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Citations de Caleb Carr (95)


Il y a probablement une façon bien tournée de commencer une histoire comme celle-là, une accroche habile pour attirer les gogos plus sûrement que le meilleur bonneteur de la ville. Mais la vérité, c'est que je n'ai pas la langue assez bien pendue ni l'esprit assez vif pour ce genre de jeu. Les mots n'ont pas joué un grand rôle dans ma vie, et si, avec les années, j'ai rencontré un grand nombre de ceux qui passent pour les grands penseurs et les beaux parleurs de notre époque, je suis resté ce qu'on appelle un homme simple. Et une façon simple de commencer me conviendra parfaitement.
La première chose à faire, pour rester dans la simplicité, c'est d'expliquer pourquoi j'ai fermé la boutique un soir où j'aurais pu me faire encore pas mal d'oseille. Un de ces soirs superbes que j'adorais, dans le temps, un soir où on peut s'asseoir sur le trottoir en manches de chemise et regarder tout ce qui se passe en soufflant la fumée d'une bonne cigarette vers les étoiles, au-dessus de la ville, en pensant que ça vaut peut-être le coup, finalement, de vivre dans cet asile de fous. La circulation - des automobiles et des camions à essence, qui se mêlent maintenant aux vieux canassons tirant des charrettes et des calèches - a ralenti un peu vers minuit; bientôt, ces messieurs-dames d'après le souper sortiront de l'Albertmarle Hotel et du Hoffman House pour venir acheter leurs cigarettes de luxe. Ils se demanderont pourquoi j'ai bouclé si tôt mais ne tarderont pas à se diriger vers une autre boutique, et, après leur passage, le calme reviendra autour du majestueux Flatiron Building.
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Mais l'évènement qui se produisit à la fin du mois nous mit face à une horreur d'un type nouveau, engendrée non par le sang, mais par les mots et qui, à ses façons, était aussi terrible que ce que nous avions déjà rencontré
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Bien entendu, les défenseurs de la vertu et les disciples de la dégénérescence sont souvent les mêmes personnes
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Mais ici, rien ne semblait anormal, pas plus la danse du linge gelé que le ballet furtif des spectres qui désertaient les noirs pas de portes pour s’aventurer dans les allées obscures, vêtus de sombrez hardes, foulant de leurs pieds nus l’amalgame verglacé d’urine, de suie et de crottin qui couvrait le sol.
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C'était le ravissement devant l'aspect d'un crime totalement différent, totalement inédit.
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Lucius tenait dans les bras une énorme jarre en verre où flottaient, dans un liquide qui ne pouvait être que du formol, des yeux humains. Certains avaient encore leur ganglions de nerfs optiques, d'autres étaient lisses et ronds. Certains paraissaient frais, d'autres laiteux et manifestement plus anciens. Il y en avait des bleus, des marron, des noisette, des gris et des verts. Mais ce n'était pas découverte des yeux, ni leur état, qui avait étonné Marcus, je le comprenais à présent. C'était leur nombre. Car la jarre ne contenait pas seulement les dix globes oculaires des cinq garçons assassinés, ni même les quatorze qu'on obtenait en leur ajoutant ceux des enfants Zweig. C'étaient les dizaines d'yeux de plus d'une vingtaine de victimes.
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A partir de maintenant, nous devions nous efforcer de nous défaire de toute idée préconçue sur le comportement humain. De voir le monde non avec nos propres yeux, ni à l'aune de nos propres valeurs, mais à travers ceux du meurtrier. Son expérience, le contexte de sa vie, c'était cela qui comptait.
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La peur, c'est rien d'autre que du bon sens, des fois. (p. 420)
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Les théories de l'aliéniste ouvraient des perspectives de solution à un mystère que tous disaient insoluble, et constituaient un moyen de rendre justice à des victimes pour lesquelles pas un membre de la police de New York n'aurait daigné se déranger.
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....un monde où l'intelligence se mesure à la capacité d'amasser des informations, qui n'ont ni contexte, ni objectif hormis leur propre propagation, mais que l'humanité sert néammoins avec servilité.Et connaissez vous la dure vérité Gidéon?Savez vous pourquoi l'information a fini par dominer notre espèce? Parce que le cerveau humain l'adore, il joue avec les informations qu'il reçoit les dispose et les stocke comme un enfant ravi.Mais il déteste les examiner, faire l'effort de les assembler en systémes intégrés de compréhension.c'est pourtant cet effort qui produit le savoir, Gideon.Le reste n'est que récréatif.
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« Messieurs, enchaîna-t-il, nous ne savons rien du criminel que nous cherchons. Nous ne savons même pas s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. Tout est envisageable, en effet. Lui, par contre, a eu largement le temps de mettre sa technique au point. Ce que nous devons faire - la seule chose qe nous puissions faire, à la vérité - c'est brosser une peinture du type de personne qui serait capable de commettre de pareils actes. Une fois cette construction achevée, tout indice ou début de piste que nous pourrions découvrir acquerrait une dimension considérablement accrue en s'intégrant à notre portrait. De plus, n'oubliez pas que nous avons maintenant un atout de taille. »
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Un monde digne d'Eugène Sue. Avec l'ombre de Sherlock Holmes qui plane, non loin de celle de Jack l'Eventreur." Jean-Luc Douin.
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Selon Kreizler, nous autres, Américains, n'avons jamais cessé de courir. Quand personne ne nous regarde, que nous sommes seuls face à nous-mêmes, nous courons, toujours aussi rapides et peureux que naguère, pour fuir les ténèbres que nous savons cachées derrière la porte de tant de foyers apparemment sans histoire, pour fuir les hantises greffées dans la cervelle des enfants par ceux-là même que la nature leur dit de croire et d'aimer, nous courons, plus pressés et plus nombreux encore, vers le mirage de ces potions, de ces médications, de ces prêtres, de ces philosophies, qui nous promettent de terrasser nos frayeurs et nos cauchemars et qui nous réclament, en échange, une dévotion servile.
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- Vous n’êtes probablement pas à même de savoir que nous sommes à la croisée des chemins, répondit Morgan. A New-York comme dans l'ensemble du pays. La ville est en train de changer. De façon spectaculaire. Oh ! je ne parle pas seulement de la population, avec le flot d'émigrés, mais de la ville elle-même. Il y a vingt ans, New-York était avant tout un port - ses activités portuaires constituaient l'essentiel de ses revenus. Aujourd'hui que d'autres ports nous disputent la première place, le transport maritime a été éclipsé par l’industrie et la banque. L'industrie, vous ne l'ignorez pas, a besoin de main-d’œuvre, et d'autres pays moins heureux nous la fournissent. Les dirigeants syndicaux prétendent que les ouvriers sont injustement traités, ici. Que ce soit vrai ou non, les émigrés continuent à affluer, parce qu'ils trouvent mieux que ce qu'ils ont laissé derrière eux. Votre accent me fait supposer que vous êtes vous-même d'origine étrangère, docteur. Avez-vous vécu longtemps en Europe ?
- Assez pour comprendre vos arguments, répondit Kreizler.
- Nous ne sommes pas dans l'obligation d'assurer une bonne vie à tous ceux qui viennent dans ce pays. Nous sommes tenus de leur donner une chance d’accéder à cette vie par la discipline et le travail. C'est plus qu'on ne leur offre partout ailleurs.
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Pendant quelques minutes je continuais à enlever du sabot de mon cheval la boue à présent amollie par mes larmes silencieuses.
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A partir de maintenant, nous devions nous efforcer de nous défaire de toute idée préconçue sur le comportement humain. De voir le monde non avec nos propres yeux, ni à l'aune de nos propres valeurs, mais à travers ceux du meurtrier. Son expérience, le contexte de sa vie, c'était cela qui comptait.
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Certains experts pensent qu'au moment de la mort, l'oeil humain garde en lui la dernière image qu'il voit. Ils prétendent qu'on peut photographier cette image, en se servant de l'oeil lui-même comme objectif. J'aimerais essayer.
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Le paysage qui défilait à la fenêtre différait beaucoup de celui du voyage à Washington. Disparus les champs ondoyants et verts du New Jersey et du Maryland. La campagne désolée du Connecticut et du Massachusetts s'étirait jusqu'au détroit de Long Island, rappelant la vie âpre qui avait fait des fermiers et des marchands de la Nouvelle-Angleterre des êtres chiches et discutailleurs. Nous en avions d'ailleurs quelques échantillons autour de nous. Kreizler n'avait pas pris des billets de 1re classe, erreur dont la gravité devint manifeste quand le train accéléra et que nos compagnons de voyage haussèrent la voix pour couvrir le bruit des voitures. Pendant des heures, nous subîmes une avalanche de banalités sur la pêche, la politique locale et la situation économique désastreuse des États-Unis.
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- Si ce sont nos prénoms qui vous intriguent, coupa Marcus, sachez que l'un des principaux soucis de nos parents en arrivant aux États-Unis était de protéger leurs futurs enfants contre les comportements antisémites à l'école.
- Nous avons été relativement privilégiés, ajouta Lucius. Notre sœur, elle, a reçu le nom de Cordelia.
- Vous comprenez, reprit Marcus, ils apprenaient l'anglais en étudiant les pièces de Shakespeare et au moment de ma naissance, ils venaient de commencer avec Jules César. Un an plus tard, quand mon frère est arrivé, ils étaient encore dessus. Mais, à la naissance de notre sœur, ils avaient fait des progrès et étaient passés au Roi Lear...
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Les médecins d'ici, la presse, les juges, tous voudront croire que seul un aliéné est capable de tirer une balle dans la tête d'une fillette de cinq ans. Cela poserait trop de... trop de problèmes d'admettre que notre société peut produire des hommes susceptibles de commettre de tels actes tout en étant sains d'esprit.
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