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Critiques de Carlos Gimenez (51)
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Le Capitaine Alatriste (BD)

Arturo Pérez-Reverte nous offre la version espagnole de la quintessence du cape et d’épée ! Impossible de ne pas faire la comparaison avec la version française de cette quintessence, portée par une saga œuvre culte connue dans le monde entier… Car si "Les Trois Mousquetaires" nous contait un Grand Siècle français qui passait de l’enthousiasme au désenchantement, alors "Le Capitaine Alatriste" nous conte les dernières heures désabusées du Siècle d’Or espagnol. Impossible donc de ne pas reconnaître les ombres tutélaires de Richelieu, Rochefort et Milady de Winter derrière les figures d’Olivarès, Malatesta et Angélica. Toute une galerie d’amis fidèles et d’ennemis mortels gravitent autour de notre fier hidalgo, à commencer par son filleul basque Inigo qui fait office de narrateur…





Dans ce 1er récit de la série, ici adapté en bande dessinée en 2005, nous découvrons le personnage à travers les yeux de son filleul qui à ses côtés fait peu à peu l’apprentissage de la vie. Mais nous découvrons également les archi ennemis de nos héros : la belle mais machiavélique Angelika, et le fourbe et cruel Malatesta !

Ici Alatriste se retrouve pris dans un conflit entre le Comte-Duc d’Olivares et Bocanegra du Saint-Office de l’Inquisition. Ayant sauvé deux mystérieux voyageurs anglais au lieu de les assassiner, il marche sur la corde raide puisque pour éviter l’incident diplomatique le premier veut le faire parler et le deuxième veut le faire taire… Mais c’est sans compter sur l’incroyable courage de son filleul Inigo, sur la témérité de son ami Quevedo et sur l’intervention de nos deux rosbeefs de qualité qui comptent bien rembourser leur dette à notre fier hidalgo !



Rien à redire sur le scénario de Carlos Gimenez qui est très fidèle au roman originel, ce qui nous gratifie de belles tirades, de chouettes dialogues et de bons mots savoureux. Les dessins de Joan Mundet sont de très bonne facture et se répartissent sur 11 chapitres pour un total de 176 pages. La maîtrise du noir et blanc est impeccable, avec des jeux d’ombres et de clair-obscur… Après les graphismes sont datés, je veux dire que c’est comme cela que les bons dessinateurs travaillait avant l’irruption de l’informatique dans la profession : ici ce n’est pas du tout un défaut, au contraire cela renforce même la qualité de l’ensemble car l’ambiance vintage colle parfaitement bien à ce récit de cape et d’épée d’un beau classicisme…





Et pendant que la saga cartonne sous tous les formats en Espagne et dans le monde, ce sont les Anglais qui ont su redonner une nouvelle jeunesse à saga d’Alexandre Dumas : putain qu’est-ce qu’on est nul en France, ce pays qui crève d’un élitisme sans élite !!! (en sachant que notre fier hidalgo pense la même chose de l'Espagne de son temps...)
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Paracuellos, Intégrale

Gimenez raconte le quotidien de mômes envoyés dans des foyers de l'assistance publique (qu'il a lui même connu) sous la dictature Franco. Brimades, coups, privations, humiliations les responsables de ces institutions s'en donne à cœur joie. Pourtant ces mômes arrivent à garder l'espoir, malgré les mensonges des adultes, la violence insupportable subit, le désespoir. Gimenez nous offre des portraits formidables de jeunes enfants privés de nourritures, d'amour mais jamais à cours d'imagination pour accepter ce traitement intolérable et croire à un avenir meilleur. Malgré l'insupportable, les monstres qui les maltraitent ne pourront jamais les priver de leur insouciance, de la force de leur jeunesse, de l'espoir malgré tout, leur seule arme pour supporter cette violence physique et psychologique. Un album remarquable, témoignage essentiel pour dénoncer toute dictature. Album essentiel et terriblement émouvant.



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C'est aujourd'hui

Les choses, de même qu’elles commencent, se terminent un jour.

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Ce tome regroupe trois ouvrages de Carlos Giménez (scénario et dessin) : Chrysalide (2016), Un chant de Noël (2018), C’est aujourd’hui (2020). La première édition en français date de 2022, et la traduction a été réalisée par Hélène Dauniol-Renaud. Ces récits sont en noir & blanc. Chacun des trois récits dispose d’une préface rédigée par l’auteur. Le premier s’accompagne d’un épilogue sous forme de texte consacré à Raúl, accompagné des dessins qu’il a fait de Pépé Páquito.



Chrysalide, 58 pages. Pablo, bédéiste vieillissant, est assis à sa table de travail et annonce que son ami Raúl est décédé il y a quelques jours. Il devrait plutôt dire, pour reprendre l’expression précise qu’il employait, que son ami Raúl a fini de mourir. Il se souvient de l’une de leur conversation dans l’atelier de son ami. Ce dernier lui expliquait qu’on a l’idée que la mort tombe sur l’être humain. Par exemple : untel est mort mardi à 11h15. Mais ce n’est pas comme ça. À moins de passer sous un autobus ou de se faire tirer dessus, ce n’est pas comme ça. Untel a fini de mourir, mais en réalité sa mort avait commencé plusieurs années auparavant. On commence à mourir le jour où on commence à penser sérieusement à la mort, le jour où on prend conscience que la fin a commencé, qu’on est dans sa dernière ligne droite. C’est ce jour-là qu’autour de l’individu commence à se former une chrysalide. Il arrive un jour où tout autour de l’individu commence à se former une espèce de cocon, une chrysalide qui, peu à peu, couche après couche, durcit, l’emprisonne, le réduit. C’est ce jour-là que l’individu commence à mourir. Lui Raúl a commencé à mourir il y a onze ans, un 11 février pour être exact.



Un chant de Noël, une histoire de fantômes, 101 pages. Pour commencer, Raúl était mort. Pablo papote avec Páqui, sa femme de ménage. À sa question, il lui répond qu’il ne pense pas beaucoup à Raúl, normalement, de temps en temps. Ils évoquent les résultats de la loterie, puis elle lui demande où il va réveillonner pour la veillée. Il lui répond qu’il dîne toujours seul pour la veillée de Noël : il n’aime pas Noël, il n’en garde pas de bons souvenirs. Sa nièce Loli arrive pour l’inviter à venir manger chez elle avec tout le reste de la famille. Mais il refuse également. Le soir-même, alors qu’il est dans sa chambre, le fantôme de Raúl lui apparaît pour le prévenir que trois autres spectres vont venir lui rendre visite.



C’est aujourd’hui, 94 pages. Pablo est chez lui, assis sur son lit en train de discuter avec un autre lui-même. Le premier porte une couronne de carton sur la tête et il fait le constat à haute voix : Alors c’est aujourd’hui. Les deux Pablo commencent à papoter, à échanger des souvenirs, des anecdotes, à faire des constats sur l’état du monde, de la société, de ses habitudes.



Carlos Giménez est un bédéiste espagnol, né en 1941, ayant commencé sa carrière au tout début des années 1960. Il a acquis sa renommée avec des œuvres autobiographiques, comme la série Paracuellos (Alfred du meilleur album au Festival d'Angoulême 1981 & Prix du patrimoine au Festival d'Angoulême 2010), et Los Profesionales. Dans les trois albums regroupés dans ce recueil, il se met en scène sous la forme d’un avatar dénommé Pablo, ce qui lui permet de raconter ses souvenirs, sans s’en tenir à une forme de vérité biographique. Dans la première histoire, il évoque son ami Raúl au travers de ses derniers jours, et de souvenirs de discussion. Dans la deuxième, il reprend le principe de Un chant de Noël (1843), de Charles Dickens (1812-1870), Pablo revisitant des moments de son passé, la réalité de son présent, et un futur possible. Dans le troisième, le titre du recueil prend tout son sens puisque Pablo vit son dernier jour en toute conscience de ce qu’il en est, en se parlant à un double fantomatique, évoquant à nouveau des souvenirs. Dans un premier temps, le lecteur peut être un peu appréhensif de la narration visuelle qui se compose à plus des deux tiers de personnages en plan taille ou en plan poitrine, souvent assis, souvent en train de papoter, et parfois en train de descendre un cocktail Cuba Libre (à base de rhum, citron vert, et cola). En plus, il s’agit essentiellement de dialogues entre hommes blancs d’un certain âge, vraisemblablement des septuagénaires. Les contours sont réalisés avec des traits un peu sec, quelques aplats de noir pour les ombres portées. Les personnages présentent de légères exagérations dans les expressions de visage, dans les coiffures, dans certaines postures. Bref, rien de folichon.



Chrysalide s’ouvre avec un texte en introduction dans lequel l’auteur regrette le manque d’expérimentations en BD, la rareté des transgressions, le fait que presque personne ne proteste contre rien, que la routine amène à gagner sa vie en faisant toujours les mêmes travaux, la nécessité de ne pas déranger l’éditeur, ni agacer le client. Ça sent un peu la personne âgée aigrie. De temps à autre, Raúl ou Pablo effectue constats ou des jugements de valeur négatifs : tout le monde ment, la décrépitude corporelle avec l’âge, la perte de pouvoirs des états face à l’économie de marché généralisée, la destruction des emplois non qualifiés par la technologie, la fossilisation des comportements de l’individu avec l’âge, la mainmise des religions prescriptrices, le sort des réfugiés traversant la mer méditerranée sur des embarcations de fortune, la fumisterie des euphémismes, l’insignifiance d’une vie humaine, le tabou à parler de sa mort. Or à la lecture, ces dialogues, ces souvenirs, ces considérations charrient une chaleur humaine, un goût de vivre, une humanité incroyables. D’un côté, le lecteur voit un vieux barbon pontifier allant parfois jusqu’à s’écouter parler ; de l’autre côté, il dévore ces paroles d’un individu humaniste avec une solide expérience de la vie dont chaque anecdote relève des petits riens de la vie pour en révéler l’infinité de saveurs.



Alors bien sûr, Carlos Gimenez a atteint son stade de maturité graphique depuis belle lurette et il ne faut pas attendre de lui qu’il innove. Alors bien sûr, un tel artiste n’a pas réussi à mener une aussi longue carrière juste sur un malentendu. Certes, il y a de nombreuses cases de Pablo en train de parler en plan taille, mais il bouge encore (il n’est pas vraiment mort), il s’emporte, il s’indigne, il va jusqu’à gesticuler parfois, exprimant ainsi son état d’esprit. En outre, la représentation des souvenirs s’accompagne souvent d’une représentation dudit passé, avec Pablo jeune homme, ou enfant, ou à un autre stade de sa vie, avec d’autres potes, des membres de sa famille, une copine. Dans ces circonstances, la prise de vue quitte le bureau de Pablo ou sa chambre à coucher pour s’aventurer dans la rue, dans d’autres intérieurs, dans une école, sur une plage, dans une chambre d’étudiant, dans un parc, etc. L’artiste représente tout ça avec une évidence et un naturel qui dénotent une longue pratique apportant une aisance donnant une impression de facilité trompeuse. S’il n’y prête pas attention, le lecteur peut même ne pas se rendre compte qu’à chaque retour dans le passé, la reconstitution de l’époque comporte des détails authentiques, directement issus de la mémoire de l’auteur. De même, il suffit d’une planche pour prouver sans doute possible la qualité de la narration visuelle : la planche 77 de Un chant de Noël, muette sans un seul mot, et reprenant la découverte du corps d'Aylan Kurdi, enfant kurde retrouvé mort sur une plage turque le 2 septembre 2015.



Quoi qu’il en soit, le lecteur oublie rapidement ses réserves sur la narration visuelle car Pablo se révèle être un homme singulièrement attachant, même sans partager toutes ses convictions. En fait, il ne raconte rien d’exceptionnel : des anecdotes sur sa vie, banales prises une à une. Elles dégagent un parfum un peu exotique car il s’agit de la vie d’un auteur espagnol de bande dessinée, peu probable que ce soit la situation du lecteur. D’un autre côté, elles brossent le portrait d’un homme ordinaire, commun, parfois médiocre, qualificatif qu’il utilise lui-même. En même temps, elles relatent l’expérience faite de la vie, l’expression d’une humanité universelle générant une empathie chez le lecteur. De temps à autre, ce dernier peut s’offusquer de se retrouver face à des certitudes défaitistes, certes construites à partir de nombreux constats faits au cours d’une vie riche de plusieurs décennies. Toutefois, il devient vite évident que ces anecdotes qui se rapportent toutes à Pablo (ou presque) parlent surtout des autres personnes qu’il a rencontrées ou côtoyées. Ces trois autofictions parlent de lui sans être nombrilistes ou égocentriques. Son évocation de la vie se fait avec la conscience explicite et exprimée de sa mort, sans rien de macabre ou de morbide. En cela, il applique le principe qu’il développe dans sa première introduction : une transgression majeure (parler de sa propre mort) et aborder des sujets personnels et d’actualité tels que certaines facettes de la société, ou l’état du monde.



En outre, Carlos Gimenez n’est pas un donneur de leçon : il exprime son opinion personnelle présentée comme telle, il expose sans fard les facettes les moins reluisantes de sa personne. Il sait mettre en lumière des aspects de la condition humaine aussi bien dans la vie de tous les jours (se baigner en été et découvrir à quel point le monde peut se passer de soi) que dans un fait divers atroce (la mort d’Aylan Kurdi et l’impuissance de l’individu à l’éviter, ainsi que l’obligation de savoir qu’on vit dans un monde qui s’accommode d’une telle tragédie), ou une tragédie meurtrière (l’attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015). Par ailleurs, au fil de ces trois récits, le lecteur comprend que l’auteur dispose d’une culture littéraire, sans qu’il n’ait besoin de l’étaler avec l’évocation en passant d’auteurs comme Gustavo Bécquer (1836-1870), Jack London (1876-1916), Guy de Maupassant (1850-1893), André Maurois (1885-1967), Francisco Candel (1925-2007), Charles Dickens (1812-1870), Omar Khayyam (1048-1131).



Feuilleter cette bande dessinée ne donne pas forcément envie de la lire. En revanche commencer à la lire donne une envie irrépressible de passer du temps en compagnie de Pablo / Carlos Giménez par ce moyen privilégié. La narration visuelle ne paye pas de mine, pour autant après quelques pages le lecteur ne peut pas l’imaginer sous une autre forme. Après quelques séquences, il a fait l’expérience de sa richesse sous-jacente. Au début, Pablo semble être un vieil oncle un peu casse-pied avec ses rengaines. Rapidement, il devient un homme expérimenté qu’on a envie d’écouter pour ses anecdotes sur sa vie, pour ses avis éclairants et tolérants. Lui-même dit qu’il est devenu l’homme âgé qu’adolescent ou jeune homme il considérait comme un fossile, un être humain dont le corps a commencé à dépérir, tout le contraire de l‘appétit de vie. Le lecteur n’entretient aucun doute sur l’inéluctabilité de la fin de l’ouvrage, et c’est pourtant une vraie tristesse qui l’étreint. Formidable.
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Paracuellos, Intégrale

Espagne. Années 1940-1950. le pays se relève doucement de la guerre civile qui opposa quelques années auparavant les républicains aux nationalistes menés par un Franco victorieux qui dirige désormais l'Espagne d'une main de fer. C'est dans ce contexte que grandit l'auteur, Carlos Gimenez, qui passe la majeure partie de son enfance dans les foyers de l'Assistance publique réservés aux orphelins et aux enfants dont les parents ne peuvent ou ne veulent pas s'occuper. A partir de ses propres souvenirs et des nombreux témoignages qu'il a pu recueillir auprès d'anciens pensionnaires, Carlos Gimenez nous livre avec « Paracuellos » des histoires tour à tour bouleversantes ou hilarantes, regroupées ici par Fluide Glacial en une intégrale de près de trois cent pages. S'il ne s'agit pas à proprement parler d'une autobiographie (l'auteur ayant décidé de mêler toutes les histoires récoltées pour donner naissance à des personnages complètement fictifs), l'ouvrage se veut malgré tout un documentaire réaliste non seulement sur les expériences traumatisantes qu'ont pu vivre ces enfants mais aussi sur la société espagnole de l'époque. Une société marquée par la guerre et la pauvreté qui favorisent toutes deux l'essor de comportements d'une grande violence et dans laquelle l'emprise très stricte de la religion catholique se fait de plus en plus forte. On vous laisse imaginer l'impact désastreux de ce cocktail explosif et malsain sur l'éducation des enfants de l'époque...



Bastonnades quotidiennes, privation de nourriture, restriction des loisirs, maltraitance physique et psychologique... : voilà un petit aperçu des méthodes employées par les « instituteurs » mis en scène ici. L'ouvrage brosse un portrait glaçant du fonctionnement perverti et assumé de ces établissements qui considèrent leurs pensionnaires comme de vulgaires parasites et non comme des individus, et encore moins comme des enfants. Des enfants qui, en dépit de l'environnement brutal et cruel dans lequel ils sont élevés, se débrouillent comme ils peuvent et pour lesquels on éprouve aussitôt une immense tendresse. Il faut dire que l'auteur à le don pour donner naissance à des personnages attachants ! Il y a par exemple Hormiga qui attend jour après jour les visites de son père qui ne se rend au foyer que pour faire les yeux doux à l'une des surveillantes. Il y a aussi le petit Pablito Gimenez qui ne rêve que de devenir auteur de bande dessinée (tient donc) et qui fait preuve de beaucoup d'ingéniosité pour se procurer les derniers numéros de ses séries préférées. Et puis il y a Tonin à qui on inflige des traitements atroces pour soigner ses maux de ventre ; Sancha qui ne rêve que de devenir prêtre ; Péribanez qui se lance dans une terrible vendetta pour venger la disparition de son beau stylo ; et Adolfo, et Felipe, et Galvez... On pleure autant qu'on rit à la lecture des événements graves ou au contraire complètement futiles qui ponctuent le quotidien de ces enfants turbulents qui, en dépit des maltraitances, débordent toujours d'autant de joie et de vie.



Avec « Paracuelos » Carlos Gimenez rend un vibrant hommage à tous ceux qui, comme lui, ont passé une partie de leur enfance dans ces établissements aux méthodes qui paraissent aujourd'hui complètement ahurissantes. Tour à tour hilarantes, touchantes voire carrément tragiques, les histoires de Carlos Gimenez vous font passer par toute une palette d'émotions fortes qui continueront à vous retourner longtemps après la dernière page tournée. Un chef d'oeuvre, tout simplement.
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Dani Futuro, tome 17 : La Planète Nevermor

Dani Futuro est un jeune homme des années 70 qui après une accident d'avion et une congélation s'est réveillé en 2104. Ce livre comporte 2 histoires.

Dans "la Planète Nevermor" Dani et Iris échoue sur une planète qui refuse toute technologie, qui a choisi de s'isoler, refuse tout progrès et est revenue à un mode de vie médiéval.

Dans "La cité des eaux", sur une planète couverte d'eau, la seule cité est menacée d'engloutissement et le seigneur de ce monde tyrannise sa population avec une religion obscurantiste.

Le thème des méfaits de l'exploitation abusive des ressources naturelles et des bouleversements climatiques est récurent dans les histoires de Dani Futuro. Les décors sont bien délirant, dans le style psychédélique années 70, avec des couleurs assez électriques, un peu agressives. Les dessins font souvent penser à Valérian (quelque gouttes de plagiat ?).

L'intrigue est une peu naïve et simpliste, les rebondissements se suivent de façon anarchique et nos héros s'en sortent un peu facilement. Ces histoires mériteraient d'être un peu plus étoffées.

Ceci dit, c'est une série qui marque le renouveau de la bande dessinée espagnole, juste à la fin du franquisme. Gimenez publiera plus tard "Paracuellos", une œuvre beaucoup plus touchante et forte... (et moins psychédélique).

J'avoue que le plaisir que m'a procuré la lecture de cette bande dessinée avait un côté nostalgique, me rappellant la joie de recevoir mon magazine Tintin toutes semaines.
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Il était une fois dans le futur

Carlos Gimenez, quelques années après la parution du dernier épisode de Dani Futuro (1975 en VO), renoue avec la science fiction pour quatre courts récits, deux inspirés par Jack London et deux par Stanislas Lem. Le trait est très précis fouillis, l’utilisation du noir et blanc est très efficace, très contrasté, les détails et la méticulosité des éléments mécaniques n’ont rien à envier à Enki Bilal, Philippe Druillet ou Moebius. Certaines illustrations pleine page sont vraiment impressionnantes. Les récits sont intelligents, d’une grande maîtrise de rythme, de détails, d’ambiance… même s’il ne tiennent qu’en quelques pages. Jack London et Stanislas Lem ne sont pas non plus les derniers des écrivains. La seule chose qu’on puisse regretter avec cette lecture, c’est que Carlos Gimenez n’ai pas persisté dans le domaine de la science fiction. Mais cette lecture me donne très envie de me replonger dans l’excellente série autobiographique Paracuellos ou Barrio.
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Dani Futuro : Le cimetière de l'espace

Tome 2 des aventures de Dani Futuro, mais premières histoires dans la chronologie, les éditions franco-belges n'ont pas suivi l'ordre des éditions espagnoles. On apprend que Dani Futuro est une sorte d'Hibernatus, vivant au XXe siècle et réveillé en l'an 2104. Ce recueil regroupe plusieurs petites histoires qui se suivent mais dont les trames sont indépendantes. J'ai noté un petit clin d’œil page 22 à la série qui lui sert de modèle : on trouve le vaisseau de Valérian dans le cimetière d'astronefs. C'est plein d'imagination : des décors délirants, un dessin au style affirmé, pas toujours bien servis par les couleurs un peu trop "psychédéliques", et un scénario haletant bien qu'un peu naïf par moments. Beaucoup de justifications scientifiques alourdissent un peu le rythme de l'histoire, mais on passe un bon moment, bien dans l'état d'esprit de la SF des années 70.
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Dani Futuro, tome 6 : La fin d'un monde

De la SF années 70, bien psychédélique.

Dani Futuro, Iris et leur équipe se rendent sur une planète colonisée et laissée à l'abandon, dans un état post apocalyptique. Ils auront un paquet de surprises. Les rebondissements s'enchaînent, un peu distribués au poids, mais bon, c'est plaisant et vite lu. Les décors sont fantastiques, la mise en page dynamique mais les couleurs un peu agressives. C'est une série agréable mais qui restera toujours au dessous de son concurrent Valérian, un peu moins belle, un peu moins inventive, un peu moins bien rythmée, un peu plus datée...
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Les Maîtres de Psychedelia

Lutte pour la protection des baleines de l'espace, promenades sur le dos des dauphins, vaisseaux spaciaux et drogues hallucinogènes, cet épisode porte bien son nom. C'est bien pensant, bien allumé et très "seventies". Même si ça souffre de la comparaison avec la série Valérian, comme je l'ai déjà signalé dans une autre critique de la série, on passe un bon moment dans cette aventure au décors délirants, au personnages stéréotypés mais sympathiques et pleine de bonne idées.
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Dani Futuro, tome 4 : Une Planète en héritage

Une histoire de Dani Futuro sans Dani Futuro ???

Les éditions francophones n'ayant pas respecté l'ordre des édition espagnoles, il est le numéro 5/7 mais ça doit être le dernier épisode de la série. Ici c'est Iris, le personnage féminin, qui reçoit une planète en héritage, cette planète n'est plus ce qu'elle était lorsqu'elle l'avait habitée dans son enfance. "Je me souviens de jardins infinis, de champignons multicolores et de troupeaux d'unicornes qui étaient mes amis d'enfance". Encore un épisode allumé, déjanté, totalement psychédélique, au graphisme délirant, aux décors plein d'imagination. le scénario sous ses aspects un peu fou-fou (nos héros se feront poursuivre par des pères-noël !) dénonce le mercantilisme (le capitalisme par la même occasion). Un lecture pas désagréable, pleine d'action, de bons sentiments, mais je ferais encore le même reproche que pour les tomes précédents concernant la colorisation qui est toujours aussi médiocre.
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Les Temps mauvais, tome 1 : Madrid 1936-1939

« De 1936 à 1939, eut lieu en Espagne ce que certains historiens, versés en littérature, ont appelé « la dernière guerre romantique ». Pour ceux qui l’ont vécue, ce fut simplement la guerre. »



Madrid, de 1936 à 1939. Suite au putsch militaire de Franco, la ville est assiégée et les républicains tentent de résister au fascistes. Carlos Gimenez raconte la guerre civile à travers le quotidien d’une famille qui l’a vécue « de plein fouet ». Mr Marcelino, le père, est un socialiste modéré. Entouré de sa femme et de ses trois enfants, travaillant dans un atelier de confection, il va endurer les privations et vivre au milieu de l’horreur et du chaos. Arrestations et exécutions arbitraires, bombardements, famine, maladie, promiscuité, insécurité permanente, rien ne sera épargné aux madrilènes pendant trois ans, jusqu’à la défaite.



Cette intégrale regroupant quatre albums inédits en France se compose d’historiettes de quelques pages. Des tranches de vie sidérantes de réalisme qui ne glorifient personne mais cherchent à montrer un conflit vécu à hauteur d’homme par une population terrorisée.



Dans un dossier très complet en fin d’ouvrage, l’auteur explique sa démarche : « Je voulais raconter la guerre du point de vue de ceux qui l’ont subie, ceux qui recevaient les bombes et ont connu la terreur, la faim, l’angoisse et la misère. Je voulais raconter la guerre en minuscules, la guerre du quotidien, celle des coulisses, celle de ceux dont on ne parle pas dans les journaux, ni dans les manuels d’histoire. »



Impossible selon moi d’avaler ce pavé d’une traite, il est préférable de procéder par étapes pour éviter l’indigestion et profiter au maximum de la richesse de l’ensemble.



Le dessin en noir et blanc serait davantage adapté à un registre humoristique mais plus on avance dans le recueil et plus on se dit qu’il colle parfaitement au propos. D’ailleurs, un trait plus réaliste aurait sans doute rendu les événements relatés à la limite du supportable.



Il faut aimer le genre, il faut aimer le sujet, il faut accepter d’être sacrément bousculé par l’atrocité du conflit. Mais il faut aussi reconnaître que c’est de la très grande BD historique, une somme d’une rare qualité que j’ai trouvé absolument passionnante.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Les Temps mauvais, tome 1 : Madrid 1936-1939

« De 1936 à 1939, eut lieu en Espagne ce que certains historiens, versés en littérature, ont appelé « la dernière guerre romantique ». Pour ceux qui l’ont vécue, ce fut simplement « la guerre » ». C’est ainsi que Carlos Giménez prévient son lecteur. Pas de politique dans ce dodu recueil d’anecdotes dessinées, mais des récits qui racontent la guerre du côté des populations, du côté des victimes.









Article complet en suivant le lien.


Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Les Temps mauvais, tome 1 : Madrid 1936-1939

Dans les temps mauvais , Carlos Gimenez aborde cette fois l'atroce guerre civile qui a préludé à la dictature de Franco , bouclant ainsi le cycle entamé avec " Paracuellos " .

Cette guerre il la montre du point de vue de ceux qui l'ont subie . C'est la vie quotidienne des civils qui tâchent de survivre aux bombardements , incendies , exécutions , privations et épidémies dans Madrid assiégée .

Les pauvres bougres qui prennent les bombes sur la gueule , les ménagères qui font la queue devant les épiceries , les mioches qui rapinent des légumes dans les potagers sont les humbles héros de cette histoire .

Les temps mauvais , c'est la guerre d'Espagne dépouillée de tout romantisme .

CRITIQUE PARUE DANS CHRONIQUES SOCIALES .
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Paracuellos, Intégrale

Lu en espagnol.

Un portrait sans concessions d'une époque de l'histoire espagnole que certaines tentent aujourd'hui de montrer sous son meilleur jour. Certaines des histoires et des scènes exposées avec talent par l'auteur font froid dans le dos, et on ne sort pas indemne la dernière page tournée. L'ouvrage pose la question aussi du rôle plutôt trouble joué par l'Eglise - ou du moins par certains de ses représentants - pendant la période franquiste.
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Métal Hurlant, n°04 : L'homme est bien petit

Je me suis laissé tenter une seconde fois par la nouvelle mouture de Métal Hurlant, et encore une fois, je suis comblé.

Le principe est le suivant : A chaque numéro, on alterne la nouvelle génération puis les précurseurs

Dans ce numéro, on nous ressort donc les "vieux" sur presque 300 pages.

Mais attention, c'est du lourd,du pointu, du grandiose : Druillet, Moebius, Alexis, Bilal, Margerin, Gimenez...

J'ai découvert avec plaisir également Michio Hisauchi, Paringaux, Palacios, Chaland, Claveloux, Keleck, Nicollet...qui font aussi preuve d'une grande créativité artistique.

Chaque histoire se déguste comme une friandise.

Elle est accompagnée d'un petit texte qui nous parle du contexte, nous présente l'auteur, ses connexions avec Métal, Dionnet et les autres.

Encore un très bon numéro.

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Le Magicien de l'espace

Dany Futuro est une personnage du XIX siècle terrien se retrouvant dans le futur, un peu comme Buck Rodgers. Les histoires nous envoient dans un délire de Space Opéra Psychédélique des années 70. Cette série a souffert de la concurrence avec Laureline et Valérian. Si au niveau des couleurs, c’est souvent trop acide et manque singulièrement de finesse, le graphisme est lui, très inventif, dans un baroque merveilleux et franchement très psychédélique, la dernière image en pleine page de l’album est absolument illuminée, on pourrait penser que le graphiste abuse de substances hallucinogènes.

Dany se retrouve perdu dans l’espace et atterrit sur une planète où le soleil semble bien fatigué, comme ses habitants. Un curieux vaisseau géant gravite autour de cette planète. Dany va tenter de sauver les habitants de cette planète pour qu’ils retrouvent leur vie oisive, festive et merveilleuse. C’est franchement bien post soixante-huitard, sauvons les gens cool, faisons la fête, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil… Un peu naïf et plein de bons sentiments, assez caricatural, mais plein d’inventions, d’originalité. Bref, même si ça manque un peu de consistance, on passe un bon moment de lecture. Cette série s’arrête là, Carlos Gimenez quittera la SF pour se consacrer à des séries plus personnelles, Paracuellos, Barrio, Les professionnels… avec lesquelles il obtiendra une plus grande reconnaissance.
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Métal Hurlant, n°04 : L'homme est bien petit

Je continue dans ma découverte de cette fameuse revue « Métal Hurlant », avec le numéro 4 d'août 2022 intitulé « L’homme est bien petit ».



Ce numéro est une compilation de planches de bandes dessinées extraites des mythiques numéros de la première version de la revue parus dans les années fin 70 et 80 mais pas que.



Chaque bande dessinée est présentée dans un article approfondi d’une page revenant sur sa genèse et sur le parcours de son ou ses auteurs. Nous retrouvons ainsi de grands auteurs de cette période, de Enki Bilal à Nicole Claveloux en passant par Moebius, Frank Margerin, Beb-Deum ou Carlos Gimenez pour n’en citer que quelques-uns parmi les 33 auteurs présents.



Le revue présente également 2 articles complets, le premier sur l’histoire de cette revue et le second sur une auteure inspiratrice de Druillet : Catherine Lucille Moore ; et, 2 interviews de Philippe Druillet et Jean-Michel Nicollet.



J’ai adoré la découverte et la lecture de cette revue. J’ai découvert des auteurs que je ne connaissais que de réputation et ai pu rencontrer d’autres auteurs que je ne connaissais pas du tout. J’ai notamment adoré la proposition de Nicole Claveloux, son dessin si fort illustrant une histoire des plus macabres. J’ai pu approcher Jean-Michel Nicollet, j’ai adoré sa façon de dessiner, son univers et son propos : un auteur d’un talent fou dont je vais dès à présent rechercher les différentes productions tellement il m’a fascinée.



Une revue terriblement addictive, passionnante, riche que je ne peux que vous recommander chaleureusement.

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Fluide glacial, tome 1 : Paracuellos

Cela faisait un moment qu'on m'avait conseillé cette série assez atypique dans le catalogue Fluide. Après la parution de 2 tomes dans les années 80, Fluide a eu l'excellente idée de publier une intégrale des 6 volumes que Gimenez a réalisé à ce jour. Atypique parce que, si le dessin évoque clairement Gotlib, le sujet s'éloigne de l'humour, qui reste la marque de fabrique de cet éditeur. Carlos Gimenez y met en scène la vie dans les foyers de l'Assistance Publique espagnole, à l'époque de la dictature du général Franco. Lui-même est passé par ses foyers, mais il ne faut pas pour autant considérer Paracuellos comme une autobiographie au sens strict. Il mélange anecdotes personnelles et anecdotes recueillies au fil des années lors de rencontres et d'entretiens. Son but relève avant tout du travail historique, voire même du devoir de mémoire. Si les conditions de vie de ses foyers ne représentent qu'un détail de ce que fut la vie sous le régime franquiste, elles furent aussi une illustration et une conséquence de l'état d'esprit de cette période.

Le ton n'est donc pas à la franche poilade, comme Gotlib se plaît à le souligner dans sa préface faussement rigolote: De chaque événement qui l'a marqué, aussi infime soit-il, de chaque anecdote ou mésaventure, vécus en ces verts paradis, il a tiré des pages bourrées de gags désopilants à se taper la tête contre le mur et à mouiller son froc de rire. Alors attention les yeux, vous avez intérêt à sortir vos mouchoirs des fois que les larmes se mettent à dégouliner tellement vous allez vous fendre la gueule.

On ne se fend pas vraiment la gueule dans Paracuellos. Gimenez utilise l'humour avec suffisamment de talent pour souligner l'injustice et la cruauté de cette situation. On sourit parfois. On est plus souvent ému ou révolté. Un indispensable de la bande dessinée ?
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Pepe

Lu cet été grace au supplément été de Libération, cette BD nous entraine dans une fresque de l’Espagne des années 50 à 70 à travers la vie du bédéiste José González dit Pepe, essentiellement connu pour sa Vampirella



José González, mort il y a 3 ans, était un artiste espagnol plus connu par son pseudonyme Pepe qui a influencé de nombreux dessinateurs. Doué de talents artistiques multiples, il s'est en particulier illustré par ses remarquables dessins de corps et visages féminins .

Ce premier tome d'une BD qui en comporte 5 raconte l'enfance du jeune Catalan à Barcelone sous Franco.

Carlos Gimenez nous raconte, sous un trait de crayon fin et soigné un personnage extraordinairement doué, sensible, envoûtant, mais aussi ambigu, égoïste, voire égocentrique, mais encore fainéant et sans ambition... ca donne envie de lire les tomes suivants, à coup sur!!!!
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Paracuellos, Intégrale

Carlos Giménez nous raconte le quotidien de son enfance passée dans différents centres de l'assistance publique espagnole sous le règne de Franco. Il témoigne avec beaucoup de pudeur des brimades, privations, humiliations et sévices que subissaient les enfants livrés à des religieuses aussi bigotes que sadiques, tout en parvenant de manière impressionnante à transformer l'horreur en humour, avec infiniment de tendresse pour ces enfants perdus.L'auteur n'emploie judicieusement que le noir et le blanc pour nous dessiner un monde violent, dénué de tout, sans couleur ni amour, et fait de cet ouvrage un album d'une grande humanité, malgré tout.

D'autant plus poignant qu'il est d'inspiration autobiographique, ce récit est donc à la fois violent et plein de retenue, très pudique et surtout extrêmement émouvant. Un album à lire absolument donc, magnifique de sobriété et de justesse, mais aussi un témoignage aussi choquant que précieux sur une période trouble de l'histoire espagnole. "J'ai bien connu ces foyers parce que, tout au long de huit très longues années, j'en ai fréquenté cinq. Je suis donc à même de témoigner. Je voulais témoigner. Je devais témoigner". Carlos Giménez.
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