Un aplat noir, troué par une fenêtre ouverte sur une nature restée nourricière, des montagnes, symbole probable de frontières, de fermetures, d'obstacles alors que la neige en recouvre les sommets semblant rendre toute élévation, toute échappée impossible, d'autant que le ciel est plombé par un bombardier qui laisse peu d'espace au besoin d'air libre. Mais le ciel, malgré quelques nuages, reste bleu et confirme le cycle des saisons autorisant l'espoir d'un temps de renouveau, de dépassement, de renaissance.

Je reçois toutes ces informations en clair. Même dans un cadre morbide, Arno Geiger réaffirme la possibilité de se focaliser sur la timide lumière de l'espoir, ce dernier, partagé, pouvant atteindre la vertu et se nommer alors Espérance.

Dans ce roman, on trouve des hommes et des girouettes. Des Hommes (hommes et femmes) battus, exploités, niés mais qui gardent la dignité des gens debout alors qu'en face, on pointe des arrivistes, profiteurs, parvenus par intérêt, lâcheté et couardises. Ils ne sont que coquilles vides… mais emplis du pouvoir de nuire et de ruminer des vengeances d'autant plus dures qu'ils se sentent de plus en plus menacés.

Une invitation à réfléchir. le lecteur ne peut que se demander dans quel camp il se laisserait happer, par conviction, par dépit, par faiblesse ou par peur et envie première de sauver sa peau ? Veit Kolbe, le héros de ce roman le répète plus d'une fois. Alors qu'il n'est plus en accord avec les vues suprématistes de ses donneurs d'ordre, il ne peut oublier qu'il a lui-même, sur le front russe, fait preuve de violence, de cruauté tragique et injuste. Il ne peut donc et ne pourra jamais nier que ce fut aussi sa guerre. Et son agir ne peut s'oublier derrière une boîte de sardines distribuée une seule fois aux juifs marchant en colonne vers la mort. Ce ‘cadeau' qui ne sera jamais fait qu'une seule fois par bien des motards de la Waffen-SS ne réparera en rien les atrocités commises. Mais il permettra au ‘généreux donneur fourbe' de le raconter des centaines de fois pour se dédouaner des atrocités commises et laisser croire qu'il avait en lui une once d'humanité.

« le grand royaume des ombres » est un roman de choix. Veit Kolbe devra choisir entre la bassesse dont il a fait preuve au sein de la guerre qu'il a menée, avec ses atrocités, ses négations de toute humanité, la faiblesse d'avoir suivi le mouvement sans trop s'inquiéter des valeurs qu'il véhiculait et la droiture qui lui commande, même instinctivement, de s'en affranchir en stoppant sa participation active à l'exécution des ordres reçus, de choisir son camp, d'aider Margot et son bébé ou le Brésilien, frère de sa logeuse mais aux antipodes de choix politiques de cette dernière et de son mari collabo. Et le moindre de ses combats ne sera certes pas celui à mener contre les visions théoriques des vertus de cette grande et belle guerre que son père veut lui inculquer… jusqu'où devra-t-il composer avec son oncle, trouillard, profiteur, planqué dans le camp de la force officielle mais illégitime ?

J'ai aimé ce livre construit sur des échanges épistolaires, des nouvelles banales qui disent ce dont on peut parler tout en laissant entendre des jugements éthiques à propos des choix posés par les uns ou les autres. Et si ce livre, à aucun moment, ne se présente comme une thèse structurée, implacable qui assène ce qui est bon, vrai et uniquement digne d'être pensé, il montre combien, même au fond du fond, au plus noir d'une époque que personne ne voudrait vivre ou revivre, le regard posé sur le monde peut repérer celui qui a besoin d'aide, de soutien.

« le grand royaume des ombres » trouve son plein sens dans cette lueur d'espoir qui n'éclabousse pas tout d'une luminosité éblouissante, évidente. L'éclairage subtil de l'espoir et de l'entraide permet seulement de distinguer des zones d'ombre et d'autres de lumière, des promesses de possibles jours meilleurs. C'est cette fragilité même d'un espoir du lendemain qui rend le livre crédible.

Oui, il est encore possible de lever les yeux vers un envol d'oiseaux, d'écouter le chant du vent, l'appel à aimer et aider ceux qui vivent autour de nous.




Lien : https://www.lecteurs.com/liv..
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Le grand royaume des ombres

Après la lecture de Lilas rouge de Reinhardt Kaiser-Mülheker, j'ai eu envie de lire un autre écrivain autrichien contemporain sur le même sujet: la guerre de l'Autriche, bon gré, mal gré aux côtés de l'Allemagne nazie.



J'avais été gênée, je l'ai dit, malgré la splendeur de la langue et l'ampleur lente et majestueuse de la fresque, par les ambiguïtés et les silences de Lilas rouge sur le passé nazi de l'Autriche et l'ellipse plus ou moins volontaire de cette faute originelle dans le roman.



Je connaissais Arno Geiger pour son magnifique livre, Le vieux roi en son exil, où il évoque son père atteint de la maladie d'Alzheimer. Un livre qui m'avait beaucoup touchée et parlé, au moment où mon père lui aussi partait dans cet exil sans mots ni sens où nous peinions à l'atteindre.



Le grand pays des ombres ne m'a pas déçue.



C'est un livre magistral. Les personnages et narrateurs sont nombreux mais, par une habileté subtile du récit, ils se croisent tous, parfois sans le savoir -magnifique scène où le narrateur principal croise le regard sombre et désespéré d'un juif viennois épuisé par une marche de la mort et où seule une écharpe colorée à son cou signale au lecteur qui est ce déporté aux portes de la nuit et du brouillard...



Le chassé-croisé des personnages attache aussi le lecteur et lui donne à entendre plus d'un son de cloche...



Cette polyphonie donne au récit une vraie richesse de points de vue, depuis le jeune enrôlé dans les jeunesses hitlériennes, jusqu'au riche bourgeois juif qui perd son nom, sa femme, son fils et bientôt la vie dans une fuite où chaque étape le rapproche un peu plus de l'enfer final.



Mais le personnage le plus attachant est un soldat dont la blessure sur le front de l'est est l'occasion d'un congé et d'un recul salutaires, à tous les sens du mot. Son amitié pour un dissident pacifiste surnommé le Brésilien, son amour pour une jeune mère allemande dont il adopte littéralement l'enfant, refont de lui un homme avec des émotions, des désirs et des choix.



Avec une très grande humanité Arno Geiger nous conduit dans cette mosaïque d'individualités, de destins. Chacun a ses bassesses, ses tendresses, ses fragilités. Tous nous deviennent, au fil du récit, proches et chers. Et cependant une note finale nous apprend que tous ont eu une existence réelle.



Nous nous croyions dans le grand jeu du roman, nous étions dans celui de l'histoire.



Bref, j'ai tout aimé dans ce très grand et beau livre... Sauf un artifice de ponctuation qui m'a agacée et ennuyée et que je n'ai pas compris: des / à tout va entre des passages que rien ne désignait pourtant à ce dépeçage artificiel.



Mais je ne vais pas/ enlever une étoile /à ce livre/ pour autant !
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Le vieux roi en son exil

Lorsque l’intellect rencontre le cœur, c’est tout un récit empli d’émotions que nous offre Arno Geiger.

Récit sensible sur la maladie d’Alzheimer dont souffra son père.

Mon propre père ne cessait de répéter «quelle pénitence d’avoir une bonne mémoire », car se rappelaient à lui de douloureux souvenirs. Lorsque la boîte noire prit place en lieu des souvenirs de mon père, c’est un nouveau chemin qu’il fallut trouver entre l’oubli et les souvenirs. Et c’est tout le travail minutieux d’Arno Geiger de trouver les justes mots sur l’oubli, la désorientation, la perte d’identité, pour ensuite accueillir son père tel qu’il fut, tel qu’il est devenu.

Il est utile quand certains oublient sans le faire exprès, de ne rien oublier de tout ce qui nous lie à cet être, loin d’un esprit faible, mais d’un être humain dont la machine se rouille, faute à personne.

Gardons en mémoire l’amour, le lien, et réinventons une nouvelle réalité pour rassurer, sécuriser, ouvrons les cœurs sur tous ces vieux rois en leur exil.
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Le vieux roi en son exil

Pas un livre pour se plaindre de la difficulté d'accompagner les malades souffrant de la maladie d'Alzheimer. Non la maladie est là : c'est un constat. Même si plusieurs années durant les enfants non pas vu la maladie s'installer, ils sont tous là pour accompagner ce père dont les souvenirs s'envolent mais est tout de même capable de bons mots dont on se délecte. L'auteur en profite pour tisser une relation père fils qu'il n'a pas eu le temps de développer du temps de sa jeunesse.

Il regarde et apprend. Il observe Daniela qui parle à son père avec respect et douceur, qui ne le braque jamais mais va dans son sens. Son père est en sécurité avec elle, les membres de la famille peuvent souffler, se ressourcer.

Lorsque j'ai lu ce livre, j'ai souvent eu le sourire et jamais pitié. C'est un formidable témoignage d'optimiste, d'aborder l'inéluctable avec le respect de la dignité humaine. C'est un livre très touchant qui ne sombre jamais dans le mélo.

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Le grand royaume des ombres

Voilà un livre idéal pour une période de vacances.



Rien de très enthousiasmant à la base : une plongée dans le quotidien d’un jeune combattant du Reich pendant la 2ème guerre mondiale. Veit Kolbe est un jeune homme autrichien qui a été blessé sur le front. Le récit débute alors qu’on lui octroie une période de convalescence. Très déçu par l’attitude de ses parents, notamment de son père avec qui il a du mal à parler de la guerre, il se retrouve au bord du lac de Mondsee. Un lieu calme et tranquille qui va lui permettre d’essayer de déprendre des horreurs de la guerre qu’il a connu.



« Le grand royaume des ombres » décrit son quotidien au cœur de la vallée. Non loin de son logement (il est logé par une mégère convaincue de la future victoire de l’armée allemande) se trouve un camp de jeunes filles évacuées : éduquées sur un mode militaire, Veit les croise de temps à autre, tout comme leur institutrice avec qui une relation aurait pu se tisser.

Une jeune femme notamment va attirer son attention : amoureuse de son cousin, avec qui elle entretient une correspondance fournie, elle est sanctionnée à la fois par l’institutrice et par les parents qui ont lu les lettres.

Elle se retrouve cloîtrée mais très vite on apprend qu’elle s’est enfuie et on ne sait pas où elle est. Veit, qui lui a parlé plusieurs fois, va s’inquiéter pour elle, et il aura raison : on saura plus tard, au cours du récit, ce qui lui est arrivée effectivement.



Mais il y a aussi la douceur de sa voisine de chambrée : Margot, et son bébé, né d’une relation avec un soldat qui espérait ainsi échapper au front, est le rayon de soleil qui va permettre à Veit de se reconstruire, tout comme cet étrange agriculteur brésilien, frère de la mégère logeuse : un personnage très attachant, qui ne rêve que de retourner au Brésil, et qui va connaître bien des soucis parce qu’il a dit tout haut ce qu’il pensait du régime en place.



Quant à Veit, il n’a pas vraiment d’engagement politique. Il parle de temps à autre du « F ». (Comprenez « le Führer » j’imagine) ou de son « donneur d’ordre » mais le cœur n’y est pas.



Non, ce qui tient ce récit de 480 pages, c’est la force de l’écriture d’Arno Geiger. Ecrivain autrichien, son écriture est ample et vaste comme un paysage alpin. Il nous décrit une société qui vacille, et c’est tout l’intérêt pour nous qui vivons avec une menace russe à proximité. Et il nous rappelle que même au cœur de l’enfer de la guerre, un peu de douceur intime est toujours possible.

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Le vieux roi en son exil

[Critique du 8 juin 2013 disparue, refaite de mémoire le 9 octobre 2014]



Effondrée.. je recherchais ce 9 octobre 2014, pour la liste de Dourvach (sur "4 de nos lectures "inoubliables") une critique ancienne, et je tombe sur cette "critique ou coquille vide"!!!! Des plus frustrées et agacées...par la surprise de cette "perte"...



... Ai-je à l'époque fait une mauvaise manipulation ??!!!

Bref, je suis d'autant plus désolée, que c'est un très , très beau texte sur des sujets difficiles: la vieillesse de nos parents, la maladie d'Alzheimer, et que de surplus, c'était le premier texte que je découvrais de ce jeune auteur allemand, avec un enthousiasme sans réserve !.



Un magnifique écrit autobiographique, d'une pudeur rare, d'un fils à son papa. Curieusement et c'est la magie de cet écrit, en dépit de la douleur du sujet, l'impression d'ensemble reste réconfortante et lumineuse; la tendresse, l'adaptation à un autre mode de communication entre le fils et le père remettent tout en question, mais enrichissent "autrement" leurs échanges. Nous sommes loin de toute jérémiade, ou lamentation. Le Fils "vit" le présent intensément avec son "papa", comme un cadeau inestimable



De mémoire, je laisse quelques traces de cette lecture, mais qui ne seront pas satisfaisantes, à mon goût ! Je vais tenter désormais de sauvegarder mes "critiques", car les ressentis sont rédigés le plus souvent à vif , et dans une spontanéïté qu'on ne peut pas retrouver ensuite !!. J'avais mis 5 étoiles à ce texte étonnant, d'une rare élégance et sensibilité, qui m'avait littéralement emportée. Je l'avais emprunté à la médiathèque, et l'avais "dévoré" en 48 heures.... Je sens que je vais faire une relecture !!! et me pencher sur les autres écrits d'Arno Geiger...

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Le grand royaume des ombres

Livre fleuve, au torrents de mots savamment employés, la guerre de 39 45 vue du cote allemand, on pourrait aisé ce long et captivant a "la montagne magique" de M man , même si ce dernier est un peu plus abordable, galeries de personnages, difficile de ne pas s'identifier a l'un d'entre eux.



Avec ce livre, on découvre surtout l'enfer de la guerre vue par les civils, le texte résonne comme un long murmure, une plainte déchirante, ponctués de bombardements littéraires uniques, un livre poignant, jamais ennuyeux, seuls les lettre écrits par les protagonistes du roman a leurs familles, peuvent perturber au début, mais l'ensemble fait corps.



Coup de coeur
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Le grand royaume des ombres

Superbe fresque sur l’ histoire autrichienne, pendant la seconde guerre mondiale.

Démobilisé et blessé sur le front de l’ est, le soldat Veit traîne son spleen sur les rives du lac Mondsee.

Ce récit, entrecoupé de diverses correspondances, reflète l’ambiance de l’ Autriche, sous les nazis.

L’ écrivain a étudié les archives et sait décrire, avec brio, l’ aveuglement du peuple et le déni des élites.

Entre les échos étouffés des armes et la vie bucolique dans le Salzkammergut, Veit traîne sa dépression et son mal être.

Tel le héros de Terrence Malick, dans son très beau film «  La vie cachée « , le personnage d’ Arno Geiger est partagé entre le paradis , dans le calme de Mondsee et l’enfer sur les chemins noirs de la guerre.

Un excellent roman.
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Le grand royaume des ombres

Le lac de Mondsee, comme un écrin dominé par le Schafberg et le Drachenwald, est le décor principal du roman, dans une mise en abîme réussie de la 2ème guerre mondiale, du coté de ceux qui s'apprêtent à la perdre. Cette guerre sans champ de bataille directement évoqué, est omniprésente.

Elle est mise en scène dans des lettres, à trois voix, parenthèses dans le récit et prétextes à raconter au jour le jour, le quotidien terrible, la déportation, les bombardements, les dernières mobilisations.

Elle est évoquée par Veit Kolbe, en flashs de cauchemars hallucinés, mais aussi dans une lucide mise en cause du donneur d'ordre et de son système tout entier, désigné par la lettre F, jamais nommé pour ne pas laisser prise à la répression, toujours présente malgré la défaite annoncée. C'est toute une société sous la botte nazie qui évolue dans ce livre, avec des personnages totalement conditionnés par le régime et d'autres qui semblent y échapper, comme le héros, qui parviendra à se hisser au dessus de l'apocalypse, par sa rencontre avec la fille de Darmstadt.
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Tout sur Sally

Les vacances en Angleterre d'Alfred et de son épouse Sally sont interrompues lorsqu'ils apprennent qu'ils ont été cambriolés. Alors que Sally digère la nouvelle, Alfred est abattu. Ils rentrent donc à Vienne où la maison a été mise sens dessus dessous. Tandis que Sally s'active, range et nettoie, Alfred s'enferme dans une léthargie. Alfred et son éternel bas de contention, Alfred qui ne lève pas le petit doigt et se lamente. Sally devra bientôt reprendre son travail de professeur au collège et elle consacre donc ce qui lui reste de vacances à tout remettre en ordre avec un peu d'aide de la part de leurs enfants.



Tous deux ont plus de cinquante ans et sont mariés depuis presque trente ans. Agacée par l'attitude d'Alfred, elle lui envoie des pics (bien ironiques ou mordants) auxquels il ne répond pas. "Idéaliste et réaliste" conjuguant et assumant les contradictions et les ambiguïtés des facettes de sa personnalité, Sally entame une liaison avec son voisin Erik.

la suite sur : http://claraetlesmots.blogspot.fr/2015/04/arno-geiger-tout-sur-sally.html
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Le vieux roi en son exil

Ce livre est une vraie trouvaille...Je ne connaissais pas l'auteur et n'avais pas entendu parler de ce roman, c'est donc léger que je l'ai abordé.

Peut-être parce que l'épreuve d'Arno, je la connais, je vis avec, peut-être le titre shakespearien....



Un père atteint de la maladie d'Alzheimer dont la mémoire peu à peu s'efface, un fils qui parcours le chemin qui le mène à son père, à son histoire. Une écriture oscillant entre gravité et humour, Arno reconstitue le lien que la démence d'August (le père) dilue...



Bien évidemment la raison essentielle de ma passion pour ce roman s’imposera tout naturellement au fil de la lecture, ce qui me fascine, m’effraie, me torture, me fais agir de la façon dont j’agis, m’a tenu en vie à certains moments, m’a inspiré à d’autres, m’a révolté parfois : les étranges relations d’un père et de son fils…

Mon père, mon fils.

Comment ne pas penser à ma propre histoire, avec mon propre père (né en 1926, comme August engagé dans la guerre à 17 ans, comme August !) qui n’a jamais voulu évoquer cette période que j’ai toujours imaginée au travers de 2 ou 3 photos et autre citation et médaille militaire. Tous deux sont rentrés cassés de cette guerre, August malade, mal soigné dans les hôpitaux soviétiques, mon père traumatisé par la peur et la mort.

Le début de la maladie, mariage d’un fils et « débordements gastronomiques »

« Certes, notre père était étrange par moments, mais n’avait-il pas toujours été comme cela »



Mes désirs par rapport à mon propre fils.
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Tout sur Sally

En Autriche, Alfred et Sally, quinquas, forment un couple bourgeois, sans histoire. Ils sont en vacances en Angleterre et à leur retour ils apprennent que leur villa a été cambriolée. Stupeur chez le couple. Sally, s'en remet assez vite en voulant tout repeindre dans la maison. Alfred, est furieux, grognon et a beaucoup plus de mal à tourner la page. De cet événement, va découler une fissure dans le couple. Sally s'ennuie et prend un amant...

J'ai bien aimé ce roman qui se lit rapidement malgré l'épaisseur du bouquin. L'écriture est fluide.

Un petit bémol cependant, le chapitre où il raconte la naissance du couple est un peu longue et brouillonne à mon goût, j'avoue que je l'ai un peu passé.

Un beau portrait de femme ! Bonne lecture !
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Le vieux roi en son exil





Fragments d’une déchéance annoncée. Arno Geiger observe et note les progrès de la maladie d’Alzheimer sur son vieux père encore vivant. Le sujet n’est pas neuf, mais le ton et le propos le sont. Pas de récit constitué : des bribes de conversation arrachées à la nuit et qui renouent curieusement avec le vieux roi exilé dans sa folie : le fils, écrivain à succès, rejoint son vieux paysan bricoleur de père dans le monde qui est désormais le sien, sans chercher à le ramener à une réalité qui n’a plus de sens pour lui. Il découvre son langage, ses images, sa sagesse, avant le naufrage final. Il découvre- et se découvre aussi- une tendresse et une force, une confiance et une affection qui n’ont plus de masque. Bouleversant et d’une grande simplicité.

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Le vieux roi en son exil

Arno Geiger, avec de douces interrogations, nous introduit, non dans la maladie du père, mais dans sa perception par le fils. « Et c’est ainsi que s’engagea un jeu du chat et de la souris qui devait durer plusieurs années, avec notre père et nous-mêmes dans le rôle de la souris, la maladie dans celle du chat ». L’auteur réussit à traduire les perceptions, les absences, les questions, les répétitions, les pertes de lieu ou de temps. Un écoulement hors de la maîtrise de soi. « C’est comme si je voyais mon père se vider de son sang au ralenti. La vie s’écoule de lui goutte à goutte.Sa personnalité même s’écoule de lui goutte à goutte ».



Maladie d’Alzheimer. « La maladie d’Alzheimer est une maladie qui, comme tout ce qui a quelque importance, nous en dit long sur autre chose qu’elle-même ». La perte d’autonomie. Entendre l’autre dans son rapport à la vie quotidienne. « Nous entendions le bruit et nous pensions que c’était le vent dans la maison qui se délabre lentement ».



Lentement mais non régulièrement. « La maladie tendait sa toile sur lui, discrète, précautionneuse. Notre père y était déjà tout empêtré sans que nous l’eussions remarqué ». La maladie, les discordances, les rythmes, et le temps. Le malade et son entourage. L’interaction sociale. L’importance de l’attention, des paroles, des soins.



Le regard du fils sur le père. « La maladie ne rongeait pas seulement le cerveau de mon père, mais l’image que je m’étais faite de lui étant enfant ».



Les retours dans le passé, incontournable seconde guerre mondiale dans cette Europe de dévastation.



Où suis-je ? Repères vacillants ou insignifiants. « Quant il disait qu’il rentrerait à la maison, ce projet, en vérité n’était pas dirigé contre le lieu qu’il voulait quitter, mais contre cette situation dans laquelle il se sentait étranger et malheureux ». Interprétations et supputations. En face des êtres en maladie, du brouillage des lignes, la recherche de points d’appui, de certitudes rassurantes.



Le temps devient lignes brisées. Le passé se rend présent, le présent se vit en incursion des autres temps. « En acceptant que mon père rende les morts un peu vivants, et qu’il se rapproche lui-même ainsi de la mort, je parvins à pénétrer plus profondément sa souffrance ». La souffrance.



Les rythmes devenus incompréhensibles et leurs contraintes dénuées de sens.



« Et qu’aimes-tu le moins ?



Devoir suivre. Je n’aime pas qu’on me bouscule »



La maladie impose aussi aux « bien portants » de s’écarter, de se préserver, de ne pas tomber dans la spirale enveloppante de ses extensions…



La séparation. Les séparations.



Reste, que ce portrait compréhensif, attentif, cette réinvention du père, ce regard interrogatif sur cette terrible déchéance, pour talentueuse qu’elle soit, ne saurait suffire. « La maladie d’Alzheimer est une maladie qui, comme tout ce qui a quelque importance, nous en dit long sur autre chose qu’elle-même ». Car, peut-être, la déchirure, la violence de la perte de soi, ces autres proches/absent-e-s ne nous comprenant plus, ces distances devenues infranchissables, les regards perdus sans horizon pensable, se vivent, se ressentent comme souffrances indicibles…
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Tout va bien

Gallimard, 2008 432 p.



La maison de sa grand-mère dans un faubourg de Vienne constitue un héritage encombrant pour Philipp Erlach.

Il aurait voulu échapper à l’histoire familiale, mais avec cette grande demeure dont il ne sait que faire, elle semble le rattraper :

Richard et Alma, ses grands-parents, qui ne veulent pas jouer le jeu des nazis au moment de l’Anschluss ;

sa mère Ingrid, née juste avant la guerre, qui s’éprend de Peter, enrôlé dans les jeunesses hitlériennes pendant les derniers jours de la débâcle, dans Vienne en ruine.

La fin tragique de leur mariage laissera Philipp seul avec sa sœur Sissi et un père un peu farfelu…



Tout va bien évoque au présent les grands événements dramatiques tout autant que les petites choses indicibles du quotidien, qui font l’histoire d’une famille, d’un siècle.

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Le vieux roi en son exil

La tendresse, l'amour et la patience d'un fils envers son père atteint de la maladie d'Alzheimer. Lorsqu'il prend conscience de l'état de son père, l'auteur retisse des fils avec cet ancêtre qui a toujours été un peu distant avec sa famille et essaye de le connaître mieux, maintenant qu'il n'est plus possible d'obtenir toutes les réponses. Entre souvenirs et présent, il nous dit le dur apprentissage de ceux qui doivent accompagner et parfois apprivoiser, la folle énergie nécessaire, comment composer et s' et adapter au jour le jour, et de l'autre côté, le désarroi de celui qui ne sait plus, qui ne reconnaît plus sa maison, son entourage, le sentiment d'être en terrain inconnu, d'être abandonné, Et , parfois, des éclairs de lucidité, des phrases-pépites face au mal qui brouille ses repères.

Une leçon de bienveillance et d'amour. Très beau texte.
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Le vieux roi en son exil

ATTENTION ! Choc possible pour les âmes sensibles, voici un gros mot : ALZHEIMER ! Gros, pas parce qu'il serait écrit en majuscules, pas parce qu'il compterait beaucoup de points au Scrabble (au minimum 22), ni parce qu'il aurait une taille très supérieure à la moyenne française (5,5 lettres par mot), ni parce que ce serait une réelle injure, mais gros par toute la charge émotionnelle qu'il transporte, par le trouble qu'il peut provoquer, par la peur qu'il génère, par le malaise dans l'attitude à adopter face à la maladie et aux malades. Il est effectivement à la limite du politiquement correct, qui nous incline à repousser au plus loin de nous, physiquement comme psychologiquement, tout ce qui s'y rapporte, et particulièrement les malades.

Et pourtant ! Ce récit dit tout le contraire. L'auteur rapporte combien la maladie de son père a été justement pour lui l'occasion de renouer des liens distendus après l'enfance, d'exprimer son amour, de continuer de grandir.

La tristesse, le désarroi, les difficultés ne sont pas éludées, mais c'est le caractère positif de l'expérience qui prévaut. En effet, presque comme par contagion, les problèmes de mémoire d'un seul permettent à toute la famille d'oublier, de mettre de côté ce qui les avait séparés, éloignés du père.

Toutefois, la situation n'est pas d'emblée rose. En effet, la faible réciprocité et la dissymétrie des comportements et des sentiments engendrent des frustrations puisque le rétablissement de relations normales n'est plus possible. Au fil du livre, le deuil de ce souhait de normalité se fait, grâce un questionnement permanent, bien sûr très concret à propos de la gestion du père malade, mais également sur des sujets beaucoup plus existentiels, concernant la recherche et la compréhension des origines, de souvenirs, concernant des méditations sur la vie et le temps. Il en découle un recul et une sagesse qui laissent place à la compassion, à la tendresse dans une belle et douce appréhension de la maladie du père par le fils, aux antipodes de la peur, du découragement et du rejet qu'Alzheimer peut engendrer ; semblant même laisser la place à un relatif bonheur partagé, fait de dépouillement, de gestes essentiels, de sincérité et même d'humour.

"Lorsque fut déjoué ce que nous espérions, alors seulement nous vécûmes."
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Le vieux roi en son exil

Déjà présentes dans Tout va bien,le remarquable roman qui contribua à faire connaître l'Autrichien Arno Geiger,la perte d'autonomie et la maladie d'Alzheimer sont au centre du récit,et non roman cette fois, Le vieux roi en son exil. Sous ce très beau titre crépusculaire et non sans majesté Geiger décrit le déclin de son père August Geiger,sans artifice et avec une précision calme et stricte,avec un recul salutaire et pas mal de drôlerie aussi.Sans aucun voyeurisme ni sinistrose l'auteur réussit une approche humaine, avec ce qu'il faut de déchirement mais aussi le sens du farfelu que ce drame contient parfois.



Dans cette reconstruction du monde recréé par la maladie Arno Geiger inclut des notations précises sur le père de son père,ce qui donne une cohérence bienvenue et un je ne sais quoi d'inéluctable qui nous concerne tous.Foi catholique, ardeur paysanne, souvenirs et la présence de quelques objets, tout cela donne à ce roman une solidité rassurante malgré le thème qu'on ne saurait élaguer maintenant de toute société contemporaine,thème auquel nous sommes presque tous confrontés tôt ou tard et sur lequel il faudra bien un jour ne plus se contenter de nos sempiternels clichés.




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Tout va bien

J'ai eu bien du mal à entrer dans cette histoire de famille. Il a fallu plus de 200 pages pour que je commence à m'intéresser à la vie des personnages, en particulier à Ingrid et Peter les parents de Philippe. Malheureusement les évocations du passé sont entrecoupées par de longs passages concernant de ce même Philippe et il est loin d'avoir une vie passionnante! Complètement largué, il subit les évènements, que ce soit sa liaison avec une femme mariée ou les travaux dans sa maison. Cependant, au fil des page j'ai ressenti sa grande détresse et son désir d'avoir des amis coûte que coûte m'a quelque peu émue. Bref, cette incursion dans la littérature autrichienne ne m'a pas emballée et je ne recommande pas ce livre excepté si on a envie d'en savoir plus sur l'histoire du pays et qu'on n'a pas peur de s'ennuyer un peu.
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Tout sur Sally

Roman sur un couple de cinquantenaires vivant à Vienne. L'écriture est agréable, la vie de ce couple est intéressante et la façon dont les deux membres du couple peuvent se voir est très bien retranscrite.



Par contre, l'auteur a développé beaucoup d'idées différentes. Un chapitre entier est écrit comme le flux de conscience d'Alfred, un autre porte sur la jeunesse de ce couple au Caire. Ce chapitre au Caire m'a paru ennuyeux et pas utile pour mieux comprendre le couple mais dans le même temps, il est bien écrit... Ce livre me laisse un sentiment très mitigé.
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D'après le roman Night Bus de Samuel Hopkins Adams, Gable triomphe dans l'un des premières comédies loufoques (screwball comedy) du cinéma. Ce film américain réalisé par Frank Capra en 1934 avec Claudette Colbert s'intitule:

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