AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Bertrand Guillot (135)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'Abolition des privilèges

Une nuit pas comme les autres.



Nous connaissons tous cet événement, mais bien peu sont en mesure de nous décrire ce qu'il s'est passé cette nuit du 4 août.

L'économie essuie crises sur crises, les riches ne paient pas d'impôt quand les pauvres étouffent sous les taxes. Ce n'est pas aujourd'hui mais en 1789. Et tout va bientôt changer...



Mené sur le ton de la confidence, Bertrand Guillot nous délivre les coulisses de cette fameuse nuit dont on a forcément entendu parler un jour, ne serait-ce que son nom "Nuit du 4 août" qui revient un peu comme une expression.



À la manière d'un Lorànt Deutsch (mais qui ne serait pas royaliste), l'auteur partage son enthousiasme et nous fait asseoir sur les bancs de la salle des Menus-Plaisir où siège l'Assemblée Constituante qui va tracer un trait sur mille ans de pouvoir féodal.



Réduire à néant mille ans d'injustices en une nuit, ce n'est pas rien... mais ce n'est pas tout non plus. Et c'est là que réduire Bertrand Guillot à ce trublion télévisuel de l'Histoire (de droite) serait mentir. Car si l'auteur nous fait vivre les points de vue des différentes parties (Clergé, Noblesse et Tiers-État), il nous immerge ensuite dans les causes et les conséquences de cet événement qui n'a rien d'anodin en ne cessant de faire des rapprochements avec des éléments de notre quotidien. Des analogies actuelles : un État au bord de la banqueroute, la chanson de la dette est déjà un tube alors même que les riches cumulent exonérations d'impôts et avantages de toutes natures.



Rien ne va plus et il devient difficile de l'ignorer quand les campagnes et les rues de 1789 s'enflamment...

Bien sûr l'Histoire ne se répète pas, mais ce roman - car ce n'est pas un essai historique - apporte une petite touche virevoltante d'espoir dans notre actualité morose.
Commenter  J’apprécie          1137
L'Abolition des privilèges

L'Abolition des privilège par Bertrand GUILLOT (Le Métro est un sport collectif), c'est L Histoire racontée à ceux qui n'aiment pas L Histoire. Il part du principe que si on a tous appris par coeur la nuit du 4 août 1789, au détour d'un manuel entre le 14 juillet et le 26 août, ce qui s'est réellement passé la nuit du 4 août, comment, pourquoi et avec qui, ne nous est jamais vraiment conté.





Je ne suis pas une férue d'histoire, mais à la manière de raconter, vive et enlevée, j'ai su que je passerai un bon moment. Ce n'est ni un manuel d'histoire ni un roman. C'est l'Histoire racontée avec humour, recul, et mises en abîme avec la situation d'aujourd'hui. L'auteur nous délivre les découvertes et rencontres que ses recherches lui ont permises. Bourré de clins d'oeil ou de comparaisons anachroniques, le texte glisse tout seul sans pour autant dénaturer L Histoire, ni minimiser ce qui s'y joue.





Je crois que ce qui fonctionne c'est qu'on se sent à la fois acteur et voyeur (non-non-non, interdiction de fredonner^^) : Il nous raconte comme s'il nous mettait dans la confidence de choses restées secrètes, on se sent privilégiés d'assister à ces scènes importantes dans un décor d'époque, de rencontrer les « héros » et de s'asseoir à côté d'eux dans la salle des Menus Plaisirs, tandis qu'ils s'apprêtent à changer le monde. C'est un peu l'attente du sensationnel que l'on retrouve avec les chaînes d'info en direct, une tribune avant l'heure.





Le texte est divisé en trois parties : 1/ la nuit du 4 août 1789, 2/ avant cette fameuse nuit, et 3/ son après. Cette construction présente des avantages et des inconvénients : Décrire cette folle nuit en premier, c'est nous mettre dans l'ambiance électrique immédiatement, avec la garantie de nous happer - Cette première partie est pour moi la plus captivante ; Alors revenir en deuxième partie sur des faits antérieurs, pour nous faire comprendre les tenants et aboutissants de ce que l'on vient de vivre, forcément, ça semble plus fade, un peu réchauffé. Pour autant, ce n'est pas inintéressant, et l'auteur défend son plan en nous faisant remarquer que faire un tour sur soi-même pour revenir sur les lieux du crime, c'est bien en soi une révolution au sens premier. La troisième partie viendra enfoncer le clou et clôturer le dossier, rappelant le rôle des femmes dans cette révolution.





Au total, ça reste quand même un point de vue intéressant. On reprend conscience que c'est de là que nous sommes issus, à ces principes que nous sommes attachés, et sur eux que nous devons veiller. Encore aujourd'hui. Surtout aujourd'hui, alors qu'ils nous semblent acquis et que, pour cette raison, il n'en sont que plus vulnérables, et chaque jours un peu plus menacés.





Bref, 280 pages d'Histoire en s'amusant, qui se lisent comme un roman.
Commenter  J’apprécie          6733
L'Abolition des privilèges

Je me passionne pour l’Histoire, cet intérêt est encore plus ardent quand il est exacerbé par la lecture d’un livre réjouissant, pédagogique, intelligent « L’abolition des privilèges. »

La Révolution n’est pas ma période préférée , mais j’ai infiniment apprécié cet ouvrage . Comme le souligne fort à propos Bertrand Guillot, le 4 août 1789 est une des quelques dates phares que nous gardons en mémoire. Abolition des privilèges, certes, mais l’épopée de cette nuit historique ne fait pas l’objet de longues explications dans nos manuels historiques, et effectivement, les parties prenantes n’apparaissent pas nominativement, quelques livres scolaires avancent le patronyme de Noailles (cf collection Hatier, Malet Isaac).

Cette fameuse nuit est mise en scène comme une pièce de théâtre, à la fois, tragi-comédie et farce, et respecte les trois unités : le temps : une nuit chaude au coeur de l’été 1789 , du crépuscule au petit matin, un lieu ,l’Hôtel des Menus Plaisirs à Versailles , une action : l’abolition des privilèges.

Nous sommes spectateurs privilégiés, assis au milieu des quelques 1000 députés membres du clergé, nobles et députés du Tiers et des gazetiers, nous allons suivre les débats et être aussi portés par l’émotion générale surexcitée de tous , les assauts de surenchère de générosité pour demander l’égalité devant l’impôt, l’admission de tous aux fonctions publiques, supprimer les abus, renoncer à certains privilèges, monopoles … Et il y aurait encore tant de chose à dénoncer, à exiger…

Les principaux protagonistes prennent vie :

Adrien  Duquesnoy , venu de Lorraine qui tient un journal, Joseph Delaville, député breton, Pierre-François Lepoutre , agriculteur aisé dans le Nord, Isaac-René-Guy Le Chapelier, président, Le Hodey," journaliste" avant l’heure, Marin Pinelle, curé alsacien… et bien sûr Louis-Marie de Noailles qui va jouer un rôle déterminant. J’ai voulu faire plus ample connaissance avec chacun d’entre eux et j’ai recherché d’autres informations sur tous ces protagonistes (dont certains pâtirent par la suite de leurs engagements et de leurs idées et perdirent la tête)

Nuit mémorable, si toutes les promesses vont mettre longtemps, très longtemps à se concrétiser, au moins , ces heures blanches vont permettre de commencer à réaliser l’unité nationale, supprimer les différences entre les provinces et surtout de favoriser le mouvement de fédération.

Un grand merci aux Editions Les Avrils , à Babelio pour cet ouvrage reçu dans le cadre d’une masse critique, et tous mes remerciements à l’auteur pour ces heures de lecture passionnantes, enrichissantes, ludiques.



Commenter  J’apprécie          521
Sous les couvertures

Voilà un livre très atypique.



A la manière de Toy Story, les livres de cette librairie de quartier prennent vie lorsque le rideau de fer les enferme pour la nuit. C'est tout un monde secret qui s'anime alors et les livres, gonflés des ardeurs de leurs auteurs, laissent libre cours à leurs sentiments parmi lesquels domine pour l'heure la peur. La peur du retour, la peur du pilon, la peur de la mort... Comment échapper à ce sort affreux et pourtant si commun réservé à tous ces livres qu'on ne lit pas ?



Avec beaucoup d'humour et une analyse aussi fine que juste de la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui le monde de l'édition, Bertrand Guillot brosse à la fois une petite histoire sympathique de lutte de survie pour ces livres délaissés des lecteurs et la photographie du lent processus de déclin qui semble avoir frappé la littérature et condamné le livre papier à sombrer dans les oubliettes.



J'ai davantage adhéré à cette seconde approche plutôt qu'à la première même si je reconnais que cette dernière est indispensable pour structurer le récit et nous évite ainsi, grâce à la plume pleine d'esprit de son auteur, un énième pensum sur l'avenir bouché de l'édition. Travaillant moi-même dans l'édition, je dois avouer que j'ai reconnu entre les lignes de "Sous les couvertures" mes propres questionnements et mes propres angoisses.



C'est un cercle vicieux qui semble ne pouvoir être rompu : on lit moins, on édite plus, on achète moins, on imprime plus, le libraire ne lit plus, il range des livres dans des cartons, le libraire brait, le lecteur se fait capricieux et avaricieux, le libraire voit le lecteur d'un mauvais œil, le lecteur demande toujours plus, le libraire trouve des animations, organise des rencontres, tente de conseiller, le lecteur volage l'écoute et va acheter son livre sur A***tchoum ! ou l'obtient par troc - ou pire, n'achète pas, se contentant de lire ce qui dort dans son grenier-, on achète moins, on lit moins, on édite plus...



Cette spirale infernale, moi, je veux croire qu'on peut encore l'enrayer mais il est vain de taper sur les auteurs de best-sellers, moi non plus je ne les aime pas mais ils réalisent encore ce prodige de faire lire les gens, tant pis si c'est du pipi de chat, les gens lisent et peut-être qu'un jour ils réaliseront que ce qu'ils lisent est du pipi de chat et qu'ils verront alors qu'il existe autre chose, des tas de choses, des tas de livres, des tas d'auteurs. Ce n'est pas complètement la faute des éditeurs non plus, ils essaient de vivre, ils essaient de faire leur métier - qu'ils aiment en général. Non, le seul élément qui permettra d'inverser la machine est... le lecteur lui-même, le lecteur en chair et en os, le lecteur qui ne peut certes pas toujours se procurer pour 20€ les 150 dernières pages dont les radios, les télés et les blogs lui rabattent les oreilles, mais qui doit prendre ses responsabilités et prendre le temps d'éprouver le plaisir d'entrer dans une librairie, de promener ses mains sur les rayonnages, de lire les avis du libraire, de retourner les 4ème de couvertures pour voir ce que tous ces romans ont dans le ventre.



Le libraire, épuisé, est prêt à céder, à lâcher l'affaire, les librairies ferment les unes après les autres, les petites, les grandes, les moyennes. Le libraire dépose les armes et aligne les meilleures ventes en vitrine quand il faudrait les placer au fond de la librairie pour obliger les lecteurs à traverser cet espace culturel bruissant du murmure des milliers de pages qui voudraient bien tenter de les séduire. Mais il paraît que le lecteur n'a plus ni le temps ni l'envie de faire des efforts depuis qu'il peut transporter une bibliothèque de mille titres dans sa poche et acheter en un clic le livre jusqu'ici introuvable. Le libraire baisse les bras et on le comprend car il aura beau s'échiner et faire tout son possible, offrir des bonbons, placer une mer de balles dans un coin pour amuser les enfants, poser nu dans un calendrier, etc. si le lecteur ne joue pas le jeu, l’inéluctable arrivera. Oh, ça ne veut pas dire que la littérature mourra le jour où il n'y aura plus de libraires, ça ne veut pas dire non plus qu'on lira moins mais la littérature sera triste. C'est tellement dommage, c'est tellement joyeux la littérature !



J'ai lu "Sous les couvertures" avec le sourire pour le charme de son style, avec un serrement au cœur pour son réalisme et enfin avec un vif sentiment de culpabilité car, je le confesse, sur la centaine de livres que je lis chaque année, je dois bien en acheter... cinq.





Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015
Commenter  J’apprécie          497
Sous les couvertures

Une librairie de quartier comme il en reste de moins en moins. Un samedi soir, au moment où les portes se ferment. Le vieux libraire rentre chez lui et s’interroge sur l’avenir de son échoppe, sur les clients de plus en plus rares. Retranché sur des positions d’une autre époque, incapable de se remettre en cause, ne laissant aucune initiative à Sarah, son apprentie pourtant compétente et pleine de bonne volonté, il lui est difficile de faire face à une baisse d’activité qui l’étrangle un peu plus chaque jour.





Sur les rayonnages, le moral est aussi au plus bas. Les livres du « boudoir », ceux qui attendent depuis des mois de trouver un acquéreur, savent que le lundi suivant sera pour eux synonyme de retour chez l’éditeur avant la mise au pilon. Réunis en Grand Conseil, ils décident de mener une attaque frontale en direction de la table située près de la caisse, celle réservée aux best-sellers. L’objectif est d’arracher à ces parvenus leurs jaquettes attractives et leurs bandeaux accrocheurs pour s’en parer et ainsi attirer l’attention des clients. Un baroud d’honneur radical censé leur donner une dernière chance de sortir de la librairie par la grande porte…





Chic, un livre sur les livres ! Un livre drôle et léger, au propos bien plus lucide et grinçant qu’il n’y paraît. La situation du marché du livre et de tous ses acteurs est analysée avec une grande subtilité : la versatilité de lecteurs de plus en plus difficile à fidéliser, les boutiques en lignes, le numérique, le rôle des critiques, la surproduction, la loi du marché qui fait des romans de simples produits de consommation, l’impossibilité pour une très grande majorité d’auteurs d’espérer la moindre exposition dans les médias, etc. Le fait de mettre en scène les livres se battant pour obtenir la meilleure place possible dans la librairie est une excellente idée à la base. Il y a des passages fort réussis, notamment celui ou les ouvrages « papier » échangent avec une liseuse. La scène est drôle et balaie l’air de rien les problématiques qu’implique ce nouvel outil.





Après, j’avoue que la bataille rangée entre les livres ne m’a pas emballé plus que ça. Trop longue, trop confuse, difficile à visualiser, je me suis un peu perdu en route. J’ai préféré les chapitres avec le libraire ou Sarah et j’aurais aimé passer davantage de temps avec eux et leurs questionnements. Mais au final l’impression générale reste très positive. Bertrand Guillot a l’intelligence d’offrir un chant d’amour aux livres sans militantisme enflammé ni étude sociologique barbante sur la lecture. Il pose des questions pertinentes telles que : "Et comment on pouvait encore être libraire, à l'heure où les mêmes clients qui vous reprochaient de ne pas avoir tout lu se tournaient vers des libraires en ligne qui précisément ne lisaient rien ?". Bref, il donne à réfléchir en toute simplicité, et force est de reconnaître qu'il fait mouche.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          441
Sous les couvertures

Je ne vous apprends rien en vous disant que les livres ont une vie. Voire même plusieurs vies pour les plus chanceux. Mais si je vous dis que le soir, dans cette librairie pas comme les autres, les livres s’animent et qu’à l’ombre des rayonnages se mènent d’âpres combats, là, je sens que je vous étonne déjà un peu plus…



C’est toute l’originalité de ce livre, donner vie et surtout parole à tous ces livres qui, de la table des best-sellers au "Boudoir" doivent lutter pour trouver acheteur et ne surtout pas finir au pilon comme des centaines de milliers d’autres.



Le vieux libraire est loin d’imaginer tout ce qui se passe quand il ferme les portes de sa boutique. Lui, le combat pour son métier, il n’y croit plus vraiment. Il sent bien qu’il n’est plus vraiment à la page, même s’il refuse de l’admettre. Tout le contraire de Sarah, sa jeune employée, qui déborde d’idées et d’entrain pour donner un nouvel élan à sa vieille librairie qui en aurait grand besoin. Mais pour le moment, ce n’est pas elle qui décide…



Avec Sous les couvertures, Bertrand Guillot nous offre une réflexion pertinente et pleine d’humour sur le monde des livres. Toutefois, si j’ai beaucoup apprécié les chapitres consacrés au libraire et Sarah, je dois bien admettre que ceux consacrés à la lutte entre les livres m’ont amusé au départ pour finalement me perdre un peu en chemin…



N’en reste pas moins un livre singulier sur l’univers des livres qui est vraiment à découvrir !


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
Commenter  J’apprécie          391
L'Abolition des privilèges

"Au soleil couchant, le royaume de France n'était qu'une fédération de provinces hétéroclites ; au matin du 5 Août, c'est un pays unifié qui va se réveiller. Une seule nation, un seul droit, un seul régime."

Bien sûr, la nuit du 4 août 1789 parle à tout le monde. Enfin, tout le monde… Ceux de ma génération à qui on a fait apprendre des listes de dates par coeur : 1515, 732, 800, 52 AV JC, j'en passe, j'en oublie…

14 Juillet 1789 et la prise de la Bastille, abondamment décrit et étudié dans les manuels d'histoire, nuit du 4 août 1789, peu commentée, peu étudiée en cours d'histoire. C'est du moins ce que prétend Bertrand Guillot dans cet excellent essai.

Du plus loin qu'il m'en souvienne, même si la date reste gravée dans ma mémoire, j'avoue que les détails de cette fameuse nuit m'échappent. Bertrand Guillot serait-il dans le vrai ?



A l'occasion de a lecture de « L'abolition des privilèges », quelques vagues souvenirs me reviennent ; et ce n'est pas la moindre des vertus de ce petit bouquin de remettre les choses à leur vraie place. Entre les saillies que leurs auteurs n'ont probablement jamais prononcées et les précisions dûment documentées des actions de chacun, voilà un ouvrage de première utilité.



Tout d'abord, de quoi parle-t-on quand on parle de privilèges ? Essentiellement de ristournes voire de suppression d'impôts et taxes dus au roi ou au clergé par des Provinces, des villes des congrégations et des particuliers…



Un ouvrage divisé en trois parties :

La folle nuit du 4 août où la surenchère dans les abandons de pratiques féodales est allée bon train : on a même vu des participants renoncer à des privilèges qui ne les concernaient pas…

Ce qui à précédé, sans oublier les tentatives de Louis XVI, en butte contre les aristocrates et Marie –Antoinette elle-même, pour supprimer ces fameux privilèges.

Ce qui a suivi, y compris la guillotine pour de nombreux animateurs de la fameuse nuit…

Un ouvrage instructif également dans les parallèles à peine déguisés avec notre époque. Un régal dans ces temps troublés.



Merci aux éditions Les Avrils et à Babélio pour cette masse critique privilégiée. Amusant, non ?



Commenter  J’apprécie          330
L'Abolition des privilèges



Le Père Noël en plein mois d'Août





L'abolition des privilèges, beaucoup en rêvaient, certains l'ont fait.

C'est cette fameuse "Nuit du 4 Août" que l'auteur nous fait revivre, cette nuit qui a changé l'Histoire de notre pays, celle qui mit fin à l'Ancien Régime.





Bertrand Guillot réhabilite et redonne une petite parcelle de gloire à ces députés présents ce jour-là, ces députés, tous des illustres inconnus et dont l’Histoire ne retiendra pas les noms, par la suite. En effet, les ténors de la Révolution, les Mirabeau, Seyès sont absents des séances et les députés présents, lassés par la lenteur et la tournure que prennent les débats, décident de frapper un grand coup.



C'est cette nuit que nous raconte l'auteur. Cette nuit d'euphorie, cette nuit de folie où quelques représentants de la noblesse vont surprendre l'Assemblée en proposant de renoncer à certains de leurs privilèges. Après s'être fait un peu "prier" et quelque peu forcer, il faut le dire, le clergé renonce, à son tour, à la dîme et se prononce pour son rachat. S'ensuit une véritable surenchère, c'est à celui qui renoncera le plus, certains regrettant de n'avoir rien à céder (!). Les privilèges n'étant pas réservés uniquement aux personnes, c'est aux représentants des régions de renoncer aux leurs, outrepassant par là même leurs mandats et participant à uniformiser la France telle qu'elle est à l'heure actuelle.





Bertrand Guillot revient ensuite sur les faits qui ont conduit à cette nuit qui n'était pas tout à fait improvisée et pas totalement due au hasard. Une des principales causes fut ce que les historiens ont appelé "La Grande Peur", cette rumeur de soi-disant bandes de brigands armés qui parcourut une grande partie de la France, conduisit les paysans à s'armer et permit à certains de s'attaquer aux châteaux pour récupérer les titres de propriété et de fermage.





En conclusion, OUI, le Père Noël est bien passé au mois d'Août cette année là.

Oui, comme le précise l’auteur, il existe encore de nombreux privilèges, petits ou grands, et la question se pose :

Faut-il de nouveau une "Grande Peur" ...?





Merci à Babélio et aux éditions "Les Avrils" pour cet envoi dans le cadre d’une masse critique ……….."privilégiée" !!!...
Commenter  J’apprécie          334
L'Abolition des privilèges

Et bien avec le livre de Bertrand Guillot, c’est l’histoire comme j’aime qu’elle soit racontée. Avec enthousiasme, précision, recherches, anecdotes et aussi beaucoup d’humour.

Avec l’auteur nous assistons à cette fameuse nuit du 4 au 5 août 1789, qui vit l’abolition des privilèges et cela à travers les yeux et les pensées de différentes députés que l’Histoire n’a pas forcément retenue. Des hommes élus par le peuple, leurs voisins, amis ou administrés, des curés, aussi pauvres que le peuple qui se retrouve avec leurs évêques bien nourris et arrogants, et bien sûr la noblesse dans toute sa splendeur, là aussi petits nobliaux aux côtés des grands de ce monde en faillite.

Ce livre s’articule en trois parties : Pendant la nuit, Avant la nuit et Après la nuit.

Des hommes émergent, des leaders qui avec leur cœur mais aussi par tactique et stratégie arriveront aux lois que nous connaissons, l’abolition des privilèges (des hommes, des provinces et corporations) mais aussi la Constitution et Les droits de l’homme et du citoyen.

L’ancien régime vit là ses dernières heures, 1000 ans de système féodal s’écroule.

J’ai pris grand plaisir à découvrir ce que cette date représentait : comme beaucoup j’ai appris à l’école sans vraiment savoir ce qu’il s’y était vraiment passé. A travers les recherches et la vision de Bertrand Guillot on s’y croirait. Les espérances des uns, le mécontentement et les atermoiements des autres. Une folle nuit où la grande machine de la Révolution se met en marche.

J’ai aussi beaucoup apprécié la manière dont Bertrand Guillot aborde le sujet, par analogie avec notre époque, par des exemples on se rend bien compte de ce qu’un monde peut vite évoluer pour peu qu’il soit à bout de souffle. La misère, la famine et l’injustice ont toujours fait le lit des grandes révoltes.

J’ai eu l’impression d’assister à travers son récit à une docu réalité comme j’aime les voir à la télévision, des faits avérés commentés par des hommes d’aujourd’hui à travers d’autres hommes qui les ont vécus, qui les ont racontés. Les archives sont vraiment un trésor et une source de connaissances à celui qui sait les décrypter. Un vrai jeu de piste.

Merci encore à Babelio et aux Éditions Les Avrils pour cette très belle découverte.





Commenter  J’apprécie          304
L'Abolition des privilèges

Plonger dans notre Histoire de France en compagnie de Bertrand Guillot est un privilège qui se doit d’être conservé ! Aux votes !



Cette lecture, qui aurait pu être technique, m’a souvent inspiré l’envie d’être souris dans l’hôtel des Menus Plaisirs à Versailles pour assister à l'effervescence des débats de l’Assemblée.



Cette reconstitution d’un événement majeur se lit comme un roman, s’appuyant sur des personnages réels, ainsi bien mis en scène que dans une fiction, et par une documentation solide des faits et du contexte de la France monarchique. Le Royaume est en insurrection et les députés face à un état d’urgence. Ça ne va pas se faire sans « tempête sous un crâne »



Par un langage très actuel, l’auteur sait mettre en parallèle une compréhension contemporaine de l’enjeu d’égalité entre riches et pauvres. Cette Révolution est d’une modernité ! Plus étonnant encore de constater que l’influence libérale viendra parfois des rangs de la noblesse où ce concept a germé dans l’esprit des jeunes générations.



Par son ton jubilatoire, ce cours de la grande Histoire ( lu en partenariat avec Masse critique et Les Avrils Éditions) est un plaisir instructif qui se déguste sans modération.

Lu d’une traite ou presque !



Commenter  J’apprécie          260
Sous les couvertures

Tout d'abord je tiens a remercier Price Minister pour l'envoi de ce roman dans le cadre de match de la rentrée littéraire 2014.

"Sous les couvertures" est un roman qui m'avait tapé dans l' œil et j’étais très curieuse de le découvrir. Et malgré quelques longueurs, je ressors conquise de cette lecture.



J'ai beaucoup aimé le style et l'écriture de l'auteur. Et de plus, il propose une belle réflexion sur le monde littéraire actuel. Un triste constat malheureusement : des livres non lu finissent au pilon, les librairies de moins en moins fréquentées, de moins en moins de lecteurs, de plus en plus de lisseuses et e-books........



Mais bien sur mon coup de cœur est pour le scénario. Donner vie au roman, les faire parler, voler, etc.... Forcement en tant que lectrice, j'adore cette idée.



Une belle surprise que je vous recommande.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          251
L'Abolition des privilèges

Je renonce à mes privilèges !



C'est un État en déficit chronique, où les plus riches échappent à l'impôt. Un régime à bout de souffle. Un peuple à bout de nerfs, qui réclame justice et ne voit rien venir.

C'est la France en 2020 ?



Non !

Telle est la France à l'été 1789. Jusqu'à ce qu'en une nuit, à Versailles, tout bascule. C'est la Nuit du 4 août.



Les députés proposent l'abolition des privilèges en matière d'impôt, la suppression des corvées seigneuriales, la fin des servitudes personnelles pesant sur les paysans, la fin des colombiers, des droits de chasse, des justices seigneuriales. Mais ils maintiennent le rachat des droits réels pesant sur les terres. L'enthousiasme est tel que les députés du clergé renoncent à la dîme, ceux des villes et provinces montent à la tribune pour déclarer qu'ils abandonnent les privilèges des provinces, des villes, des corps de métiers.



A mi-chemin entre roman historique et essai, le livre de Bertrand Guillot nous décrit avec précision cette nuit du 4 août où les députés de la nouvelle constituante ont aboli les privilèges de l'ancien régime.



Il nous décrit la vie et les idées d'élus inconnus comme Adrien Duquesnoy, Joseph Delaville-Leroulx, Pierre-François Lepoutre et aussi certains plus connus comme Isaac le Chapelier, Jean-Joseph Mounier…



Comment, ces hommes élus aux Etats Généraux pour résoudre les problèmes financiers du royaume ont établi une Assemblée indépendante, ont voté une Constitution, on écrit la Déclaration des Droits de l'Homme et abolit les privilèges et établi la souveraineté populaire en quelques mois.



J'ai aimé le style, la nouveauté de ce livre entre essai et roman.

L'auteur restitue l'emballement de cette nuit et les surenchères dans un style simple, addictif et abordable. On constate avec bonheur les recherches effectuées par l'auteur.



Par contre, j'ai moins apprécié les idées de l'auteur qui reste dans une veine "furetiste" de la Révolution ou de celle d'Emmanuel de Waresquiel dans son livre "Sept jours" qui ressent de l'empathie "pour ce pauvre roi" et prétend qu'en 1789, la Révolution est faite.



Il prétend que la nuit de la nuit du 4 août, c'est "la nuit de la grande sortie du déni" ! Non point, ces élus ont appréhendé et étaient tétanisés par le réveil du peuple et "La Grande Peur" dans les campagnes en juillet 1789.



Le parallèle facile et factice entre la situation de 1789 et aujourd'hui ne m'a pas convaincue. L'auteur dit qu'il cherche la clé de 1789 pour débloquer la nôtre ! Il se demande comment les privilèges de l'Ancien Régime qui avaient résisté si longtemps ont pu s'effondrer si vite ! Comme je l'ai précité au-dessus, la prise de la Bastille et surtout la Grande Peur en juillet 1789 ont provoqué l'effroi chez les élus qui ont du donner des signes de bonne foi pour stopper les massacres !

Et aussi, comme le rappelle l'auteur, les philosophes des Lumières même s'ils n'ont pas pris La Bastille, sans Montesquieu, sans Rousseau, sans Diderot, les députés n'auraient jamais fait tomber l'Ancien Régime ! C'est peut-être ce qu'il manque à notre ère : des vrais auteurs, des philosophes engagés !

Sans oublier, qu'aujourd'hui dans nos sociétés, nous vivons bien (sauf exception et dans certains pays) : en 1789, le budget du pain représentait 3/4 du salaire journalier….



Mais quand il faut rédiger les décrets qui mettent en forme l'abolition des privilèges, les opposants, et même certains partisans de l'abolition tentent de limiter les concessions faites aux paysans. La dîme et les droits seigneuriaux qui touchaient les personnes sont définitivement abolis. Mais tous les droits qui touchaient la terre (c'est-à-dire l'essentiel des revenus des propriétaires de seigneuries, nobles ou bourgeois) sont déclarés rachetables.



Ce n'est qu'en 1793 et 1794, que des décrets de la Convention abolissent totalement les redevances.

Les privilèges n'ont été franchement et totalement abolis (et pas rachetables) qu'en 1793.



Un livre innovant, très bien rédigé sur la nuit du 4 août 1789 qui se lit comme un très bon roman qui se révèle aussi très instructif.



Commenter  J’apprécie          200
L'Abolition des privilèges

Un grand merci à Babelio et aux éditions Les Avrils pour cette belle lecture très intéressante et originale.

J'aime les romans historiques bien que ça ne soit pas un roman, ça se lit comme tel. Et en prime avec de l'humour que j'ai très apprécié.

Une belle lecture qui nous mène comme au théâtre, nous sommes au coeur de cette nuit et l'auteur sait nous faire spectateur presque acteur. On a envie de prendre la parole, envie de participer à cette assemblée.

Et comme toujours, l'histoire nous éclaire sur notre présent voire notre futur. Que de parallèles avec aujourd'hui sous une autre forme mais en y réfléchissant bien on n'est pas si loin de la révolution.



Je cite : On ne voulait pas de la charité, on réclamait la justice.



Cette phrase est bien actuelle, je ne m'étalerai pas sur ce sujet mais juste pour dire que l'histoire ne fait que de se répéter dans d'autres teintes mais toujours dans les mêmes nuances. Comprendra qui voudra.



Une lecture que je recommande vivement aux amoureux de l'histoire mais aussi aux frileux car là vous allez vous régaler. Ce n'est pas un cours d'histoire, c'est une vraie mise en scène avec les vrais "acteurs" car l'auteur s'est appuyé sur les archives. Ce n'est pas du blabla brodé, c'est la réalité.



Courrez vite chez votre libraire préféré vous procurez cette petite pépite historique vous ne le regretterez pas .

Commenter  J’apprécie          200
L'Abolition des privilèges

Ah la nuit du 4 Août ! l'auteur a tout à fait raison , dans les manuels scolaire de ma génération ( qui se terminaient d'ailleurs juste après la guerre de 1870 , curieux mais vrai ) le 4 août donc n 'était qu' une date importante , certes , mais aux conséquences vagues et éclipsée bien sûr par le phare éblouissant du 14 juillet .Bertrand Guillot nous fait pénétrer dans cette salle disparue et oubliée des Menus Plaisirs , visiteurs invisibles frôlant des spectres qui reprennent consistance , s agitent, s invectivent , manoeuvrent en coulisse , pendant que les privilégiés s'accrochent à leurs prébendes et que le monarque hésite comme souvent , au vrai il n est pas à sa place n'a t il pas dit en parlant de la couronne "Elle me gêne ". Pauvre m. XVI Dans ces prémices de la Révolution , la vraie , la sérieuse celle de 1793 ,comme l écrivait Henri Guillemin ( si contesté soit il )

si les desseins des hommes demeurent dissimulés ,ils apparaissent comme politiquement naïfs , ce qui est normal rien n'a jamais été comparable à leur vécu . Cette chronique d 'une " nuit particulière " m 'a fait également découvrir des personnages devenus secondaires et oubliés mais qui en leur temps furent des " vedettes "des Etats Généraux , qui ont pour certains mal fini sous la Terreur, et accessoirement m' ont plongé dans des recherches sur le fameux moteur commençant par W , pour pallier à mon ignorance , le style de l auteur est vif, visiblement il est enthousiasmé par la période , les chapitres courts maintenant l intérêt du récit , bien sûr après la nuit de l Abolition , la genèse de la Révolution et les suites de ce 4 Août sont moins captivantes mais restent remarquables . La liaison avec notre situation actuelle est habile . Je recommande ce livre à ceux comme moi viscéralement Républicains et aux autres . C est donc très sincèrement que je remercie Masse Critique, Babélio et les éditions Les Avrils .
Commenter  J’apprécie          191
Sous les couvertures

Merci à la masse critique de Babelio pour ce livre.

Avant de lire ce livre, j'ai lu une interview de l'auteur qui se demandait s'il avait bien su parlé du métier de libraire, et je pense qu'il en a cerné bien des aspects avec talents. Que se passerait-il si dans une petite librairie de quartier les livres du fonds décider un coup d'état pour qu'eux aussi se fasse une place au soleil sur la table la plus en vue de la boutique ? Révolte sanglante et masturbation intellectuelle au rendez-vous... de l'encre va couler !

Après avoir lu le chapitre sur le pilon j'ai du faire des retours dans mon rayon et à chaque livre mis dans le bac j'ai eu un petit pincement. Jusqu'à ce qu'une cliente m'interpelle sur une drôle d'étiquette collée sur un de nos livre, une étiquette d'une autre librairie. Preuve que tous les livres ne vont pas au pilon certains ont une deuxième vie (du coup j'ai fait un véritable carnage dans les retours... sans rancune !)



Commenter  J’apprécie          190
Sous les couvertures

Mon deuxième livre commandé, c’est pour dire combien je le voulais ce roman dont la couverture est sublime. J’avais hâte de découvrir ce que disent les livres dans notre dos, une fois les lumières des librairies éteintes. Un monde se réveille, étrange, fantastique, à coup de mots les romans se livrent une bataille déchainée pour la place d’honneur ou encore mieux pour se retrouver dans le sac de l’une de nous.

Ce roman est magique et chaque phrase me laisse sans voix. Prise sous le charme de la plume de Bertrand Guillot, je savoure ce moment d’intimité avec les livres car comme le dit si bien H. Miller « A quoi servent les livres s’ils ne ramènent pas vers la vie, s’ils ne parviennent pas à y faire boire avec plus d’avidité ? »

Chaque mot supplie les gens de sauver les livres, de continuer à lire, de leur épargner la fin redoutée par tous au fond d’un monstre, le pilon qui fini par dévorer les invendus : les laissés-pour-compte.

Lecteurs et lectrices, ouvrez vos cœurs à leur appel et donnez-leur la chance de vivre et revivre.

Commenter  J’apprécie          170
Le métro est un sport collectif

J’ai lu ce livre attirée par le titre et par le fait qu’il soit rédigé sous forme de chroniques.

Bertrand Guillot se balade dans le métro, carnet à la main, et note ce qui lui passe par la tête lorsqu’il observe les autres voyageurs : l’aura qu’ils dégagent, le comportement, parfois bon, parfois mauvais. Il voit aussi ce qu’ils font et essaie d’imaginer leur vie, leur personnalité. Il parle un peu politique, un peu lien social, il y a aussi de l’humour, de la tendresse.



Ça se laisse lire mais franchement, je n’ai pas été séduite et il y a des passages que je n’ai pas compris. Je pensais peut-être qu’il parlerait plus du métro parisien et de la RATP...

Commenter  J’apprécie          160
Sous les couvertures

« Allez vous faire pilonner ! »



N’avez-vous jamais envisagé ce que font les livres une fois que le rideau de la librairie est tombé ?



N’avez-vous jamais imaginé une guerre entre nouveautés : best-sellers vs oubliés ?



N’avez-vous jamais pris en compte le traumatisme d’un pauvre roman cruellement renvoyé à l’éditeur, sans avoir eu sa chance ?



N’avez-vous jamais rêvé d’une guerre des livres ?



Si vous ne l’avez pas fait, Bernard Guillot l’a écrit à votre place …



Un samedi soir, les romans du fond de la librairie vont jouer leur dernier atout avant d’être remis en carton … Pour eux, une seule solution possible : prendre les meilleures places sur les tables, près de la caisse, là où le lecteur les verra le mieux. Et pour cela, leur meilleure arme : les mots.



Cependant tous les livres ne sont pas des apprentis révolutionnaires : ils tiennent de leurs auteurs, et certains sont mous, poltrons, tandis que d’autres sont des meneurs. Les premiers romans sont ainsi ceux qui espèrent le plus, tandis que les classiques sont les blasés de l’histoire, sachant qu’ils auront toujours une petite place au fond de la librairie. Mais pour s’en sortir et prendre la place des best-sellers, il va falloir unir leurs forces … Et puis les révolutions sont toujours l’occasion de règlement de comptes … avec la liseuse du libraire par exemple !



C’est d’ailleurs cet épisode qui donne le ton du roman : un peu ironique, beaucoup cynique, passionnément drôle. Voici donc un dialogue entre livres papier et tablette …



« Tu ne peux pas te déplacer, banane.



- Certes. Mais je peux envoyer des ondes Bluetooth.



[…] Deux mondes irréconciliables et pourtant les textes étaient bien les mêmes. »



A la manière d’un conte pour enfants, mais que seul un adulte peut apprécier tant les références à la littérature sont nombreuses, Bernard Guillot a écrit un roman iconoclaste qui fait exploser les normes de la littérature traditionnelle. Ici les livres volent, se battent, se marchent dessus pour avoir un beau bandeau coloré « Prix Goncourt », etc. Bref, ils sont humains … Surtout quand ils évoquent « cette espérance qui [les] soulève, le désespoir qui s’ensuit lorsque la main agrippe un de [leurs] voisins, et le cœur qui bat quand c’est enfin [eux] qu’elle saisit… ».



On en vient à prendre parti, à encourager tel ou tel camp, et à souhaiter qu’ils réussissent, même si leur rêve ne doit durer qu’une journée, le temps que le libraire reprenne les choses en main. Mais là où l’auteur est bon, c’est qu’il nous fournit un récit parallèle où l’on voit évoluer le libraire, sa jeune aide qui rêve de revitaliser ce commerce, mais également les auteurs des romans frondeurs ! De quoi enrichir la réflexion sur le monde de la littérature, de l’édition et de la librairie.



Roman frais, intelligent, truffé de références – dont la plus énorme n’est pas La guerre des boutons de Louis Pergaud – , c’est aussi un magnifique hommage à la littérature, épinglant au passage les dérives de l’édition actuelle. « L’œil rivé sur leur livre de comptes, ils publiant sans cesse, sur du papier médiocre, des livres voués à l’échec pour couvrir les frais des précédents. »



Au final, un roman qui ne pose qu’une seule question, la plus essentielle, celle que l’actualité littéraire élude gaiement, dans sa frénésie présente :



« – Au fait, qu’est-ce qu’un grand roman ?

[…]

– Disons un livre qui fasse date […].

– Un livre qui fasse autorité, tu veux dire ?

– Ah non ! L’autorité, ça n’a qu’un temps. Et puis, les livres qui font autorité sont des livres qu’on ne lit pas. »
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
Commenter  J’apprécie          160
Sous les couvertures

Que faut-il faire pour sauver une petite librairie de quartier ? Les livres qui ne sont pas mis en avant sont-ils tous destinés au pilon ? Existe-t-il vraiment deux camps opposés, les best-sellers et les autres ?

C'est en substance ce que l'auteur tente de découvrir, avec humour et légèreté. Il permet au lecteur de faire connaissance avec un libraire attachant, mais dépassé, il faut bien le dire, et un groupe de livres (et oui, la librairie s'anime dès la fermeture) qui ne demande qu'à se retrouver sur le présentoir des best-sellers pour avoir une chance d'être achetés et lus.



Les livres sont le reflet de leurs auteurs, ce qui donne des situations assez drôles, et mènent une sorte de révolution où Spartacus aura un rôle à jouer.

En parallèle, on suit de loin la vie du libraire et de son employée - plus jeune et qui a plein d'idées - et celle des trois principaux auteurs des livres rebelles. Ce sont sans nul doute les parties que j'ai préférées. Pour tout dire, j'aurai aimé en savoir plus sur le quotidien d'un jeune auteur qui ne bénéficie pas d'une com tonitruante, qui hante les salons de province où les lecteurs l'ignorent plus ou moins. J'aurai voulu également suivre le libraire un peu plus longtemps.

Même si les bonnes idées fourmillent, les passages liés à la révolte des livres m'ont semblé longuets et bavards.



On retrouve, finement analysés, les portraits des acteurs du monde du livre, le jeune auteur et le vieux libraire, l'académicien et la blogueuse, le business man du livre électronique, tous gentiment égratignés mais croqués avec une certaine affection.



A la fin évidemment, le happy end se dessine. Et cependant, le lecteur - moi en tout cas - est amené à s'interroger et à réfléchir. Suis-je responsable de cette situation puisque, lectrice, j'emprunte en biblio et j'achète d'occasion ? La vente de livres en ligne est-elle seule responsable de la fermeture de certaines librairies ? Les éditeurs font-ils réellement leur boulot ? Je n'en sais fichtre rien.

Et puis si les lecteurs préfèrent les best-sellers, même mal écrits, aux classiques, est-ce mal ? Et comment inverser la tendance.

Le vieux libraire lui-même reconnait que c'est Harry Potter (je ne dis pas qu'il est mal écrit) qui a amené un peu plus de lecteurs dans son antre...



Un dernier regret, même si je sais que ce n'était pas le propos du roman, il aurait été peut-être judicieux de pointer aussi les libraires mal embouchés, pas toujours compétents ou peu serviables (il est des libraires qui préfèrent les livres aux clients, comme certains bibliothécaires :-) qui n'incitent pas non plus à la fidélisation, et le prix de plus en plus rédhibitoire du livre neuf en grand format. Pour les grands lecteurs, ce sont des obstacles non négligeables.



Quoi qu'il en soit, sous ses dehors loufoques, voilà un roman qui aura eu le mérite d'éclairer davantage le petit monde de la littérature, qui me parait chaque jour un peu plus indispensable...





Commenter  J’apprécie          150
L'Abolition des privilèges

Une lecture agréable sur un tournant majeur qui a contribué à construire notre monde actuel! documenté, les personnages prennent vie et le récit montre la mécanique de cette victoire.

On prend la mesure du problème, des positions des uns et des autres.

Bien construit comme un vrai roman. Un exemple où la réalité dépasse parfois la fiction.

Merci à l'éditeur!
Commenter  J’apprécie          140




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Bertrand Guillot (336)Voir plus

Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Roald Dahl ?

James et la ... pêche ?

Fabuleuse
Grosse

10 questions
176 lecteurs ont répondu
Thème : Roald DahlCréer un quiz sur cet auteur

{* *}