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Citations de Baronne Emmuska Orczy (30)


« (…) je connaissais tous les détails de ce meurtre comme si je l’avais commis moi-même. Je dois même dire que je ne l’aurais pas mieux commis, quoique j’étudie l’art du crime depuis des années…"
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Le cœur d'une femme est un problème si compliqué à résoudre ; il n'est pas jusqu'à son possesseur qui ne soit souvent incapable de trouver la solution de cette énigme.
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Au Tribunal, la journée avait été particulièrement remplie. Trente-cinq prévenus tirés des différentes prisons de Paris avaient été jugés en l’espace de sept heures – une moyenne de cinq par heure. Douze minutes pour envoyer une créature humaine pleine de vie et de santé résoudre la grande énigme de l’au-delà !
(p. 154, Chapitre 23, “Au Palais de Justice”).
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Qu’à travers cette épreuve, elle eût pu connaître la joie et la douceur d’être aimée, c’était plus qu’elle ne méritait, et le souvenir des baisers brûlants que Delatour avait posés sur sa main était une compensation ineffable pour tout ce qu’elle aurait à souffrir.
(p. 120, Chapitre 18, “A la prison du Luxembourg”).
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Juillet, août, septembre avaient changé de nom ; on les appelait à présent : messidor, thermidor, fructidor. Mais, sous ces nouvelles appellations, ils continuaient à faire don à la terre des mêmes fleurs et des mêmes fruits. Messidor couvrait toujours les haies d’églantines sauvages, thermidor revêtait les champs dénudés d’un manteau étincelant de coquelicots écarlates, fructidor rougissait les hampes de l’oseille sauvage et mettait la première teinte vermeille sur les joues pâles des pêches mûrissantes.
(p. 41, Chapitre 5, “Une journée dans les bois”).
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Il n’y a que dans notre belle France que l’on puisse faire légalement un carnage général, au nom de la Liberté et de la Fraternité.
(p. 182, Chapitre 21, “Arrêt”).
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– Mais dites-moi, pour quelle raison votre chef et vous tous, messieurs, dépensez-vous vos biens et risquez-vous votre vie, car enfin c’est votre existence que vous risquez chaque fois que vous posez le pied en France, et tout cela pour nous autres Français, hommes et femmes qui ne vous sommes rien ?
– Pour le sport, madame la comtesse, affirma Lord Antony de sa voix agréable et chaude ; nous sommes un peuple de veneurs, vous savez, et actuellement il est à la mode d’arracher le lièvre de la gueule même des chiens.
(p. 34-35, Chapitre 4, “La ligue : le Mouron rouge”).
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Mais elle appartenait à une race qui n’avait jamais compté la lâcheté parmi ses nombreux défauts. Durant ces courts instants où elle savait que sa vie ne tenait qu’à un fil, elle n’avait ni crié, ni perdu connaissance. Soudain la portière fut violemment ouverte et elle put distinguer vaguement des formes humaines qui s’agitaient. Elle demeura sans bouger, mais quand elle se sentit brusquement saisie au poignet elle dit calmement, avec un léger frémissement dans la voix :
– Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? Un rire brutal fut la réponse.
– Qui nous sommes, ma charmante dame ? s’écria celui qui lui avait saisi le poignet et se trouvait maintenant à moitié hissé dans la voiture, nous sommes ceux qui trimons toute notre vie, sans jamais manger à notre faim, tandis que des gens comme vous voyagent dans de belles voitures et mangent plus qu’ils n’en peuvent. Ce que nous voulons ? Mais simplement le spectacle d’une si charmante dame comme vous, renversée dans la boue comme le sont nos mères et nos femmes, quand il leur arrive de se trouver sur le passage de votre voiture. N’est-ce pas cela, mes amis ?
– Oui-da ! répondirent-ils avec convoitise. Dans la boue, la demoiselle ! Sors-la, Adet ! Laisse-nous voir de quoi elle aura l’air, la figure dans la boue ! Vite, sortons-la !
Mais l’homme qui avait été ainsi apostrophé n’obéit pas immédiatement. Tenant toujours le poignet de la jeune fille, il l’attira contre lui et soudain lui jeta un de ses bras rude et barbouillé de poussière autour de la taille ; soulevant de l’autre son capuchon, il lui maintint son fin visage à hauteur du sien.
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Il s’interrompit brusquement. Inutile d’en dire davantage. Ils se comprenaient à demi-mot, ces hommes qui, si souvent, avaient bravé la mort ensemble, dans cette valeureuse Ligue du Mouron Rouge dont le but, en ces temps tragiques, était de secourir les innocents et les faibles. Les deux qui se trouvaient là, près du chef, dans cette mansarde obscure et misérable, étaient ses lieutenants les plus chers. Les autres n’étaient pas loin, éparpillés dans les environs, déguisés, occupés à quelque travail mercenaire afin d’entrer en contact avec les gens du pays ; se cachant dans des cabanes ou dans les bois, épiant, observant, tous aux ordres de Blakeney et prêts à répondre à son appel.
– Tenez, dit Sir Percy après avoir réfléchi un moment, voici, je crois, comment il vaut mieux opérer. La première chose à faire est d’aller trouver Hastings et Stowmaries afin qu’ils avertissent les autres et leur disent que notre centre de ralliement sera la ferme abandonnée des Quatre-Chênes, à un quart de lieue à droite de la route, avant d’arriver à Laragne. Trois de nos camarades s’y rendront et attendront là les instructions que je leur enverrai ultérieurement par Foulkes. Foulkes va partir tout de suite avec moi, car il faut que je sois de bonne heure à Laragne de façon à commencer demain matin le travail que le sieur Martineau m’a donné à faire dans son bois, à côté du ruisseau. Tony, je compte sur vous pour monter la garde autour des Amandiers, dès la première heure, demain matin, afin d’être au courant des faits et gestes du détachement, et vous viendrez me prévenir dès qu’il se mettra en marche. Foulkes me servira d’agent de liaison.
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En cette année 1792, Maître Sébastien de Croissy louait dans l’hôtel de la rue de la Monnaie deux petites pièces qu’il avait converties en bureaux pour exercer sa profession. C’était un homme d’âge moyen dont les cheveux commençaient à grisonner ; son visage était beau, mais les soucis avaient creusé prématurément des sillons sur son front et aux commissures de ses lèvres, et son regard était empreint de mélancolie.
Quelques années plus tôt, Maître Sébastien de Croissy comptait parmi les membres les plus appréciés du barreau de Paris. Des hommes éminents, appartenant au monde des arts, de la littérature et de la politique venaient le consulter dans sa belle étude de la place Vendôme, et il avait pour clients jusqu’à des membres de la famille royale. Riche, bien né, de belle prestance, le jeune avocat avait été accueilli partout avec faveur, et son mariage avec Louise de Vendeleur, fille unique du général de Vendeleur, avait été un événement mondain. Le duc d’Ayen le traitait en ami, et la duchesse avait voulu être la marraine du petit Jean-Pierre que Louise avait mis au monde quelques mois avant la réunion des États Généraux. Puis la Révolution était venue, et avait privé de ses ressources cet homme jusqu’alors favorisé par la fortune. Beaucoup de ses meilleurs clients avaient émigré, et ceux qui restaient, appauvris et peu soucieux d’attirer sur eux l’attention, n’étaient pas tentés de se lancer dans des procès coûteux. D’autre part, il avait vu le revenu de son patrimoine fondre et se réduire à rien, tant pour les impôts écrasants qui frappaient son domaine du Dauphiné que par la malhonnêteté de ses fermiers qui, assurés de l’impunité, avaient cessé de payer leurs redevances.
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– Lâche ! lâche, lâche !...
Ces mots retentirent, clairs, stridents, passionnés, dans un crescendo d’ardente indignation.
Le jeune homme, tremblant de rage, s’était dressé d’un bond. Penché au-dessus de la table de jeu, il essaya encore de crier l’insulte à l’homme qui lui faisait face afin que tout le monde l’entendît. Mais les sons refusaient de sortir de sa gorge contractée et, tout en ramassant d’une main frémissante les cartes éparpillées, comme s’il voulait les jeter à la figure de son interlocuteur, il parvint seulement à répéter d’une voix étranglée :
– Lâche !...
Autour d’eux, les parties de pharaon et de lansquenet s’étaient interrompues. Des mouvements divers se produisirent parmi les spectateurs de la scène. Les plus âgés essayèrent de s’interposer, mais les jeunes se contentèrent de rire. Ils savaient qu’à une querelle de ce genre, une seule conclusion était possible et attendaient ce qui allait suivre. Conciliation, arbitrage étaient hors de question. Delatour aurait dû savoir qu’il ne fallait point parler irrespectueusement d’Adèle de Montlhéry devant le jeune vicomte de Marny, dont l’engouement pour cette trop célèbre beauté défrayait depuis des mois les conversations de la cour et de la ville.
Adèle avait, sans contredit, beaucoup de charme ; elle n’avait pas moins d’habileté et d’artifice. Les Marny étaient riches, le petit vicomte très jeune, et le bel oiseau de proie était occupé pour l’instant à plumer ce pigeonneau frais émoulu du colombier ancestral.
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En cette journée glaciale du 27 Nivôse, an II de la République, – ou, comme nous autres, gens de l’ancien style nous obstinons à dire, du 16 janvier 1794, – la salle du Théâtre national était remplie d’une nombreuse assistance, l’apparition d’une jeune actrice en renom dans le rôle de Célimène ayant attiré à cette reprise du Misanthrope tous les amateurs de spectacles.
Le Moniteur, qui relate au jour le jour avec impartialité les événements de l’époque, nous informe qu’à la même date l’Assemblée de la Convention vota une nouvelle loi autorisant ses espions à effectuer des visites domiciliaires et des arrestations sans avoir besoin d’en référer d’avance au Comité de sûreté générale ; l’Assemblée désirant agir avec rigueur et promptitude contre « les ennemis du bonheur public » promettait aux dénonciateurs, comme récompense, une somme de trente-cinq livres « par tête fournie à la guillotine ».
Quelques lignes plus bas, le Moniteur note également que, ce même jour, le Théâtre national fit salle pleine pour la reprise, avec nouveaux décors et costumes, de la célèbre comédie.
L’Assemblée, ayant voté la loi qui plaçait plusieurs milliers de personnes à la merci d’espions et de délateurs, leva la séance, et quelques-uns de ses membres, en quittant les Tuileries, traversèrent la Seine pour gagner le nouveau théâtre tout proche du Luxembourg où la troupe de la Comédie française s’était installée depuis quelques années.
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Marie-Antoinette, et il semblait qu’un parfum à peine perceptible, un fantôme de parfum, fût resté attaché aux boiseries ternies et aux tapisseries lacérées.
Partout des traces de destruction rappelaient les journées d’émeute où la populace déchaînée avait envahi les Tuileries pour crier sa haine à « l’Autrichienne ». Les sièges rangés le long des murs étaient tous plus ou moins mutilés et le crin s’échappait par touffes de leurs coussins de brocart. Plusieurs fauteuils présentaient à leur La pièce, éclairée par un seul flambeau dont la flamme capricieuse projetait sur les murs des ombres fantastiques, était sombre et d’aspect lugubre. Ce boudoir de petites dimensions avait été jadis le sanctuaire de l’altière dossier la même plaie béante : des patriotes en avaient arraché un motif de décoration, couronne ou fleur de lys, dont la vue ne se pouvait plus supporter. Les mêmes patriotes, sans doute, avaient extrait de leur lit d’écaille les incrustations d’argent du petit guéridon de Boulle et cassé à coups de marteau le chiffre de la reine surmontant la glace de Venise. Au travers d’un charmant médaillon de Boucher représentant Diane et ses nymphes, une main brutale et malhabile avait griffonné au charbon : Liberté, Égalité, Fraternité.
L’heure était avancée ; les bruits de la grande ville n’arrivaient dans ce coin écarté des Tuileries que comme un faible et lointain écho.
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Le 26 avril 1794 ou, si l’on préfère, le 7 Floréal de l’an II du nouveau calendrier, trois femmes et un homme étaient réunis dans une petite chambre aux rideaux jalousement fermés, au premier étage d’une maison de la rue de la Planchette qui appartient à un quartier de Paris triste et retiré. L’homme était assis sur un siège que surélevait une estrade. Il était vêtu avec une propreté méticuleuse. Son habit de drap sombre laissait passer du linge blanc au col et aux poignets, il portait des culottes tannées, des bas blancs et des souliers à boucles. Sa chevelure disparaissait sous une perruque gris souris. Il était immobile, une jambe repliée sur l’autre, et ses mains fines, sèches, étaient croisées devant lui.
Derrière l’estrade, un épais rideau traversait toute la pièce et, en face, chacune en un coin opposé, deux jeunes filles vêtues de vêtements gris, très lâches, étaient assises sur leurs talons ; les paumes de leurs mains reposant à plat sur leurs cuisses, les cheveux dénoués, le menton levé, les yeux fixes, elles étaient figées dans une attitude contemplative. Au centre de la pièce, une femme était debout ; les bras croisés sur la poitrine, elle tenait les yeux levés vers le plafond. Ses cheveux gris, raides et rebelles, étaient en partie dissimulés par un ample voile flottant d’un gris indécis. De ses épaules et de ses bras maigres, son vêtement, qui était à peine une robe, tombait en plis lourds, sans dessiner ses formes. En face d’elle, sur une petite table, un grand globe de cristal au socle de bois noir finement sculpté et incrusté de nacre reposait près d’une petite boîte de métal.
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Mais cela allait de soi : le peuple ne gouvernait-il pas la France ? Tout aristocrate était un traître, tous ses ancêtres l’avaient été avant lui : pendant deux cents ans, le peuple avait sué, avait peiné, était mort de faim, pour entretenir une cour débauchée dans une extravagante prodigalité ; et maintenant les descendants de ceux qui avaient aidé à rendre cette cour si brillante avaient à se cacher pour échapper à la mort, à s’enfuir s’ils voulaient éviter la vengeance tardive du peuple.
Oui, ils cherchaient à se cacher, ils cherchaient à s’enfuir ; de là le plaisir ! Chaque après-midi avant la fermeture des portes, lorsque les voitures des maraîchers s’en allaient en processions par les diverses barrières, il y avait quelques fous d’aristos qui tentaient de s’échapper des griffes du Tribunal révolutionnaire. Sous différents déguisements, sous divers prétextes, ils essayaient de se glisser à travers les portes si bien gardées par les soldats-citoyens de la République. Hommes en femmes, femmes en hommes, enfants en haillons : il y en avait de toutes sortes : ci-devant comtes, marquis et même ducs, qui voulaient s’enfuir de France, atteindre l’Angleterre ou quelque autre pays maudit, et là, chercher à exciter l’étranger contre la glorieuse Révolution, ou à lever une armée pour délivrer les malheureux prisonniers du Temple, qui naguère s’appelaient la famille royale de France.
Mais ils étaient presque toujours pincés aux barrières. Le sergent Bibot surtout, à la barrière de Neuilly, avait un flair extraordinaire pour reconnaître un aristo sous le plus parfait déguisement. C’est alors que le jeu commençait. Bibot regardait sa proie comme un chat regarde une souris, il jouait avec elle pendant un bon quart d’heure quelquefois, faisait semblant d’être trompé par l’apparence, par la perruque et les autres arrangements d’acteurs qui cachaient l’identité d’un noble comte ou d’une marquise.
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Une foule grouillante, bruissante et houleuse d’êtres qui n’ont d’humain que le nom, car à les voir et les entendre, ils ne paraissent que des créatures féroces, animées par de grossières passions et par des appétits de vengeance et de haine. L’heure : quelques minutes avant le coucher du soleil ; et le lieu : la barrière de Neuilly, non loin de l’endroit où plus tard un tyran orgueilleux éleva un monument immortel à la gloire de la nation et à sa propre vanité.
Pendant presque tout le jour, la guillotine avait été occupée à sa hideuse tâche : tout ce dont la France avait été fière dans les siècles passés, en fait de noms anciens et de race noble, avait payé tribut à la liberté et à la fraternité. Le massacre n’avait cessé qu’à cette heure tardive de la journée, car il y avait maintenant pour le peuple d’autres spectacles plus intéressants à voir, un peu avant la fermeture définitive des portes.
La foule quitta en hâte la place de Grève, et se dirigea vers les différentes barrières afin d’assister à ce spectacle captivant.
On pouvait le voir tous les jours, car ces aristos étaient si bêtes. Ils étaient naturellement traîtres au peuple, tous, hommes, femmes et enfants, descendants des grands hommes qui, depuis les croisades, avaient fait la gloire de la France et constitué sa vieille noblesse. Leurs ancêtres avaient opprimé le peuple et l’avaient écrasé sous les talons rouges de leurs élégants souliers à boucles, et aujourd’hui le peuple était devenu le souverain de la France et écrasait ses anciens maîtres, non pas sous ses talons, car à cette époque la plupart des gens du peuple allaient pieds nus, mais sous un poids plus effectif : le couteau de la guillotine.
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Une fois déjà, un siècle et demi auparavant, un roi, Charles Ier d’Angleterre, avait été traduit devant son Parlement, et cela s’était terminé par un régicide. La foule, une foule inquiète et silencieuse, se pressait aux alentours de l’Assemblée, attendant les nouvelles tandis que l’avocat Barère résumait les débats dans un discours interminable. Puis on ramena le roi à la prison du Temple où il vivait maintenant, séparé de sa femme, de sa sœur et de ses enfants.
Le 16 janvier, le vote commença. Il dura vingt-quatre heures. La Convention avait décidé que, quelle que soit la sentence, il ne serait pas fait appel au peuple. Les modérés auraient bien voulu conserver cette échappatoire, mais les extrémistes crièrent que ce serait fomenter la guerre civile et, une fois de plus, les autres s’étaient laissé intimider
(...)
Pendant longtemps, le bannissement et la mort se partagèrent à peu près également les votes. Cette étrange scène avait pour témoins les spectateurs fort élégamment vêtus des galeries qui mangeaient des bonbons et bavardaient. Il y eut un moment d’intense curiosité lorsque Philippe d’Orléans – on l’appelait maintenant Philippe-Égalité – vota la mort de son cousin en son âme et conscience, bien entendu.
Enfin on compta les votes ; la peine de mort avait réuni trois cent soixante-sept voix contre trois cent trente-quatre, et le président Vergniaud, qui avait dit la veille encore : « Je ne voterai pas la mort », et qui l’avait votée, proclama le verdict.
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Il avait choisi cette voie. Ce qui au début n’avait été que le goût de l’aventure et du risque était devenu maintenant une obligation : aider les autres, aider ceux qui comptaient sur lui, réparer les injustices. Ce qu’il avait fait une fois, dix fois,
vingt fois, il le referait encore aussi longtemps qu’il y aurait des malheureux, d’innocentes victimes du cataclysme révolutionnaire.
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Il gardait toujours le silence vis-à-vis des siens. Seul son père était au courant. Le vieux meunier voyait de sombres nuages traverser le front de son fils et surprenait les imprécations qui échappaient à Pierre, pendant qu’il travaillait
pour le seigneur qu’il abhorrait.
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Le silence n’avait duré que quelques instants ; le moment d’après Pierre fut debout, et un cri, semblable à celui d’un boeuf égorgé, sortit de ses
entrailles.
– Au nom de Dieu ! hurla-t-il, cessons ces vaines palabres. N’avons-nous pas assez discuté pour satisfaire nos consciences angoissées ? L’heure a sonné de frapper ces damnés aristocrates, qui ont fait de nous ce que nous
sommes : des ignorants, misérables, écrasés, de pauvres diables vidés de tout sens, juste assez bons pour user nos doigts jusqu’à l’os et nos corps jusqu’à l’épuisement, pour qu’eux puissent se vautrer dans leurs plaisirs et leur luxe.
Frappez ! répéta-t-il, tandis que ses yeux lançaient des flammes et que sa respiration devenait haletante. Frappez ! comme les hommes et les femmes ont frappé ce fameux jour de juillet à Paris. Pour eux, la Bastille représentait la tyrannie – et ils l’ont abattue comme on décapiterait le tyran, et le despote, intimidé et tremblant, a cédé, il a eu peur de la juste fureur du peuple ! Ce qui est arrivé à Paris doit arriver à Nantes ! Le château du duc de Kernogan est notre Bastille ! Attaquons-le ce soir, et si cet arrogant aristocrate se défend, nous raserons sa demeure. Le jour, l’heure, tout nous est propice. Toutes nos dispositions sont prises, les voisins sont prêts. Frappons
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