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Critiques de Arthur Machen (45)
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Le grand dieu Pan

Fan d'horreur, d'épouvante, de romans gotiques entre autre, j'ai découvert Arthur Machen un peu par hasard: en lisant un article littéraire sur un auteur que j'aime beaucoup: H.P. Lovecraft.

Et ne fus-je surpris de lire que Lovecraft s'était inspiré des nouvelles de Machen et de son Grand Dieu Pan pour écrire ses légendes que nous connaissons tous.

Alors quand j'ai vu qu'une réédition du Grand Dieu Pan était sortie, je me le suis de suite procuré.

Et honnêtement, je n'ai pas été déçu de ma lecture. Tout n'était pas parfait à mon sens mais Arthur Machen avait beaucoup de talent et d'imagination.

Le Grand Dieu Pan est un recueil de novellas.

Expérience médicale, ésotérisme, sciences... tous les ingrédients sont là pour un roman d'horreur atmosphérique, gothique. Si vous êtes fan de Lovecraft, vous aimerez à coup sûr Arthur Machen. De plus, pour les novices de cet univers, l'édition de ce Grand Dieu Pan aux éditions Callidor comporte des commentaires de grands noms du fantastique et de l'horreur comme Guillermo Del Toro en personne. Si j'ai l'occasion de trouver d'autres œuvres de Machen, je les lirai avec grand plaisir. Je n'en dis pas plus et vous laisse découvrir...ou redécouvrir cet auteur.

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Le grand dieu Pan

Avec un titre pareil, on s'attendrait à lire une biographie de Samuel Colt, mais non, le grand dieu Pan propose un récit fantastique, un classique de la littérature d'horreur.





Un toubib joue au savant fou avec, Mary, une de ses patientes pour lui faire découvrir le vrai visage du monde sous le voile que perçoit le commun des mortels. Sans surprise, l'expérience part en sucette, la patiente finit cinglée au dernier degré après sa rencontre avec le dieu Pan lui-même.

Quelques années plus tard, une autre femme, Helen, débarque dans l'histoire et dans son sillage arrivent des événements pas catholiques : des mecs qui claquent dans d'étranges circonstances, des jeux de plein air avec des satyres (dans les deux sens du terme), des meufs qui gambadent dans la pampa à moitié à poil, des orgies… Bref, tout un pataquès pas très bien vu dans la bonne société britannique, très collet monté et coincée du cul.

La grande question sera de savoir qui est cette Helen et la réponse risque de ne pas plaire à Roch Voisine…





Court roman, novella ou longue nouvelle, la longueur bâtarde du texte – même pas cent pages – lui permet de se classer n'importe où. Comme la classification, en vrai, on s'en tamponne, tout ce qu'il faut en retenir, c'est que le grand dieu Pan est vite lu et qu'il est bien. Tout un tas d'auteurs ne tarissent pas d'éloges à son sujet, certains s'en sont inspirés pour tel ou tel texte (i.e. Stephen King pour la nouvelle N dans le recueil Juste avant le crépuscule) voire toute leur oeuvre (i.e. Lovecraft). À sa parution, tout le monde n'était pourtant pas de cet avis et le grand dieu Pan s'est vu déglingué parce que trop morbide, décadent, dégénéré… Est-ce que ça aura été le cas si Machen était parti sur Dionysos plutôt que Pan ? Les deux loustics partagent pas mal de traits communs dans la mythologie grecque et tout un tas de cabrioles olé-olé dans le bouquin ont un côté dionysiaque. Tout le monde se lâche, c'est la fiesta, no limit, au revoir les inhibitions, yolo ! Mais ça finit mal. Elle est là, la grande différence entre Dionysos et Pan. En quelque sorte, Dionysos, c'est La chèvre de monsieur Seguin et Pan les mille chevreaux de Shub-Niggurath. Chez le premier, on est plutôt dans le festif jovial, à mi-chemin entre nature (l'abandon de certains codes sociaux) et culture (tout ce qui touche au vin, par exemple, ben le pinard, il pousse pas tel quel sur les arbres, c'est un produit transformé par l'homme). On reste dans la débauche à visage humain – d'ailleurs Dionysos est représenté avec des traits humains. Avec Pan, c'est une autre chanson : le gars se promène avec des cornes sur la tête, des pattes de bouc et la teub au vent (et faut voir la taille du machin, une vraie bûche !). La nature à l'état brut, bestial. le gars a d'ailleurs laissé son nom à la panique, tellement il était capable de foutre les jetons.

Si ce n'avait été que Pan, le texte aurait été qualifié d'horreur gothique et puis voilà, mais non, il y a Helen, tous les sous-entendus sexuels qu'elle trimbale et tout ce qu'elle représente à l'époque pour la société victorienne. Une femme fatale, une femme indépendante (y en a qui ont encore du mal avec ce concept en 2024, je vous laisse imaginer en 1894), une femme très libre et très active dans sa sexualité, pansexuelle (sa proximité avec Rachel ne laisse aucun doute sur le fait qu'elle ne se limite pas aux hommes) voire Pan-sexuelle (le coup du faune ne laisse quant à lui aucun doute sur le fait qu'elle ne se limite pas aux êtres humains). Impensable en cette fin XIXe qui ne jure que par les corsets et les trois mille couches de vêtements dont on recouvre les femmes pour en voir le moins possible. Helen est une monstruosité pour les contemporains et j'aime beaucoup le gag que son comportement soit jugé contre-nature pour quelqu'un qui n'en a jamais été aussi près, de la nature. Pan, on peut pas faire plus nature.





Sinon, au-delà des prises de tête analytiques sur la symbolique dans l'oeuvre, le grand dieu Pan, c'est aussi plus simplement une bonne pioche si vous voulez lire un bon récit d'épouvante qui fonctionne dans sa montée de l'horreur, angoissant parce que bien construit et percutant parce que court. L'écriture a pris un léger coup de vieux comme dans tout texte où des gens utilisent le passé simple à l'oral, mais la langue reste accessible et ne sonne quand même pas trop archaïque. Un conseil, en édition papier, tournez-vous plutôt du côté du marché de l'occasion pour vous procurer un vieux Librio ou un vieux Livre de Poche, il ne vous en coûtera qu'un ou deux euros. Les versions papier contemporaines sont hors de prix pour ce que c'est et même en numérique, il me semble cher pour un bouquin de moins de cent pages. Après, vous faites comme vous voulez ; dans tous les cas, ce serait dommage de passer à côté de ce roman qui a frappé un grand coup. PAN !
Lien : https://unkapart.fr/le-grand..
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Le Peuple blanc (et autres récits de terreur)

Ils ne sont pas encore assez nombreux, les lecteurs au fait de l'importance de Machen dans le fantastique pré lovecraftien. C 'est l' univers des bois et des collines du pays de Galles, peuplé de tertres énigmatiques, de ruines païennes et de créatures terrifiantes, car Machen a une théorie:si les hommes ont doté le peuple féérique des atours mignons que nous lui connaissons (lutins et elfes rigolos, fées a la beauté irréelle, enchanteurs globalement bienveillants), c'est pour flatter des êtres dont il redoutait la malveillance cruelle. Ainsi, la jeune fille du "peuple blanc", entrainée par sa gouvernante dans des cérémonies malsaines, décrit dans son récit à la première personne ce qu:elle voit avec candeur et pureté, mais le lecteur averti devine derrière toute cette litote enfantine un cauchemar de choses sombres et obscènes... Ce récit sur la corruption de l'innocence est le chef d'œuvre de Machen sans doute. Moins connu," la terreur" distille une angoisse bien orchestrée sur une épidémie de morts inexpliquée, tandis que "les archers" aura ni plus ni moins en 5 pages donné naissance au mythes des anges de Mons et bâti des souvenirs arrangés aux combattants anglais de 14/18 qui ont juré que les archers D'Azincourt les avaient guidé sur le champ de batailles... Rien de moins ! Un explicit d'écrivain sans précédent.
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Le grand dieu Pan

Des nouvelles entrecoupées de dessins et de textes sur l'auteur ou ceux qui ont croisé sa route.

Les illustrations sont, à l'instar des écrits , dans le

domaine de l'étrange plus que de l'horreur.

Bel ouvrage pour les passionnés du genre.



Pour les fans de H.P Lovecraft.

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La colline des rêves

Maître du fantastique britannique méconnu parfois comparé parfois à Edgar Allan Poe, Arthur Machen, Gallois féru de culture celtique, fait un retour en librairie [...]. Aujourd’hui, ce sont cinq autres textes, cinq longues nouvelles, qui parviennent sur les tables. La colline des rêves et autres récits fantastiques s'ouvre avec l’un de ses textes les plus personnels.




Lien : https://www.marianne.net/cul..
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La colline des rêves et autres récits fantastiq..

"La colline des rêves" est un roman fantastique aux accents décadents. C'est aussi un roman d'apprentissage, sur l'écriture, contenant de nombreux éléments biographiques. La prose hypnotique est magnifiquement restituée par la traduction d'Anne-Sylvie Homassel. Pour avoir lu Machen en anglais, j'ai retrouvé la musique si particulière de l'écrivain gallois, qui fait la part belle aux sonorités et aux sensations. L'histoire se résume aux flux de pensées d'un jeune homme inapte au monde réel, qui identifie la beauté dans la nature, les traces romaines et l'écriture. Ses recherches artistiques l'éloignent de plus en plus de ses contemporains, de sa propre famille, de la bonne société méprisante qui constate son échec. Il devient misanthrope, ne vit que de phrases incomplètes, incomprises dans une magnifique quête symboliste et morbide.

Ce recueil édité aux Forges de Vulcain contient aussi des nouvelles fameuses : "le Peuple blanc" évoque le monde souterrain des origines, la persistance de croyances païennes et horrifiques ; "Un fragment d'existence", inédit en français, joue du contraste entre les trivialités de la vie quotidienne et les profondeurs cachées, sublimées que le narrateur-rêveur découvre au fil de ses balades dans Londres, avant de s'y perdre ; "Les archers" et son histoire éditoriale mouvementée ; et enfin "La terreur", nouvelle qui porte bien son nom et qui eut une étonnante descendance, de Daphné du Maurier à Alfred Hitchcock.

Il était temps qu'Arthur Machen revienne en librairie, grâce au long travail effectué par sa traductrice, qui œuvre avec passion depuis des années dans la revue du Visage Vert. Cette édition est illustrée par l'ami Bastien Bertine et préfacé par mon éditeur Christophe Thill. Autant de raisons de louer cette publication de 500 pages.
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Le grand dieu Pan

Au Pays de Galles, le docteur Raymond s’adonne à une opération chirurgicale - malgré les réticences de son ami Clarke - sur le cerveau d’une jeune fille du nom de Mary. Le but de l’expérience ? Permettre à la jeune fille de voir le monde invisible. Ce que les anciens appelaient : « Voir le Grand Dieu Pan »

Une opération qui fera sombrer la jeune Mary dans la folie…

Des années plus tard, à Londres, a lieu une série de morts inexpliquées, impliquant de riches héritiers. Ils arborent tous sur leur visage une expression d’horreur et d’effroi, et le mode opératoire ayant mené à leur mort semble identique. Mais les points communs ne s’arrêtent pas là. Ils ont tous eu affaire, peu avant leur mort, à une jeune femme énigmatique du nom d’Helen Vaughan.



Nouvelle fondatrice du genre fantastique, « Le Grand Dieu Pan » d’Arthur Machen est présentée sous la forme d’un superbe objet par les éditions Calidor. En plus de la nouvelle donnant son nom au recueil, il contient également les nouvelles : « La Lumière Intérieure », « Histoire du Cachet Noir », « Histoire de la Poudre Blanche » et « La Pyramide de Feu ».

Le tout accompagné d’un appareil critique permettant un éclairage bienvenu sur un auteur, finalement, assez peu lu et compris. Que ce soit le réalisateur Guillermo Del Toro, le critique littéraire/journaliste Henri Martineau, l’auteur/éditeur américain (spécialiste de Lovecraft) S. T. Joshi, l’écrivain Jorge Luis Borges, leurs avant-propos et postfaces aident clairement à une meilleure compréhension de l’écrivain britannique. Et il faut souligner, également, la qualité du travail d’illustration de Samuel Araya. Il apporte un petit supplément d’âme, une sensation d’immersion… en plus de donner à votre bibliothèque, un petit cachet de cabinet de curiosités.



Évidemment, la plupart des nouvelles d’Arthur Machen se pareront d’un petit voile désuet pour le lecteur contemporain. À titre personnel, je suis assez peu réceptif à l’horreur en littérature. Je pense que cela vient du médium qu’est le livre. Un sentiment aussi viscéral et sensitif comme la peur ne peut à mes yeux être parfaitement véhiculé sous un format, qui prête davantage à l’interprétation et à l’analyse. Ou alors est-ce moi qui suis trop insensible ? Non, vraiment, ce qui m’attire avant tout vers le genre fantastique c’est la qualité du récit. Si je suis embarqué sans avoir à questionner les éléments tangibles de l’histoire, l’auteur aura réussi son pari.

Ce que réussi à faire, partiellement, Arthur Machen avec ses nouvelles. Il faut d’ailleurs souligner la qualité de la traduction de l’écrivain Paul-Jean Toulet, approuvée par l’auteur lui-même, et qui visiblement sublime l’original.



Impossible de terminer cette chronique sans aborder la filiation entre Arthur Machen et H. P. Lovecraft. L’auteur britannique a eu une influence non-négligeable sur l’écrivain américain. On retrouve chez Machen cette idée d’un monde invisible, peuplé de créatures dont la simple vue provoque la folie chez de simples mortels. On verra même à un fugace instant apparaître un tentacule. Un attribut horrifique si cher à l’auteur de Providence.

Mais ce qui achève de lier les deux écrivains c’est cette peur du progrès. Chez Machen cela se manifeste par ce « petit peuple » - héritage de croyances celtes datant d’une époque reculée, avant que le christianisme ne s’installe dans les îles britanniques. Il se défend contre les malheureux promeneurs qui ont le malheur d’empiéter sur son territoire. Une critique à moitié déguisée de la modernisation des campagnes et de l’industrialisation galopante du XIXÈME siècle.



Ami lecteur, vient voir le Grand Dieu Pan !!!
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Le grand dieu Pan

Vous l’aurez compris les textes de Machen raviront les inconditionnels du genre [...]. Pour les autres, le côté histoire de la littérature qui accompagne chaque livre de chez Callidor est ici particulièrement appuyé et rend l’ouvrage accessible au plus grand nombre, puisqu’il vient avec son manuel de lecture !
Lien : http://www.elbakin.net/fanta..
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Le grand dieu Pan

Si le nom de Lovecraft est aujourd'hui bien connu des amateurs de fantastique, celui de Machen l'est nettement moins.

Né en 1863 et mort en 1947, cet auteur britannique est pourtant l'un des piliers de l'horreur moderne. Son récit le plus connu, Le Grand Dieu Pan, a inspiré en son temps le susnommé Lovecraft et l'ensemble de son œuvre s'impose comme une influence majeure pour les générations qui suivront.

S'il semble ne pas avoir connu la même popularité que le père de Cthulhu, Arthur Machen peut compter sur le soutien d'une petite communauté de fans avertis qui ont su faire vivre ses écrits jusqu'à ce jour et l'ont réédité à maintes reprises dans l'Hexagone.

Découvrons aujourd'hui la dernière réédition en date. 



Cette réédition, nous la devons aux excellentes éditions Callidor qui se sont mises en tête, après Le Roi en Jaune de Robert W. Chambers l'année dernière, de fournir le même travail d'orfèvre pour ressusciter le Gallois.

Autant le dire tout de suite, le livre-objet qui en résulte est un œuvre d'art en soi. Hardcover, vernis sélectif et, surtout pas moins de vingt-six illustrations du grandiose dessinateur paraguayen Samuel Araya, comme autant de joyaux noirs qui vous hanteront longtemps. 

Le travail d'édition avec des polices d'écriture finement choisies et tout un appareil critique signé par Guillermo Del Toro, Jorge Luis Borges ou encore S.T. Joshi achève de convaincre du sérieux de cette entreprise de réédition. 

L'objet-livre qui en résulte s'avère naturellement magnifique et vaudrait à lui seul l'achat compulsif du collectionneur.

Mais ce n'est pas tout puisque le meilleur est à venir.

Le Grand Dieu Pan ne contient pas uniquement le texte éponyme mais également quatre autres récits d'Arthur Machen : La Lumière Intérieure, Histoire du Cachet Noir, Histoire de la poudre blanche et La Pyramide de Feu. De quoi raviver sérieusement la curiosité des amateurs de terreur. 



On découvre avec Le Grand Dieu Pan tout ce qui fait l'essence de l'œuvre d'Arthur Machen qui, loin de s'inscrire dans l'horreur frontale, aime tisser patiemment ses histoires pour mieux faire infuser le surnaturel. 

Ici, c'est l'expérience du Dr Raymond sur une jeune fille du nom de Mary qui va très mal tourner. Témoin de la chose, Clarke ne peut que constater le basculement dans la folie qui s'opère. Quelques temps plus tard, dans la bonne société Londonienne, une certaine Mme Beaumont fait une entrée fracassante… et attire sur elle les soupçons de Clarke et de ses amis suite à une étrange série de suicides que même Scotland Yard ne comprend pas. 

Tout, dans ce premier texte, va définir le style fantastique d'Arthur Machen : une personne confrontée à l'inexplicable, souvent par les suites d'une expérience malencontreuse, une enquête qui remonte et assemble les pièces d'un puzzle de plus en plus terrifiant et cette sensation de malaise diffus qui prend à la gorge le lecteur pour ne plus le lâcher.

L'horreur d'Arthur Machen n'est pas grandiloquente, elle est taiseuse, vaporeuse, élusive. 

Le Britannique est fasciné par l'existence d'un monde extrêmement ancien dont nous avons tout oublié ou presque. Un monde qui renferme des êtres monstrueux dont la seule vision peut rendre fou ou pervertir à jamais celui qui l'aperçoit. On retrouve le même procédé dans le texte suivant, La Lumière intérieure, avec une expérience lugubre qui finit par aboutir à la dégradation de l'âme et à la vision d'un monde impossible à supporter pour l'expérimentateur. On retrouve le goût prononcé de l'auteur pour l'enchâssement du récit dans le récit, avec la lecture de lettres ou de rapports pour éclaircir l'histoire et nous donner la sensation d'enquêter nous-même aux côtés du narrateur. Mais si l'on pourrait hâtivement cataloguer tout cela comme une série de péripéties policières, on s'aperçoit avec la suite que ce serait bien insuffisamment pour décrire et saisir les obsessions de Machen.



Les deux textes suivants, Histoire du cachet noir et Histoire de la poudre blanche, vont affirmer cette terreur qui hante l'œuvre du Gallois. 

Machen semble obsédé par ce qu'il reste des mythes anciens dans notre propre époque - ou plutôt dans la sienne, au XIXème siècle - et comment nous avons pu les transformer pour mieux les supporter.

Ainsi, dans Histoire du cachet noir, un scientifique à la recherche d'un continent perdu à explorer, va comprendre qu'il a trouvé bien plus dangereux que cela. C'est Miss Lally qui va découvrir le témoignage final du professeur Gregg et comprendre, non sans frayeurs, l'ampleur de ce qu'il a découvert. Encore une fois, les choses sont élusives, floues, parlant et recyclant des mythes anciens, des fées, des rumeurs sur le « petit peuple » mais en révélant la nature beaucoup plus sombre de l'ensemble. 

Une nature que nous avons oblitéré, caché, pour notre propre bien. 

Arthur Machen s'érige en adepte de l'horreur à l'orée du regard, saisissant parfaitement l'essence du fantastique originel où le doute crée l'angoisse autant que la vision du mal elle-même. Ce qui fait la force d'Histoire de la poudre blanche n'est pas simplement la révélation du destin tragique et la vision d'horreur qui accompagne la confrontation entre le Dr Haberdeen et ce qu'est devenu Mr Leceister suite à un traitement mystérieux, mais bel et bien ce que cette transformation et ce que l'origine de cette poudre dit d'un monde extrêmement vieux et sombre où la sorcellerie était une chose bien réelle et carnassière. Chez Machen, la peur naît de l'inconnu et de l'inimaginable caché à nos yeux. Un inconnu qu'on pourrait dévoiler malencontreusement à tout moment. Cette façade qui s'écroule est d'ailleurs souvent la résultante d'une expérience malencontreuse et l'on sent que le Britannique, qui voit les avancées technologiques de son temps, craint ce que celles-ci pourraient donner pour l'homme. Surtout lorsque ces découvertes sont mises en rapport avec sa propre morale chrétienne. 

Pourtant, l'influence des écrits religieux cède surtout le pas à l'existence de puissances beaucoup plus anciennes. 

Dans l'ultime récit, La Pyramide de Feu, c'est une nouvelle enquête qui nous emmène au milieu de nul part, dans des collines quasiment désertes, terrain de jeu favori de l'auteur, pour mieux nous replonger dans un temps reculé, entre ruines du monde Romain et folklore du petit peuple. 

Vaughan et Dyson, en tentant de comprendre de mystérieux symboles faits de pointes de flèche, vont finalement résoudre une bien étrange disparition par la même occasion.

Et être les témoins d'actes terribles qu'ils ne souhaitent certainement pas ébruité…mais faire retomber dans les limbes de l'oubli au plus vite.

Arthur Machen exprime ainsi que certaines choses doivent rester cacher à l'humanité, que le voile qui nous sépare d'entités monstrueuses ne doit pas être soulevé… sous peine de damnation et de folie. 

Il en résulte une expérience qui marque, très loin des tendances actuelles qui virent au gore grotesque ou à une surenchère de retournements de situations. L'horreur revient ici à ses fondements fantastiques les plus bruts, nous fait douter, nous laisse imaginer le pire, nous laisse trembler dans la brume. 



Non seulement cette édition du Grand Dieu Pan est d'une beauté surnaturelle, mais elle regroupe par la même occasion des textes d'une qualité et d'une importance certaine dans l'histoire du fantastique moderne, imposant définitivement Arthur Machen comme un incontournable du genre. 

Indispensable et obsédant, forcément.
Lien : https://justaword.fr/le-gran..
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Le grand dieu Pan

Je suis fan de fantastique et d'horreur depuis longtemps. Alors quand j'ai enfin trouvé ce texte d'Arthur Machen qui, semble-t-il, est un incontournable de ce genre, je ne me suis pas privé de l'acheter et de le dévorer dans la foulée.



Et alors ? Comme tout classique un peu daté (1894), je n'ai pas eu assez d'attachement pour pouvoir y déceler un coup de coeur puissant. Mais c'est un texte formidable, qui peut encore effrayer aujourd'hui de par son ambiance étrange, de par "l'indiscible" que Lovecraft reprendra et développera dans ses textes plus tard, et d'une forme de narration que j'ai trouvé originale et bien réalisée.



On ne sait pas exactement de quoi on a peur, mais c'est là. Un texte bref, une atmosphère que j'aime, je vous le recommande vivement.
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Le grand dieu Pan

Sous le voile, le monde de Pan.



Cité à de nombreuses reprises dans l'essai de H.P. Lovecraft "Epouvante et surnaturel en littérature", je me suis précipité pour m'en procurer un exemplaire. Déception, la littérature gothique du XIXe n'a plus d'emprise sur le thème de l'horreur au XXIe! De nombreux courants littéraires depuis sont passés qui en ont exploré les plus intimes abysses...

La matière est pourtant fort intéressante: un monde troublant surgit progressivement sous le voile de notre réalité et dont le point de contact est une femme. Et tous ceux qui rentreront en contact avec elle n'en sortiront pas indemnes.



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Le grand dieu Pan

Arthur Machen est né au Pays de Galles en 1863 et mort en Angleterre en 1947. Il fit partie de la Golden Down, une société secrète ésotérique. Le Grand Dieu Pan est son premier roman.



Le récit est très court, un peu plus de quatre-vingts pages, mais puissant. Les chapitres sont racontés par différents personnages, qui finissent par former un tout, à la manière d'un puzzle. L'histoire commence par une expérience ésotérique qui tourne mal : le docteur Raymond opère Mary, une jeune fille qu'il a recueillie, afin de lui ouvrir les yeux sur un autre monde. Elle pourrait y rencontrer le Grand Pan.



Quelques années plus tard, une jeune femme fait parler d'elle à Londres. D'une grande beauté, séductrice, elle affole beaucoup d'hommes qui finissent par se suicider. Ce n'est qu'en comparant les différents récits, que l'on soupçonne qui est Hélène Vaughan, connue aussi sous les noms de Mme Beaumont ou Mme Herbert.



Le texte en lui même n'est pas effrayant, car la plupart des scènes qui pourraient l'être sont éludées ou juste évoquées. Le nombre de narrateurs est un peu perturbant, mais on comprend rapidement que les différentes histoires ont toutes un lien entre elles et que l'expérience malheureuse en est la cause.



L'écriture est un peu trop didactique et j'ai eu l'impression de lire un fait-divers ou un article dans une revue scientifique. Je n'ai pas été touchée par les personnages, qui semblent interchangeables. L'auteur ne nous partage ni leurs sentiments ni leurs pensées. Un style souvent rencontré au XIXème siècle.



Je suis cependant curieuse de lire d'autres textes de l'auteur afin de mieux le connaître.
Lien : http://dviolante5.canalblog...
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Le Peuple blanc (et autres récits de terreur)

J'ai lu la Terreur, en version anglaise, quelle maîtrise stupéfiante ! La répétition des faits criminels, loin de causer une lassitude, plongent dans l'horreur la plus totale ; cela m'a rappelé par bien des points le passage de 2666 dans lequel les meurtres se multiplient à Sonora, au Mexique. Quel dégoût ! Tout est préparé depuis le début, et pourtant, à la résolution on est extrêmement surpris. Le style de l'auteur est relativement simple, assez oral, mais efficace pour raconter l'histoire. L'auteur change souvent de perspective, pour nous désorienter. D'une façon détournée, ce roman montre toute l'horreur de la guerre et de la propagande de guerre. Enfin, je note la force des explications avancées par les personnages pour décrypter les raisons profondes du mystère.
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Le grand dieu Pan

J'ai lu la célèbre édition traduite et préfacée par Paul-Jean Toulet. Cela m'a rappelé, par bien des côtés, H. P. Lovecraft, mais je trouve Machen supérieur littérairement parlant, bien qu'il soit moins connu en France. L'histoire d'un démon terrible dont le nom ne peut être prononcé qu'en tremblant, des possessions, des personnages devenus fous à la seule évocation du mystère ... A lire pour tout "aficionado" de fantastique à l'ancienne.
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Le grand dieu Pan

Je me demande bien lequel des éléments de ce texte court a pu hanter Lovecraft aussi longtemps avant de se mettre à édifier son univers de l'horreur cosmique totale.

Ou en fait non, il ne faut pas se le demander, parce que tout, absolument tout ici est une ode à ces initiations sans limite de quelque chose de plus grand. De plus important. De plus indicible.

Le tout porté par une écriture tout en finesse, des airs de fausse enquête gothique parfaitement maîtrisée, une retenue qui sait exactement quand esquissé un Tout inaliénable.

"Clarke... Mary, Mary va voir le Grand Pan !"
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Le grand dieu Pan

Il fait plusieurs années déjà que j’ai lu Le Grand Dieu Pan. C’était dans le temps, je crois, que je découvris les nouvelles d’Ambrose Bierce, ses Contes noirs. Je n’escomptais pas relire cette assez longue nouvelle, mais quand j’ai vu que M. Asensio se documentait pour faire paraître une monographie critique sur l’œuvre d’Arthur Machen, et que j’ai lu la comparaison lapidaire, pour ne pas dire expédiée ou injuste, qu’il dressa en quelques mots entre Machen et Howard Lovecraft (qui ne s’était pas défendu de l’avoir pris pour maître : sa Tourbière hantée, de simple mémoire, peut tirer son inspiration du Dieu Pan) où il jugea Machen « bien supérieur évidemment », non seulement cela m’incita à le relire pour vérifier si je n’y avais pas après tout manqué quelque chose, mais cela me poussa à rédiger avant lui quelque critique consciencieuse pour, comme on dit, lui « couper un peu l’herbe sous le pied » et ainsi constater si M. Asensio serait capable d’écrire là-dessus beaucoup mieux que moi, quoique, lui, sur un sujet certes plus vaste que le mien. Oh ! il ne faudrait pourtant pas voir dans ma démarche autre chose qu’une facétie sympathique, qu’une taquinerie de confrère, et même essentiellement qu’une sorte de défi amical et émulatif, attendu que j’aime particulièrement les articles de « Stalker » qui figurent une critique d’une pertinence qu’on ne trouve presque plus nulle part, mais aussi parce que, à ce que je redoute, M. Asensio pourrait fort rencontrer dans sa solitude obstinée, dans son isolement enragé et taciturne d’animal farouche et nerveux du sud, une certaine tendance à stagner qui est le propre de tous ceux qui s’estiment à une altitude où ils n’ont plus besoin de se comparer à personne. Ce que j’écris n’est pas pour le vexer, même si je crois bien qu’il « contrattaquera », ce vieil et opiniâtre tirailleur ! si du moins il demeure assez curieux et disponible intellectuellement pour accéder à ce blog (je lui lancerai une invitation, et on verra bien !), mais j’ai récemment déterminé qu’il fallait, à armes égales, « piquer » un peu ceux qu’on approuve, les « éperonner » d’un léger coup « d’aiguillon rival » pour leur rendre quelque goût de la vitalité et de l’effort, eux qui, par trop souvent et je le crains en l’occurrence, en viennent à dédaigner absolument tout le monde sauf ceux qui sont déjà parvenus à un succès visible quand il valorise le leur. Il est vrai qu’a priori je soupçonnais l’avis laconique de M. Asensio d’avoir été influencé par le fait qu’il déteste notoirement Michel Houllebecq ; or, ce dernier ayant publié à ses débuts un ouvrage en faveur de Lovecraft, il ne « se pouvait », suivant l’opinion selon quoi un ami d’un ennemi ne peut être qu’un ennemi, que Houellebecq eût eu de bonnes raisons d’engouement pour l’homme de Providence et ainsi que Lovecraft fût effectivement un auteur de qualité, au même titre qu’il est apparemment évident pour tous, quand quelqu’un aime le vin rouge, que son adversaire hait l’alcool ou, au mieux, n’apprécie que le vin blanc – j’ai personnellement un grand intérêt pour Lovecraft et pas pour Houellebecq, mais il paraîtra que c’est encore par réactance et pour ne rien faire comme les autres.

Mais allez au fait ! Mr War ! au fait ! Votre critique, enfin ! Soit. Singulier récit que ce Grand Dieu Pan. Mr Raymond y veut tenter sur sa jeune compagne une expérimentation, et il prend Mr Clarke pour témoin : au moyen d’une opération superficielle du cerveau supposée en augmenter les facultés, il veut rendre sensible à Mary tout l’invisible du « monde réel sous le monde », il veut lui « lever le voile » et accroître jusqu’au supranaturel ses perceptions de la réalité et de l’univers. Il n’y a aucun risque à cela, à ce qu’il prétend, car il est bien certain du genre de connexion qu’il veut établir dans cet organe, ses recherches ayant atteint le degré d’accomplissement où il ne redoute pas d’échouer, mais il est loin de se douter que percevoir l’insaisissable est aussi une façon de réaliser la rencontre de forces insoupçonnées et maléfiques avec l’homme, d’une influence maudite et pernicieuse et dont la nature ne lui a pas celé sans cause les chemins de la connaissance. Car au-delà de la vision normale se situe notamment le Grand Dieu Pan, entité amorale ou immorale, ni humaine ni bestiale, une survivance de cultes romains et qui souille irrévocablement l’esprit contaminé de ceux qui d’extraordinaire le voient.

L’intrigue en soi n’est pas tout à fait neuve (on devine comme Lovecraft s’en est inspiré en poursuivant l’idée fondatrice que l’homme est une créature négligeable dont le règne ici-bas est transitoire au sein de puissances cosmiques qui le submergent et menacent de le dominer à tout instant), mais il y a de remarquable dans cette œuvre la conjonction d’une construction méticuleuse et d’un style très finement et profondément sombre. En effet, le récit est tout à fait non linéaire : il multiplie les focalisations diverses, gageure extrêmement délicate, est raconté à travers le point de vue de Clarke puis de Villiers qui retrouve un homme déchu par la créature engendrée de Raymond, et de lettres, et de rapports oraux, et de journaux, de dessins, de bilans médicaux… ; c’est une grande variété et multiplicité de sources qui conduisent une progression très élaborée dans la recherche de la vérité, par adjonctions stratifiées de soupçons et de faits, de rumeurs et de preuves, constituant en tout une suite de recoupements de plus en plus tangibles et établissant par degrés les fruits d’une enquête, chacun détenant un témoignage partiel sur ce qu’il y a à conclure et qu’on pressent répugnant et contre nature. Cette forme composite est d’une rare originalité, et en dépit des ruptures successives qui imposent au lecteur une certaine souplesse mentale (car c’est un livre intelligent pour gens sans paresse et qui savent lire), elle présente l’avantage de révéler perpétuellement autant qu’elle dissimule, je veux dire que sans cesse la narration suggère que le pire est à venir, que tous les éléments dont on dispose, et qui sont déjà fort malsains, sont les prémices d’une réalité infiniment plus vaste et perturbante encore qu’il vaudrait mieux ne jamais montrer, insinuant chez les personnages aussi bien que chez le lecteur une vaste imprégnation de malaise présentée comme naturel, un dégoût de bon sens, et dont tous, dans le récit, ressortent étourdis et nauséeux. Le peu qu’on entrevoit de cette affaire sordide sent l’indicible et l’immonde, un monstre humain se promène quelque part après cette transformation initiale, rien que son influence est une perversion fatale, raison pourquoi il est même toujours impossible et défendu de parler franchement de ses actes atroces et tabou.

Et cependant, insidieusement, une certaine coloration fin-de-siècle, résidant notamment dans la richesse du style et dans les ors de la tentation, confère au texte et à ce Londres surtout nocturne un caractère de fascination ; à vrai dire, même les pleins jours sont inquiétants, même les décors normalement pastoraux de colline et de bois : c’est que le berger subit désormais la présence subversive d’un satyre inimaginable invoqué et libéré de l’invisible ; et ainsi, tout dorénavant peut continuellement surgir d’un décor paradoxal qu’on s’apprête à contempler. Le lecteur est plongé d’autorité entre science et sensualité, entre la froideur des savoirs rassurants et l’inconnu des possibilités extra-humaines, arguments rationnels et parfums mystérieux, entre les passions exacerbées jusqu’à la démence et une stricte méthode heuristique pour comprendre les manifestations et les origines d’une anomalie matérialisée par expérimentation. On devine des soleils noirs dans cette intrigue, on ressent des pourpres macabres comme des linceuls, on augure des orgies dont l’attrait sait être une épouvante, on perçoit des chants d’une moquerie infâme et tout ce qui figure de plus insupportable et électrisant dans les réalités masquées : cela sourd comme un suint bizarrement orné, diapré, bigarré, byzantin ; une manière gentleman d’investigation élégante, au seuil du dandysme, tâche à découvrir, avec une étrange conscience fascinée, les monstruosités innommables induites par une créature échappée dont l’aura seule est une terreur et qui n’est plus humaine. Derrière des faits tus on devine des viols abominables, des séductions d’une corruption inénarrable, des désespoirs déformants conduisant au suicide systématique aux pieds des lits, et malgré ces destins funestes, tous les narrateurs courent après cela ! Maints documents portent la trace d’un passage terrible, leur vue même est une souffrance pour l’esprit salubre, on recommande de les brûler aussitôt… mais nul n’est capable d’y porter soi-même un commencement de flamme ! C’est bien plus que le désir de la vérité qui tient et consume les narrateurs : une noirceur inscrite dans la curiosité humaine, morbide, quelque chose comme le goût de la révélation de l’ignominie éclatante. Remarquons que ce sont ici des hommes, rien que des êtres mâles, qui poursuivent l’horreur : c’est, devine-t-on, qu’il y a dans sa nature un penchant à la lubricité et à l’abjection, un irrépressible appétit au toucher, au contact, aux poursuites de toute matière spongieuse – c’est sans doute pourquoi le scientifique du départ, Mr Raymond, revêtu d’emblée d’une dignité objective de savant sans net émoi, disparaît du récit dès l’expérience initiale et n’intervient plus qu’en manière de conclusion : il ne dispose pas d’assez d’insistance sensuelle, c’est pourquoi il laisse opportunément place aux corps et aux rêves littéraires, aux extrapolations aventureuses et, même affreuses, séduisantes terriblement pour le sexe viril et inconsciemment lubrique d’autres personnages plus propres à la tentation.

Certes, c’est un récit rare de suggestions alarmantes et d’obscurités élaborées, pourtant il faut admettre qu’aussi bien cette construction que ce style contiennent leur faille identique et intrinsèque, consistant dans un certain excès d’alambication : je veux dire qu’on ne distingue guère de ton propre à chacun des personnages, que leur couleur logiquement particulière est en fait très unie, lissée, confondue dans ce spectre clair-obscur de l’étrange, qu’on a en somme à peu près la copie d’un même tour d’esprit en chacun des intervenants, qu’ils ne paraissent à peu près que l’incarnation d’une même voix, sans doute celle de l’auteur lui-même. Au surplus, on ne me contestera pas, je pense, que le déroulement est globalement invraisemblable, notamment la façon dont la majorité des indices viennent facilement et comme par hasard aux personnages qui en sont plutôt objets que véritablement instigateurs : Villiers, étonné de la déchéance de son ancien camarade, parle de lui justement à Clarke qui en connaît précisément la cause lointaine ; il a aussi un ami, Austin, qui détient un objet testamentaire d’un peintre camarade en rapport avec la femme maudite ; il a vu au surplus, mais par chance, un des suicidés peu avant son acte de façon qu’il a su d’où il venait… Certes, ce n’est pas une intrigue policière dont il s’agit et il ne faut pas y espérer une rigueur absolue, mais l’auteur ambitionne évidemment de nous faire agréer l’impression du fantastique c’est-à-dire du possible par quelque apparence de logique ; or, ça ne fonctionne guère, tous les éléments de progression se présentent d’eux-mêmes et sans pour autant qu’on ait l’explication d’une sorte de prédestination : l’information parvient toute seule à qui la voudrait, fatalement, au moment propice. Ainsi, s’il s’agit d’estimer la probabilité de pareilles coïncidences dans un récit qui veut globalement tirer ses effets d’un sentiment presque scientifique de plausible, il faut reconnaître qu’il n’est pas fort question d’y croire, ce qui est toujours une entrave à l’immersion du lecteur dès lors qu’il est assez perspicace pour percevoir les astuces narratologiques un peu grossières, les ficelles un peu trop blanches, avec lesquelles il a fallu faire tenir ensemble tout ce canevas sophistiqué.

Et puis, j’ose le dire enfin et pour revenir à la petite controverse lancée par M. Asensio, en dépit de sa subtilité incontestable et de son pouvoir d’envoûtement, ce Dieu Pan, pourtant plus travaillé, plus ouvragé disons, plus orné peut-être que la plupart des œuvres de Lovecraft, n’en a pas tout à fait l’audace et les effets singuliers. En particulier, le parti pris de Machen est de ne pas raconter ce que l’on voudrait savoir, comme une manie, et la plupart des événements importants sont tus au nom de la décence ; or, c’est indéniablement une faiblesse, sinon une lâcheté pour un écrivain dont la profession de foi devrait être justement à narrer le difficile et le subtil, à trouver une solution satisfaisante à toutes les délicatesses le réalité et d’expression, en somme à rendre une couleur singulière même aux faits les plus complexes avec l’exactitude des mots, au lieu que ce prétexte récurrent à s’abstenir, loin de provoquer chez le lecteur un répugnant effroi (il n’y a pas même d’éléments dans le texte pour motiver un pareil sentiment, et je dirais au contraire que le lecteur est désireux de ces relations tues qui cachent de la sexualité plutôt qu’impressionné de connivence à l’idée qu’il ne faudrait rien en révéler pour de justes causes) – autrement dit, un écrivain expérimenté et pertinent sentirait qu’il y a eu là, précisément à chaque fois dans ce livre, une facilité à ne pas dire, façon de s’épargner une embûche littéraire et morale et d’éluder ainsi une peine et un péril, parce qu’en effet ces événements masqués sont exactement les plus difficiles aussi bien à imaginer qu’à traduire. Je soutiens même que cette élision nuit partiellement au sentiment de l’horreur révélée : se contenter d’exprimer que la pudeur s’oppose à la relation d’un fait atroce et apposer ici des points de suspension comme il arrive à au moins trois reprises dans ce récit, c’est non seulement un prétexte assez puritain et commode à ne pas prendre de risque d’écriture, mais c’est surtout se résoudre à ne pas produire le climax, le paroxysme de terreur, l’éclatement de la tension en un souffle dévastateur et vertigineux : Lovecraft, lui, osa trouver un langage pour rendre compte de ces monstruosités, et c’est grâce à cela qu’il réalisa ses chutes cosmiques où tout ce qui était jusqu’à un certain point atténué, déguisé, travesti et soupçonné indicible est finalement exposé à la lumière nue ; c’est ce qui fonde la terreur transcendante et accomplie de ses textes, au-delà de l’atmosphère fébrile et moite de Machen qui n’explose jamais, qui ne représente pas avec explicitation, du moins dans ce récit, le terme d’un processus d’inquiétude puis de peur et enfin de panique c’est-à-dire le cycle complet de la terreur. La compression des personnages ici ne se concrétise en explosion que « hors-scène », loin de la vision du spectateur – encore une fois il faut imaginer plutôt que vivre la démence, le crime ou le suicide. Chez Machen dans Le Grand Dieu Pan le suspense n’a pas la profondeur de germer, la tension demeure vague et envoûtante, souterraine sans affleurer, et cette résurgence, cette contention immergée de l’affolement fou, dramatisée mais non fructifiée faute, à mon avis, de le savoir ou de l’oser faire (car l’effet alors en serait incroyablement puissant et servirait fort ses desseins émotionnels), atténue l’intensité intérieure de l’horreur, la réprime et l’étouffe en-deçà d’une exhalaison – le défoulement cataclysmique n’étant pas transmis n’arrive pas à heurter manifestement l’esprit et la raison du lecteur telle pourtant qu’on l’éprouve au paroxysme de l’effroi. Lovecraft exprime en somme et l’effroi et la terreur, quand Machen, en l’occurrence, s’arrête au premier sentiment – ce qui, je ne le nie pas, constitue tout de même déjà un trouble impressionnant et une belle et mémorable réussite.
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Le grand dieu Pan

Arthur MACHEN naquit en 1863 à Caerleon dans le Pays de Galles et disparaîtra en 1947. Après la publication en 1881 d'un premier poème à tonalité mystique ("Eleusinia") évoquant les Mystères d'Eleusis, il comprend vite qu'il ne parviendra jamais à "vivre de sa plume".... Belle sagesse ! Ses revenus proviendront d'emplois en "diverses maisons d'édition" londoniennes puis en tant que journaliste, complétés par un "petit héritage familial"... S'échelonnera bon an mal an la publication d'une petite vingtaine de pièces originales au long d'une quarantaine d'années...



1890 : "The Novel of the Iron Maid" ("Histoire de la vierge de fer")

1894 : "The Great God Pan" ("Le Grand Dieu Pan") [court roman]

1895 : "The Shining Pyramid" ("La Pyramide de feu")

1895 : " The Novel of the Black Seal" ("Histoire du cachet noir")

1895 : "The Novel of the White Powder" ("Histoire de la poudre blanche")

1895 : "The Three Impostors or The Transmutations" ("Les Trois Imposteurs ou Les Transmutations") [demi-roman]

1897 : "The Ceremony" ("La Cérémonie")

1904 : "The White People" ("Le Peuple Blanc")

1998 : "The Red Hand" ("La Main rouge")

1906 : "The House of Souls" ("la Maison aux âmes")

1907 : "The Hill of Dreams" ("La Colline des rêves") [roman]

1914 : "The Bowmen" ("Les Archers")

1915 : "The Great Return" ("Le Grand Retour")

1915 : "Out of the Earth" ("Sortis de la terre")

1917 : "The Terror" ("La Terreur")

1927 : "The Little Folk" ("Le Petit Peuple")

1931 : "Opening the door" ("Un grand vide")



Ses personnages fétiches ? Les fées, les elfes, le "Petit Peuple", le diable, les faunes et satyres, les gorgones, les monstres... mais surtout "le caractère Autre de ce monde", qui en font un Maître du fantastique, contemporain de Bram STOCKER et Howard Phillips LOVECRAFT.



Bref, notre ami "s'est fait plaisir" et nous le suivrons dans sa Voie des Origines (antique et romaine décadente) si originale...



"Le Grand Dieu Pan" de 1894 (soit quatre ans avant la publication du génial roman-feuilleton de l'irlandais Bram STOKER) est effectivement une de ses "pièces maîtresses". On peut supposer que la traduction tout en finesse de Paul-Jean TOULET (en 1901) lui a conservé beaucoup de sa fraîcheur actuelle... On pense immanquablement au climat mélancolique du roman "Bruges-la-Morte" (1892) de Georges RODENBACH en raison de la malédiction poisseuse qui imprègne les quelques pages (réparties en huit chapitres) de ce très court roman, tout aussi allusif et d'une concision si éloquente en Mystères... Puisque "L'autre monde" ne s'y trouve séparé du nôtre que par une fine toile, de l'épaisseur d'une feuille de cigarettes...



Chapitre d'exposition : la jeune Mary, dix-sept ans, est victime consentante d'un crime médical monstrueux contre son intégrité physique (rien de moins qu'une petite trépanation au crépuscule, "pour voir"... ). Résultat ? Elle ne verra plus jamais le monde comme avant... le "Primum non nocere" d'Hippocrate est décidément le cadet des soucis de ce "bon" (?) Docteur Raymond, son étrange "bienfaiteur" ou tuteur... Clarke devient complice par non-dénonciation de crime.

La mystérieuse Hélène Vaughan naîtra et connaîtra une longue et belle carrière proprement vampirique et pousse-au-suicide... Comme dans le "Dracula" de STOKER, la malédiction procède par contagiosité : d'abord Lucy puis Mina... D'abord Rachel (morte depuis) et le pauvre gamin Trevor (finissant idiot).



Le talent d'Arthur MACHEN tient dans sa retenue pour dérouler le fil d'Ariane des mystères et dans sa maîtrise de ce qu'il perçoit comme un "Pouvoir Premier" : une langue élusive permettant de suggérer l'horreur. Là où STOKER développe, rationalise et laisse ses personnages se justifier et revenir sur des événements déjà contés, MACHEN choisit l'ellipse et le toujours "incomplètement exprimé"...



De chapitre en chapitre, ses personnages se croisent, dénudent peu à peu le terrible Mystère dionysiaque et se passent silencieusement le relai de l'horreur.



Pour le 1 - "UNE EXPERIENCE", le docteur Raymond, M. Clarke et la pauvre Mary ...



Pour le 2 - "MEMOIRES DE M. CLARKE", Clarke à nouveau en scène, relisant le récit du docteur Phillips, l'un de ses autres amis, à propos des conduites peu communes d'Hélène Vaughan adolescente et des jeunes malheureux "témoins" ou victimes de ses agissements : Rachel M. et Trevor W. ...



Pour le 3 - "LA CITE DES RESURRECTIONS", le dandy Villiers croise le chemin de Charles Herbert, un ancien copain de collège désormais en haillons, celui-ci lui contant sa triste déchéance... Mme Herbert a précipité sa ruine et a disparu... Il en parle à "un gentleman de ses amis, Austin, qui a entendu parler de cette histoire et la complète...



Pour le 4 - "DECOUVERTES DANS PAUL STREET", retour à Clarke qui reçoit la visite du sieur Villiers : la cour de la villa de Paul Street où habita le couple Herbert vient de connaître sa première mort mystérieuse... Villiers a été visiter la misérable demeure, dont l'épaisseur de poussière et l'aura d'horreur diffuse se trouvent tout-à-fait dignes de la demeure londonienne "d'exil" du Comte Dracula...



Pour le 5 - "LA LETTRE D'AVIS", Austin et Villiers partagent la découverte d'un carnet de croquis maudits (celui de l'artiste Meyrik au tragique destin) réunissant Faunes, Satyres et Aegypans... jusqu'au portrait d'Hélène Vaughan, au regard fixe.



Pour le 6 - "LES SUICIDES", l'épidémie de suicides se poursuit à Londres, touchant nombre de "gentlemen" : Lord Argentine, M. Charles Aubernon, M. Collier-Stuart, M. Herries, M. Sidney Crashaw... Commence pour eux une étrange attraction (amoureuse ?) envers les cordes en chanvre. Par certains aspects, nous ne sommes pas si loin des excellents récit sherlock-holmesques de sir Arthur CONAN DOYLE... Austin, Villiers et Clarke semblent joindre leur forces (un peu comme les trois anciens amoureux de la belle "Lucy" de Bram STOKER) pour terrasser le démon, une démone en l'occurrence... Une certaine Mme Beaumont (de la Meilleure des Sociétés) vivant dans Ashley Street semble décidément avoir un entêtant parfum de soufre...



"Pour le 7 - "LE RENDEZ-VOUS DANS SOHO" : la traque impitoyable de la démone commence... Austin prend peur mais Villiers et Clarke se chargeront de la basse besogne.



Pour le 8 - "FRAGMENTS", le docteur Robert Matheson relate sa découverte d'un cadavre vacillant d'états en états - préfigurant le modèle proprement innommable de "The Thing" de John CARPENTER (1983).



Mary, Hélène et tant d'autres ont donc été "contaminés" et ont rencontré le monde du "Grand Dieu Pan" qu'ils n'ont pu fuir que dans la mort consentie.



La force narrative d'Arthur MACHEN est grande, ses "effets" sont soignés et sa construction passionnante. On rejoindra aisément l'avis laudatif du connaisseur H. P. LOVECRAFT dans son essai (élaboré de 1927 à 1935) "Epouvante et surnaturel en littérature"...



"The Great God Pan" est une pièce inoubliable.
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Le grand dieu Pan

Un petit roman fantastique efficace en ce qu'il laisse suggérer plus qu'il ne montre, dans la lignée du vrai fantastique XIXe.

On suit plusieurs personnages qui suivent de leur point de vue propre des phénomènes étranges dont on devine qu'ils sont liés, un peu dans la veine du Dracula de Bram Stoker écrit à la même époque (et visiblement Stoker et Machen étaient liés). Ici, petit spoiler, il s'agit des effets du retour du dieu païen Pan, appelé de façon imprudente par un scientifique.
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Le Peuple blanc (et autres récits de terreur)

LE PEUPLE BLANC



Un récit envoûtant qui prend la forme du journal (Le Livre Vert) d’une petite fille qui vit au milieu de la forêt avec son père (un avocat très occupé) et sa gouvernante. Celle-ci, très au fait des coutumes et légendes de la région, lui raconte des histoires à la fois merveilleuses et terrifiantes sur le petit peuple qui hante les bois et sur les cérémonies secrètes qui s’y déroulent. L’enfant explorera dans les moindres détails la contrée environnante, le Pays de Voor, ce qui nous vaut des descriptions sublimes qui ne sont pas sans évoquer Le Domaine d’Arnheim que Poe avait publié en 1847. Elle découvrira, au fil de ses contacts avec les esprits des lieux, de nouvelles langues, comme la langue Chian ou les lettres Aklo ; elle refusera de nous en dire plus sur les Nymphes, les Dôles, ou sur Jeelo ou les Voolas.; elle contemplera les grands beaux Cercles et participera aux jeux Mao. Son journal se terminera par un cri d’émerveillement « j’ai vu les nymphes, je les ai appelées et Alanna, la nymphe de l’obscurité est venue ». La gouvernante disparaîtra et on retrouvera la petite fille empoisonnée, gisant près d’un objet à moitié enfoui : une magnifique et lumineuse statue d’un Dieu romain. A l’instar de Mary dans Le Grand Dieu Pan, elle a vu l’indicible.

Nouvelle exploration du Mal Absolu, ce texte est également très intéressant par ses créations imaginaires, notamment linguistiques. A l’instar de Lovecraft avec son Necronomicon, Machen suggère sans donner de contenu précis, technique bien connue pour étoffer l’aspect mystérieux de son invention. Les lettres AKLO connaîtront du reste une belle postérité : L'Aklo a été appris par Wilbur Whateley (HPL: The Dunwich Horror) et utilisé par Alonzo Typer (HPL: Le Journal d'Alonzo Typer). Il apparaît également comme un élément clé de l'œuvre sur le Mythe de Cthulhu d'Alan Moore, The Courtyard. D’autres y verront une étrange consanguinité avec le langage énochien du Dr John Dee.

Pour les « complétistes », on signalera que Daniel Harms consacre une entrée à l’Aklo dans son Encyclopedia Cthulhiana (1998) : « Langage qui était originellement celui des Hommes-Serpents de Valusie . Il est encore utilisé sous une forme modifiée par les prêtres au service des Grands Anciens ainsi que par le Petit Peuple du Pays de Galles. Le terme « Aklo » peut aussi se référer à une série de rituels magiques ou désigner un moment précis où une incantation peut être prononcée… » Enfin on ne peut pas conclure sans signaler le site https://app.memrise.com/course/92726/aklo-building-upon-rlyehian/ qui propose un cours par correspondance sur l’aklo (et le rlyehian) ! Et c’est gratuit…

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Le grand dieu Pan

Robert M. Price, considère, à l’instar beaucoup d’autres auteurs, cette nouvelle comme l’une des sources de Lovecraft pour son texte sur Dunwich. Et de fait le Prince Noir de Providence consacrera à Machen et à ce texte une large entrée dans Épouvante et Surnaturel en Littérature : Personne n’est capable d’écrire avec une telle accumulation de suspense, utilisant jusqu’à l’horreur finale, une telle richesse de vocabulaire, de détail amenant toujours avec la précision la plus précise et la progression la plus ferme, les rebondissements et les révélations les plus nécessaires.

L’histoire commence par une intervention chirurgicale, pratiquée par un savant fou sur une petite fille, Mary, pour lui permettre de voir au-delà de la réalité. Après un éclair d’extase, Mary sombre dans la folie et, enceinte, décéder lors de son accouchement.

Puis une jeune fille, Helen Vaughan, placée par des parents inconnus chez de braves fermiers, terrorisera ses camarades de jeu lors de promenades en forêt. Ses expéditions bizarres feront une victime.

Enfin, une charmante jeune femme, Mrs Beaumont, défie la chronique londonienne par ses parties fines durant lesquels sont pratiqués d’infâmes rituels. Plusieurs des invités sombreront dans la folie après « ces séances ». Si l’horreur est instillée par petites touches tout le long du récit, le final – la mise à mort de Mrs de Beaumont par des enquêteurs avertis - est tout à fait à la mesure d’une chute lovecratienne : la victime subit des transformations monstrueuses avant de se répandre en un liquide putride. On l’aura deviné, Mrs Beaumont est Helen, laquelle était la fille de Mary qui avait copulé avec le Grand Dieu Pan. On ouvre ici la série des accouplements monstrueux dont Lovecraft fera son miel à Dunwich.

Deux commentaires :

° L’ouverture du troisième œil et l’élargissement de la conscience vont devenir des thèmes récurrents de la fiction, plus ou moins assis sur des recherches chirurgicales ou l’utilisation de psychotropes. Ce sera par exemple le « fil rouge » de l’essentiel de l’œuvre de l’écrivain anglais, Colin Wilson. Ce fut aussi un sujet largement évoqué dans la revue culte des sixties, Planète.

° L’une des grandes forces de l’écrivain gallois est de façon percutante d’évoquer le Mal Absolu : —Le péché́ réside pour moi dans la volonté́ de pénétrer de manière interdite dans une sphère autre et plus haute. Vous devez donc comprendre pourquoi il est si rare. Peu d’hommes, en vérité́, désirent pénétrer dans d’autres sphères, qu’elles soient hautes ou basses, de façon permise ou défendue. Il y a peu de saints. Et les pécheurs, au sens où je l’entends, sont encore plus rares. Et les hommes de génie (qui participent parfois des deux) sont rares, eux aussi... Mais il est peut-être plus difficile de devenir un grand pécheur qu’un grand saint.

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