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Critiques de Aurélien Bellanger (231)
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Armistice

A l'occasion du centenaire de l'armistice, Gallimard a proposé à différents écrivains un hommage aux poilus. Le résultat est sublime. Trente et un auteurs contemporains se livrent à l'exercice difficile. Daeninckx, Hatzfeld, Jourde, Moï, Rufin, pour n'en citer qu'une poignée ont accepté cette écriture mémoire.

Chaque texte est illustré par une peinture, une gravure, un dessin. C'est ainsi que j'ai découvert l'histoire de vie et les peintures de Rik Wouters.



Cet ouvrage collectif fait écho aux chefs d'œuvre qui ont eu pour sujet la 1ere guerre mondiale: Voyage au bout de nuit, Les sentiers de la gloire, Au revoir là haut, capitaine Conan...



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Eurodance

Voici un petit livre qui reprend la première partie d'une pièce de théâtre écrite par Aurélien Bellanger et mise en scène par Julien Gosselin : 1993.



Aurélien Bellanger met en lumière, à travers la ville de Calais (son tunnel, sa jungle), une Europe prise au piège de ses illusions.



"Calais est moins la porte de l'Angleterre qu'un portail irréversible vers le futur - l'ultime stade du grand projet de modernisation de l'Europe.

C'est à Calais que le monde est devenu absolument moderne".



Une Europe qui a cru en un monde nouveau, un monde où les Européens inventeraient des règles nouvelles et pourraient faire fi de l'Histoire et de la Géographie pour relier les êtres et abolir les frontières (géographiques et culturelles).



"Les Européens de l'âge du tunnel avaient grandi dans la paix. Soixante-dix ans de paix. Une paix immense, une paix continentale.



La péninsule européenne s'était vitrifiée dans un ensemble d'institutions bienveillantes et de traités régulateurs.



L'Europe était le lieu où la guerre était sortie du monde.



Une génération de Playmobil.



Le verre brisé de l'histoire redevenu du sable".



Mais une Europe vite rattrapée par la réalité, par cette mondialisation qui a ouvert une guerre d'un autre genre.



Nous pensions que "les villes, longtemps fermées et fragiles comme des oeufs, étaient enfin rendues au ciel (...) avaient enfin abandonné leurs formes défensives". Sans vouloir nous apercevoir que "l'Europe est devenue folle, devenue hostile et malveillante. Les normes de sécurité des grands aéroports sont devenues les procédures de contrôle standard des flux humains et logistiques".



Face à la génération des années 80, qui sait au plus profond d'elle-même qu'elle a participé à l'élaboration d'une chose sans précédent, dans le temps et dans l'espace, et qui reste encore pétrie de toutes ces promesses européennes, il y a la génération des années 93...



On ressent cette fracture, cette sorte de nostalgie aussi, mêlée d'incompréhension : Qu'est-ce qui a bien pu foirer dans notre si beau projet ? Comment se peut-il que nous parlions à nouveau de frontière, de sécurisation..., là où nous n'avions à la bouche que les mots de liberté, d'abolition et de renouveau ?



"Les formes recroquevillées et humaines sont apparues, en fausses couleurs, sur les écrans de contrôle.



Les clandestins de la marchandise, les passagers de la fin de l'histoire.

Des réfugiés venus d'un monde en guerre et risquant de contaminer le continent de la paix".



Eurodance, du nom de "la musique la plus triste du monde, le bruit d'un univers qui vacille dans le néant".



Telle une fuite en avant ?
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L'aménagement du territoire

L'exposition occupe plus de 140 pages, soit un bon quart du livre. Aurélien Bellanger nous brosse la longue histoire de familles d'une petite ville nommée Argel, proche de Laval (Mayenne). C'est savant, documenté, rédigé à la façon du synopsis d'une saga de romancier du XIXe siècle. Parmi les personnages, un haut fonctionnaire de l'aménagement du territoire, un entrepreneur de travaux publics ayant fait fortune dans les grands chantiers des années soixante et soixante-dix…

On se demande où veut en venir l'auteur.



La seconde partie, intitulée “LGV” nous ramène à l'époque actuelle. La construction de la ligne à grande vitesse devient l'élément perturbateur qui va cristalliser toutes les ambitions et tous les fantasmes du microcosme longuement mis en place dans la première partie. Contre toute attente, l'histoire bascule lentement, mais sûrement, vers l'étrange, tant les protagonistes se révèlent de plus en plus fous. Sociétés secrètes, extrémistes de tout poil — du nostalgique de la France éternelle à des activistes zadistes borderline — nous conduisent tout droit dans des spéculations et projets tous plus fantaisistes les uns que les autres. On passe du Club des Cinq (sic !) à des desseins paranoïaques dignes des Bob Morane (“et je serai le maître du monde”). Ce mélange des genres étonnant séduit ou irrite selon les pages. Un tension se crée peu à peu, incitant à poursuivre la lecture, jusqu'à un final qui se veut brillant et se révèle mollasson et, pour tout dire, sordide.



Le plus amusant, dans ce long roman, est peut-être la façon appliquée dont Aurélien Bellanger pastiche Michel Houellebecq, jusqu'au titre, allusion évidente à La Carte et le Territoire (*). Rien d'étonnant : il est l'auteur d'un essai, Houellebeq, écrivain romantique (2010). Parmi les tics de son maître figure le choix de la rédaction à l'imparfait, y compris dans la période contemporaine, donnant la sensation que l'auteur se situe au-delà de notre époque, sur laquelle il porte un regard sarcastique, vaguement désespéré. Exemple :



le TGV était un jouet de technocrate indifférent à l'existence du territoire réel. La carte de la grande vitesse était une carte autonome.



On a alors l'impression que l'enchaînement des événements, implacable et quasi automatique, résulte d'une sorte de malédiction, que les personnages, qui ont, pour parler crûment, “pété un câble”, appellent de leurs voeux maladivement.



L'auteur répète ici sa vision apocalyptique qu'il avait développée dans son précédent roman, La Théorie de l'information (que nous avions lu) avec beaucoup plus d'originalité… et d'humour. Même si la critique de la Provence reproduite en quatrième de couverture remarque que cette “fiction” est “curieusement d'un humour constant”, il est presque impossible de savoir si c'est délibéré ou… involontaire de la part du romancier !



Il reste une succession de morceaux de bravoure, à la virtuosité souvent superfétatoire, parfois ennuyeuse, desquels émergent quelques scènes inattendues, rocambolesques et feuilletonesques, férocement noires, voire absurdes, comme si l'intellectualisme ne pouvait conduire qu'à une forme de folie. Au bout du compte, ce territoire qui devait être aménagé se veut la métaphore d'un monde courant à sa perte, tour à tour mégalomane ou, encore une fois, paranoïaque dans toutes ses composantes, traditionalistes ou révolutionnaires. Il n'empêche que l'on passe des heures de lecture sinon passionnantes, du moins attentives, étonnées et… perplexes !



(*) L'allusion est limpide en page 63 :



Lentement elles [les villes nouvelles et métropoles d'alternance] déplieraient la France et feraient correspondre, à terme, la carte du pays avec son territoire.
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L'aménagement du territoire

La France est un territoire peuplé depuis la nuit des temps, une des zones géographiques où l'homme s'est implanté, déchiré pour finalement cohabiter tant bien que mal. D'après l'auteur, les bisbilles remontent au Néolithique, les complots se trament, les guerres larvées se fomentent, les sociétés secrètes abondent, tout ce remue-ménage pour satisfaire la mégalomanie d'un bâtisseur, d'un bétonneur facilement identifiable. Très honnêtement, j'ai lâché l'affaire assez tôt tant l'intrigue paraît alambiqué. Je ne vous parle pas du dénouement qui fait Pschiit... L'ésotérisme y côtoie l'Etat, puissance omnipotente, des écolos égarés, un fasciste frustré, un mariage homosexuel, et une improbable mise en avant d'une région revancharde qui s'invente un destin métaphysico-historique. Nous assistons à un recyclage de questionnements sociétaux auxquels l'auteur répond par un étalage assez confus de considérations philosophiques. Certaines pages sont incompréhensibles tant les phrases se succèdent sans lien manifeste.

Il s'est manifestement perdu en route, ses personnages aussi et nous avec.
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L'aménagement du territoire

Il y a quelques années, l'un des sujets de l'agrégation d'histoire (le sujet de géographie) était "Géographie des conflits". Parmi les thématiques explorées par ce sujet figuraient précisément les conflits liés à l'aménagement du territoire : de nombreux chercheurs démontraient dans les manuels que cette question de l'aménagement suscitait de vives oppositions entre les décideurs (pouvoirs publics, entreprises privées chargées des travaux) et les citoyens qui voyaient leurs modes de vie bouleversés qui par une voie de chemin de fer, qui par une autoroute, qui par un aéroport ou par l'apparition d'un centre commercial. Aurélien Bellanger fait de cette question, essentielle dans l'histoire contemporaine de la France, un roman foisonnant, encyclopédique, presque un roman noir dont la narration, hélas, connaît un aboutissement un peu décevant.



Toute l'action se passe dans le département de la Mayenne, dans la petite ville d'Argel. Ancien bourg rural rattaché à l'agglomération de Laval par la progression urbaine, Argel est le noyau familial de trois familles qui vont s'affronter : la famille Taulpin, à la tête d'un groupe international de BTP auquel on trouverait des ressemblances avec le groupe Bouygues ; la famille d'Ardoigne, aristocrates désargentés détenant le titre de marquis et reconvertis dans l'esotérisme ou la politique ; la famille Piau, anciens paysans qui ont connu la transformation de l'agriculture en industrie agroalimentaire, et dont les rejetons seront chacun les pions manipulés au cœur de la partie. A côté de cela, d'autres personnages joueront un rôle essentiel, sans être affiliés à l'une ou l'autre de ces familles : Roland Peltier, ancien Préfet de la Loire-Atlantique et grand penseur de l'aménagement du territoire à l'échelle de la France et Clément, un jeune archéologue qui apportera un éclairage essentiel à l'énigme posée par l'existence d'une mystérieuse grotte sous le château d'Ardoigne. La structure du roman repose sur l'enchaînement, chapitre après chapitre, de l'évocation de ces ces personnage ou de leurs actions ; ainsi Bellanger ménage-t-il le suspense et parvient-il à construire, peu à peu, un livre résolument ambitieux.



Ce qui met le feu aux poudres, c'est l'arrivée prochaine de la LGV au cœur du territoire mayennais. En réalité, la LGV ne fait que passer : il s'agit de raccorder Rennes, et donc la Bretagne, à Paris, selon le bon vieux système radial qui fait de la capitale l'origine et la destination de tous les grands axes de circulation en France, et ce malgré le timide effort opéré depuis quelques années pour établir des lignes qui font communiquer les provinces entre elles. Cette vision parisiano-centrée ne doit rien au hasard : ici apparaît concrètement, éventrant les forêts et perçant les montagnes, le jacobinisme de l'Etat français. Au nom du progrès, c'est la Mayenne, ici, que l'on dépèce. La Mayenne, département aujourd'hui loin des préoccupations économiques ou touristiques des Français, forme pourtant avec la Sarthe l'ancienne province du Maine. Entre la Normandie, la Bretagne, l'Anjou et l'Orléanais, cette province est ce que l'on appelait, du temps de Charlemagne, une Marche, c'est-à-dire une zone tampon, ligne frontière s'étalant sur des dizaines ou des centaines de kilomètres, séparant un Etat d'un autre jugé dangereux, sauvage : c'est ici la Bretagne, dont la Mayenne serait le verrou et la porte d'entrée. C'est sur ce point que vient se jouer l'un des grands thèmes du roman : l'indépendance ou le rattachement de la Bretagne à la France, officiel depuis 1532, se joue sur cette terre mayennaise et la LGV, symbole du progrès à la française, fleuron de la technologie nationale et orgueil de technocrates y voyant le transport 100% sécurisé, devient alors un monument à détruire, une cible d'attentat, un tremplin pour l'indépendance de la péninsule bretonne.



Il y a quelque chose d'extrêmement stimulant, intellectuellement parlant, à lire Aurélien Bellanger. On éprouve régulièrement l'envie d'ouvrir une encyclopédie, son navigateur internet ou une carte routière pour constater la véracité de ses propos. Car Bellanger, pour donner une densité et une profondeur peu commune à ses réflexions, emprunte ici autant à la préhistoire (la révolution du Néolithique), à l'histoire (notamment celle de Roland, préfet de la Marche, ou celle de la France rurale ou celle, bien-sûr, des grandes politiques nationales d'aménagement), à la géographie (physique, humaine ou politique), à la sociologie ou même à la mécanique. Loin d'être une simple liste de connaissances, le roman ouvre des pistes de réflexion qui mènent à interroger des notions telles que le progrès (le TGV, symbole d'une certaine fin de l'histoire, trace en vérité une nouvelle géographie en même temps qu'il défigure les paysages qu'il traverse et les rend, en un sens, stériles : en fabriquant un paysage entièrement artificiel, le TGV enterre définitivement les traces du passé, renonce à la nature et détruit des écosystèmes), le rapport à la nature (au fur et à mesure, les hommes se détachent de la terre qui les a enrichis, et la dissimulent même sous le béton ou le macadam), le sens de l'histoire (y en a-t-il un ? l'histoire est-elle seulement cyclique ? tout peut-il être, en ce sens, prévu ?) ou encore sur le remplacement final de Dieu par l'Homme lui-même, qui décide, crée, légifère, autorise, détruit et tue aussi dans une expansion presque sans limites. Tout cela est confronté aux thèses complotistes et à celles de l'extrême-droite, qui interrogent, malgré parfois leur absurdité, notre rapport à l'histoire qui, rappelle Bellanger, ne se veut une science objective, et non plus un appareil de propagande pour le(s) vainqueur(s) que depuis le milieu du 19ème siècle.



Ce qui est sûr, néanmoins, c'est qu'à travers ses romans Aurélien Bellanger apparaît comme un décrypteur. Il traque ainsi, page après page, les signes, les signes invisibles de la destinée et du sens, les signes qui nous donnent à comprendre ce qu'est vraiment la France. Signes invisibles parce qu'ils dépassent l'homme, limité géographiquement et temporellement : il s'agit ici de détricoter, pour mieux l'exposer au regard du lecteur, le canevas de l'histoire et d'étaler une carte si grande qu'elle se confond avec le territoire physique. En d'autres termes, Aurélien Bellanger nous donne, plus que des clés, des possibilités de réflexion quant à notre place. A défaut de parler au cœur, car la trame narrative devient laborieuse dans la dernière partie, Aurélien Bellanger parle à notre intelligence : on serait fou de regretter qu'il le fît.
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L'aménagement du territoire

Le TGV va relier Paris à Rennes : autour de cet événement une galerie de portraits s'animent au travers des âges : hommes et femmes originaires de cette Mayenne ancienne et mystérieuse où subsistent encore quelques châteaux plus ou moins entretenus appartenant à des familles désormais fâchées l'une avec l'autre, ou indifférentes les unes aux autres. Une Mayenne qui détient un secret enfoui que vont peut-être révéler des fouilles archéologiques nécessaires dans ce genre de travaux d'aménagement du territoire.

**

Un livre choisi parmi ceux de la "rentrée littéraire 2014" sans trop savoir pourquoi, je ne connais pas l'auteur, je ne connaissais pas le thème de ce roman, mais quand j'ai lu qu'il avait écrit quelque chose sur Houellebecq ceci m'a décidé. Je ne le regrette pas car c'est un livre étonnant, surprenant, émouvant, donc un livre qui m'enthousiasme.

De nombreux personnages sont présentés, un peu trop et il a fallu que je prenne quelques notes pour me souvenir de "qui est qui".

Beaucoup d'indications d'aspect un peu trop "documentaire" sur certains thèmes d'histoire, de géographie, de géologie, certes utiles à moins d'être un lecteur assidu des encyclopédies (moi aussi, comme l'un des personnages, je me suis plongée durant des heures dans les TOUT L'UNIVERS qu'avaient acheté mes parents et qui me fascinaient, mais tout cela est bien loin maintenant et c'est certain que je n'ai pas tout retenu !) mais qui alourdissent à mon avis la fluidité du roman.

J'ai aimé la matière dont l'auteur entoure ses personnages : il explique leur cheminement, la manière dont ils décident de leur destin, qu'ils soient manipulateurs ou manipulés, nous savons quel est l'ingrédient utile qui les détermine : le jeune homme brillant mais cachant son homosexualité sera un homme politique de l'ombre, cette jeune femme traumatisée par la mort accidentelle de sa mère cherchera par tous les moyens à empêcher les vitesses excessives sur les routes, ou encore ce jeune exalté défendant une certaine liberté décide d'être un activiste ne reculant devant aucun sacrifice.

Dans ce roman, la France devient un mécano géants dont il faudrait sans cesse déterminer le centre de gravité, ajoutant ici une autoroute, là une ligne à grande vitesse, alors que dans ses souterrains, une oeuvre millénaire détient la réalité des plans d'aménagement du territoire depuis une époque qui précède la préhistoire.... Mystère !

Il me reste tout de même une impression plutôt positive de ces 470 pages de lecture que je recommande, sans toutefois occulter les nombreuses digressions qui nuisent à l'intérêt de l'histoire centrale qui est celle de la Bretagne, indépendante ou magique, dont les chevaliers d'aujourd'hui vont entreprendre une croisade sur plusieurs années, au cœur de sociétés secrètes, d'alliance et de trahisons, de vengeance et de manipulation, jusqu'aux meurtres.

Retrouver mon résumé et mon avis sur mon blog si vous le désirez en cliquant sur lien
Lien : http://lecturesencontrepoint..
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L'aménagement du territoire

J'en avais rêvé, Aurélien Bellanger l'a fait. Un livre qui soit autant une ode à la beauté et à la diversité des paysages français, qu'une description savante et soignée des processus organisationnels qui encadrent leur transformation. L'auteur semble se fasciner pour les hommes de pouvoir, la grande histoire et les belles réussites. Tant mieux moi aussi. C'est donc avec un réel plaisir que j'ai découvert ce livre, qui ne laisse pas la place aux temps morts, ni aux losers.

Il n'est pourtant pas facile de captiver et d’insuffler une caution littéraire, à un livre traitant essentiellement de technique. Soit on tombe dans l'excès scientifique et l'on rédige une thèse non-fictionnelle, soit on manipule des concepts vides et décontextualisés, en essayant de les rattacher à une narration laborieuse. Aurélien Bellanger arrive à trouver un équilibre entre des préoccupations savantes et ses aspirations artistiques.

J'ai relevé malgré tout qu'il n'évoquait pas l'effet tunnel produit par les LGV, qui desservent quelques gares, en excluant la totalité des territoires qu'elles traversent à 300 km/h, mais ce n'est qu'une oeuvre littéraire. Ou plutôt, c'est déjà ça.



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L'aménagement du territoire

L’aménagement du territoire



« La théorie de l’information » m’avait laissé un peu dubitatif quant à la part de Houellebecq contenue dans l’ouvrage. A l’heure où le susnommé écrit des chanson pour J.M. Aubert il n’est plus de doute qu’Aurélien Bellanger puisse revendiquer sinon son originalité, mais son engagement personnel. Et c’est bien là toute la difficulté d’un roman ambigu qui oscille pour des raisons évidentes entre la réalité et l’invention des personnages et des lieux.



Tel major du BTP nommé Taulpin serait-il en fait Bouygues père ou fils, père et fils, à la recherche de la domination du monde comme un docteur No apocalyptique… Alors que Foccart a bien existé, lui et ne fait que décéder entre les pages.



Il faut les inventer ces gens-là, pour qu’ils meurent et lorsque leur mort n’est pas envisageable, ils peuvent alors garder leur nom réel sans passer par la fiction. Il faut donc vérifier que tel ou tel fait est avéré. Google qui est aussi invité dans ces lignes, est un confident idéal qui permet de différencier le vrai du faux, le romanesque de l’historique, le caractère provisoire et approximatif de la vérité.



On pourrait parler d’une charge contre le TGV, si l’on considère comme Aurélien B. que 400T lancées à 300km/h sont bien plus dangereuses qu’une bombe H. Les dangers de la technologie triomphante (comme pour le minitel du précédent roman) mènent à la ruine du monde civilisé, dont on peut se faire une idée dans la magistrale introduction sur l’évolution de la race humaine de la préhistoire à nos jours en moins de vingt pages.



Et si tout cela n’était que du vent ou de la lumière, une sorte d’exercice à base d’érudition scientifique et de mot de plus de quatre syllabes. La fin très radicale et très convenue semble avoir été imaginée très en amont de la trame romanesque elle-même au point qu’elle semble artificielle et facile.



Le Q, cher à HouellebecQ est pratiquement absent de cette confusion plaisante mais tellement vaine au bout du compte. Que doit-on faire, Aurélien B. subir ? Appuyer sur le bouton ? Résilier sa commande sur voyagessncf.com. ? Quelle est l’urgence ?



En tout cas un brillant exercice qui ne vaut que par sa virtuosité.



Ps. Avec ce nouveau roman la photo d'Aurélien B. les cheveux aux vent et la barbe à la mode. Par curiosité retrouvez l'homme aux mille visages sur google en tapant Aurélien Bellanger et "Images". Un choix difficile pour l'auteur véritable Frégoli de la toile.





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L'aménagement du territoire

"Foccart, un vieil aristocrate et l'ancien préfet de la société secrète - Peltier n'osait, sans rougir, prononcer le prestigieux nom de celui que la lettre désignait, à demi-mot, comme son possible prédécesseur ..." chapitre 24

Alors d'après vous qui est l'ancien chef de la société secrète ?

Et avez-vous recherché "orlandiste" sur Google ?







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L'aménagement du territoire

A Argel, petite ville de Mayenne, l'avenir de l'ouest de la France se joue. Le projet de passage de la future ligne TGV en direction de la Bretagne fait rêver certains, grincer les dents d'autres. Dans ce petit patelin, l'affrontement feutré de deux familles. Les d'Ardoigne, nobles désargentés, avec la fille Isabelle engagée dans la lutte contre la violence routière depuis le fauchage mortel de sa mère par une voiture. Evidemment, elle soutient la ligne TGV. Les Taulpin, avec André, le riche industriel stratège et féroce. Il veut à tout prix l'échec de l'Etat-Nation, et ce projet public d'aménagement du territoire le hérisse. Il y a aussi le neveu Pierre, séduit par les thèses de l'extrême-droite, Sébastien, son cousin, activiste écologique. Et l'ombre de Jacques Foccart qui avait pour secrétaire particulier l'actuel préfet Roland Peltier...



"L'aménagement du territoire" est autant un roman qu'un recueil de digressions scientifiques, politiques, archéologiques, historiques. Si les paragraphes techniques m'ont beaucoup intéressée, les références historiques ont moins retenu mon attention. Et de l'attention, il en faut pour assurer la lecture de cet imposant roman. Un roman qui souvent résonne comme une enquête documentaire lorsque prennent place des personnages réels comme Jacques Foccart (qui connaît toutes les ficelles des partitions et aménagements de territoires par son expérience africaine), des lieux véritables (la réalité Mayennaise, le cul entre deux chaises, l'absurdité du projet de Notre-Dame-des-Landes), des situations objectives (comment expliquer jusqu'ici l'éloignement territorial de la Bretagne, l'absence d'autoroutes...).



Le style littéraire laisse une large place au vocabulaire technique et industriel, traitant du changement des sociétés par le biais des métamorphoses géographiques, urbaines, physiques, par la mutation des territoires, évolution d'une enveloppe corporelle décidée par les grandes instances.



(..........)
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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L'aménagement du territoire

Je suis tombé par hasard sur ce roman en déambulant dans les rayonnages d’une bibliothèque, frappé par le titre. Après avoir lu la quatrième de couverture, je l’ai emprunté et n’ai découvert qu’ensuite la filiation de l’auteur avec le grand Houellebecq. J’ai beaucoup aimé ce roman, richement documenté et qui pourrait s’apparenter aux travaux d’investigation d’un journaliste. Comme en lisant d’autres romans, j’ai apprécié pouvoir réfléchir sur l’évolution de la société français, ici par le prisme des grands travaux menés pendant et après les Trente Glorieuses.
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L'aménagement du territoire

Le roman follement ambitieux d’Aurélien Bellanger obtient le prix de Flore. Comment la construction de cette voie ferrée révèle l’archéologie trouble des Français.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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L'aménagement du territoire

Le grand Paris du même auteur m'avait séduit totalement et j'espérais avoir le même ressenti en lisant l'aménagement du territoire. Malheureusement les analyses et descriptions techniques sont trop riches et copieuses au détriment du fil d l'histoire qui compte en plus un bon nombre de personnages qui se croisent au passé et au présent.

Livre de jeunesse littéraire de l'auteur, intéressant donc mais a fait mieux depuis.
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L'aménagement du territoire

C’est le charme du livre, qui essaye d’incarner les obsessions de Bellanger dans un récit d’aventure, et peut-être sa limite: trop complexe, parfois artificielle, l’intrigue finit par laisser le lecteur en rase campagne.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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L'aménagement du territoire

Aurélien Bellanger – "L'aménagement du territoire" – Gallimard/Folio, 2014 (ISBN 978-2-07-046809-6) – Prix de l'Académie française en 2015.



Comme le titre l'annonce déjà, il s'agit ici d'un roman fort peu romanesque : la part de fiction imaginative y est en effet réduite à la portion congrue. Mieux vaut le savoir avant de commencer cette lecture, ces quelques cinq cents pages traitent surtout et principalement d'aménagement du territoire, tel qu'il s'est concrétisé dans la doulce France jacobine, mise en coupe réglée par les énarques, les bureaucrates et les politiques de tout bord durant ces cinquante dernières années.



L'auteur resserre son propos autour du département de la Mayenne, et plus précisément d'un village situé sur la faille géologique qui séparerait grosso modo le socle francilien du vieux massif armoricain de peuplement celte breton. Admettons ; personnellement, en tant que lotharingien des marches orientales du royaume, je suis assez mal placé pour juger de la pertinence de ce propos et du degré de virulence d'un éventuel autonomisme "marchien" aux confins de ce qui fut le grand duché du Maine, coincé entre la Normandie, la Bretagne et l'Anjou.



L'intérêt de ce roman (si peu romanesque, j'insiste) centré sur la concurrence acharnée que se livrèrent les technocrates aménageurs partisans les uns de l'autoroute et les autre du chemin de fer, réside dans la description des multiples processus inventés par le génie administratif franchouillard pour limiter de plus en plus précisément les libertés publiques en poursuivant des objectifs absurdes engendrés dans des cerveaux malades de centralisme kafkaïen, une maladie aujourd'hui largement aggravée par les cauchemardesques et coûteux cerveaux parasites se parant à Bruxelles du titre de "fonctionnaire européen". Ainsi par exemple, dans le chapitre 7 (pp. 94-95), de l'exposé du mode de calcul des tués sur les routes et de la suppression des arbres le long des routes. Le début du chapitre 10 nous expose aussi malicieusement que justement l'origine du succès du magazine "Géo". Dans le onzième chapitre, le lecteur apprend des tas de choses insoupçonnées sur la forme des voies de chemin de fer, sur le ballast, sur la boue (pp. 158-159). La vision de l'archéologie revue à la lumière du "data mining" (p. 168) vaut incontestablement le détour.



Le récit est jalonné de rappels historiques, comme par exemple (p. 159-161) l'inauguration du TV Paris-Lyon par Mitterrand en septembre 1981, suivie d'un exposé historique récapitulant la concurrence entre le TGV et l'ICE allemand ; l'exposé sur l'histoire du TGV se poursuit par exemple au chapitre 13 (pp. 175 et suivantes) avec un tableau cinglant de ce que fut la direction de la SNCF (p. 177). Les conséquences sur le mode d'exploitation agricole du pays sont rappelées à plusieurs reprises, comme au début du chapitre dix-sept (p. 222).

D'autres caractéristiques de la vie politique française sont effleurées, comme par exemple la complaisance avec laquelle les pouvoirs publics lassèrent délibérément se répandre la consommation de cannabis à partir du milieu des années 1990 (p. 227), sur fond de musique "alter" (p. 233) et de gourous exotiques, venus par exemple de Suède (p. 234). Les agissements occultes de Jacques Foccart – l'incarnation de la Françafrique – font à plusieurs reprises l'objet de variations... cocasses.



Au fil des chapitres, les réflexions s'approfondissent : le chapitre vingt aborde le thème du recul du catholicisme, débouchant sur la validation du mariage d'individus de même sexe (p. 270-271). Autre caractéristique des temps : l'un des personnages – Clément – appartient "à la seconde génération d'hommes qui n'avaient jamais connu la guerre" (p. 291) avec pour horizon ce qu'il est convenu d'appeler "la construction européenne".



Dans le dernier tiers du texte, l'auteur livre une réflexion sur le temps et la mise en scène de l'histoire humaine. Pour ce faire, il accentue le côté "science fiction" de son récit, ce que personnellement je trouve un peu dommage, mais il ne pouvait guère faire autrement pour parvenir à la fin "explosive" que le lecteur devinait depuis au moins le deuxième tiers de l'intrigue.



Une lecture fort plaisante et souvent fort drôle pour les gens de la génération concernée, surtout pour les habitants de la Mayenne, probablement un peu hermétique pour les plus jeunes (alors que l'auteur est né en 1980, à Laval).

Un récit globalement plus du genre "documentaire" que "fiction", fort bien écrit. Finalement, cette lecture me convainc de me risquer dans celle de la "Théorie de l'information" que j'avais boycotté en raison du tapage médiatique organisé par les cultureux.



Un auteur à suivre.

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L'aménagement du territoire

le TGV vu sous des angles intéressants
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L'aménagement du territoire

Cela démarre assez bien, avec une large fresque de la France contemporaine, la promesse de rivalités de haut niveau, de révélations dignes de Nostradamus. Hélas peu à peu on s'englue dans l'intrigue, qui s'effiloche et finit par se perdre dans un souterrain. De nombreux passages "scientifiques", qu'on peut trouver intéressants au début mais qui finissent par sembler totalement rapportés (on croit lire Wikipédia), cassent la dynamique du récit;. On ne s'identifie guère aux personnages, dont les motivations restent en grande partie obscures, ni aux progrès de la LGV ouest qui doit traverser le village d'Armel dans la "Marche de Bretagne". Je l'ai lu jusqu'au bout mais avec effort.
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L'aménagement du territoire

Une fiction complexe extrêmement bien documentée : références historiques, géographiques...qui montre bien tous les enjeux qui touche au domaine de l'aménagement du territoire. Un peu difficile à suivre au niveau des personnages et de leur lien de parenté.

On est confronté aux antagonismes du monde agricole, du monde industriel, à la franc-maçonnerie dans un village de l'ouest de la France. Le train, l'avion , le nucléaire permettent une analyse de l'évolution de la société, des manigances politiques. Des clins d'oeil aux mouvements écologistes et aux pratiques de résistance utilisées de nos jours.

En bref, un livre très très riche.
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L'aménagement du territoire

Quelle épreuve ! ça commence pourtant bien: le sujet est passionnant - le titre - , l'écriture du "normalien" impressionne par sa précision et sa hauteur de vue. Et plouf, Patatras. ça bifurque dans tous les sens, de la pataphysique à gogo avec des incises illisibles du genre articles de scientifique dans "The nature", agrémenté de formules mathématiques pour prix Nobel, sans oublier une notice sur les propriétés idéales du ballast pour la SNCF... Et l'histoire dans tout ça, vous me direz ? La grande Histoire, bien sûr, car telle est l'héroïne du roman. Stimulant intellectuellement. On embrasse Tout. Les rois de la synthèse nos normaliens ! Chapeau bas. Et on convoque Les Rougon - Macquart et Tintin (l'esprit potache, bien sûr), on bâtit une théorie universelle dont le verrou de la Marche serait le dépositaire et vogue la galère, ou plutôt cabote le roman. Car pour le souffle romanesque, n'est pas Zola qui veut... En deux mots: stimulant et épuisant.
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L'aménagement du territoire

Revenons à cette rentrée littéraire, un titre a retenu toute notre attention. il s'agit du roman d'Aurélien Bellanger : L'Aménagement du territoire.



Après son épopée géniale de l'histoire du minitel dans La Théorie de l’information, la sensation littéraire de 2012 fait son retour ...
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