AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Axel Honneth (61)


Rares sont les théories qui résistent au mouvement actuel de dépérissement de la critique sociales. Elles émergent comme des îlots solitaires au milieu de l'océan des diagnostics néoconservateurs, dans la vogue des pronostics de décadence.
Commenter  J’apprécie          10
[La lutte sociale : ] Il s'agit du processus pratique au cours duquel des expériences individuelles de mépris sont interprétées comme des expériences typiques d'un groupe tout entier, de manière à motiver la revendication collective de plus larges relations de reconnaissance.
Commenter  J’apprécie          10
À la lumière de normes telles que la responsabilité morale ou les valeurs sociales, les expériences personnelles de mépris peuvent être interprétées et représentées comme des réalités auxquelles d'autres sujets sont également exposés.
Commenter  J’apprécie          10
... c'est seulement dans des réactions émotionnelles négatives que se manifestent, pour les individus ou les groupes sociaux, les idées qu'ils se font sur le bien éthique : la morale représente pour Sorel l'ensemble de tous les sentiments d'offense et d'humiliation par lesquels nous réagissons lorsqu'il nous arrive quelque chose que nous jugeons moralement inacceptable.
Commenter  J’apprécie          10
... s'estimer, en ce sens, c'est s'envisager réciproquement à la lumière de valeurs qui donnent aux qualités et aux capacités de l'autre un rôle significatif dans la pratique commune.
Commenter  J’apprécie          10
Mais cette façon d'endosser les perspectives d'autres personnes, qui nous donnera chaque fois à connaître de nouveaux aspects de l'objet, est liée, comme dans le cas de l'enfant, à la précondition, difficile à obtenir de façon intentionnelle, d'une ouverture émotionnelle ou encore d'un identification à d'autres personnes. C'est en ce sens que, pour Adorno, l'exactitude de notre connaissance du monde dépend de la reconnaissance, du mouvement affectif qui consiste à accepter l'existence de perspectives aussi nombreuses que possible.
Commenter  J’apprécie          10
L'expérience de l'amour donne ainsi accès à la confiance en soi, l'expérience de la reconnaissance juridique au respect de soi et l'expérience de la solidarité, enfin, à l'estime de soi.
Commenter  J’apprécie          10
Le terme liberté [...] doit aussi comprendre l'absence de blocages intérieurs, d'inhibitions et d'angoisses psychiques.
Commenter  J’apprécie          10
Nous n'observons pas nos états mentaux comme des objets, nous ne les construisons pas non plus grâce aux expression langagières ; nous les formulons en fonction de ce qui nous est intérieurement toujours familier. Un sujet qui se rapporte à lui-même sur ce mode originaire doit considérer ses propres sentiments et ses propres désirs comme quelque chose qui mérite d'être formulé. Il y a donc lieu de parler de la nécessité d'une reconnaissance préalable.
Commenter  J’apprécie          10
5. « Certes, le marché capitaliste offre aujourd'hui une image qui semble à nouveau confirmer très exactement toutes les prédictions de Marx. Non seulement l'ancien prolétariat industriel et le nouveau prolétariat des services ont perdu toute perspective d'emploi stable dans des conditions socialement protégées, non seulement les rentes du capital rapportent plus que jamais, de sorte que la différence de revenus entre les quelques nantis et la masse de la population s'est vertigineusement creusée : de plus en plus de secteurs publics ont aussi été entre-temps soumis au principe de rentabilité économique, de sorte que le pronostic d'une "subsomption réelle" de tous les domaines de l'existence au capital semble se réaliser petit à petit.
Cependant, il n'en a pas toujours été ainsi dans l'histoire de la société capitaliste de marché, et il n'existe aucune nécessité historique qu'il continue à en être ainsi à l'avenir. […]
[…] Trois modèles sont en principe disponibles pour construire une […] relation horizontale entre des acteurs soucieux d'agir les uns pour les autres et d'une manière complémentaire : il y a d'abord le marché, tel que le concevait Adam Smith quand il voyait dans la loi de l'offre et de la demande l'effet d'une "main invisible" […] Puis il y a la vénérable vision d'une "association de libres producteurs", qui signifie manifestement que les individus en état de travailler organisent et administrent d'une manière autonome la vie économique dans le cadre d'une société civile capable de s'imposer un autocontrôle démocratique. Enfin, nous pouvons nous représenter l'exercice de la liberté sociale sur le terrain de l'économie au sens où les citoyens, par une décision démocratique, chargent un organe étatique de diriger et de surveiller le processus de reproduction économique dans l'intérêt du bien-être collectif. » (pp. 82-83)
Commenter  J’apprécie          00
4. « En situant toute liberté, bonne ou mauvaise, dans le seul champ de l'activité économique, les socialistes s'interdisent brusquement, sans bien s'en rendre compte, de penser aussi en termes de liberté le nouveau régime fondé sur une négociation démocratique des objectifs communs. Avec pour conséquence que non seulement ils ne disposent plus d'un concept suffisant de la politique, mais qu'ils perdent également de vue l'aspect émancipateur de l'institution des droits libéraux égaux pour tous. » (pp. 53-54)
Commenter  J’apprécie          00
3. « C'est dans cette conception holiste, consistant à envisager non pas la personne individuelle mais la communauté solidaire comme porteuse de la liberté à réaliser, que le mouvement socialiste prit sa source. Toutes les mesures, bonnes ou mauvaises, que ses partisans inventèrent par la suite pour remédier aux maux existants, visaient finalement à créer une telle communauté, dont les membres se compléteraient mutuellement et se traiteraient en égaux. Du reste, cette fidélité au cahier de revendications de la Révolution française avait d'emblée été une source d'embarras pour la critique bourgeoise, qui pouvait difficilement récuser comme injustifiés les objectifs du mouvement. […]
C'est pourquoi les reproches de collectivisme ou d'idyllisme communautaire ont jusqu'aujourd'hui quelque chose de creux, parce qu'ils semblent oublier délibérément que les principes de légitimation des sociétés actuelles comportent toujours, outre l'idée de liberté, certaines représentations, certes très vagues, de la solidarité et de la fraternité. » (p. 44)
Commenter  J’apprécie          00
2. « Avec un peu de bonne volonté herméneutique, on pourrait dire que les trois grandes mouvances protosocialistes ont découvert une contradiction interne dans le catalogue des principes de la Révolution, découlant du fait que la liberté réclamée n'est envisagée qu'en termes juridiques ou individualistes. C'est pourquoi elles s'évertuent toutes, sans en avoir encore clairement conscience, à élargir la conception libérale de la liberté de manière à la rendre compatible avec cet autre objectif que constitue la "fraternité". » (p. 29)
Commenter  J’apprécie          00
1. « L'étendue de ce que les hommes considèrent à chaque époque comme "inévitable", et donc comme objectivement nécessaire, dans l'ordre social, dépend largement de facteurs culturels et, en l'occurrence, surtout de l'influence de schémas politiques d'interprétation capables de montrer que ce qui paraît nécessaire est en fait modifiable par une action collective. […]
Mais de telles réflexions nous incitent d'autant plus à nous demander pourquoi tous les idéaux classiques, jadis si influents, ont aujourd'hui perdu leur puissance de dévoilement et de déréification. Plus concrètement : pourquoi les visions du socialisme n'ont-elles plus, depuis longtemps déjà, le pouvoir de convaincre les personnes concernées qu'aux situations apparemment "inévitables" il est néanmoins possible de remédier par des efforts collectifs ? » (p. 21)
Commenter  J’apprécie          00
8b. « Avec la transformation des services de l'État-social, les droits sociaux sont, dans certains cas, massivement supprimés et, dans d'autres, détournés au profit de services sociaux organisés sur une base économique et dont l'existence dépend à nouveau des ressources matérielles d'une clientèle nécessiteuse. Cette transformation voit également apparaître des phénomènes de re-moralisation des exigences pour accéder aux prestations et de montée d'un paternalisme d'assistance guidé par l'État-social. Quiconque entend bénéficier des prestations sociales doit fournir en retour des contre-prestations, en étant par exemple disposé à accepter n'importe quelle offre de travail, sans lesquelles un droit n'est plus même considéré comme légitime. Le paternalisme menace partout où la justification de principe quant à l'exigence de services sociaux, et donc le caractère exigible de prestations assistancielles, est systématiquement noyée dans un discours de la responsabilité individuelle. Plus se réduit la possibilité d'appréhender les prestations de l'État-social comme des droits et plus grand est le danger de voir ces prestations abandonnées à l'arbitraire d'une bureaucratie délestée d'une partie de ses tâches, ou de les voir confiées à des associations de la société civile dont la capacité à obtenir suffisamment d'attention publique et de donations reste imprévisible.
Le discours sur la responsabilité personnelle tend en tout cas à détourner complètement le regard des instances de l'État-social. » (pp. 294-295)
Commenter  J’apprécie          00
8a. « […] Le capitalisme contemporain est parvenu à mobiliser de nouvelles ressources motivationnelles, et ce tant sur la base de critiques formulées envers les instances de l'État-social lui-même qu'en réponse à des critiques formulées à l'encontre des structures de travail tayloriennes et fordistes. […]
Un des paradoxes centraux de l'époque présente tient sans doute au fait que ces contradictions ne sont plus perçues comme étant liées au capitalisme, puisque les sujets ont "appris", en tant qu'entrepreneurs d'eux-mêmes, à assumer la responsabilité de leur destin. » (pp. 285-286)
Commenter  J’apprécie          00
7b. « L'idée de requalifier les salariés comme entrepreneurs d'eux-mêmes nous incite à voir tout changement d'emploi ou tout nouveau contrat de travail comme le produit d'une décision propre orientée par la seule valeur intrinsèque des travaux respectifs. Sur ce point, la transformation des manières de s'adresser aux salariés semble également imposer une nouvelle accentuation de l'ancien principe de la performance ("Leistung") [je me demande s'il ne serait pas plus opportun de traduire le mot par : "le mérite"], puisqu'on présuppose dès à présent chez les salariés des capacités d'être autonomes, créatifs et flexibles qui étaient jusqu'ici réservées à l'entrepreneur classique. Cette nouvelle forme de reconnaissance entend signifier que toute main-d’œuvre qualifiée est en mesure de planifier son propre parcours professionnel comme une entreprise risquée de mobilisation autonome de ses compétences.
Il est évidemment facile de retrouver dans cette nouvelle manière de s'adresser aux employés les contours des formes de reconnaissance décrites auparavant comme "idéologiques" et dotées d'un pouvoir régulateur. » (pp. 269-270)
Commenter  J’apprécie          00
7a. « Aujourd'hui, les contenus publicitaires semblent être les premiers exemples de telles idéologies, car leur schéma de la reconnaissance est conçu iconographiquement en vue d'inciter positivement un groupe précis de personnes à conformer ses modes de comportement aux normes représentées. L'objectif visé est atteint lorsque les pratiques relatives à ces comportements sont devenues impossibles sans consommer le produit pour lequel le spot publicitaire a enrôlé le sujet de manière plus ou moins cachée. […] Mais lorsque certaines publicités […] agissent effectivement en modelant notre comportement, elles exercent bel et bien ce pouvoir qui incombe aux idéologies de la reconnaissance […]. Le pouvoir qu'exercent les idéologies de la reconnaissance est à la fois producteur et exempt de tout caractère répressif, exactement au sens où Foucault l'entendait. » (pp. 267-268)
Commenter  J’apprécie          00
5. « Je voudrais maintenant me limiter […] au contrôle social du sentiment d'injustice ; il s'agit de montrer que les modes de représentation des sentiments d'injustice sociale ne sont pas, comme on le suppose trop souvent, à la libre disposition des sujets concernés, mais qu'ils sont influencés et déterminés par de multiples mécanismes de domination de classe. Ces processus de contrôle de la conscience morale ont pour tâche de réprimer assez tôt l'expression des sentiments d'injustice, pour que le consensus de la domination ne se trouve pas remis en cause. Aussi faut-il voir dans ces techniques de contrôle des stratégies qui assurent l'hégémonie culturelle de la classe dominante en limitant implicitement les possibilités de formuler l'expérience d'injustice.
Je voudrais tenter de décrire le mécanisme de la domination normative de classe en essayant de distinguer entre les processus d'exclusion culturelle et les processus d'individualisation institutionnelle. Les mécanismes de contrôle social, en effet, remplissent leur fonction en limitant soit les possibilités d'expression symboliques et sémantiques, soit les conditions spatiales et socioculturelles de la communication permettant de donner voix aux expériences de privation et d'injustice des classes défavorisées. Le premier type de processus vise à priver de langage les dominés ; le second vise à individualiser le sentiment d'injustice qu'ils partagent en tant que classe. » (p. 213)
Commenter  J’apprécie          00
3. « La Théorie critique, dont l'horizon théorique s'est largement construit en s'appropriant l'histoire intellectuelle européenne de Hegel à Freud, compte encore sur la possibilité d'une conception de l'Histoire gouvernée par la raison. Mais, pour la génération actuelle qui a grandi en ayant à l'esprit la pluralité des cultures et la fin des "grands récits", la fondation de sa critique de la société dans une philosophie de l'histoire a sans doute pour elle un aspect des plus étranges. L'idée d'une raison historiquement effective, à laquelle tous les représentants de l'École de Francfort sont restés attachés, de Horkheimer jusqu'à Habermas, doit susciter une incompréhension là où l'unité d'une seule rationalité n'est plus guère reconnaissable parmi la diversité des convictions légitimes. Et l'idée selon laquelle le progrès de cette raison est entravé ou interrompu par l'organisation capitaliste de la société ne suscitera guère plus qu'un simple étonnement, car le capitalisme ne peut désormais plus être vu comme un système unifié de rationalité sociale. Alors qu'il y a seulement trente-cinq ans Habermas fondait l'idée d'une émancipation de la domination et de l'oppression dans l'histoire de l'espèce en partant de l'idée d'un "intérêt émancipatoire", il admet lui-même aujourd'hui qu'"une telle forme d'argumentation appartient incontestablement au passé". » (p. 102)
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Axel Honneth (68)Voir plus

Quiz Voir plus

Au Louvre

Dans quel roman d'Émile Zola peut-on lire une scène dans laquelle se déroule une visite du Louvre le jour du mariage de Gervaise et de Coupeau?

Au bonheur des Dames
L'Assommoir
Nana

8 questions
26 lecteurs ont répondu
Thèmes : louvre , musée d'art moderne de new york , Paris (France) , culture générale , littérature , peinture , peintre , cinema , adaptation , adapté au cinémaCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..