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Citations de Bill Pronzini (43)


Avant qu'ils n'aient terminé, il avait eu le temps de lui montrer la bibliothèque du rez-de-chaussée - des centaines de livres, tous textes de droit ou traités de politique (pas de fiction, car le Père avait par trop manqué d'imagination, et qu'il était lui-même trop féru d'intrigues pour prendre plaisir aux jeux d'esprit des autres) - puis le bureau.
Ça avait été la retraite de Thomas Jackman et c'était une pièce en tous points masculine, même si elle semblait froide et impersonnelle, comme si elle avait été conçue pour correspondre à une image plutôt qu'adaptée naturellement à la personnalité d'un homme.
Profondes chaises en cuir, estampes représentant des scènes de chasse, art primitif, la traditionnelle tête de cerf accrochée au-dessus de la table en chêne massif...
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Il empoigna la valise et se dirigea vers la porte. Channing qui n’avait pas ouvert la bouche, lui emboita le pas. Proxmire nous attendait dehors. Quand nous sortîmes, il nous rejoignit. Sinistres comme une équipe de vérificateurs de banques, nous suivîmes en file indienne l’allée de graviers, franchîmes la grille et traversâmes la passerelle.
A quelques mètres derrière nos voitures, il y avait un lampadaire qui plaquait un pâle halo de lumière ambrée sur le trottoir de la rue sombre et silencieuse. Je m’installai au volant et Martinetti posa la valise sur le siège à côté de moi.
- Bonne chance, me lança-t-il.
Je m’efforçai de sourire et, avec un mouvement de tête, levai le pouce. Il recula. Je démarrai.
Arrivé un coin de la rue, je jetai un coup d’œil dans le rétroviseur. Ils étaient là tous les trois à me regarder partir, trois silhouettes noires devant la flaque de lumière ambrée. Je pris le virage. Ils disparurent à ma vue. Maintenant, j’étais seul.
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Martinetti fit un signe d’assentiment et, d’un geste lent, il frotta ses yeux au regard hanté.
- Je pensais vous accorder encore un répit de dix minutes, mais il est peut-être préférable que vous partiez un peu plus tôt.
- Peut-être.
J’avais du mal à le regarder en face après la conversation que j’avais surprise au bord du ruisseau.
- Vous savez exactement ce que vous avez à faire ?
Je lui répondis que oui.
De nouveau il hocha la tête.
- Je vous suis très reconnaissant. D’être resté aujourd’hui et de ce que vous allez entreprendre.
- N’en parlons plus.
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Martinetti resta peut-être cinq secondes à me dévisager, sans manifester la moindre expression. Enfin il murmura :
- Merci. Je… Je vous remercie. (Puis il alla ouvrir les rideaux et, l’air soucieux, s’abîma dans la contemplation du paysage.)
Je me rassis, conscient du regard dont Proxmire et Channing me transperçaient. J’aspirai une profonde bouffée de fumée et, sans préavis, fut aussitôt pris d’une de ces satanées quinte de toux, violente et déchirante. Quand elle s’apaisa, Martinetti était de nouveau derrière son bureau. Il m’observait d’un air bizarre. J’avais craché dans mon mouchoir.
- Ça ne va pas ? s’informa-t-il.
- Ce n’est rien, juste un peu de bronchite, répondis-je, sachant bien que ce n’était pas cela.
Mais je ne tenais pas à aborder ce sujet de conversation. Je me relevai pour flanquer mon mégot dans la cheminée et retournai à ma place. L’espace d’un instant, je me demandai quelle opinion ces trois hommes avaient à mon sujet. Mais, en vérité, c’était sans importance et je chassai cette pensée de mon esprit.
- Monsieur Marinetti, j’aimerai que vous me mettiez au courant des événements de la journée. Je n’ai aucune envie de foncer en plein brouillard.
Il acquiesça.
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Je suis lesbienne. Que Dieu me pardonne, je suis lesbienne!
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Qui suis-je ? se demande-t-il . M. Prudent ? M. Voudrais-bien-être-Normal ? M. Araignée-au-Plafond ? M. Personne ?
Je l'ignore, songe-t-il. J'ignore qui est réellement Cameron Gallagher.
Peut-être parce que le vrai Cameron Gallagher est mort en même temps que Rose la pute et Paul le trouillard aux tendances suicidaires, en cette nuit du 4 janvier 1974.
M. Imposteur. Un homme sans la moindre identité, qui habiterait le corps d'un mort.
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- Un homme qui est prêt à prendre deux boulots, qui rêve de se fixer, qui dit qu'il est désolé quand il a aucune raison de l'être et qui estime que c'est pas bien de frapper une femme... j'ignorais qu'on en fabriquait encore des types comme ça.
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Pourquoi treize semaines ?
Pourquoi pas douze, ou trois mois pleins, un chiffre plus conventionnel ? Pourquoi treize ?
L’importance possible de ce chiffre ne m’est apparue que ce matin, pendant que je faisais ma gymnastique. J’ai vérifié dans mon rapport écrit, où j’ai consigné, pratiquement mot pour mot, tout ce que le chuchoteur a dit samedi soir : Dans ce placard, il y a de quoi manger pendant treize semaines.
Ce chiffre doit avoir une signification quelconque, pour que l’homme l’ait choisi comme durée optimale de ma survie. S’agirait-il d’un type que j’ai contribué à faire coffrer et qui a passé treize années de sa vie en prison ? Le petit coin qu’il m’a aménagé ressemble comme deux gouttes d’eau à une cellule : tout ce qu’il contient a une fonction carcérale. Le chuchoteur a peut-être essayé de reproduire à mon intention, dans un microcosme de treize semaines, ce qu’il a été obligé d’endurer pendant treize ans… avec, dans mon cas, la mort en guise de levée d’écrou.
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Rester couché comme ça, passivement, c’est le meilleur moyen de broyer du noir, de s’apitoyer sur soi-même… de fissurer la digue.
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Quoi qu’il arrive, me dis-je, il ne faut pas que je devienne fou, c’est ma priorité numéro un. Et la seule façon de rester sain d’esprit, c’est de vivre dans le présent, minute par minute, une heure après l’autre, au jour le jour. Ne pas penser à l’avenir. Ne pas penser à cet après-midi, encore moins à ce soir, et jamais au lendemain. Ne pas penser à la mort ni à la folie. Croire que je m’en tirerai d’une manière ou d’une autre, ne jamais cesser d’en être convaincu, pas une seconde.
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Mon cerveau se livra à une orgie de visions cauchemardesques. Je fus à nouveau inondé de sueur, ce qui me causa des démangeaisons partout. C’était la réaction des victimes des maniaques homicides qui massacrent les gens en série. C’était la réaction qu’on a quand les portes de l’enfer s’ouvrent et qu’on découvre ce qu’il y a derrière.
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Je pourrais vous torturer avec cette pensée, vous faire croire que j’ai l’intention de m’attaquer à votre amie. J’avoue que c’est tentant… mais je ne crois pas que je vais le faire. En fait, je n’en vois pas l’utilité. Point trop n’en faut, comme on dit. (Nouveau ricanement.) Le mieux est l’ennemi du bien…
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J’avais besoin de cet air, besoin de le respirer. Je commençais à souffrir de claustrophobie, la tête sous le tissu rugueux du plaid. Péniblement, je grattai celui-ci du bout des doigts jusqu’à ce que je parvienne à le saisir et je le tirai suffisamment pour dégager ma tête et mon cou. Le vent me fit l’effet d’un bain de jouvence. Je me tortillai pour me mettre sur le flanc, tournai la tête, la soulevai et avalai l’air froid à pleine bouche.
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Depuis qu’on était ensemble, elle m’avait vu me faire tirer dessus, me faire passer à tabac, m’user moralement, et elle s’était mise à haïr mon genre de boulot. Alors, pourquoi ne pas prendre ma retraite, pourquoi ne pas nous faire plaisir à tous les deux ? L’argent ne posait pas de problème. Les dernières années avaient été bonnes, et j’avais un peu de fric à la banque. L’agence pourrait me verser un salaire fictif, et Kerry fournirait de bon cœur le complément éventuel. Mon orgueil masculin n’en souffrirait nullement, parce qu’il n’était pas question de charité ni d’une incapacité quelconque de ma part. Elle était beaucoup plus jeune que moi, bourrée de talent et ambitieuse : avec un peu de chance, elle ne tarderait guère à devenir associée minoritaire de Bates et Carpenter. Et, de toute manière, nous vivions pratiquement ensemble, nous étions pratiquement mariés, même si elle ne tenait pas à régulariser.
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Kerry se représentait également Bobbie Jean comme une seconde Wanda et elle avait conservé un souvenir encore plus pénible que le mien d’un certain dîner dans le plus mauvais restaurant italien de San Francisco, le dîner en question s’étant terminé en apothéose lorsque Kerry, plus que légèrement éméchée par le vin blanc, avait coiffé la tête vide et la poitrine pleine de Wanda d’une platée de quelque chose ressemblant à des spaghettis à la sauce matelote. Néanmoins, pour me faire plaisir (« On a besoin de compagnie dans la détresse », avait-elle soupiré), elle avait accepté de m’accompagner. En fait, je crois qu’elle était aussi curieuse que moi de voir avec quel genre de pouffiasse Eberhardt s’était acoquiné cette fois-ci.
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Tu veux que tout soit rassurant et bien à sa place. Pas de hasard, pas de risques - même pas des petits. Une vie rassurante, c'est une vie sans intérêt.
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...Sabina était une femme trop séduisante et trop généreuse pour rester longtemps seule et veuve. Il était mélancolique quand il la vit monter à bord d’un wagon de la Central Pacific à destination de l’est – une mélancolie née de quelque chose de plus profond, selon lui, qu’une simple fraternité d’armes.
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Il avait l’impression de sortir d’un abîme où sa culpabilité, aveugle et folle, l’avait précipité. Il commençait à voir les choses différemment, à présent qu’il sortait de cet abîme.
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La consommation régulière d’alcool affecte le jugement, ralentit les réflexes, dispose à commettre des erreurs.
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Chaque chose en son temps. Mais on ne peut laisser personne se mettre en travers maintenant, si près de la conclusion
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