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Citations de Bernard Friot (II) (102)


Il est possible de vaincre, non pas dans le volontarisme d'une démarche utopique, mais dans la poursuite décidée de ce qui a déjà été conquis.
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Le salaire est un barème négocié qui inclut des caractéristiques étrangères au prix de la force du travail, comme l'importance du poste dans la sécurité du procès de production, les responsabilités, la pénibilité : donc, c'est déjà une conquête de qualifier un poste de travail.
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Nous sommes payés comme porteurs de besoins et non pas comme producteurs de valeur : à l'évidence, un tel salaire est un instrument d'aliénation et d'exploitation.
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Cette ligne de crête, c’est celle d’une action politique délibérée de sortie du capitalisme s’appuyant sur le déjà-là émancipateur dans les deux dimensions du salaire qui se sont imposées dans le conflit salarial du XXe siècle : la qualification personnelle et la cotisation finançant du salaire.
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[...] il s'agit à la fois de combattre la propriété lucrative en travaillant à la suppression des dividendes et des taux d'intérêt (et non pas de la légitimer en revendiquant sa taxation, comme le propose la prétendue "révolution fiscale") et d'affirmer la cotisation-salaire comme mode de socialisation du salaire permettant sa pérennité.
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La pratique capitaliste de la valeur, pour reprendre les notations de Marx, transforme M-A-M en A-M-M'-A' : la production de marchandises vendues par leurs producteurs pour acheter d'autres marchandises (M-A-M, M étant la marchandise, et A, l'argent) devient l'achat par le capital (A) de marchandises biens de production (y compris les forces de travail) (M) mobilisées pour produire des marchandises (M') dont la vente augmentera le capital accumulé (A', avec M' supérieur à M, et A' supérieur à A, d'où A-M-M'-A'). Autrement dit, le capitalisme repose sur une indifférence à la valeur d'usage.
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Dans le capitalisme, les producteurs sont précisément niés comme porteurs de la qualification. Ils n'existent dans la production de valeur que pour autant qu'ils se soumettent aux diktats du marché du travail et de la mise en valeur de capitaux, que pour autant donc qu'ils abandonnent toute maîtrise sur la valeur. C'est de cette aliénation et de cette exploitation qu'il faut sortir. Comment ? Justement, en faisant de la qualification, c'est-à-dire de la reconnaissance de la contribution à la production de valeur économique, un attribut politique de la personne.
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[...] avons-nous commencé à changer la pratique de la valeur ou avons-nous été seulement en mesure d'en changer la distribution ?
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Les élections à la Sécurité sociale, tous les cinq ans, étaient un très grand moment politique, puisqu'il s'agissait de confier aux intéressés eux-mêmes la gestion de sommes comparables au budget de l'État. Cette gestion en "démocratie sociale", comme on l'a appelée, n'était pas fictive, puisque les conseils d'administration des caisses avaient une compétence générale (alors que celle des directeurs était limitée) et qu'ils élisaient les directeurs.
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Loin de justifier le marché du travail et le profit, la cotisation-salaire est posée comme l'outil de leur marginalisation dans la production de valeur.
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[...] le discours de la solidarité intergénérationnelle qui a été au cœur de la bataille des opposants à la réforme des retraites exprime l'aliénation au discours capitaliste dans laquelle sont les dominés.
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L'hégémonie de la classe dirigeante se mesure à l'adhésion des dominés à un tel discours : les services publics et la Sécurité sociale seraient rendus possibles par les gains de productivité permettant une socialisation du salaire, c'est-à-dire son partage à des fins de solidarité avec des personnes non productives ; et puis à cela s'ajouterait dans certaines périodes favorables comme 1936 ou 1945 une ponction sur le capital par une modification du rapport capital-travail dans le partage de la valeur ajoutée.
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[...] la Sécurité sociale doit être lue comme le salaire de producteurs et non comme le revenu d'êtres de besoin. Il y a une profonde (et fort malheureuse) parenté entre la lecture du salaire direct comme pouvoir d'achat et celle de la cotisation comme couverture de besoins. Comme si le salaire était encore aujourd'hui, au bout de deux siècles de lutte de classes, le prix de la force de travail, c'est-à-dire la reconnaissance des besoins de mineurs économiques.
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La classe dirigeante défend sa maîtrise de la valeur économique, elle fait en permanence de la politique, et c'est, contre elle, de la politique qu'il faut faire en permanence. Autrement dit : changer la valeur et non pas changer sa distribution, conquérir la maîtrise de la valeur et non pas modifier les flux monétaires.
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Les travailleurs, terme actif, deviennent des employés, terme passif. Et le service public de l'emploi n'a pas du tout comme rôle d'accompagner des travailleurs, mais de construire les personnes comme "employables" et d'alimenter le business de l'emploi : arroser les employeurs de "mesures", d' "emplois aidés", de "subventions à l'emploi" ; arroser les prestataires chargés de l' "insertion" de producteurs rendus étrangers à la valeur économique par le marché du travail.
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La valeur est une institution éminemment conflictuelle, qu'il faut toujours qualifier.
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La même activité peut être ou ne pas être considérée comme du "travail". Pour qu'elle le soit, ce n'est pas le contenu, l'utilité sociale de ce qu'elle produit qui compte, c'est sa valeur économique, évaluée en monnaie.
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Tout retard supplémentaire dans la prise de pension comme le fait de passer l'âge légal de 62 à 64 ou 65 ans, laisse plus longtemps encore démunies sur ce marché des personnes qui seront prêtes à accepter n'importe quel travail payé à la tâche, comme autoentrepreneurs ou avec un CDD lié à une mission déterminée, car après 60 ans l'accès à un emploi en CDI respectant l'ancienneté acquise et le salaire de la convention collective est mission impossible.
Offrir au patronat des personnes affaiblies sur le marché du travail, corvéables pour leurs employeurs et ne disposant pas des droits et ressources pour leur opposer une maîtrise collective du travail, c'est d'ailleurs le facteur commun à toutes les initiatives de Macron dans le champ de l'emploi. Les régressions en matière d'indemnisation du chômage vont dans ce sens. Et le recul programmé des lycées professionnels au bénéfice de l'apprentissage obéit à la même logique.
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Judith Bernard : Non seulement il y a de plus en plus de vieux, mais le discours qu’on tient sur les vieux c’est un discours qui en fait, non pas des parasites sociaux, mais des braves gens inutiles, ou bien utiles mais évidemment improductifs, et surtout pressés de se reposer. Connaissant bien votre travail, je me doute que cette représentation-là…
Bernard Friot : Elle m’excède ! J’ai dix ans de retraite à mon actif, et je suis vent debout contre cette représentation de la retraite comme un temps de libération du travail où enfin on fait ce qu’on veut, et où on est loué pour son utilité sociale tout en étant nié comme productif. Les femmes connaissent bien cela, et de même qu’on fait une chanson pour la fête des mères, on va, pour les retraités aussi, organiser des petites gâteries. Ce qui m’insupporte, c’est l’injonction à l’activité : pour conserver leur capital cognitif, pour rester en bonne santé, il faut que les retraités multiplient les activités bénévoles, les activités qui assurent le lien social, etc. Cette injonction à l’activité, pour moi, est obscène : il y a toute une industrie de l’activation des retraités qui s’est construite autour de la multiplication d’ersatz à la place de l’essentiel refusé : le travail dans sa dimension productive. Les chômeurs font eux aussi l’expérience amère de cette activation : il faut beaucoup de cynisme, et d’ingénuité, pour inviter quelqu’un à qui on refuse le statut de producteur à multiplier les activités prouvant qu’il peut le devenir. L’irresponsabilité économique des retraités entraîne nécessairement leur vieillissement social, et il faut être con, ou salaud, pour les inciter à lutter contre ce vieillissement à coups de bénévolat et de randonnées à vélo. Qu’est-ce que ça veut dire de faire du soutien scolaire quand on n’a plus aucune responsabilité sur ce que devient l’école ? Qu’est-ce que ça veut dire de faire un jardin de simples lorsqu’on a perdu toute capacité de modifier l’agrobusiness ? Il y en a vraiment marre ! L’enjeu anthropologique du travail, ce n’est pas simplement que je suis utile par mon travail concret, c’est aussi le fait que je suis contributeur dans la production de valeur. C’est les deux ! Le féminisme s’est construit autour de : « Nous en avons assez d’être utiles sans être reconnues comme productrices ». (p.64)
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La vérité est qu'on produit beaucoup trop et que c'est cette production incroyable de bien et de services de toute sorte qui est à l'origine de la destruction à grande échelle des milieux naturels.
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