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Olivier Voirol (Éditeur scientifique)Pierre Rusch (Traducteur)Alexandre Dupeyrix (Traducteur)
EAN : 9782707153814
350 pages
La Découverte (28/08/2008)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Les individus ont souvent - et à raison - le sentiment de vivre dans une société du mépris. Ils perçoivent que l'accroissement des possibilités de réalisation de soi conquises au cours du XXe siècle donne lieu aujourd'hui à une récupération des idéaux par la néolibéralisme. N'est-ce pas là un paradoxe ? Comment expliquer que les progrès des décennies passées soient à ce point détournés pour légitimer une nouvelle étape de l'expansion capitaliste ? Comment, à l'inver... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La référence à Axel Honneth et à ce livre en particulier m'est parvenue de différentes lectures récentes ; l'attrait pour le titre a achevé de me convaincre de m'y approcher d'abord : et ç'a été une erreur. En effet, au lieu d'être une synthèse ou une introduction à la pensée certes très riche, inspirante et articulée de ce philosophe, cet essai se compose d'une série d'articles ponctuels destinés à un lectorat déjà accoutumé à cette pensée (il eût fallu lire : La Lutte pour la reconnaissance en premier !), et particulièrement à la filiation de sa « théorie de la reconnaissance » par rapport à la Théorie critique (de l'École de Francfort), notamment par rapport à Jürgen Habermas, qui ne m'est que très peu connu. La longue, nécessaire et complète Préface par Olivier Voirol n'est hélas pas suffisante à introduire cette théorie aux profanes. de plus, le chap. Ier situe la critique sociale et la discipline sociologique tout entière dans la tradition que l'auteur appelle la « philosophie sociale » et qu'il fait remonter à Rousseau, ce qui confère à sa conception de la sociologie un aspect très théorique et conceptuel au détriment de l'empirisme, sous lequel (aspect) je ne la reconnais guère – sauf peut-être ses pères fondateurs... Les trois chap. suivants (2 à 4), par cercles concentriques, situent sa théorie de la reconnaissance par rapport à la Théorie critique, mais ne l'introduisent toujours pas. Ensuite (chap. 5-8) certains aspects ponctuels en sont traités, toujours en utilisant une argumentation exclusivement conceptuelle-abstraite qui se rattache volontiers à des philosophes singuliers et non à une démonstration empirique (que je m'obstine néanmoins à rechercher dans mes cit. ! Elles font donc figure d'exception par rapport au style global de l'essai.). Les chap. 9 et 10 explorent deux points spécifiques relatifs au capitalisme actuel (néo-libéral succédant aux décennies « de la social-démocratie » selon la perspective allemande) : le remplacement de ses contradictions par des paradoxes (9) et en particulier « les paradoxes de l'individuation ». Enfin le chap. 11 change encore de perspective, puisqu'il s'attelle, en défense de la psychanalyse, à une lecture politique de Winnicott actualisé par tel Loewald.
La lecture a été ardue, ponctuée par des moments de fulguration, et je ne saurais en vouloir uniquement à mon emploi du temps très chargé des deux dernières semaines...



Table [avec réf. aux cit.]

Préface [par Olivier Voirol]

1. Les pathologies du social. Tradition et actualité de la philosophie sociale. [cit. n° 1 et 2]

2. Une pathologie sociale de la raison. Sur l'héritage intellectuel de la Théorie critique. [cit. 3]

3. La critique comme « mise à jour ». La Dialectique de la raison et les controverses actuelles sur la critique sociale.

4. La Théorie critique de l'École de Francfort et la théorie de la reconnaissance.

5. La dynamique du mépris. D'où parle une théorie critique de la société ? [cit. 4]

6. Conscience morale et domination de classe. de quelques difficultés dans l'analyse des potentiels normatifs d'action. [cit. 5]

7. Invisibilité : sur l'épistémologie de la « reconnaissance ».

8. La reconnaissance comme idéologie. [cit. 6, 7a et 7b]

9. Les paradoxes du capitalisme : un programme de recherche. [cit. 8a et 8b]

10. Capitalisme et réalisation de soi : les paradoxes d'individuation. [cit. 9]

11. Théorie de la relation d'objet [Winnicott] et identité post-moderne. À propos d'un prétendu vieillissement de la psychanalyse.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
9. « Il se peut qu'un tel renversement, transformant l'idéal de la réalisation de soi en une pure contrainte, signale le seuil historique où l'expérience de cette vacuité est désormais partagée par une partie croissante de la population : sommés de toutes parts de s'ouvrir aux impulsions psychiques d'une authentique découverte de soi, les sujets doivent choisir entre une authenticité feinte et la fuite dans la maladie, entre une originalité mise en scène pour des raisons stratégiques et un mutisme pathologique. Compte tenu de la clairvoyance avec laquelle Georg Simmel a observé les changements socioculturels de son temps, on ne s'étonne pas de trouver dans la Philosophie de l'argent le pressentiment de cette évolution […]. » (p. 323)
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(Préface de O. Voirol)
Habermas... dans la Théorie de l'agir communicationnel, montre que l'incursion de régulation systémique dans le domaine de la communication constitue une pathologie déterminante de notre temps. La "colonisation du monde vécu" par le "système" (du pouvoir et de l'économie) menace la sphère du social, dont le souci est l'entente au moyen de la communication. (p.15)
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6. « […] Nous vivons dans une culture affirmative dans laquelle la reconnaissance manifestée publiquement présente bien souvent des traits purement rhétoriques et ne possède qu'un caractère succédané. Le fait d'être officiellement couvert d'éloges pour certaines qualités ou certaines compétences semble être devenu un instrument de politique symbolique, dont la fonction sous-jacente est d'intégrer des individus ou des groupes sociaux dans l'ordre social dominant en leur offrant une image positive d'eux-mêmes. Bien loin de contribuer à l'amélioration durable de l'autonomie des membres de notre société, la reconnaissance sociale semble apparemment servir à la production de représentations conformes au système. Par conséquent, les doutes que se sont entre-temps manifestés quant à cette nouvelle approche débouchent sur l'idée selon laquelle les pratiques de la reconnaissance n'entraînent pas un accroissement du pouvoir des sujets sociaux mais au contraire leur assujettissement. […] Les individus sont poussés à adopter, au travers de processus de reconnaissance mutuelle, un rapport à soi spécifique qui les incite à assumer de leur plein gré des tâches et des devoirs servant la société. » (pp. 245-246)
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4. « M'inspirant du jeune Hegel, j'ai distingué […] trois formes de reconnaissance sociale que l'on peut considérer comme des présuppositions communicationnelles d'une formation réussie d'identité, à savoir l'affection manifestée dans les relations intimes du type de l'amour ou de l'amitié, la reconnaissance morale de l'individu en tant que membre responsable d'une société, et enfin l'appréciation sociale des prestations et capacités sociales de l'individu. […] Or, […] on peut non seulement supposer, mais encore affirmer sans risque de se tromper que l'estime sociale d'une personne se mesure très largement à la contribution qu'elle apporte à la société en tant que travail fortement organisé. Concernant l'estime sociale, les rapports de reconnaissance sont très étroitement liés à la répartition et à l'organisation du travail [par la société]. » (p. 197)
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8b. « Avec la transformation des services de l'État-social, les droits sociaux sont, dans certains cas, massivement supprimés et, dans d'autres, détournés au profit de services sociaux organisés sur une base économique et dont l'existence dépend à nouveau des ressources matérielles d'une clientèle nécessiteuse. Cette transformation voit également apparaître des phénomènes de re-moralisation des exigences pour accéder aux prestations et de montée d'un paternalisme d'assistance guidé par l'État-social. Quiconque entend bénéficier des prestations sociales doit fournir en retour des contre-prestations, en étant par exemple disposé à accepter n'importe quelle offre de travail, sans lesquelles un droit n'est plus même considéré comme légitime. Le paternalisme menace partout où la justification de principe quant à l'exigence de services sociaux, et donc le caractère exigible de prestations assistancielles, est systématiquement noyée dans un discours de la responsabilité individuelle. Plus se réduit la possibilité d'appréhender les prestations de l'État-social comme des droits et plus grand est le danger de voir ces prestations abandonnées à l'arbitraire d'une bureaucratie délestée d'une partie de ses tâches, ou de les voir confiées à des associations de la société civile dont la capacité à obtenir suffisamment d'attention publique et de donations reste imprévisible.
Le discours sur la responsabilité personnelle tend en tout cas à détourner complètement le regard des instances de l'État-social. » (pp. 294-295)
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