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Critiques de Bulbul Sharma (178)
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La colère des aubergines

"Le père de Priti, debout à une extrémité de la table, un sourire satisfait aux lèvres, les regardait manger tout en se frottant les mains avec componction, et pensait : "De toute leur vie, ils n'oublieront pas cette noce."



Quel goût peuvent bien avoir les aubergines, quand elles sont en colère ?

Quelque chose comme doux-amer...?

C'est sucré par la nostalgie, épicé par une pointe d'humour et une pincée d'ironie, et salé de quelques larmes.

"La colère des aubergines" est un recueil de "récits gastronomiques" - une petite curiosité littéraire assez agréable à déguster avec votre tisane vespérale.



Que sait-on vraiment de l'Inde, cet immense pays arrosé par les sept rivières sacrées, où le système de castes est toujours en vigueur, où la polygamie a toujours existé, où les vaches ont la cote et les divinités sont aussi nombreuses que les jours du calendrier ?

Que sait-on vraiment de la cuisine indienne, mis à part le souvenir d'un oesophage en flammes après la première petite boulette épicée dans un resto indien, qui a irrémédiablement discréditée la suite de la dégustation ?

Personnellement, je n'en savais pas grand-chose...



Mais Bulbul Sharma nous parle de tout ça : du rôle important du repas dans le quotidien de ce pays, des coutumes et des rituels pour préparer des mets aussi délicieux que le "laddu", le "purri", le "khîr", ou carrément le "gulab jamun" (si vous préférez le sucré). Des épices aussi variés que la cardamome, le carvi et le fenugrec, dont déjà les noms ont un goût d'exotisme. Mais elle parle aussi d'hommes et de femmes.



Un plat - une histoire. Sharma nous fait visiter la société indienne moderne; elle nous invite à fouiller les cuisines et à s'asseoir à la table avec les autochtones, pour ainsi dire, et c'est là où le bât blesse un peu...

Donc, je poserais une dernière question:

Comment lire "La colère des aubergines" ? Si on lit le livre avec nos yeux d'occidentaux, on peut facilement s'offusquer de ces castes omniprésentes, de la position de la femme dans la société, du destin de gens sans famille, de ces sempiternels mariages arrangés.

Mais ce serait dommage, d'autant plus que telle n'était pas l'intention de l'auteur. Sharma ne dénonce rien, elle se contente de nous présenter les tableaux de la vie en Inde avec un regard aiguisé, ironie et humour. Alors, il faut peut-être renoncer pour un court moment à notre "occidentalisme" et ses impératifs, et profiter simplement de ces personnages hauts en couleur et de leurs déboires, parfois drôles, et parfois touchants.

Après tout, la vie ici, on la connait. Pourquoi ne pas faire un petit tour en Inde, pour apprendre comment cela se passe là-bas ? Pour côtoyer les hommes en costume, les jeunes femmes en sari et leurs belles-mères, les prêtres qui bichonnent leur voiture et les jeunes qui veulent partir étudier à l'étranger. Et qui se retrouvent tous autour de la même table, pour le meilleur ou pour le pire.



Une lecture reposante et agréable, en fin de compte. Un monde tellement différent, avec des états d'âme tellement proches des nôtres. Les petites tragi-comédies de la vie, avec les recettes en prime.

___________________________________________



Aubergines "bharta"



2 aubergines rondes, moyennes

1 oignon haché

1/2 cuillère à café de graines de coriandre écrasées et grillées

1 piment vert épépiné et haché fin

1 grosse tomate en petits morceaux

1 cuillère à soupe d'huile



Faites grilles les aubergines sur une flamme, en les tournant lentement pour que la peau soit bien calcinée. Puis trempez-les dans l'eau froide pour les peler. Ecrasez bien. Faites chauffer l'huile, ajoutez les graines de coriandre, puis l'oignon haché. Faites frire légèrement, ajoutez les tomates. Joignez-y ensuite les aubergines, mélangez tous les ingrédients et laissez cuire quelques minutes.
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Mangue amère

À table ! J'ai désormais décidé depuis hier de commencer tous mes billets par ce cri de ralliement, un peu comme un rituel familier. Ici ce sera facile puisque ce recueil de nouvelles, Mangue amère, offre une large place à la gourmandise, vient titiller nos papilles gustatives et ne parle que de festins et de femmes. Aïe ! Je vois déjà se dresser les étendards des ligues féministes les plus farouches qui vont lancer vers moi leurs amazones pour venir me tirer les oreilles. Oh oui ! Mesdames ! Tirez-moi les oreilles et même pire, mais je vous en prie écoutez-moi un peu avant, sachez bien que nous sommes ici en Inde, pays de traditions ancestrales, soumis au poids des coutumes.

À la faveur de la cérémonie d'anniversaire des funérailles de Bhannai Jog, Badibua et quelques autres femmes parmi ses amies sont affairées dans la cuisine, à éplucher les légumes pour les plats qui seront servis lors de la cérémonie qui va suivre.

Brusquement l'une d'elles, Malarani, évoque le souvenir d'une pauvre fille malheureuse, ce qui lui est arrivée comme malheur à cause de son mariage...

« Les femmes savaient qu'une histoire allait commencer et s'installèrent pour écouter. Elles étendirent leurs jambes pour être plus à l'aise, sans pour autant cesser de découper et de nettoyer. C'était la première histoire de la matinée et elles espéraient toutes qu'elle ne serait pas trop triste. Plus tard il y en aurait des tristes, des douces, d'amères et de furieuses. Chaque femme raconterait la sienne.

Cinq histoires pendant qu'elles découpaient les légumes, une pendant qu'elles décortiqueraient le riz, et peut-être deux pendant qu'elles remueraient le beurre clarifié. Il y avait parfois assez de temps pour une dernière après le repas, quand toute la maison était endormie. Personne ne pouvait savoir avec certitude combien d'histoires une journée pouvait renfermer. »

Bien sûr, ici nous parlons de poulet au curry, de chutney de mangue, du doux parfum du basilic, celui de la coriandre et du gingembre...

Vous me connaissez, vous connaissez ma discrétion légendaire, je me suis glissé dans cette cuisine avec la discrétion qui me sied et je me suis senti parmi toutes ces femmes comme un poisson dans l'eau. Aussi je vous narre mon ressenti de tout ceci.

Des odeurs, des saveurs, des voix aussi, des coeurs qui palpitent, des froissements de sari... L'Inde que j'aime venait à moi, celle découverte à la faveur d'un voyage en 1989, traversant le nord du pays, du Penjab au Cachemire, de Delhi à Bénarès en passant par la mystique Agra où je me suis fait prendre en otage par des Sikhs durant tout un après-midi... Je vous raconterai cette histoire plus tard. Il a d'ailleurs fallu que je me mette à table...

Je me souviens de ces odeurs, elles me sont revenues comme si c'était hier, les odeurs de la rue, des quartiers, des arrière-cuisines, des boutiques, des restaurants... Je me souviens de la première fois que j'ai goûté un plat indien là-bas, de la première bouchée qui m'a incendié l'oesophage, transformé le visage en celui d'un gecko...

L'Inde m'est revenue ici comme un voyage intérieur à défaut d'y retourner un jour, ce pays qui m'avait fortement bousculé et je crois bien qu'il n'y a pas un jour, ou presque, sans que j'y pense encore...

Ici ce sont des voix de femmes qui racontent des histoires d'autres femmes, ce sont des femmes qui parlent, qui écoutent, elles sont entre elles dans ce moment intime, protégé du regard des hommes. Il y a cette belle sororité qui résonne dans cette polyphonie. Elles s'appellent Maya, Jamini, Hema, Gita, Soni, Shashi, Nanni, Badibua, Sharada... Elles me sont devenues comme des soeurs...

Ces nouvelles nous font pénétrer dans des univers qui évoquent de jeunes femmes mariées, mal mariées le plus souvent, de gré ou de force, souvent de force, bousculées dans leur nouvelle vie, parfois exilées, trompées, bafouées, bannies et tout ceci souvent au nom de la sacrosainte tradition, où les hommes se taillent la plus belle part du gâteau...

Ici ce sont des histoires qui parlent d'humiliation, de jalousie, de rebuffades, de vengeance, de douleurs aussi...

Cependant, malgré le poids des coutumes, des convenances, ce sont des femmes qui parlent des autres femmes, celles qui luttent chaque jour contre la violence qu'on leur inflige. Souvent la belle-famille de ces femmes est là dans l'ombre du mari, avec ces regards hypocrites qui renforcent encore plus le poids de cette soumission...

Le propos de l'autrice, Bulbul Sharma, est plutôt léger, s'emparant de situations dramatiques avec dérision. Il n'empêche que...

L'écriture est fluide, généreuse, on pardonnera quelques maladresses dans la construction narrative...

J'ai aimé ce voyage épicé en compagnie de ces femmes indiennes qui ne l'étaient pas moins. Leurs voix me parlent encore...

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Mangue amère

Dès les premières pages, je me retrouve au milieu d’odeurs, de parfums, de couleurs et de femmes. Un harem ? A mon grand désarroi, en fervent passionné de tantrisme, je suis juste au sein d’une cuisine familiale où ça popote autant que ça papote. Un grand repas s’y prépare, aux souvenirs et à l’anniversaire des funérailles, peut-être les miennes, d’ailleurs, qui sait… Le temps de goûter à la saveur d’un curry orangé, je prends part à ce partage, littérature indienne au menu du jour. Cela fait longtemps que je n’ai pas posé mes sabots poussiéreux dans un restaurant indien. Encore plus d’avoir ouvert un bouquin indien en dehors des recettes de curry et de cuisine. C’est dire l’expérience, aussi excitante qu’une orgie dans un ashram ou qu’un air de Ravi Shankar dans un festival hippie au lever du soleil.



Et entre les épluchures et le frémissement de l’eau, l’Inde vient à moi, histoire de me chatouiller les narines et de me distiller un peu de sa culture. Je découvre, j’apprends, je sens.

Des filles et des femmes indiennes qui me content leur pays, leur difficulté, leur reconnaissance dans une société où la femme n’a que peu de considération au sein même de sa propre caste et maison. Mieux vaut pour elle savoir préparer un curry que de faire des additions ou apprendre l’anglais. Et que dire alors des femmes exilées qui elles non plus, perdues entre ses traditions et les pratiques d’un nouveau pays difficiles à appréhender, ne trouvent pas vraiment une place désirable. Les départs ou les retours sont souvent sources d’incompréhension dans les deux sens. Quand la culture et le devoir s’entremêlent, il est difficile de trouver sa voie, d’avancer sur son propre chemin.



D’ailleurs depuis la lecture de ce roman, j’ai arrêté le café, je suis passé au Chaï Latte, séances de yoga et cours de tantrisme. Merci de cette belle découverte, si j’en crois ma mémoire vieillissante, c’était mon premier roman indien, pourtant adepte de râgas depuis longtemps.
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Mes sacrées tantes

Huit nouvelles de l'exquise écrivaine Bulbul Sharma.Déjà le titre "mes sacrées tantes",(v.o."my sainted aunts"), donne le ton.

Huit histoires de femmes indiennes qui voyagent, seules, en famille,pour aller voir un fils, se marier, pour échapper à un crime qu'elles croivent avoir commis, fuir une belle-famille tyrannique...voyages salvateurs ou non , mais qui changeront à jamais leurs vies.Des voyages aussi dans le temps ("Jusqu'à Simla en tonga",se déroule dans la premiére moitié du siècle dernier).

Des histoires qui racontent le drame du quotidien régit par la tradition que ces femmes essaient de contourner avec courage. Cette tradition qui donne froid dans le dos,comme le destin terrible des veuves, les mariages arrangés à l'âge infantile ,obligation de la femme mariée de vivre avec les beaux-parents,à la solde de ces derniers....

Écrites en 1992, je pense qu'en vingt-cinq ans le sort des femmes a quand même évolué,bien que la base de la tradition est toujours présente.

Certaines nouvelles peuvent paraître longues pour qui n'est pas indophile, mais saupoudrées d'une bonne dose d'humour, elles sont trés, trés agréables à lire!
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La colère des aubergines

Recueil de nouvelles autour de la gastronomie indienne, ce livre nous plonge dans le quotidien des repas pris par les indiens.

Fascinée et captivée par cette culture, j'avais hâte de découvrir les secrets de fabrication des mets particulièrement épicés ou sucrés préparés par des hommes ou des femmes dont nous partageons quelques instants de vie.



J'ai une réelle passion pour les ouvrages qui évoquent les plats cuisinés. J'aime bien lorsqu'un auteur nous fait partager son repas ou la conception d'un plat.



Par contre, autant j'ai pris du plaisir à lire ces nouvelles, autant après quelques jours, les histoires évoquées sont devenues vagues.



À découvrir pour les amoureux des livres de recettes !
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La colère des aubergines

Il y a plusieurs stades dans la connaissance de la cuisine indienne. Au premier niveau, c'est un continent immense et complexe. Au deuxième niveau on comprend qu'après avoir jeté dans un liquide gras et chaud des épices presque au hasard on peut rapidement faire cuire à peu près n'importe quoi et obtenir un curry maison acceptable. La lecture de ce (forcément délicieux) recueil permet peut-être d'accéder au troisième niveau.



Treize nouvelles dont les péripéties sont minimes, pour décrire des facettes de la société indienne, toujours incluant la gourmandise, parfois la quête du raffiné, voire du parfait. Peu ou pas d'action, ce sont plutôt des portraits de groupe (avec femme), des analyses de relations souvent intrafamiliales, parfois carrément étranges à mes yeux. C'est que, si en tant que français, donc gourmand, je partage avec Bulbul Sharma ce goût de la cuisine et des repas en commun, certains fonctionnements indiens me sont absolument étrangers.



L'Inde de ce recueil a des aspects modernes, on y fait fortune aux États-Unis, la technologie de pointe y est connue, les jeunes bonzes font des études et chaussent des baskets, semblent assez matérialistes. Elle a des aspects proches de la Nature comme je m'y attendais : la végétation et les animaux sont très présents et respectés. Mais ensuite les choses se gâtent, qu'on veuille bien excuser les lignes suivantes où mon point de vue occidental, républicain et laïque va ressembler à un jugement de valeur. La révérence permanente devant la religion et les traditions me gène déjà un peu. Le statut non discuté de l'homme qui commande (tout en obéissant à sa mère) et de la femme qui trime me perturbe, on parle de dot, on envie l'homme qui a eu six épouses, tout en se moquant de lui, sa richesse le lui a permis. La hiérarchisation entre possédants et domestiques, les différences de richesse et de statut qui semblent naturelles et inamovibles me choquent, mais elles me semblent incompréhensibles et presque insupportables quand je réalise que les castes sont encore présentes et leurs limites parfois infranchissables. Et je crains qu'il ne s'agisse d'un constat sans ironie, pas d'une peinture forcée pour inciter à la réflexion.



Malgré tout cela, dans la bonne humeur ou dans la guerre domestique, ce livre très vivant peut être enthousiasmant ; à sa lecture j'imaginais des odeurs presque à chaque page, je me sentais saliver ou désespérer de mes propres envies de goinfre. Bulbul Sharma m'a attrapé par la langue, le nez, l'estomac et finalement par bien des parties du cerveau, pour un plaisir gourmand.
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La colère des aubergines

Ce recueil est composé de 13 nouvelles, chacune avec un titre qui font sourire ou saliver avec leurs métaphores culinaire. Et que l'auteur clôt avec une ou plusieurs recettes indiennes qui peuvent donner des idées.



Ces nouvelles narrent les destins de femmes très différentes. Leur vie est vue à travers le prisme de leur rapport à la nourriture ou à la cuisine : du rituel pour les fêtes (comme Divali), au jeûne, ou à la nourriture qui sert à compenser l'affection d'un mari donne à sa maîtresse plutôt qu'à sa femme, ... et bien d'autres cas encore à découvrir dans le cercle très fermé que constitue la famille indienne.



Si la nourriture exprime ce que les personnages ou les mots ne peuvent exprimer par pudeur (typiquement indienne, et asiatique), Bublbul Sharma aborde aussi des sujets plus profonds et plus graves qui touchent la société indienne : diaspora aux Etats-Unis ou en Angleterre, traditions aux dépends des femmes (veuves) qui sont souvent perçues comme de vulgaires biens de consommation (moins importantes que des vaches qui elles sont sacrées !) utilisables jusqu'à ce qu'elles deviennent trop vieilles. Une vision si archaïque qui n'a pas permis aux personnages de dépasser...la cuisine !



Il me semble avoir lu des histoires semblables chez Jhumpa Lahiri, mais avec des situations plus travaillées - peut-être à cause de son statut d'expatriée ?

Un recueil qui ne me laissera pas une goût impérissable.



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Balades indiennes

Ce petit livre offre deux nouvelles assez longues de Chitra Banerjee Divakaruni, une de Anita Nair et enfin, une toute petite de Bulbul Sharma. Le thème est commun, celui de la place de la femme dans la société indienne, le poids des traditions et la difficulté à s'en libérer même en partant de ce pays...Et oui, on traîne toujours des valises trop lourdes ! La place de la conjugalité, l'idéalisation du "bon mariage" puis la déception et la soif d'exister en dehors de ce statut d'épouse ou de fille représentent le cœur de ces nouvelles. Pas vraiment de surprise pour qui a déjà lu ces auteures car c'est le sujet récurrent. J'y ai retrouvé le goût des épices (et même des recettes ), les couleurs chatoyantes des saris, l'importance des liens de proximité et de connivence entre cousines, amies, bref entre femmes ! Mais tout ceci avait un goût de déjà dégusté. La dernière nouvelle , bien que sur le même thème se différencie des autres par son angle d'approche puisque nous découvrons un homme coincée entre sa femme et sa mère, toutes deux obnubilées par la rivalité à le nourrir !
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Mangue amère

A l'occasion de l'anniversaire de funérailles, des femmes de tous âges et de toutes conditions se réunissent, afin de préparer les mets préférés du défunt.



C'est l'occasion qu'elles attendent toutes. Pendant l'élaboration des recettes, l'épluchage des légumes, et la préparation des curry, elle vont pouvoir livrer chacune leur tour une histoire. Des tranches de vies épicées, sucrées, salées et parfois douces-amères qui nous plongent de plein pied dans la culture indienne, et la condition de vie de ces femmes.



Même si elles ont été asservies dès leur plus jeune âge, elles ont du caractère et au fond d'elles un certain esprit d'indépendance. Certaines sont même très rusées, et je ne suis pas certaine que ce soit leurs maris qui mènent la barque.



A lire
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La colère des aubergines

Un joli livre qui ouvre l'appétit! L'auteure Bulbul Sharma partage avec nous des recettes de cuisine indienne avec parfois quelques petits traits d'humour précédés de nouvelles qui tournent toutes autour de plats traditionnels. Elle y aborde ainsi les mariages mais aussi les funérailles, la fête de Dîvali, ou de simples repas en couples ou amis, de courts récits qui nous transportent au coeur des coutumes indiennes de la fin du XXème siècle, non sans cynisme, ironie ou moquerie quant aux relations entre les membres d'une famille ou entre les hommes et les femmes et personne n'en sort vraiment indemne.

Au coeur de ces récits, les allusions aux plats mettent l'eau à la bouche, titillent les narines par leur force d'évocation et donnent vraiment envie de se plonger littéralement entre les mots pour tout goûter!

J'ai aimé ces pans dévoilés de la société indienne mais j'ai été très surprise à la lecture de la nouvelle qui donne son nom au livre, La Colère des Aubergines: je mettrais ma main à couper qu'elle est une adaptation, pour ne pas dire un plagiat d'une nouvelle de Rabinatah Tagore, en tout cas j'ai déjà lu une histoire tout-à-fait similaire dans le passé: un homme divorcé revient une fois par semaine manger les plats que son ex-femme lui prépare, selon un accord tacite, et ceci malgré les dommages que cette cuisine délicieuse mais riche provoque sur son système digestif.

A part ça, un livre très plaisant et appétissant.
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Maintenant que j'ai cinquante ans

Elles ont toutes cinquante ans. Cinquante ans : le moment du basculement, de la révélation, ou de la prise de conscience. Ou de tout ça à la fois. Elles ont cinquante ans et sombrent dans la maladie mentale, meurent soudainement, apprennent à danser la salsa, parlent à un inconnu, quittent leur mari ou regardent avec tendresse leur vieille robe de chambre. Pour beaucoup d'entre elles, c'est l'heure de la liberté qui sonne enfin, après de longues années d'une vie régie par les contraintes sociales et familiales et qui les a étouffées. Pour certaines, c'est juste le temps d'une pause introspective - et c’est déjà pas mal. Pour d'autres enfin, c'est le point de non-retour.



Bulbul Sharma revient encore une fois, à travers onze nouvelles, sur son sujet de prédilection : la condition des femmes indiennes. Pourtant, on n'est ni dans le ton triste de Mangue amère, ni dans l'ironie mordante de Mes sacrées tantes ; l'auteure, de recueil en recueil, sait très bien jouer sur les variations pour aborder à chaque fois de manière différente sa thématique dominante. Ce qui est spécifique à ce recueil-ci, c'est, je crois, le cadrage sur les relations familiales, et particulièrement sur les relations de deux individus au sein d'une même famille : mari et femme, mère et fille, et, surtout (!), belle-mère et belle-fille (apparemment la pire des relations qui soit, en Inde). Mais ce qui m'a marquée, c'est que l'étude de la pression familiale (qui peut aller jusqu'à la destruction d'une identité), bien que confinée au cadre de la société indienne, trouve ici une portée universelle. D'ailleurs, je retrouve dans les belles-mères de Bulbul Sharma une certaines ressemblance avec quelques femmes de ma famille, particulièrement celles issues des deux côtés de la Méditerranée... Mais j'ai surtout été frappée par l'analyse très juste des relations familiales étouffantes, qui s'applique, je pense, aux sociétés du monde entier - ou presque. Et la première nouvelle, qui donne son titre au recueil, en est une représentation terrible, via un récit fantastique et l'histoire d'une femme qui se laisse écraser par sa mère et développe une pathologie schizophrène - du moins c'est ce qui m'a semblé. Une autre particularité du recueil tient au fait que toutes les nouvelles ont pour cadre des familles très aisées (et même riches), ce qui permet à l’auteure de donner à voir une société très inégalitaire. Mais le sujet est plus effleuré qu'exploité, car l'enjeu, pour Bulbul Sharma, n'est pas là. Pas entièrement, en tout cas.



À l'opposé de l'histoire qui ouvre le recueil, la plupart des nouvelles sont plutôt d'un ton optimiste et évoquent une émancipation tardive, mais bien réelle et durable. Certaines histoires sont très classiques, comme le coup de la femme qui quitte son mari du jour au lendemain pour changer de vie, ce qui est peut-être le plus grand reproche que je pourrais faire à l'auteure. D'ailleurs l'idée de la cinquantaine comme tournant d'une vie n'est pas extrêmement originale. Et, surtout, je trouve les deux dernières nouvelles d'une qualité moindre : le scénario est peu facile et la toute dernière, surtout, est écrite dans un style plat et répétitif qui sent le bâclé. Heureusement que la phrase finale rattrape un peu le tout ! Mais j'ai aimé les neuf autres nouvelles, et tout particulièrement La robe de chambre en velours rose : un petit moment de douce introspection et de poésie qui parlera sans doute à beaucoup de lecteurs. Toutes proportions gardées, c'est la touche quelque peu proustienne du livre. Robe algérienne en dentelle un peu kitsch ou chatoyant costume de velours violet des années 70... Je crois que nous sommes nombreux à avoir une robe de chambre rose qui dort dans nos placards.
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La colère des aubergines

J’avais beaucoup aimé "La vie troublée d'un tailleur pour dames", une écriture rafraîchissante et pleine de fantaisie.

"La colère des aubergines", emprunté un peu par hasard, est surprenant : c’est un livre de cuisine ! Un livre de cuisine agaçant d’ailleurs, car il n’y a pas une seule recette sans au moins un ingrédient introuvable : allez donc chercher de la poudre de mangue ou du "lait concentré séché"(à part en Inde, ou probablement à Londres où vit Bulbul Sharma).

Mais bien sûr, "La colère des aubergines" est également un recueil de nouvelles, dont chacune des recettes est l’héroïne tour à tour.

Toutes racontent avec brio des histoires de famille, des scènes domestiques drôles ou grinçantes. Souvent grinçantes d’ailleurs, car l’autrice épingle assez férocement le système des castes, l’exploitation des plus pauvres ("Comment pourrais-je me marier ? Qu’est-ce que la famille penserait de moi ?" s’exclame Bala, la parente pauvre et corvéable à merci, lorsqu’un amoureux fait sa demande), le snobisme et le racisme de la bonne société indienne ("Pas laide, elle a juste la peau un peu foncée.")

Quant à la place des femmes, elle est évidemment centrale dans les nouvelles, car la cuisine est leur domaine, leur fierté, leur dignité. Centrale, mais pas meilleure pour autant : "Enfants et serviteurs avaient droit à une demi-ration, les femmes un peu plus, et les hommes adultes recevaient de généreuses quantités de tout."

Fierté placée aussi dans la dot qu’elles apportent à leur belle-famille : "Madame Kumar avait apporté une dot substantielle, qui avait financé l’éducation de son mari dans une université étrangère prestigieuse ainsi que l’acquisition de son premier costume, de sa montre Rolex et de sa voiture."

Aptitudes culinaires, capacité à produire des fils, poids des traditions, auxquels la modernité ajoute son lot d’injonctions : être mince, rester jeune, avoir un type de beauté occidental ("Vous, les jeunes, vous n’avez plus aucune force dans les bras depuis que vous vous épilez à la cire.")

Une écriture rafraîchissante et pleine de fantaisie ? Euh… finalement, assez percutante et désespérante, aussi.

Traduction impeccable de Dominique Vitalyos.

Challenge ABC 2022/2023

Challenge Globe-Trotter (Inde)

LC thématique de novembre 2022 : "Videz vos PAL !"
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La colère des aubergines

"Je viens de retrouver tout au fond de ma PAL, ce délicieux petit livre.

Comment est-il arrivé là ? Mystère !

Je ne me souviens pas l’avoir acheté, ni qu’on me l’ait offert.

Peut-être m’a-t-il été recommandé ou ai-je été séduite par sa couverture colorée.

Mais au fond quelle importance.

Ce qui compte, c’est le plaisir que j’ai pris à cette lecture.

Oui, je l’ai déjà dit, ce texte est délicieux, par les histoires que nous raconte Bulbul Sharma, mais aussi par les recettes proposées à la fin de chaque chapitre.

Au fil de ces histoires on comprend l'importance et le rôle déterminant de la nourriture et des femmes qui la préparent. Souvenirs d'enfance, secrets de famille, tradition, religion, cuisine... petit à petit l'Inde se dévoile. Des odeurs subtiles de mangues, de currys, d'aubergines frites et de gingembre se dégagent de ces pages.

Un pur régal !



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Mes sacrées tantes

Même sujet général que dans Mangue amère : l'Inde, sa société, ses traditions, ses conventions, et le poids qui pèsent sur les individus, hommes et - surtout - femmes. Or, si Mangue amère sombrait dans une ambiance triste où il semblait que chaque destin était joué d'avance, le ton de Mes sacrées tantes est résolument humoristique. Ce qui ne veut pas dire que la société décrite soit plus indulgente pour ses membres, mais qu'elle est observée d'un œil différent.



Ici, l'émancipation est encore possible. Ce n'est pas toujours très clair, mais il me semble que la plupart des histoires prennent place dans une Inde encore colonisée, d'où peut-être cette vision d'un espoir à venir, et non d'un futur inéluctable. Car l’émancipation peut être familiale, individuelle, collective, politique.



Le corset des traditions n'en est pas moins pesant, mais l'on voit, par exemple à travers le portrait de vieilles femmes d'un abord revêche, à l'air insupportable, comment on peut s'en jouer tout en maintenant une apparence de parfaite respectabilité. Car, en Inde comme ailleurs, suivre les règles de la société, c'est avant tout une question d'hypocrisie.



Les odeurs de cuisine, très présentes dans Mangue amère, m'ont quelque peu manqué. Mais j'ai beaucoup aimé le ton ironique de Bulbul Sharma et la fin de la seconde nouvelle m'a fait éclater de rire. Ce qui n'est pas si courant lorsque je lis un livre !
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Mangue amère

J'ai largement plus apprécié ce roman Mangue amère que le recueil de nouvelles La colère des aubergines. L'écriture est plus travaillée, plus fluide.

Bulbul Sharma nous fait le portrait de femmes qui malgré le poids des coutumes, des convenances, luttent contre la violence qu'on leur inflige. En Inde comme partout le statut de femme est difficile à porter. Toujours à devoir se soumettre à une autorité masculine, en Inde la femme est soumise aussi à sa belle famille. A travers la cuisine, les odeurs, les couleurs et les textures, Bulbul Sharma nous conte les histoires des femmes indiennes au quotidien.

La culture indienne est au centre de ce roman.
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Mangue amère

Des femmes se retrouvent pour préparer un grand repas en l'honneur d'une personne décédée, c'est donc l'occasion de de se raconter des histoires et pour le lecteur de plonger au cœur de l'Inde, de sa culture et de sa gastronomie.

On passe du rire aux larmes car si certaines nouvelles sont drôles, d'autres sont tristes ou émouvantes : "Petit a petit , elles déversèrent leur mal du pays avec les tasses d'eau chaude, jetèrent leur solitude avec le riz basmati, saupoudrèrent leurs rêves oublies et leur déceptions avec le sel. Quelques larmes mouillèrent les petits pois, les carottes et les haricots, mais les pommes de terre furent teintées d'éclat de rire. Puis elle hachèrent leur tristesse en petits bouts fins, presque invisibles, et la mélangèrent a la cannelle, la cardamone et la poudre de clous de girofle."



Toutes ne sont pas égales et j'ai beaucoup aimé 3 nouvelles en particulier : Cette femme qui tuent son mari en lui faisant manger des plats gras et riche m'a fait rire, l'histoire des trois veuves qui vivent en Angleterre et qui se retrouvent pour préparer un plat, ou encore l'histoire de ce couple pauvre qui vivent dans une grande maison délabrée que leur fils voudraient voir vendre.



L'écriture est très belle et donne de la fluidité au recueil.

"Certaines femmes ont la main trop lourdes avec l’assaisonnent. Elles se contentent de jeter le sel et les piments dans le plats sans cesser de bavarder, ou en pensant a autre chose. Une femme doit avoir le cœur et l'esprit calmes et apaisés au moment de saler. Vous pouvez découper les légumes aussi fins que des pétales, broyer toutes sortes d'épices jusqu'à ce qu'elles puissent traverser un tissu de mousseline, , si vous ajouter trop de sel ou pas assez, tout est complètement raté"



Un seul regret, qu'a la fin du livre, on trouve pas quelques recettes car tous les plats ont l'air très savoureux
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Mes sacrées tantes

Il y a un peu de Tatie Danielle version hindoue et beaucoup d'humour à la manière de "trois hommes et un bateau" dans ce recueil de nouvelles qui nous présentent le visage de L'inde actuelle à travers des femmes très différentes. L'art de la nouvelle consiste ici à ciseler des portraits aussi riches que chaleureux, dans situations originales, et à nous montrer le rapport des femmes hindoues avec leurs maris. Pleins d'humour, chaleureux et humains, ces textes nous entraînent dans les profondeurs de l'Inde, celle non seulement des rites et des traditions, mais aussi celle des usages de la vie quotidienne, des petits gestes et des habitudes, de tout ce qui compose une existence aux détours parfois inattendus. Ce livre se savoure comme un plat délicatement épicé , c'est un régal !
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La colère des aubergines

Je suis un peu déçue par ce recueil de nouvelles. J'adore pourtant le principe. Nouvelles sur le thème de la cuisine, gastronomie et des recettes qui viennent compléter la fiction. J'ai déjà lu d'autres livres sur ce principe qui m'ont séduite. Mais là je n'ai pas accroché avec le style de l'Autrice. Les histoires ne m'ont pas spécialement marquée ni touchée. Ça me laisse un goût d'amertume car j'aime la culture indienne et je pensais me régaler à la lecture de ce recueil. Puis déçue qu'il n'y ait pas la recette des naans.
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La colère des aubergines

S'il n'est pas rare que des écrivains, au fil de leurs oeuvres, décrivent, dans une narration très détaillée, banquets ou repas de noces, il est plus inhabituel que l'oeuvre en elle-même soit centrée sur la nourriture et la préparation des repas. Ce qui fait de la colère des aubergines une curiosité dans le monde de la littérature. A travers de courtes nouvelles Bulbul Sharma nous ouvre la porte des cuisines indiennes. Le fumet des plats de tous les jours comme celui des cérémonies de mariage montent des pages au fil de la lecture. Mais pour ne pas nous laisser sur notre faim devant d'aussi appétissantes descriptions, l'auteur a eu la bonne idée d'ajouter à la fin de chaque récit la recette du plat qui y est mis à l'honneur, nous permettant ainsi de prolonger le bonheur de ces délicieuses découvertes.
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Maintenant que j'ai cinquante ans

Les femmes des histoires de Bulbul Sharma viennent de fêter leurs 50 ans et sont indiennes. Pour chacune d’entre elle, cet anniversaire constitue un moment charnière. Rano, martyrisée par une immonde belle-mère, a dû attendre la mort de cette dernière pour connaître la liberté. Pour une autre, la cinquantaine a coïncidé avec le départ de son mari, parti roucouler avec son secrétaire Monty. Mahun, elle, a quitté son époux afin de s’émanciper. Suhda, veuve, a brisé les convenances et choqué sa belle famille en fréquentant un homme rencontré au parc. De son coté, Madhu découvre son conjoint dans les bras de prostitués pendant un séjour en Thaïlande censé célébrer leur anniversaire de mariage tandis que Meera refuse catégoriquement toute union, au grand désespoir de sa mère…



Onze nouvelles où Bulbul Sharma déroule cette petite musique si agréable qui la caractérise. Les femmes qu’elle met en scène sont pour la plupart issue d’une bourgeoisie cossue. Les enfants ont quitté la maison, le mari (quand il y en a un) est depuis longtemps indifférent et les belles mères sont immondes. Certes, ce demi-siècle n’est pas forcément synonyme de « cinquantièmes rugissants ». Ces femmes restent de bonnes hindoues respectueuses des traditions mais leur forte personnalité est une porte d’entrée vers l’épanouissement. Difficile cependant d’avoir sa propre existence quand on ne travaille pas et que l’on ne dispose pas de l’argent du ménage. Pas question non plus de divorcer, là encore, le traditionalisme l’emporte. Il n’empêche, ce basculement de « l’après 50 ans » sonne comme une révélation : et si la vie ne faisait que commencer ?



Les différents textes ne sont pas du tout redondant. Certains jouent sur le registre de l’humour, d’autres sont plus graves. Tous sont traversés par quelques notes de poésie permettant de relativiser des situations parfois difficiles. Autre constante, les femmes du recueil se révèlent aussi sympathiques qu’attachantes. Il leur aura fallu attendre cinquante ans pour briser les carcans et écouter leurs désirs, pour comprendre aussi que leur pays a changé doucement et que les pratiques d’antan, si elles restent la panacée, sont de plus en plus bousculées par un souffle de modernité salvateur.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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