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EAN : 9782070136537
256 pages
Gallimard (05/01/2012)
3.02/5   76 notes
Résumé :
«Madec se dirigea vers la cuisine pour chercher un couteau à pointe fine. Comme s'il était surveillé, il s'interdit la lumière. L'obscurité ne faisait pas disparaître les formes, mais les couleurs. Est-ce ainsi que voyaient les gens dans les vieux films? L'enfant ouvrit le tiroir à ustensiles.»

Ensuite un peu de bruit, et beaucoup de silence.
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Belle famille - Arthur Dreyfus – nrf- Gallimard

Inspiré d'un sombre fait divers ( la disparition au Portugal de Maddie,petite anglaise âgée de 4 ans), Arthur Dreyfus a su le maquiller, le modeler et très vite s'en éloigner grâce à son imagination inventive et polymorphe pour le métamorphoser en oeuvre littéraire. Comme le préconisait Maupassant, l'auteur a choisi de sacrifier la vérité sur l'autel de la vraisemblance. Démarche développée dans le préambule.Mais la fiction ne déteint-elle pas sur la réalité et vice-versa?
L'auteur met en scène la famille Macand, flanquée de trois garçons, dont Madec (7ans) qui surprend par sa différence et semble attirer la malédiction. Les parents, médecins très impliqués dans leur vie professionnelle, laissent parfois leur progéniture seule. Ce qui soulève la responsabilité parentale.
On s'attache d'autant plus à Madec (enfant marginal, solitaire, curieux de tout,d'où ses escapades )qu'il semble souffrir de carence affective. Hélas, le destin nous l'arrache lors de vacances familiales en Toscane. Madec, évaporé, introuvable, aurait-il fugué? Serait-il victime d'un pédophile?
Arthur Dreyfus noue une complicité avec le lecteur, témoin oculaire du drame, ce qui lui donne un ascendant sur les autres personnages. le rythme s'accélère avec l'enquête judiciaire. Une atmosphère anxiogène s'installe,oppressante, à la Hitchcock. La psychose se propage.
Suite à des interrogatoires infructueux,les soupçons se reportent d'un individu à l'autre pour finir sur la mère, la presse à scandale s'en mêlant.
Si Laurence est «  dépourvue de psychologie », Arthur Dreyfus sidère par sa capacité à se couler dans la peau de ses protagonistes, et à pénétrer leur intériorité, tel le caméléon de Madec.
Il autopsie la relation du couple dont les sentiments se délitent: des époux qui ne se comprennent plus, ne communiquent plus, font chambre à part , en arrivent même à la violence.
Il explore les liens : mère/fils, père/fils avec beaucoup d'acuité, soulignant que les parents ont tort de croire « que les enfants sont dupes de leur mensonge ».
Arthur Dreyfus darde ses projecteurs sur Laurence, cette maîtresse femme, capitaine du navire familial, intransigeante, n'hésitant pas à mentir à ses enfants. N'est-elle pas capable de « stratégie torve »? Si la complicité du père avec Madec est tangible, la mère se montre avare en câlineries.
Les réactions de Laurence ( malaise, coup de folie, évanouissement) face à cette absence de Madec déconcertent son entourage. Ne se débat-elle pas avec les affres de la culpabilité? , tiraillée entre deux certitudes: « Je ne l'ai pas tué » et « Son fils s'était tué par elle ».) Son indicible douleur est-elle feinte ou réelle? Son aveu final , bien que resté enfoui, a quelque de glaçant.
La galerie de personnages secondaires irriguent la deuxième partie de la narration en une arborescence de digressions. L'auteur focalise notre attention sur Tony, l'oncle de Madec. Déterminé à remuer ciel et terre, n'hésitant pas à solliciter des sommités, il déchaîne une horde médiatique.
Les paparazzi s'intéressent aussi à Ron, suspect potentiel en raison de son passé interlope.

Arthur Dreyfus a distillé une pléthore de séquences burlesques, quasi théâtrales ( dialogue de sourd et quiproquo entre Laurence et le chef cuisinier), à faire se dérober le tragique. Les préparatifs de départ en vacances de la famille Macand font songer aux vacances de Monsieur Hulot. D'autres scènes relèvent d'un comique à la Benny Hill: Stéphane, « agenouillé en silence » « priant sous un crucifix », le prêtre sursautant quand Laurence se laqua les cheveux, les feuilles de menthe du cocktail de Ron se répandant dans la piscine ne sont que quelques exemples. La démesure est à son apogée avec le cimetière de Granville en passe de devenir une réplique du Facteur Cheval, avec la voiture customisée 'Exoticar'. L'audition papale tourne au vaudeville, le raout au pugilat.
Il ose l'humour noir quand il imagine Simone Cazzi au volant d' « une voiture futuriste carburant aux nimbus »! ou restitue des détails les plus horribles. Il frise la caricature dans certains portraits.

L'auteur entrecroise plusieurs thématiques: influence néfaste des jeux vidéo ou de lectures (mal adaptées à l'âge), les dérives de la presse, l'emballement médiatique, les carences de la justice.
Il insère des réflexions philosophiques: « Fallait-il forcer le bonheur? », et une multitude d'interrogations sur la vie, l'enfance, la famille,l'amour( la déliquescence sentimentale) et la mort.


Arthur Dreyfus impressionne par sa facilité à déployer une riche variation de niveaux de langue.
Il décline le parler rustre de Garrec ( le vieux fermier); le parler enfantin de Madec («T'inquiète! ») ou des garçons; le vocabulaire relâché de Fabien et Tony ( touristes en vacances) contrastant avec celui de Laurence ou du narrateur plus châtié; le commentaire d'un blogueur (style texto).
On songe à Jules Renard en lisant la description du caméléon, « ce cadeau détestable » de l'oncle.
Il nous offre même une incursion du côté de l'anglais et de l'italien, jusqu'au « niet » russe.
A ce vaste panel, s'ajoute la voix du narrateur dans ses envolées poétiques: « Les épineux ondulaient placidement », « les poudrins »assaillent Laurence ; empreinte d'humour: «mastiquant sans joie le goût de la santé ».Sans oublier son sens de la formule: « un coup n'était rien d'autre qu'une caresse très accélérée. Ou bien qu'une caresse était un coup au ralenti » ou « Le soleil s'était appliqué », ce qui permet d'admirer la falaise qui «  ne faiblissait pas à sa réputation dorée ».L'auteur sait nous surgir la scène: « Une confluence de regards escortait son caddie ».

Arthur Dreyfus signe un second roman ample,très maitrisé, désespérément divertissant, servi par une écriture cinématographique, foisonnant de références littéraires, musicales, artistiques.
Le talent du romancier repose dans sa façon de conduire l'enquête, tel un thriller; de décrypter les émotions de la mère mettant en relief ses pensées intérieures et gestes. Au lecteur de juger.
Il campe ses protagonistes dans des lieux dépeints avec minutie: Granville « la Monaco du Nord ».
Quant à la résidence en Toscane, elle s'avéra n'être qu' « un amas de bungalows industriels ».

En tricotant subtilement les épisodes grotesques, hilarants et le registre dramatique, Arthur Dreyfus réussit à décrisper nos zygomatiques et à nous maintenir en haleine par une intrigue effroyable, prenante, enfilant les rebondissements en cascades jusqu'au coup de théâtre final.
Il nous offre un récit multi facettes à son image, qui nous possède encore, le livre refermé.
Un bel éventail d'atouts en faveur de Belle Famille, ce « page turner » qui bouscule et lacère.
A lire d'une traite pour en apprécier encore plus le tempo.
Drôlerie, humour, tendresse sont au rendez-vous, mais aussi suspense, effroi et tension.
On serait tenté de changer le titre Belle famille en Satanée famille ou Maudite famille!
Une écriture dreyfusienne est née.
PS: Quant à Arthur Dreyfus, conseillons lui de réagir comme son narrateur, à savoir:
ne pas se demander pourquoi les gens aiment le lire. Juste le constater!
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Famille Macand : BCBG et aisés, catholiques pratiquants, parents cardiologues, trois fils de 5 à 9 ans, un oncle fantaisiste. le père - vaguement alcoolique - vit dans l'ombre et aux pieds de la mère autoritaire et glaciale. Madec, sept ans, est au coeur de l'intrigue. C'est un petit garçon lunaire, introverti et imaginatif, au mieux délaissé, au pire harcelé par ses frères. La famille part en vacances sur la côte toscane, où des amis doivent les rejoindre. Concours de circonstances malheureuses et tout bascule...

Quel roman étrange ! J'ai avant tout été déroutée par le style, a fortiori lorsque j'ai appris l'âge de l'auteur (26 ans). Une plume affectée, qui m'a paru désuète, un cadre et des personnages caricaturaux - personnages que l'écrivain semble en outre regarder avec condescendance. Aucun d'eux ne m'a d'ailleurs paru suffisamment convaincant pour que je m'y attache ou ressente à son égard un minimum d'empathie, et donc de compréhension. Il m'est difficile dans ce cas d'adhérer à un texte...

******* SPOILER : Lorsque l'intrigue prend un tournant inattendu après le premier tiers, on peut se demander si on ne vient pas de changer de livre, on tombe dans un tout autre registre et l'affaire semble directement inspirée du fait divers tragique autour de la disparition de la petite fille britannique, Maddie (cf. prénom de la victime, étrangement ressemblant, battage médiatique, parents médecins...). Je n'apprécie pas, en général, les fictions autour de drames réels. *******

Bref, malgré la fluidité de lecture et l'impatience que j'ai pu ressentir pour connaître la fin, ce livre m'a déplu, tant sur la forme que sur le fond - trop dérangeant…
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Cauchemar en cuisine

Les Macand, famille bobo catho, arrivent en Toscane pour les vacances estivales. Madec, le second de la fratrie vit sa vie et ses jeux en aparté comme d'habitude. Une première alerte à la piscine et on manque de peu le drame. Plus tard, les garçons endormis, les parents fêtent l'arrivée de leurs amis français au restaurant, loin de s'imaginer que le pire est arrivé.

Voilà tout à fait le genre de roman qui me laisse perplexe. Je l'ai refermé sans qu'il n'ait réussi à provoquer en moi de sentiments définis. D'habitude, souvent, à 99,9%, ma lecture se termine et une émotion se dégage. Là, rien de particulier. En lieu et place de l'émotion, un vide. Je m'interroge.
Qu'est-ce qui fait que ce livre me laisse creuse?

L'histoire? Celle-ci, inspirée d'un fait divers revu à la sauce Arthur Dreyfus, a pourtant de quoi faire réagir par tout ce qu'elle aborde : place de l'enfant dans la fratrie, la différence, les parents, leur rapport aux enfants, le couple, drame familial, réhabilitation des pédophiles, instrumentalisation des médias, récupération médiatique et politique, arnaque, mensonge, dérives d'enquête, dérive tout court et j'en passe et des meilleurs...

Les personnages?
Commençons par Madec. Ce p'tit bonhomme on se prend rapidement à l'aimer, à s'intéresser à lui. Lui qui semble être tellement particulier, distinct de ses frères à la fois physiquement et psychologiquement. Lui qui ne semble pas recevoir le même traitement affectif. Lui à qui l'auteur prête à 7 ans des pensées bien profondes.
Alors quoi, est-ce parce que cet attachement naissant est tué dans l'oeuf?

Et la mère? Dont je ne parviens même pas à me souvenir du prénom. Ça c'est un signe parlant de mon détachement. Si froide, si à priori maîtresse d'elle-même et de son mari. Elle qui ne faiblit en aucune circonstance. Toutes les mères sont-elles ainsi quand il s'agit de tenir bon? Faut-il la juger pour ce qu'elle a fait, continue de taire, pour ses réactions, pour ce qu'elle pense et dit de son mari, de ses enfants, de Madec. Ses enfants, Madec. La différence de traitement... Il y a ses enfants et Madec. Madame Macan m'a donné le sentiment d'avoir activé à un moment donné le pilotage automatique et de ne plus avoir à partir de là était apte à répondre de ses actes. Comme si les choses s'enchaînant, elle s'était laissé porter par les évènements. Advienne que pourra. Mais voilà, cette femme a soulevé plus de questions que d'émotions en définitive.

Le père, Stéphane Macan. Terriblement effacé, on sent qu'il a du coeur mais jamais il ne parvient à imposer son image. Homme dépassé, au moins de plusieurs têtes par sa femme. Quelques soubresauts d'orgueil mâle et il retournera sagement dans l'ombre de celle-ci, incapable au final de lui tenir tête. A lui seul il pourrait justifier ce "tous les hommes sont des lâches"...

Ensuite, il y a les figures secondaires du roman. Je me suis fait la réflexion qu'elles avaient fini par prendre plus de place que les principales, reléguant peut-être l'horreur de la réaction au second plan. Celle-là même qui devrait nous révolter durant toute notre lecture mais qui a perdu de son ampleur.

Tony, le tonton de Madec. En voilà un qui dans l'affaire n'a pas perdu le nord. Difficile de comprendre ses vraies motivations dans l'affaire. Intérêt pécuniaire, soif de reconnaissance médiatique, véritable attachement à? Difficile de croire que ses intentions sont honnêtes derrière la débauche d'énergie... Mais qui sait vraiment?

Je passe sur l'inspecteur Andreotti, pas si con, à deux doigts même de résoudre l'énigme, mais qui se laisse embarquer par d'autres considérations plus personnelles et intimes loin de l'affaire. de toute façon, son enquête ne pouvait que lui échapper dès lors qu'il y eut ingérence française. A noter d'ailleurs que cette enquête restera selon moi toujours en marge des réactions qu'elle amène...

Bizarrement, un personnage que je n'ai pas trouvé antipathique, alors que l'on pourrait s'attendre à ce que oui, c'est Ron. Je passe sur son passé condamnable (on va pas refaire le jugement) mais là, l'auteur le pose bien en victime du système. Coupable tout désigné par son passé, la double peine qu'il subit à distance des actes qui lui ont déjà valu d'être jugé donne forcément à réfléchir et révolte tout de même. Plus même que ce qui se déroule en vrai à côté. Dérangeant non?

Et l'écriture alors?
Ma foi, elle est bonne. Il a du style l'auteur c'est indéniable. le roman se lit sans heurts, on glisse sur les pages et elles se tournent rapidement. Avec peut-être cette soif de qui veut connaître le fin mot de l'histoire. Tombera, tombera pas? Explosion de la vérité ou pas? Coupable ou pas?
Arthur Dreyfus est jeune mais son roman ne manque pas de piquants et ce n'est pas sans ironie et parfois dérision qu'il malmène l'Homme, les médias, les politiques et nos "bonnes" consciences. "Toute ressemblance avec des personnes existants ou ayant existé serait PUREMENT fortuite!" A d'autres oui :) Les allusions sont plus qu'explicites...
Après, je dois dire que j'ai parfois achoppé sur quelques passages qui, comme un tic compulsif de l'auteur, pointaient sur le sexe masculin et notamment celui enfantin. Quand en rapport avec l'histoire de certains personnages, rien à redire, on comprend pourquoi. Mais cette intrusion phallique ne m'a pas paru toujours bien justifiée dans le récit et même parfois malsaine. Au final, je l'ai plus perçu comme un leitmotiv obsessionnel (dérangeant) qui m'a fait m'interroger sur la capacité de l'auteur à se détacher d'un pénis en érection.

En somme, un roman que j'ai lu rapidement mais avec plus de détachement qu'il n'en faudrait face à un tel drame humain. Impossible de vous dire à quoi vraiment cela a tenu. Il n'est pas mauvais et il mérite sans doute de s'intéresser au devenir de ce jeune auteur.
Lien : http://quel-bookan.hautetfor..
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Première impression : langage excessivement pompeux, venant entraver l'imagination du lecture. On ressent tout l'effort mis par l'auteur pour rendre (essentiellement) les premières pages parfaites dans le choix des mots. Ca gâche la fluidité du récit. Cette impression finit toutefois par se disperser au fil de la lecture, l'auteur s'étant probablement plus laissé porté par l'histoire que son travail d'écriture en tant que tel (c'est l'impression que j'en ai eu).
Autre chose, je suis extrêmement mal à l'aise quant à l'idée globale du récit.

Je ne conçois pas qu'on puisse écrire une telle histoire, inculpant les parents, alors que le lien avec la petite Maddie est plus qu'évident. Je trouve ça très irrespectueux vis-à-vis de la famille, et ne vois pas l'intérêt de s'être autant inspiré de l'histoire réelle de cette enfant. le livre aurait eu un aspect beaucoup moins malsain à mes yeux s'il s'était présenté comme une pure fiction totalement détachée de l'histoire de Maddie.

Je nuancerais mes propos en pointant notamment le fait que l'intrigue est plutôt bien menée à mon goût, et j'ai bien apprécié l'entremêlement des différents portraits.

Je pense également que l'auteur a sur rendre certains passages intéressants en mêlant diverses connaissances, de l'histoire de l'art, histoire politique, géographiques etc.. Parfois un peu trop, donnant une impression d'étalage de connaissances par moment.

Enfin, il s'agit à mes yeux d'un récit plus personnel qu'adressé à un public divers.L'enfance et l'environnement familial ressort indéniablement au travers des personnages j'ai trouvé, et c'est ce qui m'a le plus fasciné dans ce livre à vrai dire...
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Etrange est le premier mot qui me vient à l'esprit pour définir ce livre. Pas tant dans sa forme que dans son fond.

Dans un premier temps, on nous présente la famille Macand. Bonne famille, ayant un revenu confortable, pleine de principes moraux, principes que le père a tendance à oublier dans un verre d'alcool. Il y a trois enfants, deux ans d'écart entre chaque. Bref, la famille catho bourgeoise dans son plus grand stéréotype. Parmi les trois frères, il y a Madec, qui s'avère bien différent des autres. Plus solitaire que ses frères, il n'aime pas les mêmes choses, ne veut pas jouer aux mêmes jeux, voir ne veut pas jouer du tout. Un enfant « différent » pourrait-on entendre dire avec déférence chez un psy.
Donc, dans le premier tiers du roman, on apprend à connaître Madec, ou plutôt on l'observe. C'est sympa, sauf que aussi étrange qu'il soit, bah au bout d'un moment je commençais un peu à trouver le temps long, à attendre autre chose que de suivre les pensées et péripéties de ce gamin.

Et c'est là que, suite à un accident tout bascule. Non seulement la vie de la famille Macand, mais aussi le roman en lui-même, car on passe d'une histoire presque banale et finalement sans vraiment de but précis à une enquête autour d'un enlèvement d'enfant où tout à coup les personnages qui semblaient tout juste amorphes deviennent vivants.



Et si finalement je n'ai pas grand-chose à dire sur la première partie du roman, en revanche pour la deuxième, il y a matière à dire et à réfléchir.

L'histoire tourne autour de la disparition de Madec alors que la famille était en vacances en Toscane (comment, je ne vous en dis pas plus, pour éviter de spoiler). Il est bien sûr question de l'enquête en elle-même, mais aussi et surtout de ce qui l'entoure. Ainsi voit-on les médias mettre le nez dedans, essayer de récupérer l'affaire, on voit (très vite) les politiques s'en servir, on voit les parents dépassés par tout ça, se demander si ça vaut le coup de médiatiser l'affaire « oui, mais si ça peut aider à retrouver Madec, pourquoi pas », on les voit perdre le contrôle d'une situation finalement trop compliquée pour eux à gérer.

Et tout ça, et bien ça a un côté étrange et dérangeant. Parce que bien sûr il y a cette histoire de médias, de mécènes qui, pour donner une image positive d'eux-même, vont verser dans le caricatif, faire des dons, etc. Parce que cette affaire va être portée à la connaissance du monde entier (même le Pape s'en mêle) dans un but d'élan de solidarité qui finalement ne prendra pas. Vous savez, un peu comme ces chaines de mail ou facebook où l'on essaie d'émouvoir son prochain à propos d'une cause quelconque, mais qui finit par lasser à force de la voir partout.
Mais ce qui m'a quelque part mis mal à l'aise, c'est la position que l'on peut avoir en tant que lecteur. En effet, au bout d'un moment je me suis surprise à réaliser que je m'intéressais plus à savoir jusqu'où allait progresser cette espèce de médiatisation et de mise en avant de la disparition qu'à l'enquête en elle-même. Comme si retrouver Madec était secondaire. Alors certes, le livres est écrit et construit dans cette optique, et ce n'est pas la première fois que je suis confrontée à ce genre de point de vue. Sauf que là, pour la première fois j'ai trouvé qu'il y avait un côté très dérangeant.


Et au final, c'est bien ou pas ?
Bah oui, au final j'ai aimé. L'écriture est fluide, ça se lit bien. le sujet est traité selon un point de vue fort intéressant, il y a malgré tout de la réflexion.

Et puis il y a cette toute dernière phrase avant l'épilogue que j'ai trouvée juste horrible et qui m'a laissée sans voix.
Lien : http://desliresdestoiles.wor..
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critiques presse (2)
Bibliobs
30 janvier 2012
L'important est d'être connu pour une bonne raison. Constat féroce fait par un jeune romancier qui montre une maîtrise étonnante pour fouiller l'âme humaine dans ses replis les moins reluisants. Et la comédie vire au thriller glaçant.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
06 janvier 2012
En puisant aux sources d'un cas aussi sensible pour livrer un roman grinçant et souvent drôle, le jeune Arthur Dreyfus, 24 ans, fait un pari gonflé, et le remporte. La lecture de Belle famille pousse à s'interroger sur ce qui nous passionne tant dans la mise en récit de faits divers à sensations.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Songeuse, Laurence dévisagea son mari, le trouva mou et sans avis sur rien. Qui était dupe? A l'hôpital l'emplacement de sa carafe à cognac derrière l'étalon de rachis offert par le laboratoires GSK, faisait l'objet de private jokes. Le père de Madec donnait heureusement le change. Ses diagnostics étaient bons, et la morale sauve. Heureusement, car dans le déni de ses propres frustrations, Laurence entretenait tacitement l’incapacité de Stéphane à se débrouiller avec la vie : il ratait tout pour deux.
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«Madec se dirigea vers la cuisine pour chercher un couteau à pointe fine. Comme s'il était surveillé, il s'interdit la lumière. L'obscurité ne faisait pas disparaître les formes, mais les couleurs. Est-ce ainsi que voyaient les gens dans les vieux films? L'enfant ouvrit le tiroir à ustensiles.»
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Stéphane n'avait jamais su ordonner sa vie et, un matin, il était devenu père. Un père se dotait de plusieurs existences ; la sienne propre, puis d'autres dupliquées (dont il fallait s'occuper en plus de soi, avec soi). Devant leur vaisseau spatial, manettes à la main, Antonin et Vladimir étaient lui. Viendrait pourtant un jour où ils voudraient être eux (à savoir, disparaître dans la nuit). Stéphane réalisa qu'avoir plusieurs vies, c'était aussi avoir plusieurs morts.
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Les enfants de pêcheurs reçoivent l'instruction de ne jamais monter la colline, ou de s'amuser dans le bourg. Pour eux, et jusqu'à l'orée de l'adolescence, ces bâtisses passent pour des hôtels d'un Monopoly illicite ; où se jouerait , sur un autre plateau, le jeu d'une autre société.
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Stéphane n’avait pas faim. Il s’accroupit près de l’estrade dévolue aux discours de second rang, pour observer le raout. Chacun avançait délicatement (respectueusement) vers le buffet, afin d’empoigner quelques petits fours. On se répliquait de grands sourires, on se laissait passer. La nourriture disparaissait à vue d’œil. Certains faisaient des réserves. Sous cette politesse, derrière cette civilité, le père de Madec entrevit une guerre. La civilisation est fragile. On ne se massacrait pas ; on s’effleurait ‒ mais c’était la même chose.
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Videos de Arthur Dreyfus (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arthur Dreyfus
Lecture magique et musicale par l'auteur accompagné de Philippe Beau, ombromane Festival Paris en toutes lettres
Première Guerre mondiale dans la région de Besançon, un garçon de 14 ans est sous le feu des bombes. Blessé, il se réveille dans la cave de son « sauveur », un savant fou qui pratique des greffes abominables. Or le jeune homme découvre une proéminence qui sort de son nombril… Une main ! Récit fantasque et fantastique, aussi drôle que troublant, fable sur la différence et la monstruosité, ce roman-journal est mené tambour battant dans une langue riche et raffinée. Ce soir, Arthur Dreyfus nous invite dans son livre d'une drôle de façon : par une lecture accompagnée de musique, de magie et d'ombres chinoises proposées par les merveilleuses mains de l'ombromane Philippe Beau.
« Cette troisième main, qui va mener mon personnage vers le pire comme le meilleur, sauver sa vie puis l'anéantir, incarne cette bête tapie en chacun, dont nous avons besoin pour vivre et pour créer, et qui demeure notre seul véritable et inévitable ennemi. Elle est invisible. J'ai voulu lui donner un corps. » Arthur Dreyfus, La troisième main
À lire – Arthur Dreyfus, La troisième main, P.O.L, 2023.
Son : Axel Bigot Assistante lumière : Hannah Droulin Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
+ Lire la suite
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