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Citations de Benjamin Péret (165)


Tes pieds sont loin
je les ai vus la dernière fois
sur le dos d’un cheval-jument
qui était mou qui était mou
trop mou pour être honnête
trop honnête pour être vrai

Le cheval le plus vrai
n'est jeune qu’un moment
mais toi
toi je te retrouve
dans les rues du ciel
dans les pattes des homards
dans les inventions sauvages
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Ma tête de papier de verre frottant tant et plus sur une coupe de cristal
faite à ton image d'oiseau qu’un sanglier empêche de prendre son premier vol
est pleine de l’embrun de tes yeux semblables à deux orange. qu'on ne cueillera jamais
tes yeux qui sont peut-être une pierre éclatée comme un arbre foudroyé
tout pareil au petit cœur que j'ai dans ma poche
contre un poêle plus rouge qu’un zeppelin qui brûle
semblable à l'éclosion d'une fleur d'agave
qui serait un drapeau rouge
plus déchiré qu'une chevelure dans le vent
qui voudrait te caresser comme un oiseau à peine né
et si bleu qu'on dirait une feuille morte qui reverdit
si brillant qu‘on dirait un pain à cacheter dans une baignoire
où tu n'apparais pas plus qu‘une feuille de nénuphar au fond des bois
pas plus qu’une fraise des bois dans une chambre à air
pas plus que ma vie au tournant de la rue
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Vous sentez vos cheveux pousser et vous concluez que nous approchons de l'équinoxe du printemps Ce serait peut-être vrai ailleurs mais ici les clowns sont des banquiers et des évêques qui ont la peau dure et les souvenirs amers
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Blonde blonde
était la femme disparue entre les pavés
si légers qu'on les aurait cru de feuilles
si grands qu'on eût dit des maisons
C'était je m'en souviens un lundi
jour où le savon fait pleurer les astronomes

Le mardi je la revis
semblable à un journal déplié
flottant aux vents de l'Olympe
Après un sourire qui fila comme une lampe
elle salua sa sœur la fontaine
et retourna dans son château

Mercredi nue blême et ceinte de roues
elle passa connue un mouchoir
sans regarder les ombres de ses semblables
qui s’étendait comme la mer

Jeudi je ne vis que ses yeux
signaux toujours ouverts pour toutes les catastrophes
L'un disparut derrière quelque cervelle
et l'autre fut avale par un savon

Vendredi quand on aime
est le jour des désirs
Mais elle s'éloigne en criant
Tilbury tilbury ma flûte est perdue
Va-t-en la rechercher sous la neige ou dans la mer

Samedi je l'attendais une racine à la main
prêt à brûler en son honneur
les astres et la nuit qui me séparaient d'elle
mais elle était perdue comme sa flûte
comme un jour sans amour

Et j‘attendais dimanche
mais dimanche ne vint jamais
et je restai dans le fond de la cheminée
comme un arbre égaré
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Passés la caisse de camemberts
le petit hanneton s'est perdu dans le désert
où le jambon a failli mourir de faim
Il court à droite et à gauche
mais à droite et à gauche il ne voit que des tomates blanchies à la chaux
Il regarde au-dessus de lui et voit un portemanteau qui se moque de lui
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J'ai jeté quelques gouttes d'eau sur une tête de mort
et un mât de cocagne m'a reconnu pour son frère
Il avait les dents blanches
et ses paroles étaient des pensées sauvages
qui écartaient les grains de sable entre les cils
pour s’asseoir confortablement dans le fauteuil de ses yeux
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Ils partirent
et des drapeaux tricolores sortirent de tous les anus
Dans l'égout du ciel français
ils étaient à leur aise mieux que des crapeauds
mais quand ils eurent dépassé leur crachat
les requins vinrent à leur rencontre
et les rejoignirent quelque part entre deux vagues
surmontés d'un chapeau haut-de-forme
comme des croque-morts patriotiques
Mais ils étaient déjà pourris
et dans leurs yeux le vers simulaient des points d’interrogation
Les vagues crachèrent de dégoûts à leur approche
et dans un hoquet les avalèrent
Trempez vieux croûtons dans le grand urinoir
Quel salace maniaque oserait de ses doigts qui s'effritent
toucher votre triste pourriture
Vous êtes crevés Nungresser et Coli
Pourtant la guerre injuste vous avait manqués
et ceux que vous assassinâtes s'avancent vers vous
Ils ont des yeux de coupe-tête et des mains de garrot
mais ils sourirent de se savoir vengés
Aujourd'hui les beaux monstres de la mer
viennent flairer l'éponge de vos corps
et disent
Pouah c'est du Français puant l'eau bénite
laissons-les aux curés de leur pays
Avec leurs crânes ils feront des calices
et leurs os serviront de chandeliers soufflés
des généraux bourriques de tous les pays
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Rien à l'horizon tordu plus usé qu'un rail prêt à se rompre
et à provoquer la plus sensationnelle catastrophe de l'année
les cheveux blonds de l'horizon se sont égarés
comme un bateau de boutons d'or errant à la dérive
le long d'un rivage hérissé de défenses d'éléphants
qui brament comme les boutiques à la veille de la faillite
Rien à l'horizon quand tes deux yeux de porto clair
ne laissent plus passer aucun rayon de cette lumière

minuscule
se précipite décomposé par mille prismes rivaux
à tête d'épingle
à tête de vache
le sang qui me fuit comme un chat qui a volé une côtelette
et me laissera pareil à une fourchette brisée
dans un terrain vague où croissent quelques géraniums
si misérables qu'on dirait des cahiers d'écoliers jaunis
où l'on ne lirait plus que Je t'aime
à toutes les pages
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Comme une huître perlière pendue au cou d'une femme nue
sans voix ni poils
mais si blanche qu'on dirait une forêt de sapins
dans le trou d'une serrure
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Elle était belle comme un nénuphar sur un tas de charbon
de ce charbon
que son père enfournait dans les trains présidentiels
au lieu du président
belle comme une perle dans une huître qui ne sera jamais pêchée
belle comme un jeune sabot
qui frappe des fesses paternelles
belle comme une hirondelle
nichant sous la gouttière d’une prison en démolition
et si jeune qu’on aurait dit
un raz de marée nettoyant une ville de tous ses curés

Papa
Mon petit papa tu me fais mal
disait-elle
Mais le papa qui sentait le feu de sa locomotive
un peu en dessous de son nombril
violait
dans la tonnelle du jardin
au milieu des manches de pelle qui l’inspiraient
Violette
qui rentrait ensuite étudier
entre le mécanicien de malheur
et la mère méditant sa vengeance
ses leçons pour le lendemain
où l’on vantait la sainteté de la famille
la bonté du père et la douceur de la mère
La sienne son billet de mille francs cousu dans son sordide jupon
valait une concierge et son chien hargneux
une boîte de conserves bombée
plusieurs escouades de ces flics dont s’enorgueillit sa famille
Sur le père rien d’autre à dire
N’en parlons plus

Mais le fumier décoré d’une couronne comtale aura de l’avancement
à la brigade mondaine
avant d’épouser une riche héritière
la fille d’un quelconque M. Émile
tremblant dans son pantalon
Passons le nez bouché

Loin de là l’élève Violette Nozières
revient lentement du lycée Fénelon
dans l’espoir que son père sera rentré du jardin
Mais il a déjà préparé une serviette derrière le paravent

Plus tard ce sera sur les boulevards
à Montmartre rue de la Chaussée-d’Antin
que tu fuiras ce père
dans les chambres d’hôtels qui sont les grandes gares de l’amour

Au croupier au nègre à tous tu demanderas de te faire oublier
le papa le petit papa qui violait
Mais la martyre
la mère laissée pour compte
manie la vengeance
comme on tient la chandelle
singe les héroïnes antiques de bouse sèche
pour venger la serviette
maculée
oubliée derrière le paravent
qui devait avoir plus d’un trou

Et tous ceux qui font uriner leur plume sur le papier de journal
les noirs flaireurs de cadavres
les assassins professionnels à matraque blanche
tous les pères vêtus de rouge pour condamner
ou de noir pour faire croire qu’ils défendent
tous s’acharnent sur celle qui est comme le premier marronnier en fleurs
le premier signal du printemps qui balaiera leur boueux hiver
parce qu’ils sont les pères
ceux qui violent
à côté des mères
celles qui défendent leur mémoire

- Juliette Nozières
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Accours du fond des troncs ô sable
pauvre sable des revenant;
loi qui sauves les mains
et leurs attributs
Le sang cravaté de nuages
pour le plaisir des dames
pour le plaisir des orgues
botté crotté
n'a plus d'image
ll est presque nu
et son sourire
est fonction de la chaleur
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Une lance haut brandie trace une souple ligne blanche
qui brûle l'esprit des morts
à jamais balayés des vivants sarments de rire
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L‘heure de dormir est passée comme une mésange turquoise
qui se cache dans une armoire
sans arriver à faire croire qu’elle est pleine de linge
Pour dormir et s’éveiller comme une rivière qui saute à pieds
joints
dans le tutu de sa chute
il faudrait que la mésange turquoise
sorte de son armoire comme un arc-en-ciel sur un canapé
et me crie
Coucou me voilà
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Tout était dit sur l'amour depuis les onomatopées jusqu'au formules qui les condensent
depuis l'étincelle enflammant les lacs dorés de soleil
bouleversant l'insondable forêt des chevelures secouées par la tempête
magnétisant les corps de farine et les esprits de lémuriens se hissant sur es grands arbres
jusqu'à l'horizon drapé d’un crêpe dont dont chacun d'eux tient un coin
Tout était dit sauf les mots qui déchirent les voiles déteints par les larmes
et dégagent les étendues aux mille mirages que chaque pas rend plus certain de palper
Plus de conscience toujours plus de conscience de l'amour
De toi comme un buisson explose de tous ses oiseaux
fuse ce commandement qui extrait l’amour des cavernes obscures suintant la cervelle encrassée d’encens
et lui dit Toi le premier
Tant que l'homme sa compagne à la main n’aura pas exploré tes forêts que n'habite aucun monstre
remonté tes grands fleuves de soie ou de chaudière surchauffée
escaladée tes pics au delà des rêves en oiseaux des îles flottant sur leurs versants
pour d'en haut contempler d'un coup d’œil d'empereur le monde qui lui offre la possession de ses bras de feu et d'ombres mêlés
la liberté ne sera qu'un demain on rasera gratis
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La crème du rivage
à guéri tes battements de cœur

Salu-e

As-tu vu la liberté
Elle couche avec l'égalité
Vilaine va
Et si elle ne s'ennuie pas
nous lui donnerons
un petit serpent de mer
qui couvrira ses épaules
unies comme les États-Unis de la fraternité

- Portrait de Robert Desnos
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Quand la pointe des seins rencontre le vent frais
et dit Bonjour
le nombril descend l'escalier
sans s'inquiéter de savoir s'il pleut
s'il y a plus de marches que de pieds
pour les descendre
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Un arbre abattu ce sera pour toi
deux aussi
et la forêt de même
car une source coule de mon genou
emportant ma hache vers d’autres continents

Un arbre abattu ce sera pour toi
Qu‘il pleuve vente ou neige
porte-le à ton cou
pour que la vie soit chaude comme une braise

Que ma hache refleurisse dans sa forêt natale
ou qu'elle erre comme un vieux naufragé
au gré des morts subites
un arbre abattu ce sera pour toi
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je t'aime comme la fougère d’autrefois aime la pierre qui l'a faite équation
je t'aime à tour de bras
je t’aime comme un poêle rouge dans une caverne
Que ta robe de fil de fer barbelé
me déchire avec un grand bruit de vaisselle tombant dans l’escalier
je t’aime comme une oreille emportée par le vent
qui siffle Attends
Attends que le fer à repasser ait brûlé la chemise de rosée
pour y faire fleurir le reflet du cristal caché dans un tiroir
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L'homme découvre la poésie circulaire
Il s'aperçoit qu'elle roule et tangue
comme les flots de la botanique
et prépare périodiquement son flux et son reflux

Ô saints que n'êtes-vous ceints de seins sains
Votre seing figurerait une main de pouces
agitée d'un tremblement alcoolique
Ô saints qu'avez-vous sur la main
Est-ce une main plus petite
que recouvre une autre main plus petite
et ainsi jusqu’à la consommation des mains

La poussière s'agite dans sa solitude
Elle veut que le silence qui l'entoure
se peuple de fantôme ailés
aux voix de troncs pourris
de femmes légères comme la dame blanche
de vieillards descendus de la montagne
en proie aux neiges éternelles
des grandes montagnes molles
où tournent virent et plongent
les chaussons de danse
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Un arbre sans tronc erre au-dessus de ma tête
(…)
Où donc va se cacher cet arbre sans tronc qui erre au-dessus de ma tête
si ce n’est dans une caverne qui éclate sous la pression du soleil levant
et s’il ne se cache pas comme une fortune toujours mal acquise
où va-t-il si ce n’est au rendez-vous que lui a donné une trombe de diamants
prête à s’effondrer sur une parade sans lendemain
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