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Citations de Bruce Bégout (93)


Il n'est pas forcément besoin de se déplacer très loin pour voyager. Le détachement vis-à-vis de tout conviction, la capacité d'errer au cœur des apparences délestées du poids des engagements, peut être obtenu en restant sur place ou dans un périmètre proche.
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C’est pourquoi il faut sans cesse faire des listes de choses à tenter, de chocs à envisager.
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Quelque chose qui devait rester discret, qui ne devait pas s'imposer et insister pour elle-même, s'impose.
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Le propre de sa manifestation est la discrétion. Plus elle fonctionne correctement, moins elle apparaît.
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Qu'un air familier enveloppe toutes les choses utiles et leurs interconnexions pratiques est par conséquent une condition de possibilité de leur utilité. Ce qui assure leur bon fonctionnement est cette capacité qu'elles possèdent de ne pas insister mais de se fondre pour ainsi dire dans une ambiance flottante et quasi imperceptible de normalité.
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C'est que, dans l'usage normal, tous les étants disponibles baignent dans une familiarité implicite. Une chose ne fonctionne qu'en tant qu'elle ne se démarque pas du milieu fonctionnel. Du reste, c'est la propriété essentielle des choses utiles et quotidiennes : elles ne font pas preuve de distinction mais se manifestent habituellement dans une sorte d'uniformité indifférente.
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En résumé, la peur face au monde s'avère une façon élaborée et brumeuse de désamorcer l'anxiété plus fondamentale née de l'impossible reconnaissance d'autrui.
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Sa furie ergoteuse flirtait bien souvent avec la folie. U était par exemple capable de descendre de voiture à un feu rouge et de venir expliquer sans ménagement au conducteur qui le précède le caractère dangereux et imbécile de sa conduite. Il pouvait en quelques minutes, au mépris des voitures qui le klaxonnaient et des flots d'insulte déversés sur lui, lui démontrer l'absurdité coupable de son comportement, les risques énormes qu'il prenait, les dangers qu'il provoquait. Et il ne manquait pas d'illustrer son propos avec des chiffres précis, des rapports d'experts, des rappels à la loi, des évocations de cas dramatique. (38)
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Néanmoins le sens de l’ordinaire nous échappe en partie. Semblable à un miroir, il réfléchit tout, excepté cette réflexion elle-même.
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Toutefois cette vie ordinaire ne représente pas seulement pour Orwell un sujet d’étude original. Il ne s’agit pas simplement de mettre en évidence cette vie banale qui passe inaperçue la plupart du temps, mais plus fondamentalement de montrer que cette vie recèle en elle-même, dans son apparente platitude, une valeur capitale pour la compréhension de l’expérience humaine
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C’est cette présence affective que j’ai ressentie en tout premier lieu lorsque je me suis lancé dans mon tour expérimental du monde, les visages ravis ou tendus, les gestes d’impatience, les mouvements d’humeur, les ambiances joyeuses, sérieuses, sereines qui imprégnaient les architectures et en faisaient des lieux humains.
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L’affectivité qui caractérise les ambiances n’épuise pas tous ses modes. Elle se distingue spécifiquement de ce que nous nommerons, d’un côté, l’affectivité vitale et, de l’autre, l’affectivité intentionnelle.
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D'une certaine manière, ce sens moral ne dit jamais ce qui est bien ; il perçoit seulement la nocivité du mal et tente d'en prémunir ceux qui l'éprouvent. Pour cette raison, Orwell voit avant tout dans la décence ordinaire l'expression épidermique d'une résistance à toute forme d'injustice. Elle témoigne du fait que l'homme est mû par autre chose que le seul égoïsme de son auto-conservation. Elle est antithèse sensible de la volonté de puissance entendue ici, en un sens banal et non nietzschéen, comme volonté de dominer. C'est cette répugnance préverbale de l'homme ordinaire qui s'oppose, sous la forme de l'écœurement, à toute espèce de tyrannie. Telle est, pour Orwell, l'unique raison d'espérer en un monde meilleur. Car l'espoir ne se nourrit pas de belles théories sur les lendemains qui chantent, mais surtout sur la capacité humaine de conserver son sens moral en toutes circonstances. À quoi bon rêver d'une société juste et égalitaire si elle ne permet pas à la décence commune de s'y exprimer librement ?
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Bruce Bégout
L’ambiance nous est immédiatement familière, c’est un mot banal que nous utilisons tous les jours. Elle peut être triste, joyeuse, amicale, hostile, etc. : elle rassure ou inquiète, attire ou repousse. Imprègne tous les lieux et les situations de la vie. Elle est là, partout, sorte de dôme invisible sous lequel se déroulent nos expériences. Il en va de l’ambiance comme du temps, tel que le définissait Saint-Augustin : quand on est dans l’ambiance, immergé en elle, on la comprend très bien, mais dès qu’on cherche à la définir, les difficultés commencent.
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Si Orwell insiste tant sur la décence ordinaire ("common decency") des petites gens, c'est aussi pour dénoncer, par contraste, l'indécence extraordinaire des élites politiques et intellectuelles. Il en veut tout particulièrement à une catégorie de personnes qui auraient dû, plus que toutes les autres, faire preuve d'un peu plus de décence dans ses prises de positions publiques : les intellectuels. Tout au long de son œuvre, Orwell n'a eu de cesse de critiquer les intellectuels toujours prêts à braver la morale élémentaire pour légitimer des régimes notoirement tyranniques : «La plupart des intellectuels, pour ne pas dire tous, se sont ralliés à une forme de totalitarisme ou à une autre». Le constat est brutal, mais juste, et nous n'avons pas encore mesuré toute l'indignité intellectuelle et morale qu'il souligne.
Certes, Orwell considère que la richesse prodigieuse de l'aristocratie terrienne et le goût du pouvoir de la classe dirigeante sont en eux-mêmes également indécents, mais, par-dessus-tout, il ne peut supporter la trahison des intellectuels. Souvent issus des classes moyennes, voire du peuple, ils semblaient pourtant être les mieux placés pour préserver à tout le moins une once de moralité dans un monde voué à l'exploitation des masses :

«Lorsqu'on voit des hommes hautement instruits se montrer indifférents à l'oppression et à la persécution, on se demande ce qui est le plus méprisable, leur cynisme ou leur aveuglement.» (Essais, articles et Lettres vol IV).
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«Je pense qu'en conservant l'attachement de son enfance à des réalités telles que les arbres, les poissons, les papillons et (...) les crapauds, on rend un peu plus probable la venue d'un avenir pacifique et honnête, et qu'en prêchant la doctrine selon laquelle il n'est rien d'admirable hormis l'acier et le béton, on contribue à l'avènement d'un monde où les êtres humains ne trouveront d'exutoire à leur excédent d'énergie que dans la haine et le culte du chef.»

Citation de George Orwell mentionnée par Bruce Bégout page 38.
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Là où Joyce et Miller représentent, avec une certaine crudité réaliste, la vie ordinaire, Orwell voit en elle plus qu'un simple matériau littéraire insolite : le modèle indépassable, dans sa fragilité et sa concrétude, de toute vie, ce sans quoi on ne peut concevoir l'humanité elle-même. Et c'est justement parce qu'il la valorise ainsi, qu'il jette sur elle un regard éminemment politique. À une époque qui entendait rénover en profondeur la vie humaine dans tous ses aspects quotidiens, par une mainmise de la technique, de la science et de la bureaucratie, à une époque qui promouvait un homme nouveau, que ce soit l'ingénieur rationnel à la H.G. Wells ou le surhomme totalitaire, bref à une époque qui prétendait dépasser sans scrupules la médiocrité de la vie quotidienne, la décision de valoriser cette vie exprimait déjà une forme d'opposition. Orwell a clairement vu dans le monde ordinaire un pôle de résistance. Car ce monde n'est pas simplement à préserver comme un territoire menacé, mais il est aussi ce qui nous préserve contre la destruction de l'expérience commune et la "mobilisation générale". Ce que les formes tyranniques du pouvoir moderne humilient en effet, ce sont justement ces valeurs ordinaires des gens simples, à savoir ce qu'Orwell nomme, à partir de 1935, la "décence ordinaire" (common decency).
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Je ne serais pas très loin de la vérité, me semble-t-il, si, à celui qui, d'aventure, me poserait la question de savoir ce que j'ai appris à Las Vegas, je répondais tout simplement : "rien". Par là, non seulement je voudrais dire que la ville ne ressemble elle-même à rien, pur chaos urbain, mais je signifierais aussi que je n'y ai rien vu que je n'aie déjà su.
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On en joue, on en vit, et néanmoins il se tient en retrait, à jamais inaccessible. Deus absconditus. Par tous les moyens, les promoteurs essaient de le faire disparaître en tant que chose. De manière concertée, il s'agit pour eux de faire oublier au client la notion même d'argent. Il faut que la monnaie se dissipe, pour ne plus avoir à s'en soucier. Pour pouvoir la dépenser, on doit faire comme si elle n'avait plus de valeur. Dévaluée, elle se prête seulement à des jeux de signe : les faux jetons que l'on échange à l'entrée des casinos. Sans consistance tangible, elle pourra ainsi circuler de manière plus efficace, se déplacer avec aisance et fluidité. Effacer sa valeur symbolique pour mieux recueillir sa valeur marchande. Faire croire au joueur que l'argent ne compte pas, que là n'est pas l'essentiel, que l'important est avant tout de prendre du bon temps.
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Pour tous les promoteurs de jeux et d'attractions de Las Vegas, il s'agit donc à présent de suivre une unique loi : proposer aux visiteurs et aux touristes des expériences. Il ne convient plus simplement d'assister à un spectacle, voire d'y participer, mais d'en faire l'expérience, de devenir soi-même in toto le spectacle, metteur en scène de son propre divertissement. Du moindre repas dans un restaurant à thème à une plongée dans un sous-marin atomique, en passant par la possibilité de jouer, pour un soir et pour cent dollars, un bout de rôle dans sa série télévisée favorite (en l'occurrence Star Treak, au dernier étage de la Stratosphere Tower), tout n'est qu'experiment, tout doit être prétexte à un évènement inoubliable. Considérant sans doute l'âme des clients comme une tabula rasa, les créateurs de Las Vegas ont décidé de la soumettre à une guerre totale faite d'impressions violentes et de surprises sans limite. Toutefois la Blitzkrieg du spectacle doit toujours rester fun.
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