Citations de Aurélie Valognes (1553)
Les artistes sont des gens très angoissés. Quand ça marche, ils se demandent combien de temps cela va durer, et quand cela ne marche pas, ils se demandent pourquoi.
J'ai écrit mon premier [livre] comme quand on invente une recette de cuisine. Avec beaucoup de naïveté et d'instinct.
Je ne suis pas sûre non plus qu'il existe une écriture féminine ou une écriture de femmes. Je ne le pense pas et je ne le souhaite pas. Cela reviendrait à dire que les femmes n'appartiennent pas à l'histoire littéraire, à la vraie littérature, que les femmes auraient une écriture spécifique, subalterne.
L'écriture, c'est un artisanat et le seul moyen d'écrire, c'est de se lever chaque matin, de s'asseoir à son bureau, de passer des heures sur sa chaise et d'écrire. Tous les jours de sa vie. C'est comme cela qu'on écrit. Pas autrement.
D'autres encore veulent être écrivains, pas pour écrire, mais pour avoir écrit. Pour le prestige qui existait autrefois autour du "Grand Auteur" et qu'on continue de lui associer par erreur. Ils imaginent toujours que j'ai une vie romanesque, à vivre mille choses que je vais pouvoir raconter dans mes livres. Alors qu'en vrai, être écrivain, c'est l'inverse : être écrivain, c'est se retirer du monde, être écrivain, c'est passer des journées entières à ne parler à personne.
Ne laissez jamais une lettre de refus ou un commentaire juger de votre valeur. Vous savez comment vous faites les choses et pourquoi vous les faites. Personne ne peut le savoir mieux que vous.
La mort n'éteint pas toutes les lumières. Elle garde celles des étoiles. Et pour les artistes, tout ne s'arrête pas non plus. Il reste leurs œuvres.
Chère Madeline.
Je ne pense qu'à écrire.
Je fugue pour écrire. J'écris pour fuguer.
Les morts ne sont pas absents, ils sont juste invisibles.
- Et comment sait-on qu'un enfant est prêt à prendre son envol ?
- On ne le sait pas, eux le savent.
Je suis quelqu'un qui a réussi. Mais réussi quoi ? À sortir de son milieu d'origine ? Comme si on se devait de le quitter. Comme s'il y en avait un mieux que l'autre.
- Je sais, mais ce n'est pas pour toi que je le fais, c'est pour moi: je ne veux pas t'entendre dire jusqu'à la fin de ma vie : « C'est moiti qui lui ai payé ses études ! » Je te connais trop bien, Maman !
Seulement je le sais, une fois que l'on commence à partir pour ses études, c'est fini, c'est l'engrenage, l'enfant ne revient pas. Pas une fois qu'il a goûté à sa liberté, à son indépendance.
Au fond de moi, je surprends une pensée que je refrène : « J'aurais préféré qu'elle ne soit pas prise. » Mais je me tais et je finis par lui dire ce qu'elle attend et mérite.
«Bravo, ma fille, tu es la plus forte. Je suis fière de toi . »
J'ai essayé d'inculquer à Lili que les deux valeurs les plus importantes étaient la gentillesse et la discrétion. C'est entré par une oreille et ressorti par l'autre.
Avec sa stratégie des corvées avant les plaisirs, elle risque de passer sa vie à faire les corvées, repoussant les plaisirs à toujours plus tard.
Au moment où nous devenons épouse puis mère autour de 30 ans, on lutte encore pour exister, pour trouver sa place, pour faire comme il faut, pour être, si ce n'est la femme parfaite, au moins quelqu'un de bien, Mais, à 30 ans, sommes-nous nées ? Nous naissons tard à nous-mêmes parfois. À 30 ans, nous ne sommes pas encore nous, pas encore elle, pas encore celle que nous devons devenir. Ni elle, ni quelqu'un, ni personne.
Madeleine | p. 272
Parce que lire peut changer les choses. Lire, ce n'est pas un état d'esprit, c'est un état d'espoir. Une génération qui lit est une génération de sauvée et qui nous sauvera. Une génération qui lit est une génération qui pense, réfléchit, questionne le monde, doute, écoute, veut comprendre, est prête à changer d'avis, respecte les différences, montre de l'empathie et de la sensibilité. De l'humanité tout simplement.
Ce qui est beau dans ces rencontres, c'est de se retrouver tout à coup en face d'un être humain aussi sensible et naif que soi, et de se reconnaître. On appartient à la même espèce d'âmes touchées par la dureté du monde, qui cherchent un abri et de l'espoir dans les livres, qui rêvent d'un monde plus beau, d'un monde aussi généreux que dans les histoires et quand ils y trouvent la bienveillance, c'est un cadeau de la vie. On se sent deux fois plus vivant. On se sent compris. Et moins seul.
Alors je fuis les voleurs de temps. Qui peut s'autoriser à s'approprier le temps des autres ? Qui peut laisser un autre lui prendre ce qu'il a de plus précieux ?
Je me rends compte que je me suis mise à classer les gens en deux catégories. Ceux qui veulent me voler mon temps, et les autres. Ceux qui attendent quelque chose de moi, et les autres. Ceux qui peuvent me faire du mal, et les autres. Je choisis toujours « les autres ».
Et avant de décider, je mets à distance.
Un artiste est quelqu'un qui avance dans la lumière pour dire qui il est.