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Critiques de Arthur Dreyfus (159)
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Sans Véronique

Voici un ouvrage qui nous entraîne dans les drames de ce début du vingt et unième siècle : Bernard et Véronique forment un couple heureux malgré les petits accrochages banals du quotidien , lui plutôt silencieux,,tout à ses rendez- vous de travail : il est plombier , dépanne tout, elle : caissière dans un supermarché.

Elle a des copines qu'elle reçoit à la maison, ouverte et rieuse,féminine, coquette, liseuse de blogs sur la beauté , toujours amoureuse de son mari , elle gagne un cadeau de retraite, une semaine de vacances en Tunisie , dans un bel hôtel, sur la plage de Sousse, avec une amie ......

Ils se disent au revoir dans le métro , lui rejoint ses deux chiens et sa passion pour les petits trains et les locomotives , surtout la Jouef HJ 2136, d'origine SNCF , son atelier d'aéromodélisme, à la maison , son "hobby solitaire" , que Véronique respecte , bien que cela ne la passionne guère ...

Ils ont une fille Alexia , qui apporte ses repas à Bernard pendant l'absence de sa mére...

C'est un quotidien simple pour ce couple comme tant d'autres , mais pétri de tendresse , l'auteur le décrit minutieusement .....

Soudain tout bascule, une voix administrative des affaires étrangères annonce à Bernard, sidéré que Véronique fait partie des victimes d'un attentat sur la plage de Sousse , le 26 juin 2015....

Nous allons suivre l'hébétement de Bernard, la douleur brutale, le gouffre sans fin , l'horreur invraisemblable qui met fin à leur bonheur :" Qu'est- ce qui est arrivé à ma femme "?

En parallèle nous suivons le quotidien de la famille du terroriste, le récit oscillera entre les deux familles , Seifeddine , l'auteur de l'attentat vient d'une famille modeste , étudiant , ses parents ont été douloureusement touchés par la mort de leur autre fils foudroyé ...

Comment un étudiant peut- il devenir un tueur?



Il tombe amoureux de Sophie, étudiante belge, il n'obtient pas ses papiers.......

L'auteur avec maestria exploite ce sujet délicat grave, douloureux , contemporain avec précision.

"Soldat de Dieu, "Futur martyr, "l'auteur montre une connaissance aiguë de ce fanatisme religieux , la lutte mortelle contre les "mécréants " et "les impurs" ....l'intoxication mentale et l'embrigadement.......



C'est le grand mérite de cet ouvrage , la tragédie se déroule ... N'en disons pas plus!

Les phrases sont trés longues mais le verbe est prenant et facile, le lecteur n'est pas gêné .

Un roman bouleversant bien documenté , éprouvant , qui nous prend aux tripes par l'attitude de Bernard que la douleur rapproche de sa fille et qui , de la prostration à l' hébétude désirera se venger ...l'auteur nous donne à voir les ressorts de ce drame ,une tragédie contemporaine , à l'aide d'une plume alerte qui fourmille de détails , sans jamais juger ....
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Sans Véronique

Le nouveau roman d'Arthur Dreyfus est une plongée dans notre 21ème siècle. L'auteure s'empare des questions qui bousculent et questionnent le monde d'aujourd'hui et la société française en particulier : la guerre contre le terrorisme et la radicalisation.



Tout commence comme une belle histoire, celle de Bernard et Véronique, un couple uni par un amour fou, presque fusionnel.

Lui est artisan plombier, elle caissière de supermarché vient de recevoir comme cadeau de départ à la retraite, un séjour d'une semaine au soleil Tunisien qu'elle va partager avec une amie.



Ils se séparent dans le métro parisien. Lui va retrouver son quotidien, ses chiens, son travail. Et elle, une liberté qui l'effraie presque.



Dans la première partie, l'auteur passe au crible ces vies sans importance, où le quotidien est fait de ces petits riens, tellement ordinaires, mais qui parfois portent le nom de bonheur.



Le roman bascule lorsqu'une voix anonyme apprend à Bernard que Véronique fait partie des victimes de l'attentat qui vient d'être perpétré sur la plage de Sousse en ce 26 juin 2015.



Le récit va suivre parallèlement le calvaire de Bernard, qui face à l'horreur décide de se venger et d'en tuer « au moins un ».



L'auteur s'attarde également sur le profil du terroriste et essaie de comprendre comment un jeune étudiant brillant peut devenir un tueur.



En s'emparant d'un sujet aussi délicat, Arthur Dreyfus a sans aucun doute pris un énorme risque, mais il le fait magistralement.



Les phrases sont longues, jusqu'à six ou sept pages, mais le style est fluide et ce procédé d'écriture parfaitement maîtrisé, ne m'a à aucun moment paru pesant.



Je remercie Babelio et les Editions Gallimard qui m'ont permis de faire cette découverte dans le cadre de Masse Critique.



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La troisième main

Étrange histoire que celle contée dans ce roman signé Arthur Dreyfus.

La troisième main.

Au travers de ses carnets, Paul Marchand nous narre ses mésaventures. Une vie bouleversée et bouleversante.

Effrayante même, diront certains.

Un matin de 1915, l'adolescent, pour gagner quelques sous, s'en va faire une livraison, pas loin, des combats qui font rage. Si près que... Boum !!!

Début du cauchemar.

Le voici qui s'éveille avec un nouveau membre.

Une troisième main.

Telle la créature de Frankenstein, le voici qui enrage, tentant d'abord d'échapper à celui qui l'a transformé en un être monstrueux, il va devoir s'adapter.

Adopter cette main, la cacher, la gérer, la comprendre, la maîtriser, l'utiliser enfin, pour vivre.

Déroutant, ce roman, tout en chapitres courts, se lit comme un journal intime. Celui d'une vie compliquée.

On accompagne, avec beaucoup d'empathie, un jeune homme attachant.

On partage son errance, ses peurs, son courage.

Conscient de la nature de sa monstruosité, due à une infirmité imposée, il va devoir lutter pour se construire, néanmoins, une vie qu'il rêve "normale".

Par delà le quotidien tragique du héros de ce roman, il faut, avant tout, mettre l'accent sur l'écriture de Dreyfus. Véritable régal pour le lecteur. Le miel sur l'acidité du récit.

Un roman qui mêle, avec intelligence, l'étrange et la beauté de la langue française.

Une pépite de la rentrée littéraire 2023.

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Nos trente ans

Adepte des livres audio, je suis aussi un consommateur du Web. Ancien directeur informatique je suis aussi furieux à mon égard de ma faible vigilance. On s'éloigne me direz vous. Est-ce le contenu le plus important, ou peut-être le contenant.



Le 26 juillet quand je fais un copier-coller pour écouter, "Mes trente ans", je n'imaginais pas que l'opération sera factice, un format Axx n'est pas standard, ce n'est pas du Mp3. Je vais y revenir.



Je commente enfin à mon retour d'Irlande, ces textes d'Arthur Dreyfus sur nos 30 ans.





Malgré 4 enfants et leurs expériences de parents, puisque nous avons 21 petits enfants, je n'ai pas accroché à ces textes qui ne peuvent pas me semble t-il, être écoutés ou appréciés sur la mise en scène proposée. de nombreuses, situations biens connues sont visitées, mais sans la pointe d'impondérable indispensable au romanesque. L'autre solution eut été de demander à Alix Girod de L'Ain de rédiger ces dialogues.

Elle sait, sur Elle transformer avec humour un incident banal en une réaction chimique démesurée et imprévue.





J'ai eu tendance à capter un passage, mais avant même de m'installer sur cet interviewé, j'étais redirigé vers une autre voix et sur autre problématique. C'est tout simplement irrecevable. Dans un roman on s'imprègne des personnages grâce, soit à l'histoire soit à l'enchaînement des événements.





Je n'ai pas pu réellement comprendre les problématiques des uns et des autres. Je ne suis pas un psy. Je pense qu'un psy et lui seul peut s'y retrouver. Passer d'un patient à un autre patient c'est son job.



J'ai eu l'impression de suivre plus belle la vie sans les images.





L'expérimentation est essentielle dans le domaine de la littérature et dans l'évolution de la langue, il faut que le jeune Arthur Dreyfus poursuive, mais en dehors d'Audible. Ce n'est pas le vecteur qui livrera les bons textes et par la suite l'espoir du succès.





Sur le fond, en tant que lecteur je n'aurais pas validé les textes. Il y a trop de banalités, de réflexions classiques, de réactions déjà vues et entendues. Ces textes viennent du langage courant, le style est neutre, à l'opposé d'une lecture littéraire qui nous ferait rêver.



Si ce n'est pas littéraire, c'est sur une impasse que l'on vous conduit, cul de sac en Anglais.





Alors pour quoi Audible a proposé ou accepté cette initiative ? Pour accroître sa part de marché dans le livre audio. Derrière Audible c'est Amazone. le donneur d'ordre doit précéder le marché voir le fabriquer.



C'est un acte de conquête de l'innovation dans le domaine de l'audio, et pour se protéger on fait de l' Axx, au lieu du Mp3. J'ai réussi à convertir mais combien de lecteurs sont capable de convertir du xxx en Mp3 ?





J'ai sur mon dernier livre, Les Fissures de l'Aube, réalisé un livre audio de A à Z, cela m'a pris une année, pour pouvoir tout maîtriser, aujourd'hui l'audio est hébergé chez moi, car les maisons d'éditions ne se sont pas équipées pour réaliser cette prestation.

Les maisons d'éditions font du Pdf en livre numérique, c'est à dire le manuscrit, coût nul.

Ma démarche est citoyenne, je tiens à démontrer que des livres en Audio créés par des partenaires français, c'est possible.





En se désintéressant à la qualité littéraire d'une œuvre, et en sous traitant la fabrication du livre audio, on ouvre en très grand les portes à un groupe, un seul, Amazone.

Ce géant a créé Audible.fr, soyez attentifs le Audible.fr est dérouté sur Audible.uk. Tous nos livres en Audio sont anglais soit 95% de nos œuvres littéraires.





Et maintenant quelques commentateurs osent avancer que le langage de demain, le rap l'inventera ? Les romans, la poésie, le théâtre, résistent mal au langage des réseaux sociaux, notre langue n'a t-elle pas déjà basculé sur le franglais. Cette innovation qui a délibérément tournée le dos à la recherche d'une vrai écriture est totalement tournée vers cette nouvelle vision de notre langue.



Serge Joncour a vu juste avec Chien-Loup.







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Je ne sais rien de la Corée

Passé une entrée en matière faite d'extraits de facebook et de digressions qui m'ont un peu agacées, notamment quand l'auteur se met à psychanalyser tous ceux qu'il croise j'ai beaucoup aimé ce documentaire. Quand l'auteur se décide à entrer dans le vif du sujet il nous emmène avec lui en complète immersion dans ce pays qui pour ma part m'est complètement inconnu.

Arthur DREYFUS nous donne une vision plutôt complète de la Corée et tente d'exposer l'ensemble des points de vue divergents voire parfois complètement opposées de la Corée. J'ai apprécié qu'il donne la parole à des personnes aux profils variés, aux histoires différentes et qui sont parfois en complet désaccord. Tantôt les témoignages se recoupent tantôt ils s'opposent. Arthur DREYFUS ne se pose pas en juge ou en donneur de leçon, il observe.



A travers ce récit on prend conscience de l'impact que peut avoir une idéologie sur tout un peuple. le confucianisme a plutôt une image positive en Europe, il apparaît comme des règles de vie empreintes de sagesse. A y regarder de plus prêt pour les Coréens cela a plutôt eu l'effet d'un carcan. Il en découle des règles innombrables et un comportement incompréhensible pour les non Coréens ce qui conduit inévitablement à donner l'image d'un peuple replié sur lui même et d'une population timide voire même introvertie. L'initiative de l'auteur de décrypter ce peuple me paraît d'autant plus audacieuse et réussie.



D'anecdotes, en faits historiques en passant par l'actualité, la vie professionnelle, la vie privée, le monde des affaires, les relations internationales, la politique... l'auteur nous brosse un portrait plutôt complet de cette société avec ses atouts et ses faiblesses. Sans compter la grande découverte du parc des pénis! Non je n'invente rien ça existe pour de vrai :)



Un documentaire qui se lit comme un roman et qui m'est apparu plutôt objectif. Il permet au lecteur néophyte de découvrir la Corée de manière globale. Une Corée parfois touchante, parfois incompréhensible mais toujours intéressante. L'auteur a une belle écriture empreinte de beaucoup d'humanité ce qui ne gâche rien. Merci M. DREYFUS car désormais J'en sais un peu plus sur la Corée.
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La troisième main

Cela se passe entre 1914 et 1933, Paul, adolescent Bisontin, blessé, est recueilli et soigné par un médecin fou dont la marotte est la greffe d’organes tous azimuts. Il le sauve, mais, lui greffe un bras sur l’abdomen à hauteur du nombril, qu’il va devoir assumer pour le meilleur et pour le pire ! Un roman d’une grande originalité porté par une écriture directe de grande qualité qui prend le lecteur à témoin pour faire progresser la narration. Attention ! Cette troisième main n’est pas qu’un appendice inerte, elle pense, elle peut agir de façon indépendante, en phase ou non avec le greffé et cela offre de nombreuses possibilités de scénarios dont use l’auteur. Un véritable régal d’aventures et d’humour dont il ne faut pas se priver.
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Nos trente ans

Pourquoi avoir choisi ce livre audio et souhaiter le chroniquer ? D’abord, ma première expérience en audio-book (voir mon article « Dernière terre » : https://www.musemaniasbooks.be/2019/06/02/derniere-terre-de-clement-riviere-anticipation-et-comedie/) ne fut pas des plus concluantes. Ensuite, et sûrement raison principale, étant âgée de 33 ans, j’étais assez curieuse de voir si j’allais pouvoir me retrouver dans ces « témoignages » ou si j’étais en fait à mille lieues de mes semblables. Ma réponse ne sera pas catégorique.



6 personnes : 3 filles et 3 garçons sont interrogés par un intervieweur invisible sur les grands thèmes de la vie : l’amour, la vie professionnelle, la religion, la politique,… afin de connaître ce qu’ils en pensent, leurs ressentis. Comment ces individus qui ont vu passer un millénaire voient leur passé, leur présent et leur avenir…



Bien entendu, on se rend vite compte que les différences dans les aspirations de chacun proviennent du milieu social dans lequel chacun des personnages a évolué depuis sa naissance. C’est là que l’on peut ou non s’identifier à l’un ou l’autre des personnages ou du moins s’y attacher. A vrai dire, je ne me suis pas clairement retrouvée dans un des protagonistes qui étaient, pour moi, souvent poussés vers les extrêmes. J’ai plus pioché à gauche et à droite certains éléments dans lesquels je pouvais y trouver des ressemblances avec mon vécu.



Contrairement à mon premier livre audio et malgré la présence de plusieurs voix différentes, aucune d’entre elles n’a eu le don de m’irriter. J’ai trouvé le « jeu des acteurs » assez juste, s’éloignant de la sorte à ce qu’on pourrait éprouver en lisant un « vrai » livre papier ou ebook.



Pour ceux qui voudraient essayer le livre audio, c’est une assez bonne alternative avant de se plonger dans une lecture mono-vocale, surtout qu’il est assez court au niveau de sa longueur, puisqu’il fait un peu moins de 6 heures. En plus, le fil conducteur d’avoir réuni des trentenaires, on peut quitter son écoute quand on veut, sans risquer de passer à côté d’un moment crucial de l’histoire. Voilà là un bon ebook pour passer l’été, à écouter sur la plage ou en ballade.



Je remercie Babelio et Audible Studios pour cette Masse Critique privilégiée.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Beau repaire : Jacques Higelin reçoit

Beau repaire, le nouveau CD de Jacques Higelin, est sorti le 1er avril 2013. Pour l’occasion, quatorze écrivains ont rédigé un texte s’inspirant d’une chanson de cet album. Nouvelles, poèmes où témoignages, chacun a eu les coudées franches pour rendre à sa façon hommage à celui que J.A. Bertrand surnomme « le grand Jacques ».



Le résultat est forcément varié, parfois inégal, mais respire l’admiration et la sincérité. Parmi mes textes préférés vous ne serez pas étonnés si je vous dis que celui de Valentine Goby mettant en scène les enfants de Manille (comme dans Méduses) m’est allé droit au cœur. Excellentes aussi les nouvelles d’Olivier Adam, de Brigitte Giraud de Didier Daeninckx, de Sylvain Tesson et d’Agnès Desarthe. Touchants les témoignages de moments passés aux cotés du chanteur par Jérôme Garcin et Jacques Bertrand. Flamboyant le poème de Brigitte Fontaine, véritable « ode à Higelin ». Drôle la lettre pleine de mauvaise foi que lui adresse François Morel. Bref, les grands noms se bousculent (j’aurais pu aussi citer Tonino Benacquista, Arthur Dreyfus, Atiq Rahimi ou Nadine Trintignant) et la qualité est au rendez-vous.



La quatrième de couverture parle d’un « kaléidoscope littéraire » et je crois que c’est exactement ça. L’idéal pour souligner le coté touche à tout et lunaire d’un auteur compositeur qui traverse les décennies et les modes avec une classe et une simplicité dont beaucoup « d’artistes » actuels feraient bien de s’inspirer.



A noter pour finir que le recueil contient, en plus des textes, le CD Beau repaire. Un joli cadeau à glisser sous le sapin non ? Il est encore temps…
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Nos trente ans

Pourquoi avoir choisi ce livre audio et souhaiter le chroniquer ? D’abord, ma première expérience en audio-book (voir mon article « Dernière terre » : https://www.musemaniasbooks.be/2019/06/02/derniere-terre-de-clement-riviere-anticipation-et-comedie/) ne fut pas des plus concluantes. Ensuite, et sûrement raison principale, étant âgée de 33 ans, j’étais assez curieuse de voir si j’allais pouvoir me retrouver dans ces « témoignages » ou si j’étais en fait à mille lieues de mes semblables. Ma réponse ne sera pas catégorique. 



6 personnes : 3 filles et 3 garçons sont interrogés par un intervieweur invisible sur les grands thèmes de la vie : l’amour, la vie professionnelle, la religion, la politique,… afin de connaître ce qu’ils en pensent, leurs ressentis. Comment ces individus qui ont vu passer un millénaire voient leur passé, leur présent et leur avenir…



Bien entendu, on se rend vite compte que les différences dans les aspirations de chacun proviennent du milieu social dans lequel chacun des personnages a évolué depuis sa naissance. C’est là que l’on peut ou non s’identifier à l’un ou l’autre des personnages ou du moins s’y attacher. A vrai dire, je ne me suis pas clairement retrouvée dans un des protagonistes qui étaient, pour moi, souvent poussés vers les extrêmes. J’ai plus pioché à gauche et à droite certains éléments dans lesquels je pouvais y trouver des ressemblances avec mon vécu.



Contrairement à mon premier livre audio et malgré la présence de plusieurs voix différentes, aucune d’entre elles n’a eu le don de m’irriter. J’ai trouvé le « jeu des acteurs » assez juste, s’éloignant de la sorte à ce qu’on pourrait éprouver en lisant un « vrai » livre papier ou ebook. 



Pour ceux qui voudraient essayer le livre audio, c’est une assez bonne alternative avant de se plonger dans une lecture mono-vocale, surtout qu’il est assez court au niveau de sa longueur, puisqu’il fait un peu moins de 6 heures. En plus, le fil conducteur  d’avoir réuni des trentenaires, on peut quitter son écoute quand on veut, sans risquer de passer à côté d’un moment crucial de l’histoire. Voilà là un bon ebook pour passer l’été, à écouter sur la plage ou en ballade. 



Je remercie Babelio et Audible Studios pour cette Masse Critique privilégiée.


Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui

Et voilà, 10% de cet imposant pavé de lus, soit 232 pages ( sur 2304) et donc une première série d'impressions.

Tout d'abord, première originalité, le journal n'est pas daté. Si on connaît un peu les différents travaux de l'auteur ( livres, mais aussi, radio, cinéma, photographie, chanson), tout se déroule à notre époque dans les années 2010 ( 2015 pour ce début puisqu'est évoqué le roman d'Alice Zeniter "Juste avant l'oubli" ).



Il s'agit bien d'un journal sexuel mais pas que...ou presque. Arthur Dreyfus, proche ou juste trentenaire, vit avec Bord Cadre, un garçon peut être musicien. Mais notre auteur aime rencontrer d'autres garçons plus jeunes que lui, majeurs (ou pas loin) et si possible fluets, minces. Pour cela, il utilise l'application Grindr ( le Tinder version gay) mais d'autres aussi. Il en rencontre beaucoup, enfin me semble-t-il, puisque parfois les plans culs se succèdent dans une journée. Niveau sexe, Arthur aime tout, les basiques ( branle, fellation, anulingus, sodomie) mais ne rechigne pas à de l'ondinologie, des plans à plusieurs voire au fist, seules les caresses sur ses tétons semblent ne lui procurer aucun plaisir. Il rêve aussi d'être dominé car se sent plus passif qu'actif. ( Si certains termes vous échappent, n'hésitez pas, soit à vous plonger dans le pavé d'Arthur qui est un véritable catalogue, précis, documenté de la vie gay, ou sinon allez sur le net).



Le journal se présente toujours comme suit : un plan cul raconté de façon factuelle, réaliste,. Le lieu est décrit, en n'omettant jamais de tracer un portrait rapide et social du ( des) partenaire(s) toujours nommés par un surnom. Puis suivent des remarques glanées ici ou là, venant le plus souvent de proches gays ( eux aussi apparaissant sous la forme d'un surnom) ou de sa mère, son analyste aussi, également des phrases lues sur l'appli Grindr, mais aussi de grands noms ( souvent gay mais pas que ....Barthes, Foucault, Kafka, Cicéron, ...), de courtes pensées personnelles. Parfois apparaît un poème...



Après 230 pages de ce régime, disons, qu'une petite pause s'impose. Sans que ce soit réellement répétitif, la plume et le regard d'Arthur Dreyfus évitent les redites même si ces plans culs se déroulent quand même, souvent, de la même façon. Ce qui peut se révéler intéressant dans ces récits sexuel, c'est d'interpréter entre les lignes les désirs, le questionnement de l'auteur face à cette addiction. Oui, il aime multiplier les rencontres, parfois très rapides, mais au-delà du sexe, ce qui finalement l'intéresse le plus, ce sont les mots ( on n'est pas écrivain pour rien). Au delà du physique, de la taille d'un sexe ( important chez lui), on sent à la lecture que les meilleurs coups sont ceux où il y a eu un vrai dialogue entre les partenaires et surtout s'il est tombé sur quelqu'un de cultivé. Il a besoin de cette fraternité intellectuelle pour avoir plus de plaisir. Mais rares sont les moments qui le font grimper au plafond. Combien de mecs pas nets, imbus, timorés, simplets, crades, indifférents, absents, mécaniques avant de tomber sur une personne qui ne soit pas juste un sexe? Pour le moment deux tout au plus.... Que cherche-t-il finalement? Jusqu'où cette addiction le conduira-t-il ? Ce sont les éléments qui peuvent tenir en éveil un lecteur lambda, pour qui cette sexualité, narrée au plus précis ( bruit, merde sur les préservatifs, culs pas lavés, lavements, ...) , peut toutefois lasser, au pire révulser.



Mais il s'agit d'un journal, d'une vie, exposée côté sexe, sans que finalement se soit réellement impudique. On ne sait pas grand chose ( pour le moment) de l'auteur, de ce qui fait sa personnalité ( le terreau de l'enfance, ses lectures, son travail, ...), même si ce qu'il écrit, il n'oserait pas le dire à son analyste (dixit). On sait comment il baise, mais reste quand même pudique sur plein d'autres choses. On a bien sûr l'impression du gay qui parle aux gays, certes un gay qui a une plume, du style, ce qui fait qu'un hétéro, un asexuel, un trans, peut tout à fait trouver de l'intérêt dans ce qui demeure un gros morceau qui risque d'avoir du mal à passer sur toute la longueur. D'où une lecture morcelée...



Peuvent venir des questions aussi ...Est-ce de l'exhibitionnisme? De l'autosatisfaction ? Du mercantilisme ? De la littérature ? Un peu trop tôt pour le dire. Je trouve l'initiative gonflée, documentaire et sans doute honnête. Beaucoup seront ou choqués ou agacés par ce journal. L'époque redevient prude et si certains sont dérangés, c'est sans doute que cela atteint un point sensible. C'est bien d'être bousculé plutôt que de se vautrer dans de la feelgood littérature ( une pornographie cérébrale ).
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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Nos trente ans

Je commencerai cette critique en remerciant Babelio et Audible Original pour m'avoir confié cet ouvrage dans le cadre d'une opération masse critique.



Un intervieweur muet qui laisse s'exprimer six trentenaires sur leur vie en abordant des thèmes aussi complexes que la famille, la religion, le sexe et l'amour, la politique… Trois femmes et trois hommes d'horizons différents. Sonia, idéaliste naïve, Samir, d'origine maghrébine, auto entrepreneur car chauffeur de taxi indépendant, Mikaël, qui a déjà brûlé sa vie par les deux bouts de la chandelle, Claire, d'extraction bourgeoise et enfermée dans ce monde coincé et Sibylle qui a déjà tout vu et tout vécu au travers de ses livres et qui est professeure de littérature à La Sorbonne. Tous se livrent en fonction d'un thème qui est annoncé par un générique musical.



Qu'en penser ? Est-ce ma première expérience de livre audio ? J'ai envie de répondre oui et non ! Pourquoi cette réponse indécise ? Enfant, il y a déjà plus de quarante, quarante-cinq ans, mon parrain m'avait offert « La Chèvre de Monsieur Seguin » lu par Fernandel. Bien sûr, ce n'était pas à proprement parlé un livre numérique, le numérique n'était pas encore né ou alors, il n'était pas à la portée de tous. C'était un quarante-cinq tour, un disque avec des microsillons et lu sur une platine. Mais je pense que je peux tout de même le classer livre audio, non ? Ensuite, je me rappelle du temps heureux où mes filles, ne sachant pas encore lire, m'écoutaient conter les histoires que je leur lisais. Je jouais les personnages, je m'en régalais et sans le savoir, pour elle, je me transformais en livre audio. Je me rappelle de Romane, à qui je lisais les Monsieur et Madame, de Roger Hargreaves, qui me disait « Pas Monsieur Bruit », papa, il crie trop fort, celui-là. Elle invitait parfois ses cousins et cousines ou ses amis et amies car elle appréciait vraiment ces moments de lecture. Tous les enfants invités aussi d'ailleurs. N'est-ce pas aussi une expérience de livre audio ? Mais trêve de tergiversations, plongeons nous dans une vraie critique.



Je commencerai par le fond : on sent que c'est extrêmement scénarisé et que les dialogues manquent cruellement de naturel. Parfois, il y a des choses intéressantes mais c'est souvent cliché. La prof d'université qui connait tout parce qu'elle pense avoir tout lu mais qui n'a rien goûté de la vie, qui semble tellement blasée qu'on pourrait croire qu'elle a déjà eu cinquante fois trente ans. Elle se vante que l'amour n'existe pas jusqu'à ce rendre compte que son amant, Samir, qui n'a rien d'un intellectuel mais qui semble un bon coup est aussi dans les interviewés, se rétracte quelque peu sur ses dires. La vie en théorie c'est certainement très bien mais si elle nous racontait sa vraie vie, peut-être que tout intello qu'elle est atteint à peine la médiocrité. Et l'avocate, qui nous parle si bien de l'amour et qui plaque don mari sur un coup de tête. Et le coup du hasard au moment où elle nous parle de sa famille et que son père passe de la vie au trépas. Là, elle surjoue la tristesse à tel point qu'elle en perd toute sincérité. Que dire de Samir, amant de la prof d'unif, qui sort de la banlieue et de ses ZUP et qui est tout fier de sa réussite comme taxi indépendant et aussi de se taper une meuf qui a un appart plein de bouquins et est hautement intellectuelle. Bon, il reste fier et ne renie pas ses origines mais il est le seul à revenir tout le temps avec sa religion. C'est un peu cliché, surtout dans cette époque de radicalisation. Le gars qui tente d'être comédien et qui doute toujours de lui-même m'a semblé être le plus sincère et sympathique, contrairement au gars qui a monté son entreprise de pompe funèbre et qui ne travaille presque plus car il a des employés et ça lui permet de jouir de la vie vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Moi qui suis artisans indépendant et qui emplois des personnes, je peux vous affirmer que, quand mon personnel se repose, je suis toujours en train de travailler. Mais bon, je suis ferronnier d'art, pas croque-mort, c'est peut-être moins rentable ? Il nous reste la gauchiste dégoûtée de la gauche, idéaliste engagée mais pas trop et plutôt naïve. Bref, je ne suis pas convaincu, même si parfois, il y a des réflexions intéressantes, que ces six personnes sont bien représentatives des trentenaires. Je devrais filer ce livre audio à ma fille aînée qui vient de fêter ses trente ans pour savoir si elle se retrouve dans cet ouvrage.



La forme, le livre audio. C'est, malgré la chèvre (voir plus haut), une vraie première expérience. Je ne pense pas que ce type de média soit adapté pour ma façon de vivre et de lire ou d'écouter. Presque six heures, à entendre des monologues , parfois des dialogues, comme si c'était une émission de radio genre micro trottoir, c'est long, très long, trop long. J'ai un cerveau masculin, qui, contrairement aux cerveaux féminins, a du mal d'être concentré sur deux choses en même temps Alors, écouter un livre audio en ne faisant rien d'autre, mission impossible. Dans la voiture, en roulant ? Je sais d'avance que je ne retiendrai rien de ce qui se dira. En regardant des images à la télévision ou des diaporamas ? Pas possible non plus. Au lit, avant de dormir ? Je n'y crois pas plus. Alors, j'ai choisi de lancer le livre audio sur mon téléphone, au bureau, tout en travaillant. Écoutant d'une oreille distraite et faisant parfois une pause boulot car une phrase m'interpellait. Au final, je reste mitigé, tant sur le fond que sur la forme et sur le média livre audio. Je pense que tant que mes yeux voient assez pour lire, je préférerai la lecture à l'écoute. D'autant plus, que quand je lis, je fais ma propre interprétation alors qu'ici, ce sont les comédiens qui jouent le texte avec leur propre interprétation et là, franchement, j'ai du mal à apprécier. Enfin, pour un faux reportage, il faut quand même que j'avoue que ce n'est pas mal écrit. Peut-être une future expérience livre audio si je reçoit encore une invitation de masse critique. Il ne faut jamais juger sur une première expérience.

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Sans Véronique

Méfiez-vous des écrivains. Ils peuvent faire leur miel d’une situation banale et, sans le savoir, vous vous retrouvez au cœur d’un roman passionnant. À entendre Arthur Dreyfus, venu présenter son nouveau livre la semaine passée à Mulhouse, la scène d’ouverture de Sans Véronique s’est déroulée exactement telle que décrite : assis dans le métro, il croise le regard d’un couple au moment où le mari et la femme se quittent. Ils sont à l’âge de la retraite, mais leur amour ne semble pas usé. Dans leurs gestes, dans leur attitude, on sent l’affection qu’ils se portent.

Ils s’appellent Véronique et Bernard. Elle est caissière à Intermarché, il est plombier. Sils se retrouvent sur la ligne 11, c’est parce que Véronique part pour la Tunisie. Ses patrons lui ont offert une semaine en Tunisie, «ça ne valait sans doute pas une fortune à l’échelle d’Intermarché, mais ils l’avaient fait, c’était important de retenir la gentillesse, avait souligné Véronique, parce que c’est pas tous les jours.»

Huit jours, cela passe vite. Mais en rentrant chez lui, Bernard a immédiatement senti le vide, cherché à le compenser en «s’occupant». Pas avec sa maquette de train miniature, mais en allant se promener du côté des prostituées. À son retour, il constate que son épouse et sa fille Alexia ont cherché à le joindre et que ses deux heures d’absence ont déjà semé un vent de panique, sa fille s’apprêtant même à signaler sa disparition à la police.

Le temps de rassurer tout le monde, il se seul chez lui, entouré de ses chiens. Il fait le constat amer que la voix, la présence de Véronique lui manque. Aussi est-il déjà psychologiquement fragilisé quand le Ministère des Affaires étrangères l’appelle pour lui apprendre dans ce jargon diplomatique que sa femme figure parmi les victimes de l’attentat qui vient d’être perpétré en Tunisie.

Tout s’effondre. Après l’incrédulité, il faut bien se rendre à l’évidence, suivre le policier venu l’escorter jusqu’à la cellule de crise du quai d’Orsay. Se retrouver avec les autres familles, avec Alexia, avec cette douleur d’autant plus incompréhensible qu’elle frappe la plus innocente des victimes.

Arthur Dreyfus divise alors son roman en deux, nous offrant de suivre ces deux trajectoires qui n’auraient jamais dû se rencontrer, celle de Véronique et celle de Seifeddine. Le jeune tunisien qui rêvait d’un avenir meilleur et qui, comme son frère, travaille bien à l’école, rêve de liberté, d’un «océan de désirs». Ses professeurs le voient déjà ingénieur, il fait la connaissance de Sophie, une étudiante Belge spécialiste du pilotage des réseaux industriels avec laquelle il goûte à l’amour et échafaude des rêves d’avenir.

Mais alors comment va-t-il basculer dans le terrorisme ? À cette question cruciale, on serait tenté de répondre Inch’Allah, tant les circonstances qui font basculer un jeune vers le terrorisme tiennent – dans ce cas-ci – du destin et de circonstances fortuites. Le frère de Seifeddine est foudroyé lors d’un orage, ce qui entraîne un fort traumatisme et une remise en cause de sa manière de vivre. Ajoutons un refus de visa pour la Belgique et on y trouvera le ferment d’une révolte attisée d’une part par un sentiment de trahison, car Sophie ne lui répond plus, et d’autre part par les «amis» de la mosquée qui sentent le jeune homme prêt à devenir le prochain martyr de leur cause. Son professeur de mathématiques et son père vont bien essayer de le raisonner, mais déjà Seifeddine est «hors de portée», prêt à « frapper l’Occident dans son cœur, là où on insultait le plus effrontément la culture musulmane, dans un hôtel pour Blancs, une station balnéaire où les femmes se dénudaient, où les Tunisiens étaient réduits en esclavage, témoins forcés d’actes de mécréance ».

La grande force du roman tient dans le parallèle fait par l’auteur entre cette dérive et celle de Bernard, lui aussi est bientôt «hors de portée». Après la prostration, l’hébétude, vient cette envie d’agir qu’il va assouvir en prenant un billet pour la Turquie et de là partir se venger en Syrie.

Bien loin de toute propagande ou d’une démonstration manichéenne, Arthur Dreyfus met le doigt sur le point le plus sensible… et ne nous laisse guère d’illusions sur l’évolution du conflit. La violence va continuer d’entraîner la violence. Le terrorisme va perdurer. Cette tragédie contemporaine est éclairante.
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Sans Véronique



Véronique était sans doute la plus patiente des caissières de l'Intermarché de Thomery ( village pas si riant que ça de la grande banlieue parisienne). L'heure de la retraite a sonné et elle profite du cadeau de départ de son entreprise, à savoir une semaine dans un club de vacances à Sousse en Tunisie, sans Bernard son mari, resté à la maison avec ses chiens. C'est sans doute la première fois qu'ils sont séparés aussi longtemps depuis plusieurs décennies de mariage. Mais ils ne se reverront plus, Véronique périra sous les balles d'un attentat terroriste. Une mort gratuite, révoltante, que son mari d'abord anéanti, décidera de venger en se rendant en Syrie.

Retour au romanesque pour Arthur Dreyfus où, comme dans ses récits précédents la mort tient une grande place. Alors, je vois déjà des sourcils se froncer, l'envie de fuir peut être vous gagner, car vous en avez soupé des attentats, de la Syrie. Vous voulez du divertissement, oublier un peu ce quotidien bien sombre. Pourtant si vous snobez ce roman, vous passerez sûrement à côté de ce qui fait la force de la vraie littérature surtout quand elle est écrite par quelqu'un de brillant. En s'emparant d'un sujet d'actualité brûlant, sur lequel on entend tout et n'importe quoi, le romancier le ramène à sa dimension humaine la plus simple, le plus brute et donc la plus à même de toucher le lecteur. En focalisant son récit autour de deux anonymes, personnages assez lambdas, Bernard le mari plombier de Véronique et épisodiquement Seifeddine le futur terroriste, nous sommes plongés au plus près des pensées de ces deux hommes. Nous vivons avec eux ces événements, la perte d'une femme aimée et la lente radicalisation d'un brillant étudiant. Et sous la plume alerte et précise, bienveillante et frontale d'un romancier, jeune, parisien et intello mais capable de se glisser avec une stupéfiante aisance dans la peau d'un plombier sexagénaire, le récit devient aussi le véritable portrait d'une famille française moyenne, celle que la littérature snobe souvent. Il y a longtemps que je n'avais lu des pages aussi pertinentes, aussi sensibles, sur la vie de citoyens dans un petit pavillon où derrière la belle simplicité de la mise ou de la pensée, se cachent aussi des êtres qui aiment, s'aiment, se taisent, s'engueulent, se cherchent. En partant d'une intrigue très actuelle, le roman déploie toute une myriade de détails qui donne au récit une densité incroyable, oeuvre d'un très sensible observateur tout autant que d'un fabuleux styliste à l'écriture déliée et rapide, mise en valeur par la construction très particulière de son roman qui contient autour d'une petite quarantaine de phrases sur 250 pages. Et là, je revois les sourcils qui se froncent, les " pfff, quand est-ce qu'ils vont faire court les auteurs ! " . Pas de panique, à la lecture, on ne s'aperçoit nullement que certaines phrases courent sur 5 ou 6 pages, tellement le verbe est facile et prenant...

La fin sur le blog
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Belle Famille

Famille Macand : BCBG et aisés, catholiques pratiquants, parents cardiologues, trois fils de 5 à 9 ans, un oncle fantaisiste. Le père - vaguement alcoolique - vit dans l'ombre et aux pieds de la mère autoritaire et glaciale. Madec, sept ans, est au cœur de l'intrigue. C'est un petit garçon lunaire, introverti et imaginatif, au mieux délaissé, au pire harcelé par ses frères. La famille part en vacances sur la côte toscane, où des amis doivent les rejoindre. Concours de circonstances malheureuses et tout bascule...



Quel roman étrange ! J'ai avant tout été déroutée par le style, a fortiori lorsque j'ai appris l'âge de l'auteur (26 ans). Une plume affectée, qui m'a paru désuète, un cadre et des personnages caricaturaux - personnages que l'écrivain semble en outre regarder avec condescendance. Aucun d'eux ne m'a d'ailleurs paru suffisamment convaincant pour que je m'y attache ou ressente à son égard un minimum d'empathie, et donc de compréhension. Il m'est difficile dans ce cas d'adhérer à un texte...



******* SPOILER : Lorsque l'intrigue prend un tournant inattendu après le premier tiers, on peut se demander si on ne vient pas de changer de livre, on tombe dans un tout autre registre et l'affaire semble directement inspirée du fait divers tragique autour de la disparition de la petite fille britannique, Maddie (cf. prénom de la victime, étrangement ressemblant, battage médiatique, parents médecins...). Je n'apprécie pas, en général, les fictions autour de drames réels. *******



Bref, malgré la fluidité de lecture et l'impatience que j'ai pu ressentir pour connaître la fin, ce livre m'a déplu, tant sur la forme que sur le fond - trop dérangeant…
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Enfances, adolescences

Voilà cinq jolies nouvelles pour nous conter le passage de l'adolescence, variant très ingénieusement les points de vue que je présenterai par ordre de préférence, en commençant par la nouvelle irrésistible de Geneviève Brisac, "La rose est sans pourquoi" ! Mais quel talent pour nous faire partager les réflexions d'une lucidité sans compromissions de Minna, une adolescente devenue mutique face aux incohérences d'adultes qui se croient toujours jeunes et lui imposent une série d'épreuves estivales de haute volée intellectuelle !... Heureusement qu'il y a Oreste le bien nommé et son Ipod qui n'est pas voué au naturisme, lui, et qui pourrait bien lui redonner le goût de communiquer !...

Dans "La Deuxième Mission de Super Meteor" Arnaud Delalande donne la parole à un jouet des années 80, une sorte de réplique miniature de Goldorak pour les nostalgiques de l'enfance vécue "au pays des vacances éternelles, là où "le chocolat est chaud et l'air est froid"... Super Météor se présente comme étant l'ami fidèle témoin des années collège de son gentil maître Arthur, y compris quand ce dernier le transforme en pot à crayons, l'oublie... Super Météor met justement un point d'honneur à l'accompagner dans une expérience-limite vécue par un ami proche d'Arthur qui va détruire son monde de croyances...

La nouvelle d'Arthur Dreyfus, "Gaspard en couleurs" se présente sous la forme d'aphorismes humoristiques répondant à une commande d'écriture sur le thème d'une enfance marquée par un talent précoce pour dessiner des "bites", qui change de ton lorsque le narrateur aborde l'histoire de son père et de sa mère, la grand-mère du narrateur, morte en déportation... Le récit gagne alors en profondeur pour finir en ode à la tolérance où le rêve s'écrit en contre-rêve et réécrit l'histoire en positif... toute la magie de l'écriture d'Arthur Dreyfus est là !...

Dans le même registre, Eliette Abécassis dans "L'Ami de la famille", nous livre à travers le personnage de Simon le témoignage d'une adolescence moins superficielle qu'il n'y paraît, en quête d'idéal ; entre Rave Party et longues balades dans les bois... L'avenir de Simon se dessine ainsi le jour où il découvre le passé exemplaire de son grand oncle Pierre, grâce à un ami qui lui doit la vie...

Enfin la nouvelle de Marie Darrieussecq "Mathieu, le 16 mars 2006" qui semble sortie de son journal intime, nous replonge avec beaucoup de sensibilité dans la magie de l'enfance à laquelle elle rend hommage à travers le portrait plein de sensibilité d'un enfant de six ans rencontré le temps d'un trajet en bus, un soir qu'elle n'oubliera pas...
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Belle Famille

Lorsque je finis pas un livre, j’ai la modestie de prendre à mon compte les raisons, préférant ne pas adhérer à un style, ou à une histoire plutôt que de juger arbitrairement la qualité littéraire d’un ouvrage. Je ne me reconnais pas la légitimité de le faire.

Pour ce qui concerne ce livre, je ne prendrai pas ces précautions-là. Ce livre est mauvais, tant dans l’écriture (banale, quelconque), le synopsis (un goût douteux de prendre appui sur une affaire de disparition d’enfant), les personnages tellement caricaturaux), quand dans le style même.

Gallimard qui publie Proust, Camus, De Beauvoir, et nombre de nos plus grands écrivains ( et d’ailleurs aussi) aurait pu passer son chemin cette fois !!!


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Nos trente ans

Reçu ce livre audio dans le cadre de Masse Critique, merci à Babelio et à Audible.

Parlons de ce "livre"... Ou alors, n'en parlons pas ! Car il n'y a pas grand chose à dire si ce n'est que je ne suis clairement pas le lecteur cible pour ce genre d'ouvrage, à tel point que j'avais oublié de publié ma critique sur Babelio !

Sérieusement, qui cela intéresse cette poignée de trentenaires qui bavardent sur leur quotidien très banal...?

Et bien pas moi, et visiblement pas grand monde aux vues des critiques de mes collègues Babeliottes...

Mais une question demeure, pourquoi ce genre de livre...?

A qui sert-il, ou qui cela peut-il divertir d'entendre des gens, qui plus est des acteurs lecteurs, même pas des vrais gens, raconter comment ils vont travailler, comment ils vivent, sachant que ce sont tous des gens lambda, sans problèmatique particulière si ce n'est que mangera-t-on ce soir ou qui va sortir la poubelle ?

Non, décidément, je n'ai pas aimé du tout ce livre audio, que j'ai d'ailleurs du mal à qualifier de livre tellement c'est fade et inintérressant. Je n'ai d'ailleurs pas réussi à l'écouter jusqu'au bout...

Voilà, désolée pour l'auteur, mais il fallait que ça sorte.
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La troisième main

ENFIN un roman qui bouscule, qui dérange, qui surprend ; J'adore les surprises ça tombe bien...

Et oui, roman d'anticipation, l'auteur a le culot de nous lancer à la figure un gros pavé.

Car de "pavé" on ne fait pas mieux, même si j'ai trouvé ce roman un peu longuet, un peu redondant parfois, mais si peu..

Oui, un pavé de 500 pages vous attend bientôt, je vous l'espère, car à part ce 10% d'ennui pour 90% du roman ce fut une belle et riche lecture.

Cette lecture m'a fait penser aux romans picaresques tels que Candide de Voltaire, ou bien Gil Blas de Santillas ou encore Don Quichotte de Cervantès.



D'abord, le style ; l'auteur manie l'imparfait du subjonctif comme un virtuose. J'avoue que ça m'a fait plaisir de lire cette magnifique prose émaillée de bon français, ça change des navets qui sortent chaque jour des imprimeries pour gaver à outrance une pauvre clique de lecteurs qui se gausse de lire le dernier machin ou le truc. Quelle paresse intellectuelle !!



Ma lecture m'a fait penser à La Métamorphose de Kafka.

Comme je l'ai précisé, ce roman est une grande surprise, un réel plaisir addictif de tourner les pages sans ennui.

Et quelle surprise ! Un homme se retrouve affublé d'une troisième main, greffée par un médecin fou. Et la greffe prend. Il se retrouve donc avec un morceau de bras avec au bout une main.

Ce qui est extraordinaire c'est que je me suis prise au jeu, et que je me suis attachée à cette main.

C'est le résultat littéraire évident, un vrai succès, une vraie intrigue.

Imaginez le quotidien ! Et l'amour !



Et non, le roman ne se termine pas bien ; vous n'en saurez rien de plus.



En tout cas, une lecture originale et sans prétention qui change des poncifs éculés maintes et maintes fois remaniés, aseptisés.



Que ceux qui souhaitent une lecture vraiment intéressante, et qui change notre paysage littéraire parfois désolant, courez le lire !!
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Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui

Pourquoi avoir abattu tant d'arbres pour un ramassis de sexe aussi cru que creux ? Mais cru et creux passent encore ! L'escroquerie narcissique d'un écrivain talentueux risquent fort de taper dans l'oeil de plus d'un.

L'avoir feuilleté en bibliothèque m'a amplement suffit.
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Nos trente ans

Histoire et protagonistes : d'autres critiques détaillent moments et personnages.



Je me contenterai de dire que j'ai commis une erreur en acceptant ce livre.

Donner mon avis sur une forme de littérature (?) que je n'aime pas est délicat.



J'apprécie peu les livres audio.

Ecouter pendant quelques heures (plus de cinq!) les élucubrations de trentenaires (déjà l'idée de catégorie… brrr!) tournant, à partir d'un thème donné, autour d'interrogations trop connues, de lieux communs, d'idées générales, de platitudes où l'influence médiatique se profile, me semble tellement superficiel. Nous nageons entre fiction et réalité.

Amour, famille, religion, tout y passe, stéréotypé… pauvres victimes de la génération précédente, revendiquant le droit d'être…

Se nourrir rien que de cela serait dommage.

Si cette écoute peut détendre, faire passer le temps, rire, émouvoir, s'y reconnaître peut-être, cela ne fait pas de mal mais tous les trentenaires se retrouveront-ils vraiment dans ce fatras de paroles? Supporteront-ils la longueur de ce livre dit par un mêli-mêlo de voix?

Il y a mieux pour dire les aspirations, les rêves et les déceptions.



Donc avis plus que mitigé.



Merci à Babelio et à Audiolib pour cette expérience.
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