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Citations de Attica Locke (43)


Mais pas un mot sur les meurtres ou les problèmes qui agitaient la ville.
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Elle raconta tout cela aux deux hommes de sa vie. Elle leur parla de la nouvelle mercerie à Timpton. De Faith qui la tannait pour qu’elle lui achète une voiture. De la vilaine nuance de jaune qu’avait choisie Wally pour peindre le bar. On dirait que quelqu’un a recraché un flot de morve répugnant et en a badigeonné les murs.
Mais pas un mot sur les meurtres ou les problèmes qui agitaient la ville.
Elle leur accorda ce petit moment de tranquillité́.
Elle baisa le bout de ses doigts, les posant sur la première stèle, ensuite sur la seconde. Sa main s’attarda sur la tombe de son fils, et elle poussa un soupir de lassitude. Telle une ombre sournoise dans son dos, aussi déterminée et fidèle qu’un chien courant, la mort semblait déterminée à la suivre dans cette vie.
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En contre- bas du cimetière, un semi-remorque passa en trombe sur la Route 59, projetant dans les arbres une rafale de gaz d’échappement. Il faisait chaud pour un mois d’octobre, mais c’était habituel à présent. Près de 26 °C aujourd’hui, et elle se dit qu’il était temps de sortir les décorations de Noël de la caravane derrière le café́. Ils appellent ça le changement climatique. Ça va continuer et je vivrai assez longtemps pour voir l’enfer sur terre, j’imagine. Elle raconta tout cela aux deux hommes de sa vie. Elle leur parla de la nouvelle mercerie à Timpton. De Faith qui la tannait pour qu’elle lui achète une voiture. De la vilaine nuance de jaune qu’avait choisie Wally pour peindre le bar. On dirait que quelqu’un a recraché un flot de morve répugnant et en a badigeonné les murs.
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Geneva ouvrit le sac à provisions et en sortit une assiette en carton recouverte de papier d’aluminium, une offrande pour son fils unique. Deux beignets garnis de sucre roux et de fruits, parfaites demi- lunes roulées à la main, luisantes de graisse – la spécialité́ de Geneva et le dessert préféré́ de Lil’ Joe. Elle sentait leur chaleur à travers le carton, le parfum du beurre atténuant l’odeur âpre du pin dans l’air. Elle posa l’assiette en équilibre sur la stèle, puis se courba pour enlever les aiguilles des tombes, se retenant de l’autre main à une dalle de granit afin de ménager ses genoux arthritiques.
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Geneva Sweet dépassa Mayva Greenwood, mère et épousé bien-aimée, qu’elle repose en paix avec Son Père céleste. Elle traînait derrière elle une rallonge orangée. Le soleil perçait à travers les arbres en cette fin de matinée, parsemant d’étoiles le tapis d’aiguilles de pin sous ses pas. Elle fit glisser le fil entre la sœur de Mayva et son mari Leland, Père et Frère dans le Christ, tira un bon coup, puis gravit la petite colline, veillant à ne pas marcher sur les tombes, et à suivre les sentiers tracés entre les stèles disposées au hasard, à des angles curieux, comme les dents d’un pauvre hère.
Elle transportait un sac de courses en papier de Brookshire Brothers ainsi qu’un petit poste de radio d’où s’échappait la voix vibrante de Muddy Waters – l’un des disques préfères de Joe : Have you ever been walking, walking down that ol’ lonesome road. Lorsqu’elle parvint à la dernière demeure de Joe « Petey Pie » Sweet, Époux et Père et Pardonne-lui Seigneur, Démon de la Guitare, elle posa la radio avec précaution sur la dalle en granit poli, et rangea le cordon d’alimentation dans sa cachette derrière la stèle. La tombe voisine avait une forme et une taille identiques. Elle appartenait à un autre Joe Sweet, plus jeune de quarante ans et mort lui aussi.
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C'est lors du mariage Thompson-Delacroix — Caren avait été embauchée une semaine plus tôt — qu'un mocassin d'eau aussi long qu'une Cadillac tomba d'un chêne vert et atterrit comme une corde enroulée, six mètres plus bas, sur les genoux de la future belle-mère de la mariée.
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Depuis des générations, les femmes noires avaient monté quatre murs, mijoté leur recette préférée, et compté les dollars quand les gens de couleur arrivaient de partout juste pour passer un moment dans un lieu où ils étaient les bienvenus.
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Attica Locke
...le lever de soleil depuis la véranda... l'aube pointant à travers les bois de pins environnants, la clarté couler du beurre baratté se déversant enfin pour éclairer les taillis du Texas de l'Est, le soleil changeant en diamants les perles de rosée de la pelouse luxuriante devant lui où, n'importe quel jour de la semaine, un faon avançait parfois sa tête blanche entre les arbres, les yeux d'un vert vitreux, son petit museau noir reniflant lui aussi le parfum de l'herbe mouillée et des pins, aussi doux que le miel, où on pouvait entendre les parulines des prés dans les arbres ou, avec un peu de chance, découvrir un merle bleu perché sur la balustrade de la véranda.
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Darren détestait penser que son pays produisait des récoltes record de racistes pleins de pisse et de venin, aussi amers que la pourriture d'où ils venaient>.
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Pour chaque histoire d'une épouse, d'une soeur ou d'une mère noire pleurant un homme emprisonné pour un crime qu'il n'avait pas commis, il y avait une mère, une soeur, une épouse, un mari, un père ou un frère pleurant un être cher pour lequel personne n'avait été incarcéré. ( 288 )
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Levi était un gosse de neuf ans dont l'avenir ne pouvait être prédit dans les feuilles de son arbre généalogique En outre, sauver Levi donnait à Darren une couverture morale pour encadrer Bill King. Il n'avait pas besoin d'aimer ce foutu gosse, dit-il, mais il devait tout de même le chercher."
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Un instant, Darren laissa le film défiler comme la bobine d un cauchemar, voyant que très probablement, dans un temps donné, Levi serait un raciste aussi dangereux que son père, qui avait étranglé un homme noir derrière une station service et brûlé son cadavre. Darren eu l'impression fugace, presque pénible, d'euthanasier un chiot malade, de tourner carrément le dos à Levi. Il savait que ce n'était pas bien. Il devait envisager la possibilité que rien de tout cela ne se produirait--son insigne l'exigeait.
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La guitare blues, la chaleur ambrée du bourbon flottaient à la lisière de sa mémoire .
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Il secoue lentement la tête. "Ils volent les gens, B. Les gens comme toi et moi. Les gens comme ton père, ta sœur, les petites dames de votre église, les travailleurs. On paye plus cher à la pompe, on paye plus cher nos vêtements, et nos chaussures, et la nourriture que les magasins vont chercher chez les fournisseurs avec ces énormes douze tonnes qui bouffent des litres et des litres. Cette histoire de pétrole a des répercussions partout. Ton blanc de poulet, tu l'achètes cinquante cents plus cher à cause de l'emballage en plastique, qui provient aussi du pétrole." Il regarde sa femme sous la lumière faible du plafonnier. "Il nous arnaquent par tous les moyens. Et personne ne m'obligera à fermer ma gueule."
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Voilà un homme qui travaille, avec un diplôme, deux diplômes même, et qui vit malgré tout au rabais. Il sent de nouveau la colère et dans son sillage l'horrible cousine de la colère, la honte.
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Il entendait l'eau couler derrière le rideau. Enveloppé par le flot de vapeur émanant de la cabine de douche, à un mètre de lui, il éprouvait des choses dont il n'était pas fier - le frémissement d'une partie de son corps qui était moins sordide au repos, une sensation de chaleur sous le plexus. A tort ou à raison, il était embarrassé par son affection pour elle. Sa volonté profonde de la protéger du danger était aussi forte que l'engagement qu'il avait pris de venger la mort de son mari. Il désirait lui prouver qu'elle se trompait sur le Texas, et que c'était un endroit où les assassins d'hommes noirs ne s'en tiraient pas indemnes.
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A l'endroit où la route 225, c'est-à-dire l'artère principale de Passadena, croise Red Bluff Road, il y a un panneau blanc avec des lettres noires peintes à la main. Il est là depuis plus de dix ans. Une relique, d'aucuns pourraient dire. Un vestige d'un autre temps. L'inscription s'est décolorée sous les assauts des centaines de tempêtes qui fouettent le sud du Texas. Mais comme il roule à une vitesse prudente sur la route 225, Jay parvient à lire assez clairement :
PASADENA, TEXAS
FIERE PATRIE DU KU KLUX KLAN
... personne n'a jamais demandé qu'on l'enlève, ni suggéré dans le journal local qu'il n'était peut-être plus impératif d'afficher un racisme autant revendiqué, en tout cas de manière aussi tonitruante.
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Randie hocha imperceptiblement le menton, mais Darren n'était pas sûr qu'elle eut entendu. Elle semblait fascinée par l'intérieur du café. Les calendriers de Noël et les plaques d'immatriculation rouillées. Le juke-box éclairé en bleu. Lightnin' Hopkins arrachant des larmes de sa guitare pendant qu'à l'autre bout du café au sol recouvert de lino, le barbier, un homme noir d'âge moyen à la peau claire, passait la tondeuse à la racine des cheveux d'un adolescent.
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Darren avait décidé qu'une seule loi comptait désormais pour lui: elle se résumait à une paire de bottes -cousues main, de préférence, en croco ou en vachette, un insigne, et un colt.45.
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Ils n'étaient pas disposés à livrer un Etat tout entier à la haine d'une bande de pauvres blanc gratte-couilles et cracheurs de chique.
L'argent leur avait permis ce choix, à coup sûr. Mais il exigeait aussi un effort de leur part, et ils acceptèrent de le lui accorder. Ils battirent une école noire à Camilla, proposèrent des prêts aux petites entreprises dirigées par des gens de couleur quand ils le pouvaient, et consacrèrent leur vie au service public, devenant professeurs, médecins de campagne, avocats et agitateurs lorsque l'époque l'exigeait.
En tout cas, on ne les ferait pas décamper.
La certitude d'être spéciaux, d'avoir le courage d'endurer ce que d'autres n'étaient pas capable d'affronter, était le summum de leur quintessence texane.
C'était une arrogance issue d'une force d'âme authentique et d'une tendance à l'entêtement remontant à six générations, bouclier homérique contre les jalousies mesquines et les injustices mortelles qui occupaient le temps libre des Blancs, leur regard intrusif et oppressant sur chaque aspect de la vie des Noirs - de ce que tu manges à qui tu épouses aux vêtements que tu portes à la musique que tu joues à ta façon de te coiffer à ta manière de les aborder dans la rue. La famille Mathews reconnaissait ce comportement pour ce qu'il était : une obsession fébrile qui n'avait en réalité aucun rapport avec, une préoccupation qui affaiblissait un homme centré sur lui-même.(P.58)
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