En aidant à chacun d’exprimer sa pensée de façon plus exacte, plus précise, plus argumentée, en bannissant les invectives et les propos rudimentaires, j’ai la conviction que l’on facilite le débat et que l’on parvient à faire reculer les violences qui naissent de l’incompréhension.
Pour être le plus audible possible, il faut polir les mots, les sculpter. Plus une information est précise, plus elle ouvre sur un débat, et éloigne de la radicalité.
Il en va de la cuisine comme de la musique : je suis croyant mais hélas non pratiquant ! (p. 44)
𝐶𝑒 𝑞𝑢’𝑖𝑙 𝑛𝑒 𝑓𝑎𝑢𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒
Voici une liste, non exhaustive, des scories qui peuvent gâcher un discours:
[...]
- Les poncifs, les banalités, les lieux communs. Vous pouvez évidemment distiller ça et là des références culturelles, mais il faut qu’elles soient choisies et finement amenées. Par exemple au trop banal « Comme le disait Céline... », préférez « Le docteur Destouches l’avait déjà diagnostiqué : si les gens sont si méchants, c’est peut-être seulement parce qu’ils souffrent ».
Sans idéaliser la foi démonstrative des messes Gospel ou des pasteurs galvanisant les foules, il me semble tout de même qu’à l’heure où l’on prend partout conscience de l’importance de la maîtrise des règles de la prise de parole en public, les ministres du culte pourraient se soucier un peu plus d’éloquence : le message dont ils sont porteurs le mérite assurément, et Jésus lui-même, qui parlait en paraboles pour marquer les esprits, a bien sacrifié avant l’heure à ce qui ne s’appelait pas encore le storytelling !
Je trouve en revanche d’une pédanterie suspecte le mot «revisité » qui pourtant prolifère dans les établissements qui cherchent à se pousser du col. Pour ma part, j’aime assez les versions originales quand elles sont bien faites, et j’ai tendance à ne pas visiter les chefs qui revisitent.
Alors qu’hier le repas n’était que le lieu emblématique des controverses, …. il est aujourd’hui l’objet même de la controverse. Précipité, au sens chimique, des maux contemporains, il cristallise les militantismes, les revendications, les divisions et les craintes qui minent la société. C’est sans doute cela que l’on appelle, de nos jours, une « intolérance alimentaire ».